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Séance 2 Archéologie

Importance du terrain, pour sentir ce que signifie vraiment l’archéologie (bénévole pour le ministère
de la culture), min 2 semaines, de juin à septembre

L’époque de l’archéologue érudit pluridisciplinaire ne suffit plus, on a besoin d’un dialogue entre
spécialistes. Autre outil, la photogramétrie : photo en 3D pour reconstituer un monument, à des
échelles variées. Bref l’archéologie se situe à un carrefour.

Comment la discipline a évolué depuis la Renaissance (chimère d’Arezzo), en passant par la


découverte de Pompéi et l’engouement qui s’ensuit (Grand Tour au 10 e, lors de laquelle François
Mazois utilise déjà la reconstitution), puis avec Leroi-Gourhan, intérêt pour les ossements humains à
partir des années 60 (avant, on relevait seulement qu’il y avait des os humains) ?

L’archéologie a lieu depuis l’Egypte pharaonique, les royaumes de Babylone, permettant de dater,
reconstruire via l’exhumation. Thucydide parle de la découverte de tombes cariennes (étrangères, de
l’île de Délos, qui devient ensuite sacrée avec les Athéniens, donc destruction des sépultures
anciennes, qu’ils découvrent et qui les marquent car étrangères).

Au 15e en Chine, l’intérêt se focalise sur les objets, vraisemblablement sortis de tombe. //Europe de
la Renaissance, comme à Florence où on reconstruit la ville et on met au jour des objets et statues en
marbre, bronze plus anciens (intérêt esthétique) : le Laocoon à Rome par exemple. On rentre dans
une concurrence des privés pour constituer la collection la plus riche, sans cohérence réelle. En 1528,
on découvre à Lyon les tables claudiennes, plaques de bronze incisées : un discours de Claude devant
le Sénat pour se présenter à la magistrature (document épigraphique : des érudits s’y intéressent
déjà). En 1553, on découvre un bronze étrusque : la chimère d’Arezzo, un bronze étrusque.

Les acteurs de l’archéologie (femmes dessinatrices, parfois restauratrices à partir du 19 e siècle, pas
d’archéologue avant)

 Cyriaque d’Ancône, un voyageur de la Méditerranée qui écrit et dessine ce qu’il a vu. Le


« père de l’archéologie »
 William Calden, anglais
 Nicolaus Marschalk, travaillant sur les champs d’urnes (période de l’âge de fer en Allemagne,
où l’on trouve des incinérations dans des urnes enterrées dans des sortes de cimetières
géants) : très rare
 Cristoforo Buondelmonti, sur la Grèce

L’information circule, mettant en place un réseau européen de savants, c’est un savoir d’antiquaires.

16E. Travaux d’urbanisme intensif au 16 e siècle en France, Italie (Rome 1583), Allemagne (Augst
1582). On trouve les objets, les prélève, les restaure et met en vente, où ils sont achetés par le
grandes cours. Se mettent en place les cabinets de curiosité, montrant des objets hétéroclites
(artefalia, naturalia, scientifica…). Nait un discours sur la perfection de l’art grec et romain. Le cabinet
d’Ole Worm au Danemark est le premier à être classifié (par matériau, fonction, localisation).

17E, 18E. l’époque du Grand tour pour former la haute jeunesse par le voyage, en s’imprégnant
visuellement des anciens. L’Italie, la Grèce avec leurs ruines, donnent lieu à la rêverie, l’imaginaire, la
reconstitution fantasmée du passé. En France, en naît le néoclassicisme. On pense désormais la
connaissance par catégories. La connaissance devient plus rationnelle, on écrit les Encyclopédies, on
forme des académies dès la fin du 17e. dans ce courant émergent les premières spécialités
(épigraphie, numismatique, paléographie) et le premier rapport de fouilles par Bernard de
Montfaucon en 1685.

Les Académies constituées nationalement sont relayées par des sociétés fermées où on nomme les
érudits détenant des compétences, des savoirs. En 1633, le cabinet des rois de France, en 1663,
l’académie des inscriptions et belles lettres, en 1707, la society of antiquaries of London.

On reste dans un entre-soi, ayant les moyens d’exécuter des travaux, acheter, voyager, mais on passe
dans la culture de l’expert, qui a la compétence, le savoir. Les experts peuplent donc les académies.
La savoir reste très concentré dans un petit nombre de têtes.

Anne-Claude de Caylus, faisant une somme des antiquités égyptiennes, étrusques, grecques,
romaines et gauloises, en s’appuyant sur des découvertes modernes et les contextualisant.

Il invente la trypochronologie : l’étude d’une série d’objets d’un même type, d’une même utilisation
(capacité, contenance, volume, usage), permettant d’estimer leur utilisation, leur âge relatif les uns
par rapport aux autres. On peut retracer ainsi relativement l’histoire de la production d’un objet sur
plusieurs siècles.

En 1709, en creusant un puit à Herculanum, on découvre des vestiges, qu’on reconnait romains. A
partir des années 30s, on commence une fouille en galerie, à 8/9m sous sol, pour en sortir les objets.
En 1748, on commence les fouilles. En 1763, découverte d’une inscription avec le nom de Pompéi,
permettant l’identification du site, et la mise en relation avec toutes les sources textuelles. On
découvre donc un contexte clos, un site qu’un évènement a figé sur place, intact. C’est
révolutionnaire (//sites ayant subi un incendie, comme Vienne en Isère, où on a retrouvé une maison
du 2e siècle, brûlée et effondrée sur elle-même : niveaux de sol, étagères encore en place avec les
assiettes dedans ; extrêmement concret). En 1860, Giuseppe Fiorelli est le premier à mettre en place
une exploration rigoureuse et scientifique de Pompéi, en inventant le moulage notamment. Il
découvre les formes humaines (en protection ou en fuite) et en enlevant les pierres ponces, il injecte
dedans un plâtre prenant la forme du cadavre.

Johann Joachim Winckelmann (1717-1768) : « fondateur de l’archéologie moderne ». Met en avant


la nécessité de l’extraction in situ, il faut mettre en contexte les objets par rapport à leur site de
provenance. Fait de l’at grec l’essence du Beau en art, ensuite copié par les romains. Il met en place
le mythe de la Grèce blanche, en raison des statues, qu’il transpose à un niveau racial. On sait
aujourd’hui que les statues comme les monuments étaient colorées.

Au début du 19e siècle, l’information circule bcp grâce aux imprimés, la Gazette circulant entre les
sociétés savantes. On réfléchit de plus en plus sur les origines de l’être humain, non comme une
création de dieu mais comme objet. C’est la naissance de l’anthropologie. Mais les frontières
introduisent des concurrences et l’idée de la communauté internationale peine à se mettre en place.

1798 : Bonaparte et l’expédition d’Egypte. Bonaparte est accompagné de scientifiques, dont


Champollion, Vivant-Denon écrivant des récits de voyages décrivant ses découvertes en 1802. En
1799, dans la localité de Rosette, on découvre une pierre gravée écrite en trois langues : le
hiéroglyphe, le copte et le grec ancien. Il commence 20 ans de recherches pour traduire les
hiéroglyphes (entourés d’un cartouche : nom de pharaon). Un hiéroglyphe peut être une lettre ou un
nom, un concept. En 1822, il aboutit son travail, ouvrant un champ entier de connaissance ! en 1826,
on a suffisamment de matière pour reconnaître institutionnellement les découvertes ; Charles X crée
un dépt des Antiquités égyptiennes au Louvre.

La sécheresse de l’Egypte permet la découverte de bcp de cadavres, tissus, objets, etc. en 1896,
William Flinders Petrie découvre la nécropole de Nagada et un ensemble de céramique provenant de
3000 tombes. En 1921, il les met en série, établit un registre des objets en relation avec leur tombe,
et essaye d’organiser une chronologie des objets découverts. Typochronologie  = la méthode
permettant une interprétation, utilisant la sériation.

Le choc de l’année 1859, les « trois glorieuses »

 publication anglaise de l’origine des espèces de Darwin. Aboutissement d’une théorie de


l’évolution sur des millions d’années. Elle remet en question les fondements de la
connaissance sur l’homme. Cela incarne un changement de paradigme : une révolution
scientifique chamboulant les manières de pensée.

 Une délégation anglaise de géologues confirme les observations de Jacques boucher de


Perthes dans des carrières de la Somme et met en évidence la contemporanéité
stratigraphique de restes humains, d’outils travaillés (silex) et de fossiles d’espèces disparues
(mammouths). L’homme a donc été contemporain d’espèces disparues.

 Fondation de la société d’Anthropologie de Paris par Broca

L’élan des années 1860 et le temps des antiquités nationales : on commence à mettre en valeur le
patrimoine national. Gabriel de Mortillet écrit les Matériaux en 1864, s’intéressant à son histoire,
sans éclairage religieux. Edouard Desor, en 1864, fonde le 1 er Congrès international d’anthropologie
et d’archéologie préhistorique, mettant en relation les savants européens. De plus, grâce aux Expos
universelles, on sort de l’entre-soi et on expose les innovations technologiques, artistiques et
archéologiques de chaque pays.

1871, le congrès de Bologne fonde la période de la protohistoire, entre la préhistoire et l’histoire (1 ère
moitié du 1er millénaire av JC, âge de Bronze et âge de Fer). Les savants mettent en relation des
fouilles de lieux éloignés, de même époque. A Marzabotto, une ville étrusque, on retrouve dans des
tombes datant de 540 une fibule, des épées de fer, des pointes de lance, similaires à des objets en
Champagne, provenant de la culture celtique. Cela met en exergue les circulations d’objets et
d’hommes. Des Gaulois sont exhumés en Italie avec leurs objets. La culture celtique est extrêmement
étendue, de l’Irlande à l’Espagne, de la Roumanie à l’Atlantique. En 1871, le colloque voit un combat
idéologique et scientifique des nations européennes. Un certain nombre de savants exploitent à des
fins idéologiques les découvertes scientifiques et archéologiques. Invention du concept de
Lebensraum.

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