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Dossier de Candidature au

CAP Ebénisterie

2020/2021

Clémence Provost
Qui je suis

J’ai une affinité ancienne et particulière avec le bois et le travail du bois appliqué à la restauration de
meubles.

Le bois a toujours été pour moi une matière privilégiée ; je l’ai étudié, je l’ai travaillé, et je continue de
m’intéresser à cette matière.

Dans un premier temps, j’ai étudié le bois. J'ai fait des études d'agronomie (ENSAIA Nancy) que j'ai
poursuivies par un 3ème cycle (Diplôme d’Etude Approfondie / DEA d'écologie) en 1993 (M2
aujourd'hui) suivi d'une thèse qui portait sur l'étude des climats tropicaux à partir de l'étude du carbone
13 (13C) présent dans le bois, isotope marqueur des périodes de sécheresse.

Dans un deuxième temps, j’ai eu une expérience professionnelle qui m’a permis d’être en contact avec
la matière. Pour cela, pendant ma thèse, je suis allée en Guyane (dans une station de recherche du
Museum national d'histoire naturelle près de Sinnamary) ainsi qu'au Cameroun (dans une scierie près
de Foumbot) récolter des tranches d'arbres afin de les analyser. J'ai ainsi dû travailler sur ces tranches
d'arbres, les poncer afin de pouvoir lire leurs cernes, puis prélever des échantillons de ces cernes. J'ai
extrait la cellulose du bois pour n'analyser que la partie structurelle correspondant à la période de
construction de ce bois, et ainsi éliminer les constituants qui s’étaient fixés après la période étudiée (la
lignine par exemple ou les constituants mobiles du bois). J'ai ensuite mesuré et analysé la quantité de
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C présente dans chaque cerne pour retrouver les périodes de sécheresse.

J'ai ainsi acquis une connaissance vivante de cette riche matière qu'est le bois.

Enfin, depuis trois ans, je prends des cours d'ébénisterie chez Monsieur Bertrand Plisson, ébéniste
restaurateur spécialisé en bois de sièges, dont l'atelier est situé 4 rue de Saussure à Paris 17ème, ancien
expert à l'Union française des experts.
J'y ai appris, outre des notions sur les styles et les époques, le maniement d'outils (tels que rabot, ciseau
à bois, gouge, rappe, racloir, etc.), des techniques de démontage, montage, collage (avec différentes
colles telles que la colle de poisson, la colle chaude au bain marie mélange de colle de nerf et d'os, la
colle blanche), reprise de teintes à l'aide de pigments solubles à l'eau, brunissage, vernissage…
J'ai ainsi pu restaurer -sous la supervision et les conseils de Bertrand Plisson- divers types de meubles
dans diverses essences : chaises, tables, guéridons, fauteuils …
En voici quelques exemples :

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Restauration d'une chaise de nourrice en noyer, fin XIXème
Cette chaise de nourrice était démontée ; les mortaises de la traverse avant étaient cassées avec des
manques de bois.
J'ai commencé par aplanir les surfaces cassées à l'aide d'un ciseau à bois et d'un racloir. J'ai collé de
façon irréversible des pièces de noyer sur ces parties planes en effectuant le serrage à l'aide de "propres-
à-rien", les serre-joints n'étant pas adaptés à ce collage délicat (photos ci-dessous).

J'ai sculpté au ciseau à bois (ou gouge pour les parties arrondies) les morceaux collés pour reformer les
2 côtés de la pièce ainsi que les mortaises (photos ci-dessous).

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Une fois ce travail terminé, j'ai effectué le remontage et collage (à la colle chaude) de la chaise avec
vérification des diagonales à l'aide d'un compas et serrage avec serre-joints et presse à sangle (photos).

Puis, le travail de finition a commencé avec suppression des surplus de colle, remplissage des rainures
de collage avec de la cire dure teintée, reprise de teinte des bois collés avec des pigments à l'eau et
polissage à l'aide de crin de cheval et d'un brunissoir en agate. Enfin, j'ai terminé le travail de finition en
passant une couche de matine blonde à l'aide d'une mèche.

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Restauration d'un guéridon en acajou d'époque Louis Philippe
Etat initial : morceau du pied décollé, panier à fuseau cassé avec fuseaux manquants, surface du plateau
brûlée par une bougie (photo avant).
J'ai commencé par démonter le plateau en le décollant du piétement.
J'ai ensuite enlevé le vernis du plateau à l'aide d'un racloir et éliminé au maximum la partie brûlée.
J'ai décoloré le bois avec de l'acide oxalique (ou sel d'oseille) (photo gauche).
J'ai repris la teinte avec un mélange de pigments à l'eau (photo milieu).
J'ai vernis au tampon le plateau (photo droite), puis remonté le meuble (photo après).

Avant Après

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Restauration de tables gigognes en noyer fin XIXème - début XXème siècle
Ensemble de 3 tables gigognes très instables avec plateau fendu.
J'ai commencé par démonter les 3 tables : décollage des plateaux et démontage des pieds dont certains
étaient fixés à l'aide de clous. Il a été parfois difficile de retirer ces clous et j'ai dû utiliser une pince
électrique.
J'ai ensuite éliminé tous les surplus de colle restés sur les parties décollées (plateaux, pieds) ainsi que
raclé les dessus des plateaux pour les nettoyer.
J'ai recollé le plateau de la table supérieure qui était fendu (photo), puis recollé le plateau des trois tables
avec la traverse et les pieds (photos).

La finition a été réalisée avec une matine blonde.

Avant Après

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Ces quelques exemples illustrent que j’ai toujours gardé un fort intérêt pour cette matière et son
utilisation dans l'ébénisterie ; tout récemment, j’ai visité la Villa Cavrois construite en 1932 par
l'architecte Mallet Stevens à Croix (près de Lille). Cette maison a été entièrement pensée par Mallet
Stevens depuis la structure jusqu'au moindre détail décoratif en passant par le mobilier. Dans les années
1980, la villa a été dépouillée de tous ses mobiliers et matériaux. Dans les années 2000, l'Etat a acquis
la villa et a entrepris une lourde mission de réhabilitation de la maison, des mobiliers et du jardin. Tous
les corps de métier ont été mobilisés et se sont alors succédé pour restituer cette maison dans son état
d'origine, à partir du livre de photos réalisé par Mallet Stevens en 1934 (Une demeure 1934 in
L'architecture d'aujourd'hui, Jean-Michel Place éditions, 2000).

J’ai été très impressionnée par ce travail colossal qui a mobilisé des talents divers et après la visite j’ai
contacté le musée pour connaitre l'entreprise qui s'était occupée de la restauration (ou plutôt la
fabrication à l'identique) des meubles et boiseries. Il s’agit des Ateliers de la Chapelle à Sèvremoine (à
proximité de Nantes) dont j'ai pu examiner le site internet et m'informer sur leur travail et leurs diverses
réalisations.
Voici des exemples des pièces restaurées avec des meubles et boiseries d'une même essence de bois

Palmier dans la chambre des parents Sycomore dans le boudoir de Mme Cavrois
(Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Villa_Cavrois)

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Mon Projet

J’ai le projet de monter un atelier, avec 2 autres associés dont les expertises et tours de main seraient
complémentaires de la mienne, à savoir tapisserie et menuiserie ; cela nous permettra de proposer une
offre de services dans la restauration de meubles ou de sièges et la création de mobilier contemporain.
J’aimerais me spécialiser dans la restauration de mobilier : sièges, fauteuils, chaises, tables de nuit,
coffres, petites commodes, etc. datant plutôt des XIXème / XXème siècles.
Le second artisan s’occuperait de la tapisserie c'est à dire des galettes, des assises et des dossiers de
chaises, fauteuils, sofas, canapés, etc. J’ai pris contact avec une amie actuellement en CAP Tapisserie à
l’école Boulle. J'ai également personnellement quelques connaissances dans ce domaine ayant suivi des
cours depuis 3 ans dans un atelier municipal de ma commune.
Le troisième s’occuperait de menuiserie / ébénisterie moderne comme la création de mobiliers pour les
particuliers ou des professionnels (bibliothèques, bureaux, commodes, buffets...).

J’ai à cœur de travailler avec d’autres artisans afin d'être en contact avec d'autres professionnels et
pouvoir partager au quotidien sur nos pratiques, nous donner des conseils, mettre en commun nos savoir-
faire, nos outillages, nous entraider, nous perfectionner.

Pour démarrer mon activité, j’ai la possibilité de reprendre l’atelier de M. Plisson à Paris 17ème, que je
connais depuis plusieurs années ; mon projet l’intéresse et il est prêt à m’aider. Il aime son métier et il
est content que cette activité se poursuive. M. Plisson est en effet proche d'arrêter son activité
professionnelle ; il a déjà réduit considérablement son activité ; aussi, il est disposé à me céder certains
de ses outils. Il est propriétaire de ses murs et il est aussi disposé à me louer ses locaux pour le lancement
de mon activité.
Cet atelier se compose de deux pièces : une sur rue avec vitrine et une sur cour, chacune de 20 m2 ainsi
qu'une cave de 10 m2.Ce local est chauffé à l'électricité.
Il me cèderait également son équipement et son stock de bois et de bois de placage (scié et tranché).

J'ai réfléchi au nom de cet atelier que j'appellerai "De bois et de fil", nom qui évoque, selon moi, le lien
entre ébénisterie et tapisserie.
J'ai également réfléchi à la façon dont nous allons nous faire connaître. Je créerai un site internet, une
page Instagram et une page Facebook. Je compte également et surtout sur le bouche-à-oreille pour
développer ma clientèle ; c'est en effet dans mon cercle d'amis que m'ont été confiés les objets que j'ai
déjà d’ores et déjà pu restaurer. Etant satisfaits du travail que j’avais accompli, mes amis ont parlé de
moi à leurs proches et leurs relations et c’est ainsi que je me suis alimentée de mobiliers à restaurer au
cours des 3 dernières années … J’apprécie ce mode de développement de la clientèle car cela permet
aux clients de prendre connaissance sur pièce de mes réalisations qui portent bien souvent sur des objets
personnels voire intimes qui parfois appartiennent à leur famille depuis longtemps ; je pense que cet
attachement à ces objets doit être pris en considération dans la conduite de mes travaux et participe à
l’émulation dans le soin que je dois apporter. Le métier que je veux exercer comprend en effet une
dimension confiance importante car des histoires existent bien souvent autour de ces objets à restaurer.

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Par ailleurs j'ai rencontré M. Jérôme Mortain, menuisier / ébéniste, qui a suivi le CAP de l'école Boulle
il y a quelques années et a créé son entreprise (Atelier 111 à Bois Colombes). Selon lui, les publicités
dans les boîtes aux lettres fonctionnent bien et je ferai imprimer des flyers pour faire connaitre mon
atelier. Je déposerai également ces flyers chez les commerçants des environs.
J'ai également des amis dans le domaine de l'ameublement, notamment une décoratrice d'intérieur qui
pourrait être intéressée.

Pour la structuration juridique, comme exposé ci-dessus, j'envisage de m'associer avec un tapissier et un
menuisier et la structure adaptée me semble être de créer une société à responsabilité limitée dont nous
serions les gérants et les seuls associés. Cette structuration permettrait de mutualiser les coûts, de
proposer à nos clients des prestations à la carte ou une prestation globale (ébénisterie, menuiserie,
tapisserie) selon leur besoin et de créer une saine et stimulante émulation entre nous. J'ai déjà identifié
le tapissier qui serait disposé à s'associer avec moi et cette collaboration me parait être la priorité.
S'agissant du menuisier, son intégration pourrait intervenir dans un second temps. Bien évidemment, la
répartition du capital avec mes coassociés reste à convenir.
Je n'envisage pas dans un premier temps d'être rémunérée au titre de mon travail dans l'atelier, le temps
que l'activité démarre et que les charges fixes soient couvertes.

Pour la projection financière, limitée à ce stade à l'activité ébénisterie que j'exercerai, voici mes
premières estimations menées sur des bases très prudentes ; c’est-à-dire à un taux horaire de 22 €, un
nombre de 4 heures facturables par jour estimé la première année en période de démarrage du
développement de la clientèle et de 10 mois d'activité liés à la diminution de celle-ci l'été. Je prévois une
augmentation : du taux horaire à 25 €, du nombre d'heures facturées par jour à 5 puis 6 ainsi qu'une
augmentation des consommables à 400 € puis 500 € mensuels les deuxième et troisième années. Pour
information M. Plisson m'a indiqué qu'il facturait un montant de 30 € de l'heure.
Les hypothèses de frais généraux imputables à l'activité ébénisterie évolueront avec l'association des
deux autres professionnels. Ils sont évalués pour l'instant mensuellement à 500 € de location du local,
20 € d'eau, 50 € d'électricité et 50 € d'assurance.
Enfin, les frais d'investissement sont estimés à 3 000 € de reprise de l'activité et du matériel et 4 000 €
d'achat d'outils.

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Tableau des projections financières les trois premières années en euros sur une base annuelle

année 1 année 2 année 3

Prestations de services hors taxes 19 360 27 500 33 000

Charges hors taxes


Loyer (6 000) (6 000) (6 000)
Eau (240) (240) (240)
Electricité (600) (600) (600)
Achat matériel (3 600) (4 800) (6 000)
Assurance (600) (600) (600)
Total charges (11 040) (12 240) (13 440)

Résultat courant 8 320 15 260 19 560

Charges exceptionnelles de démarrage


Reprise activité et du matériel (3 000)
Achat d'outils (4 000)

Résultat avant rémunération 1 320 15 260 19 560

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Pourquoi votre CAP m’intéresse

J’ai choisi votre formation, dont je suis à même d'assurer le financement, pour les raisons suivantes :

Tout d'abord l'excellence de l’école Boulle et de ses formations attestées par sa renommée et son
ancienneté, m'ont attirée.
La visite de l'école lors des portes ouvertes au mois de février dernier m'a fait mesurer cette excellence
ainsi que la qualité des ateliers, des enseignants et du matériel et moyens mis à disposition des élèves.

La diversité des formations complémentaires à l'ébénisterie (marqueterie, bronzerie, restauration de


mobilier, menuiserie du siège, …) sont également un des facteurs qui m'a particulièrement attirée,
rendant beaucoup plus facile les échanges avec leurs élèves et enseignants.

Grâce à votre formation, je sais que j'apprendrai les meilleures bases aussi bien en termes de
connaissances que de pratiques et de tours de main dont j’aurai besoin lorsque je travaillerai dans mon
atelier, et par exemple : des connaissances dans la conception, les plans, en histoire de l’art, sur les
matériaux, les différentes essences de bois, les colles…et des pratiques telles que le maniement des
outils, la fabrication de pièces, leur montage, des tours de main, …

Je vous remercie pour l’attention que vous saurez accorder à l’analyse de ma candidature. Je suis
extrêmement motivée et déterminée par la conduite de ce projet qui me tient à cœur depuis longtemps.
Mes enfants sont à présents grands et ont moins besoin de moi ; je peux maintenant penser à me
réorienter vers une activité qui m'a toujours séduite. J'espère réellement pouvoir réaliser ce projet.
Bien évidemment, je suis à votre disposition si vous avez la moindre question.

Clémence Provost
Téléphone 06 63 75 90 94
71 avenue Joffre
92250 La Garenne Colombes
Email clemence.provost6@gmail.com
Avril 2020

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