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Plaques et Coques 1

Chapitre 2. Plaques rectangulaires

Chapitre 2
Plaques rectangulaires

1. Introduction
Nous avons présenté dans le chapitre précédent comment résoudre d’une manière générale les
problèmes de flexion des plaques minces. On est ramené généralement à l’intégration d’équations
différentielles linéaires dont les solutions sont fonction de deux variables, la forme générale de ces
équations différentielles est l’équation de Lagrange :

∂4w ∂4w ∂ 4 w p ( x, y )
+ 2 + = (2.1)
∂x 4 ∂x 2 ∂y 2 ∂y 4 D
Nous présenterons dans ce chapitre deux méthodes usuelles de détermination de la solution de
l’équation de Lagrange dans le cas de flexion de plaques rectangulaires à conditions aux limites
variables, celles de Navier et de Lévy. Ces deux méthodes peuvent être appliquées lorsque
l’intégration de l’équation de Lagrange n’est pas possible directement.

2. La méthode de Navier (solution par des séries doubles)


En 1820, Navier présenta un papier à l’Académie Françaises des Sciences où il propose une solution
au problème de flexion des plaques rectangulaires simplement appuyées en utilisant une double série
trigonométrique.

Considérons une plaque rectangulaire de cotés a et b, simplement appuyée sur son contour et soumises
à une charge uniformément répartie p(x,y). L’origine du système de coordonnées étant placée à
l’extrémité supérieure gauche de la plaque comme montré à la figure 2.1.

Figure 2.1 – Plaque rectangulaire simplement appuyée

Bel Hadj Ali Nizar


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Chapitre 2. Plaques rectangulaires

Les conditions de bords pour une plaque simplement appuyée sont les suivantes :

∂2w ∂2w
=w 0= ; 0 = ; w 0= ; 0 (2.2)
=
=
x 0,=
a
∂x 2
x 0,=
a
y 0, b
∂y 2
y 0, b

Dans ce cas, la solution de l’équation différentielle gouvernante (Eq.2.1), c.-à-d., l’expression de la


flèche w(x,y) et de la distribution de la charge surfacique p(x,y) doivent être vu sous la forme d’une
série de Fourier infinie, comme suit :
∞ ∞
 mπ x   nπ y 
w ( x, y ) = ∑∑ Amn sin   sin   (2.3)
=
m 1=
n 1  a   b 
∞ ∞
 mπ x   nπ y 
p ( x, y ) = ∑∑ pmn sin   sin   (2.4)
=
m 1=
n 1  a   b 

Ici A mn et p mn représentent des coefficients à déterminer. Il est facile de vérifier que l’expression de la
flèche donnée dans l’équation 2.3 vérifie les conditions aux limites définies par les équations 2.2.

Considérons une configuration générale de charge. Pour déterminer les coefficients de Fourier p mn ,
 lπ x   kπ y 
chaque partie de l’équation 2.4 est multiplié par sin   sin   puis on intègre deux fois entre
 a   b 
0 et a et 0 et b.

 lπ x   kπ y 
a b

∫ ∫ p ( x, y ) sin 
0 0
 sin 
a   b 
 dx dy =
(2.5)
∞ ∞
 mπ x   nπ y   lπ x   kπ y 
a b

∑∑
=
m 1=
n 1
pmn ∫ ∫ sin   sin   sin 
 a   b   a   b 
 sin   dx dy
0 0

Il est possible de vérifier que :

a
 mπ x   lπ x   0 si m ≠ l
∫0  a   a  a si m = l
sin sin dx =
 2
(2.6)
b
 nπ y   kπ y   0 si n ≠ k
∫0  b   b  b si n = k
sin   sin   dy =
 2

Les coefficients de la série de Fourier sont donc données par :

 mπ x   nπ y 
a b
4
pmn = ∫ ∫ p ( x, y ) sin   sin   dx dy (2.7)
ab 0 0  a   b 

Les coefficients de la série représentant la flèche de la plaque doivent satisfaire l’équation de


Lagrange, ce qui donne :

Bel Hadj Ali Nizar


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Chapitre 2. Plaques rectangulaires

∞ ∞  mπ  4  mπ   nπ   nπ 
2 2 4
pmn   mπ x   nπ y 
∑∑ Amn   + 2     +  −  sin   sin  =0 (2.8)
=
m 1=
n 1  a   a   b   b  D   a   b 

Cette équation doit être vérifiée pour n’importe quelles valeurs de x et y ce qui n’est possible que si :

2
 m2 n2  p
Amnπ  2 + 2  − mn =
4
0 (2.9)
a b  D

D’où :
1 pmn
Amn =
π D ( m 2 a 2 + n 2 b 2 )2
4 (2.10)

L’équation complète pour la flèche de la plaque s’écrit :

1 ∞ ∞ pmn  mπ x   nπ y 
Amn = 4 ∑∑
π D =m 1 =n 1 ( m a + n b )
2 2 2 2 2
sin   sin 
 a   b 
 (2.11)

Les coefficients A mn étant déterminés, la solution de l’équation de Lagrange est ainsi définie par
l’équation 2.11 et on peut en déduire ensuite les expressions des efforts intérieurs par dérivation
conformément aux relations démontrées dans le chapitre précédent.

( m a ) 2 + ν ( n b ) 2 
 sin  mπ x  sin  nπ y ,
∞ ∞
M x = 2 ∑∑ pmn 
1
   
π =m 1 =n 1 ( m a ) + ( n b ) 
2 2 2
 a   b 
 
( n b ) + ν ( m a ) 2 
2
1 ∞ ∞
M y = 2 ∑∑ pmn   sin  mπ x  sin  nπ y ,
    (2.12)
π =m 1 =n 1 ( n b ) + ( m a ) 
2 2 2
 a   b 
 
1 ∞ ∞
mn  mπ x   nπ y 
M xy = − 2 ∑ ∑ pmn cos   cos  
π =m 1 =n 1 ab ( m a ) + ( n b ) 
2 2 2
 a   b 
 

Remarque :

Généralement, la solution avec la série trigonométrique infinie converge rapidement, une


approximation satisfaisante peut être obtenue en considérant quelques termes seulement.
Puisque les moments et les efforts résultants sont obtenus moyennant les dérivées secondes et tierces
de la flèche, la convergence des expressions de la série pour les moments et les efforts résultants est
moins rapide spécialement à proximité des bords de la plaque. L’exactitude de la solution et la vitesse
de convergence des expressions de la série trigonométrique peuvent être améliorés en considérant un
plus grand nombre de termes dans le développement utilisé.

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Chapitre 2. Plaques rectangulaires

3. La méthode de Lévy (solution par des séries simples)


En 1900, Lévy a proposé une méthode pour l’analyse de la flexion des plaques rectangulaires ayant
deux bords opposées simplement appuyées et avec des conditions d’appui quelconques pour les deux
autres bords. Lévy propose l’utilisation d’un développement en séries de Fourier simples.
La méthode proposée par Lévy s’avère plus pratique que celle proposée par Navier. D’une part, les
calculs numériques sont plus simples quand il s’agit d’une série simple. D’autre part, la méthode de
Lévy s’applique à la flexion des plaques avec une plus grande variété de conditions de bord.

Lévy présente une solution de l’équation de Lagrange exprimée comme la somme d’une partie
complémentaire w h et d’une partie particulière w p . Chacune de ces deux parties consiste en une série
de Fourier simple.

=
w wh + wp (2.13)

Considérons maintenant une plaque reposant sur des appuis simples le long des bords x=0 et x=a. Les
deux autres bords y=0 et y=b étant appuyée d’une manière quelconque. On suppose que la plaque est
soumise à une charge surfacique quelconque p(x,y).

Les conditions de bord au niveau des cotés simplement appuyée s’écrivent :

 ∂2w ∂2w 
w=
0 x =0, a et − D  2 +ν 2  =
Mx = 0 (2.14)
 ∂x ∂y  x = 0, a

Comme expliquée précédemment la deuxième condition aux limites peut s’écrire plus simplement :
∂2w
=0 (2.15)
∂x 2 x = 0, a

Selon la proposition de Lévy, la solution complémentaire est prise égale à :



 mπ x 
wh = ∑ f m ( y ) sin   (2.16)
m =1  a 

f m est une fonction dépendant de y seulement ; w h satisfait les condition aux bords simplement
appuyées (Eq. 2.14). En insérant l’expression de w h dans l’équation différentielle homogène donne :

 d 4 fm ( y )  mπ  d f m ( y )  mπ 
2 2 4
  mπ x 
 − 2   +   f m ( y )  sin  =0 (2.17)
 a   a    a 
4 2
 dy dy

Cette équation est valable si la quantité entre parenthèses est nulle :


d 4 fm ( y )  mπ  d f m ( y )  mπ 
2 2 4

− 2  +  fm ( y ) =
0 (2.18)
dy 4  a  dy 2  a 

La solution de cette équation différentielle peut avoir la forme suivante :


 mπ y   mπ y  mπ y   mπ y   mπ y  
f m ( y ) = Am sinh   + Bm cosh  +  Cm sinh   + Dm cosh   (2.19)
 a   a  a   a   a 
La solution complémentaire est alors donnée par :

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Chapitre 2. Plaques rectangulaires

A
( ) ( ) ( ( ) ( ))  mπ x 

mπ y mπ y mπ y mπ y mπ y
wh = ∑ + B cosh + + D cosh sin   (2.20)

m =1 
m
sinh
a
m

a a
C sinh
m

a
m

a  a 

Les constantes A m , B m , C m et D m sont déterminées à partir des conditions limites aux bords y=0 et
y=b.

La solution particulière w p est aussi exprimée sous la forme d’une série de Fourier simple :


 mπ x 
wp = ∑ g m ( y ) sin   (2.21)
m =1  a 

La distribution de la charge p(x,y) est aussi exprimée par :


 mπ x 
p ( x, y ) = ∑ pm ( y ) sin   (2.22)
m =1  a 
Avec :

 mπ x 
a
2
pm = ∫ p ( x, y ) sin   dx (2.23)
a0  a 

En substituant les expressions 2.21 et 2.22dans l’équation de Lagrange, on obtient :

d 4 gm ( y )  mπ  d g m ( y )  mπ  pm ( y )
2 2 4

− 2   +  gm ( y ) = (2.24)
 a   a 
4 2
dy dy D

En résolvant cette équation différentielle, on obtient g m (y) et on détermine l’expression de la solution


particulière w p .

Les expressions des composantes complémentaires des moments et des efforts résultats sont données
par :

(2.25)

Ces composantes doivent évidemment être complétées par les composantes particulières.

Bel Hadj Ali Nizar

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