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CHAPITRE 1

LES INCIDENCES DE L'AXIOM DE CLASSEMENT SUR LES COÛTS DISCRÈTES

MÉTHODES DE PARTAGE

1.1 Introduction

Nous considérons le modèle de partage des coûts où le coût d'un projet doit être divisé entre
les différents agents impliqués, selon leurs exigences respectives. Les exigences des agents sont
des quantités de biens potentiellement distincts. Dans cette littérature, l'article fondateur est de
Shapley (1953) et est basé sur les jeux coopératifs, les modèles les plus simples de la théorie du
partage des coûts. Pour ces jeux coopératifs, les différents agents doivent indiquer s'ils veulent ou
non participer au projet. Leurs revendications ne prennent donc que deux valeurs : 0 ou 1. Pour
de tels problèmes, la valeur de Shapley fournit une solution très cohérente. D'autres méthodes ont
été proposées dans le modèle général. En utilisant la notion de coût autonome, Shubik (1962) a
adapté la valeur de Shapley au cas où les demandes sont des nombres réels. Aumann et Shapley
(1974) ont étendu la valeur de Shapley aux jeux non atomiques. De plus, Moulin et Shenker
(1992) ont introduit le partage des coûts en série.

En plus de ces méthodes de partage des coûts (CSM), plusieurs axiomes ont été étudiés en
tant qu'exigences qu'un mécanisme devrait satisfaire pour être juste et cohérent. L'attribution des
parts de coût pour satisfaire à certaines propriétés souhaitables limite l'ensemble des méthodes de
partage admissibles. Par exemple, sur le sous-ensemble des problèmes de demande binaire, la
méthode Shapley est la seule à satisfaire l'additivité, le mannequin et la symétrie (Shapley
[1953]).

En traitant de la version discrète du modèle, nous examinons les implications de la propriété


Ranking. Nous aimerions comparer les parts des agents qui influent de la même façon sur le coût
du projet (c.-à-d. que la fonction de coût est symétrique dans les demandes de ces agents).
Supposons que le coût du projet soit symétrique par rapport aux exigences de deux agents
donnés. L'axiome du classement indique que l'agent qui demande plus ne devrait pas être chargé
d'une part moindre. Parmi un groupe d'agents qui affectent le coût du projet de la même manière,

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celui qui demande plus devrait payer plus. Par conséquent, l'étude de ce bien est souhaitable si
nous voulons que le mécanisme de partage soit équitable. Dans le modèle 0-1, avec des parts de
coûts non négatives, le classement est trivialement satisfait par toutes les méthodes symétriques
satisfaisant la propriété que tous les agents exigeant 0 ne paient rien, ce qui est une consequence
de l'additivité et du mannequin.

Cependant, dans le modèle général où les demandes sont évaluées par des nombres entiers,
certaines méthodes largement utilisées (la tarification Aumann-Shapley par exemple) ne
répondent pas au classement1. En effet, la tarification discrète Aumann-Shapley exige que les
actions soient calculées en utilisant la valeur Shaples du jeu où chaque unité de chaque bien est
considérée comme un seul joueur (voir Sprumont (2005)). Pour comprendre pourquoi cette
méthode viole le classement, prenez l'exemple simple où le coût de la réponse aux demandes z1
et z2 est donné par C(z1,z2) = min{z1,z2} et le profil de demande est q = (2,1). Le calcul de la
valeur Shapley du jeu correspondant (trois joueurs) rapporte y1 = 1/3 et y1 = 2/3. Ainsi, bien que
l'agent 1 exige plus, elle paie moins.

Nous considérons des mécanismes de partage satisfaisant aux deux exigences de base
l'additivité et le mannequin, qui sont très bien admis dans cette littérature. De Moulin et Vohra
(2003), nous savons qu'un CSM discret qui réunit ces deux propriétés peut être représenté par un
système de flux.

Dans le problème avec deux agents, nous montrons que le classement est l'équivalent d'une
propriété de symétrie spécifique induite sur le flux. Dans des dimensions plus élevées (avec trois
agents ou plus), nous identifions aussi une propriété du flux qui généralise le résultat avec deux
agents. Cependant, nous montrons qu'il n'est pas suffisant pour un résultat de caractérisation.
Nous proposons un résultat de caractérisation pour les flux fixes dits élémentaires.

Le document se déroule comme suit. La section 2 présente le modèle ; nous présentons


formellement l'axiome du classement et nous fournissons quelques exemples (contre-
indications). La section 3 présente les résultats ; nous discutons de deux cas: le modèle avec deux
agents et le modèle avec trois agents ou plus. La section 4 examine le cas particulier des flux
fixes élémentaires. Enfin, la section 5 se termine par quelques commentaires.

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