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Revue belge de philologie et

d'histoire

Astier Loutfi (Martine). Littérature et Colonialisme. L'expansion


coloniale vue dans la littérature romanesque, 1871-1914.
Roger Mercier

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Mercier Roger. Astier Loutfi (Martine). Littérature et Colonialisme. L'expansion coloniale vue dans la littérature romanesque,
1871-1914.. In: Revue belge de philologie et d'histoire, tome 52, fasc. 1, 1974. Antiquité - Oudheid. pp. 100-102;

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100 RECENSIES

chez les Modernes (141-145) ; pourquoi le concept a été long à se développer en


France (238-240). L'auteur sait regarder au-delà de l'époque qu'il étudie vers
l'abbé Dubos et Edmund Burke. Son dernier chapitre prouve qu'il a su observer
son sujet de haut.
Les points principaux de cette étude nous paraissent être les suivants : la
réhabilitation partielle de Boileau, non comme «législateur du Parnasse» mais
comme «prophète» du sublime : l'originalité de la notion du vaste chez Saint-
Évremond ; l'éloge du spontané et du passionné chez Fénelon ; la dichotomie chez
Bouhours et Rapin.
Le style, qui manque de grâce et de personnalité, n'aurait certainement pas
charmé ces derniers. En plus de coquilles très nombreuses, on relève quelques
anglicismes qui reviennent constamment: «éventuellement» (pour «à la longue»),
«définitivement» (pour «décidément»), «réconcilien> (pour «concilient, «ignorer»
(pour «méconnaître»). Pour «apogée» (p. 121) il faudrait lire «apparition». Enfin
le mot «revendiquer» est mis à toutes sortes de sauces: «adopter, défendre,
invoquer, proclamer, prôner, utiliser» ; l'auteur est véritablement hanté par lui.
La bibliographie, abondante, manque de précision ; des indications comme :
«Boileau, Œuvres, 4 vols., 1870-1873; Fontenelle, Œuvres, complètes, 8 vols.,
1790-1792 ; Fénelon, Œuvres, 181 ; etc. sont vraiment insuffisantes. La mention
de Henri Bremond p. 198 à propos de Fénelon est sans référence ; la bibliographie
ne donne de Bremond que YHistoire littéraire du sentiment religieux, 1 1 vols., qui
s'arrête avant d'atteindre Fénelon ; de quel livre ou article s'agit- il ? The sixth
sense de Robert Finch (1966) aurait dû figurer parmi les livres modernes; ses
premiers chapitres frôlent les derniers de Litman. Enfin l'absence de tout index est
une carence impardonnable dans un ouvrage qui se veut scientifique. — Cuthbert
GlRDLESTONE.
Astier Loutfi (Martine). Littérature et Colonialisme. L'expansion coloniale vue
dans la littérature romanesque, 1871-1914. Paris-La Haye, Mouton, 1971 ;
un vol. in-8°, ix-149 p. Prix: 16 florins.
Faire un bilan des répercussions de l'expansion coloniale sur la littérature
romanesque française entre la guerre de 1870 et celle de 1914 serait une entreprise
gigantesque, et dont les résultats seraient sans doute décevants, car bon nombre
d'œuvres sont d'un intérêt littéraire ou sociologique médiocre. Mme Astier Loutfi a
estimé fort judicieusement qu'une étude faite sur un échantillon suffisamment
représentatif permettrait d'établir des conclusions valides. Son ouvrage se réclame
de la méthode d'analyse sociologique de Lukacs et de Goldmann, en ambitionnant
de ne pas traiter séparément l'intérêt littéraire et la valeur documentaire, mais «de
mettre pleinement en lumière des liens qui existèrent entre certains développements
à l'intérieur du genre romanesque et les circonstances historiques et politiques».
COMPTES RENDUS 101

En ce qui concerne l'attitude des écrivains envers la colonisation, Mme Astier


Loutfi distingue deux périodes, séparées approximativement par l'année 1890, la
première marquée par de nombreuses réticences, la seconde au contraire voyant se
développer un mouvement impérialiste. On peut regretter que les deux parties ainsi
constituées dans l'étude ne portent pas un titre qui les caractérise, et soient
seulement opposées par le chiasme qui, dans la première, présente les
«encouragements» après les «doutes et appréhensions», dans la seconde les «thèmes
impérialistes» avant les «inquiétudes et protestations». Le mouvement général n'en
est pas moins net pour cela. L'état d'esprit des écrivains peut être plus ou moins
grossièrement symbolisé, avant 1890, par le désenchantement de Loti, après 1890,
par l'exaltation de Psichari. Au lendemain de la guerre de 1870, les écrivains se
méfient autant des colonisateurs que des colonisés. D'un côté, ce sont les
entreprises des militaires, ou, pis encore, celles des spéculateurs qui ne songent qu'à
multiplier outre-mer les louches profits qu'ils réalisaient en France sous le Second
Empire : c'est ce que l'on voit dans «l'affaire du Maroc» dans Bel-Ami. De l'autre
côté, c'est l'action physiquement délétère et moralement corruptrice des terres et
des populations étrangères sur la jeunesse française, que le pessimisme de Loti
dénonce dans la plupart de ses romans. Il se fait néanmoins une intense propagande
en faveur de la colonisation, à l'abri d'un exotisme vulgaire et d'une prétention
vaniteuse à la mission colonisatrice de la France. Après le tournant du siècle, le
discrédit se reporte sur la France continentale, et l'entreprise coloniale apparaît le
moyen d'échapper à un monde décadent pour mener une vie vraiment virile, tandis
que les premiers observateurs impartiaux découvrent le visage politique de la
colonisation. Dans une période comme dans l'autre, il est un point sur lequel Mme
Astier Loufti, hantée par l'idée des luttes modernes, n'a peut-être pas assez insisté :
c'est que partisans et adversaires de la colonisation se bornent à étendre à des
terrains nouveaux les luttes qui se livrent en France même. Ce sont presque
toujours des raisons de politique intérieure qui ont dicté les choix : d'abord on se
bat pour ou contre Jules Ferry ; plus tard, quand le radicalisme l'a définitivement
emporté en France, les nationalistes reportent leur ambition sur les territoires neufs
où leur action ne trouvera pas d'obstacle.
La seconde face de l'étude, celle du rapport entre les circonstances historiques et
les formes romanesques, est un peu sacrifiée. Même si l'on peut leur trouver à
toutes un accent lyrique, les ressemblances et les différences entre les œuvres de
Louis Bertrand et d'André Gide, de Psichari et d'Isabelle Eberhardt montrent que
les circonstances historiques n'expliquent pas tout. Un point est cependant traité
avec beaucoup de justesse, dans ce domaine de la forme : celui du choix de la voix
romanesque. Alors que dans la plupart de ces œuvres c'est le colonisateur qui parle,
Emile Nolly d'une part dans Hièn-le-Maboul (1909), dans La Barque annamite
(1910), dans Gens de guerre au Maroc, (1912), Victor Segalen d'autre part dans
102 RECENSIES

Les Immémoriaux (1907), donnent la parole au colonisé : besoin chez le premier de


se rassurer sur l'authenticité de sa mission civilisatrice, reconnaissance, chez le
second, de la personnalité de «l'autre». Bien que l'on eût souhaité des analyses plus
nombreuses, sur cette signification des formes, le livre de Mme Astier Loutfi nous
apporte néanmoins une étude non seulement objective et bien documentée, mais
menée avec rigueur et pleine d'utiles enseignements. — Roger Mercier.

Willemijns (Dr. R.). Bijdrage tot de studie van de klankleer van het Brugs op het
einde van de middeleeuwen, (mit einer Deutschen Zusammengassung). Werken
uitgegeven door de Kon. Comm. voor Toponymie en Dialectologie (VI. Afd.),
1971 ; één deel in-8°, 304 blz. + 12 kaarten.
De taal van Brugge werd totnogtoe weinig onderzocht. Pas in 1955 kwam een
eerste studie, nl. die van de hand van P. Van Haverbeke : De 13" eeuwse
Middelnederlandse Oorkondentaal te Brugge en omgeving. (Kon. VI. Academie voor
Taal- en Letterkunde, Reeks VI, nr. 74), Gent ; een werk dat in vele opzichten
voortreffelijk mag worden genoemd. Op het gebied van het moderne Brugs
ontbreekt nog steeds een monografie.
Dr. W. heeft een schakel willen smeden tussen de 13e eeuw en de 10e eeuw en
liet daarom zijn keuze vallen op de late middeleeuwen, waartoe hij ook de 16e eeuw
rekent. Die periode biedt ook het voordeel dat men de zgn. ambtelijke taal kan
vergelijken met die gebruikt door bekende literatoren. Het boek van Dr. W. sluit
goed aan bij het werk van Van Haverbeke, al behandelt het in tegenstelling met het
laatste vrij uitsluitend het vokalisme. W. sluit niet alleen goed bij V.H. aan, maar
vormt er tevens een geslaagde aanvulling op : de latere vokaalontwikkelingen en
ontwikkelingstendensen kunnen we nu volgen, en in de verte vermoeden we ook de
aansluiting met het huidige Brugs. Maar er gaapt toch nog een wijde kloof tussen de
16e-eeuwse en hedendaagse feiten. Misschien bouwt Dr. VV. ook nog wel eens die
brug.
Doordat ik de in het werk behandelde interne taalkundige feiten elders heb
besproken (Leuvense Bijdragen), kan ik hier vooral aandacht schenken aan de
externe gegevens.
Het corpus berust op een onderzoek van administratieve en literaire bronnen.
Voor de bewuste periode en stad was dat mogelijk, en Dr. W. heeft er goed aan
gedaan beide soorten van bronnen te combineren. Niet alleen heeft dat het hem
mogelijk gemaakt op grond van rijmstudie een gewenste en vaak noodzakelijke
controle van de uitkomsten van het onderzoek der «oorkonden» -taal uit te voeren,
maar ook om taal- en stijlsoorten met elkaar te vergelijken. Wel is het moeilijk in
verband met taalverschil of -overeenkomst «iets konkreets te zeggen, vooral dan
omdat een ernstig onderzoek een grote massa statistieken zou veronderstellen», wat

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