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2ème PARTIE :
LES INFRACTIONS CONTRE LES BIENS
Si les crimes et les délits contre les biens ne revêtent pas la même gravité que les atteintes
aux personnes, ils n’en restent pas moins socialement important car :
-  Il s’agit de l’une des formes de criminalité les plus fréquentes
-  Ces infractions touchent le plus souvent un droit fondamental : le
droit de propriété. Or, le droit pénal s’est toujours attaché à
sanctionner ce qui, d’une manière ou d’une autre, porte atteinte à la
propriété d’autrui. 
d’autrui. 

La propriété est d’abord protégée contre les atteintes matérielles aux biens ( destruction,
incendie de la chose d’autrui, dégradation)
dégradation ) mais aussi contre les atteintes juridiques (appropriations
( appropriations
 frauduleuse).
 frauduleuse ). Aujourd’hui, c’est plus cette seconde forme d’atteinte
d’atteinte à la propriété qui mobilise
l’attention car on s’aperçoit qu’aujourd’hui, les délinquants
délinquants cherchent désormais moins à détruire les
biens d’autrui qu’à 
qu’à se les approprier. Pour ce faire, ils n’hésitent
n’ hésitent pas à imaginer de nouveaux moyens
ou à profiter des innovations technologiques.
Le législateur a été conduit à incriminer de nouveaux faits comme par exemple la captation
illicite de programmes télévisés ou les atteintes illicites aux systèmes informatiques ( article
article 323-1 ).
Il résulte de tout cela un ensemble assez disparate que le Code pénal classe en deux sous-
titres du Titre 3 :
-  Appropriations frauduleuses
-  Autre atteintes aux biens

S’agissant des qualifications fondamentales que l’on va étudier et s’agissant des


appropriations frauduleuses, on étudiera
étudiera le vol, l’escroquerie et l’abus de confiance.
Toutes ces infractions tendent à la même fin : l’appropriation frauduleuse de la fortune ou
d’une partie du patrimoine d’autrui. En revanche, les méthodes employées par les protagonistes
diffèrent dans chaque cas.
-  Le voleur recoure à des procédés assez rustre pour parvenir à ses
fins : il s’empare de la chose convoitée, il la soustrait à sa victime,
parfois au prix de violences
-  L’escroc recours à des méthodes plus élaborées, plus raffinées.
raffinées. Il ne
s’empare pas de la chose, il parvient à ce qu’on la lui remette
volontairement en employant la ruse ou la tromperie (délinquance
( délinquance
astucieuse))
astucieuse
-  L’auteur d’un abus de confiance apparait plus lâche 
lâche   en ce sens qu’il
ne fait que profiter d’une situation existante et de la confiance que le
véritable propriétaire lui avait précédemment confié.

A l’instar de l’incrimination de blanchiment, l’infraction de recel traduit la volonté


législative de ne pas sanctionner seulement les auteurs matériels et directs d’une atteinte aux biens
mais de sanctionner également ceux qui en profitent, qui en tirent bénéfice, c'est à dire ceux qui, au
final, tirent les ficelles de la criminalité.

Chapitre 1 :
Le vol 
Le langage courant abuse de la qualification de vol en qualifiant de voleur celui qui est un
escroc, un usurier, un commerçant malhonnête.
Article 311-1 : « la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui ».
d’autrui  ».

SECTION 1 – Les éléments constitutifs du vol 

I - L’élément matériel du vol : la soustraction de la chose d’autrui  


 

 
 A)  La nature de l’acte matériel : la soustraction  

Originairement, la jurisprudence retenait une conception purement matérielle de la


soustraction
soustract ion : le voleur était celui qui s’emparait de la chose à l’insu ou contre le gré de son
propriétaire, c'est à dire celui qui la prenait, qui l’enlevait, qui la déplaçait. La notion de soustraction
impliquait donc toujours l’idée de déplacement de la chose par l’agent lui-même. lui -même. Cette définition
laissait en dehors du champ d’application de l’incrimination un certain nombre de comportements
 jugés répréhensible.
C’est ce qui a conduit la
l a jurisprudence à superposer à cette conception une conception plus
moderne, plus juridique.

1)  La soustraction matérielle

Cette conception implique une usurpation physique de la possession. Dès Ch. Crim., 1837,
Baudet, la Chambre criminelle a affirmé que : «  «   pour soustraire, il faut prendre, enlever, ravir »
»..
Autrement dit, il faut que l’agent ait déplacé matériellement la chose convoitée. 
convoitée. 
Il en résulte qu’il ne peut y avoir de soustraction commise par l’agent, et donc de vol, si la
chose a été préalablement et volontairement remise par la victime à l’agent. Il a été jugé qu’en cas
de vente d’un bien mobilier assorti d’une clause de réserve de propriété, la remise volontaire du bien
 par le vendeur à l’acheteur exclut la qualification de vol. Dès lors, si après résolution du contrat de
vente, l’acheteur refuse de restituer le bien ,
bien , il ne se rend pas coupable de vol .
La remise volontaire de la chose exclue la qualification de vol, même lorsque cette remise
et faite par erreur et même
m ême lorsque l’acte commis parait franchement malhonnête.
-  Le client qui conserve la monnaie rendue par erreur par un
commerçant ne se rend pas coupable de vol, et ce quand bien même il 
se serait aperçu de ce trop rendu dès le moment de la remise.
-  L’usager d’une carte bancaire qui obtient d’un distributeur de bil let 
bil let 
une somme excédant le solde de son compte n’est pas coupable de
vol. la machine étant programmée pour remettre la somme
demandée à celui qui utilise correctement sa carte bancaire, la remise
est volontaire même si elle est faite par erreur : Ch. Crim., 1983 : « de
tels faits s’analysent en l’inobservation d’une obligation contractuelle
et n’entre dans les prévisions d’aucun texte répressif  ». Toutefois, cela
n’est vrai que si l’utilisation de la carte est correcte.
-  Un individu avait remarqué que le com  pteur d’un distributeur de
carburant revenait à zéro lorsque la somme affichée dépassait les 999
Fcs. Cet individu s’était servi une quantité d’essence d’une valeur de
1 200 Fcs et avait présenté au caissier un ticket de 200Fcs : pas vol car
la remise d’essence
d’essence était dû à un dysfonctionnement de la machine, il
s’agissait donc d’une remise volontaire excluant toute idée de
soustraction.

Les choses se compliquent lorsque l’erreur dans la remise de la chose n’est plus une erreur
spontanée mais une erreur provoquée par un acte dolosif du bénéficiaire de la remise. Dans ce cas,
deux situations :
-  Si l’erreur est provoqué par l’agent chez la victime elle-mêmeelle -même : la
seule qualification possible, à l’exclusion du vol, est l’escrioquerie ous
réserve que les manœuvres 
manœuvres  employées par l’agent pour induire en
l’article 313-1 du
erreur l’agent puissent être qualifiées au sens de l’article
Code pénal. Se rend coupable d’escroquerie et non de vol le client de
magasin qui enlève une étiquette sur un produit en vente et qui en
substitut une étiquette avec un prix minoré.
-  Si l’erreur est provoquée par l’agent chez un tiers remettant : la
qualification retenue peut être le vol. c’est 
c’est le
le cas lorsque le tiers a été
abusé par l’agent  sur le véritable propriétaire de la chose et croit 
devoir lui remettre cette chose. Dans cette hypothèse le tiers n’estn’est en
réalité qu’un instrument passif à l’aide duquel la personne qui reçoit
la chose l’a, en réalité, frauduleusement appréhendé. Va se rendre
coupable d e vol le client d’un magasin le client de magasin qui se fait 
 

remettre par le magasinier un tapis de valeur à la place de celui qu’il 


a acquis.

L’idée de soustraction va réapparaitre lorsque la remise est involontaire. On parle de


remise involontaire lorsqu’elle
lorsqu’elle émane d’une personne dont la volonté n’est pas tout à fait libre et
conscient. Cela vise deux situations :
-  La remise forcée par l’agent : c'est à dire remise consécutive à des
menaces ou à des violences exercées par l’auteur sur
sur la victime. Il a
été jugé que se rendait coupable de vol le chauffeur de taxi qui 
menaçait sa passagère de l’abandonner en pleine campagne la nuit si 
elle ne lui versait pas de somme complémentaire. Dans un tel cas, il
peut également y avoir un concours de qualifications entre

l’incrimination de vol et celle d’extorsion définie par l’ article 312-1 


comme « le fait d’obtenir par violence, menace de violence ou
contrainte, soit une signature, un engagement ou une renonciation,
soit la révélation d’un secret, soit la remise de fonds, de valeurs ou
d’un bien quelconque ». dans un tel cas, concours de qualification
résolu en faveur de la qualification la plus haute, c'est à dire de celle
faisant encourir la peine la plus forte (extorsion
( extorsion la plupart du temps
car 7 ans d’emprisonnement
d’emprisonnement et 100 000€ d’amende).
d’amende).
-  La remise inconsciente de la part de la victime : on ne peut pas
considérer comme une remise volontaire la remise faite par une
personne dont le consentement n’est pas pleinement conscient, soit
en raison de son jeune âge, soit en raison d’une altération de ses
facultés intellectuelles.

On constate que la conception matérielle de la soustraction,


soustraction , en ce qu’elle exige que ce soit
l’agent lui-même
lui-même qui opère un déplacement de la chose, conduit à laisser impunis un certain nombre
de comportement. C’est précisément afin de réprimer ce comportements socialement dangereux
que la jurisprudence a, par la suite, adopté une conception juridique de la soustraction.

2)  La soustraction juridique

On assiste à une dématérialisation de la soustraction. Il y a vol dès lors qu’une personne


s’empare de la possession d’une chose appartenant à autrui. C'est à dire dès lors qu’elle se
comporte, à l’égard de ce bien, comme si elle en était propriétaire. Dès lors, il peut très bien y avoir
vol même si l’agent détient déjà matériellement la chose à partir du moment où ce n’est pas la
possession de la chose qui lui avait été remise mais la simple détention matérielle de la chose.
Si un ami demande de porter son portefeuille et qu’on ne lui rend pas : vol car remise de la détention
matérielle et non pas la possession.
Selon la Cour de cassation : « la détention purement matérielle, non accompagnée d’une
remise de la possession, n’est pas exclusive de l’ appréhension
appréhension ».
». Pas de soustraction, donc pas de vol,
lorsque le véritable propriétaire a remis l’agent la possession de la chose. A l’inverse, si le véritable
propriétaire n’a remis que la détention matérielle, il peut y avoir soustraction et donc vol.
-  Exemple de la remise à laisser : il est assez fréquent, dans certains
types de commerce qu’avant la vente, et afin de convaincre
l’acheteur, le vendeur lui laisse à l’essai un bien. Cette remise du
bien, que l’on nomme souvent remise nécessaire, correspond à la
simple remise de la détention matérielle. Par conséquent, si le client
profite des circonstances pour s’en aller définitivement avec le
véhicule, il y a soustraction juridique et il se rend coupable de vol :  
Ch. Crim., 1959. Depuis la réforme du Code pénal, on pourrait
également appliquer l’abus
l’abus de confiance : « fait
« fait pour une personne de
détourner une chose remise à titre précaire à charge de la rendre, de
la représenter ou d’en faire un usage déterminé ». avant la réforme,
cette infraction n’était constituée que lorsque le bien était remis au
titre d’un contrat. Désormais, elle peut s’appliquer à toute remise
précaire d’un bien, peu importe que cette remise n’est pas une
origine contractuelle.
 

-  La remise en communication : une personne remet à une autre un


document (reconnaissance
(reconnaissance de dette par exemple)exemple) pour simple
vérification. Si cette dernière refuse ensuite de restituer le document
remis, elle commet un vol car elle n’a reçu que la simple détention
matérielle du bien. On pourrait envisager l’abus de confiance dans ce
cas également.
-  Hypothèse de la vente au comptant et des magasins libre-service :
article 1583 du Code civil « la vente est parfaite dès lors qu’il y a
accord des parties sur la chose et le prix ».
prix  ». En dépit de ce principe, on
considère que, dans le cas des magasins libre-service ou dans le cas
de la vente au comptant, le vendeur ne remet la chose au client ou
ne l’autorise à la prendre que sous condition de paiement. Jusqu’au

paiement : détention précaire des marchandises. Dès lors, si le client


passe la caisse avec des articles impayés, coupable d’usurpation et
donc de vol : cette solution qui marque l’autonomie du droit pénal
par rapport au droit civil ne joue que si paiement immédiat. Si
paiement différé ou échelonné,
échelonné , la remise de la chose à l’acheteur
entraine transfert immédiat de la possession et, du coup, le défaut de
paiement ultérieur ne peut pas constituer une soustraction et donc
un vol. Dans une telle hypothèse, la propriété de la marchandise
ayant été transférée à l’acheteur, c’est le vendeur impayé qui se
rendrait coupable de vol s’il récupérait la chose.
-  La remise d’une chose à un préposé : lorsqu’un employeur remet à
son salarié, pour les besoins de son travail des outils, des
marchandises ou des documents, il ne lui en remet que la détention
matérielle et non la possession. Dès lors, si le salarié refuse de

restituer les choses remises à simple titre de détention, il se rend


coupable de vol. Dans un tel cas, on pourrait tout à fait envisager
d’appliquer l’incrimination de l’abus de confiance.

B)  L’objet de l’acte matériel : la chose d’autrui  

1)  Une chose

Le terme chose est un terme assez vague qui peut couvrir des hypothèses variées. En
l’absence de précisions supplémentaires données par le législateur, c’est c’est à la jurisprudence de
préciser quelle peut être la chose.
Pour se faire, elle s’est tout d’abord fondée sur la conception matérielle de la soustraction.
Du coup, la jurisprudence en a déduit que le terme chose ne peut viser que le seuls meubles
corporels qui par excellence, sont des choses que l’on peut déplacer. La soustraction peut ainsi avoir
pour objet n’importe quel meuble corporel, et ce que le bien ait ou non une valeur pécuniaire. En
effet, le vol est moins une atteinte au patrimoine qu’à la propriété. Il y a donc vol si l’objet n’a
aucune valeur pécuniaire. De même, peu importe que la chose soustraite soit une chose illicite et
hors du commerce. De cette limitation aux choses corporelles mobilière, il résulte surtout deux
exclusions :
-  On ne peut pas voler un immeuble : mais, dès lors qu’une chose peut
être détachée de l’immeuble auquel elle est attachée et qu’elle peut
être déplacée par la suite : elle peut faire l’objet d’un vol. cas de
  pierres extraites d’une carrière, d’arbres abattus. Dans toutes ces
hypothèses le droit pénal s’attache
s’attache à la nature physique de la chose
et non de sa qualification juridique civile.
-  On ne peut pas voler un bien incorporel : l’idée est que les droits
mobiliers (créance
(créance par exemple)
exemple) ne peuvent pas être l’objet d’un vol
en raison de leur immatérialité. Toutefois, si on ne peut pas voler une
créance, un brevet ou une idée, on peut voler le meuble corporel qui
leur sert de support matériel (voler
(voler un titre de créance, l’acte
constatant une obligation, une quittance, une disquette contenant 
des infos ou une bande magnétique).
magnétique ). Ces difficultés tenant à
l’immatérialité ont donné lieu à plusieurs controverses :
 

  Hypothèse du vol d’électricité : une personne


  faisant un branchement clandestin avant le
compteur se rend-elle coupable de vol 
d’electricité ?   Ch. Crim., 1912 :  l’electricité
l’electricité peut
faire l’objet d’une appréhension et donc
qualification de vol retenue. Depuis, la solution a
été en partie confirmée par le législateur puisque
l’article311-2 du Code pénal dispose que « la
soustraction frauduleuse d’énergie au préjudice
d’autrui est assimilée au vol ».
vol  ». Le vol d’une
d’une chose
immatérielle n’est admis qu’qu’au
au titre d’exception
d’exception et
ne joue que pour l’énergie.
 
Hypothèse du décodage d’émissions télévisées :
est-ce-que la captation frauduleuse d’une émission
télévisée codée à l’aide d’un décodeur pirate
constitue ou non un vol ?   CA Paris, 1987 : réponse
négative au motif qu’une onde hertzienne
hertzienn e a une
nature immatérielle et n’est donc pas une chose
au sens de l’ancien article 379 devenu aujourd’hui
l’article 311-1. Cette absence de répression a
incité le législateur à intervenir dans une loi du 10
  juillet 1987 incriminant spécialement ce
comportement mais avec des peines beaucoup
plus faibles que le vol.
  Question du vol d’information : il n’y a aucune
difficulté lorsque l’information a été intégrée dans

un support (un
(un écrit, une disquette informatique,
une clé USB)
USB) et que ce support est lui-même
l’objet d’une soustraction : vol pleinement
constitué. En revanche, il est beaucoup plus
délicat de savoir si une information pure et simple
(détachée de son support) peut être l’objet d’un
vol. la Chambre criminelle semblait un temps avoir
admis la possibilité d’un vol d’information dans
Ch., crim, 1989, Bourquin : « vol du contenu
informationnel de disquettes informatiques » :
coupable du vol des disquettes et du vol du
contenu informationnel des disquettes durant le
temps nécessaire à la reproduction, le tout au
  préjudice de la société Bourquin qui en était 
 propriétaire. Toutefois, on peut douter sur la
véritable portée de cet arrêt car vol par
totalement détaché du support matériel puisqu’en
tout état de cause, les prévenus avaient bien
appréhendés temporairement les disquettes
originales afin de les reproduire sur d’autres
supports. Or la Cour de cassation admet le vol
d’usage ou le vol par photo copiage et elle
considère qu’il y a vol dès lors que l’on usurpe la
possession
poss ession de la chose d’autrui, même pendant un
temps relativement bref,   par exemple le temps
nécessaire à la reproduction de documents.
documents . Tous
les autres arrêts depuis celui-là sont aussi flous.

Majoritairement, la doctrine ne l’admet pas car admettre le vol d’informations n’est pas
forcément opportun car cela conduirait à modifier profondément l’incrimination de vol et
notamment à modifier la notion de soustraction. En effet, même dans son acception juridique, la
notion de soustraction implique l’idée d’une dépossession du véritable propriétaire qui, le temps de
l’appréhension ne peut plus exercer ses droit, ses
ses prérogatives sur cette chose. Or, la nature de
l’information s’oppose à cette idée de dépossession du propriétaire. En effet, l’information
l’information est
 

quelque chose de volatile donc peut tout à fait être reproduite et partagée entre plusieurs
personnes, patrimoines. Aussi, si le voleur s’approprie l’information, en revanche le propriétaire de
cette
cet te information n’en est jamais privé. En définitive, ce que perd la propriétaire, c’est simplement la
maitrise exclusive de l’information et non pas la possession de l’information. Si on admettait le vol
d’infirmation, il se traduirait non pas par une soustraction matérielle ou juridique mais par une
soustraction économique peu conforme à la philosophie originelle du vol.
Le débat a, en outre, perdu de son importance en raison de l’adoption par le législateur de
dispositions spéciales qui permettent, pour partie, de sanctionner ce genre de comportements.
 Article 323-1 du Code pénal   incrimine l’accès ou le maintien frauduleux dans un système automatisé
de données.
  Question du vol de services : celui qui utilise
  frauduleusement certains services comme le

téléphone, internet, se rend-il coupable de vol ?  La


Cour de cassation a répondu par la négative dans
une affaire où une personne a utilisé le minitel
sans autorisation de l’abonné : « les
communications téléphoniques constituent des
  prestations de service non susceptibles de
soustraction et qui n’entrent pas dans la catégorie
des choses de l’article 379, aujourd’hui  article 311-
1 ». Il n’existe donc pas de vol de service mais
incriminations spéciales comme l’escroquerie de
services.

2)  Une chose appartenant à autrui 

L’ancien article 379 Code pénal incriminait très largement la soustraction par le prévenu
d’une chose qui ne lui appartenait pas. L’article 311-1 sanctionne plus précisément la soustraction de
la chose d’autrui. Ce changement de rédaction n’implique cependant pas qu’il soit nécessaire de
connaitre avec précision l’identité du véritable propriétaire. En réalité, il suffit simplement d’établir
que la chose n’est
n’est pas la propriété de celui qui la soustrait.
La question de la propriété relève de la compétence du d u Juge pénal car le Juge de l’action et
le Juge de l’exception sauf s’il s’agit d’une chose immobilière qui a été immobilisée.
-  On ne peut pas voler sa propre chose
-  Le vol sera constitué si l’individu n’est que copropriétaire de la chose
qu’il soustrait :
  cas d’indivision entre cohéritiers : un indivisaire
s’empare de tout ou   partie de la chose au
  préjudice des autres indivisaires. Il se rend 
coupable de vol et ce même s’il a obtenu l’accord 
de certains des indivisaires. Le fait qu’ensuite  , au
moment  du partage de l’indivision, la chose soit 
attribuée au propriétaire indivis qui l’a soustraite,
cela est sans incidence sur la qualification du vol 
malgré le caractère rétroactif de l’effet du
 partage.
-  le vol sera constitué si l’agent n’est pas encore propriétaire de la
chose soustraite :
  si le légataire universel enlève les biens du
testataire avant le décès de ce dernier, le vol sera
constitué.  
constitué.
-  Il y a vol si l’agent n’est plus propriétaire de la chose soustraite :
  Exemple de la vente v ente : en cas de vente à
tempérament, il y a transfert immédiat de la
  propriété du bien sauf clause de réserve de
  propriété. Du coup, le vendeur n’est plus
  propriétaire du bien et il se rend coupable quand 
bien même le prix n’aurait pas été acquitté. le vol 
reste constitué si ensuite la vente est résolue avec
effet rétroactif. Il faut, et il suffit, que les éléments
 

constitutifs du vol soient réunis au moment où la


soustraction pour que l’infraction soit constituée. 
constituée. 
En cas de vente au comptant, la jurisprudence
considère qu’il y a transfert de la propriété
uniquement au moment du paiement du prix.  prix.  
Dans ce cas, vendeur ne commet pas de vol s’il 
reprend la chose avant paiement du prix.
  Hypothèse du prêt : si corps certain prêté, préteur 
reste propriétaire du bien.
bien. En revanche, lorsqu’une
  personne prête une chose fongible (prêt d’argent 
  par exemple), elle en perd la propriété. Dans ce
cas, le préteur devient un simple créancier de la

restitution de l’équivalent de la somme prêté. Il n’a


 plus un droit réel sur la chose mais un simple droit 
  personnel. Dès lors, s’il reprend à son débiteur la
somme prêtée, il se rend coupable de vol.
-  Pas de vol si l’agent s’approprie une chose sans maitre : 
  En présence d’une res nullius : ( pas
  pas encore trouvé
de propriétaire)
propriétaire) pas de vol si on s’en empare.
  En présence d’une res derelictae (chose
abandonnée par son ancien propriétaire) : pas de
vol en principe si on s’approprie la chose. Ne
constitue pas un vol le fait de s’emparer de la
  ferraille abandonnée dans une usine. Difficulté :
s’il s’agit d’une chose perdue, le fait de la
conserver constitue un vol car la victime n’a pas

manifesté la volonté de transférer la possession


de son bien. Cette distinction entre chose
abandonnée et chose perdue n’est pas toujours
aussi aisée
aisée qu’il n’y parait. La jurisprudence utilise
des critères de distinction : 

  Critère de localisation : objets
dans une décharge publique
sont abandonnés alors que
ceux trouvés sur la voie
publique sont présumés
perdus.  
perdus.
  Critère de la valeur : plus la
valeur est importante, plus on
va considérer que la chose est
perdue.

Ch. Crim., 2005 :  propriétaire


propriétaire d’une lettre l’avait déchirée et jetée dans une poubelle et un tiers s’était 
approprié la lettre en la recollant. Cour de cassation avait considéré que la lettre déchirée et jetée
dans la poubelle n’était pas un objet abandonnée et pouvait faire l’objet d’un vol. Pour la Cour de
cassation, le déchirement de la lettre est une manifestation
m anifestation de l’abusus
l’abusus  et non pas l’expression par le
propriétaire de sa volonté d’abandonner
d’abandonner la chose. Pour la Cour de cassation, l’acte n’implique pas
une renonciation définitive car « le propriétaire a toujours la faculté de revenir sur son geste et de
reprendre son bien tant que la lettre reste dans la corbeille à papier et n’est pas e mportée à la
décharge publique ».
  Une présence d’une chose commune : il ne peut y
avoir de vol. par contre, il y aura vol en cas de
soustraction d’une chose commune affectée au
besoin de la collectivité. Par exemple le rivage de
la mer fait partie du domaine de l’Etat et il a pu
être jugé que le fait d’extraire une grande
quantité de sable sans autorisation est constitutif 
d’un vol .
  Hypothèse du trésor : l’article 716 du Code civil  
décide que l’inventeur (celui
(celui qui découvre le
 

trésor ) en acquiert soit la totalité si le trésor est


trouvé sur son terrain, soit la moitié s’il est trouvé
sur le terrain d’autrui. Le propriétaire de ce terrain
acquérant alors l’autre moitié du trésor. En
conséquence l’inventeur d’un trésor trouvé sur le
fonds d’autrui se rend coupable de vol s’il se
l’approprie entièrement.

Cette nécessité d’une chose appartenant à autrui explique que celui qui appréhende une
chose en croyant faussement en être le propriétaire ne se rend pas coupable de vol si son erreur est
légitime. C’est le défaut d’intention en raison d’une erreur de fait qui explique la solution.

II - L’élément moral du vol : l’intention frauduleuse  


 A)  Une infraction intentionnelle

Dans la conception classique du XIXème, le vol supposait l’intention de s’approprie r


définitivement la chose dérobée.
Par la suite, la Cour de cassation a adopté une conception moins exigeante. Depuis 1959,
elle considère qu’il y a vol « 
« lorsque l’appropriation a lieu dans des circonstances telles qu’elle révèle
l’intention de se comporter, même momentanément, en propriétaire ». Cette jurisprudence a pour
origine de sanctionner les emprunts de véhicules. Les Juges avaient tenté de sanctionner de tels
agissements en retenant le vol d’essence. C’est pourquoi la jurisprudence a fini par par consacrer la
notion de vol d’usage et a donc admis qu’il suffit que l’agent ait eu l’intention de se comporter
momentanément en propriétaire.

copiage : Cette jurisprudence


Ch. Crim., a principalement
1979, Logabax : la Chambre trouvé son aapplication
criminelle estimé queen
le cas de vol
préposé qui,par photo
détenant
matériellement des documents appartenant à son employeur, prend à des fins personnelles des
photocopies de ces documents sans autorisation de son employeur, se rend coupable de vol. La Cour
de cassation a estimé que le seul fait qu’il les ait utilisées frauduleusement pendant le temps de
l’utilisation caractérise l’intention.
Ces solutions peuvent se comprendre au regard de la nature instantanée de l’infraction qui
est donc consommée dès dès l’instant précis de la soustraction. Les éléments matériel et moral doivent
donc s’apprécier au moment de la soustraction. Dès lors, tout évènement postérieur, notamment la
restitution de la chose à son propriétaire, est sans incidence sur la consommatio
consommation n de l’infraction. Il ne
s’agit que d’un repentir actif qui est inopérant en droit pénal.

B)  L’indifférence des mobiles 

Les mobiles n’ont aucune valeur justificative. Argument néanmoins souvent plaidé en
pratique devant les juridictions.
-  Fait pour des défenseurs des animaux de voler des animaux de
laboratoire afin de protester : n’enlève rien au caractère délictueux
des faits.
-  L’auteur ne peut pas pas arguer de l’origine suspecte ou délictueuse de la
chose ou de la situation irrégulière de la chose pour justifier son
acte : notamment le vol de stupéfiants reste un vol.
-  Le prétendu exercice d’un droit ne saurait faire disparaitre
l’infraction : on ne peut
peut pas admettre qu’une personne décide de se
faire justice par elle-même
elle-même au lieu d’utiliser les voies de droit qui sont
à sa disposition.
    A été reconnu coupable de vol le créancier qui 
soustrait un bien à son débiteur pour se constituer 
un gage. 
gage. 
  Hypothèse du vendeur impayé qui reprend les
marchandises déjà livrées. 
livrées. 
  Hypothèse de salariés vendant des marchandises
appartenant à leur employeur pour se payer sur le
revenu de la vente des marchandises le salaire
 

dont ils auraient été indument privés durant une


grève.  
grève.
  En revanche, l’exercice par un créancier gagiste de
son droit de rétention est licite. Donc, quand le
débiteur ne paye pas sa dette, le créancier peut
garder l’objet mis en gage à titre de garantie
même s’il n’est pas propriétaire.

Ne pas confondre
confondre avec l’hypothèse
l’hypothèse des faits justificatifs. A cet égard :
-  Etat de nécessité (122-7 Code pénal): souvent invoqué pour justifier
des vols de denrées alimentaires. De nos jours, les Tribunaux se
montrent beaucoup moins souples dans l’admission de ce fait

 justificatif. CA Poitiers, 1997 : vol de viande pour nourrir ses enfants


pas justifié par l’état
l’état de nécessité donc qualification de vol retenue.
-  Problème de la production en Justice par un salarié de documents
appartenant à son employeur : Chambre criminelle ne l’a pas admis
alors que la Chambre sociale considérait que cet acte était licite dès
lors que la reproduction portait sur des documents dont le salarié
avait eu connaissance durant l’exercice de ses fonctions et que cette
reproduction était motivée par la défense de ses intérêts devant les
instances prud’homales. Cette divergence de jurisprudence est
désormais résolue depuis :
  Ch. Crim., 2004 et 2005 :  l’acte est justifié lorsqu’il
est établi que les documents appréhendés par le
salarié étaient strictement
strictement nécessaire à l’exercice
des droits de sa défense dans le litige l’opposant à
son employeur.
Cette justification ne joue que dans l’hypothèse très particulière d’un
litige dans le cadre prud’homal. En revanche, ne marche pas pour les
autres types de litiges,
lit iges, et notamment dans l’hypothèse serait accusé
de diffamations vis-à-vis de son employeur et chercherait à prouver
la vérité de ses dires en publiant des documents appartenant à
l’employeur : Ch. Crim., 2009.

Section 2 : La répression du vol 


Le vol simple est un délit mais il peut devenir un crime en présence de certaines
circonstances aggravantes. La tentative de vol est toujours punissable, qu’il s’agisse d’un vol criminel
ou d’un vol délictuel puisque dans ce cas, l’article 311-13 Code pénal le prévoit expressément.

I - Les peines encourues par le voleur 

Concernant les personnes morales reconnues coupable de vol, elles encourent une amende
égale à 5 fois l’amende prévue par les personnes physiques
physiques ainsi que deux peines complémentaires
prévues par l’article 311-16 Code pénal : 
-  Interdiction d’exercer l’activité dans l’exercice de laquelle l’infraction
a été commise : de 5 ans au plus ou de manière
m anière définitive en fonction
du vol subit.
-  Confiscation de la chose qui a servi à commettre l’infraction ou qui en
est le produit.

 A)  Les vols délictuels

Aux termes de l’article 311-3, le vol simple est puni de 3 ans d’emprisonnement et de
45 000€ d’amende auxquels s’ajoutent les peines complémentaires prévues par l’article 311-14 : 
-  Interdiction des droits civiques, civils et de famille
-  Interdiction d’exercer certaines activités 
activités 
-  Interdiction de détenir une arme soumise à autorisation
-  Confiscation de la chose
 

-  Obligation d’accomplir un stage de citoyenneté. 


citoyenneté. 

Vol peut être aggravé en raison de la présence d’une ou pl usieurs circonstances


extrêmement variées. Le montant des peines encourues varie suivant le nombre des circonstances
aggravantes relevées :
-  5 ans et 75 000€
000€   d’amende lorsqu’il est accompagné de l’une des 10
circonstances aggravantes de l’article 311-4.
-  7 ans et 100 000€
000€   d’amende en cas de cumul de deux de ces
circonstances aggravantes.
-  10 ans et 150 000€
000€   d’amende en cas de cumul de trois de ces
circonstances aggravantes.

Circonstances aggravantes de l’article 311-4 : 


-  Hypothèse du vol commis pas plusieurs personnes agissant en qualité
d’auteurs ou de complice sans qu’elles constituent une bande bande
organisée : vol en réunion. La notion de réunion étant applicable dès
lors qu’il y a au moins deux auteurs ou complices. A la différence de
la bande organisée qui suppose une organisation, la réunion peut
être le résultat de la rencontre fortuite de deux agents animés des
mêmes mauvaises intentions.
-  Le vol commis par une personne dépositaire de l’autorité publique ou
chargée d’une mission de service public dans l’exercicel’exercice ou à
l’occasion de l’exercice de ses fonctions ou de sa mission 
mission  
-  Vol commis par une personne qui prend indument la qualité d’une
personne dépositaire de l’autorité public ou d’une personne chargé
d’une mission de service public : seul l’emprunt d’une de ces deux
caractéristiques entraine la circonstance.
-  Vol précédé, accompagné ou suivi de violences sur autrui n’ayant pas
entrainé une ITT : suivant l’article 311-11, il y a vol suivi de violences
lorsque les violences ont été commises pour assurer la fuite ou
l’impunité d’un auteur ou d’un complice.
-  Vol commis dans un local d’habitation ou dans un lieu utilisé ou
destiné à l’entrepôt de fonds, valeurs, marchandises ou matériel :
peu importe que le local d’habitation soit habité ou non.
-  Vol commis dans un véhicule affecté au transport collectif des
voyageurs ou dans un lieu destiné à l’accès d’un moyen de transport
collectif de voyageurs : vise à réprimer
r éprimer les vols à la tir
tire.
e.
-  Vol précédé, accompagné ou suivi d’un acte de destruction, destruction, de
dégradation ou de détérioration : vol à la roulotte.
-  Le vol commis à raison de l’appartenance ou de la non appartenance,
vraie ou supposée, de la victime à une ethnie, une nation, une race
ou une religion déterminée, ou de son orientation sexuelle vraie ou
supposée : il s’agit de lutter contre les discriminations. Le mobile de
l’auteur est ici érigé en circonstance aggravante.
-  Vol commis par une personne dissimulant volontairement tout ou
partie de son visage afin de ne pas être identifié : ajoutée par loi du 2
mars 2010 renforçant la lutte contre les violences de groupe et la
protection de personnes chargées d’une mission de service public.
public.
-  Vol commis dans les établissements d’enseignement ou d’éducation,
ainsi que lors des sorties et entrées des élève ou dans un temps très
voisin de celles-ci, aux abords de ces établissements : ajouté par loi
du 2 mars 2010  afin de lutter contre le racket à l’école ou aux abords
des établissements scolaires.

En dehors de ces circonstances qui peuvent se cumuler entre elles, le législateur en a prévu
d’autres, qui, comme elles sont considérées comme plus graves, portent les peines à un taux
supérieurs à celui encouru pour une circonstance aggravante.
-  Vol commis à l’aide d’un mineur : 311-4-1 Code pénal : le vol est alors
puni de 7 ans d’emprisonnement et de 100 
100  000€ d’amende lorsqu’il
est commis par un majeur avec l’aide d’un ou plusieurs mineurs. Les
 

peines étant portées à 10 ans et 150 000€ d’amende lorsque le ou les


mineurs sont âgés de moins de 13 ans. Vise à protéger la jeunesse de
l’influence néfaste des adultes.
-  Hypothèse du vol portant sur un objet mobilier classé ou inscrit, une
découverte archéologique ou bien culturel : depuis une loi du 15
  juillet 2008 : 7 ans et 100 000€ pouvant être portée à 10 ans et  et 
150 000€ si s’ajoute à une des circonstances aggravante. Les peines
d’amende peuvent être élevée jusqu’à la moitié de la valeur du bien
volé.
-  Hypothèse du vol facilité par l’état d’une personne particulièrement
vulnérable : auparavant, ce vol aggravé faisait encourir 5 ans
d’emprisonnement et 75  75 000€ d’amende mais la loi  LOPPSI 2 a

alourdi les peines en les portant à 7 ans d’emprisonnement et


100 000€ d’amende. Il ne s’agit pas nécessairement d’un vol ayant
pour victime une personne vulnérable. Cela peut viser un tiers passif 
qui était gardien de la chose dérobée. D’ailleurs, si le vol a pour
victime une personne vulnérable (enfant
( enfant de bas âge ou personne
handicapée mentale par exemple)
exemple ) et si les Juges ont décidé qu’il y
avait soustraction et donc vol uniquement en raison de cet état de la
victime parce que la remise de la chose était inconsciente ou
involontaire, dans ce cas, on ne peut pas retenir la circonstance
aggravante. Mais circonstance jouera si l’auteur s’empare lui-même
lui -même
matériellement d’une chose détenue
détenue par une personne handicapée
et qui, du fait de son handicap, n’a pas pu s’opposer au vol. la loi
LOPPSI 2 a également reporté le point de départ du délai de
prescription du vol lorsque celui est commis à l’encontre d’ une
personne vulnérable afin d’en faciliter la répression. Application de la
théorie des infractions clandestines reportant le point de départ au
 jour où on a connaissance des faits.
-  Vol commis dans un local d’habitation ou dans un lieu utilisé à
l’entrepôt
l’entrepôt de fonds, valeurs, marchandises ou matériels en pénétrant
dans les lieux par ruse, effraction ou escalade : peines portées à 7 ans
et 100 000€ par la LOPPSI 2. Prévu à l’article 311-5 3èmement. 
  S’agissant de la ruse : laissé à l’appréciation des
Juges. Cas d’une personne se faisant passer par in
agent.
  S’agissant de l’effraction : 132-73 : « forcement,
dégradation ou destruction de tout dispositif de
  fermeture ou de toute espèce de clôture, l’usage
de fausses clés, de clés indument obtenue ou
l’usage d e tout autre instrument pouvant être
  frauduleusement employé pour actionner un
dispositif de fermeture sans le forcer ou le
dégrader ».
dégrader  ». Seule l’effraction
l’effraction extérieure visant à
entrer dans le local constitue une circonstance
aggravante. En cas d’effraction intérieure
intérieure ( forçage
 forçage
d’un coffre-fort ),
), circonstance aggravante non
constituée. On pourra retenir la circonstance
aggravante de dégradation de l’article 311-4
8èmement. De même, pas retenue si l’effraction
est commise une fois le vol réalisé afin de sortir du
local et de permettre la fuite de l’auteur.
  S’agissant de l’escalade
l’escalade : 132-74 : «  fait de
s’introduire dans un lieu soit par -dessus -dessus un
élément de clôture, soit par toute autre ouverture
non destinée à servir d’entrée ». Là encore, que
extérieure.
-  Vol commis avec violences :
  Le vol va être puni de 7 ans d’emprisonnement et
100 000€ d’amende lorsqu’il est précédé,
 

accompagné ou suivi de violence ayant entrainé


une ITT pendant 8 jours au plus.
  10 ans et 150 000€ lorsque les violences ont
entrainé une ITT pendant
pendant plus de 8 jours. La
période de sureté joue de plein de droit. Si le
coupable est un étranger, il encoure également
l’interdiction au territoire français. La période de
sureté et la circonstance aggravante pour un
étranger jouent également pour le vol criminel .

B)  Les vols criminels

Ces circonstances aggravantes sont au nombre de 3 :


-  Vol avec violence :
  Le vol sera puni de 15 ans de réclusion criminelle
et de 150 000€ d’amende lorsqu’il est précédé,
accompagné ou suivi de violence ayant entrainé
une mutilation ou une infirmité permanente.
  Le vol sera puni de la réclusion criminelle à
perpétuité et de 150 000€ d’amende lorsque les
violences ont entrainé la mort ou qu’elles
constituent des actes de torture ou de barbarie.
-  Acte de torture ou de barbarie : Acte de gravité exceptionnelle
occasionnant à la victime ou douleur ou une souffrance aigüe,
l’auteur ayant voulu nier la dignité de la personne humaine.
humaine.  
-  Vol commis avec arme : (  Art. 311-8 CP  ) : 20 ans de réclusion
criminelle et 150 000€ pour le vol commis avec usage ou menace
d’une arme ou le vol commis par une personne porteuse d’une arme
L ’Article 132-75 
soumise à autorisation ou dont le port est prohibé. L’Article
distingue 3 types d’armes :
  Arme par nature : Tout objet conçu pour tuer ou
blesser. (armes
(armes blanches, matraques, arbalètes,
 poing américain etc.)
etc.)
  Arme par destination : Tout autre objet
susceptible de présenter un danger pour les
personnes dès lors qu’il est utilisé pour tuer,
blesser ou menacer ou qu’il est destiné, par celui
qui en est porteur, à tuer, blesser ou menacer.
Un animal est-il une arme par destination si son
maître l’a lancé contre un tiers ?  ? La
La jurisprudence
avait refusé cette assimilation mais le législateur a
tranché dans un autre sens par une loi du 22
Juillet 1996 et aux termes de l’Art. 132-75 dernier
alinéa l’utilisation d’un animal pour tuer, blesser 
ou menacer est assimilé à l’usage d’une arme. arme. 
  Arme factice ou simulée  : Tout objet qui,
présentant avec une arme, une ressemblance de
nature à créer une confusion est utilisée pour
menacer de tuer ou de blesser ou est destiné, par
celui qui en est porteur, a menacé de tuer ou de
blesser. Il faut une ressemblance qui trompe une
personne suffisamment attentive placée sous les
mêmes conditions que la victime. 
victime. 
-  Vol commis en bande organisé : La criminalité collective est
considérée comme la plus dangereuse. Art. 311-9 CP qui puni de 15
ans de réclusion criminelle et de 150 000€ d’amende le vol commis
en bande organisé. Art. 132-71 CP : La bande
organisée s’entend de tout groupement formé ou de toute entente
établie en vue de la préparation caractérisée par un ou plusieurs faits
matériels d’une ou de plusieurs infractions. 
infractions. 
 

  Ce vol sera encore plus aggravé lorsqu’il se cumule


avec la circonstance aggravante de violence
auquel cas il sera puni de 20 ans de réclusion
criminelle et 150 000€ et les peines seront portées
à 30 ans et 150 000€ lorsqu’elle se cumule avec le
port ou usage d’arme. 
d’arme. 
  Depuis la loi du 9 Mars 2004 (Perben II), cette
sévérité peut, en certains cas, être abaissée pour
les repentis.

Suivant l’article 311-9-1 du CP, l’auteur d’une simple tentative de vol en bande organisée
bénéficie d’une exemption de peine si, ayant averti l’autorité administrative ou judiciaire, il a permis

d’éviter la réalisation de l’infraction et d’identifier, le cas échéant, les autres auteurs ou complices.
complices.  
Si l’infraction est déjà consommée, le repenti peut espérer une réduction de peine : La
peine privative de liberté qu’il encoure en tant qu’auteur ou complice d’un vol pourra être réduite de
moitié s’il a averti les autorités et qu’il a ainsi permis de faire cesser l’infraction en cours ou d’éviter
que l’infraction n’entraine la mort d’un Homme
Homme ou une infirmité permanente.

II - L’immunité familiale de l’article 311 -12

En vertu de l’article 311-12 du CP, les vols commis entre certains parents ne peuvent pas
donner lieu à des poursuites pénales.
Pour des infractions ne mettant en jeu que de simples intérêts matériels, on veut éviter la
mise en œuvre d’un procès. 
procès. 
Ne joue qu’en matière pénale, possibilité de demander réparation au
civil.

En outre, sur le terrain pénal, l’immunité ne joue que pour le vol et ne peut donc pas
couvrir une infraction distincte qui constituerait en temps ordinaire une circonstance aggravante du
vol, par exemple les violences.

Cette immunité familiale s’applique dans deux cas :


-  Vol commis par une personne au préjudice de son ascendant ou de
son descendant.
  Ex 
Ex :: Un père vol son fils ou un fils vol son père 
père 
-  Vol commis par une personne au préjudice de son conjoint sauf 
lorsque les époux sont séparés de corps ou autorisé à résider
séparément : L’immunité joue même en cas de séparation de fait et
ne cesse qu’au moment du divorce sauf deux autres cas cités
(séparation de corps ou autorisé à vivre
viv re séparément )

L’immunité ne peut pas être étendue à d’autres personnes ( (  Application stricte de la loi 
 pénale).
 pénale).
-  Ex  : Ne bénéficie ni aux frères et sœurs, ni aux cousins.
cousins.  
-  Ex  : Ne s’applique pas aux concubins ou partenaires d’un PACS.
PACS.  

la  loi du 4 Avril 2006 renforçant la prévention et la répression des violences


Depuis la 
au sein du couple, le vol de certains objets est exclu du champ de l’immunité.
l’immunité.  

L’immunité ne joue pas lorsque le vol porte sur des objets ou des documents
indispensables à la vie quotidienne de la victime (titre ( titre de séjour, papier d’identité, moyens de
 paiement )  Eviter que la femme ne puisse pas s’enfuir. 
s’enfuir. 
La liste n’est pas limitative, il revient donc au juge de dire au cas par cas si l’objet soustrait

est ou non indispensable à la


-  vieEx 
de: Fauteuil
Ex : la victime.
roulant pour une personne handicapée.

Cette immunité n’est qu’une simple immunité de procédure : Il s’agit seulement d’un
obstacle procédural qui rend irrecevable l’action publique tant devant les juridictions
juridictions d’instruction
que de jugement.
 

L’immunité n’a aucune incidence sur le fond est ne peut pas être considérée comme un fait
 justificatif faisant disparaitre l’infraction. 
l’infraction.  C’est ce qui explique que le bénéficiaire de l’immunité qu’il
soit auteur, coauteur
coauteur ou complice ne peut pas être poursuivi, en revanche, puisque l’infraction
demeure, les autres auteurs, coauteurs, complices ou tiers receleurs restent condamnables.

Le CP incrimine également des incriminations voisines du vol :


-  Article 312-1 CP : Extorsion
-  Article 312-12-1 CP : La mendicité agressive
-  Article 312-10 CP : Le chantage

Chapitre 2 :
L’escroquerie 
On entre dans la  délinquance astucieuse  puisque l’escroc va utiliser la ruse, la tromperie
voire le simple mensonge pour obtenir les choses de la main de lla a victime elle-même.
Article 313-1 du CP : « L'escroquerie est le fait, soit par l'usage d'un faux nom ou d'une
  fausse qualité, soit par l'abus d'une qualité vraie, soit par l'emploi de manœuvres frauduleuses, de
tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice
d'un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir 
un acte opérant obligation ou décharge. L'escroquerie est punie de 5 ans d'emprisonnement et de 375
000 euros d'amende » 

Section 1 : Les éléments constitutifs de l’escroque rie


L’escroquerie consiste à utiliser certains moyens de tromperie afin d’induire la victime en
erreur, le coupable devant être animé d’une intention coupable. 
coupable.  

I - Les moyens de l’escroquerie : la tromperie 

Si toute escroquerie est une tromperie, l’inverse n’est pas vrai. 


vrai.  
Seul celui qui abuse sa victime en utilisant l’un des procédés limitativement
li mitativement énumérés par
l’article 313-1  sur rend coupable d’escroquerie,
d’escroquerie, l’emploi d’un seul des moyens suffisant à
consommer l’infraction. 
l’infraction. 

 A)  L’usage d’un faux nom 

Le droit pénal sanctionne ici un simple mensonge dès lors qu’il a été déterminant de la
remise par la victime.
Il s’agira pour l’escroc d’usurper un nom sur lequel il  il  n’a aucun droit afin d’inspirer
confiance et de tromper sa victime.
Le nom usurpé peut tout aussi bien être un nom réel que fictif voire même l’utilisation de
son propre nom avec un simple changement de prénom ( (  pour jouer sur une homonymie)
homonymie) ou avec
l’ajout d’une particule ou avec un changement d’orthographe. 
d’orthographe. 
Peu importe que l’usage du nom ait été verbal ou écrit, ce qui compte véritablement est
que l’usage du faux nom est déterminé la remise. 
remise. 
Cette pratique n’est pas la plus utilisée
uti lisée mais elle va souvent de pair avec l’usage d’une
fausse qualité.

B)  L’usage d’une fausse qualité ou l’abus d’une qualité vraie  

Qualité : Condition sociale, civile ou juridique d’une personne.


personne.  

L’usage d’une fausse qualité peut ainsi consister en un mensonge sur l’âge, sur sa situation
situation
matrimoniale, sur sa situation familiale, sur son domicile, sur l’existence d’un titre nobiliaire,
honorifique ou universitaire, sur l’existence d’un diplôme ou sur l’exercice d’une profession. Ce
moyen d’escroquerie est fréquemment utilisé pour l’escroquerie
l’escroquerie aux organismes sociaux.
 

-  Ex  : Se rend ainsi coupable d’escroquerie celui prenant faussement la


qualité de chômeur pour percevoir des allocations chômage.
-  Ex  : Celui usant de la qualité d’aveugle pour la perception d’une aide. 
aide. 

Afin de sanctionner de tels comportements, la jurisprudence s’est parfois montrée assez


audacieuse.

Par principe, l’escroquerie est une infraction de commission (nécessite


( nécessite un acte positif ),
), le
seul fait pour l’agent de s’abstenir, de démentir une qualité lui ayant été attribué par un tiers ne
peut en principe pas consommer l’infraction. 
l’infraction. 
-  En dépit de ce principe la Cour de cassation a jugé que le fait de ne
pas déclarer l’exercice d’une activité professionnelle afin de

continuer à recevoir indument des allocations chômage constitue un


acte positif de prise de la fausse qualité de travailleur privé d’emploi. 
d’emploi. 
-  De même, la Cour de cassation a jugé que constitue une escroquerie
la prise d’une fausse qualité le fait pour un individu de continuer à
recevoir des allocations chômage alors que, par suite
d’accroissement de ses ressources, il avait cessé d’y avoir droit. 
droit.  

Dans ces deux cas les agents avaient sciemment omis certaines mentions dans les
formulaires qu’ils devaient obligatoirement remplir pour recevoir les allocations. Il ne s’agit pas
d’abstention pure et simple mais d’une omission dans l’action. 
l’action.  

A l’inverse, le principe demeure face à une simple abstention : La Cour de cassation a


considéré que le bénéficiaire d’une rente d’invalidité à 100%, rente obtenue sans manœuv re
manœuv re ni 
simulation, et qui n’a pas averti la sécurité sociale de l’amélioration de son état ne peut pas être
déclaré coupable d’escroquerie en l’absence d’acte positif de sa part .
Le Code du travail et le Code de la Sécurité Sociale incriminent spécialement le fait de
bénéficier ou de tenter de bénéficier frauduleusement de diverses prestations sociales et complètent
les dispositions du Code pénal.

En revanche, ne constitue pas la prise d’une fausse qualité l’affirmation mensongère d’un
droit.
-  Le seul fait de
de se prétendre faussement propriétaire d’un bien ou
créancier d’une personne 
personne  n’est pas un élément constitutif de
l’escroquerie.  
l’escroquerie.
  Ex 
Ex :: Pas d’escroquerie si l’on parvient à recevoir 
une somme d’argent en prétendant être
 faussement créancier de la victime.
-  Par contre, celui qui se prétend mandataire d’un créancier ou d’un
propriétaire pour obtenir frauduleusement le montant de la créance
ou la valeur du bien vendu se rend coupable d’une escroquerie car le
fait de se rendre mandataire correspond à l’usage d’une fausse
qualité.
  Ex 
Ex :: Escroquerie à la charité où l’escroc se prétend
mandaté pour une association caritative pour
recevoir des fonds.
  Ex 
Ex :: Cas des conventions de contreparties
occultes : Un client donne mandat à un agent
immobilier pour vendre un immeuble ; en principe
le mandataire doit vendre l’immeuble à une tierce
personne mais ici l’agent immobilier décide à
l’insu du vendeur de se porter lui-même lui -même
acquéreur du bien puis il revend le bien à son
profit à un prix plus élevé. Dans ce cas, le vendeur
a en réalité la qualité de contrepartiste.

Les conditions de contreparties sont licites à condition que le vendeur en ait connaissance.
Il s’est alors faussement présenté à son client comme étant mandataire. 
mandataire.  
 

Escroquerie pour usage d’une fausse qualifié au préjudice du client qui n’a pu vendre son
bien au prix accepté par l’acheteur final.
final.  

Pendant longtemps, on s’est demandé si l’on pouvait assimiler à l’usage d’une fausse
qualité l’abus d’une qualité vraie. 
vraie.  
Selon l’ancien article 405 du CP, la Cour de cassation avait dans une certaine mesure
finit par l’admettre
l’admettre en considérant que l’abus d’une d’une qualité vraie constituait une manœuvre
frauduleuse constitutive d’une escroquerie dès lors «  «  qu’elle était de nature à imprimer l’apparence
de la sincérité à des déclarations mensongères et à commander la confiance de la victime.
victime. »

Aujourd’hui ce débat n’a plus lieu d’être puisque depuis la réforme du CP ce procédé est
expressément visé par l’article 313-3. L’abus réside dans un usage déloyal d’une qualité réelleme nt

possédée afin d’obtenir une remise indue. 


indue.  L’idée étant que cette qualité est de nature à inspirer une
confiance particulière.
Le Code pénal,
pénal, en retenant comme moyen de l’escroquerie, l’usage d’un faux nom o ouu d’une
fausse qualité, incrimine donc le simple mensonge. Toutefois, tout mensonge n’est pas punissable et
à l’instar du droit civil qui distingue le bon ou mauvais dol, le droit pénal n’atteint que certains types
de mensonges. C’est pourquoi en dehors des cas cités, il faut, pour que le moyen d’escroquerie
d’escro querie soit
caractérisé, que l’agent ait fait plus que mentir. Il faut qu’il se soit livré à des manœuvres
frauduleuses.

C)  Les manœuvres frauduleuses

Article 313-1 : « 
« Les manœuvres doivent être de nature à tromper la victime et à déterminer 
la remise ».
Le Code pénal ne définit pas précisément ce qu’est une manœuvre frauduleuse, c’est donc
la jurisprudence qui a du définir cette notion et notamment, il résulte d’une jurisprudence bien
établie que le simple mensonge, qu’il soit écrit ou verbal, ne suffit pas à constituer des manœuvres
frauduleuses même s’il a été déterminant de la remise. 
remise.  

Il en résulte que, pour qu’il y ait manœuvres frauduleuses, il faut que le mensonge soit
renforcé, qu’il soit « corroboré par un ou plusieurs éléments extérieurs destinés à lui donner force et 
crédit ».
crédit  ».
  Ex 
Ex :: Le simple fait de promettre le mariage à quelqu'un pour obtenir de
lui la remise d’un bien ne constitue pas une escroquerie mais si ce
mensonge est corroboré par une annonce publique de fiançailles ou la
publication des
des bans, on peut retenir l’escroquerie. 
l’escroquerie. 

Quels sont les faits extérieurs que les juges retiennent ?


-  La mise en scène
-  L’intervention d’un tiers 
tiers 
-  La production d’écrit ou usage d’un document
document  
-  Le recours à la publicité

1)  La mise en scène

Il y a mise en scène lorsque


lorsque l’escroc recours à des stratagèmes et machinations pour gagner
la confiance de la victime et la tromper au point de la déterminer à lui remettre les biens escomptés.
-  Escroquerie à l’assurance : Assuré simulant le cambriolage de son
appartement ou le vol de sa voiture qui va déposer plainte puis
demander le remboursement du dommage subi.
-  Escroquerie aux appareils automatiques : Trucage d’un taximètre
pour majorer artificiellement le prix de la course ; Cas d’un
automobiliste introduisant une rondelle sans valeur au lieu d’une
pièce de monnaie pour déclencher le mécanisme d’un parcmètre ;
Cas du consommateur qui, après avoir consommé de l’électricité,
dérègle son compteur pour diminuer sa note.
-  Escroquerie au libre-service : Hypothèse d’un client dans uneune grande
surface qui va procéder à un échange d’étiquette. 
d’étiquette.  
 

-  Escroquerie à la TVA  : Cas d’un commerçant qui organise une Sté


fictive afin d’obtenir le remboursement indu de la TVA. En la matière
la Chambre criminelle se montre sévère.
  Ch. Crim., 14 Novembre 2007 : Un gérant d’une
Sté soumis au régime normal d’imposition à la TVA
s’était abstenu de comptabiliser les factures d’un
de ses fournisseurs qui mentionnaient un taux de
TVA réduit (5,5%) et leur avait substitué des
 factures avec une TVA au taux normal de 19,6% et 
en avait sollicité le remboursement. La CA l’avait
relaxé en considérant que de telles demandes de
remboursements au trésor public constituaient de

simples mensonges écrits. La Cour de cassation


casse et annule puisqu’elle estime qu’il qu’il   s’agit
d’une véritable mise en scène constitutive de
manœuvres frauduleuses. 
frauduleuses. 
-  Escroquerie à l’art divinatoire 
divinatoire : Fait pour une personne d’obtenir la
remise de somme d’argent en persuadant par diverses simulations
des gens crédules de ses pouvoirs divinatoires (voyance
( voyance etc.)
etc.)
-  Vol au rendez-moi : On se présente devant un commerçant et on lui
donne un billet en lui demandant l’échange en monnaie mais on le
fait dans des conditions telles qu’on puisse ensuite prétendre lui
avoir remis un billet d’un montant supérieur.
supér ieur. On arrive à obtenir du
commerçant la remise de monnaie plus que due.
-  Carambouillage : Consiste à simuler la création d’une entreprise, à
acheter des marchandises payables à terme, de les revendre
immédiatement au comptant et de ne pas rembourser les
fournisseurs.

2)  L’intervention d’un tiers 

Il est assez fréquent que l’agent fasse intervenir un tiers pour conforter son mensonge. On
appelle ce tiers le « tiers certificateur  » puisqu’il vient certifier l’exactitude du mensonge. C’est 
C’est le
le cas
en matière d’escroquerie à l’assurance à propos du tiers qui va réaliser un témoignage de
complaisance.  
complaisance.
Pour qu’il y ait manœuvre frauduleuse, il faut que l’intervention du tiers soit provoquée par
l’agent lui-même.
lui-même. En effet, il n’y a pas de manœuvre frauduleuse lorsque l’intervention du tiers est
spontanée et alors même que cette intervention aurait dupé la victime.
La qualité de tiers suppose, pour qu’il y ait manœuvre frauduleuse, que celui -ci soit
indépendant de l’escroc.
  Par exemple, un préposé qui viendrait simplement confirmer les
dires de son employeur ne peut pas être qualifié de tiers car il est 
dans un lien de dépendance, de subordination avec l’agent.
l’agent.  

L’exclusion ici se justifie par l’idée que lorsque l’intervenant n’est que le simple porte-
parole de l’agent, il ne rend pas le mensonge de celui-ci
celui -ci plus convaincant, il ne fait que le répéter
mais cela est sans incidence sur le crédit que la victime porte à ce mensonge dès lors que la victime
connait sa qualité de simple représentant. A l’inverse, il y aura intervention d’un tiers et donc
manœuvre frauduleuse si l’intervenant a pu, par son rôle autonome ou par ses fonctions, influencer
la victime et donner crédit au mensonge de l’agent. 
l’agent. 
  Cas d’un expert-comptable qui certifie et atteste les comptes
d’une entreprise alors qu’il s’agit en réalité de comptes fictifs
uniquement destinés à commettre une escroquerie au détriment 
du Trésor Public.
Public.

En revanche, d’une manière générale, peu importe que le tiers soit un complice de l’escroc
parfaitement conscient du rôle qu’il joue, ou qu’il soit un tiers de bonne foi qui ne se rend pas
compte du rôle qu’on lui fait jouer.
  Hypothèse du tiers de bonne foi se rencontre souvent en matière
d’escroquerie à l’assurance maladie : une personne va aller voir 
 

un médecin, simuler devant lui les symptômes d’une maladie et 


obtenir ainsi un certificat médical qu’elle enverra à son assurance
assurance
afin d’obtenir indument des remboursements. Le médecin est un
tiers de bonne foi qui a inconsciemment renforcé le mensonge
d’un escroc. 
escroc. 

Enfin, l’intervention d’un tiers peut se manifester sous la forme d’un écrit ( (  factures de
complaisance),
complaisance ), sous forme verbale (témoignage
( témoignage oral de complaisance),
complaisance), sous la forme d’une attitude
positive (vol
(vol au rendez-moi
rendez-moi où un complice détourne l’attention du commerçant pour favoriser la
commission de l’infraction)
l’infraction) ou encore par une attitude passive dès lors que sa simple présence
p résence est de
nature à déterminer le consentement de la victime ( présence d’un notaire donnant force et crédit à
de fausses déclarations faites par une partie et déterminant l’autre à signer un acte authentique).
authentique ).

La Chambre criminelle a même jugé qu’il y  y   avait manœuvre frauduleuse par l’intervention
d’un tiers dans une affaire où l’escroc avait, devant la victime, appelé un tiers de bonne foi et avait
dénaturé les propos tenus par ce dernier afin qu’il conforte ce mensonge.
Le tiers peut même être un tiers
tie rs imaginaire qui n’existe que dans l’esprit de l’agent et qui
n’est inventé que pour les les besoins de la cause. On parle de tiers supposé.
supposé. Toutefois, pour que ce
recours à un tiers imaginaire ne soit pas un simple mensonge mais bien une manœuvre frauduleuse,
il faut que l’agent ait réalisé des actes permettant à la victime de croire en l’existence
l’ existence de ce tiers.

3)  La production d’écrits 

Un mensonge seul, fût-il


fût-il écrit ne peut pas constituer les manœuvres frauduleuse. Il faut
que le document produit vienne conforter le mensonge en lui donnant l’apparence de la vérité. Il
faut donc que le document soit extérieur au mensonge.
Peu importe qu’il s’agisse d’un document véritable détourné de sa réalité ou d’un
document contrefait ou falsifié et peu importe
i mporte qu’il émane de l’escroc lui-
lui-même ou d’un tiers. Ce qui
importe c’est qu’il soit de nature à impressionner la victime.
  En matière d’escroquerie à l’assurance : pour appuyer une
demande d’indemnisation d’un vol fictif, l’agent va souvent 
 fournir le récépissé
récépissé d’un dépôt  de plainte émanant des autorités
de police donc renforçant le mensonge.

4)  La publicité

En principe, le fait de donner de la publicité à un mensonge ne transforme pas celui-ci en


une manœuvre frauduleuse. Au mieux, un tel mensonge pourra tomber sous la qualification de
publicité trompeuse ou de nature à induire en erreur devenu depuis une loi du 4 aout 2008 le délit
de pratique commerciale trompeuse.
Il en va toutefois autrement lorsque la publicité atteint un seuil d’intensité telle qu’elle
apparait comme outrancière et qu’elle permet de rendre le mensonge crédible. C’est le cas lorsque le
recours à la publicité se traduit dans une campagne organisée ( tracts, documents)
documents) afin d’inciter les
gens à acheter des actions dans une entreprise fictive.

Néanmoins, bien souvent en pratique, toutes ces manœuvres se cumulent. Ce qui va


compter au final c’est que ces manœuvres aient trompé la victime.

II - Le but poursuivi : la remise

L’article 313-1 précise que « quel que soit le procédé utilisé, celui-ci doit avoir déterminé la
victime à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir à
un acte opérant opération de décharge ». Si l’escroc n’obtient pas cette remise : tentative punissable
prévue par l’article 313-3.

 A)  L’objet de la remise 

1)  La remise de fonds, de valeurs ou d’un bien quelconque  


 

S’agissant de la remise de fonds ou de valeurs, c’est toutes les remises portant sur des
sommes d’argent, que ce soit en espèce, sous forme de chèque ou encore sous forme d’ordre de
virement. La jurisprudence considère qu’un paiement effectué par voie scripturale
scripturale vaut remise
d’espèce.
er
Concernant la remise d’un bien quelconque, l’utilisation de ce terme pourrait, dans un 1  
temps, donner lieu à une application étendue de l’incrimination d’escroquerie car il peut a priori
recouvrir aussi bien des biens mobiliers que des biens immobiliers. Toutefois, la jurisprudence a
toujours exclu les immeubles en matière d’escroquerie au motif qu’il doit s’agir d’une remise
matérielle, laquelle est inconcevable en présence d’un immeuble. En pratique cependant, cette
exclusion
exclusion est largement atténuée car la Cour de cassation admet que l’escroquerie puisse
indirectement porter sur un immeuble, soit parce que la remise concerne le titre de propriété d’une
maison ou l’acte de transfert de propriété d’un
d’ un appartement, soit encore parce que la remise porte

sur le prix d’un immeuble dont la valeur a artificiellement été augmentée par des manœuvres
frauduleuses.
Ce terme de bien quelconque soulève une autre difficulté puisque pris en son sens
  juridique, le terme de bien désigne une chose ou un droit qui a une valeur patrimoniale. Suivant
cette définition,
définition, on ne pourrait pas retenir l’escroquerie
l’ escroquerie lorsque la remise porte sur un objet sans
valeur économique comme c’est par exemple le cas d’une lettre missive ou d’un bulletin de vote.
Sous
Sous l’empire de l’Al’ Ancien Code pénal, la jurisprudence avait admis l’escroquerie
l’ escroquerie dans un tel cas.
Depuis, pas de nouvelle jurisprudence sur ce point.
La notion de bien quelconque reste cependant une notion très large qui peut recouvrir tant
des biens matériels que des biens immatériels.

2)  La fourniture d’un service 

Il s’agit là d’un apport du Nouveau Code pénal. En effet, l’ancien article 405  n’incriminait
pas expressément l’escroquerie aux services et la jurisprudence refusait dans un tel cas de qualifier
l’escroquerie. Ainsi, le fait de voyager en train en utilisant la carte de transport d’un tiers ne
constituait pas une escroquerie. Néanmoins, les Juges parvenaient parfois à condamner sous la
qualification d’escroquerie aux biens ce qui était une escroquerie
escroque rie aux services.
  Jurisprudence des parcmètres : la Cour de cassation considérait
que ce qui était obtenu n’était pas le service de stationnement
mais la quittance du prix du service.

Désormais, ces artifices jurisprudentiels n’ont plus lieu d’être puisque 313-1 vise
expressément la fourniture de service.
Cette incrimination s’inscrit dans le mouvement de dématérialisation des infractions contre
les biens.

3)  Le consentement à un acte opérant obligation ou décharge

La remise constitutive de l’escroquerie va pouvoir être l’extension


l’extension d’une promesse de
vente, d’un contrat de bail, d’un contrat de vente, d’un prêt, d’une reconnaissance de dette, d’une d’une  
quittance ou encore d’un reçu.
La Cour de cassation admet même qu’un jugement puisse être l’objet d’une escroquerie.
Elle considère en effet que constitue une escroquerie le fait de tromper sciemment le Juge afin
d’obtenir une décision favorable à ses prétentions : escroquerie au jugement. Cette hypothèse
concerne en réalité des cas bien particuliers et a été très critiquée par une partie de la doctrine :
-  On a fait valoir que dans le cas de l’escroquerie au jugement ce n’est
pas la victime qui est trompée mais le Juge : néanmoins, on peut
objecter que 313-1  n’exige pas une identité entre en tre la personne
trompée et la victime.
-  Plus subtilement, on a pu considérer que dans ce type d’escroquerie,
ce n’est pas le jugement qui est l’objet : le jugement est seulement
un moyen dont se sert l’escroc pour tromper non pas le Juge mais
son adversaire. Dans ce cas, Juge n’est qu’un tiers intervenant de
bonne foi et la victime et l’adversaire puisqu’en raison du jugement
frauduleusement rendu,
rendu, c’est lui qui devra remettre un bien à
l’escroc. Analyse en contradiction avec la jurisprudence qui considère
que « l’escroquerie au jugement est consommée le jour où la décision
 

obtenue est devenue définitive 


définitive ». Or, puisque l’escroquerie
l’escroquerie est une
infraction instantanée,
instantanée, c’est la remise de la chose qui constitue le
point de départ donc c’est bien le jugement qui constitue l’objet de la
remise et que c’est bien le Juge qui est trompé.
-  On a fait valoir que l’escroquerie au jugement constitue une entrave
intolérable à la liberté de la défense, cette liberté devant être
entière : être de mauvaise foi dans un procès est normal, on ne peut
donc pas reprocher à une partie d’avoir voulu tromper le Juge.
Cependant, si la liberté de défense doit être entière, il n’est pour pour  
autant pas permis d’abuser de son droit d’action. Or, s’il n’y a pa
d’abus à présenter avec une certaine mauvaise foi un document de
façon à ce qu’il
qu’il plaide en notre faveur, il y a abus lorsque l’on falsifie

un document ou que l’on fournit un faux témoignage. témoignage. La


 jurisprudence distingue deux situations : retient l’escroquerie en cas
de production de documents faux ou de faux témoignage mais pas
d’escroquerie lorsque l’agent se contente de proposer une
interprétation tendancieuse de documents non falsifiés.

B)  Le moment de la remise

Pour que l’escroquerie soit constituée, il faut impérativement que la remise soit postérieure
à l’emploi de l’un des moyens de l’escroquerie. Idée qu’il existe un lien de causalité entre le moyen et
la remise. Cet ordre chronologique doit toujours être respecté et on ne peut donc pas retenir
l’escroquerie lorsque la remise a précédé les manœuvres.
  Gérant d’une société qui opère des prélèvements sur la caisse
d’une société puis qui, ensuite, accomplis des manœuvres pour 
dissimuler ces prélèvements, ne se rend pas coupable
d’escroquerie.  
d’escroquerie.

C)  Le préjudice

Cette question de savoir si l’existence d’un préjudice est, ou non, un caractère de


l’
l’escroquerie.
escroquerie. Cette question controversée trouve son origine
orig ine dans la rédaction de l’ancien article
405 qui énonçait que « l’auteur devait avoir escroqué tout ou partie de la fortune d’autrui 
d’autrui ».
».
-  Du coup, une partie de la doctrine en déduisait que l’escroquerie
n’existait que si la victime
vi ctime subit un préjudice pécuniaire.
-  Pour une autre partie de la doctrine,doctrine, le préjudice n’est
n’est pas un
véritable élément constitutif du délit d’escroquerie et il suffit en fait
que les manœuvres frauduleuses aient provoqué la remise pour que

l’infraction
éprouvé parsoit constituée,
la victime. indépendamment
L’escroquerie est alors de toutune
moins préjudice
atteinteréel
au
patrimoine qu’une atteinte à l’autonomie de la volonté puisque ce
qui compte c’est que la volonté de la victime a été viciée par les
manœuvres frauduleuse de l’escroc. 
l’escroc. 

Jurisprudence assez variable sur la question :


-  Certaines juridictions du fond avaient optés pour le 2 nde théorie en
estimant que l’escroquerie existe dès lors que la remise a été
extorquée par des moyens frauduleux,
frauduleux, même en l’absence de
préjudice.
-  Ch. Crim., 3 avril 1991 :  une personne avait été victime du bris
accidentel de son pare-brise. Elle avait déclaré le sinistre à son
assureur et lui avait demandé, à titre d’indemnité, la somme de

1 100Fcs, soit la remise d’un pare-


pare-brise neuf. A l’appui de cette
demande, elle produit  la facture d’un pare-brise
pare-brise neuf acheté auprès
du garagiste. Mais, en réalité , pour cette somme, l’assuré s’était fait 
  posé un pare-bbrise
rise d’occasion et, avec la différence, s’était fait 
décabossé une aile de son véhicule. Compagnie d’assurance porte
plainte et assuré poursuivi pour escroquerie et le garagiste pour
complicité. La CA avait relaxé les prévenus au motif, qu’en
 

application du contrat d’assurance, l’assuré avait de toute manière


droit au remboursement d’un pare-brise
pare-brise neuf. Par conséquent,
l’assureur n’avait pas supporté de débours supérieurs à ce qui était
prévu initialement. Pourvoi en cassation de l’assureur qui argue du
fait qu’il y a escroquerie dès lors qu’il y a manœuvre frauduleuse. La
Cour de cassation a décidé de rejeter le pourvoi au motif que
l’assureur avait l’obligation contractuelle de rembourser un pare- pare -
brise neuf et qu’il n’avait pas le droit de contrôler l’utilisation des
sommes versées à l’assurés. « « En l’absence de tout préjudice, l’un des
éléments constitutifs du délit d’escr oquerie
oquerie fait défaut ».
défaut ».
-  Ch.  Crim., 26 octobre 1994 : la Cour de cassation a jugé « dès lors
qu’il n’ait pas porté atteinte à la fortune d’autrui, le fait de se faire
remettre par l’administration un titre de séjour en employant des
manœuvres frauduleuses ne caractérise pas le délit d’escroquerie ».
-  Dans d’autres arrêts : la Cour de cassation a opté pour une
conception beaucoup plu large du préjudice en acceptant le
préjudice moral :
  Ch. Crim., 15 juin 1992 : « en matière
d’escroquerie, le préjudice élément  constitue du
délit est établi dès lors que les remises ou
versements n’ont pas été librement consentis mais
ont été extorqués par des moyens frauduleux 
frauduleux ».
».

Le nouveau Code pénal n’a pas fait taire cette controverse puisque si l’ article 313-1 exige
expressément
expressément que la remise soit effectuée au préjudice de la victime ou au préjudice d’autrui, il
n’indique pas s’il doit s’agir d’un préjudice matériel, économique ou si un simple préjudice moral est
suffisant. Pas de jurisprudence tranchant clairement la question depuis.

III - L’intention coupable 

Infraction intentionnelle supposant que l’agent ait agit pour tromper autrui. Il faut donc
établir la mauvaise foi de l’agent. En pratique, cette preuve ne pose guère de difficultés car la
mauvaise foi sera déduite de l’emploi d’un faux nom, d’une fausse qualité ou d’une manœuvre
frauduleuse.
L’intention doit s’apprécier au jour de l’accomplissement des moyens frauduleux et de la
remise, si bien que le fait de restituer ensuite les sommes extorquées est sans incidence sur la
qualification de l’infraction.
Le mobile est indifférent et il y a do
donc
nc escroquerie dans le fait pour un créancier d’obtenir ce
qui lui est dû en employant des moyens frauduleux .

Section 2 : La répression de l’escroquerie 


La tentative est spécialement incriminée par l’ article 313-3. Or, c’est la remise de la chose
qui consomme l’escroquerie,
l’escroquerie, la tentative se situe donc nécessairement avant cette remise. Mais pour
qu’il y ait tentative, il faut qu’il y ait
ai t eu commencement d’exécution et non pas simplement des actes
préparatoires. Aussi la jurisprudence s’est appliquée à distinguer d istinguer ce qui relève des actes
préparatoires et ce qui relève
r elève du commencement d’exécution : « les manœuvres frauduleuses prisent 
isolément ne constituent que de simples actes préparatoires. Le commencement d’exécution
n’apparait que lorsque l’agent, après avoir réalisé les manœuvres frauduleuses, sollicité la remise du
bien convoité ».
  Distinction notamment utilisée en matière d’escroquerie à
l’assurance : « le simple fait d’incendier son véhicule ou son
appartement assuré n’est qu’un simple acte préparatoire et il n’y 
a commencement d’exécution que lorsque l’assuré déclare le
sinistre fictif à son assurance et en demande le remboursement ».
remboursement ».

Néanmoins, la jurisprudence se montre aujourd’hui moins exigeante en acceptant qu’il


puisse y avoir tentative en l’absence de demande formelle d’indemnisation : « la simple déclaration
du sinistre peut suffire à caractériser la tentative dès lors que le déclarant a conscience de provoquer 
 

l’application du contrat et de déterminer la garantie de l’assureur ».


l’assureur  ». Notamment le cas si déclaration
accompagnée d’un certificat de dépôt de plainte, d’une demande sur les modalités du
remboursement…
Si tentative caractérisée, même peine et même particularités des poursuites que l’auteur. 
l’auteur.  

I - Les particularités des poursuites

Elles tiennent à la nature de l’escroquerie 


l’escroquerie : c’est à la fois une infraction complexe supposant
la réunion de plusieurs éléments étalés dans le temps et c’est également un délit instantané se
consommant au jour de la remise.
remi se. Ces qualités vont avoir des effets procéduraux :
-  S’agissant de la compétence territoriale : infraction complexe donc
les différents éléments de l’escroquerie peuvent se réaliser dans des
lieux différents. Dans un tel cas, suivant l’313-2 alinéa 2   l’infraction
est réputée commise sur sur le territoire français dès lors qu’un seul des
faits constitutifs a eu lieu sur ce territoire. Notion large de la notion
d’élément constitutif  car a jugé qu’il suffisait, pour pour que le Juge
français soit compétent, qu’un seul des composant des manœuvresmanœuvres  
frauduleuses soit perpétré sur le territoire national.
-  S’agissant de la prescription : délit instantané : délai de la
prescription de l’action publique commence en principe à courir au
  jour de la remise. Néanmoins, principe connait quelques
atténuations :
  Exception légale : depuis la LOPPSI 2  du 14 mars
2011  lorsque l’escroquerie est commise à
l’encontre d’une personne vulnérable, le délai
court à compter du jour où l’infraction apparait à
la victime dans des conditions permettant l’action. 
l’action.  
  Lorsque l’objet extorqué est un chèque : le point
de départ du délai de prescription est le jour de la
présentation à l’encaissement du chèque et non
pas le jour où il a été signé.
  Lorsque la tromperie initiale détermine la remise
d’un titre permettant d’obtenir des versements
périodiques : la Cour de cassation considère que la
remise du titre et les versements périodiques qui
en ont la conséquence constituent une opération
unique, un tout indivisible et que, du coup, la
prescription ne commence à courir qu’à compter
du dernier versement.

Enfin 313-3 alinéa 2  prévoit que l’escroc, à l’instar du voleur bénéficie de l’immunité
familiale prévue par l’article 311-2.

II - Les peines

5  ans d’emprisonnement et 375 375 000€ d’amende. 


d’amende. 
L’Article 313-2 porte les peines à 7 ans d’emprisonnem
d’emprisonnement
ent et 750 000€ d’amende dans
quatre cas :
-  Lorsque l’escroquerie est réalisée par une personne dépositaire de
l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public dans
l’exercice ou à l’occasion de sa mission. 
mission.  
-  Lorsque l’escroquerie est est réalisée par une personne prenant
indument cette qualité (  prenant la qualité d’une personne chargée
d’une mission de service public)
public )
-  Lorsque l’escroquerie est réalisée par une personne qui fait appel au
public soit en vue de l’émission de titres soit en vue de la collecte de
fonds à des fins d’entraide humanitaire ou sociale. 
sociale. 
-  Lorsque l’escroquerie est commise au préjudice d’une personne
vulnérable
 

 
Les peines peuvent être portée à 10 ans d’emprisonnement et 1 million d’€
d’amende lorsque l’escroquerie est commise en bande organisée.

Le coupable encourra également les peines complémentaires de l’article 313-7.

Quant aux personnes morales, elles encourent une peine d’amende égale au quintuple de
celle encourue pour les personnes physiques ainsi que l’ensemble des peines complémentaires
prévues à l’article 131-39.

Affaire de l’Eglise de scientologie : La loi du 12 Mai 2009 devant seulement entrainés des
modifications formelles a entrainé une modification de forme : Les personnes morales n’encourent
pas toutes les peines complémentaires prévues par l’article 131-39 mais seulement à partir de
l’alinéa 9.
Loi du 24 Novembre 2009 a réintroduit dans le Code pénal la peine de dissolution et les
prévues à l’article 131-39.
personnes morales encourent ainsi l’ensemble des peines prévues 

Notions voisines :
-  Filouterie : article 313-5 ( plutôt
 plutôt proche du vol )
-  Entrave à la liberté des enchères : article 313-6 
-  Mise à disposition sans autorisation du bien immobilier d’autrui : 
article 313-6-1 

Chapitre 3 :
L’abus de confiance
Consiste pour une personne à qui une chose a été remise, à charge pour elle de la rendre
ultérieurement, à conserver, détruire ou aliéner cette chose.
-  Cette infraction se distingue du vol où l’agent, en principe, s’empare
de la chose convoitée, puisqu’ici la chose convoitée a été
préalablement remise à l’agent. 
l’agent. 
-  Cette infraction se distingue de l’escroquerie 
l’escroquerie  dans laquelle l’agent se
fait également remettre la chose mais où la remise est provoquée par
des manœuvres de l’escroc. Dans l’abus de confiance la remise n’est
pas frauduleusement provoquée, elle se fait de manière parfaitement
régulière et ce n’est qu’ensuite que la fraude apparait. 
apparait. 

Suivant une première approche, on pourrait considérer que l’auteur d’un abus a bus de confiance
mérite une plus grande
grande indulgence que le voleur ou que l’escroc car il est moins entreprenant
qu’eux.  En effet, il ne s’empare pas de la chose de la
qu’eux. l a victime en la surprenant ou en la trompant, il ne
fait que profiter d’une situation. 
situation. 
Au lieu de décider délibérément et antérieurement
antérieurement à porter atteinte à la propriété d’autrui,
l’auteur d’un abus de confiance n’a souvent pas une telle intention au départ et s’il conserve ou s’il
aliène la chose c’est parce qu’il n’a pas pu résister à la tentation
tentation  : Il n’est donc qu’un faible. 
faible.  
Da
Dans
ns le sens d’une indulgence, on peut également faire valoir que la victime mérite une
moins grande protection que la victime d’un vol ou d’une escroquerie car on peut lui reprocher de ne
pas avoir judicieusement placée sa confiance ou d’avoir maladroitement soumis l’agent à une
tentation à laquelle il n’a pas pu résister. 
résister. 
Suivant une seconde approche, on peut être tentée de punir plus sévèrement l’auteur d’un
abus de confiance car il est plus lâche que le voleur qui prend des risques ou de l’escroc qui fait part
d’imagination.  De même, le fait que l’auteur de l’abus de confiance ait profité de la confiance qui lui
d’imagination.
a été attribué ne joue pas en sa faveur, c’est un traitre méritant une sanction plus sévère.
sévère.  

Quelle est l’attitude du législateur vis-à-


vis-à-vis
vis de l’ abus
abus de confiance ? 
-  Jusqu’en 1994 le législateur avait été clément   puisqu’hors
circonstances aggravantes, les peines encoururent par l’auteur d’un
 

abus de confiance étaient moins élevées que pour un voleur ou un


escroc (2
(2 ans).
ans).
-  Avec le nouveau Code pénal, l’indulgence se fait moindre puisque
désormais l’auteur d’un abus de confiance encoure une peine
d’emprisonnement ordinaire identique à celle encourue par un
voleur (3
(3 ans)
ans) et une peine d’amende identique à celle encourue par
l’escroc (375
(375 000€ ))..

S’observe également quant au champ d’application de l’incrimination laquelle a été


étendue.

Section 1 : La condition préalable de l’abus de confiance 


L’abus de confiance est définit à l’ article 314-1 comme : « Le fait, par une personne, de
détourner au préjudice
au  préjudice d’autrui des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis à
charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire un usage déterminer ».
déterminer  ».
L’infraction n’est constituée que par l’acte d’abus de confiance c'est à dire par le fait de
détourner la chose remise mais pour qu’elle puisse exister il faut que la chose ait été préalablement
remise à l’agent. 
l’agent.  Par conséquent, si la remise de la chose à l’agent n’est pas un élément constitutif,
elle en est néanmoins une condition préalable à défaut de laquelle la qualification d’abus de
confiance est exclue.

I - La remise préalable

L’abus de confiance suppose que la victime ait remis préalablement le bien à l’agent soit
directement soit indirectement (intermédiaire
( intermédiaire d’un tiers tel qu’un mandataire
mandataire).
).
Ce qui compte pour que cette remise constitue la condition préalable de l’abus de
confiance c’est que cette remise ait été faite à un titre
t itre déterminé.
déterminé.  
-  Ancien article 408 du Code pénal était précis à cet égard : Il exigeait
que le bien ait été remis à l’agent à titre de louage, de dépôt, de
mandat, de nantissement, de prêt à usage ou pour un travail salarié
ou non salarié à charge d’en faire un usage ou un emploi déterminé. 
déterminé.  
Il fallait donc que la chose ait été remise au titre de l’un de ces 6
contrats limitativement énumérés par le texte.
-  Le nouveau CP apporte une modification importante puisque
désormais l’article 314-1 ne retient qu’une seule exigence : Il faut,
mais il suffit désormais, que les biens aient été remis à l’agent qui les
a acceptés
acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire un
usage déterminé. Le Juge Juge n’a donc plus l’obligation de constater
l’existence d’un des 6 contrats antérieurement énumérés pour
retenir l’abus de confiance. 
confiance.  Champ d’application de l’incrimination
élargie : Ce qui compte désormais est que la remise ait lieu à titre
précaire.

 A)  La nature du titre : un titre assorti de l’obligation de rendre, de


représenter ou de faire un usage déterminé du bien remis.

Il faut, mais il suffit désormais, que les biens aient été remis à l’agent qui les a acceptés à
charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire un usage déterminé. 
déterminé. 
Les termes indiquant que les biens ont dû être « remis » et « accepté » semblent indiquer
l’existence d’un contrat et il faudrait donc 
donc   que la remise ait été faite en vertu d’un contrat. 
contrat.   Ce n’est
toutefois pas la position de la jurisprudence pour qui « l’abus de confiance ne suppose pas
nécessairement que le bien détourné ait été remis en vertuv ertu d’un contrat ».
Il peut s’agir d’une remise faite à titre contractuel, légal ou judiciaire  Ce qui compte c’est
que ce titre emporte la remise d’un bien à titre précaire c'est à dire avec l’obligation de le rendre, de
le représenter ou d’en faire un usage déterminé. 
déterminé. 
 

Au dépit de cet élargissement opéré, en pratique il s’agira souvent d’un titre


contractuel sachant que ça peut être tout titre contractuel quel qu’il soit dès lors qu’il confère à son
bénéficiaire la simple détention précaire de la chose et non pas la libre disposition ou a fortiori  la
propriété de la chose.

1)  Le louage de chose

Le louage de chose est définit à l’article 1709 du Code Civil  comme un « Contrat par lequel 
l’une des parties s’obligent à faire jouir l’autre d’une chose pendant un certain temps et moyennant 
un certain prix que celle-ci
celle-ci s’oblige à payer ».
payer ».
Au terme du contrat le locataire doit donc rendre la chose et s’il ne le fait pas, l’abus de
confiance sera caractérisé.

Certains contrats s’apparentant au louage de chose posent des difficultés


difficultés de qualification :
-  Contrat de location-vente : Contrat par lequel le propriétaire d’une
chose la loue à une personne qui, à l’expiration d’un temps
déterminé, en deviendra propriétaire.
  Au départ, la personne reçoit la chose au titre
d’un louage moyennant
moyennant des versements
périodiques qui sont des loyers : Si à ce moment-
là la personne détourne ou dissipe la chose alors
qu’elle n’en a que l’utilisation précaire, elle se
rend coupable d’abus de confiance. 
confiance. 
  En revanche, le dernier versement transforme la
location en vente et le locataire devient le
propriétaire : Abus de confiance exclu.
Cela peut poser difficulté car ce type de contrat ne doit pas être
confondu avec la vente à tempérament dans laquelle même si le prix
de la chose vendue est payé par versement périodique, le transfert
de propriété est réalisé quant à lui dès l’échange des consentements
si bien que la qualification d’abus de confiance est toujours exclue.  
Les Juges ont pu requalifier des contrats de location-vente en contrat
de vente à tempérament en considérant que les prétendus loyers
stipulées au contrat étaient en réalité des fractions du prix de vente :
L’abus de confiance était ainsi exclu en cas de détournement de
l’objet vendu. 
vendu. 
-  Crédit-bail ou leasing : Contrat par lequel une entreprise loue à un
client un bien pour une durée déterminée et en contrepartie de
redevance et où, à l’arrivée du terme, le client bénéficie d’une
option : Soit il restitue le bien à la Sté, soit il redemande le
renouvellement du contrat, soit il acquière le bien pour un prix qui
tient compte, pour partie, des versements réalisés à titre de loyer.
Tant que le client n’a pas levé l’option d’achat, le bien ne lui ait remis
qu’à titre précaire et quand bien même il sait qu’à terme il se portera
acheteur, s’il le détourne, 
détourne, il se rend coupable d’abus de confiance. 
confiance. 

2)  Le dépôt 

Article 1915 du Code Civil : « Contrat par lequel on reçoit la chose d’autrui à charge de la
garder ou de la restituer en nature ».
Distinction entre le dépôt régulier ou irrégulier :
-  Le dépôt régulier porte sur un corps certain et oblige le dépositaire à
restituer la chose confié : Abus de confiance si le dépositaire
détourne la chose confiée. La remise de la chose peut aussi bien être
une remise matérielle qu’une remise juridique qui existe
indépendamment de tout déplacement de la chose.
-  Le dépôt irrégulier porte sur une chose fongible et oblige le
dépositaire non pas à une restitution en nature mais simplement à
une restitution par équivalent : Ce type de dépôt entraine le transfert
de la propriété du bien du déposant au dépositaire. Le déposant perd
 

son droit réel sur la chose et conserve seulement une créance égale à
la valeur de la chose. Il n’en va autrement que si des clauses
particulières limitant expressément la possibilité pour le dépositaire
d’user librement des choses confiées ont été stipulée au contrat ou
o u si
le compte a déjà été clôturé. ( C.Cass, 20 Juillet 2011).

3)  Le mandat 

Article 1984 Code Civil : «  Acte par lequel une personne donne à une autre le pouvoir de
 faire quelque chose pour le mandant et en son nom ».
Le mandataire qui, dans ce cadre, se voit confier une chose par le mandant est simplement
détenteur précaire de cette chose. S’il détourne la chose remise, il se rend coupable d’abus de
confiance.
Ex :
-  Garagiste mandaté
mandaté par l’un de ses clients pour vendre un véhicule
d’occasion se voit remettre le véhicule et détourne tout ou partie du
 prix de vente : Abus de C.
-  Bénéficiaire d’une procuration sur un compte courant qui retire et 
conserve les fonds pour lui-même
lui- même à l’insu du titulaire du compte :
 Abus de confiance.

Ce type de contrat peut être écrit, oral ou tacite.


  Si 10 personnes décident de jouer ensemble au loto et donne
mandat à l’une d’entre elles d’acheter les grilles et d’aller 
chercher les biens, si cette personne ensuite ne partage pas les
gains réalisés, elle se rend coupable d’abus de confiance. 
confiance. 

4)  Le nantissement mobilier (gage avec dépossession)

Article 2333 et suivants du Code Civil : « Le gage avec dépossession est un contrat par 
lequel un débiteur remet une chose à son créancier pour sureté de sa dette ».
Qu’il s’agisse d’un corps certain ou d’une chose fongible, le créancier propriétaire de ce
gage est tenu d’une obligation de conservation de l’objet mis en gage. 
gage.  
Abus de confiance dès lors que le créancier gagiste la détourne.

5)  Le prêt à usage

Article 1875 Code Civil : « Contrat par lequel l’une des parties livre une chose à l’autre pour 
s’en servir à charge pour le preneur de la rendre après s’en être servi 
servi ».
».
Le préteur conserve la propriété de l’objet prêté de sorte que l’emprunteur qui a
l’obligation de rendre la chose se rend coupable d’un abus de confiance s’il la détourne. 
détourne. 

/!\  Prêt à usage (porte sur un corps certain) # Prêt à consommation (porte sur des
choses fongibles tel que le prêt d’argent avec transfert de la propriété à l’emprunteur qui est
seulement tenu d’une obligation de rendre l’équivalent mais non la chose elle-même,
elle -même, le prêteur perd
son droit sur la chose pour ne garder que son droit personnel de créance ).

Pas d’abus de confiance si l’emprunteur ne rembourse pas à échéance ou s’il fait des fonds
prêtés un usage différent de ce qui était visé dans le contrat de prêt.
C.Cass, 14 Février 2007 : Une cliente d’une banque ayant obtenu un prêt bancaire pour la
construction d’une villa s’est
s’es t vu remettre des fonds pour un objet déterminé. Elle a utilisé les fonds
 prêtés pour d’autres opérations. La Cour de cassation a considéré qu’elle ne se rendait pas coupable
d’abus de confiance car, en présence d’un prêt à consommation, elle n’était pas s imple détenteur
précaire des fonds. Seule sa responsabilité contractuelle est en jeu.

6)  La remise pour un travail 

L’abus de confiance consiste à détourner une chose remise en vue d’un travail à accomplir.
Cela peut être soit l’accomplissement d’un travail sur la chose (hypothèse
(hypothèse du restaurateur d’objet 
d’art qui se voit remettre un tableau ou du garagiste à qui on remet un véhicule pour réparation)
réparation ) ou
 

l’accomplissement d’un travail avec la chose (commercial se voyant remettre un véhicule pour 
effectuer ses missions).
missions).
Lorsque la personne à qui la chose a été remise la détourne, puisqu’elle n’est que simple
détenteur précaire, il y aura abus de confiance.

/!\ Distinction abus de confiance et vol : Un salarié photocopiant pour son compte
personnel des documents appartenant à la Sté se rend coupable de vol par photocopiage idem pour
les disquettes. Or, dans cette hypothèse les documents ont bien été remis pour un travail à charge de
les rendre ou d’en faire un usage déterminé. 
déterminé. On pourrait ainsi considéré queque la photocopie à des fins
confiance. 
personnelles et un détournement et l’on peut qualifier d’abus de confiance. 
La jurisprudence n’est pas très établie et la doctrine semble partagée mais il semble qu’il
faille retenir la qualification d’abus de confiance lorsque le salarié
s alarié détourne des choses lui ayant été
remis à titre personnel et exclusive.
On retiendrait la qualification de vol à l'encontre de celui qui s'approprie, même
momentanément, d’une chose à laquelle il peut avoir accès dans le cadre de son travail bien qu 'elle
ne lui ait pas été remise à titre personnel pour exercer sa mission.

7)  Les autres contrats

Avec la nouvelle rédaction de l’article 314-1, tout type de remise, qu’elle soit fondé sur un
titre légal, judiciaire ou contractuel, peut être un abus de confiance dès lors que la remise a été
acceptée à charge de rendre l’objet, de le représenter ou d’en faire un usage déterminé. 
déterminé. 
Ex :
-  Contrat d’intégration 
d’intégration : Un éleveur s’engage à engraisser le bétail qui
lui ait confié et à le restituer à terme.
-  Contrat d’entreprise : Cas où le maitre d’ouvrage aurait confié à
l’entrepreneur les matériaux nécessaires à la construction. 
construction. 

On pourrait songer à étendre le délit d’abus de confiance dans des cas om une remise
intervient sans qu’il n’y ait eu de contrat au sens strict du terme, notamment la qualité d’abus de
confiance pourrait être étendu aux hypothèses de remise nécessaire d’un bien ou de remise en
communication d’un bien pour lesquels les juges usaient de la qualification de vol. 
vol. 

On s’est demandé si les termes de l’article 314-1 ne permettaient pas désormais de


retenir la qualification d’abus de confiance en cas de remise d’une chose suite à une vente ou une
donation dès lors que l’acheteur ou le donataire n’a pas reçu les pleins pouvoirs sur la chose.
chose.  
Ce serait
serait par exemple le cas lorsque le transfert de propriété s’accompagne d’une
obligation de faire de la chose un usage déterminé. On pourrait imaginer que si cet usage n’est pas
respecté, il y aurait détournement et donc abus de confiance.
Pour l’heure, la jurisprudence ne se prononce pas en faveur d’une telle extension et on
peut douter qu’elle le fasse à l’avenir car elle rappelle régulièrement l’exigence d’une remise à titre
précaire et parce que si l’on acceptait une telle extension, l’incrimination d’abus de confiance ne
protégerait plus la propriété mais lal a confiance contractuelle.
Il serait excessif de calquer la faute pénale sur la faute civile contractuelle.

Néanmoins ce principe semble moins rigoureux dans l’hypothèse très particulière où la


propriété
propriété est assortie d’une obligation légale et non pas contractuelle limitant l’usage du bien . On
parle souvent de propriété asservie, finalisée ou fonctionnelle.
Il en est ainsi en cas de remise de subvention ou de taxe d’apprentissage. 
d’apprentissage. 
-  Dans le 1 cas, le bénéficiaire de la subvention reçoit les fonds en
er

pleine propriété mais avec l’obligation légale d’en respecter


l’affectation qui accompagne toute subvention. La part de subvention
non utilisée doit à terme être rendue au Trésor public.
-  Dans le 2nd cas, les f onds
onds versés au titre de la taxe d’apprentissage et
qui ont le titre de subvention sont reçu en pleine propriété par
l’établissement bénéficiaire mais la taxe d’apprentissage est
strictement destinée à financer l’enseignement professionnel. 
professionnel. 

Ch. Crim., 9 Janvier 2008 et 13 Janvier 2010 : La Chambre Criminelle a approuvé l’application du délit
d’abus de confiance en cas de détournement d’une subvention ou d’une taxe d’apprentissage par
 

son bénéficiaire au motif que l’affectation légale des fonds affecte de précarité
précarité une remise pourtant
faite en pleine propriété.

B)  La preuve du titre

Il faut distinguer deux hypothèses :


-  Lorsque le titre, en vertu duquel est réalisée la remise, est un titre
légal ou judiciaire, la preuve de son existence est facile : On produit
pr oduit la
loi ou la décision judiciaire autorisant une telle remise.
-  Lorsque le titre se fonde sur un titre contractuel, les choses se
compliquent et le juge pénal devra vérifier l’existence du contrat. 
contrat. 

En principe, en matière pénale, la preuve est libre. Toutefois, ce principe ne vaut que
lorsqu’il s’agit d’établit un élément constitutif de l’infraction et la remise préalable n’est pas un
élément constitutif de l’abus de confiance mais un simple élément préalable. 
préalable. 
La preuve du titre contractuel de la remise échappe donc à ce principe est reste soumise
aux règles du droit civil ou à celle du droit commercial, s’il s’agit du droit commercial. 
commercial. 
Cela signifie qu’en matière civile, selon l’article 1341 du Code Civil, les contrats portants sur
des sommes supérieures à 1500€ doivent en principe être prouvés par écrit.  écrit. 

En cas de commencement de preuve pas écrit, d’impossibilité matérielle ou morale de se


procurer un écrit, en cas de perte du titre par suite d’un cas fortuit ou d’une cause majeure ou
encore lorsqu’il existe une copie fidèle du titre qui lui n’a pas été conservé, l’exigence de l’écrit est
écarté et la preuve peut se faire par témoignage ou présomption.
En matière commerciale la preuve peut se faire, quant à elle, par tout moyen.

Pour le reste, le Juge pénal


pénal demeure souverain dans son appréciation de l’existence et de la
signification du contrat. Il n’est pas tenu par la qualification donnée par les parties. 
parties.  
Le droit pénal manifeste aussi son autonomie par rapport au droit civil en considérant qu’à
partir du moment où le contrat a été prouvé selon les règles du droit civil, cela suffit et il n’est pas
nécessaire, pour que l’abus de confiance soit retenu, que le contrat soit valable. 
valable. 

II - L’objet de la remise 

L’article 314-1 du Code pénal prévoit de la remise


remise de fonds, de valeur, ou d’un bien
quelconque.
-  Le terme de fond peut concerner une somme d’argent. 
d’argent. 
-  Le terme valeur peut concerner tout objet ou denrée qui a une valeur
marchande

-  Bien quelconque : Largesse (Cf.


(Cf. Escroquerie)
Escroquerie) Concerne aussi bien des
biens corporels (marchandise,
(marchandise, écrit etc.)
etc.) que des biens incorporels
c'est à dire des biens dématérialisés.

er
Toutefois C.Cass, 1 Décembre 2010 vient jeter le trouble sur cette interprétation de bien
quelconque. Elle prévoit que « le détournement d’un contrat n’est pénalement punissable que s’il 
  porte sur l’écrit le constatant mais non sur les stipulations qu’il contient ». ». Cette formule est
identique à un arrêt rendu en 1987 et dans lequel la Cour de cassation avait affirmé que «  le
détournement n’est pénalement punissable que s’il porte sur l’écrit constatant le contrat mais non sur 
les stipulations qui en constituent la substance juridique  ». 1987 : Ancien
:  Ancien salarié qui était établi à son
compte et qui avait fait bénéficier ses propres clients de contrats dont les dispositions étaient 
identiques à celles des contrats mis au point par son ancien employeur. La Cour de cassation a déclaré
qu’il ne se rendait pas coupable d’abus de confiance. 
confiance.   Aux termes de cette jurisprudence, l’abus de
confiance n’est possible que si le détournement porte non pas sur l’information elle -même mais sur
son support matériel. 
matériel. 

L’arrêt de 2010 signe-t-


signe-t-il
il un retour en arrière et l’exclusion du bien immatériel dans le domaine de
l’abus de confiance ou ne s’agit -il que d’un arrêt d’espèce sans incidence sur la solution
traditionnellement retenue ? 
On doit se montrer prudent et ne pas y voir un revirement : Pas dans le bulletin.
 

 
Les immeubles sont exclus du domaine de l’abus de confiance.
confiance.  
Le fait, après avoir obtenu le prix d’une chambre po ur un week-end, de refuser de restituer
les clefs et de se maintenir dans les
l es lieux, ne constitue pas un abus de confiance.
Le bien remis doit être une chose mobilière ou mobilisée.

L’abus de confiance ne peut pas porter sur une chose sans valeur telle une u ne lettre
missive sans valeur financière ou juridique.
Le titre doit avoir une valeur patrimoniale ou doit être appréciable en argent.
Cette exclusion des biens sans valeur s’explique parce que l’Art. 314-1 314 -1 exige que le
détournement soit commis au préjudice d’autrui. 
d’autrui. 

Section 2 : Les éléments constitutifs de l’abus de confiance 


I - L’élément matériel : le détournement de la chose remise  

L’article 314-1 CP  définit l’élément matériel par «  « détournement 


détournement ».». Au sens commun,
détourner une chose est lui faire prendre une autre direction que celle initialement prévue.
Pour l’auteur de l’abus de confiance, il s’agira de se comporter en maître de la chose,
comme s’il pouvait en jouir et en disposer comme bon lui semble alors qu’en réalité le titre en vertu
duquel il détient cette chose ne lui confère qu’un pouvoir limité sur celle
celle-ci.
-ci.
GARCON « Le détournement consiste en une interversion de titre c'est à dire que l’agent 
substitue à la simple détention précaire qu’il a de la chose, une véritable possession
possession.. »

Si en théorie l’élément matériel et moral sont distincts, en pratique ils sont liés parce que
détourner une chose c’est se comporter en maître absolu et un même acte matériel pourra, selon les
cas et selon la psychologie de l’agent, constituer ou non u
unn détournement.
Le fait pour une personne de se comporter en maître de la chose n’implique pas qu’il se soit
personnellement approprié la chose ou qu’il en ait tiré un profit personnel, ce qui compte, c’est que
par son acte, il ait empêché le propriétaire d’exercer ses droits sur la chose. 
chose. 

En pratique le détournement va pouvoir prendre des formes variées.


-  Une dissipation : Faire disparaitre la chose soit par un acte matériel
tel une destruction de la chose soit par un acte juridique tel la vente,
donation ou abandon de la chose confiée à titre précaire. Exemple :
Cas du commerçant qui, alors qu’il a déjà vendu un bien à un
acheteur et qui ne le détient qu’à titre de dépôt, le vend à un autre
client au lieu de le restituer à l’acheteur. 
l’acheteur.   Le fait qu’il offre de
er
rembourser le prix au 1   acheteur et sans incidence sur l’infraction
car l’abus de confiance est une infraction instantanée qui se
consomme dès le détournement. 
détournement. 
-  Usage abusif de la chose remise à titre précaire : C’est un usage
différent de celui qui avait été convenu par le titre de la remise. 
remise.  
Imbrication de l’élément matériel et moral car il faut que cet usage
traduise la volonté de l’auteur de se comporter, même
momentanément, en maître de la chose. 
chose.  Exemple : Cas du salarié qui 
se sert, à des fins personnelles, du véhicule remis par son employeur à
des fins professionnelles.
-  Retard dans la restitution de l’objet remis lorsqu’il s’accompagne
d’une interversion de titre 
titre : Lorsque l’auteur a la volonté de se
comporter en véritable maitre de la chose. 
chose. 

Ne pas confondre le simple retard : inexécution d’une obligation contractuelle et le refus de


restituer l’objet qui dans la mesure où il implique la volonté d’appliquer les droits du propriétaire,
même momentanément, réalise une interversion de titre sur la chose.
Interversion de titre sur la chose : Lorsque les retards sont excessifs, systématiques ou
lorsque le retard dans le paiement fait produire des intérêts que l’agent conserve pour lui -même ou
lorsque l’auteur profite du retard dans la restitution. Cas  lorsque le détenteur du bien l’a sciemment
utilisé dans des conditions le plaçant dans l’impossibilité de le restituer. 
restituer. 
 

 
La Cour de cassation ne retient pas le critère de la mise en demeure, les Juges peuvent
constater l’existence d’un détournement même si le propriétaire du bien n’a pas préalablement mis
en demeure son cocontractant de restituer le bien.
Ce n’est pas parce qu’il y a eu mise en demeure préalable que le détournement sera
automatiquement retenu car le retard dans la restitution peut être expliqué par le prévenu
autrement que par sa volonté de se montrer en véritable propriétaire.

II - Le préjudice

Article 314-1 : « Le détournement doit s’être opéré au préjudice d’autrui c'est à dire au
 préjudice du propriétaire ou du possesseur du bien détourné ».
Néanmoins, la jurisprudence ne se montre pas très exigeante sur ce point. La Cour de
cassation considère que le préjudice peut être :
-  Un préjudice matériel
-  Moral : C.Cass, 1882 : Un garçon laitier coupait le lait avec de l’eau
avant de le vendre aux clients et qui empochait la somme d’argent. Le
  propriétaire du lait ne subissait aucun préjudice matériel puisqu’il 
recevait bien un prix égal à la quantité de lait remis . Il subissait un
préjudice moral car risquait de perdre la confiance de sa clientèle
puisque le produit finalement dû était de moins bonne qualité.
-  Voir un simple préjudice éventuel : C.Cass, 1979 : On retient l’abus de
confiance à l’encontre d’un salarié qui avait détourné des documents
d’entreprise avant son licenciement et l’on avait
avai t retenu le préjudice
pour son ancien employeur alors que l’on n’avait pas pu démontrer
que les documents avaient été utilisés par la suite au profit de la
nouvelle entreprise qui l’employait.
-  Elle est même allée jusqu’à affirmer que l’existence d’un préjudice
préjudice
souffert par la victime se trouve incluse dans la constatation du
détournement de la chose qui lui appartient.

III - L’élément moral de l’abus de confiance  

L’abus de confiance est une infraction intentionnelle, il faut donc produire l’existence d’une
intention coupable chez l’agent c'est à dire prouver qu’il a détourné la chose, qu’il s’est
volontairement comporté en maitre de celle-ci en sachant pertinemment que la détention précaire
qu’il avait de la chose ne lui permettait pas de réaliser un t el acte. La simple négligence ne suffit donc
pas. Il faut établir :
-  Volonté du prévenu de se comporter en maitre de la chose
-  Conscience du caractère précaire de la détention

En revanche, peu importe que le prévenu n’est pas bénéficier lui-même lui -même du détournement,
il peut l’avoir réalisé au profit d’un tiers. 
tiers. 
  Exemple : Notaire détournant des fonds pour certains de ses
clients pour les distribuer à d’autres. 
d’autres.  

En pratique, la mauvaise foi du prévenu sera produite des éléments de fait souverainement
appréciés par les juges du fond et notamment de l’acte même de détournement. Souvent, cela
abouti à un système de présomption que le prévenu a du mal à renverser.

CCass, 3 Juillet 1997 : Une personne reçoit mandat d'une compagnie aérienne de vendre des billets de
transport en s'engageant à en représenter périodiquement le prix. Cette personne vendait ces billets à
une agence de voyage qui fut mise en redressement et en liquidation judiciaire. Le mandataire ne pu
donc obtenir le prix des billets ainsi vendus et se retrouva dans l'impossibilité d'honorer ses
engagements contractuels envers la compagnie aérienne.
  Poursuivi pour abus de confiance et a plaidé l'absence d'intention coupable en
expliquant que c'était la seule carence de l'agence de voyage qui avait fait
obstacle à la représentation du prix de revente des billets.
billets.  
 

  Argumentation insuffisante pour les juges du fonds qui lui reproche de ne pas
avoir vérifié la solvabilité de l'agence de voyage et d'avoir pris sciemment le
risque de causer un préjudice à la compagnie aérienne. 
aérienne. 

Pourvoi devant la Cour de cassation, pourvoi rejeté, elle conclut que « le mandataire a
disposé des titres de transport comme des siens propres dans des conditions dont il devait prévoir 
qu’elle l’empêcherait de les rendre ou d’en restituer la valeur à son mandant. »
  Celui qui prend sciemment le risque de se placer dans une situation rendant
impossible la restitution de la chose est nécessairement de mauvaise foi.

Jurisprudence non convaincante car cette prise de risque équivaut à une sorte de dol
éventuel et non à une véritable intention coupable.
La solution est alors critiquable car elle conduit à brouiller les frontières entre ce qui relève
de l’inexécution ou 
ou de la mauvaise exécution d’une obligation contractuelle et la faute pénale. 
pénale. 

Cas particulier s’agissant de l’éventuelle justification d’un refus de restitution :

Celui qui refuse de restituer une chose qui lui a été remise à titre précaire est-il à l’abri de la
qualification d’abus de confiance quand il a cru pouvoir invoquer à son profit un droit de rétention ? 

Hypothèse d’un créancier qui refuse de se dessaisir de la chose que lui a remise son
débiteur tant que ce dernier ne s’est pas acquitté de sa dette. Si l’exercice du droit de rétention est
légitime et ne traduit aucune intention frauduleuse, la bonne foi du prévenu empêche de retenir la
qualification d’abus de confiance. 
confiance.  
  Exemple : Cas d’un agent d’affaire retenant les pièces d’un dossier jusqu’au
paiement de ses frais justifiés.

En revanche, la rétention devient condamnable si elle est opérée sans raison valable, dans
le seul but d’exercer une contrainte morale illégitime. 
illégitime.  
  Exemple : Cas du mandataire qui, à la fin de son mandat, retient les biens qui
lui ont été remis pour obtenir un supplément d’honoraire injustifié ou pour
obtenir la reconduction du mandat.

Section 3 : La répression de l’abus de confiance 

I - Les particularités des poursuites

Tout comme le voleur ou l’escroc, l’auteur d’un abus de confiance bénéficie de l’immunité
familiale prévue par l’article 311-12 du CP.

Particularité tenant à la compétence territoriale des juridictions répressives.


En principe, pour déterminer la compétence
compétence interne ou internationale d’une juridiction, on
doit prendre en considération le lieu de commission de l’un des éléments constitutifs de l’infraction.
l’infraction.  

Pour l’abus de confiance, il convient donc de prendre en compte le lieu de détournement


du bien et non
non le lieu de la remise préalable puisque cette remise n’est pas un élément constitutif 
mais un simple élément préalable. Si cette règle est respectée s’agissant de la compétence interne
des tribunaux, elle ne l’est pas s’agissant de la détermination de la compétence internationale des
 juridictions.
Cela a notamment été jugé dans un arrêt du 12 Février 1979 : Des tableaux avaient été
remis en France à un Allemand qui avait reçu mandat de les exposer et de les vendre en Allemagne.
Le mandataire a détourné en Allemagne une partie du prix de vente de ces tableaux . La Chambre
criminelle a considéré que les juridictions françaises étaient compétentes puisque la remise des
objets détournés avait eu lieu en France. Elle reconnait, à ce qui n’est qu’un élément préal able à
l’infraction, le caractère d’un élément constitutif. 
constitutif. 

Particularité tenant à la prescription


prescripti on du délit d’abus de confiance :
L’abus de confiance est un délit instantané se consommant au moment du détournement. 
détournement.  
Le délai de prescription de 3 ans devrait donc commencer à courir à la date du détournement.
 

Toutefois, en pratique, il arrive que l’agent


l ’agent arrive à dissimuler ses agissements et échappe à
la répression, c’est pourquoi la Cour de cassation fait application de la théorie des infractions
clandestines et décide de retarder le point de départ du délai de prescription au jour où le
détournement est apparu et a pu être constaté dans des conditions permettant l’exercice de l’action
publique.
Ce report jurisprudentiel du point de départ du délai de prescription a été consacré par la
loi LOPPSI II à propos de l’abus de confiance commis sur une personne vulnérable 
vulnérable 

II - Les peines

3 ans d’emprisonnement et 375 


375  000€ d’amende. 
d’amende.  Peuvent s’ajouter, à la diligence du Juge,
J uge,
les peines complémentaires prévues à l’article 314-10 du CP.

Peine portée à 7 ans d’emprisonnement et 750


750  000€ d’amende ( Article
 Article 314-2 CP ) :
-  Aggravation liée à la qualité de l’auteur de l’infraction :
  Réalisé par une personne faisant appel au public
afin d’obtenir la remise de fonds ou de valeur soit
pour son propre compte soit comme dirigeant de
droit ou de fait d’une entreprise industrielle ou
commerciale.
  Commis par toute autre personne qui, de manière
habituelle, se livre ou prête son concours à des
opérations portant sur les droits des tiers pour le
compte desquels elle recouvre des fonds ou des
valeurs. Vise les intermédiaires tels que les agents
immobiliers, les conseils professionnels, les
avocats ou les notaires.
-  Aggravation liée à la qualité de la victime de l’infraction :
  Commis au préjudice d’une association qui fait
appel au public en vue de la collecte de fonds à
des fins d’entre-aide
d’entre-aide humanitaire ou sociale.
  Lorsque l’abus de confiance est commis au
préjudice d’une personne vulnérable. 
vulnérable. 

Peine portée à 10 ans d’emprisonnement et 1 500 000€ d’amende 


d’amende  lorsque l’abus de
confiance est réalisé par un mandataire de justice ou par un officier public ou ministériel soit dans
l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions, soit en raison de sa qualité ( (  policier ou
notaire).
notaire ).

Quant aux personnes morales, elles encourent une peine d’amende égale au quintuple de
celle prévue pour les personnes physiques ainsi que l’ensemble des peines complémentaires prévu à
l’article 131-39 CP.
La tentative n’est pas incriminée. 
incriminée. 

Infractions voisines :
-  Le détournement d’objets constitués en gage : Article 314-5 CP, 
Incrimine le fait, par un débiteur, un emprunteur ou un tiers donneur
de gage, de détruire ou de détourner l’objet constitué en gage. 3 ans
d’emprisonnement et 375 375  000€ d’amende. 
d’amende. 
  Dans ce cas, il s’agit moins de protéger la
propriété d’autrui que de protéger les droits des
créanciers et notamment, il ne faut pas confondre
cette infraction avec l’abus de confiance qui

résulterait d’une remise préalable effectuée au


titre d’un gage avec dépossession.
dépossession. En cas de gage
avec dépossession, le créancier recevant le bien à
titre précaire est tenu à une obligation de
conservation de l’objet mis en gage et s’il
détourne le bien ainsi remis en gage, il se rend
 

coupable d’un abus de confiance. Protection de la


propriété du débiteur.
  A l’inverse, si c’est le débiteur qui est propriétaire
de la chose remise en gage qui détourne le bien
gagé, il se rend coupable non pas d’un abus de
confiance parce qu’il est propriétaire, mais d’un
détournement d’objets constitués en gage.
Protection des droits des créanciers.
-  Détournement d’objets saisis : Article 314-6 CP incrimine le fait par le
saisi, de détourner un objet saisi entre ses mains, en garantie des
droits d’un créanciers et confié à sa garde ou à celle d’un tiers. Il
s’agit de protéger les droits du créancier saisissant en garantissant
l’insaisissabilité des biens saisis. 3 ans d’emprisonnement et 375
375  000€
000€  
-  Organisation frauduleuse de l’insolvabilité : article 314-7 du Code
pénal : elle est punie de 3 ans d’emprisonnement et 45  45 000€
d’amende. Cette infraction consiste dans le fait d’organiser ou
d’aggraver son insolvabilité en vue de se soustraire à l’exécution
d’une condamnation de nature patrimoniale. Cette insolvabilité peut
être organisée de différentes manières :
  En augmentant le passif : demander à quelqu'un
de faire une fausse reconnaissance de dette.
  En diminuant l’actif de son patrimoine : vendre
une partie des biens à vil prix
  En diminuant ou en dissimulant une partie de ses
revenus
  En dissimulant certains de ses biens
On s’éloigne encore un peu plus de l’abus de confiance :
  S’il y a bien un détournement, celui-ci
celui -ci porte sur
les biens de l’auteur même de l’infraction.
l ’infraction.  
  La finalité de cette infraction diffère de celle de
l’abus de confiance : ici il ne s’agit pas de protéger
la propriété d’autrui mais il s’agit de protéger les
créanciers et, au-delà de ces créanciers, il s’agit de
garantir la bonne exécution des décisions de
Justice qui fondent les droits de créances de ces
créanciers.

Chapitre 4 :
Le recel de choses
Si l’on souhaite lutter efficacement contre les différentes formes d’appropriation des bien
d’autrui, il importe de ne pas limiter la répression aux seuls représentants actifs de cette
délinquances que sont les voleurs, les escrocs ou encore
enc ore les auteurs d’abus de confiance.
En effet, il faut encore également sanctionner ceux qui profitent de cette délinquance et
qui donc participent à son développement. C’est précisément le cas du receleur qui a toujours été
sévèrement sanctionné par le Code pénal au motif que le receleur fait le voleur.
Cette idée selon laquelle la répression du recel est un moyen indirect de lutter contre
d’autres formes de criminalités est particulièrement flagrante depuis la loi du 2 mai 1915 . En effet,
 jusqu’à cette loi, le recel était simplement considéré comme un cas de complicité. Depuis cette loi, il
constitue une infraction autonome qui est distincte de l’infraction qui est à sa source et qui est très
sévèrement réprimée.
Cette infraction et définie à l’article 321-1 du Code pénal : « fait
« fait de dissimuler, de détenir 
ou de transmettre une chose, ou de faire office d’intermédiaire afin de la transmettre sachant que
cette chose provient d’ uunn crime ou d’un délit . On parle, en ce cas de recel détention. Et le recel est 
également le fait, en connaissance de cause, de bénéficier, par tout moyen, du produit d’ un un crime ou
d’un délit :
délit : on parlera alors de recel profit ou de recel par profit retiré ».
 

On constate, à la lecture de cette définition, que le recel est une infraction de conséquence
puisqu’il suppose nécessairement qu’une infraction dont provient la chose recelée ait été
antérieurement commise. Il s’agit là d’une condition préalable.

Section 1 : La condition préalable du recel : une chose


 provenant d’une infraction antérieure 

I - La nature de la chose recelée

En visant, dans l’article 321-1, le terme de chose, le législateur a choisi de donner un champ

d’application très large à l’infraction de recel. A priori, toute chose mobilière peut faire l’objet d’un
recel, même si elle n’a aucune valeur. 
valeur.   Une simple lettre missive peut être recelée, tout comme de
l’argent, des bijoux, des tableaux, des véhicules automobiles… 
automobiles… 
A une époque, la Cour de cassation semblait admettre qu’une chose immatérielle
immatérie lle telle un
renseignement ou une information puisse être recelée car elle avait retenu le recel pour sanctionner
un individu qui avait obtenu des renseignements à la suite de la violation d’un secret de fabrique.
Mais, depuis, la Cour de cassation est revenue
revenue vers une conception plus stricte de l’objet du recel. En
effet, dans un arrêt du 3 avril 1995 , la Cour de cassation a déclaré « qu’une information, quelle qu’en
article 460 de l’ancien Cod e pénal  , que de
soit la nature ou l’origine, échappe aux prévisions, tant de l’ article
l’ article
article 321-1 nouveau » : il s’agissait d’un journal qui avait publié des informations concernant les
revenus d’un directeur de société mais cette information avait été obtenue suite à une violation du
secret professionnel. La Cour de cassation a jugé que « la simple détention d’une information acquise
à la suite d’une divulgation illégale d’un secret ne peut, à elle seule, donner lieu à recel  ». Il ne peut
donc pas y avoir de recel d’information.
d’information.  

Néanmoins, il peut tout à fait y avoir recel du support matériel de l’information :


    par exemple recel de photocopies de documents obtenus en
violation du secret de l’instruction.
l’instruction.  

De même qu’il peut y avoir recel du produit de l’utilisation de l’information : 


  il peut y avoir recel du produit  de l’utilisation d’une information
 privilégiée obtenue suite à un délit d’initié.
d’initié .

Egalement, toujours dans le sens d’une grande sévérité à l’égard du receleur, la


 jurisprudence applique la théorie civiliste de la subrogation réelle afin de sanctionner non seulement
le recel de la chose provenant de l’infraction d’origine, mais également le recel de l’argent qui
provient de la vente de cette chose ou encore le recel de la chose acquise avec le produit de
l’infraction d’origine. Cette règle a elle-même une application assez large puisque la subrogation peut
avoir lieu aussi bien dans le patrimoine du receleur qui par exemple revend la chose recelée,
recelée, que dans
le patrimoine de l’auteur de l’infraction d’origine 
d’origine  qui a par exemple sciemment acheté des objets à un
vendeur qui se les ait procurées grâce à une infraction.
infraction.

II - La provenance de la chose
c hose recelée

L’article 321-1  précise que la chose doit provenir d’un crime ou d’un délit. Cela exclut donc
les choses provenant d’une simple contravention. Mais sous cette réserve, la chose recelée peut
provenir d’infractions très diverses telle un vol, une escroquerie ou un abus de confiance mais encore
un abus de bien sociaux, un trafic d’influence, une séquestration avec demande de rançon, une fraude
infor matique… 
matique… 
En définitive, la seule exigence tient dans l’existence du crime ou du délit. De cette
condition, il faut en déduire qu’il n’y a pas recel si l’on croit, à tort, que la chose provient d’un crime
ou d’un délit alors qu’en réalité, elle a une origine
origin e totalement licite (hypothèse
(hypothèse de délit putatif ).
).
De même, il ne peut y avoir de recel si une cause réelle, comme par exemple l’ abrogation
abrogation
 par une loi nouvelle d’une incrimination qui a fait disparaitre l’ infraction.
infraction. En revanche, dès lors que
l’infraction   d’origine existe matériellement, le receleur est punissable. Cela signifie que même si
l’infraction
l’auteur de l’infraction d’origine n’a pas été condamné (immunité
( immunité familiale, relaxe en raison de
troubles psy, de son jeune âge),
âge), ces raisons sont personnelles à l’auteur de l’infraction d’origine et
elles ne font pas disparaitre l’infraction qui, matériellement, existe bien. En conséquence, le recel
reste punissable.
 

  Il faut toutefois apporter une nuance dans l’hypothèse où


l’auteur de l’infraction d’origine n’a pas pu être identifié. En
principe, cette circonstance est sans incidence sur l’existence du
recel.. Mais cela n’est vrai que si l’infraction d’origine est une
recel
infraction pour laquelle la qualité de l’auteur n’est pas un
élément constitutif. C'est à dire s’il s’agit d’une infraction de
portée générale. En revanche, s’il s’agit d’une infraction ne
pouvant être commise que par une personne ayant une certaine
qualité, l’identification de cette personne est nécessaire pour
constater l’existence de l’infraction d’origine
d’origi ne car la qualité de
l’auteur est un élément constitutif de l’infraction. A défaut
d’identification de l’auteur, l’infraction d’origine n’est pas
constituée et donc on ne peut retenir la qualification de recel.
Par exemple le cas pour le délit de violation du secret 
  professionnel qui ne peut être commis que par certains
 professionnels limitativement énumérés par la loi .

La Cour de cassation semble aujourd’hui confirmer cette règle : Ch. Crim., 4 décembre
2007 : un journaliste avait été condamné par les Juges du fond pour recel de violation du secret 
 professionnel alors même qu’on n’avait jamais pu identifier qui était l’auteur de la violation du secret 
 professionnel . Les Juges du fond avaient retenus sa culpabilité en se contentant de constater que les
documents qu’il détenait devaient nécessairement provenir d’une personne tenue au secret. Cet
arrêt de la CA est censuré par la Cour de cassation qui exige qu’on identifie l’auteur de l’infraction
d’origine dans un tel cas pour pouvoir retenir la qualification
qualification de recel.

Enfin, l’infraction d’origine doit nécessairement avoir été commise par une personne autre
que le receleur car une seule et même personne ne peut pas être déclaré à la fois auteure du vol et
du recel car la règle non bis in idem 
idem  s’oppose à ce qu’un fait unique puisse donner lieu à une double
déclaration de culpabilité. En revanche, une même personne peut très bien être déclarée auteur du
recel et complice de l’infraction d’origine dès lors que l’acte de recel et l’acte de complicité résulten t
de faits matériels distincts.
  M. X vole un bien et ensuite conserve ce bien pour s‘en servir lui -
même. Tous ces agissements caractérisent un fait unique
caractérisant à la fois le vol et le recel : application de la règle non
bis in idem donc poursuivi pour vol.
  M. 
M. Y fournit des renseignements pour aider l’auteur d’un vol puis,
ensuite, il reçoit et détient une partie du butin résultant de ce vol  :
ici, un fait de complicité et un fait constitutif du recel. Dans cette
hypothèse, notre individu aura la double qualité de complice du
vol et de receleur de la chose volée.

Section 2 : Les éléments constitutifs du recel 

I - L’élément matériel du recel  

L’article
L’article 460 de l’ancien Code pénal 
pénal  ne définissait pas l’acte matériel de recel. C’est donc à
la jurisprudence qu’est revenue la tache de définir cet acte matériel. A cet égard, elle aurait pu s’en
tenir au sens étymologique du terme et exiger que l’agent dissimule, cache l’objet retenu pour
retenir le recel. En effet, le terme recel vient du latin celare qui signifie cacher.
Mais manifestant une certaine sévérité, les Juges ont choisi de retenir une conception
extensive de l’acte matériel du recel en acceptant notamment qu’il puisse y avoir recel sans
dissimulation. Cette conception est aujourd’hui reprise dans l’article 321-1 qui retient deux formes
de recel :
-  Le recel détention
-  Le recel profit

 A)  Le recel par dissimulation, détention ou transmission de la chose


er
Cette forme de recel est prévue par l alinéa 1  de l article 321 1 du Code pénal .

 
1)  La dissimulation de la chose

Il s’agit
s’agit tout simplement de conserver la chose hors de la vue des tiers. Il s’agit donc d’un
cas de détention occulte qui présente surtout un intérêt au niveau probatoire. En effet, lorsque
l’agent dissimule la chose, cela laisse présumer sa connaissance frauduleuse de l’origine de la chose.
Le constat de l’élément matériel facilitera le constat de l’élément moral dans ce cas.
cas.  

2)  La détention de la chose

Initialement, la jurisprudence s’en était


était tenue à une conception stricte de la notion de
détention et elle exigeait que l’agent tienne la chose en son pouvoir. Mais, peu à peu, elle a fait
preuve d’une plus grande sévérité à l’égard du receleur et cela se constate à plusieurs égards :
-  Même si le recel est une infraction continue : la jurisprudence n’exige
pas que la détention ait duré longtemps. Une détention très brève de
la chose suffit à caractériser l’acte matériel du recel. 
recel.  
-  Peu importe la forme juridique de la détention : c'est à dire qu’on qu’on ne
tient pas compte du titre en vertu duquel l’agent a reçu la chose. Il
peut très bien l’avoir reçu à titre gratuit ( par
( par donation par exemple)
exemple)
ou à titre onéreux en l’achetant, même au ju juste
ste prix.
-  L’agent peut également avoir reçu la chose recelée à titre t itre de dépôt,
de prêt ou encore en paiement d’une créance :   par exemple il a pu
être jugé que celui qui reçoit en paiement du prix de vente d’un bien
une somme d’argent dont il sait sciemment qu’elle provient d’une  
infraction se rend coupable de recel .  Jugé notamment à propos d’un
débitant de boisson qui avait reçu en paiement une somme d’argent 
qu’il savait volée. 
volée. 
-  Le fait de présenter à l’encaissement des chèques tirés sur un compte
approvisionné par des fonds d’origine délictueuse alors que l’on en a
connaissance constitue un recel : solution critiquable car, en l’espèce,
le compte en banque ne contenait pas uniquement des fonds
d’origine délictueuse et, partant
partant,, l’argent reçu pouvait très bien être
de l’argent honnête. Plus généralement, admette dans un tel cas le
recel peut conduire à des solutions extrêmes. Doit-on considérer 
comme receleur l’avocat d’un escroc qui va prélever ses honoraires
sur le compte en banque d’un client en sachant qu’une partie des
 fonds provient de l’escroquerie du client ? 
client ? Toutefois,
Toutefois, en pratique, les
Juges ne vont pas aussi loin dans leur raisonnement.

Ch. Crim., 2009 : un avocat qui au titre de ses honoraires, avait reçu d’un de ses clients poursuivi pour 
escroquerie un chèque de 1 000€ mais qui avait été établis par une desde s victimes et qui ne comportait 
  pas d’ordre. L’avocat avait alors transmis ce chèque à une consœur en règlement d’une vacation. 
vacation. 
Cette consœur   avait déposé le chèque à l’encaissement mais il avait été rejeté en raison d’une  d’une  
er
opposition. Pour le 1 avocat : coupable de recel d’escroquerie car il a détenu le chèque en toute
connaissance de cause et il l’a fait encaisser par un tiers pour en dissimuler l’origine frauduleuse. A
nde
l’inverse, la 2   avocate étant de bonne foi et ne connaissant pas l’origine des fonds n’a pas été
pénalement inquiétée.

La forme matérielle de la détention importe peu. Elle dépend, en réalité, de la nature de la


chose recelée. Par exemple, il a été jugé que le fait de consommer des boissons que l’ on
on sait avoir été
volé par
volé  par celui qui nous les offre est constitutif d’un recel .
La jurisprudence est même allée encore plus loin en admettant qu’il puisse y avoir recel
sans détention personnelle de la chose. La détention étant alors réalisée par l’intermédiaire d’un
tiers. Par exemple, elle a déclaré coupable de recel une personne qui avait fait régler ses factures et 
 payer ses créanciers par l’auteur de l’infraction d’origine et avec les fonds provenant de l’infraction
d’origine. En réalité, on ne peut pas réellement parler de recel-détention mais plutôt de recel par
profit retiré.
 

3)  La transmission de la chose

er
L’alinéa 1   dit qu’il y a recel dans le simple fait de transmettre la chose ou de faire office
d’
d’intermédiaire
intermédiaire pour transmettre la chose. Est donc coupable de recel non seulement celui qui
transmet matériellement une chose entre le voleur et l’acquéreurl’ acquéreur mai également celui qui se
contente de jouer le rôle de négociateur sans jamais avoir eu la détention matérielle de la chose.
Hypothèse d’une personne qui se contenterait
contente rait de négocier au téléphone la vente de choses volées.
volées.
Plusieurs personnes peuvent donc être receleuses de la même chose : celui qui la transmet
en sachant qu’elle a une origine frauduleuse et celui qui la reçoit en connaissance de cause. De
même, on remarque
remarque également que le recel est constitué quand bien même la chose n’est pas reçue
directement de l’auteur du délit d’origine mais est reçue par un intermédiaire. Du reste, peu importe
que cet intermédiaire soit de bonne ou de mauvaise foi.
On constate donc, sous l’effet de la jurisprudence, que l’acte de recel s’est finalement peu à
peu dématérialisé puisque la détention personnelle n’est pas toujours nécessaire et que le simple fait
de faire office d’intermédiaire suffit pour avoir la qualité
quali té de receleur. Cette dématérialisation est
encore plus manifeste dans l’hypothèse du recel par profit retiré (recel-profit 
( recel-profit ).
).

B)  Le recel par profit retiré

Toujours dans le sens d’une sévérité accrue,


accrue, la jurisprudence, sous l’empire de l’ancien
Code pénal, est allé jusqu’à affirmer que la qualification de receleur s’appliquait à tous ceux qui, par
un moyen quelconque et en connaissance de cause, ont bénéficié de la commission d’un crime ou
d’un délit. Cela revient donc à sanctionner une sorte de recel s’usag e qui serait commis par une
personne qui se sert d’une chose en connaissant l’origine délictueuse : cas d’un passager qui se fait 
transporter dans
transporter  dans un véhicule qu’il sait  voler ou qui se fait transporter dans un véhicule alimenté par 
du carburant issu d’une filouterie ou d’un vol .
Cette extension jurisprudentielle est aujourd’hui dans l’alinéa l’ alinéa 2 de l’article 321-
1 : « constitue également un recel le fait de bénéficier  en connaissance de cause d’un crime ou d’un
délit ».
délit  ».
Certains auteurs se sont inquiétés de cette extension car la notion de profit retiré est assez
imprécise. Si on pousse le raisonnement à l’extrême, on pourrait par exemple considéré qu’est
receleur celui qui écoute un disque ou regarde un tableau volé en estimant qu’il a ainsi tiré un profit,
ne serait-ce que moral, du produit du vol.
On peut s’inquiéter également de la jurisprudence qui amenait le recel sans profit
personnel en considérant que « le recel ne suppose pas que le prévenu ait tiré un profit personnel de
la chose volée ou du produit
produit de l’infraction 
l’infraction ». Peut se comprendre dans l’hypothèse d’un recel- recel -
détention et lorsque, par exemple, le receleur a agi pour rendre service à une autre personne qui,
elle, va profiter du produit de l’infraction. En revanche, lorsqu’on est dans l’hypothèse
l’hypothès e du recel-
profit, il aurait été assez logique de devoir constater que l’auteur a personnellement bénéficié du

produit du 1997
Ch. Crim., crime: ou
se du délit.
rend La Courde
coupable derecel
cassation ne va pas
le trésorier dans
d’un ce politique
parti sens : qui avait fait régler par
des tiers, au moyen de fonds provenant d’un trafic d’influence, une partie des frais de
fonctionnement du parti politique. Ici, le trésorier n’avait tiré aucun profit pe
personnel.
rsonnel.  

Cette sévérité de la jurisprudence se retrouve du reste, dans l’appréciation de l’élément


moral de l’infraction.

II - L’élément moral  

Infraction intentionnelle qui nécessite la preuve de la connaissance, par l’agent, de l’origine


criminelle ou délictuelle de la chose
chose qu’il détient ou du produit dont il bénéficie
bénéficie.. Il n’y a donc pas
recel qi on ignore que l’on détient la chose, par
chose,  par exemple si la chose a été déposée à notre insu chez
nous.. C’est également le cas si on ignore
nous i gnore que la chose provient
provient  d’un crime ou d’un délit. La mauvaise
m auvaise
foi du prévenu doit impérativement être établie.
En revanche, peu importe que l’agent ne sache pas avec précision quelle est la nature
exacte de l’infraction d’origine, qu’elle en ait l’auteur, qu’elle en ait la vict ime, le lieu ou encore la
date de commission. Autrement dit, au stade de la constitution de l’infraction, il suffit d’établir que
compte tenu des circonstances, l’auteur n’avait aucun doute ou ne pouvait avoir aucun doute sur
 

l’origine frauduleuse des choses qu’on lui proposait ou qu’il utilisait. Cela suffit et il est inutile qu’il ait
une connaissance précise de l’infraction d’origine.
En pratique, les Juges du fond déduisent souvent la mauvaise foi des circonstances de la
détention ou de l’utilisation dede la chose. Les Juges se montrent particulièrement sévères avec le
professionnels avertis : par
: par exemple avec les garagistes qui montrent peu d’empressement à regarder 
l’origine des véhicules qu’on leur propose à la revente ou encore les antiquaires qui se montrent peu
regardant quant aux conditions d’achats d’un meuble.
meuble .
On en arrive parfois à ramener l’intention coupable à un simple défaut de précaution ou à
une imprudence en considérant « que le prévenu n’a pas pu ignorer l’origine frauduleuse de la chose
au vue des circonstances ». En réalité, en présence de tels indices, il y a une sorte de renversement
de la charge de la preuve et c’est finalement au prévenu de contredire ces indices en apportant la
preuve de sa bonne foi.

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