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Etude de cas
Mounir Balloumi
Version provisoire
Partie I : Développement du territoire et AMCP : Etat des lieux et analyse rétrospective des
interactions clés 3
Chapitre 1 : Le développement territorial autour des îles Kuriat: Forces motrices et tendances
socioéconomiques et écologiques ................................................................................................ 2
Chapitre 2 : La protection des îles Kuriat et les projets de développement de cette protection : quels
effets sur le développement territorial ? ....................................................................................... 1
Conclusion ............................................................................................................................ 5
Partie 2 : Analyse prospective et estimation de l’effet généré par les îles Kuriat sur le
développement territorial 5
Chapitre 3 : Les avenirs potentiels du développement territorial et des effets de protection des îles
Kuriat .................................................................................................................................. 5
Chapitre 4 : Evaluation de l’effet de protection des îles Kuriat sur le développement du territoire :
variations des bénéfices et coûts ................................................................................................. 7
Conclusion du rapport 2
Introduction
concentrée en Amérique du Nord et en
Alors que le sommet de la Terre tenu à Rio en Australie, et concerne principalement les
1992 célèbre son vingtième anniversaire, la utilisations récréatives (par exemple Carlsen et
relation entre conservation de l’environnement Wood, 2004; Driml et Common, 1995;
et bien-être des individus dans une perspective Leeworthy et Wiley, 2002; Lindberg et
de développement durable, est un sujet Denstadli, 2004; Stynes et al, 2002; Tremblay et
d’actualité. Ce constat est particulièrement vrai Carson, 2007). En Europe du Sud, un nombre
pour le milieu marin, qui fait partie des 7 axes important d’AMCPs a également été créé,
principaux de la Conférence de Rio+20. C’est particulièrement en Méditerranée (Anon, 2006).
dans ce contexte que les Aires Marines et Bien que des informations sur leur impact
Côtières Protégées (AMCP), zones de économique puissent être trouvés dans
protection des richesses environnementales, quelques études monographiques (IRAP, 1999;
mais également zone de restriction des usages Musard, 2001; Perez- Ruzafa, 2003; Ramos,
limitant les formes habituelles de 1992; Ribera-Siguan, 1992; Richez, 1992), peu
développement, sont des instruments d'attention a été portée à l’évaluation
complexes qui jouent un rôle ambivalent vis à économique des AMCP de la Méditerranée
vis de la population. (Badalamenti et al., 2000 ; Roncin et al, 2008).4
Depuis les années 1990, une littérature Pourtant, si la Méditerranée ne représente que
importante a donc été consacrée à l’évaluation 0.7% de l’océan mondial, elle abrite une
économique des avantages nets fournis à la biodiversité et fournit des services écologiques
société par les AMCP en utilisant différentes considérables pour le système économique et le
méthodologies1. L'évaluation de l'impact bien-être humain. En tant qu’espaces protégés,
économique local d’une AMCP n'aborde pas la les AMCPs méditerranéennes sont des lieux
question de ses avantages pour la société dans d’évaluation privilégiés de ces bénéfices. Cette
son ensemble, mais la question plus pratique étude porte en particulier sur la situation des
des conséquences économiques de sa mise en îles Kuriat, au sein du gouvernorat tunisien de
œuvre pour les communautés locales littorales. Monastir, qui bénéficient actuellement du statut
Bien que l’objectif de base de création d’AMCP de zone sensible littorale, mais pourraient être
ne soit pas le développement économique mais élevées au rang d’AMCP dans les années à
la conservation d'écosystème, la question de venir.
son influence sur le développement territorial
économique local est critique parce qu'il dirige Les AMCPs affectent potentiellement deux
son acceptabilité sociale2. En effet, si le spectre types d’usages d'extraction et de non extraction.
des avantages attendus de mesures de Dans le cas des îles Kuriat, la première
conservation suite à la création d’AMCP ne se catégorie est principalement représentée par des
limite pas au développement d’activités pêcheurs, tandis que la deuxième catégorie est
économiques spécifiques à la zone protégée en grande partie composée d'utilisateurs des
(pouvant concerner jusqu'à l'ensemble de activités de loisirs comme la plongée sous-
l’humanité dans le cas de valeurs d'existence), la marine, l’observation des différentes espèces
plupart des restrictions qu’elles imposent aux faunistiques et floristiques, la promenade au
activités humaines ont un caractère local3. voisinage des îles et la baignade. A travers une
mise en contexte du site d’étude dans son
La majorité d'études évaluant l'impact territoire, puis une analyse coûts avantages, ce
économique local de réserves naturelles est
Les objectifs de cette première partie s’inscrivent dans la problématique générale d’évaluation
économique des effets de protection des îles Kuriat sur le développement socioéconomique de la zone
littorale de Monastir.
Cette partie est relative à la caractérisation des îles Kuriat. Il s’agit plus précisément de présenter toutes
les données nécessaires à l’étude, renseignant sur toutes les spécificités du site étudié, l’occupation du
sol, les pressions anthropiques et les sources de nuisance. Dans un premier chapitre, on étudie la région
de Monastir d’une manière générale tout en mettant l’accent sur sa zone littorale. Puis dans le deuxième
chapitre, on se focalise sur la situation des îles Kuriat. La connaissance de l’état du développement de la
zone d’étude permettra d’en évaluer économiquement ses potentialités et d’en définir les scénarios de
gestion possibles.
Le Gouvernorat de Monastir est une région est dû à la migration des régions intérieures.
côtière qui est situé dans le Centre Est de la Des soldes migratoires positifs ont été
Tunisie et couvre une superficie de 1024 km², respectivement de 6539 et de 16877 durant les
soit 0,6 % de la superficie du pays. Il est limité deux recensements de la population de 1994 et
par la Méditerranée à l’Est et, au Sud par le de 20045.
Gouvernorat de Mahdia et au Nord et à l’Ouest
par le gouvernorat de Sousse (voir figure 1). La
côte de Monastir s'étend sur 64 km, d’Oued
Hamdoun à Bekalta. Elle est une région ayant
une économie diversifiée (industrielle, agricole
et touristique) qui ne cesse de se développer.
des particuliers, et destinés aux touristes algériens et llibyens. Ce type de 20 Estimation basée sur 12% de la valeur ajoutée du tourisme à l’échelle
tourisme informel n’est pas compté ici à cause de la non-disponibilité nationale.
des données. 21 Office national de tourisme Tunisien (ONTT), 2010
l’étude sur les îles Kuriat faite en 2000, le plan de l’année 2010 au prix courant national, est
de gestion prévoit l’autorisation de la visite des estimée à 228 millions dinars (118 millions €) ce
îles pendant la période touristique du mois de qui représente presque 5% de la production
mai au mois d’octobre selon la fréquence de nationale agricole, et parmi laquelle
200 personnes par jour, ce qui implique presque l’exploitation des produits de la mer contribue à
36 000 personnes par an22. Sur la base hauteur de 12% environ (graphique 3).
d’observation et d’entretiens, il s’avère que les Graphique 3. Parts de différents produits agricoles dans la
îles Kuriat sont actuellement fréquentées par valeur ajoutée agricole dans le gouvernorat de Monastir
presque 50 000 personnes par an, tous usagers (en %)
récréatifs confondus (touristes, pêcheurs
récréatifs, plongeurs…), dont la plupart sont 11,5 0,7 Céréales
des habitants locaux à cause de manque 26,3 Arboriculture
d’infrastructures et d’aménagements attirant les
internationaux. Seuls 10% des visiteurs d’iles Produits
seraient des touristes étrangers (graphique 2). maraichers
L’accroissement de 5% à 10% durant les années 32,8 Produits
1990 du nombre annuel des visiteurs, s’est d'animaux
Produits de la
traduit par une augmentation des bénéfices des mer
activités ayant trait à ces visites (transport en 28,7
bateau, restauration). Toutefois, cet
accroissement peut avoir un effet négatif sur
Source : CRDA Monastir, 2010.
l'environnement et par suite diminuer
l'attractivité de la destination et faire douter du La pêche a une grande importance sociale dans
caractère durable du niveau de fréquentation23. le gouvernorat de Monastir. Elle est une activité
Graphique 2. Estimation de la répartition des visiteurs de traditionnelle dans la région. Le poids de la
loisir aux îles Kuriat pêche dans l’ensemble des activités
économiques dans le Gouvernorat de Monastir
80%
se reflète dans sa contribution à la valeur
60% ajoutée agricole (12% environ) et aussi dans la
40% population qu’elle emploie, soit 3 788
personnes à titre permanent (ce qui représente
20%
presque la moitié de la main d’œuvre agricole24.)
0% La flottille est estimée à près de mille
Locaux Nationaux Etrangers embarcations en 2010 (soit une augmentation
Source : questionnaires directs, 2011 de presque 25% par rapport à 2000) dont la
moitié est motorisée.
Parmi les autres secteurs de l'économie,
l’agriculture occupe une place importante dans Les données sectorielles existantes pour les
le développement de l’économie régionale et côtes de Monastir témoignent de la fragilité des
principalement les cultures sous serres pour métiers de pêche au regard de la stagnation de
lesquelles le gouvernorat occupe le premier la production observée depuis 2006 autour des
rang au niveau national. Le Gouvernorat de 16 000 tonnes par an; ce qui représente
Monastir est connu pour sa vocation agricole actuellement 16% de la production nationale.
en raison de ses vastes oliveraies, ses La production nationale a d’ailleurs elle-même
traditionnelles exploitations maraîchères et ses baissé de 9,7% entre 2006 et 2010. Sur la base
cinq ports de pêche : Monastir, Ksibet El- de ce niveau de production, le chiffre d’affaires
Mediouni, Sayada, Teboulba et Bekalta. La estimé pour la zone s’élève à environ 57
valeur totale de la production agricole, au terme millions de dinars (29,7 millions d’€) en 2010.
22 APAL/SCET-TUNISIE, 2000
23 APAL/SCET-TUNISIE, 1999 24 CRDA, 2010
Cette production découle de pratiques artisanales et côtières illustrées par la taille
modeste des bateaux, la distance relativement
proche des sites de pêche par rapport aux côtes,
à la taille restreinte de l’équipage et aux
techniques utilisées (13% de pêche côtière, 2%
de pêche au chalut, 75% de pêche au feu25, et
10% d’autres pratiques). Certaines techniques
de pêche telle que le chalutage ont causé
localement la destruction d’herbiers, zone de
frayère pour de nombreuses espèces, entrainant
la diminution du stock des ressources
halieutiques et de lourdes conséquences sur le
plan écologique. La stagnation du niveau des
captures halieutiques ainsi que les risques de
diminutions de l’activité due à la dégradation du
milieu marin et des stocks halieutiques
pourraient non seulement affecter la pêche elle-
même mais aussi d’autres activités liées à son
processus de production et distribution comme
la construction navale26.
Le gouvernement de Monastir fait partie du
littoral tunisien qui concentre les richesses et les
investissements du pays. La dynamique
économique du territoire est principalement
tirée par l’industrie du textile et de l’habillement
et les services liés au tourisme balnéaire qui
s’appuie sur un territoire fortement ancré dans
une tradition socioéconomique agricole dans
l’arrière pays. Actuellement, les projets de
développement économique de la région de
Monastir ne font pas référence aux îles Kuriat ;
or l’utilité multiple de ces îles est pourtant non
négligeable, tant au plan écologique qu’au plan
économique, considérant les activités liées aux
services écologiques rendus par ces îles.
27 Les sebkhas et chotts sont des lacs plus ou moins salés qui se
forment sous l’effet conjugué de pluies torrentielles subites et d’un
ruissellement rapide dans des paysages quasi désertiques, lesquels
entraînent parfois la formation de vastes étendues d’eau dans des
dépressions continentales. Ils se trouvent généralement en Afrique du
Nord et au Moyen-Orient. Dans un chott, la végétation permanente est
éparse avec des îlots de verdure chaque fois que l’eau est présente. Les
invertébrés y sont limités à une poignée d’espèces adaptées aux
conditions xériques (caractérisé par une forte sécheresse) et les oiseaux
Source : réalisation personnelle
d’eau sont rares. La sebkha, plus salée que le chott, est une dépression
peu profonde renfermant de l’eau pendant de plus longues périodes;
elle ne s’assèche généralement qu’au plus fort de l’été (Tiré de l’OZHM,
http://www.medwetlands-obs.org/fr/content/chotts-sebkhas-dayas-
et-garaets, accédé en avril 2012).
28 APAL/SCET-TUNISIE, 1999
Les îles Kuriat possèdent un potentiel en termes Ramos-Espla et Ben Mustapha (2010) ont
de biodiversité terrestre et marine d'une identifié les principaux habitats marins et
importance environnementale avérée. Les espèces des îles Kuriat en classifiant les
différentes espèces faunistiques et floristique biotopes marins existants et listant les
recensées, tant au niveau du milieu terrestre que biocénoses et les espèces présentes dans la
marin, présentent un haut degré de rareté et partie marine. Ils ont accordé une attention
vulnérabilité. Ces îles présentent plusieurs particulière aux herbiers de phanérogames
intérêts écologiques : lieux d’habitat, de marines et aux espèces et habitats d’importance
nourrissage et/ou de reproduction pour de méditerranéenne, spécialement celles figurant
nombreuses espèces avifaune ou piscicoles, dans les annexes du Protocole pour les Aires
notamment. La biodiversité terrestre renferme Spécialement Protégées, sous l’égide de la
une grande diversité floristique (photos 2 et 3) Convention de Barcelone (pour un
et faunistique (une végétation halophile, une recensement quantitatif des poissons et
végétation psammophile, une végétation céphalopodes autour de la Grande Kuriat, voir
ligneuse, des oiseaux migrateurs et de annexe 4).
nombreuses espèces de nicheurs, la fauvette
mélanocéphale, le Pinson du Nord et le Langar et al. (2011) complètent cette étude en
Goéland railleur, l'herpétofaune et les mettant l’accent sur les éléments naturels des
mammifères terrestres.) récifs-barrières de posidonie et les fonds de
maërl. Ils ont trouvé que tous les herbiers
La biodiversité marine se caractérise
présentent une densité foliaire proche des 700
notamment par la présence d'herbiers de
faisceaux/m et peuvent être ainsi classés en
posidonie, de fonds de maërl, de la grande
herbiers denses à très denses selon la
Nacre Pinna nobilis, et de la tortue Caouanne
classification de Giraud (1979). La superficie
Caretta caretta, espèce classée en danger par
couverte par les herbiers de posidonie, de
l’UICN. La tortue Caouanne, par ailleurs
2959,5 ha représente presque 75% de leur
facteur d’équilibre du milieu marin, constitue
projet d’AMCP. Ils ont constaté aussi que le
l’une des raisons majeures de la protection des
maërl, qui couvre presque 10% de ce projet, se
îles Kuriat, celles-ci étant l’un des principaux
trouve dans des profondeurs allant de 0,5 à 3
sites de nidification de la tortue Caretta caretta au
mètres sur les fonds rocheux de la grande île et
sud de la Méditerranée. La nidification de la
de 0,5 à presque 2 mètres de la petite île. Les
tortue Caretta caretta sur la grande Kuriat a été
fonds de maërl jouent un rôle important dans la
mise en évidence pour la première fois en 1988
séquestration du dioxyde de carbone. Pour une
alors que sur la petite Kuriat cela n'a été fait
capacité de stockage annuel de 1,18 t
qu'en 199329.
CO2/ha/an, le total de flux de CO2 séquestré
Plongeurs sous marins explorant les herbiers de posidonie par la zone marine est égal à 14 512 t en 2010.
La valeur du flux de CO2 séquestré est de 399
milliers de dinars (206 milles €) en 2010.
31 JORT, 1995
32 loi 95-72, JORT, 1995 33 APAL/SCET-TUNISIE, 1999
Selon les techniciens de l’INSTM, le but de la spécifiquement de la gestion et de la
mission consiste principalement à mesurer surveillance des lieux.
l'importance de l'activité de nidification de la
tortue marine Caretta caretta sur la grande et la Le territoire terrestre des îles n'est pas aménagé
petite Kuriat par le nombre des nids déposés, le et aucune habitation n’est autorisée. Dans les
succès de l'éclosion et celui de l'émergence des îles, toutefois, une personne vit sur la petite
nouveau-nés ; recenser les problèmes qui Kuriat; tandis que la grande Kuriat est en partie
entravent ce phénomène ; garder les nids et occupée par des militaires depuis 1989. Cette
assister les nouveau-nés à gagner la mer ; faible occupation des lieux fait que la capacité
procéder à un marquage intensif des femelles des usages pourrait être maîtrisée et elle serait
nidifiantes pour déterminer quelques adaptée à la capacité de charge des écosystèmes.
paramètres de la reproduction de la tortue Toutefois les îles Kuriat sont exposées à des
marine Caretta caretta nécessaires à toute action dégradations environnementales du fait des
de conservation et surtout pour les estimations différentes activités touristiques pratiquées et
de populations. Sur le plan de la conservation, notamment de la concentration des pratiques
les nids sont protégés par des cages métalliques en période estivale et de certaines pratiques de
du piétinement et des dérangements des pêche. En l’absence de surveillance effective,
visiteurs et les nouveau-nés sont assistés pour des activités interdites sur des fonds de moins
ne pas finir dans les filets des pêcheurs. Les de 50 m telles que la pêche au chalut, aux filets
nids déposés dans des endroits jugés risqués traînants (seine de plage, kiss) ou à la seine
(possibilité d’inondation ou difficulté pour les tournante, sont pratiquées quasi-librement.
petits à rejoindre la mer) sont transférés dans
des endroits plus sûrs. La fréquentation des pêcheurs autour des îles
Kuriat varie au cours de l’année, la période
Selon les responsables de CAR/ASP, les frais
creuse étant le printemps (graphique 4). La
de la campagne de suivi de la nidification des
pêche est plutôt de type professionnel et plus
tortues marines varient d’une année à l’autre. Ils
de 70% des pêcheurs extraient plus d’1,2 tonne
s’élevaient à 7 711 dinars (4 000 €) en 2010. Les
de poisson par an autour des iles Kuriat
frais annuels du personnel relatifs à la gestion
(graphique 5). En outre, plus de 60% des
des îles sont estimés à presque 9 500 dinars (4
pêcheurs fréquentent régulièrement les eaux des
927 €). Toutefois, il n’y a pas réellement un
îles Kuriat, en effectuant plus de 50 sorties en
budget alloué à la gestion des îles Kuriat, car il
ces lieux par an (graphique 6).
n’y a pas de personnel sur place s’occupant
60%
100% 80% 70%
70% 50%
80% 60% 40%
50%
60% 30%
40%
30% 25%
40% 20%
20%
10% 5% 10%
20%
0% 0%
0% < 600 kg 600 - > 1200 Inférieur 50 - 150 Supérieur
hiverprintemps été automne 1200 kg kg à 50 à 150
Source : questionnaires directs, 2011.
Source : questionnaires directs, 2011.
Source : questionnaires directs, 2011.
Les visites aux îles Kuriat par bateau se font Bateau transportant les visiteurs aux îles Kuriat
principalement durant la saison touristique qui
commence du mois du mai jusqu’au mois
d’octobre. Selon les bateliers presque 85% des
visiteurs fréquentent l’île aux mois de juillet et
d’août et les visites se concentrent
essentiellement sur la petite Kuriat. Mais, bien
que la grande Kuriat soit sous surveillance
militaire, elle est aussi fréquentée par les
estivants pour des pratiques balnéaires ainsi que
par les visiteurs du marabout Sidi Saâd34. Les
îles Kuriat ne sont pas facilement accessibles
pour les visiteurs, l’appontement existant est en
mauvais état ; les bateaux transportant les
visiteurs s’arrêtent donc en mer face aux îles Estivants sur la plage de la petite Kuriat
avant leur acheminement par petites
embarcations. Il y a 6 bateaux d'excursion qui
transportent les visiteurs de Monastir aux îles
Kuriat. En moyenne 7 ouvriers travaillent à
bord de chaque bateau. Il n'y a pas coordination
entre les différents bateaux, ni de surveillance
sur site, par conséquence les îles sont parfois
sur-fréquentées en été. L'intensité des usages
aux mois de juillet et d'août n'est pas adaptée à
la capacité de charge. Selon le rapport de phase
2 de l’étude faite par l’APAL en coopération
avec la SCET-TUNISIE sur la gestion des Îles
Kuriat en 2000, le nombre moyen de visiteurs
autorisés est égal à 200 personnes par jour
durant la période du mai à octobre ; or en été, La pêche de loisir, quant à elle, est plus pratiquée
cette fréquentation journalière est aisément aux alentours de la grande Kuriat que la petite
dépassée selon différentes observations. En Kuriat parce qu’elle est plus riche en ressources
effet, la fréquentation des plages des îles par les halieutiques. La grande Kuriat est caractérisée
estivants et le dépôt des déchets solides par ses côtes rocheuses et par la présence de
notamment des sacs en plastique, que les larges banquettes de posidonie sur ses côtes sud
tortues peuvent confondre avec les méduses et sud-ouest35. Entre 2000 et 2010, le nombre
(leurs principales sources d’alimentation), des pêcheurs de loisir a augmenté et est passé de
constituent une source de nuisance importante presque 20 à 30 pêcheurs réguliers. Selon les
pour les tortues et leurs sites de nidification. investigations menées, ces pêcheurs pêcheraient
près de 5 kg par sortie par personne; ce qui
montre que cette pratique, outre sa dimension
récréative s’avère être aussi un moyen
d’améliorer les consommations alimentaires du
ménage, voir, de constituer un complément de
revenu. La fréquence de l’activité de pêche
récréative laisse supposer qu’elle est devenue
une deuxième source de revenu pour certains
34 Le Marabout est un édifice construit autour de la sépulture d’un saint résidents de la côte. Il s’agit donc d’une pêche
personnage et autrefois consacré à l'enseignement religieux. De nos
jours, ce lieu est encore fréquenté par des gens en pèlerinage à
l'occasion d'une fête religieuse ou cherchant dans le sanctuaire un havre
de paix et de quiétude. 35 Langar et al., 2011
commerciale déguisée, dont l’ampleur s’avère Mouillage de bateau à proximité des îles Kuriat
importante. Sur la base des entretiens directs
avec certains pêcheurs de récréation, le revenu
annuel moyen par pêcheur est de presque 2 000
dinars (1 037 €). Ce revenu reste tout de même
très inférieur au revenu moyen par tête
d’habitant dans le gouvernorat du Monastir, qui
est de l’ordre de 6 342 dinars (3 288 €).
Parallèlement, le nombre
Chasseur sous-marin
de pêcheurs sous-marin
aux îles Kuriat est estimé
à 80 pêcheurs ; dont le
revenu annuel moyen
par personne est estimé Ainsi, le pic de fréquentation multi-usage se
à presque 5 000 dinars situe essentiellement aux mois de juillet et août
(2 593 €)36. Il n'y a ce qui épargne en partie les sites de ponte des
aucune restriction tortues Caouannes au début de la saison de
d'usage spécifique aux ponte (juin) et à la fin lors de l’éclosion des
îles Kuriat ; sauf que œufs (septembre). Néanmoins des dégradations
pour la chasse sous- sont constatées comme au cours de différentes
marine, le chasseur doit observations de suivi scientifique par l’INSTM
avoir un permis de chasse de la fédération et durant la saison de ponte des tortues, lorsque
payer un droit de 35 dinars par an37. certains nids ont été trouvés vidés de leurs œufs
ou avec des œufs cassés. De plus la forte
La plongée sous marine est également pratiquée croissance des activités récréatives nautiques
dans les eaux des îles Kuriat, par le biais de implique l’augmentation de la fréquence
clubs de plongée ou du fait de pratiques d’accostage et de mouillage des bateaux de
personnelles non marchandes. La plongée sous tourisme et de plaisance (photo 9) qui
marine est surtout pratiquée durant la période engendrent de nombreuses nuisances
estivale. Pour les pratiques marchandes, il y a environnementales dont destruction des
un seul club qui concentre ses activités herbiers de posidonie, le risque de pollution et
principalement aux îles Kuriat. En moyenne sur de déversement de déchets…
toute l'année il est estimé qu’environ 4
personnes qui pratiquent la plongée sous-
marine chaque jour, chacun payant en moyenne 2.2. Liens entre les îles Kuriat et le
40 dinars, soit une activité générant un chiffre développement du territoire alentours
d’affaire estimé à 57 600 dinars (29 866 €) et La zone littorale de Monastir est marquée par
une valeur ajoutée de 46 800 dinars (24 266 €)38. une dynamique de développement parmi les
Selon les propos de certains ouvriers au port de plus fortes en Tunisie : croissance très rapide de
plaisance de Monastir, le nombre de plongée sa population, de l’urbanisation et des activités
non marchande dans les îles Kuriat est de économiques. Les impacts négatifs sont
presque 80 en 2010. Chaque plongée engage constatés au niveau des écosystèmes littoraux
presque 15 dinars (7,8 €) de dépenses. qui sont pour la plupart fragiles. La forte
dynamique urbanistique peut perturber les
équilibres écosystémiques au niveau des îles
Kuriat. Un déséquilibre entre d’une part la
volonté de conservation de l’écosystème et
d’autre part une volonté de développement
36 Questionnaire direct, 2011 socio-économique local. La politique de
37 Questionnaire direct, 2011
38 Sur la base d’une année comptable de 360 jours.
conservation demeure très centralisée sans
réelle appropriation au niveau local. Il y a un la loi de 2009 sur les AMCP est large et elle ne
très faible niveau de coopération entre l’APAL, précise pas les modalités de conservation du
les représentants locaux des différentes site. Une fois le zonage et le plan de gestion
administrations, des collectivités territoriales et sont définis et décidés par les autorités
de l’agence décentralisée. Les études et responsables, la sortie d’un décret d’application
l’évaluation concernant le projet d’AMCP se entérinant le projet création d’une aire marine
font par le bureau central de l’APAL basé à protégée est nécessaire pour préciser toutes les
Tunis et il n’y a pas implication des modalités de gestion. La mise en œuvre d’une
représentants locaux pour le moment. AMCP est donc soumise également à un
processus administratif conséquent.
Globalement, la situation environnementale des
îles Kuriat n'est pas critique, toutefois elle reste Graphique 7. Plan de zonage de l’AMCP proposé
vulnérable et la gestion d’une AMCP sur les îles par Langar et al. (2011)
Kuriat pourrait améliorer la régulation des
usages et atténuer les risques liés à la sur-
fréquentation estivale et au non respect des
règles d’usage établies. L'idée de création de
l'AMCP date de 2000, ce qui a donné lieu à la
définition d'un plan de gestion en 2000 mais
celui-ci n’est pas encore appliqué. La
délimitation proposée par le plan de gestion de
2000 comprend l’ensemble des îles Kuriat ; les
fonds sous-marins avoisinants, en particulier,
l’herbier de posidonie; l’aire de nidification des
tortues Caretta caretta ; les habitats
caractéristiques (fonds de maërl) ; les rivages ou
habitats dégradés et les zones assez
fréquentées39. Les études, faites en 1999 et
2000, ont avancé des propositions de zonage
qui favorisent le secteur touristique au
Source : d’après Langar et al. (2011)
détriment du secteur de la pêche. Ainsi, les îles
Kuriat pourraient constituer un support à
exploiter pour développer de nouveaux Concernant plus précisément le possible zonage
créneaux dans le domaine du tourisme de la future AMCP, deux études récentes sur
(écotourisme), et développer des programmes les habitats marins et des principales espèces
de recherche scientifique, ces orientations ayant des îles Kuriat ont présenté un diagnostic mis à
un effet direct sur la planification, la gestion et jour et formulé des propositions de zonage
le suivi de l’écosystème. pour la protection des milieux40, avec une
réduction de moitié de la surface de protection
Selon l’APAL, actuellement, le manque qui confirme les orientations des études de
d’effectivité de la protection des îles Kuriat est 1999 et 2000. Langar et al. (2011) prévoient la
un problème à la fois matériel et juridique. La fréquentation d’une zone de transition par les
gestion des îles Kuriat nécessiterait la création estivants, l’autorisation des activités récréatives
d'un centre d'accueil dans les îles pour le suivi nautiques dans les zones de transition et
écologique, l’information du public et la tampon et l’interdiction de toutes les activités
surveillance des usages; ainsi que le recrutement dans des zones centrales (1280 ha) sauf pour
d'un ingénieur et deux éco-gardes (techniciens des études et des déplacements nécessaires
supérieurs en pêche ou en forêts) pour mettre pour la recherche et la surveillance (graphique
en œuvre les objectifs de gestion. D’autre part,
39 APAL/SCET TUNISIE, 2000 40 Ramos-Espla et Ben Mustapha, 2010 ; Langar et al., 2011
7). « La superficie de la zone de transition est de 261 respect des zones et des périodes de pêche
ha. Elle est à usage multiple et elle est créée réglementés par les textes43. L'usage d’engins
principalement pour ne pas porter atteinte à l’activité prohibés tel que le Ghzel (filet de 150 à 200 m)
touristique estivale. Il sera toléré toute activité de et la tartarone (Kiss) favorisent la destruction
plaisance autre que la pêche et la chasse sous-marine. du couvert végétal et la mort d’espèces animales
La navigation de plaisance sera libre, sous réserve du considérées comme très vulnérables et très
respect d’une limitation de vitesse de 3 nœuds. La rares à l'échelle méditerranéenne. A cela s’ajoute
superficie de la zone tampon est d’environ 2405 ha. La l’intensité de la pêche non seulement
navigation y sera autorisée sous réserve du respect d’une commerciale mais aussi récréative, qui exercent
limitation de vitesse de l’ordre de 3 nœuds. L’ancrage conjointement une pression importante sur les
doit être formellement interdit. Des zones de mouillage ressources halieutiques. Les deux récentes
écologique organisé doivent être installées dans la zone, études de Ramos-Espla et Ben Mustapha (2010)
particulièrement dans l’entre-deux îles à proximité de la et Langar et al. (2011) proposent que toutes les
zone de transition où les grandes navettes de transport activités de pêche soient interdites dans les
des touristes balnéaires à destination de la petite Kuriat zones centrales et la zone de transition et elles
sont habituées à mouiller »41. Aucune activité dans ne soient autorisées que dans la zone tampon.
la zone terrestre ne sera permise. Selon ces deux études, la pêche traditionnelle
ne sera autorisée qu’aux seuls pêcheurs habitués
Concernant la pêche, les filets constituent les à travailler dans la zone tampon sous réserve de
principaux vecteurs de dégradation de se conformer à la réglementation en vigueur
l’environnement, puisqu’ils forment près des relative à la pêche et n’utiliser aucun moyen
côtes des barrages pour les nouveau-nés des destructif de l’écosystème herbier. Elles
tortues caouannes qui se retrouvent pris préconisent aussi l’interdiction de toute pêche
dedans. La pêche au chalut cause la dégradation récréative.
de la posidonie et attrape tous les types de
poisson y compris les tortues Caretta caretta42. Ce La richesse naturelle des îles Kuriat leur permet
type de pêche représente l'activité la plus d’être classées comme zones sensibles
destructrice d’herbiers de posidonie, définis protégées. La particularité des îles est qu’elles
comme la base de richesse des eaux littorales. sont inhabitées et relativement éloignées de la
côte, renfermant des espèces animales et
Tortue caouanne au membre supérieur gauche coupé par
végétales adaptées au milieu, mais rares et
un bateau de pêche
vulnérables. Les pratiques d’activités récréatives
ou extractives n’ont cessée d’augmenter ces 10
dernières années et la concentration de ces
usages en certains lieux et durant la période
estivale fragilisent les milieux terrestres et
marins. Le statut actuel de protection des îles
n’a pas permis de mettre en œuvre le plan de
gestion défini en 2000. Aujourd’hui les
démarches entreprises pour faire des îles Kuriat
une aire marine et côtière protégée peuvent
constituer l’opportunité de mettre en place les
dispositions et galvaniser les moyens pour
réaliser les actions prévues dans le but de
surveiller la situation écologique, informer le
Les risques de dégradation de la faune et la public sur les richesses environnementales
flore sont fortement augmentés par le non- présentes et réguler les usages afin de limiter les
dégradations de l’environnement.
L’objectif de ce travail est d'évaluer l’évolution et les perspectives des bénéfices nets des îles Kuriat en
considérant trois scénarios. En raison des limitations matérielles et temporelles, ainsi que de
l’indisponibilité de certaines données, l'analyse se concentre sur cinq utilisations majeures de services
d'écosystèmes marins fournis par les îles : pêche professionnelle, pêche récréative, tourisme (visite,
baignade aux îles, plongée sous-marine), et séquestration du dioxyde de carbone, notamment dans les
herbiers de posidonie et les fonds de maërl. Ce dernier service écologique génère des bénéfices à
caractère collectif, tandis que les autres procurent des bénéfices aux usagers, individuellement.
La deuxième partie du rapport est organisée en deux chapitres. Le premier chapitre présente les futurs
possibles du développement territorial et des effets de protection des îles Kuriat. Le deuxième chapitre
décrit la méthodologie qui a été utilisée pour évaluer l'impact économique local d'utilisations de services
d'écosystème et affiche les résultats de cette évaluation. La conclusion résume les résultats principaux et
les limites de l'étude.
Dans ce chapitre nous présentons les scénarios ou locale telles que la croissance économique,
possibles du développement du territoire et ses les facteurs démographiques, la mise en vigueur
effets sur la protection des îles Kuriat. Pour ce de réglementations existantes et l’évolution
faire nous avons construit trois scénarios en tendancielle des activités sur le territoire local.
s’appuyant sur différentes variables Les scénarios proposés s’inspirent de la
contextuelles disponibles à l’échelle nationale situation économique actuelle et des
orientations nationales, méditerranéennes et Le contexte Tunisien est actuellement peu
internationales en matière de protection des stable compte tenu de la crise économique
richesses naturelles marines. Ces scénarios mondiale, de la récession connue en 2011, du
prospectifs se basent sur les tendances chômage important (près de 18% en 2011) et
observées sur une période rétrospective, de la révolution de Janvier 2011. Nous
remontant jusqu’à 1998 en fonction de la constatons aujourd’hui des tensions politiques
disponibilité des données, pour assurer entre les « islamistes » et les « progressistes », ce
l’évaluation économique entreprise pour les îles qui pourrait fortement influencer la situation
Kuriat. socio-économique en Tunisie, notamment sur
les allocations budgétaires et les activités liées à
l’étranger (en particulier le tourisme et les
3.1. Définition du cadre géographique investissements directs étrangers). Ceci dit, la
et temporel Tunisie s’est engagée dans une politique de
développement régional axée sur
l’investissement dans les régions intérieures. Le
Notre territoire d’étude est le gouvernorat de taux d’accroissement naturel de la population
Monastir, qui est le lieu de résidence de la dans le gouvernorat de Monastir, dont la valeur
plupart des bénéficiaires des services moyenne entre 1999 et 2010 était de 2,2% par an,
écologiques fournis sur par les îles Kuriat. pourrait donc ralentir et atteindre 1,7% pendant la
Les usages pris en compte dans cette étude du première sous-période de 2011–2020 et 1,2%
capital naturel, ici abordé à l’échelle de durant la deuxième sous-période de 2021–2030
l’écosystème, et qui donnent lieu à des suite à la réduction du flux migratoire issu des
bénéfices, sont ceux réalisés sur les îles ou à régions intérieures. Toutefois ce taux resterait plus
partir des services écologiques rendus par les élevé que le taux national antérieur (1,05%
îles. pendant la période de 2000 -201044 et que le taux
d’accroissement à l’horizon 2034 qui devrait
L’horizon temporel envisagé est à moyen s’établir autour de 0,5% en 2030, selon les
terme, dans la mesure où l’exercice s’arrête en projections réalisées par l'INS45.
2030, avec pour référence l’année 2010. Les
données de 2011 et 2012 ont parfois été Après le ralentissement de la croissance
estimées au regard des données disponibles économique depuis 2009, et la récession en
actuellement et peuvent ainsi être soumises à 2011 (-1,8%) suite à la révolution du 14 janvier,
une dynamique différente de celles qui la Tunisie connait actuellement une nette
gouvernent le reste de la période prospective. amélioration économique (la croissance en 2012
est estimée à 3,5% selon la banque centrale).
Ainsi nous supposons une reprise à partir de
2013 en se référant au taux de croissance
3.2. Définition narrative et annuel moyen de la période rétrospective de
paramétrage des scénarios 2000–2010 qui était de l’ordre de 4,5%46 : le
taux de croissance supposé est donc de 4%
En se basant sur la situation socioéconomique pendant la période de 2013-2020 et de 5%
tunisienne, nous considérons trois scénarios de pendant la période de 2021-2030. A partir du
gestion future des îles Kuriat: un scénario PIB local du gouvernorat du Monastir délivré
tendanciel, un scénario de création d’AMCP et par le Commissariat du développement régional
un scénario d’abandon de la protection des îles. pour la période rétrospective, il est supposé que
Ces scénarios s’appuient sur un contexte le PIB local évolue de façon proportionnelle à
socioéconomique commun, construit sur la
base des variables contextuelles déjà
mentionnées. 44 INS, 2011
45 Le taux d’accroissement de la population à Monastir est élevé par
rapport au taux national car le gouvernorat du Monastir est littoral et
attractif : le flux migratoire annuel est de plus 17 000.
46 BCT, 2011
celle du PIB national, avec une représentation 10 000
2011
2015
2019
2023
2027
prochaines vingt années. artisanale
Selon les dernières études de diagnostic de l’état De par sa fonction de gestionnaire, l’organisme
des îles Kuriat49, la zone est en bon état mais le responsable de la gestion future d’AMCP
risque de vulnérabilité existe puisqu’il y a devrait disposer de moyens d’action
surexploitation, conflits des usages, généralement plus puissants que ceux des
réchauffement climatique entraînant une collectivités locales. Le gestionnaire d’AMCP
acidification du milieu marin, et dégradation devrait être un opérateur qui compte dans le
progressive de certaines espèces faunistiques et système de gouvernance locale, voire l’un des
floristiques. On suppose que la surface couverte
par les herbiers de posidonie (75% de l’AMCP)
et les fonds de maërl (presque 10% de
50Langar et al., 2011
51Rapport national sur la biodiversité marine et côtière en Tunisie,
49 Ramos-Espla et Ben Mustapha (2010) et Langar et al. (2011) INAT, 2002
moteurs assurant la qualité des projets de augmente cependant davantage que dans le
développement local. scénario tendanciel, du fait du développement
de l’éco-tourisme et des visites guidées pour
Graphique 9 : Evolution des coûts et bénéfices liés à l’éducation à l’environnement. La création
l’AMCP, scénario de protection d’AMCP peut conduire à des effets
économiques directs en stimulant l’attractivité
du territoire qui peut engendrer une
Séquestration augmentation de la fréquentation des lieux, et
14 000 du CO2 dynamiser les activités marchandes. Cependant,
Bénéfices (en milliers de
2017
2020
2023
2026
2029
artisanale
disposera l’AMCP peuvent modifier les
dynamiques économiques locales et favoriser le
développement d’aménités valorisables, d’où un
renforcement du tourisme scientifique et de
180 l'éco-tourisme53 et d’un taux de croissance de
Coûts (en milliers de dinars)
2026
2029
dinars)
L’effet biologique implique que la conservation 4 000 Tourisme
permet de protéger ou restaurer des processus 2 000
Pêche
écologiques garants de la survie et du bon
0 récréative
développement des espèces et des écosystèmes.
2011
2014
2017
2020
2023
2026
2029
Pêche
Le suivi d’espèces halieutiques permet ainsi artisanale
d’observer les bénéfices de l’AMCP pour la
pêche professionnelle. Nous supposons donc
que la surface couverte par les herbiers de 20 Budget de
Coûts (en milliers de dinars
Ce chapitre aborde la question d’évaluation économique quantitative de cinq usages liés aux services
écologiques fournis par les iles Kuriat, dans le cadre des scénarios présentés précédemment: la pêche
professionnelle, la pêche récréative, le tourisme et la plongée sous-marine, dont l’impact sur l’économie
locale est estimé en termes de valeur ajoutée, mais également la séquestration du dioxyde de carbone,
notamment dans les herbiers de posidonie et les fonds de maërl, dont les bénéfices sont collectifs.
Cette étude d’évaluation économique des impacts engendrés par les îles Kuriat vise une démarche basée
sur l’application de l’analyse coûts bénéfices(ACB) pour chaque scénario de gestion afin d’établir le
bilan de chaque programme et de permettre des comparaisons entre les programmes d’action.
Techniquement, l’ACB confronte les bénéfices aux coûts de l’existence ou de la modification d’un bien.
Elle évalue donc la pertinence d’une décision, que celle-ci soit de mettre en place une action ou de
maintenir le statu quo. Un projet de création d’AMCP peut être envisagé si ses bénéfices sociaux sont
supérieurs à ses coûts sociaux. La démarche de l’ACB requiert la définition d’alternatives au projet que
l’on veut évaluer, d’où la définition de 3 scénarios prospectifs.
Son objectif final est de dégager un classement des scénarios en fonction de différents indicateurs, qui
sont comparés entre les différents scénarios : la valeur actualisée nette (VAN) soit la différence entre les
bénéfices et les coûts prenant en compte le taux d’actualisation, le taux de rentabilité interne (TRI) qui
est le taux d’actualisation annulant la VAN, et le ratio Bénéfices / Coûts.
Pour chaque scénario, les bénéfices et les coûts sont évalués. Le cadrage fait ici est proche
d’EMPAFISH57 cependant certaines différences sont prises en compte. Les différents coûts pris en
compte sont de trois types : le budget de fonctionnement et d'investissement engagé par le ministère de
l’environnement et d’aménagement du territoire à travers l’APAL, les dépenses de surveillance et les
dépenses d’éducation à l’environnement. Chacun comprend des frais de fonctionnement, des frais
d’activités et des frais d’investissements. Ces différents coûts sont décrits dans le tableau 2.
Frais Frais d'investissements engagés durant les Frais d’achat d'un bateau de Frais d’investissements liés à
d’inves trois premières années de la création de surveillance (zodiac) l’aménagement d’un circuit pour les
tissem l’AMCP (2013-2015) comme la réalisation visites guidées, la formation des
ents d’un entrepôt en structure légère à 20 000 guides et la création d’un site web
dinars, la réalisation d’un appontement à 20
000 dinars, la réalisation d’une structure
d’accueil à 20 000 dinars, la fixation des balises
et panneaux d’information à 10 000 dinars, la
réalisation d’une structure d’accueil au port de
Monastir pour organisation des visites guidées
à 100 000 dinars, et acquisition de matériels de
mesure et d’échantillonnage sur site et
d’équipements à 34 000 dinars.
Les bénéfices évalués sont les suivants: - Bénéfices procurés par la plongée sous-marine
liés à la pratique marchande et non marchande.
- Bénéfices directs et indirects liés aux activités Les bénéfices de la pratique marchande sont
de la pêche professionnelle. Les bénéfices estimés par la valeur ajoutée du club de plongée
directs sont évalués par la valeur ajoutée de la opérant aux îles. Les bénéfices de la pratique
pêche professionnelle. Les Bénéfices indirects non marchande sont estimés par les dépenses
sont estimés par 50% de la consommation liées cette pratique.
intermédiaire déduite du tableau input-output à
l'échelle régionale58. - Bénéfices liés à la séquestration du dioxyde de
carbone, notamment dans les herbiers de
- Bénéfices liés aux activités de la pêche posidonie et les fonds de maërl. Ces bénéfices à
récréative (pêche depuis la côte, pêche depuis caractère collectifs sont estimés par la valeur du
une embarcation et chasse sous-marine)). Ce flux de CO2 séquestré par an dans chacun de
sont des bénéfices directs liés au service de ces écosystèmes. En suivant les directives du
fourniture de poisson. Nous considérons que plan bleu et en s’appuyant sur l’étude de
ces activités sont marchandes parce qu’elles Mangos et al. (2010), la valeur des bénéfices de
procurent des revenus monétaires aux pêcheurs la séquestration du dioxyde de carbone par
et elles sont donc évaluées par leur équivalence l’aire marine des îles Kuriat notamment dans les
en termes de valeur ajoutée, calculée à partir de herbiers de posidonie et les fonds de maërl peut
celle de la pêche. être déterminée. La méthode d’évaluation de ce
bénéfice collectif est simple60: VE = Fco2 x
- Bénéfices procurés par les visites des îles. Vcref, où Fco2 est le flux annuel de CO2
L’évaluation est faite par les dépenses engagées d’origine anthropique séquestré et Vcref le prix
par les visiteurs. Cette évaluation prend en d’une tonne de CO2.
compte les retombées directes qui
correspondent aux sommes dépensées par les Les usages mentionnés plus haut n’incluent pas
visiteurs nationaux et touristes (faible tous les bénéfices rendus par les îles Kuriat. Il
proportion dans les îles) dans les établissements faut y ajouter les services plus proprement
situés sur les iles ou directement liés à leur environnementaux rendus par l’écosystème et
existence (visites et activités payantes, qui bénéficient directement et indirectement
restauration). La valeur unitaire des dépenses aux populations locales et à la collectivité
est de 25 dinars par personne. Elle sert de base régionale et/ou nationale dans son ensemble.
d’estimation des dépenses59. Les retombées On peut admettre que les services
indirectes, liées à la totalité des dépenses environnementaux, tels que la limitation de
réalisées par les visiteurs sont aussi considérées. l’érosion, se trouvent maximisés dans les
Dans le cas du scénario 2, nous intégrons des espaces naturels protégés. En Tunisie, la
bénéfices liés à l’éducation à l’environnement quantification des services dits écologiques ou
car le projet d’AMCP prévoit la mise en œuvre environnementaux reste cependant difficile
de visites guidées organisées par les structures pour le moment.
d’accueil. L’AMCP peut aussi offrir de sujets
d’études pour la recherche, dans la mesure où
58 CRDA, 2010
59 Questionnaires directs, 2011 60 Mangos et al., 2010
La gestion de l’AMCP peut entraîner la création Tableau 3. Présentation des résultats des
d’emplois directs et indirects en équivalent différents types de bénéfices, coûts et
temps plein, et des emplois de service à temps indicateurs de l’ACB pour les trois
partiel et saisonnier, liés à la fréquentation scénarios
touristique. Dans le cas du scénario 2 de
création d’AMCP, des retombées directes et Indicateurs monétaires Scénario Scénario Scénario
indirectes sur l’emploi et certaines activités sont (en milliers de 1 2 3
aussi attendues du fait de la dépense d’un dinars)
budget supplémentaire, provenant de l’extérieur Valeur Pêche pro. 57 999 60 620 56 194
de la zone. Cependant ces retombées actualisée
économiques n’ont pas été prises en compte des Pêche 4 379 944 4 904
dans les bénéfices évalués ici. D’autres effets Bénéfices récréative
induits peuvent être envisagés, relevant de Tourisme 26 303 30 563 28 482
richesses immatérielles, telles que la valorisation
des savoir-faire et des images positives
Plongée 825 863 837
associées à l’espace protégé. Ce registre de
sous
valeur peut être exploré dans plusieurs
marine
directions, notamment l’image positive du
territoire protégé, vecteur de labellisation de Stockage 5 270 5 465 4 878
productions locales, et la valorisation des CO2
compétences de gestion des espaces protégés Total 94 775 98 455 95 295
qui permet, généralement, de dynamiser le
développement local dans le périmètre des îles BA scénario 2 - BA 3 680
et à ses marges61. scénario 1
BA scénario 3 - BA 520
scénario 1
4.2. Compte rendu des résultats dans
Valeur Budget 308 531 51
le cadre des différents scénarios
actualisée
des Coûts Dépenses 0 362 0
Nous considérons dans cette section la de
répartition des bénéfices et des coûts relatifs à surveillance
chaque scénario et appliquons un taux
d'actualisation de 5%, correspondant au taux Dépenses 0 468 0
d'intérêt annuel moyen de la période d'Educ.env
rétrospective. De même la VAN, le ratio Total 308 1 361 51
bénéfices coûts et le TRI sont calculés pour les
trois scénarios. Le tableau 3 résume les résultats CA scénario 2 - CA 1 053
des différents types de bénéfices, coûts et scénario 1
indicateurs de l’ACB62. La VAN est considérée CA scénario 3 - CA -258
comme l’indicateur comparatif le plus scénario 1
approprié, dans la mesure où le taux de
VAN (taux 94 467 97 094 95 244
rentabilité interne ou le ratio bénéfices / coûts
d’actualisation =5%)
ne s’appliquent pas au scénario 3, où les coûts
sont nuls. En outre, la littérature63 a montré que VAN scénario 2 – 2627
le TRI avantageait sensiblement les projets de VAN scénario 1
court terme par rapport à ceux dont les VAN scénario 3 - 777
bénéfices sont plus tardifs. VAN scénario 1
Moyenne du Ratio 307,21 72,33 1875,83
Bénéfices / Coûts
61 Maresca et al., 2008
63Pearce et.al, 2006, Cost Benefits Analysis and the Environment, TRI 18.02 4.10 109.27
OECD
Nous constatons que la répartition de la valeur Graphique 11. Répartition de la valeur
actualisée des bénéfices selon les différents actualisée des bénéfices selon les différents
usages des îles Kuriat (pêche professionnelle, usages (Scénario 2)
pêche récréative, tourisme, plongée sous
marine, et séquestration du carbone) ne change 1% 5%
pas d’une manière significative d’un scénario à Pêche professionnelle
un autre. La valeur actualisée des bénéfices liés Pêche récréative
à la pêche professionnelle est toujours la plus 31%
Tourisme
importante, suivie par celle du tourisme (visites 62%
des îles) puis de la séquestration du carbone64. Plongée sous marine
Leurs parts dans le total de la valeur actualisée 1% Séquestration du carbone
des bénéfices sont de 59 à 62% pour la pêche
professionnelle, de 27 à 31% pour le tourisme,
et de 5 à 6% pour la séquestration du carbone.
Graphique 12. Répartition de la valeur
La part de la valeur actualisée des bénéfices liés actualisée des bénéfices selon les différents
à la pêche récréative est de presque 5% dans les usages (Scénario 3)
cas des scénarios 1 et 3 alors qu’elle tend vers
zéro dans le cas du scénario 2 puisqu’avec la
création d’AMCP, cette pratique serait interdite 1% 5%
à partir de 2013. La part de la valeur actualisée Pêche professionnelle
des bénéfices de la plongée sous-marine est Pêche récréative
presque identique pour les trois scénarios, de 30%
Tourisme
l’ordre de 0,88%. Ce que nous pouvons 59%
Plongée sous marine
remarquer est que la création d’AMCP profite
5%
plus au tourisme aux dépens de la pêche Séquestration du carbone
récréative. Les graphiques 11, 12 et 13
résument cette information.
La part de la valeur actualisée des bénéfices
Graphique 10. Répartition de la valeur provenant de la fourniture d’aménités et de
actualisée des bénéfices selon les différents supports récréatifs (pêche récréative, tourisme
usages (Scénario 1) et plongée sous-marine) représente entre 32 et
36% selon les scénarii. Les bénéficiaires finaux
de ce service écologique sont les populations
1% 5% locales situées de façon permanente ou
Pêche professionnelle
temporaire en zone côtière ainsi que les
Pêche récréative visiteurs touristiques résidents ou non résidents
28%
Tourisme qui profitent du paysage et de l’accès aux
61% espaces marins et littoraux pour leurs loisirs et
Plongée sous marine
5% leur bien-être.
Séquestration du carbone
Dans le cas du scénario 1, les coûts sont L’évaluation économique des îles Kuriat
représentés principalement par les frais de présente certaines difficultés. Premièrement, la
gestion de la zone sensible protégée. Ils méthodologie développée souligne les
représentent les frais annuels du personnel difficultés d’estimation de tous les bénéfices
relatifs à la gestion des îles et les frais de la relatifs aux îles en raison du manque des
campagne de suivi de la nidification des tortues données (citons par exemple « l'effet réserve »
marines. Dans le cas du scénario 3, ses coûts appelé aussi « effet débordement».) Il est aussi
seraient nuls à partir de 2013 avec l’abandon de difficile d’évaluer quantitativement le rôle de
la zone de protection. l’herbier de posidonie dans la lutte contre
l’érosion et le rôle des tortues marines dans
Graphique 13 : Répartition de la valeur l’apparition des méduses et l’impact sur le
actualisée des coûts selon les différents tourisme balnéaire. La deuxième limite est que
types des dépenses (Scénario 2) nous n’évaluons pas les valeurs de non usage.
Budget
Dépenses
27% d'Education à
l'environnement
Conclusion du rapport
L’analyse du développement territorial ainsi que le résultat final d’évaluation économique quantitative
plaident pour la protection des îles Kuriat et la création d’une AMCP qui les englobe. De fait, les îles
Kuriat sont des zones inhabitées qui se démarquent par la prépondérance de la pêche professionnelle et
du tourisme, au cœur de l’espace extrêmement dynamique sur le plan économique qu’est le gouvernorat
de Monastir. Leurs caractéristiques environnementales sont précieuses, tant au niveau de la biodiversité
qu’à celui des services écologiques, et influent directement sur le bien-être des populations locales, bien
qu’elles ne soient pas nécessairement perceptibles. Cette appréciation qualitative, qui joue en faveur de
la protection des îles, est confirmée par l’analyse coûts-bénéfices qui élabore des scénarios prospectifs à
l’horizon 2030, et montre que les bénéfices issus de la création d’une AMCP sont ressentis sur le long
terme. En effet, si le calcul d’indicateurs tels que le TRI ou le ratio bénéfices / coûts plaident pour une
exploitation maximale des ressources environnementales des îles, l’évaluation quantitative nous permet
de trouver que la VAN, qui est l’indicateur le plus apte dans la mesure du de bénéfices nets
soutenables, est plus élevée dans le scénario 2 de création d’AMCP, que dans les deux autres scénarios :
les valeurs sont en effet respectivement de 94 467 milliers de dinars pour le scénario 1, 97 094 milliers
de dinars pour le scénario 2 et 95 244 mille dinars pour le scénario 3.
Les îles possèdent un potentiel très important en termes de biodiversité terrestre et marine. Par ailleurs,
certaines espèces de flore et de faune sont menacées par les activités anthropiques. La protection du milieu
marin des îles Kuriat à travers la création d’AMCP peut avoir un impact sur la biodiversité marine dans
toutes ses dimensions éthique, scientifique et économique. Toutefois, la création d’AMCP est une condition
nécessaire mais non suffisante pour optimiser les retombées socio-économiques sur les communautés
locales. En fait, les modalités d'usage des ressources existantes conditionnent au premier chef l'ampleur des
effets. Par exemple, l’organisation des activités touristiques dans les îles ainsi que la réglementation des
activités de pêche peuvent maximiser tous les bénéfices individuels et collectifs et financer les frais de
gestion de l’AMCP. L’image d’AMCP peut jouer un rôle important du développement touristique de tout le
territoire du gouvernorat de Monastir. L’AMCP peut conférer une nouvelle dimension écologique aux îles
Kuriat. Ce qui incite au développement de davantage de programmes de recherche et d’expérience de
terrain sur le site.
Annexe 1 : Décret relatif aux zones sensibles
Décret n° 98-2092 du 28 octobre 1998, fixant la liste des grandes agglomérations urbaines
et des zones sensibles qui nécessitent l'élaboration de schémas directeurs d'aménagement.
Le Président de la République,
Sur proposition des ministres de l'environnement et de 'aménagement du territoire et de l'équipement et
de l'habitat,
Vu la loi n° 94-122 du 28 novembre 1994, portant promulgation du code de l'aménagement du
territoire et de l'urbanisme et notamment son article 7,
Vu l'avis des ministres du développement économique, de l'agriculture et de la culture,
Vu l'avis du tribunal administratif,
Décrète :
Article premier. - La liste des grandes agglomérations urbaines qui nécessitent l'élaboration de schémas
directeurs d'aménagement est fixée comme suit :
1 - le grand Tunis : les circonscriptions territoriales des gouvernorats de Tunis, Ariana et Ben Arous.
2 - le grand Sousse : les circonscriptions territoriales des communes de Sousse, Hammam-Sousse,
M'saken, Kalâa Kebira, Kalâa Sghira, Akouda, Kssibet-Thrayet, Zaouiet Sousse, Ezzouhour,
Messaâdine.
3 - le grand Sfax : les circonscriptions territoriales des communes de Sfax, Sakiet Eddaïer, Sakiet Ezzit,
El Aïn, Gremda, Chihia, Thyna.
4 - Monastir : la circonscription territoriale du gouvernorat de Monastir.
5 - Bizerte : les circonscriptions territoriales des communes de : Bizerte, Menzel Jemil, Menzel
Abderrahmen.
6 - le grand Gabès : les circonscriptions territoriales des communes de grand Gabès, Ghannouch,
Chenini-Nahal, El Matouiya, Ouedhref.
7 - Nabeul : les circonscriptions territoriales des communes de Nabeul, Dar Chaâbane El Fehri, Beni
Khiar, El Maâmoura, Hammamet.
8 - les agglomérations urbaines des villes de Béja, Jendouba, El Kef, Siliana, Zaghouan, Kairouan,
Kasserine, Sidi Bouzid, Mehdia, Gafsa, Tozeur, Kébili, Medenine, Tataouine.
9 - l'agglomération urbaine de Menzel Bourguiba - Tinja : les circonscriptions territoriales des
communes de Menzel Bourguiba et Tinja.
10 - l'agglomération urbaine de Grombalia - Soliman – Menzel Bouzelfa - Beni Khalled : les
circonscriptions territoriales des communes de Grombalia, Soliman, Menzel Bouzelfa, Beni Khalled.
Art. 2. - Est considérée zone sensible au sens du présent article, toute zone qui présente des
caractéristiques naturelles spécifiques, qui constituent un écosystème fragile ou un élément ou un
ensemble d'éléments dans ce système et qui requiert pour sa protection contre la dégradation la mise en
œuvre de normes et de procédés d'aménagement prenant en compte ses spécificités et préservant les
sites naturels y existants.
La liste des zones sensibles nécessitant l'élaboration de schémas directeurs d'aménagement est fixée
comme suit :
1 - Tabarka - Zouaraâ,
2 - le littoral de l'extrême - Nord (entre Zouarâa et Bizerte),
3 - le littoral Est Bizerte (Bizerte - Ghar El Melh),
4 - Carthage - Sidi Bou Saïd,
5 - le littoral Ouest du Cap Bon,
6 - le littoral Est du Cap Bon,
7 - Selloum-Hergla,
8 - Khnis - Bekalta,
9 - El Ghadhabna - Echebba - Melloulech,
10 - les îles de Kerkennah,
11 - Mahrès - Skhira,
12 - Gabès - El Jorf,
13 - l'Ile de Jerba,
14 - Zarzis,
15 - El Bibane,
16 - les zones arides du Sud saharien (Tozeur-Kébili-Tataouine),
17 - les hautes steppes,
18 - les basses steppes,
19 - la zone minière de Gafsa.
Art. 3. - Les ministres de l'environnement et de l'aménagement du territoire et de l'équipement et de
l'habitat sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret qui sera publié au
Journal Officiel de la République Tunisienne.
Tunis, le 28 octobre 1998.
Zine El Abidine Ben Ali
Annexe 2 : Loi relative à la création de l’agence de protection
et d'aménagement du littoral
Loi n° 95-72 du 24 juillet 1995, portant création d'une agence de protection et
d'aménagement du littoral (*)
Au nom du peuple,
La Chambre des Députés ayant adopté,
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
Article premier - La présente loi a pour objet la création d'une agence de protection environnementale
du littoral défini comme étant la zone de contact qui concrétise la relation écologique, naturelle et
biologique entre la terre et la mer et leur interaction directe et indirecte.
La protection environnementale concerne notamment :
1 - Le rivage de la mer, les plages, les sabkhas, les dunes de sable, les îles, les falaises et les différentes
composantes du domaine public maritime à l'exception des forteresses et autres ouvrages de défense.
2 - Les zones intérieures dans des limites variables selon le degré d'interaction climatique, naturelle et
humaine entre elles et la mer, tels que les forêts littorales, les estuaires, les caps marins et les zones
humides littorales.
Le périmètre de la zone littorale est fixé par décret, sur proposition du Ministre chargé de
l'environnement.
Art. 2. - Il est créé un établissement public à caractère industriel et commercial, doté de la personnalité
civile et de l'autonomie financière, dénommé " Agence de Protection et d'Aménagement du Littoral ".
L'Agence dont le siège est fixé à Tunis, est placée sous la tutelle du Ministère de l'Environnement et de
l'Aménagement du Territoire.
La Direction de l'Agence est assurée par un Directeur Général nommé par décret.
Contrairement aux dispositions de l'article 10 de la loi n°89-9 du 1er février 1989 relative aux
participations et entreprises publiques il est crée auprès de l'Agence un conseil consultatif dont la
composition et les attributions seront fixés par décret.
L'organisation administrative et financière de l'Agence et les modalités de son fonctionnement sont
fixées par décret, sur proposition du Ministre chargé de l'environnement.
Art. 3. - L'Agence assure l'exécution de la politique de l'Etat dans le domaine de la protection du littoral
en général et du domaine public maritime en particulier.
A cette fin, elle est notamment chargée de :
- La gestion des espaces littoraux et le suivi des opérations d'aménagement et de veiller à leur
conformité avec les règles et les normes fixées par les lois et règlements en vigueur relatifs à
l'aménagement de ces espaces, leur utilisation et leur occupation;
- La régularisation et l'apurement des situations foncières existantes à la date de publication de la
présente loi et contraires aux lois et règlements relatifs au littoral et au domaine public maritime en
particulier et ce conformément à la législation en vigueur et tout en respectant le principe du caractère
non saisissable, non susceptible d'hypothèque, inaliénable et imprescriptible du domaine public
maritime;
- L'élaboration des études relatives à la protection du littoral et à la mise en valeur des zones naturelles
et entreprendre toutes les recherches, études et expertises à cette fin;
- L'observation de l'évolution des écosystèmes littoraux à travers la mise en place et l'exploitation de
systèmes informatiques spécialisés ;
Art. 4. - L'Agence est chargée de la protection du littoral contre les empiètements occasionnés
notamment par les constructions et implantations contraires aux lois et règlements en vigueur. Les
nouvelles implantations et les projets d'aménagement et d'équipement sont obligatoirement soumis à
l'approbation préalable de l'Agence.
En plus des officiers de la police judiciaire et des agents de l'Administration qui sont habilités par des
lois spéciales, les infractions aux lois et règlements relatifs au littoral et au domaine public maritime sont
constatées dans des procès verbaux rédigés par des agents et des experts-contrôleurs assermentés et
habilités à cette fin par le Ministère chargé de l'Environnement parmi les agents classés dans une
catégorie équivalente au moins à la catégorie "A" visée dans la loi n°83-112 du 12 Décembre 1983
portant statut général des personnels de l'Etat des collectivités publiques locales et des établissements
publics administratifs.
Ces agents et experts-contrôleurs exercent les fonctions de police judiciaire conformément aux
dispositions du Code de Procédure Pénale.
Art. 5. - En conformité avec les dispositions de l'article 3 de la présente loi l'Agence est chargée de la
régularisation et de l'apurement des situations foncières des constructions, ouvrages et implantations
établis sur le domaine public maritime ou sur des parties de ce domaine, en violation des lois et
règlements en vigueur.
Au cas où la régularisation nécessite la conclusion d'un contrat de concession avec l'occupant du
domaine public maritime, ce contrat doit fixer la redevance d'occupation ainsi que le montant revenant
à l'Agence en contrepartie des actions de protection et de réhabilitation rendus nécessaire du fait de
l'occupation.
Les procédures et les modalités de la régularisation et de l'apurement sont fixées par décret. L'Agence
dispose de toutes les compétences légales requises pour la réalisation de la régularisation ou de
l'apurement et son exécution y compris intenter des actions devant les tribunaux compétents.
Art. 6. - L'Agence peut, conformément aux procédures en vigueur, bénéficier selon le cas du transfert
de la gestion ou de l'affectation de parties du domaine public ou privé de l'Etat ou du domaine public
soumis au régime forestier qui constituent des espaces naturels ou libres nécessitant protection.
L'Agence assure la gestion des immeubles qui lui sont confiés ou affectés, conclue tous les accords et
assume les engagements qui s'y rattachent.
Art. 7. - L'Agence prend en charge la gestion, la conservation et la préservation des terres qui sont
mises à sa disposition. Elle peut transférer l'exploitation des espaces aménagés à un établissement
public ou privé ou à une association autorisée et ce dans le cadre d'un accord fixant notamment la
contrepartie financière et sur la base d'un cahier des charges qui fixe les usages, les modes de gestion et
de préservation et les travaux autorisés qui contribuent obligatoirement à la réalisation des objectifs de
l'Agence .
Art. 8. - Un décret fixe les zones sensibles, qui sont des zones caractéristiques du patrimoine naturel
national ou présentant un ensemble d'éléments dans un écosystème fragile ou constituant un paysage
naturel remarquable, menacé par la dégradation ou par l'utilisation irrationnelle.
Pour la conservation des zones susvisées, l'Agence peut avoir la maîtrise des immeubles soit par leur
acquisition à l'amiable, soit le cas échéant par leur expropriation par l'Etat à son profit conformément à
la législation en vigueur relative à l'expropriation pour cause d'utilité publique.
L'Agence peut aussi, dans les cas où elle le juge opportun, conclure des accords de partenariat avec les
propriétaires des terres situées dans les zones sensibles. Les propriétaires s'engagent dans ces accords à
gérer leurs terres conformément à un cahier des charges approuvé par le Ministre chargé de
l'environnement.
Art. 9. - L'Agence de Protection et d'Aménagement du Littoral peut, après approbation de l'autorité de
tutelle, conclure avec des partenaires ou des établissements nationaux ou étrangers des accords et des
contrats de prestations de services à titre onéreux s'inscrivant dans le cadre de ses activités telles que les
recherches, les études et les expertises.
Art. 10. - Les ressources de l'Agence sont constituées par :
- les participations et subventions fournies par l'Etat ;
- les revenus des biens meubles et immeubles qui lui reviennent ;
- les revenus des prestations de services ;
- les dons et les legs ;
- toutes ressources créées ou qui lui sont affectées par la Loi.
Art. 11. - En cas de dissolution de l'Agence, son patrimoine fera retour à l'Etat qui exécutera les
engagements contractés par elle.
La présente loi sera publiée au Journal Officiel de la République Tunisienne et exécutée comme loi de
l'Etat.
Tunis, le 24 juillet 1995.
Zine El Abidine Ben Ali
(*) Travaux préparatoires : Discussion et adoption de la chambre des députés dans sa séance du 18
juillet 1995.
Annexe 3 : Loi relative aires marines et côtières protégées
Loi n° 2009-49 du 20 juillet 2009, relative aux aires marines et côtières protégées (*)
Au nom du peuple,
La chambre des députés et la chambre des conseillers ayant adopté,
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
CHAPITRE PREMIER
Dispositions générales
Article premier - La présente loi vise à la préservation de la nature et de la biodiversité dans les milieux
marins et côtiers et à l’utilisation de leurs ressources naturelles dans le cadre du développement durable,
et ce, par la création d’aires marines et côtières protégées.
Art. 2 - Au sens de la présente loi on entend par :
- les aires marines et côtières protégées : les espaces désignés par la loi, en vue de protéger les milieux
naturels, la flore, la faune, les écosystèmes marins et côtiers présentant un intérêt particulier d’un point
de vue naturel, scientifique, instructif, récréatif, ou éducatif ou qui constituent des paysages naturels
remarquables devant être préservés,
- les habitats : le lieu ou type de site dans lequel un organisme ou une population existe à l’état naturel,
- la diversité biologique marine et côtière : les variétés d’organismes vivants de toute origine y compris
les écosystèmes côtiers, marins, les organismes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font
partie ; Elle comprend la diversité à l’intérieur des espèces et entre les espèces et les écosystèmes,
- espaces à valeur écologique : les aires et les zones qui renferment des écosystèmes c'est-à-dire des
complexes dynamiques formés de communauté de micro-organismes, de plantes, d’animaux et de leur
environnement non vivant, qui par leur interaction forment une unité fonctionnelle.
Art. 3 - Sont soumis au régime juridique établi par la présente loi, tous les immeubles intégrés dans les
aires marines et côtières protégées, exceptés les ouvrages, les forteresses et les zones destinées à la
sécurité et à la défense nationale ainsi que les ports maritimes de commerce et de pêche.
Art. 4 - L’aire marine et côtière protégée doit être d’une superficie suffisante pour assurer la
préservation d’au moins un des éléments suivants :
1. les types d’écosystèmes marin et côtier et leur diversité biologique,
2. les habitats menacés de disparition dans leur aire de répartition naturelle ou dont l’aire de répartition
naturelle est réduite par sa nature même ou du fait de sa régression,
3. les habitats nécessaires à la survie, la reproduction et la réinsertion d’une ou de plusieurs espèces
animales ou végétales menacées d’extinction ou endémique,
4. les sites présentant une importance particulière en raison de leur intérêt scientifique, esthétique,
instructif, récréatif ou éducatif.
Art. 5 - Les aires marines et côtières protégées peuvent être créées sur toute partie du littoral tel que
défini par la loi portant création de l’agence de protection et d’aménagement du littoral, qu’elle soit
propriété publique ou privée, si les études scientifiques précédant la création de l’aire protégée
établissent que le site présente un ou plusieurs éléments parmi ceux énumérés à l’article 4 de la présente
loi.
Art. 6 - Chaque fois que l’exige la nécessité de la protection et selon les cas, le transfert de la gestion ou
l’affectation d’immeubles ou de parties d’immeubles relevant du domaine public ou privé de l’Etat
peuvent être opérés au profit de l’Agence de protection et d’aménagement du littoral, conformément
aux procédures en vigueur dans le but de créer une aire marine et côtière.
Art. 7 - La gestion des biens immeubles privés demeure entre les mains de ceux qui en ont l’usage et les
titulaires des droits réels sur lesdits immeubles dans la mesure où cela ne s’oppose pas aux impératifs de
la protection et à condition que cela se réalise en conformité avec les dispositions de la présente loi.
Dans le cas où la nécessité de la protection l’exige, l’Agence de protection et d’aménagement du littoral
peut acquérir ces immeubles soit par la voie amiable, soit par recours à l’expropriation pour cause
d’utilité publique.
Art. 8 - l’aire marine et côtière protégée peut, en fonction des exigences, être érigée en plusieurs zones
avec des degrés de protection différents en vue de :
1. conserver intégralement les écosystèmes fragiles ou une ou plusieurs espèces de faunes ou de flores
protégées,
2. renforcer et promouvoir la mise en valeur de la nature et de ses ressources conformément aux
exigences du développement durable.
Art. 9 - Est crée auprès du ministère chargé de l’environnement un conseil consultatif dénommé «
conseil national des aires marines et côtières protégées » auquel sont soumises pour avis les questions
relatives à la création des aires marines et côtières protégées, la révision de leur délimitation ou leur
déclassement.
Les attributions et la composition du conseil sont fixées par décret.
CHAPITRE II
De la création des aires marines et côtières protégées
Art 10 - Les aires marines et côtières protégées sont créées par décret sur proposition du ministre
chargé de l’environnement et du ministre chargé des forêts et de la pêche et après enquête publique
diligentée selon les procédures établies par la présente loi.
Art. 11 - L’enquête publique est diligentée par un commissaire enquêteur assermenté désigné par le
ministre chargé de l’environnement.
Les attributions du commissaire enquêteur et les modalités d’exercice des ses fonctions sont fixés par
décret.
Art. 12 - Le commencement de l’enquête publique, la date de sa clôture et la zone concernée par ladite
enquête sont annoncés par arrêté du ministre chargé de l’environnement. Celui-ci notifie cet arrêté au
Gouverneur de la région et au juge cantonal de la zone concernée, et ce, dans un délai de trois mois au
moins avant la date du commencement de l’opération.
Le gouverneur ordonne l’affichage de cet avis aux sièges du gouvernorat, de la délégation et de la
commune concernés, le juge cantonal ordonne l’affichage dudit avis dans son auditoire. Le même avis
doit également être publié dans Le Journal Officiel de la République Tunisienne et dans deux journaux
quotidiens dont l’un en langue arabe, tout cela dans un délai de deux mois au moins avant la date du
commencement de l’enquête.
Art. 13 - Le commissaire enquêteur désigne son domicile au siège de la représentation régionale de
l’Agence de protection et d’aménagement du littoral, s’il existe, au siège de la commune s’il existe ou au
siège de la délégation. Le public en est avisé conformément aux procédures prévues à l’article 12 de la
présente loi.
Le commissaire enquêteur reçoit les observations et les avis des résidents de la région concernée, ainsi
que des représentants des entreprises publiques ou privées, des associations et des organisations
professionnelles intervenantes dans la région et consigne les déclarations orales dans un registre côté et
paraphé par le juge cantonal compétent, auquel sont annexés les observations, les oppositions et les avis
présentés par écrit ou adressés au commissaire enquêteur par lettres recommandées avec accusé de
réception dans les délais fixés par l’arrêté.
A l’expiration du délai, le registre d’enquête sera clos par le commissaire enquêteur et remis au
gouverneur de la région pour avis puis transmis au ministre chargé de l’environnement.
Art. 14 - Le décret portant création de l’aire marine et côtière protégée énonce les motifs de sa création,
ses délimitations, les règles de son organisation, les zones qui en font partie ainsi que les interdictions
ou les restrictions et leurs niveaux.
L’agence de protection et d’aménagement du littoral requiert la pré-notation des interdictions et des
restrictions et leurs niveaux sur les titres de propriété des immeubles immatriculés. L’agence procède à
toutes les opérations sur le terrain tendant à délimiter les zones couvertes par l’aire marine et côtière
protégée et ce en plantant des bornes de délimitation apparentes et visibles.
Art. 15 - L’agence de protection et d’aménagement du littoral avise les titulaires de droits réels et ceux
qui ont l’usage d’ immeubles à l’intérieur de l’aire marine et côtière protégée par lettre recommandée
avec accusé de réception de la soumission de leurs droits aux prescriptions de la protection, des
modifications devant y être apportées et des utilisations auxquelles il doit être mis fin.
Art. 16 - Les titulaires de droits réels sur les immeubles frappés de servitudes ont droit à une
indemnisation équitable pour le préjudice matériel, réel et direct qu’ils ont subi, suite aux interdictions
et restrictions portées à leur liberté de disposer de leurs biens et droits situés dans la zone protégée, si
les dites interdictions et restrictions ont causé des modifications sur l’état de l’immeuble ou une
réduction de la jouissance.
Art. 17 - Les propriétaires des immeubles frappés de servitudes peuvent demander à l’agence de
protection et d’aménagement du littoral l’acquisition desdits immeubles si les bénéfices quelle qu’en soit
la nature qu’ils en tirent habituellement se trouvent réduits de plus de la moitié par l’effet de ces
servitudes.
Art. 18 - Les demandes d’indemnisation et les offres d’achat des immeubles sont adressées à l’agence de
protection et d’aménagement du littoral par lettre recommandée avec accusé de réception. L’agence
doit y répondre selon la même procédure et ce dans un délai de trois mois à compter de la date de
réception des dites demandes.
Art. 19 - Le droit des propriétaires de réclamer à l’agence de protection et d’aménagement du littoral
d’acquérir leurs immeubles assujettis est prescrit deux ans après la date de la signification de la
soumission de leurs immeubles aux exigences de la protection.
Le droit à l’indemnisation du chef des préjudices subis par les titulaires des droits réels est prescrit après
trois ans à compter de la date de la dite signification. Les titulaires des droits réels ou ceux qui ont
l’usage des immeubles assujettis peuvent recourir au tribunal compétent dans le cas où, ils ne
parviennent pas à un accord avec l’agence sur le montant de l’indemnité ou sur la valeur de l’immeuble
ou dans le cas où l’agence ne répond pas à leurs demandes dans les délais qui lui sont prescrits par la loi.
Art. 20 - Est interdit tout changement de la nature des aires marines et côtières protégées ainsi que
toute action impliquant une modification de son aspect, sauf pour des exigences de protection de la
nature ou de développement durable et ce par autorisation du ministre chargé de l’environnement après
avis du conseil consultatif des aires marines et côtières protégées.
Art. 21 - Le déclassement total ou partiel de l’aire marine et côtière et la révision de ses délimitations se
font selon les mêmes procédures établies pour sa création.
CHAPITRE III
De la gestion et de l’administration des aires marines et côtières protégées
Art. 22 - La gestion des aires marines et côtières protégées est confiée à l’agence de protection et
d’aménagement du littoral dans le cadre de la réalisation des objectifs de la présente loi et de ses textes
d’application.
L’agence de protection et d’aménagement du littoral peut, après l’aménagement de l’aire, confier son
exploitation sous forme de concession ou d’occupation temporaire ou sous toutes autres formes
d’exploitation, à une entreprise publique ou privée ou à une association constituée conformément à la
législation en vigueur, après avis du gouverneur de la région concernée et approbation du ministre
chargé de l’environnement.
Art. 23 - Dans le cas où la zone protégée couvre des propriétés privées et que les impératifs de
protection n’exigent pas leur expropriation pour cause d’utilité publique, l’agence de protection et
d’aménagement du littoral peut conclure des conventions sur la base desquelles les personnes ayant un
droit réel sur ces propriétés s’engagent à gérer leurs immeubles conformément à un cahier des charges
approuvé par décret.
Art. 24 - La gestion des aires marines et côtières protégées est obligatoirement menée sur la base de
plans de gestion approuvés par le ministre chargé de l’environnement. Lesquels plans sont établis par
l’agence de protection et d’aménagement du littoral dans le cadre de commissions constituées de
représentants des ministères et structures concernés, désignés par le ministre chargé de
l’environnement. La composition et le mode de fonctionnement de ces commissions sont fixés par
décret sur proposition du ministre chargé de l’environnement.
Art. 25 - Les plans de gestion fixent les orientations de la protection et de la valorisation et les mesures
nécessaires pour la mise en œuvre de ces orientations dans les aires marines et côtières protégées. Ils
comportent notamment :
- la détermination de la période d’exécution du plan de gestion,
- une description détaillée de l’aire, concernant son emplacement, ses délimitations, les différentes
zones de protection qu’elle renferme et leurs niveaux et les ressources naturelles qui y existent,
- un inventaire de l’état écologique du milieu naturel de l’aire avec mention d’un suivi obligatoire de cet
état et de son actualisation, et l’indication des facteurs susceptibles d’avoir un impact négatif sur elle,
- la détermination d’un mode de gestion et d’administration approprié en fonction des caractéristiques
de l’aire,
- l’indication des ressources humaines et matérielles affectées à la gestion et à l’administration de l’aire
protégée,
- l’indication des mesures portant organisation de l’aire ainsi que l’ensemble des dispositions auxquelles
elle est soumise.
Art. 26 - Dans le cas où les exigences de la protection nécessitent que la gestion de l’aire soit effectuée
directement par l’agence de protection et d’aménagement du littoral, un administrateur est désigné pour
prendre en charge la gestion de l’aire, par arrêté du ministre chargé de l’environnement qui fixe ses
attributions.
Les conditions et les modalités de gestion des aires marines et côtières protégées sont fixées par décret
sur proposition du ministre chargé de l’environnement.
CHAPITRE IV
Du régime de protection
Art. 27 - Sont interdites, ou soumises à des restrictions ou autorisations préalables, à l’intérieur des aires
marines et côtières protégées, les activités et les actions suivantes :
1. l’accès du public à l’aire protégée ou à une partie de l’aire,
2. le passage du public, autre que les habitants et les riverains, quelque soit le moyen utilisé,
3. le nourrissage des animaux non domestiqués,
4. la publicité,
5. les activités industrielles, économiques touristiques et commerciales,
6. la navigation et l’accès ou l’accostage de toute barque ou bateau même s’il est touristique,
7. La plongée sous marine,
8. le survol de l’aire protégée,
9. toute modification des constructions existantes ou toute construction nouvelle quelqu’en soit l’usage,
10. la mise à feu,
11. le prélèvement d’échantillons des espèces de la faune ou de la flore,
12. l’enlèvement de fossiles et l’extraction de minéraux,
13. La construction d’équipements de transport et de communications et l’installation de conduites de
liquides et de gaz, de lignes électriques ou téléphoniques qui doivent impérativement passer par une aire
marine et côtière protégée,
14. le rejet et le déversement de déchets liquides, solides, gazeux ou autres substances qui sont de nature à
porter un préjudice direct ou indirect aux aires marines et côtières protégées,
15. la pêche quelqu’en soit la nature à titre professionnel ou sportif,
16. l’introduction d’armes et d explosifs, de tout moyen de pêche ou de chasse destructeur ainsi que
l’introduction de matières toxiques ou polluantes,
17. tout acte intentionnel dans le but de capturer des animaux, de les blesser, ou de les tuer,
18. la dégradation ou la destruction des habitats nécessaires à la reproduction des espèces animales ou de
leurs lieux de repos,
19. le dérangement intentionnel des animaux notamment en période de reproduction et de nidification et
en période de dépendance des petits animaux et de migration,
20. l’introduction d’espèces animales exotiques ou génétiquement modifiées dans le périmètre de l’aire
protégée,
21. le trafic de la faune ou de parties de la faune, de la flore ou de parties de la flore protégées provenant de
l’aire marine et côtière protégée,
22. la cueillette, le ramassage, l’arrachage, la coupe ou le déracinement intentionnel des plantes,
23. toute activité d’exploration ou impliquant une modification de la configuration du sol ou l’exploitation
du sous-sol de la partie terrestre, du fond de la mer ou de son sous-sol,
24. la recherche et les fouilles archéologiques et des épaves maritimes dans le sous-sol, dans la partie
terrestre, et dans le fond de la mer et son sous-sol,
25. tout acte intentionnel de nature à porter préjudice à l’équilibre naturel,
26. l’utilisation ou l’épandage d’insecticides toxiques dans les terres limitrophes des aires marines et côtières
protégées.
Le décret de création fixe les activités et les actions interdites ou soumises à des restrictions ou
autorisations préalables et leurs conditions d’exercice, et ce parmi les actions et les activités sus-
indiquées dans chaque aire marine et côtière protégée.
Les conditions d’exercice des actions et activités sus-indiquées sont fixées par arrêté du ministre chargé
de l’environnement, après avis du ministre ou des ministres concernés.
Font exception aux interdictions prévues par cet article les activités et les actions relatives à la sécurité
ou à la défense nationale ou à la recherche scientifique.
Art. 28 – Nonobstant les dispositions de la législation et des règlements en vigueur, toutes les activités
et les actions nécessitant une autorisation préalable à l’intérieur des aires marines et côtières protégées
sont soumises à l’obligation de présenter une étude de leurs impacts prévisibles sur ces aires à l’Agence
de protection et d’aménagement du littoral.
CHAPITRE V
Des dispositions pénales
Art. 29 - Les infractions prévues par la présente loi sont constatées par procès-verbaux établis par:
1. les officiers de police judiciaire visés aux numéros 2, 3, et 4 de l’article 10 du code de procédure pénale,
2. les commandants des unités navales, les officiers de la marine nationale et les agents assermentés du
service national de surveillance côtière, parmi les agents de la catégorie « A » ou d’une catégorie
équivalente,
3. les officiers de la marine marchande et les officiers des ports de commerce,
4. les agents assermentés de la garde nationale maritime parmi les agents de la catégorie « A » ou d’une
catégorie équivalente,
5. les agents assermentés et spécialement habilités relevant de l’agence de protection et d’aménagement du
littoral, parmi les agents de la catégorie « A » ou d’une catégorie équivalente,
6. les officiers et les agents des douanes parmi les agents de la catégorie « A » ou d’une catégorie
équivalente,
7. les agents forestiers parmi les agents de la catégorie « A » ou d’une catégorie équivalente,
8. les agents assermentés et habilités relevant de l’agence nationale de protection de l’environnement,
parmi les agents de la catégorie « A » ou d’une catégorie équivalente,
9. les agents et les experts contrôleurs assermentés et spécialement habilités par le ministère chargé de
l’environnement à constater les infractions et les règlements relatifs au littoral et au domaine public
maritime, parmi les agents de la catégorie « A » ou d’une catégorie équivalente,
10. les agents assermentés et habilités à contrôler la pêche parmi les agents de la catégorie «A» ou d’une
catégorie équivalente.
Art. 30 - Les procès-verbaux des infractions aux dispositions de la présente loi sont établis par les
agents susvisés qui constatent personnellement et directement les faits constitutifs de l’infraction ou ses
conséquences. Les procès-verbaux doivent contenir les indications suivantes :
1. la date, l’heure et le lieu du procès-verbal,
2. la nature et le lieu de l’infraction commise,
3. le nom, prénom et profession du contrevenant s’il est une personne physique, ou la dénomination
sociale, le siège, le nom et prénom du représentant légal si le contrevenant est une personne morale,
4. les procédures suivies pour la saisie avec mention des appareils, outils et objets saisis,
5. la constatation de l’infraction,
6. la signature du contrevenant ou de son représentant légal avec mention du refus de signer ou de
l’absence,
7. le cachet de l’administration dont relève l’agent verbalisateur, son nom, prénom, sa qualité et sa
signature.
Art. 31 - Les outils et les appareils qui ont servi ou qui étaient destinés à servir à l’infraction sont saisis
par les agents habilités à constater les infractions prévues par la présente loi et ce conformément aux
dispositions du code de procédure pénale.
Art. 32 - Les procès-verbaux établis et signés par les personnes visées à l’article 29 de la présente loi
sont transmis par l’intermédiaire de l’autorité administrative dont ils dépendent au ministère chargé de
l’environnement qui se charge de les transmettre, à son tour, au procureur de la république
territorialement compétent.
Art. 33 - Le procureur de la république, avant la mise en mouvement de l’action publique et le tribunal
saisi, tant qu’un jugement définitif n’a pas été prononcé, peuvent ordonner le recours à la transaction
sur demande du contrevenant.
Le procureur de la république ou l’instance judiciaire saisie approuve la transaction conclue par écrit
entre l’Agence de protection et d’aménagement du littoral et le contrevenant.
La transaction est conclue sur la base de critères et d’un barème indicatif des montants transactionnels
qui sont fixés par décret, pris sur proposition du ministre chargé de l’environnement.
Les délais de prescription de l’action publique sont suspendus durant la période d’accomplissement des
procédures de transaction ainsi que durant la période nécessaire à son exécution. L’exécution de la
transaction entraîne l’extinction de l’action publique et l’arrêt des poursuites ou du jugement.
Art. 34 - Le produit des transactions est transféré au profit de l’Agence de protection et d’aménagement
du littoral.
Art. 35 - La transaction ne peut pas être conclue dans les cas suivants :
- dans les infractions relatives aux activités et actions interdites, telles que fixées par le décret portant
création de l’aire au sens de l’article 27 de la présente loi,
- si l’auteur de l’infraction a bénéficié d’une mesure de transaction au cours des deux années ayant
précédé la date de l’établissement du dernier procès-verbal d’infraction,
- si le contrevenant a commis, au cours des deux années suivant la date du prononcé du dernier
jugement à son encontre l’une des infractions prévues par la présente loi.
Art. 36 - Est puni d’un emprisonnement de 16 jours à un mois et d’une amende de 250 dinars à 500
dinars ou de l’une de ces deux peines quiconque aura enfreint les dispositions des paragraphes 1 à 4 de
l’article 27.
Art. 37 - Est puni d’un emprisonnement de 16 jours à 3 mois et d’une amende de 1000 dinars à 20 000
dinars ou de l’une de ces deux peines sans préjudice des peines plus sévères, quiconque aura enfreint les
dispositions des paragraphes 5 à 13 de l’article 27.
Art. 38 - Est puni d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 1000 dinars à 50000
dinars ou de l’une de ces deux peines sans préjudice des peines plus sévères, quiconque aura enfreint les
dispositions des paragraphes 14 à 26 de l’article 27.
Art. 39 - Les peines prévues par les articles 36, 37, et 38 sont portées au double lorsque l’infraction est
commise entre le coucher et la levée du soleil et aussi en cas de récidive.
Art. 40 - Nonobstant les sanctions pénales qui peuvent être prononcées conformément aux
dispositions des articles 36, 37 et 38, tout contrevenant est assigné à rétablir l’état initial dans un délai ne
dépassant pas six mois à compter de la date du prononcé du jugement. Le jugement ordonne l’agence
de protection et d’aménagement du littoral est autorisée à procéder à la remise en état aux frais du
contrevenant lorsque celui-ci refuse de le faire ou se trouve dans l’impossibilité de le faire.
Art. 41 - Le tribunal peut ordonner, aux frais du condamné, la publication du jugement dans deux
quotidiens tunisiens dont l’un en langue arabe. Le tribunal fixe dans ce cas la durée de la publication.
Art. 42 - Lorsque le contrevenant est une personne morale, la peine d’emprisonnement prévue par les
articles 36, 37 et 38 de la présente loi est applicable à toute personne ayant qualité pour représenter la
personne morale et dont la responsabilité personnelle dans les faits commis est prouvée.
Art. 43 - Le ministre chargé de l’environnement peut, en cas d’extrême urgence, ordonner toutes les
mesures nécessaires ou, le cas échéant, l’exécution des travaux qui s’imposent pour limiter l’aggravation
des dommages subis des dispositions de la présente la loi.
La présente loi sera publiée au Journal Officiel de la République Tunisienne et exécutée comme loi de
l'Etat.
Tunis, le 20 juillet 2009.
Zine El Abidine Ben Ali
(*) Travaux préparatoires :
Discussion et adoption par la chambre des députés dans sa séance du 23 juin 2009.
Discussion et adoption par la chambre des conseillers dans sa séance du 4 juillet 2009.
Annexe 4: Recensement des poissons et céphalopodes autour
de la Grande Kuriat
Variante 1
Stations entre 1 et 6m de profondeur. Consiste à parcourir une distance (trajet parallèle à la côte) de 50 m, avec 3 répliques.
Elle a été réalisée dans 3 stations (11, 15 et 19) des secteurs Ouest et Nord-ouest de la Grande Kuriat, et a permis de
compter 518 individus de poissons réparties en 16 espèces.
Stations 11 15 19
Répliques 11.1 11.2 11.3 15.1 15.2 15.3 19.1 19.2
Situation 35º 48,261’ N 35º 47,526’ N 35º 48,302’ N
11º 01,110’ E 11º 01,082’ E 11º 01,902’ E
Profondeur (m) 5,4-6 5,5-5,9 5,3-5,7 3,5-4,2 1,5-2,1 1,5-1,7 1,2-2,2 1,6-2,1
Substrats (*) R,P,S R,P R,P,S R,P,C,S R,P,C,S R,C,P R,P,C R,P,C
Chromis chromis 160 24 7 - - - - -
Coris julis 2 7 2 4 - - 6 1
Diplodus annularis 1 2 - - - - - -
Diplodus sargus - 1 - 3 5 - 2 -
Diplodus vulgaris 10 12 6 8 10 5 18 22
Labrus viridis 1 - - - - - - 2
Lithognathus - - - - 2 - 3 -
mormyrus
Mullus surmuletus - 1 - - - - - -
Oblada melanura - 5 1 - - - - -
Sarpa salpa 11 - 10 - - - - 9
Seriola dumerilii - - - 1 - - - -
Serranus cabrilla 1 1 - - - - - -
Serranus scriba 2 1 1 2 3 2 - 6
Spicara smaris 120 7 - - - - - -
Spondylosoma 1 2 - - - - - -
cantharus
Symphodus tinca - - - 2 1 6 2 2
Total/réplique 309 63 27 20 21 13 31 42
Spp./réplique 10 11 6 6 5 3 5 6
(*) : Substrats : (C) Cymodocea nodosa ; (P) Posidonia oceanica ; (R) roche ; (S) sable.
Variante 2
Stations entre 10 et 20m de profondeur. Elle consiste à parcourir des radiales de 50m, subdivisée chacune en 5 sections de
10m de long. Permettant de compter les poissons au niveau de chaque section, dans le but d’obtenir des résultats plus
affinées qui rendent leurs exploitations beaucoup plus sûre, ce qu’a permis de recenser 3651 individus de poissons et
céphalopodes répartis en 7 espèces.
Les valeurs indiquent les valeurs moyennes par radiales.
Stations/Spp. BIO1 BIO2 BIO3 BIO4 BIO5 BIO6
Date 19/10/2008 20/10/2008 21/10/2008
Coordonnées 35º49,139’ N 35º 48,606’ N 35º 46,151’ N 35º 47,016 N 35º 46,614’ N 35º 46,279’ N
11º 00,241’ E 11º 00,994’ E 11º 03,643’ E 11º 02,870 E 10ª 58,595’ E 10ª 59,009’ E
Profondeur (m) 19 10 20 10 18 11
Substrat (**) P P, DR P P P P
Anguilla anguilla - - - - 1 -
Chromis - - - 63 - -
chromis
Coris julis 14 15 16 13 5 -
Diplodus 10 - 5 5 1 -
annularis
Diplodus 2 - 9 7 2 6
vulgaris
Mullus 1 - 5 - - -
surmuletus
Oblada - 1 4 - - -
melanura
Serranus 1 1 3 5 - -
hepatus
Spicara smaris 271 182 659 262 519 250
Symphodus 1 - 2 2 - -
tinea
Octopus - 2 - - - 3
vulgaris
Total 506 409 703 357 924 260
Nombre 7 5 8 7 5 5
d’espèces
(**) : Substrat : (P) herbier de Posidonia ; (DR) dalles rocheuses.
Précisions sur la nature du substrat des stations profondes :
- Bio1: Fond monotone et homogène à herbier de Posidonia peu dense et à feuilles très courtes (-19m).
- Bio2: Herbier de Posidonia peu dense sur un fond dalles rocheuses ou à affleurement rocheux plats (-10m).
- Bio3: Herbier de Posidonia à feuilles régulières sur matte de 1,4m (-20m).
- Bio4: Herbier de Posidonia à feuilles longues sur matte de 1,3m (-10m).
- Bio5Herbier de Posidonia à feuilles longues pas de matte visible (18m).
- Bio6: Herbier de Posidonia avec une densité de 70% et à feuilles longues pas de matte visible (-11m).
Source : Ramos-Espla et Ben Mustapha, 2010.