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2ème PARTIE :
LES INFRACTIONS CONTRE LES BIENS
Si les crimes et les délits contre les biens ne revêtent pas la même gravité que les atteintes
aux personnes, ils n’en restent pas moins socialement important car :
- Il s’agit de l’une des formes de criminalité les plus fréquentes
- Ces infractions touchent le plus souvent un droit fondamental : le
droit de propriété. Or, le droit pénal s’est toujours attaché à
sanctionner ce qui, d’une manière ou d’une autre, porte atteinte à la
propriété d’autrui.
d’autrui.
La propriété est d’abord protégée contre les atteintes matérielles aux biens ( destruction,
incendie de la chose d’autrui, dégradation)
dégradation ) mais aussi contre les atteintes juridiques (appropriations
( appropriations
frauduleuse).
frauduleuse ). Aujourd’hui, c’est plus cette seconde forme d’atteinte
d’atteinte à la propriété qui mobilise
l’attention car on s’aperçoit qu’aujourd’hui, les délinquants
délinquants cherchent désormais moins à détruire les
biens d’autrui qu’à
qu’à se les approprier. Pour ce faire, ils n’hésitent
n’ hésitent pas à imaginer de nouveaux moyens
ou à profiter des innovations technologiques.
Le législateur a été conduit à incriminer de nouveaux faits comme par exemple la captation
illicite de programmes télévisés ou les atteintes illicites aux systèmes informatiques ( article
article 323-1 ).
Il résulte de tout cela un ensemble assez disparate que le Code pénal classe en deux sous-
titres du Titre 3 :
- Appropriations frauduleuses
- Autre atteintes aux biens
Chapitre 1 :
Le vol
Le langage courant abuse de la qualification de vol en qualifiant de voleur celui qui est un
escroc, un usurier, un commerçant malhonnête.
Article 311-1 : « la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui ».
d’autrui ».
A) La nature de l’acte matériel : la soustraction
Cette conception implique une usurpation physique de la possession. Dès Ch. Crim., 1837,
Baudet, la Chambre criminelle a affirmé que : « « pour soustraire, il faut prendre, enlever, ravir »
»..
Autrement dit, il faut que l’agent ait déplacé matériellement la chose convoitée.
convoitée.
Il en résulte qu’il ne peut y avoir de soustraction commise par l’agent, et donc de vol, si la
chose a été préalablement et volontairement remise par la victime à l’agent. Il a été jugé qu’en cas
de vente d’un bien mobilier assorti d’une clause de réserve de propriété, la remise volontaire du bien
par le vendeur à l’acheteur exclut la qualification de vol. Dès lors, si après résolution du contrat de
vente, l’acheteur refuse de restituer le bien ,
bien , il ne se rend pas coupable de vol .
La remise volontaire de la chose exclue la qualification de vol, même lorsque cette remise
et faite par erreur et même
m ême lorsque l’acte commis parait franchement malhonnête.
- Le client qui conserve la monnaie rendue par erreur par un
commerçant ne se rend pas coupable de vol, et ce quand bien même il
se serait aperçu de ce trop rendu dès le moment de la remise.
- L’usager d’une carte bancaire qui obtient d’un distributeur de bil let
bil let
une somme excédant le solde de son compte n’est pas coupable de
vol. la machine étant programmée pour remettre la somme
demandée à celui qui utilise correctement sa carte bancaire, la remise
est volontaire même si elle est faite par erreur : Ch. Crim., 1983 : « de
tels faits s’analysent en l’inobservation d’une obligation contractuelle
et n’entre dans les prévisions d’aucun texte répressif ». Toutefois, cela
n’est vrai que si l’utilisation de la carte est correcte.
- Un individu avait remarqué que le com pteur d’un distributeur de
carburant revenait à zéro lorsque la somme affichée dépassait les 999
Fcs. Cet individu s’était servi une quantité d’essence d’une valeur de
1 200 Fcs et avait présenté au caissier un ticket de 200Fcs : pas vol car
la remise d’essence
d’essence était dû à un dysfonctionnement de la machine, il
s’agissait donc d’une remise volontaire excluant toute idée de
soustraction.
Les choses se compliquent lorsque l’erreur dans la remise de la chose n’est plus une erreur
spontanée mais une erreur provoquée par un acte dolosif du bénéficiaire de la remise. Dans ce cas,
deux situations :
- Si l’erreur est provoqué par l’agent chez la victime elle-mêmeelle -même : la
seule qualification possible, à l’exclusion du vol, est l’escrioquerie ous
réserve que les manœuvres
manœuvres employées par l’agent pour induire en
l’article 313-1 du
erreur l’agent puissent être qualifiées au sens de l’article
Code pénal. Se rend coupable d’escroquerie et non de vol le client de
magasin qui enlève une étiquette sur un produit en vente et qui en
substitut une étiquette avec un prix minoré.
- Si l’erreur est provoquée par l’agent chez un tiers remettant : la
qualification retenue peut être le vol. c’est
c’est le
le cas lorsque le tiers a été
abusé par l’agent sur le véritable propriétaire de la chose et croit
devoir lui remettre cette chose. Dans cette hypothèse le tiers n’estn’est en
réalité qu’un instrument passif à l’aide duquel la personne qui reçoit
la chose l’a, en réalité, frauduleusement appréhendé. Va se rendre
coupable d e vol le client d’un magasin le client de magasin qui se fait
Le terme chose est un terme assez vague qui peut couvrir des hypothèses variées. En
l’absence de précisions supplémentaires données par le législateur, c’est c’est à la jurisprudence de
préciser quelle peut être la chose.
Pour se faire, elle s’est tout d’abord fondée sur la conception matérielle de la soustraction.
Du coup, la jurisprudence en a déduit que le terme chose ne peut viser que le seuls meubles
corporels qui par excellence, sont des choses que l’on peut déplacer. La soustraction peut ainsi avoir
pour objet n’importe quel meuble corporel, et ce que le bien ait ou non une valeur pécuniaire. En
effet, le vol est moins une atteinte au patrimoine qu’à la propriété. Il y a donc vol si l’objet n’a
aucune valeur pécuniaire. De même, peu importe que la chose soustraite soit une chose illicite et
hors du commerce. De cette limitation aux choses corporelles mobilière, il résulte surtout deux
exclusions :
- On ne peut pas voler un immeuble : mais, dès lors qu’une chose peut
être détachée de l’immeuble auquel elle est attachée et qu’elle peut
être déplacée par la suite : elle peut faire l’objet d’un vol. cas de
pierres extraites d’une carrière, d’arbres abattus. Dans toutes ces
hypothèses le droit pénal s’attache
s’attache à la nature physique de la chose
et non de sa qualification juridique civile.
- On ne peut pas voler un bien incorporel : l’idée est que les droits
mobiliers (créance
(créance par exemple)
exemple) ne peuvent pas être l’objet d’un vol
en raison de leur immatérialité. Toutefois, si on ne peut pas voler une
créance, un brevet ou une idée, on peut voler le meuble corporel qui
leur sert de support matériel (voler
(voler un titre de créance, l’acte
constatant une obligation, une quittance, une disquette contenant
des infos ou une bande magnétique).
magnétique ). Ces difficultés tenant à
l’immatérialité ont donné lieu à plusieurs controverses :
un support (un
(un écrit, une disquette informatique,
une clé USB)
USB) et que ce support est lui-même
l’objet d’une soustraction : vol pleinement
constitué. En revanche, il est beaucoup plus
délicat de savoir si une information pure et simple
(détachée de son support) peut être l’objet d’un
vol. la Chambre criminelle semblait un temps avoir
admis la possibilité d’un vol d’information dans
Ch., crim, 1989, Bourquin : « vol du contenu
informationnel de disquettes informatiques » :
coupable du vol des disquettes et du vol du
contenu informationnel des disquettes durant le
temps nécessaire à la reproduction, le tout au
préjudice de la société Bourquin qui en était
propriétaire. Toutefois, on peut douter sur la
véritable portée de cet arrêt car vol par
totalement détaché du support matériel puisqu’en
tout état de cause, les prévenus avaient bien
appréhendés temporairement les disquettes
originales afin de les reproduire sur d’autres
supports. Or la Cour de cassation admet le vol
d’usage ou le vol par photo copiage et elle
considère qu’il y a vol dès lors que l’on usurpe la
possession
poss ession de la chose d’autrui, même pendant un
temps relativement bref, par exemple le temps
nécessaire à la reproduction de documents.
documents . Tous
les autres arrêts depuis celui-là sont aussi flous.
Majoritairement, la doctrine ne l’admet pas car admettre le vol d’informations n’est pas
forcément opportun car cela conduirait à modifier profondément l’incrimination de vol et
notamment à modifier la notion de soustraction. En effet, même dans son acception juridique, la
notion de soustraction implique l’idée d’une dépossession du véritable propriétaire qui, le temps de
l’appréhension ne peut plus exercer ses droit, ses
ses prérogatives sur cette chose. Or, la nature de
l’information s’oppose à cette idée de dépossession du propriétaire. En effet, l’information
l’information est
quelque chose de volatile donc peut tout à fait être reproduite et partagée entre plusieurs
personnes, patrimoines. Aussi, si le voleur s’approprie l’information, en revanche le propriétaire de
cette
cet te information n’en est jamais privé. En définitive, ce que perd la propriétaire, c’est simplement la
maitrise exclusive de l’information et non pas la possession de l’information. Si on admettait le vol
d’infirmation, il se traduirait non pas par une soustraction matérielle ou juridique mais par une
soustraction économique peu conforme à la philosophie originelle du vol.
Le débat a, en outre, perdu de son importance en raison de l’adoption par le législateur de
dispositions spéciales qui permettent, pour partie, de sanctionner ce genre de comportements.
Article 323-1 du Code pénal incrimine l’accès ou le maintien frauduleux dans un système automatisé
de données.
Question du vol de services : celui qui utilise
frauduleusement certains services comme le
L’ancien article 379 Code pénal incriminait très largement la soustraction par le prévenu
d’une chose qui ne lui appartenait pas. L’article 311-1 sanctionne plus précisément la soustraction de
la chose d’autrui. Ce changement de rédaction n’implique cependant pas qu’il soit nécessaire de
connaitre avec précision l’identité du véritable propriétaire. En réalité, il suffit simplement d’établir
que la chose n’est
n’est pas la propriété de celui qui la soustrait.
La question de la propriété relève de la compétence du d u Juge pénal car le Juge de l’action et
le Juge de l’exception sauf s’il s’agit d’une chose immobilière qui a été immobilisée.
- On ne peut pas voler sa propre chose
- Le vol sera constitué si l’individu n’est que copropriétaire de la chose
qu’il soustrait :
cas d’indivision entre cohéritiers : un indivisaire
s’empare de tout ou partie de la chose au
préjudice des autres indivisaires. Il se rend
coupable de vol et ce même s’il a obtenu l’accord
de certains des indivisaires. Le fait qu’ensuite , au
moment du partage de l’indivision, la chose soit
attribuée au propriétaire indivis qui l’a soustraite,
cela est sans incidence sur la qualification du vol
malgré le caractère rétroactif de l’effet du
partage.
- le vol sera constitué si l’agent n’est pas encore propriétaire de la
chose soustraite :
si le légataire universel enlève les biens du
testataire avant le décès de ce dernier, le vol sera
constitué.
constitué.
- Il y a vol si l’agent n’est plus propriétaire de la chose soustraite :
Exemple de la vente v ente : en cas de vente à
tempérament, il y a transfert immédiat de la
propriété du bien sauf clause de réserve de
propriété. Du coup, le vendeur n’est plus
propriétaire du bien et il se rend coupable quand
bien même le prix n’aurait pas été acquitté. le vol
reste constitué si ensuite la vente est résolue avec
effet rétroactif. Il faut, et il suffit, que les éléments
Cette nécessité d’une chose appartenant à autrui explique que celui qui appréhende une
chose en croyant faussement en être le propriétaire ne se rend pas coupable de vol si son erreur est
légitime. C’est le défaut d’intention en raison d’une erreur de fait qui explique la solution.
Les mobiles n’ont aucune valeur justificative. Argument néanmoins souvent plaidé en
pratique devant les juridictions.
- Fait pour des défenseurs des animaux de voler des animaux de
laboratoire afin de protester : n’enlève rien au caractère délictueux
des faits.
- L’auteur ne peut pas pas arguer de l’origine suspecte ou délictueuse de la
chose ou de la situation irrégulière de la chose pour justifier son
acte : notamment le vol de stupéfiants reste un vol.
- Le prétendu exercice d’un droit ne saurait faire disparaitre
l’infraction : on ne peut
peut pas admettre qu’une personne décide de se
faire justice par elle-même
elle-même au lieu d’utiliser les voies de droit qui sont
à sa disposition.
A été reconnu coupable de vol le créancier qui
soustrait un bien à son débiteur pour se constituer
un gage.
gage.
Hypothèse du vendeur impayé qui reprend les
marchandises déjà livrées.
livrées.
Hypothèse de salariés vendant des marchandises
appartenant à leur employeur pour se payer sur le
revenu de la vente des marchandises le salaire
Ne pas confondre
confondre avec l’hypothèse
l’hypothèse des faits justificatifs. A cet égard :
- Etat de nécessité (122-7 Code pénal): souvent invoqué pour justifier
des vols de denrées alimentaires. De nos jours, les Tribunaux se
montrent beaucoup moins souples dans l’admission de ce fait
Concernant les personnes morales reconnues coupable de vol, elles encourent une amende
égale à 5 fois l’amende prévue par les personnes physiques
physiques ainsi que deux peines complémentaires
prévues par l’article 311-16 Code pénal :
- Interdiction d’exercer l’activité dans l’exercice de laquelle l’infraction
a été commise : de 5 ans au plus ou de manière
m anière définitive en fonction
du vol subit.
- Confiscation de la chose qui a servi à commettre l’infraction ou qui en
est le produit.
Aux termes de l’article 311-3, le vol simple est puni de 3 ans d’emprisonnement et de
45 000€ d’amende auxquels s’ajoutent les peines complémentaires prévues par l’article 311-14 :
- Interdiction des droits civiques, civils et de famille
- Interdiction d’exercer certaines activités
activités
- Interdiction de détenir une arme soumise à autorisation
- Confiscation de la chose
En dehors de ces circonstances qui peuvent se cumuler entre elles, le législateur en a prévu
d’autres, qui, comme elles sont considérées comme plus graves, portent les peines à un taux
supérieurs à celui encouru pour une circonstance aggravante.
- Vol commis à l’aide d’un mineur : 311-4-1 Code pénal : le vol est alors
puni de 7 ans d’emprisonnement et de 100
100 000€ d’amende lorsqu’il
est commis par un majeur avec l’aide d’un ou plusieurs mineurs. Les
Suivant l’article 311-9-1 du CP, l’auteur d’une simple tentative de vol en bande organisée
bénéficie d’une exemption de peine si, ayant averti l’autorité administrative ou judiciaire, il a permis
d’éviter la réalisation de l’infraction et d’identifier, le cas échéant, les autres auteurs ou complices.
complices.
Si l’infraction est déjà consommée, le repenti peut espérer une réduction de peine : La
peine privative de liberté qu’il encoure en tant qu’auteur ou complice d’un vol pourra être réduite de
moitié s’il a averti les autorités et qu’il a ainsi permis de faire cesser l’infraction en cours ou d’éviter
que l’infraction n’entraine la mort d’un Homme
Homme ou une infirmité permanente.
En vertu de l’article 311-12 du CP, les vols commis entre certains parents ne peuvent pas
donner lieu à des poursuites pénales.
Pour des infractions ne mettant en jeu que de simples intérêts matériels, on veut éviter la
mise en œuvre d’un procès.
procès.
Ne joue qu’en matière pénale, possibilité de demander réparation au
civil.
En outre, sur le terrain pénal, l’immunité ne joue que pour le vol et ne peut donc pas
couvrir une infraction distincte qui constituerait en temps ordinaire une circonstance aggravante du
vol, par exemple les violences.
L’immunité ne peut pas être étendue à d’autres personnes ( ( Application stricte de la loi
pénale).
pénale).
- Ex : Ne bénéficie ni aux frères et sœurs, ni aux cousins.
cousins.
- Ex : Ne s’applique pas aux concubins ou partenaires d’un PACS.
PACS.
L’immunité ne joue pas lorsque le vol porte sur des objets ou des documents
indispensables à la vie quotidienne de la victime (titre ( titre de séjour, papier d’identité, moyens de
paiement ) Eviter que la femme ne puisse pas s’enfuir.
s’enfuir.
La liste n’est pas limitative, il revient donc au juge de dire au cas par cas si l’objet soustrait
Cette immunité n’est qu’une simple immunité de procédure : Il s’agit seulement d’un
obstacle procédural qui rend irrecevable l’action publique tant devant les juridictions
juridictions d’instruction
que de jugement.
L’immunité n’a aucune incidence sur le fond est ne peut pas être considérée comme un fait
justificatif faisant disparaitre l’infraction.
l’infraction. C’est ce qui explique que le bénéficiaire de l’immunité qu’il
soit auteur, coauteur
coauteur ou complice ne peut pas être poursuivi, en revanche, puisque l’infraction
demeure, les autres auteurs, coauteurs, complices ou tiers receleurs restent condamnables.
Chapitre 2 :
L’escroquerie
On entre dans la délinquance astucieuse puisque l’escroc va utiliser la ruse, la tromperie
voire le simple mensonge pour obtenir les choses de la main de lla a victime elle-même.
Article 313-1 du CP : « L'escroquerie est le fait, soit par l'usage d'un faux nom ou d'une
fausse qualité, soit par l'abus d'une qualité vraie, soit par l'emploi de manœuvres frauduleuses, de
tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice
d'un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir
un acte opérant obligation ou décharge. L'escroquerie est punie de 5 ans d'emprisonnement et de 375
000 euros d'amende »
Le droit pénal sanctionne ici un simple mensonge dès lors qu’il a été déterminant de la
remise par la victime.
Il s’agira pour l’escroc d’usurper un nom sur lequel il il n’a aucun droit afin d’inspirer
confiance et de tromper sa victime.
Le nom usurpé peut tout aussi bien être un nom réel que fictif voire même l’utilisation de
son propre nom avec un simple changement de prénom ( ( pour jouer sur une homonymie)
homonymie) ou avec
l’ajout d’une particule ou avec un changement d’orthographe.
d’orthographe.
Peu importe que l’usage du nom ait été verbal ou écrit, ce qui compte véritablement est
que l’usage du faux nom est déterminé la remise.
remise.
Cette pratique n’est pas la plus utilisée
uti lisée mais elle va souvent de pair avec l’usage d’une
fausse qualité.
L’usage d’une fausse qualité peut ainsi consister en un mensonge sur l’âge, sur sa situation
situation
matrimoniale, sur sa situation familiale, sur son domicile, sur l’existence d’un titre nobiliaire,
honorifique ou universitaire, sur l’existence d’un diplôme ou sur l’exercice d’une profession. Ce
moyen d’escroquerie est fréquemment utilisé pour l’escroquerie
l’escroquerie aux organismes sociaux.
Dans ces deux cas les agents avaient sciemment omis certaines mentions dans les
formulaires qu’ils devaient obligatoirement remplir pour recevoir les allocations. Il ne s’agit pas
d’abstention pure et simple mais d’une omission dans l’action.
l’action.
En revanche, ne constitue pas la prise d’une fausse qualité l’affirmation mensongère d’un
droit.
- Le seul fait de
de se prétendre faussement propriétaire d’un bien ou
créancier d’une personne
personne n’est pas un élément constitutif de
l’escroquerie.
l’escroquerie.
Ex
Ex :: Pas d’escroquerie si l’on parvient à recevoir
une somme d’argent en prétendant être
faussement créancier de la victime.
- Par contre, celui qui se prétend mandataire d’un créancier ou d’un
propriétaire pour obtenir frauduleusement le montant de la créance
ou la valeur du bien vendu se rend coupable d’une escroquerie car le
fait de se rendre mandataire correspond à l’usage d’une fausse
qualité.
Ex
Ex :: Escroquerie à la charité où l’escroc se prétend
mandaté pour une association caritative pour
recevoir des fonds.
Ex
Ex :: Cas des conventions de contreparties
occultes : Un client donne mandat à un agent
immobilier pour vendre un immeuble ; en principe
le mandataire doit vendre l’immeuble à une tierce
personne mais ici l’agent immobilier décide à
l’insu du vendeur de se porter lui-même lui -même
acquéreur du bien puis il revend le bien à son
profit à un prix plus élevé. Dans ce cas, le vendeur
a en réalité la qualité de contrepartiste.
Les conditions de contreparties sont licites à condition que le vendeur en ait connaissance.
Il s’est alors faussement présenté à son client comme étant mandataire.
mandataire.
Escroquerie pour usage d’une fausse qualifié au préjudice du client qui n’a pu vendre son
bien au prix accepté par l’acheteur final.
final.
Pendant longtemps, on s’est demandé si l’on pouvait assimiler à l’usage d’une fausse
qualité l’abus d’une qualité vraie.
vraie.
Selon l’ancien article 405 du CP, la Cour de cassation avait dans une certaine mesure
finit par l’admettre
l’admettre en considérant que l’abus d’une d’une qualité vraie constituait une manœuvre
frauduleuse constitutive d’une escroquerie dès lors « « qu’elle était de nature à imprimer l’apparence
de la sincérité à des déclarations mensongères et à commander la confiance de la victime.
victime. »
Aujourd’hui ce débat n’a plus lieu d’être puisque depuis la réforme du CP ce procédé est
expressément visé par l’article 313-3. L’abus réside dans un usage déloyal d’une qualité réelleme nt
Article 313-1 : «
« Les manœuvres doivent être de nature à tromper la victime et à déterminer
la remise ».
Le Code pénal ne définit pas précisément ce qu’est une manœuvre frauduleuse, c’est donc
la jurisprudence qui a du définir cette notion et notamment, il résulte d’une jurisprudence bien
établie que le simple mensonge, qu’il soit écrit ou verbal, ne suffit pas à constituer des manœuvres
frauduleuses même s’il a été déterminant de la remise.
remise.
Il en résulte que, pour qu’il y ait manœuvres frauduleuses, il faut que le mensonge soit
renforcé, qu’il soit « corroboré par un ou plusieurs éléments extérieurs destinés à lui donner force et
crédit ».
crédit ».
Ex
Ex :: Le simple fait de promettre le mariage à quelqu'un pour obtenir de
lui la remise d’un bien ne constitue pas une escroquerie mais si ce
mensonge est corroboré par une annonce publique de fiançailles ou la
publication des
des bans, on peut retenir l’escroquerie.
l’escroquerie.
Il est assez fréquent que l’agent fasse intervenir un tiers pour conforter son mensonge. On
appelle ce tiers le « tiers certificateur » puisqu’il vient certifier l’exactitude du mensonge. C’est
C’est le
le cas
en matière d’escroquerie à l’assurance à propos du tiers qui va réaliser un témoignage de
complaisance.
complaisance.
Pour qu’il y ait manœuvre frauduleuse, il faut que l’intervention du tiers soit provoquée par
l’agent lui-même.
lui-même. En effet, il n’y a pas de manœuvre frauduleuse lorsque l’intervention du tiers est
spontanée et alors même que cette intervention aurait dupé la victime.
La qualité de tiers suppose, pour qu’il y ait manœuvre frauduleuse, que celui -ci soit
indépendant de l’escroc.
Par exemple, un préposé qui viendrait simplement confirmer les
dires de son employeur ne peut pas être qualifié de tiers car il est
dans un lien de dépendance, de subordination avec l’agent.
l’agent.
L’exclusion ici se justifie par l’idée que lorsque l’intervenant n’est que le simple porte-
parole de l’agent, il ne rend pas le mensonge de celui-ci
celui -ci plus convaincant, il ne fait que le répéter
mais cela est sans incidence sur le crédit que la victime porte à ce mensonge dès lors que la victime
connait sa qualité de simple représentant. A l’inverse, il y aura intervention d’un tiers et donc
manœuvre frauduleuse si l’intervenant a pu, par son rôle autonome ou par ses fonctions, influencer
la victime et donner crédit au mensonge de l’agent.
l’agent.
Cas d’un expert-comptable qui certifie et atteste les comptes
d’une entreprise alors qu’il s’agit en réalité de comptes fictifs
uniquement destinés à commettre une escroquerie au détriment
du Trésor Public.
Public.
En revanche, d’une manière générale, peu importe que le tiers soit un complice de l’escroc
parfaitement conscient du rôle qu’il joue, ou qu’il soit un tiers de bonne foi qui ne se rend pas
compte du rôle qu’on lui fait jouer.
Hypothèse du tiers de bonne foi se rencontre souvent en matière
d’escroquerie à l’assurance maladie : une personne va aller voir
Enfin, l’intervention d’un tiers peut se manifester sous la forme d’un écrit ( ( factures de
complaisance),
complaisance ), sous forme verbale (témoignage
( témoignage oral de complaisance),
complaisance), sous la forme d’une attitude
positive (vol
(vol au rendez-moi
rendez-moi où un complice détourne l’attention du commerçant pour favoriser la
commission de l’infraction)
l’infraction) ou encore par une attitude passive dès lors que sa simple présence
p résence est de
nature à déterminer le consentement de la victime ( présence d’un notaire donnant force et crédit à
de fausses déclarations faites par une partie et déterminant l’autre à signer un acte authentique).
authentique ).
La Chambre criminelle a même jugé qu’il y y avait manœuvre frauduleuse par l’intervention
d’un tiers dans une affaire où l’escroc avait, devant la victime, appelé un tiers de bonne foi et avait
dénaturé les propos tenus par ce dernier afin qu’il conforte ce mensonge.
Le tiers peut même être un tiers
tie rs imaginaire qui n’existe que dans l’esprit de l’agent et qui
n’est inventé que pour les les besoins de la cause. On parle de tiers supposé.
supposé. Toutefois, pour que ce
recours à un tiers imaginaire ne soit pas un simple mensonge mais bien une manœuvre frauduleuse,
il faut que l’agent ait réalisé des actes permettant à la victime de croire en l’existence
l’ existence de ce tiers.
4) La publicité
L’article 313-1 précise que « quel que soit le procédé utilisé, celui-ci doit avoir déterminé la
victime à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir à
un acte opérant opération de décharge ». Si l’escroc n’obtient pas cette remise : tentative punissable
prévue par l’article 313-3.
S’agissant de la remise de fonds ou de valeurs, c’est toutes les remises portant sur des
sommes d’argent, que ce soit en espèce, sous forme de chèque ou encore sous forme d’ordre de
virement. La jurisprudence considère qu’un paiement effectué par voie scripturale
scripturale vaut remise
d’espèce.
er
Concernant la remise d’un bien quelconque, l’utilisation de ce terme pourrait, dans un 1
temps, donner lieu à une application étendue de l’incrimination d’escroquerie car il peut a priori
recouvrir aussi bien des biens mobiliers que des biens immobiliers. Toutefois, la jurisprudence a
toujours exclu les immeubles en matière d’escroquerie au motif qu’il doit s’agir d’une remise
matérielle, laquelle est inconcevable en présence d’un immeuble. En pratique cependant, cette
exclusion
exclusion est largement atténuée car la Cour de cassation admet que l’escroquerie puisse
indirectement porter sur un immeuble, soit parce que la remise concerne le titre de propriété d’une
maison ou l’acte de transfert de propriété d’un
d’ un appartement, soit encore parce que la remise porte
sur le prix d’un immeuble dont la valeur a artificiellement été augmentée par des manœuvres
frauduleuses.
Ce terme de bien quelconque soulève une autre difficulté puisque pris en son sens
juridique, le terme de bien désigne une chose ou un droit qui a une valeur patrimoniale. Suivant
cette définition,
définition, on ne pourrait pas retenir l’escroquerie
l’ escroquerie lorsque la remise porte sur un objet sans
valeur économique comme c’est par exemple le cas d’une lettre missive ou d’un bulletin de vote.
Sous
Sous l’empire de l’Al’ Ancien Code pénal, la jurisprudence avait admis l’escroquerie
l’ escroquerie dans un tel cas.
Depuis, pas de nouvelle jurisprudence sur ce point.
La notion de bien quelconque reste cependant une notion très large qui peut recouvrir tant
des biens matériels que des biens immatériels.
Il s’agit là d’un apport du Nouveau Code pénal. En effet, l’ancien article 405 n’incriminait
pas expressément l’escroquerie aux services et la jurisprudence refusait dans un tel cas de qualifier
l’escroquerie. Ainsi, le fait de voyager en train en utilisant la carte de transport d’un tiers ne
constituait pas une escroquerie. Néanmoins, les Juges parvenaient parfois à condamner sous la
qualification d’escroquerie aux biens ce qui était une escroquerie
escroque rie aux services.
Jurisprudence des parcmètres : la Cour de cassation considérait
que ce qui était obtenu n’était pas le service de stationnement
mais la quittance du prix du service.
Désormais, ces artifices jurisprudentiels n’ont plus lieu d’être puisque 313-1 vise
expressément la fourniture de service.
Cette incrimination s’inscrit dans le mouvement de dématérialisation des infractions contre
les biens.
Pour que l’escroquerie soit constituée, il faut impérativement que la remise soit postérieure
à l’emploi de l’un des moyens de l’escroquerie. Idée qu’il existe un lien de causalité entre le moyen et
la remise. Cet ordre chronologique doit toujours être respecté et on ne peut donc pas retenir
l’escroquerie lorsque la remise a précédé les manœuvres.
Gérant d’une société qui opère des prélèvements sur la caisse
d’une société puis qui, ensuite, accomplis des manœuvres pour
dissimuler ces prélèvements, ne se rend pas coupable
d’escroquerie.
d’escroquerie.
C) Le préjudice
l’infraction
éprouvé parsoit constituée,
la victime. indépendamment
L’escroquerie est alors de toutune
moins préjudice
atteinteréel
au
patrimoine qu’une atteinte à l’autonomie de la volonté puisque ce
qui compte c’est que la volonté de la victime a été viciée par les
manœuvres frauduleuse de l’escroc.
l’escroc.
Le nouveau Code pénal n’a pas fait taire cette controverse puisque si l’ article 313-1 exige
expressément
expressément que la remise soit effectuée au préjudice de la victime ou au préjudice d’autrui, il
n’indique pas s’il doit s’agir d’un préjudice matériel, économique ou si un simple préjudice moral est
suffisant. Pas de jurisprudence tranchant clairement la question depuis.
Infraction intentionnelle supposant que l’agent ait agit pour tromper autrui. Il faut donc
établir la mauvaise foi de l’agent. En pratique, cette preuve ne pose guère de difficultés car la
mauvaise foi sera déduite de l’emploi d’un faux nom, d’une fausse qualité ou d’une manœuvre
frauduleuse.
L’intention doit s’apprécier au jour de l’accomplissement des moyens frauduleux et de la
remise, si bien que le fait de restituer ensuite les sommes extorquées est sans incidence sur la
qualification de l’infraction.
Le mobile est indifférent et il y a do
donc
nc escroquerie dans le fait pour un créancier d’obtenir ce
qui lui est dû en employant des moyens frauduleux .
Enfin 313-3 alinéa 2 prévoit que l’escroc, à l’instar du voleur bénéficie de l’immunité
familiale prévue par l’article 311-2.
II - Les peines
Les peines peuvent être portée à 10 ans d’emprisonnement et 1 million d’€
d’amende lorsque l’escroquerie est commise en bande organisée.
Quant aux personnes morales, elles encourent une peine d’amende égale au quintuple de
celle encourue pour les personnes physiques ainsi que l’ensemble des peines complémentaires
prévues à l’article 131-39.
Affaire de l’Eglise de scientologie : La loi du 12 Mai 2009 devant seulement entrainés des
modifications formelles a entrainé une modification de forme : Les personnes morales n’encourent
pas toutes les peines complémentaires prévues par l’article 131-39 mais seulement à partir de
l’alinéa 9.
Loi du 24 Novembre 2009 a réintroduit dans le Code pénal la peine de dissolution et les
prévues à l’article 131-39.
personnes morales encourent ainsi l’ensemble des peines prévues
Notions voisines :
- Filouterie : article 313-5 ( plutôt
plutôt proche du vol )
- Entrave à la liberté des enchères : article 313-6
- Mise à disposition sans autorisation du bien immobilier d’autrui :
article 313-6-1
Chapitre 3 :
L’abus de confiance
Consiste pour une personne à qui une chose a été remise, à charge pour elle de la rendre
ultérieurement, à conserver, détruire ou aliéner cette chose.
- Cette infraction se distingue du vol où l’agent, en principe, s’empare
de la chose convoitée, puisqu’ici la chose convoitée a été
préalablement remise à l’agent.
l’agent.
- Cette infraction se distingue de l’escroquerie
l’escroquerie dans laquelle l’agent se
fait également remettre la chose mais où la remise est provoquée par
des manœuvres de l’escroc. Dans l’abus de confiance la remise n’est
pas frauduleusement provoquée, elle se fait de manière parfaitement
régulière et ce n’est qu’ensuite que la fraude apparait.
apparait.
Suivant une première approche, on pourrait considérer que l’auteur d’un abus a bus de confiance
mérite une plus grande
grande indulgence que le voleur ou que l’escroc car il est moins entreprenant
qu’eux. En effet, il ne s’empare pas de la chose de la
qu’eux. l a victime en la surprenant ou en la trompant, il ne
fait que profiter d’une situation.
situation.
Au lieu de décider délibérément et antérieurement
antérieurement à porter atteinte à la propriété d’autrui,
l’auteur d’un abus de confiance n’a souvent pas une telle intention au départ et s’il conserve ou s’il
aliène la chose c’est parce qu’il n’a pas pu résister à la tentation
tentation : Il n’est donc qu’un faible.
faible.
Da
Dans
ns le sens d’une indulgence, on peut également faire valoir que la victime mérite une
moins grande protection que la victime d’un vol ou d’une escroquerie car on peut lui reprocher de ne
pas avoir judicieusement placée sa confiance ou d’avoir maladroitement soumis l’agent à une
tentation à laquelle il n’a pas pu résister.
résister.
Suivant une seconde approche, on peut être tentée de punir plus sévèrement l’auteur d’un
abus de confiance car il est plus lâche que le voleur qui prend des risques ou de l’escroc qui fait part
d’imagination. De même, le fait que l’auteur de l’abus de confiance ait profité de la confiance qui lui
d’imagination.
a été attribué ne joue pas en sa faveur, c’est un traitre méritant une sanction plus sévère.
sévère.
I - La remise préalable
L’abus de confiance suppose que la victime ait remis préalablement le bien à l’agent soit
directement soit indirectement (intermédiaire
( intermédiaire d’un tiers tel qu’un mandataire
mandataire).
).
Ce qui compte pour que cette remise constitue la condition préalable de l’abus de
confiance c’est que cette remise ait été faite à un titre
t itre déterminé.
déterminé.
- Ancien article 408 du Code pénal était précis à cet égard : Il exigeait
que le bien ait été remis à l’agent à titre de louage, de dépôt, de
mandat, de nantissement, de prêt à usage ou pour un travail salarié
ou non salarié à charge d’en faire un usage ou un emploi déterminé.
déterminé.
Il fallait donc que la chose ait été remise au titre de l’un de ces 6
contrats limitativement énumérés par le texte.
- Le nouveau CP apporte une modification importante puisque
désormais l’article 314-1 ne retient qu’une seule exigence : Il faut,
mais il suffit désormais, que les biens aient été remis à l’agent qui les
a acceptés
acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire un
usage déterminé. Le Juge Juge n’a donc plus l’obligation de constater
l’existence d’un des 6 contrats antérieurement énumérés pour
retenir l’abus de confiance.
confiance. Champ d’application de l’incrimination
élargie : Ce qui compte désormais est que la remise ait lieu à titre
précaire.
Il faut, mais il suffit désormais, que les biens aient été remis à l’agent qui les a acceptés à
charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire un usage déterminé.
déterminé.
Les termes indiquant que les biens ont dû être « remis » et « accepté » semblent indiquer
l’existence d’un contrat et il faudrait donc
donc que la remise ait été faite en vertu d’un contrat.
contrat. Ce n’est
toutefois pas la position de la jurisprudence pour qui « l’abus de confiance ne suppose pas
nécessairement que le bien détourné ait été remis en vertuv ertu d’un contrat ».
Il peut s’agir d’une remise faite à titre contractuel, légal ou judiciaire Ce qui compte c’est
que ce titre emporte la remise d’un bien à titre précaire c'est à dire avec l’obligation de le rendre, de
le représenter ou d’en faire un usage déterminé.
déterminé.
Le louage de chose est définit à l’article 1709 du Code Civil comme un « Contrat par lequel
l’une des parties s’obligent à faire jouir l’autre d’une chose pendant un certain temps et moyennant
un certain prix que celle-ci
celle-ci s’oblige à payer ».
payer ».
Au terme du contrat le locataire doit donc rendre la chose et s’il ne le fait pas, l’abus de
confiance sera caractérisé.
2) Le dépôt
Article 1915 du Code Civil : « Contrat par lequel on reçoit la chose d’autrui à charge de la
garder ou de la restituer en nature ».
Distinction entre le dépôt régulier ou irrégulier :
- Le dépôt régulier porte sur un corps certain et oblige le dépositaire à
restituer la chose confié : Abus de confiance si le dépositaire
détourne la chose confiée. La remise de la chose peut aussi bien être
une remise matérielle qu’une remise juridique qui existe
indépendamment de tout déplacement de la chose.
- Le dépôt irrégulier porte sur une chose fongible et oblige le
dépositaire non pas à une restitution en nature mais simplement à
une restitution par équivalent : Ce type de dépôt entraine le transfert
de la propriété du bien du déposant au dépositaire. Le déposant perd
son droit réel sur la chose et conserve seulement une créance égale à
la valeur de la chose. Il n’en va autrement que si des clauses
particulières limitant expressément la possibilité pour le dépositaire
d’user librement des choses confiées ont été stipulée au contrat ou
o u si
le compte a déjà été clôturé. ( C.Cass, 20 Juillet 2011).
3) Le mandat
Article 1984 Code Civil : « Acte par lequel une personne donne à une autre le pouvoir de
faire quelque chose pour le mandant et en son nom ».
Le mandataire qui, dans ce cadre, se voit confier une chose par le mandant est simplement
détenteur précaire de cette chose. S’il détourne la chose remise, il se rend coupable d’abus de
confiance.
Ex :
- Garagiste mandaté
mandaté par l’un de ses clients pour vendre un véhicule
d’occasion se voit remettre le véhicule et détourne tout ou partie du
prix de vente : Abus de C.
- Bénéficiaire d’une procuration sur un compte courant qui retire et
conserve les fonds pour lui-même
lui- même à l’insu du titulaire du compte :
Abus de confiance.
Article 2333 et suivants du Code Civil : « Le gage avec dépossession est un contrat par
lequel un débiteur remet une chose à son créancier pour sureté de sa dette ».
Qu’il s’agisse d’un corps certain ou d’une chose fongible, le créancier propriétaire de ce
gage est tenu d’une obligation de conservation de l’objet mis en gage.
gage.
Abus de confiance dès lors que le créancier gagiste la détourne.
Article 1875 Code Civil : « Contrat par lequel l’une des parties livre une chose à l’autre pour
s’en servir à charge pour le preneur de la rendre après s’en être servi
servi ».
».
Le préteur conserve la propriété de l’objet prêté de sorte que l’emprunteur qui a
l’obligation de rendre la chose se rend coupable d’un abus de confiance s’il la détourne.
détourne.
/!\ Prêt à usage (porte sur un corps certain) # Prêt à consommation (porte sur des
choses fongibles tel que le prêt d’argent avec transfert de la propriété à l’emprunteur qui est
seulement tenu d’une obligation de rendre l’équivalent mais non la chose elle-même,
elle -même, le prêteur perd
son droit sur la chose pour ne garder que son droit personnel de créance ).
Pas d’abus de confiance si l’emprunteur ne rembourse pas à échéance ou s’il fait des fonds
prêtés un usage différent de ce qui était visé dans le contrat de prêt.
C.Cass, 14 Février 2007 : Une cliente d’une banque ayant obtenu un prêt bancaire pour la
construction d’une villa s’est
s’es t vu remettre des fonds pour un objet déterminé. Elle a utilisé les fonds
prêtés pour d’autres opérations. La Cour de cassation a considéré qu’elle ne se rendait pas coupable
d’abus de confiance car, en présence d’un prêt à consommation, elle n’était pas s imple détenteur
précaire des fonds. Seule sa responsabilité contractuelle est en jeu.
L’abus de confiance consiste à détourner une chose remise en vue d’un travail à accomplir.
Cela peut être soit l’accomplissement d’un travail sur la chose (hypothèse
(hypothèse du restaurateur d’objet
d’art qui se voit remettre un tableau ou du garagiste à qui on remet un véhicule pour réparation)
réparation ) ou
l’accomplissement d’un travail avec la chose (commercial se voyant remettre un véhicule pour
effectuer ses missions).
missions).
Lorsque la personne à qui la chose a été remise la détourne, puisqu’elle n’est que simple
détenteur précaire, il y aura abus de confiance.
/!\ Distinction abus de confiance et vol : Un salarié photocopiant pour son compte
personnel des documents appartenant à la Sté se rend coupable de vol par photocopiage idem pour
les disquettes. Or, dans cette hypothèse les documents ont bien été remis pour un travail à charge de
les rendre ou d’en faire un usage déterminé.
déterminé. On pourrait ainsi considéré queque la photocopie à des fins
confiance.
personnelles et un détournement et l’on peut qualifier d’abus de confiance.
La jurisprudence n’est pas très établie et la doctrine semble partagée mais il semble qu’il
faille retenir la qualification d’abus de confiance lorsque le salarié
s alarié détourne des choses lui ayant été
remis à titre personnel et exclusive.
On retiendrait la qualification de vol à l'encontre de celui qui s'approprie, même
momentanément, d’une chose à laquelle il peut avoir accès dans le cadre de son travail bien qu 'elle
ne lui ait pas été remise à titre personnel pour exercer sa mission.
Avec la nouvelle rédaction de l’article 314-1, tout type de remise, qu’elle soit fondé sur un
titre légal, judiciaire ou contractuel, peut être un abus de confiance dès lors que la remise a été
acceptée à charge de rendre l’objet, de le représenter ou d’en faire un usage déterminé.
déterminé.
Ex :
- Contrat d’intégration
d’intégration : Un éleveur s’engage à engraisser le bétail qui
lui ait confié et à le restituer à terme.
- Contrat d’entreprise : Cas où le maitre d’ouvrage aurait confié à
l’entrepreneur les matériaux nécessaires à la construction.
construction.
On pourrait songer à étendre le délit d’abus de confiance dans des cas om une remise
intervient sans qu’il n’y ait eu de contrat au sens strict du terme, notamment la qualité d’abus de
confiance pourrait être étendu aux hypothèses de remise nécessaire d’un bien ou de remise en
communication d’un bien pour lesquels les juges usaient de la qualification de vol.
vol.
Ch. Crim., 9 Janvier 2008 et 13 Janvier 2010 : La Chambre Criminelle a approuvé l’application du délit
d’abus de confiance en cas de détournement d’une subvention ou d’une taxe d’apprentissage par
son bénéficiaire au motif que l’affectation légale des fonds affecte de précarité
précarité une remise pourtant
faite en pleine propriété.
En principe, en matière pénale, la preuve est libre. Toutefois, ce principe ne vaut que
lorsqu’il s’agit d’établit un élément constitutif de l’infraction et la remise préalable n’est pas un
élément constitutif de l’abus de confiance mais un simple élément préalable.
préalable.
La preuve du titre contractuel de la remise échappe donc à ce principe est reste soumise
aux règles du droit civil ou à celle du droit commercial, s’il s’agit du droit commercial.
commercial.
Cela signifie qu’en matière civile, selon l’article 1341 du Code Civil, les contrats portants sur
des sommes supérieures à 1500€ doivent en principe être prouvés par écrit. écrit.
II - L’objet de la remise
er
Toutefois C.Cass, 1 Décembre 2010 vient jeter le trouble sur cette interprétation de bien
quelconque. Elle prévoit que « le détournement d’un contrat n’est pénalement punissable que s’il
porte sur l’écrit le constatant mais non sur les stipulations qu’il contient ». ». Cette formule est
identique à un arrêt rendu en 1987 et dans lequel la Cour de cassation avait affirmé que « le
détournement n’est pénalement punissable que s’il porte sur l’écrit constatant le contrat mais non sur
les stipulations qui en constituent la substance juridique ». 1987 : Ancien
: Ancien salarié qui était établi à son
compte et qui avait fait bénéficier ses propres clients de contrats dont les dispositions étaient
identiques à celles des contrats mis au point par son ancien employeur. La Cour de cassation a déclaré
qu’il ne se rendait pas coupable d’abus de confiance.
confiance. Aux termes de cette jurisprudence, l’abus de
confiance n’est possible que si le détournement porte non pas sur l’information elle -même mais sur
son support matériel.
matériel.
Les immeubles sont exclus du domaine de l’abus de confiance.
confiance.
Le fait, après avoir obtenu le prix d’une chambre po ur un week-end, de refuser de restituer
les clefs et de se maintenir dans les
l es lieux, ne constitue pas un abus de confiance.
Le bien remis doit être une chose mobilière ou mobilisée.
L’abus de confiance ne peut pas porter sur une chose sans valeur telle une u ne lettre
missive sans valeur financière ou juridique.
Le titre doit avoir une valeur patrimoniale ou doit être appréciable en argent.
Cette exclusion des biens sans valeur s’explique parce que l’Art. 314-1 314 -1 exige que le
détournement soit commis au préjudice d’autrui.
d’autrui.
Si en théorie l’élément matériel et moral sont distincts, en pratique ils sont liés parce que
détourner une chose c’est se comporter en maître absolu et un même acte matériel pourra, selon les
cas et selon la psychologie de l’agent, constituer ou non u
unn détournement.
Le fait pour une personne de se comporter en maître de la chose n’implique pas qu’il se soit
personnellement approprié la chose ou qu’il en ait tiré un profit personnel, ce qui compte, c’est que
par son acte, il ait empêché le propriétaire d’exercer ses droits sur la chose.
chose.
La Cour de cassation ne retient pas le critère de la mise en demeure, les Juges peuvent
constater l’existence d’un détournement même si le propriétaire du bien n’a pas préalablement mis
en demeure son cocontractant de restituer le bien.
Ce n’est pas parce qu’il y a eu mise en demeure préalable que le détournement sera
automatiquement retenu car le retard dans la restitution peut être expliqué par le prévenu
autrement que par sa volonté de se montrer en véritable propriétaire.
II - Le préjudice
Article 314-1 : « Le détournement doit s’être opéré au préjudice d’autrui c'est à dire au
préjudice du propriétaire ou du possesseur du bien détourné ».
Néanmoins, la jurisprudence ne se montre pas très exigeante sur ce point. La Cour de
cassation considère que le préjudice peut être :
- Un préjudice matériel
- Moral : C.Cass, 1882 : Un garçon laitier coupait le lait avec de l’eau
avant de le vendre aux clients et qui empochait la somme d’argent. Le
propriétaire du lait ne subissait aucun préjudice matériel puisqu’il
recevait bien un prix égal à la quantité de lait remis . Il subissait un
préjudice moral car risquait de perdre la confiance de sa clientèle
puisque le produit finalement dû était de moins bonne qualité.
- Voir un simple préjudice éventuel : C.Cass, 1979 : On retient l’abus de
confiance à l’encontre d’un salarié qui avait détourné des documents
d’entreprise avant son licenciement et l’on avait
avai t retenu le préjudice
pour son ancien employeur alors que l’on n’avait pas pu démontrer
que les documents avaient été utilisés par la suite au profit de la
nouvelle entreprise qui l’employait.
- Elle est même allée jusqu’à affirmer que l’existence d’un préjudice
préjudice
souffert par la victime se trouve incluse dans la constatation du
détournement de la chose qui lui appartient.
L’abus de confiance est une infraction intentionnelle, il faut donc produire l’existence d’une
intention coupable chez l’agent c'est à dire prouver qu’il a détourné la chose, qu’il s’est
volontairement comporté en maitre de celle-ci en sachant pertinemment que la détention précaire
qu’il avait de la chose ne lui permettait pas de réaliser un t el acte. La simple négligence ne suffit donc
pas. Il faut établir :
- Volonté du prévenu de se comporter en maitre de la chose
- Conscience du caractère précaire de la détention
En revanche, peu importe que le prévenu n’est pas bénéficier lui-même lui -même du détournement,
il peut l’avoir réalisé au profit d’un tiers.
tiers.
Exemple : Notaire détournant des fonds pour certains de ses
clients pour les distribuer à d’autres.
d’autres.
En pratique, la mauvaise foi du prévenu sera produite des éléments de fait souverainement
appréciés par les juges du fond et notamment de l’acte même de détournement. Souvent, cela
abouti à un système de présomption que le prévenu a du mal à renverser.
CCass, 3 Juillet 1997 : Une personne reçoit mandat d'une compagnie aérienne de vendre des billets de
transport en s'engageant à en représenter périodiquement le prix. Cette personne vendait ces billets à
une agence de voyage qui fut mise en redressement et en liquidation judiciaire. Le mandataire ne pu
donc obtenir le prix des billets ainsi vendus et se retrouva dans l'impossibilité d'honorer ses
engagements contractuels envers la compagnie aérienne.
Poursuivi pour abus de confiance et a plaidé l'absence d'intention coupable en
expliquant que c'était la seule carence de l'agence de voyage qui avait fait
obstacle à la représentation du prix de revente des billets.
billets.
Argumentation insuffisante pour les juges du fonds qui lui reproche de ne pas
avoir vérifié la solvabilité de l'agence de voyage et d'avoir pris sciemment le
risque de causer un préjudice à la compagnie aérienne.
aérienne.
Pourvoi devant la Cour de cassation, pourvoi rejeté, elle conclut que « le mandataire a
disposé des titres de transport comme des siens propres dans des conditions dont il devait prévoir
qu’elle l’empêcherait de les rendre ou d’en restituer la valeur à son mandant. »
Celui qui prend sciemment le risque de se placer dans une situation rendant
impossible la restitution de la chose est nécessairement de mauvaise foi.
Jurisprudence non convaincante car cette prise de risque équivaut à une sorte de dol
éventuel et non à une véritable intention coupable.
La solution est alors critiquable car elle conduit à brouiller les frontières entre ce qui relève
de l’inexécution ou
ou de la mauvaise exécution d’une obligation contractuelle et la faute pénale.
pénale.
Celui qui refuse de restituer une chose qui lui a été remise à titre précaire est-il à l’abri de la
qualification d’abus de confiance quand il a cru pouvoir invoquer à son profit un droit de rétention ?
Hypothèse d’un créancier qui refuse de se dessaisir de la chose que lui a remise son
débiteur tant que ce dernier ne s’est pas acquitté de sa dette. Si l’exercice du droit de rétention est
légitime et ne traduit aucune intention frauduleuse, la bonne foi du prévenu empêche de retenir la
qualification d’abus de confiance.
confiance.
Exemple : Cas d’un agent d’affaire retenant les pièces d’un dossier jusqu’au
paiement de ses frais justifiés.
En revanche, la rétention devient condamnable si elle est opérée sans raison valable, dans
le seul but d’exercer une contrainte morale illégitime.
illégitime.
Exemple : Cas du mandataire qui, à la fin de son mandat, retient les biens qui
lui ont été remis pour obtenir un supplément d’honoraire injustifié ou pour
obtenir la reconduction du mandat.
Tout comme le voleur ou l’escroc, l’auteur d’un abus de confiance bénéficie de l’immunité
familiale prévue par l’article 311-12 du CP.
II - Les peines
Quant aux personnes morales, elles encourent une peine d’amende égale au quintuple de
celle prévue pour les personnes physiques ainsi que l’ensemble des peines complémentaires prévu à
l’article 131-39 CP.
La tentative n’est pas incriminée.
incriminée.
Infractions voisines :
- Le détournement d’objets constitués en gage : Article 314-5 CP,
Incrimine le fait, par un débiteur, un emprunteur ou un tiers donneur
de gage, de détruire ou de détourner l’objet constitué en gage. 3 ans
d’emprisonnement et 375 375 000€ d’amende.
d’amende.
Dans ce cas, il s’agit moins de protéger la
propriété d’autrui que de protéger les droits des
créanciers et notamment, il ne faut pas confondre
cette infraction avec l’abus de confiance qui
Chapitre 4 :
Le recel de choses
Si l’on souhaite lutter efficacement contre les différentes formes d’appropriation des bien
d’autrui, il importe de ne pas limiter la répression aux seuls représentants actifs de cette
délinquances que sont les voleurs, les escrocs ou encore
enc ore les auteurs d’abus de confiance.
En effet, il faut encore également sanctionner ceux qui profitent de cette délinquance et
qui donc participent à son développement. C’est précisément le cas du receleur qui a toujours été
sévèrement sanctionné par le Code pénal au motif que le receleur fait le voleur.
Cette idée selon laquelle la répression du recel est un moyen indirect de lutter contre
d’autres formes de criminalités est particulièrement flagrante depuis la loi du 2 mai 1915 . En effet,
jusqu’à cette loi, le recel était simplement considéré comme un cas de complicité. Depuis cette loi, il
constitue une infraction autonome qui est distincte de l’infraction qui est à sa source et qui est très
sévèrement réprimée.
Cette infraction et définie à l’article 321-1 du Code pénal : « fait
« fait de dissimuler, de détenir
ou de transmettre une chose, ou de faire office d’intermédiaire afin de la transmettre sachant que
cette chose provient d’ uunn crime ou d’un délit . On parle, en ce cas de recel détention. Et le recel est
également le fait, en connaissance de cause, de bénéficier, par tout moyen, du produit d’ un un crime ou
d’un délit :
délit : on parlera alors de recel profit ou de recel par profit retiré ».
On constate, à la lecture de cette définition, que le recel est une infraction de conséquence
puisqu’il suppose nécessairement qu’une infraction dont provient la chose recelée ait été
antérieurement commise. Il s’agit là d’une condition préalable.
En visant, dans l’article 321-1, le terme de chose, le législateur a choisi de donner un champ
d’application très large à l’infraction de recel. A priori, toute chose mobilière peut faire l’objet d’un
recel, même si elle n’a aucune valeur.
valeur. Une simple lettre missive peut être recelée, tout comme de
l’argent, des bijoux, des tableaux, des véhicules automobiles…
automobiles…
A une époque, la Cour de cassation semblait admettre qu’une chose immatérielle
immatérie lle telle un
renseignement ou une information puisse être recelée car elle avait retenu le recel pour sanctionner
un individu qui avait obtenu des renseignements à la suite de la violation d’un secret de fabrique.
Mais, depuis, la Cour de cassation est revenue
revenue vers une conception plus stricte de l’objet du recel. En
effet, dans un arrêt du 3 avril 1995 , la Cour de cassation a déclaré « qu’une information, quelle qu’en
article 460 de l’ancien Cod e pénal , que de
soit la nature ou l’origine, échappe aux prévisions, tant de l’ article
l’ article
article 321-1 nouveau » : il s’agissait d’un journal qui avait publié des informations concernant les
revenus d’un directeur de société mais cette information avait été obtenue suite à une violation du
secret professionnel. La Cour de cassation a jugé que « la simple détention d’une information acquise
à la suite d’une divulgation illégale d’un secret ne peut, à elle seule, donner lieu à recel ». Il ne peut
donc pas y avoir de recel d’information.
d’information.
II - La provenance de la chose
c hose recelée
L’article 321-1 précise que la chose doit provenir d’un crime ou d’un délit. Cela exclut donc
les choses provenant d’une simple contravention. Mais sous cette réserve, la chose recelée peut
provenir d’infractions très diverses telle un vol, une escroquerie ou un abus de confiance mais encore
un abus de bien sociaux, un trafic d’influence, une séquestration avec demande de rançon, une fraude
infor matique…
matique…
En définitive, la seule exigence tient dans l’existence du crime ou du délit. De cette
condition, il faut en déduire qu’il n’y a pas recel si l’on croit, à tort, que la chose provient d’un crime
ou d’un délit alors qu’en réalité, elle a une origine
origin e totalement licite (hypothèse
(hypothèse de délit putatif ).
).
De même, il ne peut y avoir de recel si une cause réelle, comme par exemple l’ abrogation
abrogation
par une loi nouvelle d’une incrimination qui a fait disparaitre l’ infraction.
infraction. En revanche, dès lors que
l’infraction d’origine existe matériellement, le receleur est punissable. Cela signifie que même si
l’infraction
l’auteur de l’infraction d’origine n’a pas été condamné (immunité
( immunité familiale, relaxe en raison de
troubles psy, de son jeune âge),
âge), ces raisons sont personnelles à l’auteur de l’infraction d’origine et
elles ne font pas disparaitre l’infraction qui, matériellement, existe bien. En conséquence, le recel
reste punissable.
La Cour de cassation semble aujourd’hui confirmer cette règle : Ch. Crim., 4 décembre
2007 : un journaliste avait été condamné par les Juges du fond pour recel de violation du secret
professionnel alors même qu’on n’avait jamais pu identifier qui était l’auteur de la violation du secret
professionnel . Les Juges du fond avaient retenus sa culpabilité en se contentant de constater que les
documents qu’il détenait devaient nécessairement provenir d’une personne tenue au secret. Cet
arrêt de la CA est censuré par la Cour de cassation qui exige qu’on identifie l’auteur de l’infraction
d’origine dans un tel cas pour pouvoir retenir la qualification
qualification de recel.
Enfin, l’infraction d’origine doit nécessairement avoir été commise par une personne autre
que le receleur car une seule et même personne ne peut pas être déclaré à la fois auteure du vol et
du recel car la règle non bis in idem
idem s’oppose à ce qu’un fait unique puisse donner lieu à une double
déclaration de culpabilité. En revanche, une même personne peut très bien être déclarée auteur du
recel et complice de l’infraction d’origine dès lors que l’acte de recel et l’acte de complicité résulten t
de faits matériels distincts.
M. X vole un bien et ensuite conserve ce bien pour s‘en servir lui -
même. Tous ces agissements caractérisent un fait unique
caractérisant à la fois le vol et le recel : application de la règle non
bis in idem donc poursuivi pour vol.
M.
M. Y fournit des renseignements pour aider l’auteur d’un vol puis,
ensuite, il reçoit et détient une partie du butin résultant de ce vol :
ici, un fait de complicité et un fait constitutif du recel. Dans cette
hypothèse, notre individu aura la double qualité de complice du
vol et de receleur de la chose volée.
L’article
L’article 460 de l’ancien Code pénal
pénal ne définissait pas l’acte matériel de recel. C’est donc à
la jurisprudence qu’est revenue la tache de définir cet acte matériel. A cet égard, elle aurait pu s’en
tenir au sens étymologique du terme et exiger que l’agent dissimule, cache l’objet retenu pour
retenir le recel. En effet, le terme recel vient du latin celare qui signifie cacher.
Mais manifestant une certaine sévérité, les Juges ont choisi de retenir une conception
extensive de l’acte matériel du recel en acceptant notamment qu’il puisse y avoir recel sans
dissimulation. Cette conception est aujourd’hui reprise dans l’article 321-1 qui retient deux formes
de recel :
- Le recel détention
- Le recel profit
1) La dissimulation de la chose
Il s’agit
s’agit tout simplement de conserver la chose hors de la vue des tiers. Il s’agit donc d’un
cas de détention occulte qui présente surtout un intérêt au niveau probatoire. En effet, lorsque
l’agent dissimule la chose, cela laisse présumer sa connaissance frauduleuse de l’origine de la chose.
Le constat de l’élément matériel facilitera le constat de l’élément moral dans ce cas.
cas.
Ch. Crim., 2009 : un avocat qui au titre de ses honoraires, avait reçu d’un de ses clients poursuivi pour
escroquerie un chèque de 1 000€ mais qui avait été établis par une desde s victimes et qui ne comportait
pas d’ordre. L’avocat avait alors transmis ce chèque à une consœur en règlement d’une vacation.
vacation.
Cette consœur avait déposé le chèque à l’encaissement mais il avait été rejeté en raison d’une d’une
er
opposition. Pour le 1 avocat : coupable de recel d’escroquerie car il a détenu le chèque en toute
connaissance de cause et il l’a fait encaisser par un tiers pour en dissimuler l’origine frauduleuse. A
nde
l’inverse, la 2 avocate étant de bonne foi et ne connaissant pas l’origine des fonds n’a pas été
pénalement inquiétée.
er
L’alinéa 1 dit qu’il y a recel dans le simple fait de transmettre la chose ou de faire office
d’
d’intermédiaire
intermédiaire pour transmettre la chose. Est donc coupable de recel non seulement celui qui
transmet matériellement une chose entre le voleur et l’acquéreurl’ acquéreur mai également celui qui se
contente de jouer le rôle de négociateur sans jamais avoir eu la détention matérielle de la chose.
Hypothèse d’une personne qui se contenterait
contente rait de négocier au téléphone la vente de choses volées.
volées.
Plusieurs personnes peuvent donc être receleuses de la même chose : celui qui la transmet
en sachant qu’elle a une origine frauduleuse et celui qui la reçoit en connaissance de cause. De
même, on remarque
remarque également que le recel est constitué quand bien même la chose n’est pas reçue
directement de l’auteur du délit d’origine mais est reçue par un intermédiaire. Du reste, peu importe
que cet intermédiaire soit de bonne ou de mauvaise foi.
On constate donc, sous l’effet de la jurisprudence, que l’acte de recel s’est finalement peu à
peu dématérialisé puisque la détention personnelle n’est pas toujours nécessaire et que le simple fait
de faire office d’intermédiaire suffit pour avoir la qualité
quali té de receleur. Cette dématérialisation est
encore plus manifeste dans l’hypothèse du recel par profit retiré (recel-profit
( recel-profit ).
).
produit du 1997
Ch. Crim., crime: ou
se du délit.
rend La Courde
coupable derecel
cassation ne va pas
le trésorier dans
d’un ce politique
parti sens : qui avait fait régler par
des tiers, au moyen de fonds provenant d’un trafic d’influence, une partie des frais de
fonctionnement du parti politique. Ici, le trésorier n’avait tiré aucun profit pe
personnel.
rsonnel.
II - L’élément moral
l’origine frauduleuse des choses qu’on lui proposait ou qu’il utilisait. Cela suffit et il est inutile qu’il ait
une connaissance précise de l’infraction d’origine.
En pratique, les Juges du fond déduisent souvent la mauvaise foi des circonstances de la
détention ou de l’utilisation dede la chose. Les Juges se montrent particulièrement sévères avec le
professionnels avertis : par
: par exemple avec les garagistes qui montrent peu d’empressement à regarder
l’origine des véhicules qu’on leur propose à la revente ou encore les antiquaires qui se montrent peu
regardant quant aux conditions d’achats d’un meuble.
meuble .
On en arrive parfois à ramener l’intention coupable à un simple défaut de précaution ou à
une imprudence en considérant « que le prévenu n’a pas pu ignorer l’origine frauduleuse de la chose
au vue des circonstances ». En réalité, en présence de tels indices, il y a une sorte de renversement
de la charge de la preuve et c’est finalement au prévenu de contredire ces indices en apportant la
preuve de sa bonne foi.