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– B1 Histoire de l'idée européenne
© Nicolas Desrumaux Année universitaire : 20082009
Histoire de l'Idée européenne
Bachelor Professionnel Gestion et administration de l'entreprise 1ère année
L'idée européenne en guerre : l'européanisme sous la botte
totalitaire (19331945)
Sommaire
Bibliographie complémentaire : ...........................................................2
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Histoire de l'Idée européenne
L'idée européenne en guerre : l'européanisme sous la botte totalitaire (1933-1945)
Bibliographie complémentaire :
Bossuat (G.), Les fondateurs de l'Europe unie, Paris, Belin, 2001
Bruneteau (B.), Histoire de l'idée européenne au premier XXe siècle, Armand Colin, Paris, 2008
Duroselle (J.B.), L'idée européenne à travers l'histoire, Paris, Denoël, 1965
Gilli (M.), L'identité culturelle, laboratoire de la conscience européenne, Paris, les Belles Lettres,
1965
Sainte Lorette (L. de), L'idée d'union fédérale européenne, Paris, Armand Colin, 1955
Voyenne (B.), « Histoire de l’idée européenne », petite bibliothèque Payot, Paris, 2e édition, 1964
Berl (E.), Histoire de l'Europe, Gallimard, 1983, 3 vol.
Jelen (Ch.), Hitler ou Staline. Le prix de la paix, Paris, Flammarion, 1988
Vaïsse (M., dir.), Le Pacifisme en Europe des années 20 aux années 50, Bruxelles, Bruylant, 1993
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L'idée européenne en guerre : l'européanisme sous la botte totalitaire (1933-1945)
HISTOIRE DE L'IDEE EUROPEENE AU DEBUT DU XXe SIECLE
(19001950)
I. Tragique Europe
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L'idée européenne en guerre : l'européanisme sous la botte totalitaire (1933-1945)
La réaction d'hostilité qui se manifeste actuellement dans le monde, non seulement contre l'Europe
mais contre la race blanche, est pour nous une leçon. Notre conquête matérielle de la planète se
retourne contre nous, justement dans la mesure où elle est immatérielle. Pour l'Europe, au moins, la
phase de la domination sans contrepoids semble bien dépassée. Le triomphalisme économique
chanté par Dilke est aussi périmé que la fable d'où il l'a tiré : nos anciens tributaires, qu'ils fussent
ou non volontaires, refusent de nous servir davantage, cependant que nousmêmes avons perdu la foi
dans notre toutepuissance, parfois même jusqu'à cet orgueil qui, s'il ne nous faisait aimer, nous
ferait craindre. La suprématie européenne est sans doute susceptible de durer longtemps encore en
Afrique, même en Asie occidentale, mais en ExtrêmeOrient ses jours sont dès maintenant comptés.
Il faut donc que l'Europe révise les conditions de son influence sur le monde.
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historique. Et il ne nous restera plus qu'à chercher dès maintenant un refuge hors du temps et de
l'espace.
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seule déclaration suffirait à faire capituler la dictature dans les petits Etats. La dictature
mussolinienne capitulerait probablement aussi. En tous cas partout une force immense serait donnée
aux combattants de la liberté.
Enfin, pour indiquer aux masses – découragées à la longue par la négation antifasciste – un grand
objectif positif : faire l'Europe. Voilà le programme. (...)
La gauche européenne devrait s'emparer de ce thème abandonné jusquelà aux diplomates et aux
CoudenhoveKalergi. Le populariser parmi les masses. Leur annoncer dès maintenant la
convocation d'une assemblée européenne, composée de délégués élus par les peuples qui élabore à
absolue parité de droits et de devoirs la première constitution fédérale européenne, nomme le
premier gouvernement européen, fixe les principes fondamentaux de la coexistence européenne,
démonétise les frontières et les douanes, organise une force au service du nouveau droit européen, et
donne vie aux EtatsUnis d'Europe.
Si l'Allemagne refusait son adhésion ou, avec l'Italie et le cortège des vassaux fascistes, ne
reconnaissait pas la nouvelle charte des droits du citoyen européen, on devrait de même agir et
conclure. Ce seraient les autres peuples qui se proclameraient premier noyau des EtatsUnis
d'Europe. Armés de cette formidable idéeforce, ils soulèveraient une vague d'enthousiasme
religieux en Europe en morcelant le bloc de plomb de l'opinion totalitaire des pays fascistes : alors,
oui, ils pourraient, avec raison, recourir en dernière analyse à la force.
Divagonsnous ? Non. Les utopies d'aujourd'hui peuvent être les réalités de demain. Les
mouvements révolutionnaires, qui s'attardent encore à la politique d'hier, doivent oser une politique
anticipatrice, la politique de demain.
Dans la moitié de l'Europe, les forces de gauche sont écrasées ou en exil. Là où elles ne sont pas
écrasées, elles marquent le pas, à la remorque de gouvernements qui désormais combattent
seulement en paroles. Quelle formidable puissance de suggestion tireraientelles d'une idée pareille,
idée simple, grandiose, à lancer aux foules. Quelle révolution dans les esprits et dans les coeurs. Au
lieu de tant d'oiseuses et inutiles parades antifascistes mondiales, qu'elles étudient et tentent un
Congrès européen.
L'imagination s'est épuisée. Mais que l'on imagine le contraste : d'un côté l'Allemagne nazie et
l'Italie fasciste qui continuent à s'enivrer (ou dans le cas de l'Italie à faire semblant de s'enivrer) de
leurs Duces, de leur ersatz, de leurs camps de concentration, de leur misère, de leur aristocratique
religion nationaliste et guerrière... de l'autre les peuples, grands et petits, portés les uns vers les
autres par un dynamisme irrésistible, qui proposent à 600 millions d'Européens – première étape
d'une solidarité plus vaste – de faire l'Europe. (...)
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fondamentale de l'union européenne qui animait la génération du front en 1918 et qui a été déçue par
la transformation de la Société des Nations en exactement l'inverse de ce pourquoi elle avait été
conçue.
(...) Tout en désirant seulement la paix, une Europe fasciste pourrait donner une réalité à la sécurité
collective grâce à un nouvel esprit collectif face à cette menace commune pour l'Europe et l'Empire
britannique que constituent les intrigues d'un pouvoir soviétique cherchant à gagner du temps, par la
négociation et les beaux discours, afin de détruire la civilisation occidentale en divisant d'abord les
grandes nations européennes, en les dressant ensuite les unes contre les autres.
Le système ploutocratique s'effondre à travers le monde et les peuples déroutés cherchent une
alternative qui représenterait un espoir de paix et de sécurité. L'alternative d'un mouvement
moderne s'élève avec un réalisme d'airain au milieu de la confusion politique ambiante, non
seulement comme un roc sur lequel l'humanité pourrait construire quelque chose de neuf mais aussi
comme une conception du monde illuminée par le plus haut idéal national et universel qui ait jamais
animé l'âme de l'homme. Le réalisme de la nouvelle foi s'appuie d'abord sur le fait primordial de
l'accord économique et de la justice pour chaque nation, sans lequel tout est vain. Il reconnaît
ensuite que la direction de l'Europe doit reposer sur les grandes puissances et que, concrètement, un
puissant bloc de quatre nations fascistes peut garantir non seulement la paix de l'Europe mais la paix
du monde une fois que leurs politiques respectives auront été ramenées à des objectifs communs
susceptibles d'être synthétisés. Mais le matérialisme seul est insuffisant, et, audessus de la réalité
de base d'une communauté d'intérêt, l'universalisme du fascisme et du nationalsocialisme nous
introduit déjà à l'idée puissante d'un monde nouveau commandant l'esprit de l'homme avec la force
d'une nouvelle religion. Le vieux monde ne doit plus revenir : ainsi la paix universelle dépend dans
chaque pays de la mort de celuici, et la GrandeBretagne, par la force matérielle et le pouvoir de
son leadership moral, devient le lieu du dernier combat entre l'Ancien et le Nouveau, un combat au
cours duquel l'avenir de la civilisation blanche sera décidé.
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d'obligation à la lettre morte des paragraphes dans les règlements internationaux ; de ce sentiment
d'intime et vive responsabilité, qui pèse et mesure les constitutions humaines selon les saintes et
inébranlables normes du droit divin ; de cette faim et soif de justice, proclamée béatitude dans le
Sermon sur la montagne, et qui a comme présupposé naturel la justice morale ; de cet amour
universel, qui est le résumé et le terme le plus élevé de l'idéal chrétien, et qui par là jette un pont
même vers ceux qui n'ont pas le bonheur de participer à notre foi. (...)
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[sic] et qui poussait les Anglais à affecter leur « splendid isolation », la dissolution de l'armée et
même de la république française sous le premier choc sérieux des forces allemandes (résultat qui –
il faut l'espérer – aura bien émoussé la conviction chauviniste de la supériorité absolue des Français)
et, en particulier, la conscience de la gravité du danger couru en commun d'un asservissement
général, représentent un ensemble de circonstances qui joueront en faveur de la constitution d'un
régime fédéral qui mette fin à l'anarchie actuelle. Et le fait que l'Angleterre ait admis désormais le
principe de l'indépendance indienne et que la France ait perdu, en perspective, en raison même de
l'acceptation de sa défaite, tout son empire, sont des facteurs qui rendent plus aisée la recherche
d'une base d'entente pour un aménagement européen des possessions coloniales.
A tout cela, il convient d'ajouter enfin la disparition de certaines parmi les principales dynasties et
la fragilité des bases sur lesquelles reposent celles qui subsistent. Il faut tenir compte, en effet, de ce
que les dynasties – qui considéraient les différents pays comme leur propre apanage traditionnel –
représentaient en raison même des intérêts puissants dont elles constituaient le support, un obstacle
sérieux sur la voie de l'organisation rationnelle des EtatsUnis d'Europe, lesquels ne peuvent se
fonder que sur la constitution républicaine de tous les pays fédérés.
Et lorsque, dépassant l'horizon du vieux continent, on tente d'embrasser, dans une vision
d'ensemble, tous les peuples qui constituent l'humanité, il faut pourtant bien reconnaître que la
Fédération Européenne est l'unique garantie concevable de ce que les rapports avec les peuples
asiatiques et américains puissent se dérouler sur une base de coopération pacifique, dans l'optique
d'un avenir plus lointain qui verrait la possibilité de l'unité politique de tout le globe.
La ligne de démarcation entre partis progressistes et partis réactionnaires suit donc désormais non
pas la ligne formelle du stade plus ou moins avancé de démocratie, du niveau plus ou moins élevé
de socialisme à instaurer, mais la ligne bien plus substantielle et toute nouvelle de séparation entre
ceux qui conçoivent comme finalité essentielle de la lutte la vieille ambition de la conquête du
pouvoir politique national – et qui feront par là même, et bien qu'involontairement, le jeu des forces
réactionnaires, en laissant se solidifier la lave incandescente des passions populaires dans le vieux
moule, et en permettant que renaissent les vieilles absurdités – et ceux qui verront comme une tâche
centrale la création d'un état international solide, qui canaliseront vers ce but les forces populaires et
qui – même après avoir conquis le pouvoir national – s'en serviront, en toute première urgence,
comme instrument de la réalisation de l'unité internationale.
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qu'anarchie (...)
La France seule des alliés est européenne, et c'est de la solution du problème européen qu'il s'agit :
les autres, Anglais, Américains, Russes, ont des mondes à eux dans lesquels temporairement ils
peuvent se retirer. La France est liée à l'Europe. Elle ne peut s'évader. De la solution du problème
européen dépend la vie de la France. Or nous avons vu que nécessairement le développement de la
situation européenne suivant une libération prochaine entraînera nécessairement les trois grands
pays à se protéger contre l'Europe, par conséquent contre la France. Car aucun accord auquel la
France pourrait se trouver entraînée par l'Angleterre, l'Amérique ou la Russie ne pourra la dissocier
de l'Europe avec laquelle, intellectuellement, matériellement, militairement, elle est liée...
C'est donc de la France que peut seule venir la conception de l'ordre nouveau européen et
l'impulsion qui peut permettre sinon d'espérer la réalisation complète, tout au moins de
l'entreprendre et de réussir en partie...
Il faut donc agir avant que l’ennemi s’écroule. Il faut agir maintenant. C’est là le devoir du Comité
français de la libération nationale. Il doit arrêter une ligne de conduite, sonder les Alliés non pas
pour avoir nécessairement leur agrément, mais pour tenir compte, dans la forme finale de la position
qu’il prendra, des points essentiels de divergence avec leur point de vue, car leur collaboration – ou
tout au moins celle de certains d’entre eux est nécessaire au succès de notre entreprise. Il doit alors
parler à la France et parler au monde.
Les buts à atteindre sont : le rétablissement ou l’établissement en Europe du régime démocratique,
et l’organisation économique et politique d’une « entité européenne ». Ces deux conditions sont
essentielles à l’établissement de conditions qui fassent de la paix en Europe un état normal. (...)
Le plan envisagé pour cette période provisoire n’aura de chances de succès que s’il est réaliste. Il
devra tenir compte des expériences historiques propres à chaque pays. Il ne devra pas séparer
artificiellement l’élément politique et l’élément économique, car cette distinction est contraire à
l’enseignement de l’histoire et aux nécessités de la vie gouvernementale. (...)
Enfin, le mécanisme des élections et plus généralement des institutions démocratiques suppose un
agencement administratif dont il serait peu recommandable d’improviser la structure sans se référer
aux précédents de l’époque libérale.
Dans ces conditions, il apparaît que la première étape doit consister à créer immédiatement des
pouvoirs politiques provisoires à base démocratique dans chaque Etat ; à maintenir l’économie
européenne dans cette période transitoire, sans que des droits de douane, etc., soient établis ; à ne
tenir le congrès de la paix que lorsque pourront s’y réunir les gouvernements provisoires dûment
mandatés des différents pays européens. (...)
La deuxième étape est essentiellement le congrès de la paix.
– Plan de reconstruction politique et économique de l’Europe ;
– Situation de l’Europe par rapport aux EtatsUnis, UK, URSS ;
– Programme du règlement de la question allemande, mouvements de population ;
– Constitution d’un Etat européen de la grosse métallurgie ;
– Contrôle par l’autorité européenne des fabrications et des lignes d’avion ;
– Association de l’URSS, UK, USA à ces systèmes et contrôles ;
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L'idée européenne en guerre : l'européanisme sous la botte totalitaire (1933-1945)
– Organisation politique et financière de l’Europe ;
– Organisation d’un Conseil mondial avec participation européenne.
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