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Manifeste
pour une nouvelle
Ecologie Spirituelle

par le Pr. Francis Dessart


Président d’honneur d’Alpha International
2
Manifeste pour une nouvelle
Ecologie Spirituelle
par le professeur Francis Dessart
président d’honneur d’Alpha International

« Le but de l’action universaliste sera de démontrer que toutes les divergences et les
divisions qui opposent les hommes, découlent de facteurs momentanés ou accidentels, et que
la Nature et les lois de développement de l’espèce imposent l’Unité, donc l’harmonie et la
concorde. »

Bernard Nanovelli
« Le Manifeste Universaliste »

Rares sont les penseurs contemporains qui atteignirent l’universalité de l’amour où


hommes, animaux et nature se trouvent réunis.

Albert Schweitzer fut de ceux-là. Chaque maillon de son engagement personnel a


formé une chaîne qui ne s’est jamais rompue.

Philosophe, médecin, pasteur, musicien, homme du refus des intolérances, il atteignit


l’universel et rarement Prix Nobel de la Paix fut plus légitimement décerné. Albert Schweitzer
avait systématisé cette suite d’intimes convictions en une formule qu’il nomme « Le Respect
de la Vie ».

Son engagement personnel fut total et ce savant ne revint jamais sur ses convictions
par exemple en matière d’expérimentations animales. Il écrit :

« Ceux qui soumettent l’animal à des expériences chirurgicales, à des essais


médicamenteux ou qui lui inoculent des maladies, afin de porter secours à l’homme grâce aux
résultats obtenus, ne devraient jamais apaiser leur conscience par la prétexte imprécis de
poursuivre un but utilitaire. Dans chaque cas, ils devront méditer s’il y a nécessité de
contraindre l’animal à se sacrifier pour l’humanité.

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De même, est-il réprouvable de soumettre des animaux à des souffrances pour
démontrer à des étudiants des phénomènes universellement connus.

Que l’animal, au prix de sa douleur, ait procuré à l’humanité de précieuses


acquisitions, c’est précisément ce qui devrait avoir créé, entre l’homme et lui, un lien de
solidarité essentiel et nouveau. »

Ce genre d’engagement personnel contraste singulièrement avec les propos de


personnalités, sans aucun doute sensibilisées, mais qui, pour rien au monde, ne prendraient le
risque de heurter leurs maîtres ou leurs pairs.

Du point de vue religieux, la prudence de certains prélats contraste aussi bien avec
l’engagement d’autres comme le Conseil Œcuménique des Eglises qui précise nettement :

« Dans ce domaine qui gagne constamment en importance, il s’agit de mobiliser


systématiquement les forces, et d’intensifier les efforts en vue de contribuer à sauvegarder la
qualité de notre environnement. »

A L’INTERIEUR DE LA FAMILLE

Père et Mère sont les premiers exemples. Prédateurs, ils feront des prédateurs. Sont-ils
solidaires de la nature et des animaux, ils feront des amis des animaux et des écologistes.
Mais qu’il soit bien entendu que notre dénomination écologiste est idéologique, pas
politicienne.

Dans une société malade de ses déchets, il y a un monde de différence entre le père qui
invite ses enfants à l’accompagner « pour aller jeter détritus ou vieilleries dans la nature » et
celui qui demande « de ne rien laisser traîner qui salisse l’environnement ». Comme il y a un
monde de différence entre le père qui abandonne l’animal familier et celui qui le recueille.

Les parents sont les éveilleurs d’âmes. Les premiers, qu’on ne remplacera pas et dont
l’influence persistera au cours de toute la vie de l’enfant. C’est donc eux qu’il faut convaincre.

Il faut qu’ils comprennent que ce monde ne leur appartient plus. A partir du moment
où ils ont des enfants, ils ne font que le leur emprunter.

Si nous étions ces parents là, nous raconterions cette histoire1, celle de l’Indien qui, du
fond des âges exprime sa sagesse :

« L’air est précieux pour l’homme rouge car toutes choses participent à la même
respiration : l’animal, l’arbre, l’homme, tous ont part à la même respiration. L’homme blanc
ne semble pas se rendre compte de l’air qu’il respire : semblable à un homme en train de
mourir depuis plusieurs jours, il est insensible à la puanteur. Qu’est donc l’homme sans les
animaux ? Si tous les animaux disparaissaient, l’homme mourrait d’une extrême solitude
d’esprit. Le sort qui est fait aux animaux frappera l’homme à son tour. Toutes choses sont
liées entre elles. Ce qui atteint la terre atteindra aussi les fils de la terre. Car nous le savons,
la terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre. L’homme n’a

1
Extraits de la réponse du Chef Seattle au gouvernement des U.S.A. –1854.

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pas créé le tissu de la vie, il n’est qu’une fibre. Toute atteinte portée au tissu est une atteinte
portée à nous-même.

Nous savons que l’homme blanc ne comprend pas notre genre. Pour lui, toutes parts
de terre sont équivalentes car il est comme un étranger qui vient de nuit prendre de la terre
tout ce dont il a besoin. La terre n’est pas son frère, mais son ennemi et lorsqu’il l’a
conquise, il s’en va plus loin. Il abandonne derrière lui les tombes de ses ancêtres et ne s’en
soucie plus. Il traite la terre, sa mère et le ciel, son frère, comme des objets à acheter ou à
piller, ou à vendre comme des moutons ou des perles brillantes. Sa faim dévorera la terre, ne
laissant derrière elle qu’un désert. »

C’est au sein de la famille qu’il faut prendre conscience, dès les plus tendres années,
de cette vérité qui sera la première, l’origine de toutes les autres : nous sommes incapables de
produire l’air, la terre, l’eau, les arbres.

A partir de cette constatation, nous savons que, ce que nous abîmons ne reviendra
plus. Plus tard, à l’école, nos enfants mesureront et comprendront mieux l’étendue du
problème.

L’ACTION DU PRINCE AGA KHAN

Un intéressant exemple d’engagement est celui du prince Sadruddin Aga Khan qui a
créé en Suisse la Fondation de Bellerive consacrée à la sauvegarde de la vie sous toutes ses
formes. La protection animale tient une place importante dans l’action du prince Aga Khan
qui est aussi l’ancien Haut Commissaire des Nations Unies aux Réfugiés. Cela souligne la
complémentarité de l’humanisme et du souci des animaux.

D’ailleurs, à Bellerive, les programmes de protection animale, les activités


humanitaires et de conservation de la nature forment un tout.

Voici quelques exemples d’actions concrètes menées depuis Bellerive :

- Un rapport scientifique sur le thème : « Pour une science sans violence » traitant de
l’expérimentation animale.

- Une campagne de promotion pour des produits non testés sur les animaux.

- Une campagne publicitaire dans les journaux de mode pour le refus de la fourrure
animale.

- Un programme de technologie rurale pour l’efficacité agricole dans les pays du tiers-
monde.

A côté du prince Sadruddin Aga Khan, qui est aussi vice-président du WWF, ont
participé à la création de Bellerive d’autres personnalités comme le philosophe Denis de
Rougemont, les professeur Victor Weisskopf et Lew Kovarski, de même que le pasteur
Visser’t Hooft.

Nous devons retenir le message qu’il nous fait parvenir :

5
« Tandis que les pays industrialisés polluent l’environnement ou font planer sur lui la
menace nucléaire, les pays en voie de développement détruisent leurs ressources pour
survivre. Il est urgent d’agir de façon concrète. Sur cette terre qui rétrécit chaque jour,
l’avenir de tous devient l’affaire de chacun. »

UNE CIVILISATION ECO-SPIRITUELLE

Fondé en Suisse, mais avec une vocation mondiale et déjà un développement


international, « Beaulieu » eut comme origine un Appel qui fut signé par divers penseurs et
personnes engagées.

Figurant parmi les membres fondateurs et signataires de l’Appel de Beaulieu, il nous


est apparu non seulement utile mais indispensable, que ce mouvement puisse se présenter
dans le cadre de cette monographie.

Afin de contrecarrer la misère et une destruction écologique d’ampleur mondiale,


l’association internationale « Beaulieu – Mouvement éco-spirituel », demande aux populations
des pays industrialisés de reconsidérer en profondeur leur système de valeurs. Seule une base
éthique et philosophique renouvelée permettrait à l’humanité de maîtriser ses problèmes. Les
idées forces sont décrites dans le livre du groupe de Beaulieu, « Construire l’espérance –
Manifeste pour une civilisation éco-spirituelle »2.

Le mouvement vise le renforcement d’un large courant basé sur la responsabilité


individuelle, afin de donner son assise à une future politique éco-spirituelle.

L’écospiritualité est une attitude d’esprit qui inclut un profond respect pour la vie, une
pensée scientifique globale, une spiritualité tolérante ouverte sur le monde et qui s’adresse à
toutes les personnes qui cherchent une issue à la situation mondiale déprimante et travaillent à
la promotion d’une alternative.

Pour un homme, vivre, c’est s’interroger sur l’évolution du monde, sur le devenir de la
terre, sur l’aventure humaine. Il a tout lieu d’enregistrer avec fierté l’accélération et les
progrès de la technique, de la médecine, des droits sociaux. Il se réjouit d’autant de victoires
sur les antiques malédictions. En même temps, il sent confusément que les menaces
s’accumulent. L’écologie révèle les graves maladies de notre planète. Le nombre des
militaires et ouvriers de l’armement, est deux fois plus élevé que le nombre cumulé des
médecins, infirmières, professeurs et instituteurs. L’amélioration du bien-être des uns
s’accompagne de la misère et de l’injustice sociale subies par les autres. La recherche de la
suprématie de telle idéologie, de tel pouvoir, semble avoir plus d’importance que la survie de
l’humanité. Le culte du profit illimité exacerbe les mensonges et les luttes. Pourtant, si nous le
voulons, comme l’affirme Albert Jacquard dans sa préface de « Construire l’espérance », ce
temps « peut devenir une aurore de sourires et d’espoirs ». C’est ce défi et cette conviction
que les membres du Groupe de Beaulieu ont voulu exprimer. Les hommes happés par le
provisoire et le matérialisme, anesthésiés par les médias et l’attrait de l’argent, cherchent
inconsciemment des plages de silence pour se recréer, pour se retrouver eux-mêmes, et
d’objets, devenir sujets. « Il nous faut apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon
nous allons mourir ensemble comme des idiots » disait Martin Luther King. Les membres du

2
Groupe de Beaulieu : Construire l’Espérance – Manifeste pour une civilisation écospirituelle. Ed. de l’Aire,
Lausanne, 2e ed. 1991

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Groupe de Beaulieu gardent espoir. Parce qu’ils croient à la synthèse de la raison scientifique
et de la spiritualité, à l’ordre extérieur sur une éthique intérieure.

Le manifeste du Groupe de Beaulieu comporte trois parties :


- une analyse de la situation du monde,
- une vision de l’homme et du monde ;
- une proposition pour réorienter le cours des choses vers une société plus humaine.

Voici quelques éléments significatifs.

Si l’ouvrier de chez nous a vu son salaire réel multiplié par deux et demi de 1945 à
1985, c’est qu’il profite, lui aussi, de la foudroyante révolution technologique. A la veille de
l’an 2000 nous sommes libérés de la peur de la nature, de la peur de manquer de biens, de la
peur de devoir consacrer toutes les heures de la journée au travail productif. Ces victoires
améliorent ce qu’on appelle audacieusement la qualité de la vie. Et cependant, sommes-nous
plus libérés, plus épanouis, plus heureux ? Savons-nous pourquoi nous vivons ? Avons-nous
vraiment dépassé l’ancestrale habitude de diviser la société en 95% de serviteurs et 5% de
maîtres ? Chaque jour, nous apprenons combien la pollution, la déforestation, la
désertification, l’endettement, les guerres civiles ou répressives, le chômage, menacent
l’équilibre collectif. Grâce aux médias, les malheurs des antipodes nous sont immédiatement
communiqués. La guerre même se déroule sous nos yeux, en direct. Nous qui avons
longuement travaillé dans ce secteur, nous savons combien la coopération au développement
est sous-estimée par rapports aux échanges commerciaux et aux investissements financiers.
Cet appui reste marqué par l’ethnocentrisme occidental, dominateur et avide d’efficacité, de
résultats matériels, au détriment des besoins fondamentaux des soi-disant sous-développés.

La société industrielle propose l’accumulation de biens, de l’avoir et du pouvoir, au


lieu de la qualité de l’être et de la sagesse. Le pouvoir autoritaire croissant contrecarre
l’épanouissement des personnes soumises, leurs tendances à la créativité, à l’indépendance.
Nous avons obtenu plus de temps libre, mais nous l’utilisons mal. La division de la réalité en
ordre spirituel et en ordre matériel, introduite par les penseurs grecs, a été renforcée par
l’esprit scientifique. Nous héritons d’un homme émietté, où corps, âme, esprit ne sont plus
unis. Ne trouve-t-on pas là, une des causes de l’insatisfaction de l’homme occidental, avide et
déchiré, en ces temps d’hyper industrialisation ? Le développement entravé produit des êtres
insatisfaits, agressifs, affamés de compensations.

Les concepts économiques s’éloignent de la réalité de l’homme. Exemple : Le PNB si


cher à nos planificateurs et statisticiens, prend-il en compte le travail bénévole, les activités de
la mère de famille, les actes de solidarité, la force de l’affection et le climat positif qu’elle
crée, la sécurité d’emploi et les conditions de travail, la liberté d’expression et d’organisation,
la pureté de l’air, de l’eau, de la terre ?

Les modèles économiques d’aujourd’hui visent-ils la satisfaction des besoins


fondamentaux de tous, surtout des plus faibles ? La libre concurrence renforce les fortes
entreprises qui achètent ou détruisent les faibles. Une minorité mercantile peut s’approprier
des milliers d’hommes à travers le monde, et rechercher les plus soumis qui se contenteront
des moindres salaires. Les impasses se multiplient et aboutissent à la nécessité d’une
réorganisation porteuse d’espérance.

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L’homme occidental aurait avantage à sortir de sa léthargie pour activer son
extraordinaire potentiel d’épanouissement et d’inventivité. N’est-il pas trop souvent un mutilé
mental, un inculte du cœur, de l’intériorité et de la mobilité du corps ? Il apprend beaucoup de
choses à ses enfants, mais leur parle peu des choses essentielles, des sources de la joie
durable, de la sérénité, de la richesse intérieure. Il s’agit bien plus d’être, de créer, de faire soi-
même, de contempler et d’aimer, en symbiose avec le monde, que d’avoir, d’acheter, de
consommer, d’être stressé et de s’étourdir de posséder. La richesse intérieure ne peut nous
être volée, elle stimule nos capacités créatrices, notre aptitude d’écoute et d’empathie, notre
sensibilité, notre confiance et notre connaissance de nous-même.

Le Dalaï Lama l’exprime à sa façon : « Toutes les religions mènent l’homme vers le
Bien, vers l’amour du prochain, vers le sentiment de constituer un tout. » En effet, l’univers
est l’expression d’un seul principe créateur. Ne mérite-t-il pas le respect aussi bien de
l’insecte que de l’homme, de l’eau que de l’atmosphère ?

L’humanité est Une et un sous-système de l’ensemble. Elle peut s’organiser


positivement ou s’autodétruire. Il dépend de chacun d’entre nous de développer un potentiel
latent. Le pouvons-nous sans cette conscience d’être relié au monde et aux hommes, sans
l’intelligence du cœur, sans la vie intérieure ? La physique et la biologie modernes nous
révèlent de plus en plus la complexité, la fragilité de la terre et des organismes qu’elle porte,
une terre ordonnée selon des lois que nous violons allègrement. Une approche globale et
spirituelle nous rend admiratifs et respectueux de l’organisation de la matière et du vivant.
D’où notre conviction que l’avenir doit se nourrir d’une éthique de responsabilité, de
développement de nos capacités émotionnelles, intellectuelles, spirituelles, physiques et
relationnelles. Nous pouvons tendre vers une seule humanité solidaire qui respecte l’identité
et la richesse non monétarisée de chaque peuple, qui partage les biens, qui sauvegarde la
création. Chacun doit pouvoir mûrir au soleil de la vraie joie, en s’intégrant à l’humanité et en
faisant à sa manière « l’expérience de Dieu », cette expérience qui met en marche et rend co-
créateur ; qui renforce la conviction que la justice et le progrès social ont plus d’avenir que
l’exploitation et le profit maximalisé.

Beaucoup de personnes très bien informées sont convaincues que les structures de nos
sociétés sont toutes puissantes, et qu’il nous est impossible de les changer. Cela n’est vrai
qu’aussi longtemps que nous admettrons la logique interne de ces structures.

Le travail le plus difficile, c’est, pour chaque individu, de se libérer des modèles de
pensée désuets de notre société. Nous ne changerons pas les structures destructrices en les
attaquant, mais dans la mesure où nous briserons en nous le pouvoir de leur logique, et nous
nous ouvrirons à une nouvelle rationalité. Il est temps que nous nous libérions du pouvoir
d’une pensée dépassée ; la suite viendra d’elle-même, suscitée par l’énergie créatrice qui nous
anime.

Nous sommes évidemment partisans d’un projet de société loin de toute infantilisation
de l’homme. Nous proposons une vaste coalition démocratique des gens qui disent « non » à
la société de consommation, aux cloisonnements égoïstes, et qui disent « oui » à la vie, à
l’épanouissement de la culture et de l’esprit comme éléments moteurs. Nous voulons unir nos
efforts à ceux des militants qui poursuivent les mêmes finalités tout en gardant l’humour, en
même temps que la lucidité.

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Des réorientations ? Le manifeste en propose dans les domaines de l’alimentation, de
l’écologie, de la mécanisation, de l’énergie, de l’agriculture, etc. Un autre développement est
en marche, mû par une philosophie éco-spirituelle. Il produira des consommateurs et des
citoyens éco-sociaux, une économie et une technologie éco-sociales, des organisations
citoyennes qui sensibilisent aux causes fondamentales de la destruction croissante de la
biosphère et de l’harmonie dans la vie humaine. D’où l’appel, lancé de manière personnalisée,
en fin d’ouvrage, aux consommateurs, aux scientifiques, aux ouvriers de la terre, aux
médecins, aux architectes, aux femmes, aux jeunes, pour que fleurisse la vie. D’où l’auto-
engagement proposé à chacun des membres du Mouvement de Beaulieu. Pour ne plus céder
aux impératifs catégoriques de la société, pour ne plus confondre les besoins avec les désirs
profonds, pour ne plus s’imaginer que le bonheur vient exclusivement du dehors, selon les
stéréotypes et les mythologies véhiculées notamment par l’audio-visuel. « Cela suppose
souvent, écrit Jean Sulivan, que l’on change le rythme de sa vie, que l’on préserve un espace
d’intériorité, que tout soit subordonné à la tendresse humaine. » Alors, l’espérance peut nous
habiter. Ceci n’est pas une parole morale mais une invitation au plaisir de vivre et de créer un
monde renouvelé.

La souffrance humaine et les dommages causés à la nature sont aujourd’hui d’une si


grande ampleur sur toute la terre, que nous constatons que finalement, font autorité dans la
société industrielle des valeurs et des normes destructrices. Nos aspirations et les buts de nos
institutions ne sont pas rationnels si l’on entend par « rationnel » le désir d’épanouissement
personnel et l’épanouissement du vivant en général. La structure d’orientation de notre culture
industrielle s’avère aujourd’hui déraisonnable. Les objectifs proposés comme « rationnels » à
nos enfants se révèlent aberrants étendus au monde entier. Car, nous nous approprions une
part indue des ressources du monde et nos actions ne s’intègrent pas dans le système
écologique. Reprenant les mots d’Erich Fromm, « le caractère de notre société est, pour
l’essentiel, destructeur. »

L’espèce humaine dispose de la liberté de déterminer elle-même les structures sociales


qui sont les conditions de son épanouissement. Beaucoup ont pris conscience du caractère
déraisonnable de notre société. Depuis la fin des années soixante, toujours plus de personnes
et de groupes cherchent des voies alternatives, car les normes de comportement dominantes
ne convainquent plus et les valeurs fondamentales de notre société s’effritent.

L’absence de consensus fondamental conduit à une désorientation qui rend difficile,


voire impossible, la solution commune des immenses problèmes. D’autre part cette absence
ouvre la voie à un individualisme forcené qui aboutit fréquemment à l’égocentrisme. Dans
une telle société, il n’y a plus de place pour les faibles et les pauvres, ni pour la vie de la forêt
ou de la mer.

L’être humain a besoin d’un fil conducteur éthique pour orienter sa vie. S’il n’en a pas,
surgit le danger d’un retour au fondamentalisme, au fascisme, au sectarisme qui, lui offrent
des certitudes faciles. Il n’est donc pas du tout indifférent que nous parvenions ou non à un
nouveau consensus de société car la nature de ce consensus est importante. Sans système
éthique commun nous ne parviendrons plus à maîtriser les problèmes de survie de l’humanité.

Nous avons besoin d’une nouvelle base éthico-philosophique, d’une structure


d’orientation pour notre comportement individuel et collectif. Devant la relativisation
généralisée des valeurs et l’égocentrisme , le groupe Beaulieu a essayé dans son livre

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« Construire l’Espérance » d’esquisser une vision renouvelée de l’Homme et du monde, qui
corresponde mieux à la problématique mondiale actuelle et à notre niveau de connaissance.

Le mouvement Beaulieu propose pour notre société industrielle, un nouveau cadre


commun d’orientation : l’écospiritualité, comme base éthique d’une culture à inventer.

L’écospiritualité est la recherche d’une nouvelle synthèse. L’ancienne tradition


spirituelle et les nouvelles connaissances scientifiques se rejoignent ici en une structure de
base qui nous semble plus adaptée au monde d’aujourd’hui.

Le temps est certainement mûr pour un remaniement fondamental de notre système de


valeurs. Son orientation sera fonction du nombre et de l’énergie des personnes qui adhèrent à
tel ou tel courant. L’écospiritualité offre une possibilité d’un nouveau point de cristallisation.
Nous pensons que « Construire l’Espérance » propose un projet de société raisonnable, qui
peut être une perspective mobilisatrice pour tous et pour les jeunes en particulier.

La dimension spirituelle est un besoin essentiel de l’être humain universellement


ressenti. Sans système clos de vérités ultimes, l’écospiritualité n’est pas une religion. Mais
que la spiritualité soit, non seulement acceptée comme dimension humaine essentielle, mais
qu’elle soit aussi intégrée dans notre vie journalière car elle influence de façon notable nos
comportements. La vraie spiritualité est tolérante, aimante, ouverte sur le monde ; elle nous
relie au-delà des frontières religieuses. Les différentes religions doivent certes continuer, mais
dans un esprit où les similitudes auront plus d’importance que les différences. Les personnes
qui ne peuvent se rattacher à aucune religion spécifique, doivent pouvoir trouver un espace où
vivre cette spiritualité universelle, sans référence à un groupe particulier. Dans notre « culture
industrielle » la négligence des besoins spirituels laisse la porte ouverte à toutes sortes d’excès
sectaires intolérants. Beaulieu aimerait prévenir cette tendance en ouvrant un espace pour les
besoins spirituels dans la vie journalière.

Ceux et celles qui veulent rompre avec le conformisme intellectuel de notre société et
se vouer à l’élaboration d’un nouveau mode de pensée se sentent souvent isolés. Beaulieu
tisse entre eux des liens. C’est un lieu où beaucoup vont se rencontrer, et se reconnaître portés
par un même courant, un même désir de changement. L’auto engagement relie tous ceux qui
sont en recherche et oeuvrent dans le même sens. Une synergie peut alors se développer.
Grâce à cette interaction, la créativité de chacun est stimulée et s’amorce une dynamique
d’espérance.

Chacun s’efforce de trouver en soi une joie profonde grâce à son engagement
spécifique pour ce qui aussi son but le plus élevé : l’épanouissement de la vie, sur Terre, sous
toutes ses formes.

Il faut que la dilapidation des biens et l’abus de pouvoir s’effacent : une richesse
intérieure et non pas extérieure est visée.

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Deuxième partie :
Dimension écologique
de l’Education

« L’Homme, serviteur et interprète de la Nature, ne peut agir et comprendre que pour


autant qu’il ait observé sur le vif ou par la pensée le cours de la Nature.

En dehors de cela, il ne sait rien et ne peut rien faire. Tout dépendra de la façon dont
l’œil observera sans cesse les phénomènes de la Nature et recevra ainsi les images telles
qu’elles sont. »

Francis Bacon (1561-1626)

Définissant les programmes en faveur du Nouvel Ordre Economique International, le


Dr Amadou Mahtar M’Bow, alors directeur général de l’UNESCO, leur donne dans son livre
« De la concertation au consensus » (Paris, 1979) une dimension qui ne peut nous laisser
indifférent :

« Ces programmes dans les domaines des sciences de la terre, de l’écologie, de


l’hydrologie, de l’océanographie, de l’information, doivent aider les Etats membres à
parvenir graduellement à une utilisation optimale de leurs ressources naturelles et de leur
potentiel humain. Ils favorisent en même temps une large prise de conscience des problèmes
planétaires de l’environnement. »

Dans ce sens, il importe de se pencher sur le fruit des plus récentes recherches dans ce
domaine, car la dimension éducative est primordiale.3

La nécessité de protéger l’environnement naturel et de gérer rationnellement les


ressources de notre planète, est devenue l’un des soucis majeurs de notre temps.

L’opinion publique, sensibilisée par des accidents spectaculaires de pollution, prend


conscience des problèmes. Elle réclame des mesures sans toutefois bien se rendre compte de
leurs conséquences sur l’économie d’un pays. Elle ne comprend pas toujours que le bien-être,
ou le mieux-être n’est pas seulement lié à l’augmentation des biens de consommation, mais

3
Sources : documentation Conseil de l’Europe.

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dépend aussi de nombreux autres éléments indispensables qui sont dangereusement menacés
de dégradation sinon d’épuisement ou de disparition.

L’environnement naturel est agressé continuellement d’une façon intense. Il ne s’agit


pas seulement de la pollution de l’air, de l’eau et du sol fréquemment visibles et
spectaculaires qui frappe facilement l’opinion publique. Mais également, de la disparition ou
de la raréfaction des plantes ou des animaux dont l’importance est déjà révélée ou se révèlera
dans les années à venir, ainsi que l’atteinte dégradante des paysages naturels : en bref, du
déséquilibre de l’environnement naturel, sans parler des effets néfastes possibles sur les
structures sociales des régions rurales.

Tel est l’un des effets imprévus de l’évolution de notre société vers le progrès
économique. La recherche par l’homme des bénéfices matériels a modifié fatalement
l’impression qu’il se fait de l’intérêt général. La nature n’échappe pas à cette transformation
qui a pour origine la révolution industrielle. L’homme cherche à l’exploiter selon des normes
économiques qui affectent gravement son équilibre, et sans se soucier des générations futures.

Pour que l’indispensable qualité de la vie soit préservée ou retrouvée, il faut que
l’homme se rende compte qu’il dépend dans une très large mesure du milieu dans lequel il vit,
qu’il fait partie d’un ensemble qui a ses lois et ses exigences. En tant qu’être vivant, il a
besoin d’air, d’eau, de lumière, il a besoin de la végétation et des animaux qui l’entourent, il a
besoin de sol, d’espace vital et du sous-sol. En plus, contrairement aux autres organismes
vivants, l’homme a besoin aussi des différentes sources d’énergie. Mais pas de n’importe quel
air, quelle eau, quelle lumière… ! Ces lois fondamentales qui régissent les conditions de vie,
l’homme doit les connaître, d’autant plus qu’il intervient lui-même généralement à son insu,
dans le système écologique auquel il appartient. Etant donné que toutes ses actions modifient
plus ou moins l’environnement naturel, l’homme a une énorme responsabilité à son égard.

Ainsi, toute politique de l’environnement naturel nécessite un nouveau comportement


des hommes, un changement de ces valeurs selon lesquelles on pense, on juge et on agit. Or,
ces valeurs sont le résultat de l’éducation et de la formation. Les objectifs purement
économiques de rendement et de productivité devront être revus en fonction de nouveaux
principes tenant davantage compte des besoins immatériels ou qualitatifs (air, eau, produits
agricoles et d’élevage, paysages, etc.). L’économie productive et « l’économie de la nature »,
c’est-à-dire son « ménagement », seront de ce fait étroitement liées.

Les incidences budgétaires et financières des actions qui en découlent ne seront


admises facilement que par ceux qui en comprendront la nécessité. Les pouvoirs publics ne
peuvent imposer l’application d’une loi sans la compréhension de la population. La cause de
la protection de l’environnement naturel est perdue d’avance si, faute d’éducation et
d’information, la conviction et le concours des populations ne l’emportent sur l’indifférence et
le laisser-aller.

Une nouvelle conscience de l’environnement naturel est donc indispensable. Elle doit
être encouragée dès le plus jeune âge, en même temps que le fait d’exploiter notre planète.
Elle doit ensuite se fonder sur les connaissances transmises par l’école, puis être alimentée par
l’information et simultanément mise en œuvre dans le comportement individuel et l’action
professionnelle. Cette participation implique une adhésion personnelle. Il faut donc amener
les individus à reconnaître eux-mêmes les valeurs qui conditionnent la qualité de la vie et à
admettre des sacrifices éventuels.

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Pour intensifier l’intérêt porté par le public aux problèmes de l’environnement, il
faudra intégrer les questions d’environnement à différents niveaux et dans bien des branches
de l’éducation.

Au niveau professionnel, l’éducation en matière d’environnement devrait non pas faire


l’objet d’un cours à temps plein isolé des autres disciplines, mais être dispensée dans le cadre
de la formation prévue pour chacune des professions entraînant des responsabilités dans le
domaine de l’environnement.

L’information est un moyen de communication collectif et comporte trois éléments :

- Une source d’où émane le message


- Le message lui-même
- Le récepteur.

La source doit être objective. Le message doit tenir compte du récepteur et attirer son
attention non pas en faisant appel au sensationnel mais en insistant sur ses intérêts
fondamentaux.

L’information par les mass média permet d’atteindre un large public. Son effet est
cependant limité si elle n’est pas répétée, car elle ne peut influencer les comportements qu’à
la longue. Elle doit, d’autre part, éviter non seulement de renforcer la passivité de ceux qui la
reçoivent, mais aussi de provoquer une réaction négative.

L’éducation répond à un plan de formation qui nécessite des moyens appropriés et


des méthodes pédagogiques. Elle s’adresse à tous les niveaux : préscolaire, scolaire,
universitaire, postscolaire, éducation des adultes…, ainsi qu’à des groupes professionnels ou
de responsables administratifs, etc. L’éducation se retrouve aussi dans un certain nombre de
situations non officielles, tel par exemple le milieu familial.

L’évolution rapide du monde moderne implique des remises à jour des connaissances
et rend nécessaire une éducation permanente. Les moyens et les méthodes audiovisuelles sont
d’excellents instruments, mais il va de soi que c’est dans la nature elle-même que seront les
mieux perçus, sentis et expliqués les problèmes de l’environnement naturel. Ce contact direct
avec la nature est particulièrement important lorsqu’il s’agit de l’éducation des enfants.

La formation d’enseignants, d’éducateurs et d’animateurs est, au stade actuel,


indispensable pour assurer le passage d’une ancienne forme d’éducation à une nouvelle plus
adaptée à l’évolution du monde moderne. Pour transmettre les connaissances de l’écologie,
faire comprendre la nécessité d’un nouveau comportement vis-à-vis de l’environnement
naturel, il est indispensable de recycler les éducateurs, d’en former de nouveaux et de
sensibiliser tous ceux qui sont susceptibles d’agir comme « démultiplicateurs » dans les
différentes branches d’activités des hommes.

Toute action dans le domaine de l’information, de l’éducation et de la formation en


matière d’environnement naturel ne sera efficace sur le plan national et international, que si
elle s’appuie sur quatre principes fondamentaux :

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- l’éducation et l’information devraient favoriser la prise de conscience d’une part, de la
valeur que représente le patrimoine naturel et humain en tant que bien commun, et
d’autre part, du caractère collectif de la responsabilité à l’égard de ce patrimoine ;

- l’éducation et l’information devraient fournir les éléments appropriés permettant de


mieux comprendre les rapports existant entre les exigences de la société
contemporaine et leurs répercussions sur l’environnement ;

- l’éducation et l’information devraient s’appuyer non seulement sur les moyens


techniques nouveaux, mais aussi sur les méthodes appliquées dans les sciences
sociales, et être réalisées avec le concours des intéressés ;

- l’éducation et l’information devraient rechercher l’objectivité dans la présentation des


faits et se défier de toute compromission particulière. Elle devra aussi présenter de la
manière la plus claire possible, les différentes options socio-économiques dégagées
par l’étude écologique de tout projet relatif à la gestion des ressources naturelles
et la modification de l’environnement naturel.

Il serait souhaitable de poser des jalons qui permettront de contribuer au


développement de la coopération internationale. Pour cela il faudrait :

a/ Définir clairement les principes et la finalité d’une éducation de l’homme en matière


d’environnement naturel,

b/ Tirer des règles d’action au plan de l’information et de la formation.

Une philosophie des aspects éducatifs de la politique de l’environnement naturel a pu


trouver une définition dans le cadre du thème IV de la Conférence des Nations Unies sur
l’Environnement Humain à Stockholm en juin 1972. Il apparaît indispensable de la
concrétiser dans le mesure où cela s’avère nécessaire, en l’adaptant aux réalités régionales.
Les actions à entreprendre doivent en effet répondre aux mentalités, aux modes et aux niveaux
de vie, en utilisant les moyens et les méthodes d’enseignement, d’éducation et d’information.

Par ailleurs, les actions d’éducation et d’information ne doivent pas se limiter aux
mass média ou à l’école, elles doivent pénétrer efficacement les milieux « démultiplicateurs »
qui leur sont restés souvent étrangers : pouvoirs locaux, organisations syndicales ou de
jeunesse, associations de parents, partis politiques.

INFORMATION

La connaissance des problèmes posés par l’environnement naturel sur le plan européen
doit faire l’objet d’une diffusion régulière de l’information aux responsables de
l’administration et aux gestionnaires de l’environnement naturel. L’expérience acquise par les
uns doit profiter à l’ensemble. Les informations devront être diffusées régulièrement (par un
bulletin périodique, par exemple). Elles pourront donner lieu annuellement à des réunions de
mises au point et de concertation au cours desquelles de nouvelles orientations ou options
pourront être prises, en vue d’améliorer la gestion du milieu naturel et d’en harmonier les
méthodes.

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Dans le même ordre d’idées, les spécialistes, techniciens et ingénieurs qui, sans avoir à
gérer le milieu naturel, agissent par leurs interventions sur les équilibres écologiques, devront
pouvoir bénéficier d’une éducation permanente et d’une remise à jour des connaissances à la
faveur des recherches entreprises dans le domaine de l’écologie appliquée.

Pour informer ces différentes catégories de spécialistes et d’utilisateurs de la nature, il


serait indispensable d’envisager sur le plan européen la production de matériels adaptés à
chaque public et de le rendre accessible à tous. Dans ce domaine, l’utilisation de moyens
modernes audiovisuels, comme la vidéo ou le film documentaire de long métrage, très
coûteux même à un niveau national, pourrait être favorisée par un programme de
coproduction dans le cadre d’organisations internationales appropriées.

Le grand public et la jeunesse y seront associés plus activement. Les problèmes


européens de l’environnement naturel doivent être perçus par tous si l’on veut que soient
facilitées les relations entre pays et que soit aussi facilitée la tâche de ceux qui établissent
officiellement ces relations, qui sont tout autant d’ordre économique, social que culturel. Des
campagnes périodiques pourraient être envisagées sur des thèmes déterminés.

EDUCATION

L’éducation est sans aucun doute l’un des moyens essentiels d’inciter chaque individu
à adopter un comportement responsable à l’égard des problèmes de l’environnement naturel.

Développement de l’enseignement pluridisciplinaire et interdisciplinaire relatif à


l’environnement naturel.

Tout effort pour former l’enfant à la connaissance de l’environnement naturel passe


par une réflexion, sinon une révision des méthodes d’enseignement des sciences naturelles et
rurales, de la géographie, de l’histoire et de l’instruction civique. Le décloisonnement de ces
disciplines, manifestement complémentaires au regard de l’environnement naturel s’impose.
Les enseignants seront donc amenés à élaborer, pour une part au moins de leur enseignement,
des programmes communs et des emplois du temps coordonnés. La formation des enseignants
devrait être aussitôt que possible adaptée en ce sens. Dans la pratique, on aura soin de
préserver toute la souplesse nécessaire à la mise en œuvre d’un enseignement
pluridisciplinaire. Il est évident que l’enseignement dispensé devra tenir compte des niveaux
d’âges des enfants et qu’il s’efforcera de tendre vers une ouverture européenne.

L’enseignement relatif à l’environnement implique plus qu’aucun autre, l’utilisation


de méthodes d’incitation nouvelle. En conséquence, il ne se conçoit pas sans sorties sur le
terrain, observations systématiques, enquêtes, etc.

De nombreux pays ont déjà amorcé des réformes dans ce sens, notamment en
instituant des programmes intégrés, en créant des centres de formation multidisciplinaires, en
instaurant de nouvelles méthodes d’enquête.

Cette forme d’enseignement pourrait même être l’occasion d’échanges scolaires intra
européens fructueux, par exemple entre régions maritimes et continentales, ou entre régions
nordiques et méridionales.

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Il paraît capital de développer l’information et l’éducation dans le domaine
extrascolaire en évitant de tomber dans le didactisme. Bien plus ici que dans tout autre
domaine, la découverte des problèmes de l’environnement naturel doit se faire sous une forme
globale, et, dans la mesure du possible, par des expériences personnelles au sein du milieu
naturel et humain, avec le concours de ceux qui, de près ou de loin, sont attachés à sa gestion
ou à sa protection : écologistes, ingénieurs, responsables de collectivités locales, etc.

Cette expérience éducative présente, par rapport aux autres formes décrites
précédemment, l’avantage d’être donnée au cours des périodes de loisirs, c’est-à-dire au
moment où les citoyens sont le plus disponibles et réceptifs.

Parmi les multiples actions pratiques à prendre en considération dans ce domaine, on


peut envisager entre autres :

- l’organisation de camps de formation pour les animateurs ;

- l’organisation de chantiers en vue d’actions concrètes pour la préservation et la mise


en valeur de l’environnement ;

- la création de centres nationaux de recyclage multidisciplinaire pour administrateurs et


fonctionnaires ayant des responsabilités directes en matière d’environnement.

L’éducation des adultes et plus particulièrement celle des groupes les plus
difficilement accessibles par les moyens habituels, comme les femmes au foyer, les artisans,
les agriculteurs, exigent des méthodes spécifiques d’organisation prévoyant une participation
active des intéressés. Les pouvoirs locaux pourraient envisager des actions dans le cadre de
voyages organisés entre communes jumelées en axant le thème du voyage sur les problèmes
de l’environnement : pollution des eaux, de l’air, destruction des sites, enlaidissement du
paysage, protection des milieux, etc.

La valeur éducative des zones protégées, telles que les parcs nationaux, les parcs
naturels ou les réserves naturelles, ne doit pas être négligée. Elle devrait inciter à multiplier
leur nombre et à prévoir sur une petite partie de leur surface un aménagement léger qui leur
permette de remplir cette fonction culturelle, sans pour autant trahir leur fonction première qui
est la protection d’un milieu naturel remarquable.

En outre, les parcs publics et les ceintures vertes des centres urbains et des grandes
villes, pourraient être utilisés à des fins éducatives en étant équipés de manière appropriée. Le
tourisme, tant national qu’international, représente un potentiel considérable pour l’éducation
du public en matière d’environnement naturel.

L’initiative et la participation du public aux politiques d’environnement peuvent


engendrer un profond changement d’attitude et de conduite vis-à-vis de l’environnement
naturel. Toutefois, il serait souhaitable que la participation du public puisse se faire avec la
collaboration d’organisations intéressées, tant gouvernementales que non gouvernementales,
au niveau régional et national. On devra envisager que ces actions ignorent les frontières
nationales pour s’attaquer à un problème local commun.

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FORMATION

La formation ou le recyclage des éducateurs (enseignants, animateurs) apparaît de


première urgence. Le moyen des stages semble le plus indiqué. Ces stages devraient être
rapidement étendus et généralisés. Des bourses pourraient favoriser dans certains cas la
participation de jeunes éducateurs à de tels stages de formation.

Il serait bon que soient organisés périodiquement des colloques d’enseignants des
différents niveaux pour confronter leurs conceptions et leurs méthodes pédagogiques en
matière d’environnement et comparer les résultats de leurs expériences tant dans le domaine
de la formation des maîtres que dans celui de l’enseignement relatif à l’environnement.

Il serait souhaitable de produire à l’usage des enseignants un matériel pédagogique,


traitant des aspects européens des problèmes de la protection de la nature et de
l’environnement naturel.

Si l’écologie et l’étude du milieu de la vie sont appelées à être l’un des éléments de la
culture générale de l’homme et le fondement d’un comportement adapté à la nature, il serait
bon de créer un enseignement supérieur de type général en matière d’environnement qui
pourrait être assez largement ouvert à des universitaires ou des ingénieurs venant d’horizons
divers.

Il semble enfin de la plus haute importance, en parallèle à l’éducation des jeunes et du


public, et de la formation des chercheurs ou des éducateurs, d’aborder, soit dans le cadre de la
formation permanente ou continue, soit dans celui d’une information appropriée de survie, ou
selon toute autre méthode, le problème de la formation en matière d’environnement des
différents acteurs de la vie économique. Déjà, la sensibilisation active de tous suppose une
certaine connaissance générale des problèmes de l’environnement. Selon les niveaux de
responsabilité, cette « culture écologique » pourrait être plus ou moins approfondie. Mais dans
tous les secteurs de l’économie et de l’administration publique, un certain nombre de cadres
devraient en outre recevoir le complément de formation technique que requiert la prise en
considération et le contrôle des problèmes de l’environnement posés par l’activité spécifique
dans leur branche ou dans leur service.

La formation de conseillers écologiques, agents écologiques, opérateurs écologiques


ou toute autre appellation adéquate, à dominante scientifique, pédagogique, sociale ou
culturelle, est la clef de notre avenir. Elle peut relever de l’enseignement d’Etat, des divers
autres secteurs éducatifs reconnus ou de l’initiative privée.

L’éducation, la formation et l’information sont les piliers de l’efficacité de toute


politique de sauvegarde du patrimoine naturel et humain. Elles seules permettent l’adhésion
de toutes les volontés et la participation indispensable à la réussite de cette entreprise
commune vitale pour l’avenir planétaire.

PACTE POUR LA TERRE : EDUCATION ET BIODIVERSITE

L’UNESCO a obtenu plus de neuf millions de signatures en faveur de la protection de


la Planète « pour faire de la Terre un foyer sûr et hospitalier pour les générations présentes et
futures. »

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Les signatures ont été collectées dans le cadre d’une campagne de défense de la Terre
lancée par le secrétariat de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le
développement (CNUED).

Le Pacte pour la Terre a été conçu comme un véhicule de mobilisation de l’opinion


publique autour de la CNUED, comme point de départ d’un mouvement populaire de soutien
massif au Sommet de la Terre, en appui à des programmes de grande envergure qui seront mis
en œuvre.

Après que le secrétariat de la CNUED ait sollicité l’assistance de l’UNESCO dans la


campagne, le directeur général de l’Organisation Federico Mayor a écrit à tous les Etats
membres, les invitant à organiser des séminaires dans les établissements primaires et
secondaires et d’autres institutions éducatives, dans le but de faire connaître et d’obtenir des
engagements en faveur de la défense de la Terre.

Le Pacte pour la Terre dit en substance : « conscient de ce que le comportement des


habitants de notre planète envers la nature et envers les autres est de plus en plus source de
dommages pour l’environnement et les ressources nécessaires à l’humanité afin d’assurer
sa survie et son développement, je m’engage à contribuer, au mieux de mes moyens, à faire
de la Terre un foyer sûr et hospitalier pour les générations futures. »

Les réponses des Etats membres prouvent que le projet de pacte pour la Terre a été un
véritable catalyseur pour la conception des programmes à appliquer avant et après la CNUED.

« Les activités de promotion de la CNUED et l’adhésion au Pacte pour la Terre


comprennent la formulation des programmes, la traduction, l’impression et la dissémination
du Pacte de la Terre dans les langues locales, l’organisation de séminaires, les conférences,
les représentations théâtrales, les projections de films, les concours d’essais et de peintures,
les visites aux forêts, la plantation d’arbres, les voyages dans les zones polluées et les
campagnes actives pour la propreté des écoles, des villes et de leurs alentours… » résume le
Dr. Ghafoor-Ghaznawi.

Il ne peut y avoir de développement planétaire sans solidarité, non seulement vis-à-vis


des générations présentes mais aussi des générations futures, a déclaré Eduardo Portella,
porte-parole de l’UNESCO à la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le
développement et directeur général adjoint du Programme.

« Un autre développement humain, durable et solidaire est nécessaire. S’il ne peut


se passer de la croissance il ne saurait se limiter à la quête à court terme de bons indices,
ou à l’imposition autoritaire de schémas décidés d’en haut », a déclaré M. Portella, qui a fait
aussi remarquer que l’UNESCO occupait une place unique au sein du système des Nations
Unies, puisqu’elle est la seule institution spécialisée dont le mandat couvre à la fois
l’éducation, les sciences, la culture et la communication.

En évoquant leur rôle, M. Portella a insisté sur le fait qu’il ne peut y avoir de
développement durable sans l’éducation et il a noté avec satisfaction la volonté exprimée en
faveur du développement de l’éducation et le recul de l’analphabétisme en termes absolus.

La culture est la source première du développement et sa finalité ultime, a-t-il déclaré,


en ajoutant que la transformation des styles de vie ou des modes de consommation annonçait

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aussi un changement de caractère culturel : « Les changements culturels déterminent la
préservation de l’environnement ainsi qu’une gestion des ressources naturelles. »

La science doit jouer un rôle déterminant dans les solutions des problèmes qui ont été
soulevés à la CNUED. A cet égard, Portella a rendu hommage au travail des programmes
intergouvernementaux de l’UNESCO. Il a fait référence à la Commission océanographique
intergouvernementale qui travaille dans la mise en place d’un Système mondial d’Observation
de l’Océan, ainsi qu’au Programme sur l’Homme et la Biosphère qui travaille activement à la
conservation et à l’étude de la diversité biologique. Il a mentionné par ailleurs, le Programme
hydrologique international, le Programme international de corrélation géologique et le Comité
du patrimoine mondial, pour ses activités relatives à la conservation des sites naturels et
culturels.

« La science, dont certains redoutaient qu’elle menace la terre et l’espèce dans leur
devenir, dote aujourd’hui l’homme de la capacité d’ouvrir l’horizon du futur. La main qui
inflige la blessure est aussi celle qui peut la guérir. » a-t-il conclu.

AVERTISSEMENT

Les monographies éditées sous la dénomination “Bibliothèque Alpha” traitent de sujets


se rapportant aux questions philosophiques, spirituelles ou ésotériques. Elles sont proposées à
nos membres car nous pensons que leur lecture peut être pour eux très édifiante et leur
apporter des éléments de réflexion importants.
Toutefois, les idées présentées dans ces monographies sont celles de leurs auteurs,
idées qu’ils se sont forgées à partir de leur interprétation personnelle des enseignements
ésotériques ou bien d’expériences spirituelles diverses. Elles n’engagent donc en aucune
manière l’association ALPHA, dont l’enseignement non dogmatique et non religieux, est
délivré uniquement dans ses “Cours de Sciences Psychiques.”
Conformément à la tradition cet enseignement est confidentiel et délivré
exclusivement aux membres qui ont été acceptés dans l’association.
Les demandes concernant nos Cours de Sciences Psychiques doivent être adressées par
email à : assoalpha@aol.com ou au siège de l’association :

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B.P 42
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