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Cours 1ere Annee Psychologie
Cours 1ere Annee Psychologie
L1/S1
PSYCHOLOGIE CLINIQUE
Notes pour CM
Introduction
à la clinique et à la psychopathologie
psychanalytiques
Enseignant
Abdelhadi ELFAKIR
Abdelhadi ELFAKIR - PSY11B Psychologie clinique L1-S1 - 2
Introduction
à la clinique et à la psychopathologie
Psychanalytiques
Lectures conseillées
En 1873, Freud, âgé alors de 17 ans, devait choisir une orientation pour ses études
supérieurs et pour son avenir professionnel. Il se trouva d’abord partagé entre des études en
droit et sciences politiques ou des études en sciences médicales pour lesquelles son choix se
porta en définitive.
Certes, la médecine telle qu’elle était pratiquée à l’époque n’était pas pour le satisfaire.
Mais la vraie raison réside dans le désir propre de Freud.
Autrement dit, malgré son statut de médecin, Freud déclare n’avoir jamais eu ni
attrait, ni intérêt, ni préférence particulière pour le statut et les préoccupations du
médecin. Depuis son jeune âge et jusqu'à la fin de sa vie, Freud était, écrit-il dans Ma vie et la
psychanalyse : « habité par une sorte de soif de savoir, mais qui se portait plus sur ce qui
touche les relations humaines que sur les objets propres aux sciences naturelles. »
C’est pour cela qu’il avait aussi envisagé des études en droit et sciences politiques.
Son intérêt particulier pour les relations humaines, qu’elles relèvent du collectif ou de
l’individuel. Néanmoins, il s’avise que son engagement dans les études médicales était pour
lui, la seule voie, une sorte de passage obligé pour pouvoir disposer et maîtriser les
méthodes scientifiques lui permettant de « disséquer », de « décortiquer », non pas
l’organisme, qui est l’objet électif des médecins, mais le champ du psychisme et le monde
des relations humaines.
Ces quelques indications permettent de pointer ce désir très particulier et très fort
qui a toujours animé Freud et qui consistait à dévoiler la vérité inconsciente animant les êtres
humains dans toutes leurs actions. Ce désir le pousse à inventer et à construire, une nouvelle
approche et un nouveau procédé complètement différents de ceux proposés jusque-là par les
sciences médicales, pour comprendre et analyser les relations humaines individuelles ou
collectives, normales ou pathologiques.
Donc, la science médicale, entant que pratique, n'avait rien de quoi intéresser Freud
dans son projet, cependant, dans sa démarche scientifique, Freud y trouvait effectivement, les
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principes et les méthodes scientifiques qui allaient être déterminantes dans ses découvertes
psychanalytiques ultérieurs.
Freud va être séduit par les idées de cette Ecole et en particulier, par les principes de
déterminisme2, de matérialisme3 et de dynamisme physiologiques dont il va s’inspirer plus
tard dans sa conception déterministe et dynamique du fonctionnement psychisme, normal ou
pathologique.
En 1884, vers l’âge de 28 ans, Freud finit, pour des raisons essentiellement
matérielles, par occuper un poste d'assistant en neurologie, et ce après avoir entrepris une série
de stages dans différents services de l'Hôpital général de Vienne, par ex. en médecine
générale, en neurologie et en dermatologie.
A cette phase de sa carrière scientifique (les débuts donc), Freud va nouer des liens
intellectuels et d'amitié avec un certain nombre de ses collègues et maîtres.
De ces figures scientifiques, nous relèveront 3 en particuliers qui vont laisser, à des
degrés divers, de profondes traces aussi bien sur sa trajectoire personnelle que sur ses
découvertes et élaborations théoriques et pratiques. Il s’agit d'abord de Jean Martin Charcot
(1825-1893) ensuite, de Josef Breuer (1842-1925) et enfin de Wilhelm Fliess (1858-1928).
1
- Le vitalisme est une doctrine en biologie qui défendait l’idée que les fonctions de l'organisme seraient régies
par un principe vital, distinct à la fois de l'âme et de l'organisme.
2
- C'est le principe d'après lequel tout fait a une cause, et dans les mêmes conditions, les mêmes causes
produisent les mêmes faits, ce qui implique l'existence de lois spécifiques des faits et des causes qui les
provoquaient
3
- Position philosophique qui considère la matière comme la seule réalité et qui nie l'existence de l'âme, de l'au-
delà et de Dieu.
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classique. Celui-ci, comme Freud va nous le démontrer, ne leur avaient pas été de grand
secours dans ce domaine. Ce sont ces limites que Freud a pu mettre à profit de son invention.
Nous allons voir ce que cette triple rencontre a apporté de décisif dans le projet
freudien ?
De ce fait, on ne peut saisir ce que va être l'apport original de Freud dans ce champ
sans reconsidérer les avancées de Charcot sur cette question. En même temps on ne peut
évaluer les idées novatrices de Charcot sans les mettre en perspective dans l’histoire des idées
relatives à l'étiologie et à la symptomatologie de l'hystérie.
Les symptômes hystériques, plus que d’autres, prennent leurs formes selon les moules
que leur offre telle ou telle socio-culture. Ces symptômes se caractérisent par leur capacité à
attirer l'attention, à éveiller l'inquiétude (des parents, de l’entourage, etc.), et plus important
encore, à mettre perpétuellement en défi les savoirs et les méthodes des experts (politiques,
sociologues, théologiens, médecins, psychologues, psychanalystes, etc.) qui par leur savoir
constituent un soutien du pouvoir social dont l’hystérique s’applique toujours à en dévoiler les
limites.
Revenons maintenant à cette mise en perpective historique que nous avons évoquée
tout à l’heure. Jusqu’à Charcot, l'histoire de l’étiologie et de la symptomatologie de l’hystérie
se répartie en plusieurs grandes périodes que nous allons reconsidérer très brièvement.
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- Pendant l'Antiquité
Les médecins Grecques, Hippocrate à leur tête, placent l’étiologie de l’hystérie au
niveau de l’utérus. Les symptômes qui la caractérisaient à l’époque, comme les convulsions,
la boule à la gorge, les paralysies etc., sont ramenées aux phénomènes de constriction et de
suffocation causées par le déplacement de l'utérus insatisfait, du bas vers le haut. Ainsi,
Platon, le grand philosophe et contemporain d'Hippocrate, explicite cette thèse en écrivant que
: « Chez les femmes ce qu'on nomme la matrice ou utérus est comme un vivant possédé du
désir de faire des enfants. Lorsque pendant longtemps et malgré la saison favorable, la
matrice est demeurée stérile, elle s'irrite dangereusement ; elle s'agite en tous sens dans le
corps, obstrue les passages de l'air, empêche l’aspiration, met ainsi le corps dans les pires
angoisses et lui occasionne d'autres maladies de toute sorte ». (Timée, 91 C). C’est là une
théorie naturaliste mais fantasque.
Le traitement préconisé à cette maladie vise alors à faire revenir l'utérus errant à sa
place, et à cet effet, les médecins prescrivaient essentiellement des rapports sexuels, avec en
second lieu, des grossesses multiples accompagnées de travaux manuels.
Dans ce contexte donc, les manifestations hystériques sont interprétées, non dans le
registre de la perturbation des états naturels du corps de la femme comme on l’a vu lors de la
période précédente, mais en tant qu’attitudes anti-religieuses, de révolte et de contestation
contre le pouvoir divin incarné dans l’autorité religieuse, au profit de celui du Démon.
regrouper dans trois orientations qui vont se succéder et se compléter dans le cadre d’une
approche médico-psychiatrique globale de l’hystérie.
- Enfin, à partir du XVIIIe siècle surtout, se distingue une troisième voie dont
l’hypnotisme va jouer un rôle prépondérant. Sous les noms de magnétisme, de fluide animal
ou de suggestibilité, certains médecins, d’abord Mesmer en France, ensuite Braid en Grande-
Bretagne, et enfin et surtout Charcot à la Salpêtrière, vont démontrer le pouvoir de l'hypnose
sur les symptômes hystériques.
Avec Charcot donc, Freud va rencontrer pour la 1ère fois une description minutieuse et
précise des phénomènes psychopathologiques de l'hystérie de son époque que la quasi-totalité
de ses collègues médecins, taxaient de simulation, théâtralisme et de mensonge.
Ainsi, le tableau clinique de la grande hystérie n’est aux yeux de Charcot que des
manifestations psychopathologiques résultant de perturbations imperceptibles au niveau du
cerveau. Et malgré sa tentative d’introduire d’autres facteurs explicatifs ; psychologiques en
l’occurrence, Charcot reste accroché à une conception profondément biologiste (organiciste)
des troubles hystériques.
D’ailleurs Freud, avant de quitter Paris, soumet à Charcot le projet d'une recherche
dont l'objectif serait de mener une comparaison entre les paralysies organiques et les
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paralysies d'origine hystérique qui seraient, selon lui, liées, non pas à l’organicité ou à
l’anatomie mais plutôt au registre des représentations.
Devant les hésitations de Charcot, Freud finit par comprendre que son maître, écrit-il :
« n'avait aucune prédilection pour une étude psychologique approfondie de la névrose».
Quant à Freud, il a été fasciné par le fait que Charcot pouvait provoquer et annuler les
symptômes par l’hypnose, mais, il pensait, au-delà de Charcot, qu’aussi bien l’état hypnotique
que la manifestation des symptômes qui s’ensuit, relèvent plutôt de l’impact de la force
suggestive du médecin et des effets du pouvoir de sa parole.
A partir de cette manipulation par Charcot des symptômes de l’hystérique sous l’effet
de sa voix, alors que les patients n’en gardent le moindre souvenir, Freud fut alors conduit à
supposer l'existence d'une pensée « séparée de la conscience... sans que le moi en sache rien
ni ne soit capable d'intervenir pour l'empêcher».
D’autre part, en constatant que le corps pouvait réagir ainsi sous l'effet d'une pensée
écartée de la conscience et que la parole de l'hypnotiseur avait un tel effet somatique, Freud
disposait déjà là des éléments de base pour approcher ce qu'il nommera plus tard la conversion
du psychique au somatique, mécanisme spécifique dans l’apparition des symptômes
hystériques.
Anna O. est l'une des patientes qui l'ont profondément enseigné même si ce n'était pas
lui qui s'est occupé de son traitement. C'est cette patiente, comme on va le voir, qui est la
première à avoir témoigner expressément du fait que le symptôme hystérique réagit à la
parole.
Josef Breuer, éminent médecin physiologiste, rencontre Freud lors d’un passage dans
le laboratoire de Brücke, en 1880, et ne manque pas de constater le grand intérêt de ce dernier
pour la compréhension et le traitement de l'hystérie. En 1883, il lui rapporte l'histoire de
Bertha Pappenheim, une de ses anciennes malades, et lui expose la façon tout à fait singulière
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dont il a mené son traitement de décembre 1880 en juin 1882, pendant presque 2 ans. Cette
façon toute particulière, Breuer l'appelle « la méthode cathartique » ou « le procédé
cathartique ».
Anna O., est une jeune fille de 21 ans, très intelligente, de grande sensibilité et large
culture mais qui commence à présenter de nombreux symptômes lorsque son père, au service
de qui elle était très dévouée, agonisait. Elle présente des paralysies variables, des troubles de
la vision, des hallucinations, une grave inhibition de boire. Elle présente également le
symptôme de ne plus comprendre ni parler l'allemand, qui était pourtant sa langue première et
de ne s'exprimer qu'en anglais, etc.
Après quelques mois de consultation, Breuer fait une autre observation non moins
importante : les symptômes de la patiente disparaissaient, à chaque fois qu'elle parvenait à se
souvenir des circonstances dans lesquelles ils étaient apparus pour la première fois, tout en
revivant pendant son souvenir l'état émotionnel dans lequel elle s'était alors trouvée.
Ici encore, Freud vérifie son hypothèse sur la valeur de la parole et son impact. Il pense
alors que le résultat cathartique incombe moins à l'hypnose qu’aux incidences de la parole qui,
dans des situations pareilles, lui paraissait douée de pouvoirs thérapeutiques. La patiente de
Breuer avait elle-même d’ailleurs, qualifié ce mode de traitement de « talking cure », de
« cure par la parole ». Elle l'appelait aussi « Chemney sweeping » ; « ramonage de
cheminée ».
Toujours est-il que Breuer s'étant trouvé fasciné par l'évolution de sa malade, il en était
venu à lui consacrer plus de temps. Puis, la croyant suffisamment améliorée, il avait décidé,
en accord avec la patiente, de mettre un terme au traitement.
Néanmoins, le soir même de leurs adieux, Breuer fut appelé d'urgence au chevet de
Anna O. Celle-ci se trouvait en pleine crise d'hystérie et mimait l'accouchement de ce
qu’elle appelait, elle, « l'enfant du Dr Breuer ». A partir de cet incident, et contrairement à
ce qu’on pourrait s’attendre, Breuer décida de ne plus continuer à s’occuper de cette patiente.
Dans cette attitude de Breuer, Freud voit une réaction de fuite, défensive donc,
devant l’angoisse que provoquaient en lui les manifestations d’amour de sa patiente à son
égard. Devant ce transfert massif d’Anna O., Breuer prend la fuite et renonce définitivement à
son traitement.
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Fliess est Oto-rhino-laryngologiste, mais il est connu principalement par deux théories
relevant du champ de la biologie et qui depuis, ne tiennent plus devant la preuve scientifique.
- L'une concerne une entité clinique, dans laquelle, d’après lui, le nez tient une place
centrale et qu'il appelle la « névrose nasale réflexe ». Le syndrome de cette névrose renferme
des migraines, des douleurs névralgiques et des troubles fonctionnels principalement digestifs,
cardiaques, respiratoires et sexuels. Fliess prétend qu'il pouvait faire disparaître ce syndrome
en appliquant de la cocaïne sur la muqueuse nasale. Du coup, il en déduit que ces symptômes,
ne devaient leur existence qu'à une seule zone - le nez.
- l'autre est ce qu’il appelle la « théorie des périodes », fondée sur l’idée d’une
bisexualité physiologique fondamentale de l’homme et sur des cycles biologiques.
Relativement à ces derniers et en s’appuyant sur des calcules complexes, il pense par exemple,
qu'à côté du cycle de la menstruation de 28 jours, une autre périodicité de 23 jours,
déterminerait, autant chez la femme que chez l'homme, beaucoup de phénomènes tel que le
jour de la naissance, les caractères sexuels, le développement de l’organisme, voire la date du
décès.
A ces idées, Freud a cru un moment pour des raisons personnelles, mais finit par
s’apercevoir, très vite, de leur caractère spéculatif et infondé. Mais ce qui l’a le plus retenu
chez Fliess, c’est surtout son intérêt pour le champ de la sexualité et sa ténacité à défendre des
hypothèses impliquant celle-ci. Freud supposait ainsi à Fliess un savoir dans ce domaine
beaucoup plus étendu que le sien, et comme il souffrait de n'avoir jamais été entendu dans
l'expression de ses idées concernant l'étiologie sexuelle des névroses, il allait se retrouver pris
dans une relation qu’on peut qualifier de transférentielle à Fliess et qui va avoir des incidences
sur la personne de Freud et sur la découverte de la psychanalyse, et ce à deux niveaux :
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Mais après un examen approfondi des faits et suite à la progression de son analyse
personnelle, Freud se met petit à petit à douter de la véracité d’une telle théorie. Il commence
à s’apercevoir qu’elle ne tient plus la route puisqu’elle se révèle stérile sur les plans
thérapeutique et théorique.
Acte 2
Lorsque Freud s’est aperçu que cette théorie ne tient plus, il va se trouver d'emblée pris
dans la trame de ses conflits intrasubjectifs. Il écrit à Fliess dans une lettre du 12 juin 1897, p.
186 : « Jamais je n'avais été atteint d'une paralysie intellectuelle pareille à la présente. Ecrire
le moindre mot m'est un supplice (...), il me semble être dans un cocon. Qui sait quelle bête en
sortira ? »
Ce témoignage montre bien à quel point les idées, même avancées comme étant
d’ordre scientifique peuvent fonctionner comme une béquille défensive pour soutenir et
protéger ses propres fantasmes.
Beaucoup plus important encore, Freud perçoit ici le lien entre, d'un côté, l’insistance
de son désir inconscient de percer l’énigme des symptômes hystériques et plus largement
encore le psychisme humain, et de l'autre, l'inhibition intellectuelle frappant ses avancées dans
ce sens.
C’est ce qu’il explicite dans une lettre datée du 7 juillet 1897, il écrit, p. 187 : «je
continue à ne pas savoir ce qui m'est arrivé. Quelque chose venu des profondeurs abyssales
de ma propre névrose s'est opposé à ce que j'avance encore dans la compréhension des
névroses et tu y étais, j'ignore pourquoi, impliqué».
Dans cette lettre, Freud se montre tout à fait certain que Fliess occupe une place
centrale dans laquelle se nouent l’articulation entre ses élaborations théoriques et
l’effervescence de ses symptômes névrotiques.
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Ainsi, Freud s'est trouvé d'un coup pris dans une déstabilisation affective en réaction à
l'écroulement de la théorie de séduction sexuelle précoce qui fondait jusque là ses explications
de l'hystérie.
Acte 3
Les efforts continus de Freud de percer les secrets de son désir, vont lui valoir, après la
défaite de l'idée confortable de séduction, la découverte du fantasme.
Mais au préalable, il a fallu au moi de Freud d’accepter, non sans douleur, sa défaite
narcissique devant l'exigence intraitable de son désir inconscient et c'est l'analyse de ses
défenses moiiques, qui va lui permettre d’avancer vers la construction d’une nouvelle théorie
plus adéquate.
Il va découvrir que cette conception n'était au fond rien d'autre qu'une résistance de sa
part face aux désirs œdipiens, ceux de ses patients et aussi et surtout les siens propres.
Autrement dit, la théorie de la séduction lui servait de bouclier défensif contre ses propres
fantasmes œdipiens.
Cette découverte personnelle, va lui révéler que les scènes traumatiques relatées très
souvent par ses patients avaient un fondement imaginaire fantasmatique et que la sexualité
infantile participait à ces formations inventées. Ce que Freud appelle : « les théories sexuelles
infantiles ».
Ainsi, dans une lettre datée du 3 octobre 1897, Freud, non seulement révèle des
sentiments inconscients d'hostilité et de jalousie à l'endroit de son père, après avoir rêvé
auparavant subir une tentation sexuelle de sa part, mais il parvient aussi à déterrer des désirs
sexuels refoulés à l’endroit de sa mère. « J'ai découvert aussi que, plus tard (entre 2 ans et 2
ans 1/2), ma libido s'était éveillée et tournée vers matrem [ma mère]... ». De cette manière et
pour la première fois, le complexe d’Œdipe se trouve éclairé à travers celui de Freud lui-
même.
Du même coup, Freud parvient ainsi, à démêler tout autant ses désirs incestueux et
hostiles à l'endroit de ses parents que ceux de ses patients à l'égard des leurs, de la prétendue
séduction, voire des passages à l’acte, dont ses patients et lui aussi les accusaient.
Ce pas décisif est d’une importance telle sur la psychanalyse que Freud n’a pas
manqué 30 ans après, de le reévoquer dans Ma vie et la psychanalyse, p. 44 : « j'avais
rencontré ici, pour la première fois, le complexe d'Œdipe qui devait par la suite acquérir une
signification dominante, mais que sous un déguisement aussi fantastique je ne reconnaissais
pas encore ».
Récapitulons maintenant les impacts de ces diverses rencontres examinées plus haut
sur l’invention de la psychanalyse :
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C'est donc à partir de ces trois compagnons et maîtres, et pour être plus précis, au-delà
d'eux, que Freud va découvrir les mécanismes de l'inconscient et en particulier le fantasme
inconscient, le refoulement, le transfert, la résistance, etc. et, dans le même mouvement,
inventer la psychanalyse.
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Freud a bien connu et appliqué ces moyens thérapeutiques. Mais il les repousse très
rapidement de fait qu’ils s’avèrent infondés sur le plan scientifique et inefficace, voire
nuisible sur le plan thérapeutique.
L'état obtenu par l'hypnose n'est pas identique au sommeil. Il produit un état de
conscience particulier, "modifié". Le sujet, tout en n’étant plus dans un état de vigilance et de
conscience, ne s'endort pas complètement non plus. Il reste réceptif aux indications, aux
ordres du maître du jeu, l’hypnotiseur.
L'hypnose n'est pas une thérapie en elle-même. Une fois que le patient est placé dans
cet état de sommeil artificiel, le thérapeute peut alors intervenir de deux manières :
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• soit par la suggestion directe, le thérapeute exige du patient qui est sous hypnose,
d’obéir et d’exécuter ses intimations, une fois réveillé, comme par ex. ne plus présenter un
symptôme donné.
• soit par la méthode cathartique, qui consiste à mettre le patient sous hypnose et lui
suggérer de se rappeler l’événement traumatique supposé être à l’origine du symptôme dont
souffre le patient. (la méthode cathartique de Breuer)
Dans tous les cas, et quelque soit la technique thérapeutique employée, l’essentiel de
l’action thérapeutique revenait au bout du compte, d’après les médecins de l’époque, à
l’attitude d’ascendance et de maîtrise que devrait avoir le thérapeute sur son patient. Il doit se
montrer maître de la situation, et pour ce faire, on procédait par isoler le malade de son
entourage, et le placer dans un établissement où le clinicien règne en maître. Ainsi, le patient
doit se sentir bien tenu en main ferme et obéir aux exigences et recommandations du médecin.
- Dans ces limites que rencontrent les pratiques psychothérapiques, Freud ne voit pas
une simple faiblesse de la technique qui serait un jours dépassée. Il y repère plutôt la position
d'un sujet décidé à demeurer responsable de sa réponse et de son acte. Il y repère l'objection du
sujet à la violentation subjective émanant de l'hypnose et aussi de la suggestion
psychothérapique. Dans les diverses pratiques psychothérapeutiques, le patient se trouve placé
sous l’influence directe et entière du thérapeute qui devient en quelque sorte son directeur de
conscience. C'est là un autre argument décisif dans la mise au point par Freud d'un procédé
nouveau : l’association libre qui permet, en effet, d'atteindre la ou les scènes traumatiques,
sans priver le sujet de sa participation volontaire, de sa parole singulière, de son implication
responsable dans ce qui lui arrive et dans ce qu’il va advenir pour lui. Elle lui permet de
réélaborer librement et consciemment son propre savoir inconscient.
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Ainsi, il finit par renoncer aussi à la suggestion et aux artifices qui l'accompagnent
pour adopter uniquement et définitivement la méthode d'association libre. Cette méthode fut
d’ailleurs imposée à Freud par l'une de ses patientes hystériques, Emmy von N. Lors d'une
séance de son traitement (du 12 mai 1889), elle intime l'ordre à Freud de se taire et de la
laisser parler comme cela lui vient.
Depuis toujours, les médecins, neurologues ou psychiatres privilégient les faits d'ordre
organique dans leur explication de l'hystérie ou de toute autre maladie mentale. Ils tiennent à
ramener les fonctions et leurs perturbations au cerveau. Par conséquent, du fait de la stérilité
de cette théorie, remarque Freud, les médecins ne savent que faire du facteur psychique. Et
puisqu'ils ne peuvent le saisir correctement, ils « l'abandonnaient aux philosophes, aux
mystiques et aux charlatans, et tenaient même de non scientifique de s'en occuper. » Ainsi, les
travaux psychiatriques accomplies dans cette perspective vont devenir sans intérêt suite aux
découvertes de Freud dans le domaine.
nature des maladies nerveuses dites "fonctionnelles", pour surmonter l'impuissance médicale
existant jusqu'alors dans le traitement de celles-ci. »
Ainsi, les débuts de rupture avec l'explication médicale vont être liés aux études
comparatives de Freud entre les paralysies hystériques et les paralysies organiques. Si ces
dernières sont en effet causées par des lésions qui affectent le système nerveux, les paralysies
hystériques s'en distinguent par des perturbations et des troubles fonctionnels réels sans
substrat lésionnel organique.
Cette nouvelle façon de voire inaugurée par Freud, suppose donc l'invention d'une
autre détermination que la détermination organique. Freud va la dégager en notant que la
paralysie hystérique est conforme à l'idée que le sujet se fait de l'organe concerné. Donc ce qui
est atteint, ce n'est pas l'organe biologique, mais bien la représentation inconsciente que le
sujet s'en fait.
Cette remarque va avoir pour Freud une portée générale en affirmant que notre
organisme, est recouvert, « du fait d’être pris dans le langage, d'un réseau de représentations
grâce auquel le sujet retrouve la fonction de ses organes et s'en sert. » Freud produit là une
théorie qui distingue radicalement le corps de l'organisme.
A partir de là, il est possible de postuler une lésion psychique distincte de l'atteinte
organique : il s’agit de la lésion qui isole une représentation (du bras ou de la jambe...) du
reste des représentations qui composent le moi, et par conséquent, le corps aussi.
Mais, la raison pour laquelle une représentation (celle de la cuisse comme dans le cas
d'Elisabeth, dans Etudes sur l’hystérie) se trouve mise à l'écart, refoulée, c'est qu'elle s'est
chargée d'une valeur affective incompatible avec les autres représentations, c'est ce qui
engendre le conflit intrapsychique. C'est aussi ce qui explique que les malades peuvent
abandonner leurs atteintes corporelles sous hypnose et par suggestion, et les récupérer quand
les effets de ces dernières s'estompent.
- L'inconscient : Avec l'hypnose, avons-nous dit, Freud constate l’existence d’un état
psychique différent de l'état de conscience et de veille habituelle, et suppose l'existence d'un
groupe séparé de représentations psychiques mais agissant sur le reste du psychisme. Il est
amené à faire l'hypothèse d'un lieu psychique où les pensées sont inconscientes, parce que
involontairement mais activement oubliées par le sujet qui les refoule et qui résiste à leur
remémoration. Ces pensées inconscientes restent hors de la portée du conscient sauf si le sujet
passe par un travail d’analyse conduit par un psychanalyste.
- Le préconscient désigne un lieu dont les pensées qui le constituent, sont latentes
mais que le sujet peut se les rappeler et les ramener facilement à sa conscience.
Certaines idées ou souvenirs sont dits préconscients dans la mesure où ils sont présents
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de façon implicite dans l’activité mentales et que le sujet peut actualiser par un effort de
mémoire. C’est ce qui fait dire à Freud que le préconscient et le conscient constituent
quasiment un même système par opposition au système de l’inconscient.
Dans ce sens, une représentation ne peut être qualifiée de consciente que du fait de sa
perception effective, c’est à dire, au moment de sa présence à la conscience.
Le conscient se situe ainsi à la périphérie externe de ce premier modèle dont
l’inconscient constitue la part interne et la plus importante.
Cette seconde répartition, constituée du ça, du moi et du surmoi, est forgée par Freud
vers les années 1920, pour mieux répondre à certaines difficultés pratiques et théoriques
rencontrée avec l’évolution de l’exercice de la psychanalyse.
- Le ça est un terme que Freud emprunte à G. Groddeck pour y inclure, au-delà des
représentations refoulés qui constituent le domaine de l’inconscient, le champs des pulsions
dont il commence à élaborer les contenus à partir de 1905 dans ses 3 essais sur la théorie
sexuelle.
Freud découvre ainsi que le moi est en grande partie inconscient, puisqu’il est
constitué aussi de mécanismes de défenses dont il n’est absolument pas maître.
- Quant au Surmoi, Freud le définit comme l'héritier du complexe d'Œdipe dont le rôle
serait celui d'un juge à l'égard du moi. Avec la mise en place du surmoi, l'enfant est amené à
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renoncer à ses désirs œdipiens et à s’engager dans des investissements libidinaux acceptés et
encouragés socialement et culturellement.
Dans ce sens, le Surmoi se constitue par l’intériorisation des interdits parentaux. Mais
cette intériorisation poussée à l’extrême, le surmoi peut se déchaîner contre le moi et parfois
le conduit jusqu’au suicide comme c’est le cas dans la mélancolie en particulier.
En psychanalyse tout processus psychique est apprécié d’après trois registres, c’est à
dire à partir de trois angles de vue :
3e - le registre économique tient compte des énergies libidinales en jeu dans le conflit
psychique avec leurs différentes modalités (investissement, désinvestissement, contre-
investissement).
Ce registre repose sur un principe que Freud appelle principe de constance, selon
lequel l'appareil psychique tend à maintenir au plus bas la quantité d'excitation qu'il contient.
Ces deux processus correspondent aux deux principes que Freud postule à la base du
fonctionnement de l’appareil psychique: le principe de plaisir et le principe de réalité.
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Suite à l'exposé de ces différents rêves, engendrés par un même stimulus extérieur, (ici
le réveil), Freud nous dit que dans ce cas, le rêveur ne reconnaît pas le réveil, qui ne figure
jamais dans ses rêves, mais il en remplace le bruit par un autre, et interprète chaque fois d'une
manière différente la même excitation. Ainsi, nous dit Freud : « comprendre le rêve serait
précisément expliquer pourquoi le rêveur choisit tel bruit et non pas tel autre, pour
interpréter l'excitation qui provoque le réveil. »
Pour lui, le rêve confirme l'idée que ce qui est refoulé, non seulement subsiste de façon
constante chez tout sujet, malade ou pas, mais aussi persiste à engendrer des productions
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Le rêve est ainsi, un texte énigmatique qui reste à lire, à déchiffrer par le rêveur lui-
même à partir de ses propres paroles et associations. Freud note à ce propos : « "interpréter un
rêve", signifie donner son "sens", le remplacer par quelque chose qui peut s'insérer dans
la chaîne de nos actions psychiques.»
A partir de cette répartition, Freud précise que l’opposition entre les deux contenus du
rêve ; le manifeste et le latent, s’accentue à mesure que nous avançons des rêves simples aux
rêves compliqués.
Celle-ci occupe une place importante dans le rêve, comme elle l’occupe dans le
psychisme en générale. Freud la désigne en disant que : « Le rêve est l'accomplissement
(déguisé) d'un désir (réprimé, refoulé).»
Par conséquent lorsque Freud dit que le rêve est la réalisation déguisée d'un désir, il
vise non pas le contenu manifeste mais les causes du rêve, autrement dit, les idées latentes ou
les idées incidentes.
Donc, si l’on s’en tient uniquement à son aspect manifeste, le rêve, nous dit Freud
« peut signifier tout ce que l'on voudra : avertissement, projet, préparatifs, etc. : mais il est
toujours en même temps la réalisation d'un désir inconscient, et il n'est que cela, si vous le
considérez comme l'effet du travail d'élaboration. »
Reste à savoir maintenant comment selon Freud se forme un rêve et plus précisément
son contenu manifeste dont se rappelle le rêveur.
- le déplacement,
C’est le mécanisme le plus important et qui, de manière générale, préside à la
dynamique inconsciente. Il désigne le processus par lequel une charge affective se détache de
son objet pour se porter sur un autre objet.
Au niveau du rêve, ce mécanisme intervient pour brouiller la correspondance entre la
valeur psychique d'un des éléments du contenu manifeste et celle d’un ou des éléments du
contenu latent auxquels il est associé.
De ce fait, une idée latente de moindre intérêt peut être représentée par un élément qui
occupe le centre du contenu manifeste. Et inversement, un élément très tenu et quasi inaperçu
du contenu manifeste peut représenter le noyau même des pensées du rêve.
De mêmes pour les affects ; l'amour, la haine ou l'angoisse par exemple, peuvent
accompagner dans le contenu manifeste, des éléments insignifiants ou sans rapports avec
l’affect concerné. D’un autre côté, une pensée latente à laquelle se rattache un affect très fort
Abdelhadi ELFAKIR - PSY11B Psychologie clinique L1-S1 - 26
C'est ce que Freud appelle aussi une transposition affective. A la faveur de cette
transposition, une idée très significative peut se trouver remplacée par une autre jusqu'alors
indifférente et de peu d'importance et vice versa.
II en résulte que le rêve manifeste est autrement centré que ses pensées latentes. Ainsi
il advient que l'élément essentiel du contenu latent semble à peine représenté dans le contenu
manifeste. Ce déplacement, il va de soi, est toujours l'effet du refoulement, une conséquence
de la censure.
- la condensation,
Lorsqu’on analyse un rêve on constate tout d’abord que le contenu manifeste est une
version transformée et très réduite du contenu latent. Freud écrit : « Le rêve est bref, pauvre et
laconique comparé à l'ampleur et la richesse des pensées du rêve».
C’est ce qui fait dire à Freud que les images du contenu manifeste sont, comme dans le
symptôme, surdéterminées : autrement dit, chaque élément manifeste dépend de plusieurs
idées ou représentations latentes et exprime plusieurs pensées inconscientes. Par ailleurs, une
pensée latente peut exercer son influence sur plusieurs images manifestes. C’est ce qui
explique l'extrême enchevêtrement des liaisons associatives entre le contenu manifeste et ses
causes, les pensées inconscientes.
- la figurabilité ou la dramatisation
Tout le monde sait que les rêves ne sont pas composés uniquement d'images.
Toutefois, les images visuelles tiennent une place prépondérante et le plus souvent, la pensée
conceptuelle se traduit, se transpose en représentations imagées.
Non seulement la visualisation domine le rêve, mais encore, celui-ci, mous dit Freud
n'a aucun moyen de représenter les relations logiques. Si le rêve manifeste, en tant que tel, ne
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donne lieu à aucun travail intellectuel, les pensées latentes du rêve, par contre, renferment
toutes sortes d'opérations intellectuelles telles que jugements, oppositions, comparaisons,
conditions, preuves, etc.
Dans le contenu manifeste du rêve donc, seul le contenu matériel des pensées est
représenté mais pas les relations logiques entre ces pensées.
Le système propre au rêve exige que toutes les significations, jusqu'aux pensées les
plus abstraites, s'expriment par des images. Ainsi, les articulations logiques entre les pensées
du rêve sont remplacées par des modes d'expression que Freud décrit comme « procédés de
figuration du rêve ».
- l’élaboration secondaire
Ce mécanisme est le dernier qui préside à la formation des rêves. Il diffère
radicalement des trois autres en ce qu'il provient de l'activité défensive du moi et de ses
mécanismes propres et non des idées latentes du rêve.
Lorsque lors du réveil, un rêve est perçu par le moi, il n'est pas accepté dans son état
brut, étant donné le contenu refoulé qui le fonde et, de ce fait, se trouve soumis à une
reconstruction qui ne dérange ni ne déstabilise le moi. C’est avec le réveil, que le rêve se
trouve cette fois-ci contrôlé et régis par les mécanismes défensifs du moi.
Le rêve se trouve ainsi, encore une fois, refaçonné afin de s'harmoniser avec d'autres
pensées conscientes. En d'autres termes, une tentative plus ou moins heureuse est faite par le
moi pour rendre le contenu du rêve moins offensant et humiliant sa propre dignité.
C'est cette élaboration secondaire qui explique l'ordre, la suite et la cohésion qu’il nous
arrive parfois de constater dans un certain nombre de nos rêves.
Abdelhadi ELFAKIR - PSY11B Psychologie clinique L1-S1 - 28
L'étude des perversions d’une part, et la sexualité infantile d’autre part, va lui fournir
les moyens d'élaborer une théorie générale de la sexualité, basée sur le concept de pulsion.
1- Pulsion et instinct
la pulsion est à distinguer de l'instinct avec lequel, elle se trouve souvent confondue.
L'instinct désigne la relation entre un besoin naturel qui réclame satisfaction et le
comportement engagé en vue de cette satisfaction et qui est fixé par l'hérédité pour l’espèce.
Quant aux objets de satisfaction des besoins instinctuels. ils sont aussi dans un rapport
d'adéquation prédéterminée à ces besoins.
Ces comportements instinctuels déterminés biologiquement ainsi que leurs objets
inchangeables et naturellement adéquats à la satisfaction des besoins, caractérisent le monde
animal.
2- Caractéristiques de la pulsion :
Les caractéristiques de la pulsion sont à repérer, selon Freud, au niveau des 4
dimensions qui la concernent et qui sont : la source, la poussée, l'objet et le but de la pulsion.
Ces caractéristiques déterminent la nature de la pulsion, c’est à dire ce qui la distingue
de l’instinct ou d’un simple stimulus, interne ou externe. Elles déterminent aussi les différents
devenirs psychiques des pulsions.
chez l'homme, par contre, ils ne sont pas soumis à une quelconque périodicité, mais à ce que
Freud appelle « une poussée pulsionnelle constante ». Autrement dit, la pulsion sexuelle est
toujours active et perpétuellement mobilisatrice, même dans les cas où elle prend forme de
passivité. Dans ce cas, en fait, elle recouvre une recherche active de la passivité, ce qui
l'oppose totalement à l'inertie.
b- La source de la pulsion : elle est dans le corps, il s'agit d'un organe ou d'une
partie du corps «dont l'excitation est représentée dans la vie psychique par la pulsion». La
source de la pulsion, en effet, indique d'une part la zone corporelle dans laquelle prend
naissance l'excitation et d'autre part l'énergie psychique qui s'y trouve qualitativement et
quantitativement investie.
d- L'objet de la pulsion : C'est, nous dit Freud, tout ce en quoi ou par quoi la
pulsion peut atteindre son but. La pulsion, pour ainsi dire, peut faire feu de tout bois. Ainsi,
l’objet est ce qu'il y a de plus variable dans la pulsion. il ne lui est ni naturellement, ni
originairement lié. Les objets pulsionnels sont innombrables et toujours en partie inadéquats et
leur fonction jamais définitivement remplie.
Ce peut être un objet-chose (comme dans le fétichisme), tout comme il peut être une
partie du corps propre (par ex. l’orifice anal dans l’homosexualité passive ; ça peut être aussi
une partie de la peau avec le percing, le tatouage ou les scarifications).
Du fait de ces caractéristiques, la pulsion est toujours de nature partielle, ce qui veut
dire qu’une sexualité totalement génitale où se rassemble et s’unifient les pulsions partielles
est inexistante.
3- Le dualisme pulsionnel
Dans la mesure où la recherche de la satisfaction sexuelle prend pour l’être humain des
formes très variées, et passe per des objets multiples, on devrait, suivant Freud, parler plutôt
de pulsions, au pluriel. Nous en avons parlé au singulier uniquement en désignant leur nature
générale et les caractéristiques communes qui les constituent.
Il y a donc une multiplicité de pulsions que Freud rassemble en deux groupes qui
s’opposent et s'affrontent. C’est ce que Freud appelle le dualisme pulsionnel. De cette
opposition naît la dynamique qui conditionne la vie psychique de tout sujet.
Le second groupe est constitué des pulsions sexuelles qui, en plus des fonctions de la
satisfaction sexuelle et de la reproduction, elles se lient aussi par étayage sur les fonctions
d'auto - conservation.
Abdelhadi ELFAKIR - PSY11B Psychologie clinique L1-S1 - 30
Les pulsions de ces deux groupes se lient en équilibre et favorisent une activité
psychique harmonieuse et adaptée à la réalité, mais parfois, elles entrent en opposition, en
conflit et engendrent les défenses et les symptômes névrotiques.
Dans ce cas, les pulsions du moi oeuvraient au refoulement des pulsions sexuelles pour
préserver le moi de représentations inconciliables avec son idéal moral, esthétique etc., ou
même avec ses capacités d’action et de maîtrise.
Donc, ce premier dualisme pulsionnel, Freud l’a forgé dans un premier temps, pour
comprendre le fonctionnement de l'appareil psychique et plus particulièrement la constitution
des névroses,
Ainsi, Freud va pouvoir affirmer que, dans la schizophrénie par exemple, la libido
régresse à l'auto-érotisme, alors que dans la paranoïa, la libido régresse au narcissisme.
Dès lorsque le moi est aussi objet sexuel, alors que dans le premier dualisme le moi
était conçu comme non sexualisé. Il en découle, donc, que la distinction entre pulsions
sexuelles et pulsions du moi n'a plus lieu d'être.
Freud la remplace alors par celle de pulsions du moi et de pulsions d'objet. Parmi ces
objets multiples, Freud, désigne 3 auxquels la pulsion se trouve plus particulièrement liée. Ces
3 objets pulsionnels sont le sein, le scybale (l'excrément), et le phallus, auxquels Lacan
ajoutera deux autres : le regard et la voix.
2- La tendance chez certains patients, dans la cure, à se maintenir dans des répétitions
compulsives de situations déplaisantes, désagréables, voire douloureuses,
L’ensemble de ces constats conduise Freud à envisager les problèmes cliniques que
posent le masochisme primaire et la haine, en particulier la haine de soi, dans la vie
quotidienne comme dans le travail analytique.
Ce type de situation et bien d’autres encore sont pour Freud les témoins et l’expression
cliniques de l’action de ce que Freud va finalement appeler les pulsions de mort.
A partir de 1920, les pulsions sexuelles, du moi ou d'objet, vont donc se ranger,
suivant leur fonction, dans l'une ou l'autre de ces deux catégories : les pulsions de vie
regroupent une partie des pulsions sexuelles, celle qui permet la survie de l'espèce et une
partie des pulsions du moi, celle qui vise à la survie de l'individu et aussi une partie des
pulsions d’objet, celle qui permet l’incorporation des objets.
1- La sublimation
La civilisation est basée sur des renoncements pulsionnels. Elle pousse à renoncer à
nos premiers objets de satisfaction sexuelle, à patienter dans la satisfaction des exigences
pulsionnelles, et à supporter les frustrations qui en résultent. Celles –ci peuvent êtres pris en
chargent par le refoulement ou alors sublimées dans des œuvres culturels.
Abdelhadi ELFAKIR - PSY11B Psychologie clinique L1-S1 - 32
La valorisation par la société des valeurs culturelles encourage une désexualisation des
pulsions, à ne pas tout vouloir tout de suite (supporter la frustration),
Déjà dans la vie courante, on retrouve des situations qui témoignent d'une satisfaction
masochiste à jouir de la douleur. Par exemple, les situations banales où un enfant provoque
ses parents, jusqu'à provoquer le châtiment violent qu'il semble rechercher. D’au autre côté,
cette correction fait simultanément jouir sadiquement l'adulte qui frappe.
Quant au sadisme et au masochisme, en tant que tendance, ils existent chez tous. Ils
procurent une jouissance liée à la satisfaction pulsionnelle : mordre ou refuser de manger pour
la pulsion orale, fesser, être fessé ou refuser d'être propre pour la pulsion sadique-anale
(littéralement « faire chier », « emmerder »), violer pour la pulsion génitale, etc. D'ordinaire,
ces tendances agressives sont soit monnayés en jeux de rivalité, joutes verbales...), soit
refoulés et fissent par s’épanouir sous forme de fantasmes.
Dans tous les cas, ces tendances ne peuvent être considérés comme pervers que
lorsqu’ils constituent un mode de jouissance privilégié, voire exclusif, et imposé à l'autre.
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Les deux derniers destins pulsionnels se rejoignent dans l'opposition des couples
sadisme/masochisme et voyeurisme/exhibitionnisme ; seule change la perspective. Armés des
concepts d'ambivalence et de renversement du contenu, les analystes considèrent la pitié pour
quelqu'un comme une défense contre un sentiment agressif éprouvé à son égard, mais qu'un
refoulement trop grand empêche d'assumer consciemment.
4- Le refoulement
Qu'est ce donc que le refoulement en psychanalyse?
- Avant même de le forger en concept, le refoulement s'est imposé à Freud en tant que
vécu subjectif, en tant que fait clinique dès ses premières tentatives de traitement de ses
patients hystériques.
Freud constatait que ces patients n'avaient pas du tout idée des événements
traumatiques, des souvenirs d'enfance qui ont causés leurs troubles et leurs souffrances,
traumatismes et souvenirs qui réapparaissent avec toute leur force et leur vivacité lorsqu'ils
sont retrouvés grâce au traitement.
Il est à constater ici que la notion de refoulement, dès ses premiers abords par Freud,
s'avère intimement corrélé à celle de l'inconscient. Il est même synonyme d'inconscient.
Le refoulement constitue ainsi le concept le plus ancien chez Freud dans son projet
d'explication des faits cliniques.
Mais ce concept central de l'édifice psychanalytique, n'est pas, nous prévient Freud,
une pure construction théorique ou une simple fabulation abstraite. Il est précise-t-il,
Abdelhadi ELFAKIR - PSY11B Psychologie clinique L1-S1 - 34
«l'expression théorique d'une expérience que l'on peut répéter aussi souvent qu'on veut
lorsqu'on entreprend l'analyse d'un névrosé sans le secours de l'hypnose».
Et Freud d'insister encore, je le cite, «je m'élèverait très violemment contre celui qui
prétendrait ranger la théorie du refoulement et de la résistance parmi les présupposés de la
psychanalyse et non parmi ses résultats (...). La théorie du refoulement est acquisition du
travail psychanalytique.»
- Sa pratique quotidienne avec les patients névrosés l'a conduit à pointer les faits
suivants :
a- les contenus refoulés échappent complètement à la conscience du sujet, à toute
tentative de contrôle de sa part,
b- ils ne dépendent absolument pas de sa pensée raisonnante,
c- ces contenus et pensées refoulées constituent, un groupe psychique séparé,
commandé par des lois propres et régit par le processus primaire et particulièrement agissant
sur le reste du psychisme.
A partir de là, la définition la plus ramassée que l’on peut en donner est la suivante :
c'est une opération par laquelle le sujet cherche à repousser ou à maintenir dans l'inconscient
des représentations (pensées, images, souvenirs) liées à une pulsion. Cette opération se produit
à chaque fois que la satisfaction d'une pulsion risquerait de provoquer du déplaisir à l'égard
d'autres exigences.
4- Dans son article intitulé "le refoulement", écrit en 1915, Freud fait la distinction
entre 3 moments, 3 temps dans l'opération de refoulement :
- le refoulement originaire,
- le refoulement secondaire,
- et le retour du refoulé,
En quoi consiste chacun des ces trois temps ? Sur quoi portent-ils et comment
s'articulent-ils ?
3- le retour du refoulé
Mais le refoulement n’est jamais total, n’est jamais complet. Il ne parvient jamais à
écarter complètement les représentants de la pulsion non tolérés par le moi. C’est ainsi que le
refoulement subit toujours un échec qui souvent partiel et qui se parfois se trouve à l’origine
des symptômes névrotiques. Quand le refoulement échoue, le retour du refoulé permet à la
pulsion de se satisfaire partiellement et par une voie détournée. En effet la signification
refoulée du désir de satisfaire une pulsion s'exprime à travers le surgissement du symptôme,
lequel constitue pourtant une gêne subjective ;
Un refoulement trop puissant empêchant toute satisfaction pulsionnelle risque
d'échouer et de provoquer des symptômes névrotique
.
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A rappeler tout d’abord que la névrose, comme tout autre psychopathologie, est
abordée à partir de deux points de vue très différents :
*
La réflexion qui suit s’appuie principalement sur l’ouvrage de J.-D. NASIO, L’hystérie ou l’enfant magnifique
de la psychanalyse, Paris, Rivages, 1990. Pour avoir une idée ample et précise sur l’approche psychanalytique de
la névrose et de l’hystérie en particulier, la consultation de cet ouvrage clair et pertinent est vivement
recommandée. Il est aussi publié en format de poche.
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Dans sa relation à l’Autre et à son corps, l’enfant fait la rencontre avec le sexuel
(érections chez le garçon, apparition des signes de la féminité chez la fille….) qui peut
provoquer chez lui un émoi sexuel excessif qui le submerge et dont il n’a nulle conscience.
La névrose est ainsi une façon de se défendre contre une jouissance inconsciente,
dangereuse et intolérable. Mais elle est, comme on vient de le voir, une mauvaise façon de se
défendre. Devant l’insistance de cette jouissance, le moi du sujet s’acharne à se défendre et ne
trouve parfois d’autres moyens que de transformer l’angoisse inconsciente en douleurs
conscientes, en un symptôme névrotique localisable et donc plus supportable.
Les 3 névroses se répartissent alors suivant le mode particulier qu’utilise le moi pour
se défendre inconsciemment. Le moi dans chacune de ces névrose procède par une modalité
spécifique dans l’opération de défense contre cette jouissance intolérable. Cette opération de
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défense consiste à tenter d’éviter le danger, impossible à éliminer, tout en lui trouvant une
solution détournée et moins coûteuse pour le moi : plutôt un ou plusieurs symptômes qu’une
angoisse massive, diffuse et invalidante.
Voyons maintenant, avec un peu plus de détails, ce qui caractérise l’hystérie, non pas
comme ensemble de symptômes tels que décrits par la clinique psychiatrique mais en tant que
position subjective (modalité de défense et résolution du conflit) telle qu’elle se dévoile dans
le cadre d’une cure analytique.
Rappelons tout d’abord que c’est grâce à la parole des hystériques que Freud a
découvert un mode entièrement nouveau des relations humaines. La relation transférentielle
prolongée avec l’analyste, fait apparaître la position subjective du sujet hystérique caractérisée
par 3 états permanents et stables de son moi. Durant la relation transférentielle, ce moi se
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- Un moi hystérisant, c’est à dire un moi qui suscite chez l’autre une tension
libidinale. « L’hystérique est un remarquable créateur de signes sexuels qui sont rarement
suivis par l’acte sexuel qu’ils annoncent. Sa seule jouissance, jouissance masturbatoire,
consiste à produire ces signes qui lui font croire et font croire à l’autre que son vrai désir est
de s’engager dans la voie d’un acte sexuel accompli. Et pourtant s’il est un désir auquel tient
l’hystérique c’est qu’un tel acte échoue, plus exactement il tient au désir inconscient de la non
réalisation de l’acte, et par conséquent, au désir de demeurer un être insatisfait. » (p.23) Il
cherche et parvient à transformer le contexte de la relation clinique en un espace de projection
fantasmatique à contenu sexuel. Le moi hystérique érotise facilement le cadre de la cure.
« En somme, le visage de l’hystérie dans une cure d’analyse, et au-delà, dans tout
rapport avec autrui, se présente comme un lien insatisfait, érotisant et triste, tout entier
polarisé autour du refus tenace de jouir, » (p. 26) de peur que cette jouissance ne l’anéantisse
en tant que sujet. L’essentiel du travail de l’analyste consiste alors à l’amener à traverser cette
peur et l’angoisse qui centre son être et inhibe son désir.
Notes