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Susan Leigh Star, « Ceci n'est pas un objet-frontière ! Réflexions sur l'origine d'un concept »,
Revue d'anthropologie des connaissances 2010/1 (Vol 4, n° 1), p. 18-35.
DOI 10.3917/rac.009.0018
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1 Cet article a été rédigé par Susan L. Star à la suite d’une conférence qu’elle avait
prononcée à l’Université de Grenoble en septembre 2007. Au moment de son décès
le 24 mars 2010, Leigh Star était occupée à finaliser son écriture pour tenir compte
de l’évaluation dont la Revue d’Anthropologie des Connaissances lui avait fait bénéficier.
Article traduit de l’anglais par Mamadou Bassirou Bah et révisé par Dominique Vinck et Rigas
Arvanitis.
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INTRODUCTION
comme dans les frontières d’un État ou d’une tumeur. Cependant, dans notre
cas, le mot est utilisé pour désigner un espace partagé, le lieu précis où le sens
de l’ici et du là-bas se rejoignent. Ces objets communs constituent des fron-
tières entre groupes grâce à la flexibilité et à la structure partagée ; ils sont des
ingrédients de l’action. À l’origine, je défendais l’idée de les appeler des « objets
marginaux », ce qui aurait été encore plus déroutant. La marginalité en socio-
logie, surtout à ses origines, se référait à ceux qui appartiennent à plusieurs
groupes sociaux significatifs, comme les personnes ayant un héritage racial
mixte. Cependant, de nos jours, la marginalité évoque l’idée de marge / de péri-
phérie et aussi la fiction d’un centre, bien plus que ne peut le faire la notion de
frontière. Aussi, ai-je décidé d’utiliser le compromis qu’offre ce dernier terme.
Dans le langage courant, un objet est une chose, une entité matérielle
composée d’une matière plus ou moins bien structurée. Dans « objet-fron-
tière », j’utilise le terme objet à la fois dans le sens informatique et pragmatiste
et dans le sens matériel. Un objet est quelque chose sur et avec lequel des
personnes (ou, en informatique, d’autres objets et logiciels) agissent. Sa maté-
frontière mais seulement lorsqu’elle est utilisée entre plusieurs groupes, comme
cela est décrit plus haut.
Avec Bowker, nous avons examiné le sens complexe et quatri-dimensionnel
des deux termes « frontière » et « objet » dans le chapitre 9 de notre livre :
Sorting things out: Classification and its consequences (1999). Nous étions bloqués
comme si nous utilisions un langage Newtonien pour traiter de phénomènes
quantiques. Cela devient plus simple, je l’espère, lorsque chaque terme est
expliqué en rapport aux actions et à la coopération. Mais, les objets-frontière
sont à la fois temporels, encastrés dans l’action, sujet à réflexion et à l’adapta-
tion locale, mais aussi distribués dans chacune de ces trois dimensions. En ce
sens, ils sont n-dimensionnels.
C’est dans l’article original rédigé avec Griesemer sur les objets-frontière
que nous avions suggérés quatre formes possibles que peuvent prendre ces
objets, basés sur certaines formes d’action et de coopération. Elles ne devaient
pas être exclusives mais plutôt le point de départ d’un catalogue plus général !
Par exemple, nous avions suggéré qu’un objet, comme un inventaire, prenait
la forme d’un ensemble de choses modulaires qui peuvent être enlevées indi-
viduellement sans altérer ni changer la structure de l’ensemble. Une biblio-
thèque ou une collection d’études de cas (comme dans certains domaines de
la médecine ou dans le Talmud) sont un répertoire.
Un inventaire de ce genre est nécessaire pour rassembler des choses
conçues de manière itérative. Il permet que l’hétérogénéité (interne) d’une
chose à l’autre soit maintenue sans que cela ne devienne conflictuel. Dans un
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Ce travail fondé sur des catalogues de cas et les besoins de structurer l’in-
formation, cette ontologie de l’inventaire permet de mener de manière satis-
faisante des enquêtes privées (individuelles ou en petits groupes) et contrôler
la nature du commentaire ou du débat. Ce n’est pas un travail formel qui laisse
de côté ce qui est particulier mais plutôt un genre itératif qui, au contraire,
préserve ce qui est spécifique.
D’autres formes d’objets-frontière existent, certaines permettant des
caprices partagés, quand l’hétérogénéité est introduite « clandestinement » par
des groupes sans le mentionner aux autres, laissant ainsi flotter un flou sur le
« table virtuelle » du travail coopératif.
Depuis la publication de l’article originel sur les objets-frontière, il y a environ
vingt ans, bien d’autres formes ont été suggérées : les manuels scolaires, les
2 Bien entendu, les frontières d’un site sont plus facilement et rapidement transgressées /
traversées / passées outre / détournées que dans un livre, comme nous commençons à le faire et
à le comprendre. Mais, voir Star (1998), sur théorie ancrée et classification multi facettes pour un
examen des premières tentatives de création de nombreux types de frontières.
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Selon John Dewey, une enquête commence dans le doute et finit lorsque cette
tension est relâchée. Au départ, mes interrogations sur la nature du savoir
scientifique ont débuté comme des voyages ethnographiques, examinant la fa-
çon dont les scientifiques travaillent ensemble, dans le contexte de leurs alliés et
institutions. Puisque je viens d’une tradition de la sociologie qui a eu tendance à
étudier les gens ayant eu toutes sortes de parcours de vie, j’étais prédisposée à
observer l’écologie de l’espace de travail : tout ce qui est impliqué dans la média-
tion des connaissances, du concierge jusqu’au prix Nobel. (L’interactionnisme
symbolique et/ou la sociologie de l’École de Chicago considèrent ceci comme
des marques.)
semble étrange, bizarre, anormal. Qu’est-ce qui les fait douter ? Comment
est-ce que ça peut se transformer en questionnement ? En cela, la force de la
recherche sur le terrain est son étrangeté anthropologique, et ceci est d’autant
plus important dans les premières étapes du questionnement.
Je vais maintenant mettre en évidence cinq anomalies qui ont attiré mon
attention et m’en servir pour jeter la base d’une analyse de l’infrastructure et
des objets-frontière, ainsi que du programme de recherche sur les standards
que j’ai développé au cours de ces dernières années.
et d’autres fluides non-identifiés. Par contre, et c’est quelque chose que l’on
retrouve systématiquement en sociologie des sciences dans les années 1980,
le rapport de l’expérience est propre et ne fait pas mention des vicissitudes
du contexte de l’expérience. Cette anomalie a attiré mon attention sur deux
aspects : l’ampleur du travail invisible qui sous-tend toute expérience scientifique
et la matérialité qui agit comme médiateur dans la conduite de la science. Le
travail invisible, un concept que j’avais rencontré en tant que militante féministe,
se réfère à l’origine aux tâches ménagères non payées (voir Star et Strauss,
1999). J’en suis venue à développer des modèles de travail invisible pour étudier
le développement des systèmes informatiques et pour rendre compte de la
matérialité des représentations exposées.
Dans tout ceci, l’écart entre les représentations formelles, y compris les
publications, et le travail « en coulisse », non rapporté, est devenu en lui-même
un lieu important d’analyse. Ceci a subtilement influencé le développement des
objets-frontière pour permettre de saisir l’adaptation locale en tant que forme
de travail invisible au groupe dans son ensemble et la façon dont une représen-
Les mêmes chercheurs qui faisaient subir aux singes des expériences pénibles
s’occupaient aussi de patients humains atteints de tumeurs cérébrales, l’épi-
lepsie, la syphilis et d’autres « troubles nerveux ». Ils n’avaient pas beaucoup de
subventions et au 19e siècle, la recherche en physiologie animale et humaine était
relativement rare et très contestée en Grande Bretagne. En l’absence de la télé-
métrie médicale moderne, les chercheurs mobilisaient les familles de patients
épileptiques pour recueillir les informations sur les crises en les mentionnant
sur ce qu’ils appelaient « les fiches crises » ou sur des formulaires pré-imprimés
avec des listes de symptômes, la durée ainsi que d’autres données. Les membres
des familles, pauvres et affligés, essayaient désespérément de se soumettre à
l’effort de collecte de données. Les formulaires qu’ils remplissaient sont des
documents émouvants qui révèlent les rapports de classe et la médecine à la
fin du 19e siècle en Angleterre, crayonnés, mal orthographiés et assidûment
rapportés pour les dossiers du médecin. De plus, ils racontent une histoire
supplémentaire : tout autour, dans les marges des documents, sont griffonnés
des messages, à l’intention du médecin, qui n’entrent pas dans le formulaire : « a
mangé trop de soupe hier » ; « exposé à l’air nocturne » ; « a fait un tour de
calèche seul ». Toute une médecine populaire se trouve dans ces commentaires
latéraux, tout au long des formulaires remplis. Mais cette richesse d’information
était écartée et considérée comme sans importance, perdue dans les dossiers,
même si, en un sens, les patients participaient à la recherche comme assistants
des cliniciens.
Cette anomalie a orienté mon attention sur le problème de la collecte, de la
discipline et de la coordination de la connaissance distribuée. Comment le travail
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Je dois dire que la vue de l’oiseau m’a très fortement marquée. Cette chose ne
correspondait pas à ses catégories. En histoire naturelle, si quelque chose est
collecté sans étiquette appropriée ni documentation de son habitat, il est tout
simplement inutilisable pour le biologiste professionnel (ou, comme me l’a dit
un peu abruptement un conservateur du musée : « sans étiquette, c’est juste de
la viande morte »). Mais là, Grinndell était aussi un spécialiste des oiseaux plutôt
actif dans les cercles amateurs. Peut-être connaissait-il la personne qui lui avait
écrit la lettre. Il n’a pas jeté l’oiseau ; au lieu de ça, il l’a mis dans une pochette
qu’il avait trouvée, avec divers reçus. Cette quatrième anomalie a attiré mon
attention sur ces choses qui ne correspondent ni aux catégories ni aux stan-
dards, qui se retrouvent glissées, littéralement ou au figuré, dans le classeur le
plus proche.
Les restrictions et les standards, ainsi que l’utilisation de solutions brutales
aux problèmes que posent les inter-catégories, me fascinent toujours autant.
Ceci s’applique aussi aux personnes que l’on inclut dans la marginalité, à la fois
politiquement et scientifiquement, ou dans la catégorie « autre ». J’ai enseigné et
une étude ethnographique que j’ai menée sur une communauté de biologistes
qui séquençait le génome d’un nématode. J’ai travaillé en partenariat avec un
informaticien, développeur de programmes, pour m’assurer que le système,
un « labo virtuel » de partage et publication de données, correspondait aux
exigences de travail des biologistes. C’était une des premières tentatives
des fondateurs de créer des « co-laboratoires » et d’encourager l’échange
de données entre scientifiques. Nous étions au début des années 1990, aux
balbutiements d’Internet : le projet ne s’appuyait lui-même pas sur Internet.
(Je pourrais même ajouter que j’ai été contactée par cet informaticien après
qu’il ait lu le livre sur le cerveau et reconnu tous les défis des situations de
travail impliqués par la construction d’un système de communication entre les
mondes sociaux !). L’anomalie dont je vais parler maintenant s’est produite
alors que je me rendais dans plus de quarante laboratoires pour interviewer
des nématologues (biologistes des vers) à propos de leur utilisation du système
prototype. Une interaction typique : téléphoner à un laboratoire et dire : « Je
m’appelle Leigh Star et je fais une analyse des besoins et de l’utilisabilité du
système Worm Community. Utilisez-vous le système ? Est-ce que je pour-
rais venir voir votre travail et vous poser quelques questions ? » La plupart
disaient oui bien sûr, on adore le système, venez donc. J’y allais donc, parfois
cela voulait dire voyager d’Angleterre jusqu’à Vancouver, et j’entrais dans le
labo avec le bloc note et le crayon, prête à prendre mes notes de terrain. Je
commençais par demander qu’on me montre comment le système avait été
installé et à quel moment il s’intégrait dans le flux de leur travail. À plusieurs
reprises, l’interaction se déroulait comme suit :
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clarifier tout ça n’était jamais facile. Les utilisateurs aimaient bien l’interface du
système quand ils étaient installés devant, pourtant, ils ne savaient pas comment
la transformer en une infrastructure fonctionnelle et fiable. Ils demandaient à
l’équipe WCS qui leur répondait avec des termes complètement étrangers. J’ai
commencé à regarder cela comme un problème d’infrastructure.
Ma collègue Karen Ruhleder et moi-même avons utilisé cette énigme pour
élaborer une liste des caractéristiques de l’infrastructure (Star et Ruhleder,
1996)5. Le fait de lier l’infrastructure à la connaissance de communautés de
pratiques particulières et de la redéfinir comme on vient de le faire a nourri
beaucoup d’articles et de projets de recherche qui visent à comprendre la nais-
sance, la maturation et la mort des infrastructures (qu’elles soient réussies ou
défaillantes).
• Encastrement (embeddedness). L’infrastructure est contenue, comme
« coulée » à l’intérieur d’autres structures, arrangements sociaux et
technologies.
• Transparence. L’infrastructure est transparente pour l’usager, c’est-
à-dire qu’il n’y a besoin ni de la réinventer à chaque fois, ni de l’as-
sembler pour chaque tâche, tout en restant un soutien invisible de
ces tâches.
• Portée ou étendue. Elle peut être spatiale ou temporelle ; l’infrastruc-
ture va au-delà d’un événement isolé ou d’une pratique unique.
5 Article traduit et publié dans le présent numéro de la Revue d’Anthropologie des Connaissances.
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6 En anglais, Leigh Star utilise l’exemple : « time flies like an arrow ; fruit flies like a banana »
(littéralement, le temps passe aussi vite qu’une flèche, les mouches aiment les bananes, en jouant sur
le mot « fly » qui signifie la mouche et aussi le verbe voler).
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est donc « oui, tous les objets peuvent être des objets-frontière sous certaines
conditions ». Par exemple, lorsque archéologues et philologues classiques ont
collaboré pour interpréter certains mots de la pierre de Rosette, il est probable
qu’un petit groupe de mots (voire un seul mot) ait été un objet-frontière, fondé
sur la nature de leurs relations de travail. Mais, par ailleurs, n’importe quel
mot prononcé par n’importe qui comporte autant de flexibilité interprétative
selon les interlocuteurs ou le public à qui on s’adresse que n’a pu l’avoir ce mot
particulier. Toutefois, rares sont les cas où les chercheurs étudient les arrange-
ments de travail eux-mêmes ou tout autre caractéristique des objets-frontière
parmi celles que je viens de signaler ci-dessus. La seule exception serait bien sûr
l’étude de textes sacrés ou toute autre entreprise philologique.
La portée. Un autre genre de questions qu’on me pose souvent à propos
des objets-frontière concerne les objets diffus, distribués qui, comme les mots,
peuvent ou non être rattachés à des arrangements de travail coopératif ou
collectif. Par exemple, une question courante est : « est-ce que les Beatles (ou
autre personnalité très connue) ne seraient pas des objets-frontière ? » Une
frontière. Ils sont tous, c’est certain, sujet à la flexibilité interprétative. Par
contre, je crois que la portée le plus utile de ce concept est plus spécifique. Je
pense qu’il serait plus intéressant d’étudier les gens qui fabriquent, qui font la
publicité et qui distribuent le drapeau américain, ainsi que leurs arrangements
de travail et leur hétérogénéité que de simplement dire que beaucoup de gens
ont une interprétation différente du drapeau américain. Bien que ce soit vrai,
cela ne nous mène pas bien loin en termes d’analyse de la compréhension de la
matérialité et des propriétés infrastructurelles de ce drapeau.
Une dernière question sur les frontières des objets-frontière concerne leur
origine, leur développement et, parfois, leur fin ou leur échec. Je crois que
cela concerne trois dimensions : les standards, les méthodes et les catégories
résiduelles. La chose la plus importante dans cette histoire est de dire qu’un
objet-frontière obéit ou répond aux critères décrits plus haut. Avec le temps,
certaines personnes (souvent des administrateurs ou des agences de régulation)
essayent de contrôler ce mouvement d’alternance propre aux objets-frontière
et, en particulier, de standardiser et de rendre équivalent les aspects bien struc-
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Objet(s)-frontière
générées par certains régimes de standardisation qui ont été développés in situ.
Gérer les habitants et les objets des espaces résiduels, même les nôtres, est une
autre exigence méthodologique. Comme plusieurs de ces processus se produi-
sent sur des décennies, voire des siècles, il sera nécessaire de traiter ces ques-
tions avec des experts des archives et des historiens. Une combinaison de ces
exigences nous amènerait plus loin dans la compréhension des dynamiques de
base décrites plus haut.
Enfin, une dernière exigence, peut être la plus importante, serait de déve-
lopper un cadre d’analyses sophistiqué pour la compréhension de l’information,
des expériences vécues et de l’infrastructure. Nous vivons dans un monde où
sont conduites continuement des batailles et des drames entre le formel et
l’informel, le bien-structuré et le mal-structuré, le standardisé et le sauvage. Ces
batailles sont parfois bénignes et parfois elles apportent un immense service à
l’humanité, comme la standardisation des données sur les changements clima-
tiques (en tout cas les tentatives s’en approchant). D’un autre côté, les tenta-
tives de sur-standardisation (avec des outils comme la surveillance électronique)
Remerciements
Tout d’abord, tous mes remerciements vont à mes collaborateurs James Griesemer
et Karen Ruhleder pour leurs contributions considérables à bien des idées présentées
ici. Mes amis de l’université de Grenoble qui m’ont aidé à cadrer cette discussion :
Dominique Vinck, Pascale Trompette et Virginie Tournay. Tous les autres qui ont
contribué de diverses manières : Richard Boland, Geoffrey Bowker, Larry Busch, Anne
Saetnan, Madeleine Akrich et Steve Jackson. De nombreuses années se sont écoulées
depuis la publication de l’article originel sur les objets-frontière et beaucoup de
personnes ont contribué à l’affinement de ce concept. Je ne peux que remercier tous
ceux qui ont insisté avec leurs questions et qui m’ont poussé à clarifier ma pensée.
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