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ÉCONOMIE
AGRICULTURE Si la pandémie et les confinements ont remis sur le devant de la scène le rôle des
agriculteurs, le profil de la « ferme France » et de ceux qui y travaillent est en profond
bouleversement. C’est ce que révèle le grand recensement agricole décennal, réalisé par le
ministère de l’Agriculture entre mars et octobre, dont le Figaro dévoile les enseignements
Le principal constat confirme une tendance engagée il y a cinquante ans. Il y a de moins en mois
de fermes en France. Entre 2010 et 2020, l’Hexagone a vu disparaître une exploitation sur cinq.
Avec 389 000 fermes recensées en 2020, 100 000 exploitations ont disparu. Certes, cette baisse,
continue depuis les années 1970, s’est un peu (- 2,3 %) ralentie par rapport aux - 3 % annuels
enregistrés dans les années 2000.
Si la dynamique baissière n’est pas enrayée, cela ne signifie pas, en soi, un affaiblissement de la
France agricole. La chute du nombre de fermes révèle des mutations complexes. Si le modèle
agricole français a évolué face aux crises et changements d’habitudes de consommation, la valeur
de sa production agricole (74,6 milliards d’euros en 2020) a continué d’augmenter. Selon cette
radiographie décennale des campagnes, la surface agricole utile (SAU) de l’Hexagone n’a cédé
qu’1 % en dix ans, à 26,5 millions d’hectares. Elle représente toujours près de 50 % du territoire.
Poussées par une recherche de compétitivité et les opportunités offertes par le manque de
repreneurs, les exploitations tricolores ont, en fait, continué à s’agrandir. Avec 69 hectares, leur
superficie moyenne a gonflé de 25 % sur la décennie. Le but : tenter de baisser les coûts et
d’accroître les marges, pour continuer à rivaliser avec les nouveaux poids lourds mondiaux de
l’agriculture. En première ligne les pays de la mer Noire dans les céréales et les élevages de l’autre
côté de l’Atlantique.
Mais loin de la course au gigantisme, les campagnes françaises ont aussi accéléré la valorisation
de leurs produits, notamment sous l’impulsion des États généraux de l’alimentation de 2017. Une
montée en gamme symbolisée par le boom du bio, dont les surfaces ont été multipliées par trois
sur la décennie, pour dépasser 12 % de la SAU tricolore. Une croissance que certaines filières
estiment s’être faites au détriment d’autres démarches de valorisation (labels, AOP…), qui elles
restent globalement stables (27 %) par rapport à 2010.
Gains de productivité
Cette double évolution de la taille et de la montée en gamme est particulièrement palpable chez les
éleveurs (viande, lait, porcs…) qui ont perdu un exploitant sur trois en dix ans, mais aussi gagné en
productivité avec en moyenne 30 à 40 hectares de plus.
Dans une France dont le modèle de petites exploitations familiales a fait la force sur la scène
internationale, de telles évolutions ne sont pas sans réveiller des craintes. Si nos campagnes n’ont
pas le visage des fermes-usines des États-Unis, du Brésil et de l’Argentine, le modèle familial du
système agricole tricolore commence bel et bien à s’étioler.
La main-d’œuvre familiale reste certes majoritaire, avec 67 % du volume horaires annuel dans les
fermes. Mais elle tend à décroître (- 5 % par rapport à 2010). Par effet de vases communicants, les
salariés non familiaux pèsent désormais une personne sur cinq dans les fermes tricolores.