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La Pagade des clochetons et

la pagade Barbé, contribution


à l'histoire de Saïgon-Chalon ,
par P. Midan...

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


. La Pagade des clochetons et la pagade Barbé, contribution à
l'histoire de Saïgon-Chalon , par P. Midan.... 1934.

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La
Pagode des Clochetons
et la

( Contribution à l'histoire de Saigon Cholon )


-

PAR P. MIDAN

1934
LA PAGODE DES CLOCHETONS

(1) Dr. A. Benoist de la Grandière ; Les ports de l' Extrême-


Orient, débats de l'occupation française en Cochinchine ; Sou
venirs de campagne. Paris, A. Le Chevalier, édit. 1869.—
Benoist de la Grandière était médecin de la marine à bord
de la « Saône».
— 2.—

murs enserrés dans la caserne du R. T. A... Quant


aux Pagodes des Clochetons et Barbé (1), il n'en
reste plus trace.
Elles jouèrent pourtant un rôle de premier plan.
Le contre-amiral Page en avait fait des points d'ap-
pui, des relais, entre Saigon où était retranchée une
petite garnison franco-espagnole et Cây-mai, clef de
Cholon, ville chinoise, grenier de la Cochinchine
dont les Annamites voulurent nous couper pendant
la première phase de la conquête (2). Dans la nuit du
3 au 4 juillet 1860, poursuivant leur dessein, les An-
namites essayèrent de s'emparer de la Pagode des
Clochetons qui avait été hâtivement mise en état de
défense et qui fut le théâtre de sanglants combats (3).
Quant à la Pagode Barbé elle était déjà à cette épo-
que tristement célèbre. Elle portait le nom d'un
capitaine d'infanterie de marine qui fut un soir sur-
pris par des Annamites et décapité (4). Toutes les
deux furent avec la Pagode des Mares et la Pagode de
Cây-mai, fortement armées au début de la deuxième
phase des hostilités, dès que l'amiral Charner vint
prendre le commandement des troupes en février
1860. Et si elles ne jouèrent pas un rôle décisif
comme Cây-mai, pivot du mouvement tournant qui
devait aboutir à la chute des lignes de Ki-hoa, elles
eurent leur part dans la victoire car elles assurèrent
des communications sûres entre Saigon et Cholon.
Quelques années après, elles avaient entièrement
(1)Pallu de la Barrière donne généralement Barbé et non
Barbet.
(2) Cf. notre article : Rôle de Cholon pendant la conquête
Ed. de l'Asie Nouvelle, Imp. Nguyen van-Cûa, Saigon, 1934.
(3) Cf. Pallu de la Barrière, op. cit. pp. 34, 35 et 36.
(4) id. pp. 52-53,
disparu et pour retrouver leur emplacement exact
et les quelques documents qui ont survécu, il nous a
fallu, à soixante-dix ans de distance, nous livrer à
tout un travail de recherches patientes.
Nous avons obtenu l'autorisation de consulter les
Archives de la Direction de l'Artillerie à Saigon où
se trouve un grand plan au 1/5.000 de «Saigon, ville
de 500.000 âmes », signé du sergent Clipet, du lieute-
nant-colonel du génie Coffyn et de l'amiral Bonard.
Ce plan porte la Pagode des Clochetons avec en
légende: «(4) Terrain réservé provisoirement pour
le fort des Clochetons. » Un calque du plan actuel
au 1/5.000 appliqué sur le plan du Colonel Coffyn
donne les résultats suivants : la Pagode des Clo-
chetons se trouvait sur l'avenue du Maréchal
Foch qui prolonge la rue des Clochetons, et à
cheval sur les parcelles 21 et 22 du nouveau
plan, principalementsur l'emplacement actuel
de l'Ecole des Filles et du terrain vague en
bordure du boulevard Armand Rousseau.
Le plan actuel de la ville de Cholon appliqué sur
un plan contenant la pagode des Clochetons conservé
au Cadastre de la Cochinchine et portant l'indica-
tion : 1865 à 1867, donne des résultats légèrement
différents : la plus grande partie du terrain occupé
par la Pagode des Clochetons, se trouverait non pas
sur les parcelles 21 et 22 du nouveau plan, mais sur
les parcelles 20 et 23 situées de l'autre côté de l'ave-
nue du Maréchal Foch, près des Brasseries Larue,
villas nos 4 et 6 de l'avenue du Maréchal Foch (1).
(1) cf : planche n° 1, dressée par les soins M. de Villeneuve,
du Cadastré de Saigon : plan actuel en traits fins ; plan 1865-
1867 en traits plus gros.
Une lettre de M. Passerai de la Chapelle, chef-comp-
table de la ville de Cholon au Président de la
Municipalité, (1) semblerait appuyer la première
conclusion : « Dès mon arrivée à Cholon en juin
1891, je fus logé par la ville dans un des comparti-
ments de la pagode Barbet, actuellement Ecole
Maternelle... » Le chef-comptable fait erreur en ce
qui concerne le nom de la pagode. La pagode Barbet
était près de Saigon, au village de Xuân-hoà et ne
dépendait pas de Cholon. Mais retenons l'indication :
Ecole Maternelle. C'est bien sur l'emplacement de l'E-
cole Maternelle, devenue Ecole des Filles en 1917 (2)
que nous avions, d'après le plan Coffyn, situé la Pa-
gode des Clochetons.
L'erreur commise par M. Passerat de la Chapelle
est excusable. En 1891 la Pagode des Clochetons
n'était déjà plus qu'un souvenir. Les Archives du
Gouvernement de la Cochinchine contiennent la
seule mention que voici de la Pagode des Cloche-
tons : Note n° 611 du 31 octobre 1866 du Directeur de
l'Intérieur à M. Bonnevay, Chef de service du Génie....
Un entrepreneur vient réclamer parce que vos hom-
mes auraient enlevé des colonnes restant de l'ancienne
pagode des Clochetons qui avait été cédée à M. Babey
en échange de travaux faits à Cholon. Je vous envoie
en communication la copie du marché qui avait été
passé à ce sujet. Je vous transmets cette plainte afin
que vous en teniez le compte que vous jugerez conve-
nable. Elle a été portée par M. Pages, délégué de
(1) Registre des délibérations du conseil municipal de Cholon.
1906 — 1908, séance du 19 Juillet 1907, p. 156.
(2; Historique des Ecoles municipales de Cholon, communi-
qué par M. Decler.
M. Babey. Il s'agit en réalité de quelques morceaux de
bois pourri ». Signé : Vial. D'après une note n° 400
du 5 juillet 1866, nous savons que M. Babey avait fait
des travaux « pour la rectification et le rétablis-
sement de la ville de Cholon ». (1) C'est tout ce qui
reste dans les Archives de la Cochinchine de la
Pagode des Clochetons. La plainte et le marché
dont parle M. Vial ont disparu. Déjà en 1866, la Pa-
gode des Clochetons était qualifiée d'ancienne et il
ne restait d'elle que quelques morceaux de bois
pourri. Une gravure du Tableau de la Cochinchi-
ne (2) représentant la Pagode des Clochetons
pendant la conquête, nous explique sa rapide dis-
parition : ce n'était pas une pagode solide avec
une forte charpente en bois dur et deux énormes
monolithes sculptés à l'entrée, comme certaines
pagodes chinoises de Cholon. C'était une simple
paillotte aux murs en pisé, autour de laquelle les
Français avaient élevé des remparts en terre bat-
tue. Il suffisait de ne pas l'entretenir pour que
les intempéries eussent raison d'elle. La Pagode
des Clochetons eut une existence éphémère ; elle
n'est pas mentionnée dans le Plan de Giadinh et des
environs, dressé par Trân-vân-Hoe, le 14e jour de
la 126 lune de la 14e année de Gia-Long, 1815. (3)
En 1866 elle avait déjà disparu. L'autorité militaire
(1) Archives de la Cochinchine : Cahier d'ordres n° 3,1864 —
1866.
(2) E. Cortambert et L. de Rosny : Tableau de la Cochin-
chine., Paris, Armand le Chevalier, éd. 1862, pp. xij — xiij
de l'Annexe.
(3) Une copie de ce plan qui doit se trouver dans les Ar-
chives du Gouvernement. Général, à Hanoi, nous a été com-
muniquée au Service de la Voirie à Cholon.
— 6—
ayant abandonné le projet primitif de bâtir un fort
sur son emplacement, aucun vestige ne permet de
la situer.
La Pagode Barbé a subi le même sort. Elle était
connue par les Annamites sous le nom de chùa Hâi-
Tirong. D'après la tradition, c'est dans cette pagode
que serait né en 1790, le prince Dam, que Gia-Long
choisit pour successeur de préférence au prince
My-Dan. fils du prince héritier Canh, pupille de
l'Evèque d'Adran. (Le prince Dam devait succéder
à l'Empereur Gia-Long, sous le nom de Minh-Mang).
La pagode Barbé n'est pas portée sur le plan du
Coloriel Coffyn. Elle ne figure pas non plus sur le
plan de Trân-vân-Hoc. Elle a cependant laissé des
traces plus nombreuses que la pagode des Cloche-
tons. Elle appartint d'abord au génie militaire com-
me le prouve un plan de 1867 (Cadastre de la
Cochinchine) où elle est désignée sous le nom de
Poudrière Barbet. L'arrêté ci-dessous l'attribue au
service local. (1)
Saigon, le 10 septembre 1869.
LE CONTRE-AMIRAL GOUVERNEUR P. I.
Commandant en Chef
ARRÊTE:
1° La pagode Barbet ainsi que le petit fortin qui la
touche et tous les bâtiments qu'elle contient seront
cédés au service local;
2° La bande de terrain comprise entre la rue de
l'Impératrice prolongée et la propriété de Lanneau
sera réservée pour y construire ultérieurement une
gendarmerie ;
(1) Bulletin de la Cochinchine, 1869, p. 314.
3° En attendant que le budget de la Colonie per-
mette de faire cette construction, la pagode Barbet
et les bâtiments du fortin seront appropriés pour y
loger deux brigades de gendarmes à pied ;
4° MM. le Directeur de l'Intérieur et le Directeur
du Génie sont chargés chacun en ce qui le concerne
de l'exécution du présent arrêté qui sera inséré au
Bulletin Officiel de la Cochinchine.
Signé: G. OHIER.
Les Archives de la Cochinchine (1) contiennent
aussi un «Marché A-Fo pour l'exécution de travaux
de construction et de réparation à la pagode Barbet »
en date du 14 octobre 1869: «Marché de gré à gré
en bloc et à forfait entre M. Hermitte, Architecte de
la Colonie, Chef du Service des bâtiments civils,
stipulant au nom de l'Etat comme délégué du Direc-
teur de l'Intérieur et M. A-Fo, entrepreneur à Sai-
gon, pour l'exécution de travaux de réparation et de
construction à exécuter à la pagode Barbet pour y
disposer un casernement pour 4 brigades de gen-
darmes à pied». Le marché ne fut jamais exécuté.
Dans les Archives de la Cochinchine (2) nous trou-
vons encore la lettre manuscrite suivante du Direc-
teur de l'Intérieur au Chef de Service du Cadastre:
Saigon, le 10 mars 1871.
LE DIRECTEUR à M. le Chef du Service
du Cadastre
Monsieur le Chef de Service,
«J'ai fourni à la Commission de surveillance de
la maison d'éducation correctionnelle, le plan que
—8 —

vous avez fourni des terrains domaniaux destinés à


être annexés à la pagode Barbet pour être cultivés
par les jeunes détenus. La Commission ayant approu-
vé ce plan ainsi que vous le verrez par l'extrait ci-
joint du procès-verbal de sa dernière séance, et
M. le Gouverneur ayant autorisé en principe l'affecta-
tion du terrain qui y est désigné à la maison d'édu-
cation correctionnelle, je vous prie de vouloir bien
le faire immédiatement délimiter et borner en vous
concertant avec le Directeur de cet établissement.
Veuillez je vous prie en outre, m'adresser une nou-
velle copie du plan en question pour être soumis à
l'approbation du Gouverneur».
En appliquant sur le plan au 1/2000 joint à la lettre
ci-dessus une réduction au 1/2000 du plan au 1/5000
levé par M. Lambley le 28 octobre 1931,on arrive
aux conclusions suivantes : La pagode Barbet se
trouvait sur la parcelle 1 (n° 93 de la rue Ri-
chaud, ancienne rue n° 27, puis rue des Mois)et
les parcelles 8 et 9 (n° 26 de la rue Testard).
La parcelle 1 est occupée par l'hôtel de la Char-
tered Bank les parcelles 8 et 9 par la villa de
Me Mathieu au coin de la rue Testard et de la
rue Barbet. Le fortin dont parle l'arrêté du 10
septembre 1869 se trouvait sur la parcelle
24 ou s'élève actuellement la maison du Pre-
mier Président de la Cour, n° 6 de la rue Bar-
bet — Le plan Lambley, appliqué sur le plan de la
pagode Borbet levé par M. Carmouze, le 20 janvier
1873 et conservé au Cadastre de Saigon donne les
mêmes résultats (1).
(l) Cf : planche nc2, dressée par les soins de M. de Ville-
neuve : plan Lambley en traits fins ; plan Carmouze en traits-
plus gros.
— 9 —

Ces résultats sont corroborés par le tableau sui-


vant dû à M. de Villeneuve. Ce tableau a été dressé:
A) d'après l'application sur le plan de la Pagode
Barbet du 20 janvier 18/3 conservé au Cadastre,
des plans : 1° du village de Xuân-Hoà (lre F — 18 1-89);
2° de la ville de Saigon, section F, 4e F.
(annexion à Saigon du village de Xuân-
Hoà par arrêté du 12-11-94);
3° de la ville de Saigon, section F., lre F.
(28-11-1931, plan Lambley).
B) et d'après les tableaux indicatifs se reférant à
ces trois derniers plans.
PAGODE BARBET
VILLAGE DE XUAN-HOA VILLE DE SAIGON VILLE DES AIGON
Feuille
1re Section F — 4e Feuille Section F — 1re Feuille
Plan de l'annexion 28-11-1931
18 Janvier 1889 du Village doXuàn-Hoà (en traits fins)
(arrêté 12-11-1894)

N° 94 80A
......
97 ..
.
N° 1
— Chartered Bank.
10-12-13-14-Simonin
D. L. à Colom- ( n. Nos
bier, les 15-12- Ernest.
1877 et 10-2- 97.. 97a
1879. (
162 Nos 8-9-11 — Marie, Adrien-
... ne,Inès, Jean, Louis (Epou-
se Malbieu),
101 Nos 2-3-4- Guérv, Valère.
N° 94 bis
Habitation du
Collège indi- 79 N° - 15
Sté
Urbaine fon-
cière Indochinoise,
gène.
D.L. à Mérillon
le 20-7-1877.
Mérillon à Ber- -79
taux le 25-2-80. 126 N° 24 D. C. Logement ac-
tuel du 1er Président.
— 10— .

La pagode Barbet ne resta pas longtemps une


maison d'éducation correctionnelle puisque dans le
Bulletin officiel de 1871, nous trouvons l'arrêté
suivant : (1)
Le Contre-Amiral Gouverneur
et Commandant en Chef
Vu l'arrêté du 10 juillet 1871 portant création d'une école
normale Coloniale;
Vu l'arrêté en date de ce jour qui prescrit la translation
des jeunes détenus de la Pagode Barbet à la prison centrale ;
Sur le rapport du Directeur de l'Intérieur.
Arrête :
La Pagode Barbet et les bâtiments qui en dépen-
dent sont affectés, à la date du 15 août prochain, à
l'Ecole Normale Coloniale (2). (3).
(1)B. O. Coch. 1871-p. 284.
(2) Le 10 Juillet 1871, le contre-amiral Dupré créa «sous la
dénomination d'Ecole Normale Coloniale, un établissement
d'enseignement supérieur destiné à former des instituteurs
pour les écoles indigènes ; en second lieu à fournir des em-
ployés pour les services publics, notamment pour le cadas-
tre». L'arrêté du 17 nov. 1874 (art. 15) supprime l'Ecole Nor-
male Coloniale et crée sous la dénomination de Collège in-
digène un établissement d'enseignement secondaire, qui
deviendra le collège, puis le lycée Chasse loup-Laubat. L'Ecole
Normale primaire actuellefut fondée par l'arrêté du 24 février
1886. (B. O. Coch. 1871, 1874 et 1886).
(3) D'après l'Inventaire des Immeubles du Domaine Colonial.
Bâtiments civils, (Archives des Travaux-publics de Saïgon), la
construction des bâtiments destinée au Collège des Indigènes
(Lycée Chasseloup-Laubat) ne fut terminée qu'en 1876. (Loge
du concierge, parloir et bâtiment, principal sans les ailes
comprenant actuellement la salle des professeurs et le bu-
reau du Proviseur d'une part, et le réfectoire et les bureaux
de l'Economat d'autre part). Il est donc probable que le
Collège des Indigènes occupa jusqu'à cette date la pagode
Barbet et ses dépendances.
— 11 —

Le Directeur de l'Intérieur est chargé d'assurer


l'exécution de la présente décision.
Saigon, le 12 Août 1871. Signé : C. A. DUPRÉ.
Pour le Gouverneur :
Le Directeur de l'Intérieur p.i.
Signé: PIQUET.
Le terrain contenant la pagode Barbet fut cédé
gratuitement à Colombier, ex-soldat de la conquête
et horticulteur du gouvernement, le 15-12-1877 (voir
Tableau de M. de Villeneuve). A partir de ce mo-
ment on n'en parle plus. En 1895, elle avait disparu.
Mais le fortin avait été aménagé. Il servit d'habita-
tion au Directeur du Collège Indigène (voir Tableau)
et on prit l'habitude de désigner cette maison sous
le nom de Pagode Barbet. Elle appartenait en 1895
à M. Bertaux, Chef du Service du Cadastre en
Cochinchine. Plusieurs coloniaux très connus à
Saigon en ont gardé un souvenir précis, entre autres
MM. Cudenet, ancien administrateur des Services
Civils, M.Blanchard, ancien Inspecteur des Douanes
et enfin M. Dussol, ancien Contrôleur des Douanes,
qui nous en a donné la description suivante :
«Le bâtiment, dénommé Pagode Barbet, apparte-
nait à M. Bertaux, Chef du Service du Cadastre, en
Cochinchine, au moment où je l'ai habité pendant un
an environ, vers 1895. A cette époque, il n'y avait
comme constructions voisines, que le Collège Chas-
seloup-Laubat, la villa de M. Bertaux (1) sur la rue
(1) La maison de M. Bertaux occupait, d'après le Plan du
Cadastre de 1898, l'emplacement occupé actuellement par
les villas nos 141 et 143 de la rue Mac-Mahon.
— 12 —
Mac-Mahon, et une autre villa (1) donnant sur la rue
Richaud qui s'arrêtait à l'angle du terrain de la Pagode
Barbet. Le terrain avoisinant, entre la Pagode Barbet
et l'ancien champ de courses, était encore inculte et
dépourvu d'habita ion. Le bâtiment dénommé Pagode
Barbet était un bâtiment à rez-de-chaussée, sur un
soubassement de Om 60 de hauteur, en briques maçon-
nées, et le toit en tuiles annamites rondes était soutenu
par des colonnes en bois. Il mesurait, autant qu'il
m'en souvienne, 16 m. de long et un peu moins de large.
Une vérandah de 2m 50 en faisait le tour». Cette
description de M. Dussol, corroborée par les rensei-
gnements fournis par MM. Cudenet et Blanchard,
donne tout lieu de croire que la Pagode Barbet
comme on l'appelait alors, n'était qu'une contruc-
tion ancienne, le fortin, aménagé nous l'avons vu,
pour abriter des Européens. Il faut remarquer, et
tous les renseignements recueillis concordent sur
ce point, que l'emplacement de la pagode Barbet
était complètement nu en 1895. Or, dans un plan
panoramique de Saigon datant de 1902, (2) on
aperçoit une grande maison sur pilotis, située sur
le terrain appartenant actuellement à Me Mathieu et
donnant sur la rue Testard. Il faut donc supposer
qu'elle fut élevée après 1895 et qu'elle a été démo-
lie lorsqu'on construisit la villa de Me Mathieu.

(1) Actuellement Siège Social de la Compagnie Foncière


d'Indochine, n° 81 de la rue Richaud.
(2) Un exemplaire de ce plan se trouve dans le bureau du
Gérant du Cercle Militaire, un autre a été donne à la Socié-
té des Etudes Indochinoises.
— 13 —

La Pagode des Clochetons et la Pagode Barbet ne


sont plus qu'un souvenir. Les documents ci-dessus
sont les seuls que nous ayons trouvés. Il en est d'elles
comme de beaucoup de choses et d'événements en
Cochinchine. Les archives du Gouvernement de la
Cochinchine, de la Direction de l'Artillerie, du Ca-
dastre et des Travaux Publics contiennent encore
des documents intéressants, mais beaucoup ont dis-
paru, rongés par les cancrelats et les poux de bois,
égarés dans les déménagements, brûlés même par-
fois quand ils étaient encombrants. C'est ce qui rend
la tâche du chercheur si difficile et si aride.

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