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Classe 2 ou classe 3 molaire : comment établir une occlusion fonctionnelle ?

Article  in  Revue d Orthopédie Dento-Faciale · February 2019

DOI: 10.1051/odf/2019003

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2 authors:

Orthlieb J.D Armelle Manière-Ezvan

Aix-Marseille Université Université Côte d'Azur
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 DOI: 10.1051/odf/2019003 Rev Orthop Dento Faciale 2019;53:9-20
Article original © Revue d’O.D.F.

Classe 2 ou classe 3 molaire :

comment établir une occlusion
fonctionnelle ?

J.-D. Orthlieb1, A. Manière-Ezvan2

1 PUPH, Faculté d’Odontologie de Marseille, fonctions-dysfonctions de l’appareil manducateur, Université Aix-Marseille, Hôpital
La Timone, APHM.
2 PUPH, UFR d’Odontologie de Nice, Orthopédie Dento Faciale, Université Côte d’Azur.

RÉSUMÉ des aménagements mineurs de position (inclinaison,

Le traitement orthodontique visant l’établissement
d’une classe 2 ou d’une classe 3 thérapeutique peut être
une solution économe aboutissant à une situation fonc-
tionnelle satisfaisante moyennant quelques ajustements
mineurs mais nécessaires.
rotation) ou de forme (soustraction, addition). Ces cor-
rections nécessitent un examen attentif des moulages,
parfois une simulation par set-up/wax-up.
ABSTRACT

Il est absolument indispensable de bien comprendre
la différence entre classe 2 totale et classe 2 partielle, ou
classe 3 totale ou partielle. La classe partielle est à corri-
ger, alors qu’il faut de très bonnes raisons pour corriger
la classe 2 totale, ou la classe 3, et finir en classe 1, jamais
en relation cuspide-cuspide (classe partielle).
En classe 2 totale ou en classe 3 totale thérapeutiques,
il est possible d’obtenir un calage satisfaisant moyennant
Sometimes orthodontic treatment aims to esta-
blish a dental therapeutic class 2 or a dental thera-
peutic class 3. It could be an simpler choice leading
to a satisfactory functional organization but requi-
ring some minor but necessary occlusal adjustments.
It is absolutely essential to understand the difference
between dental full class 2 and dental partial class 2,
or full class 3 or partial class 3. The partial class must
be corrected, whereas it is very good reasons to cor-

Adresse de correspondance : Jean-Daniel ORTHLIEB

La grande corniche, 35 B1 avenue Augustin Cieussa, 13007 - Marseille.jdorthlieb@orange.fr Article reçu : 09-10-2018.
Armelle MANIERE-EZVAN - armelle.maniere-ezvan@orange.fr Accepté pour publication : 12-12-2018.

9
Article disponible sur le site https://odf.edpsciences.org ou https://doi.org/10.1051/odf/2019003

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 Classe 2 ou classe 3 molaire : comment établir une occlusion fonctionnelle
J.-D. Orthlieb, A. Manière-Ezvan

rect a full class 2, or a full class 3 and to finish in class MOTS CLÉS
1, never with a cusp to cusp relation (partial class).
In therapeutic full class 2 or in therapeutic full class 3, it is Occlusion, classe d’Angle, classe 2 thérapeutique,
possible to obtain a satisfactory occlusal fiting (stability) classe 3 thérapeutique, Orthodontie
with minor adjustments of position (inclination, rotation)
or morphology (subtraction, addition). These corrections
require a careful examination of the casts, sometimes a KEYWORDS
simulation by set-up / wax-up.
Occlusion, Angle class, Therapeutic class 2,
Therapeutic class 3, Orthodontics

En 1900, Angle postule : «  la position relative des ANATOMIE DES MOLAIRES

premières molaires est la clé de l’occlusion ».
Cet observateur affuté avait vu que les premières
molaires par leur dimension, leur morphologie, leur
position sur l’arcade, leur âge d’éruption représentaient
le socle de l’établissement des rapports occlusaux
dans une relation de classe 1. Pour éviter les confu-
sions classiques, les classes dentaires sont notées
en chiffres arabes (classe 1, classe 2, classe 3) pour
les différentier des classes squelettiques notées en
chiffres romains (classe I, classe II, classe III).
Est-il possible de conserver ou d’obtenir des fonc-
tions occlusales non pathogènes dans des relations
de classe 2, dans des relations de classe 3 ? Et dans
quelles mesures est-il possible d’optimiser ce type
d’organisation occlusale ?
PERMANENTES HUMAINES :
SPÉCIFICITÉS,
COMPLÉMENTARITÉS
Les observations en anatomie comparée sont souvent
très instructives.
Les cuspides : un modèle économe
Les morphologies des molaires sont très spécifiques
des différents régimes alimentaires. Elles permettent
d’identifier un carnivore, un herbivore, un rongeur,
ou un omnivore (fig. 1, 2, 3). Chez les omnivores les
molaires sont bunodontes, ce qui veut dire que les
tables occlusales présentent plusieurs cuspides arron-

Fig. 1 : molaires de rongeur. Fig. 2 : arcade maxillaire d’ours : Fig.  3  : arcade maxillaire de sanglier :
pluricuspides arrondies d’omnivore pluricuspides arrondies.
mais secteur antérieur de carnivore.

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Fig. 4 : molaires maxillaires de gorille.

dies. Les formes arrondies permettent à la fois de

diminuer les surfaces en contacts, donc les usures,
tout en maintenant une capacité masticatoire effi-
ciente.
Fig. 5 : molaires maxillaires humaines contemporaines.

La première molaire : pilier du calage

Avec les primates, et en particulier les primates supé-

rieurs, apparaît une morphologie molaire spécifique
que l’on retrouve chez l’homme, avec des formes
plus arrondies. Cependant deux éléments vont diffé-
rencier l’homme des primates supérieurs, soulignant
(a) (b)
l’importance mécanique de la première molaire chez
l’homme  en termes de position et de dimension  Fig. 6 : le pilier malaire est en regard de la 7 chez le gorille
(fig. 4, 5, 6) : (a), de la 6 chez l’humain (b).

– Chez les primates les molaires sont généralement

en série ascendante, c’est-à-dire que la deuxième
molaire est plus large que la première ; alors que
chez l’homme la série molaire est descendante, la
première molaire étant la plus large.
– Chez les primates le pilier malaire qui permet de
distribuer les contraintes aux arcs-boutants de
la face est davantage en regard de la deuxième
molaire. Chez l’homme ce pilier malaire est juste
au-dessus de la première molaire8.

La première molaire : morphologie

complémentaire (fig. 7) :

La molaire maxillaire représente presque parfaitement

Fig.  7  : les premières molaires humaines présentent une
le modèle tribosphénique avec la massive cuspide morphologie complémentaire soulignant le rapport de classe
mésio-linguale (protocone) et les deux cuspides vesti- 1 comme la relation occlusale physiologique.

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J.-D. Orthlieb, A. Manière-Ezvan
Fig. 8 : la première molaire maxillaire est caractérisée par
une très forte cuspide mésio-linguale (protocone- rond
bleu) et une arête transversale la reliant à la cuspide disto-
vestibulaire (en jaune pâle). La fosse mésiale bornée par
l’arête transversale reçoit en classe 1 la forte cuspide
centro-vestibulaire de la première molaire mandibulaire
(rond orange). Dans un déplacement travaillant (T), cette
dernière revient vers l’OIM par le sillon vestibulaire; dans un
déplacement non-travaillant (NT), elle glisse le long de l’arête
transversale ; dans un déplacement de rétropulsion (P), elle
suit le sillon médian et bute en arrière en Relation Centrée
(R) sur l’arête transversale.
bulaires (paracone, metacone). Une petite cuspide
disto-linguale (absente sur la troisième molaire) est
adjointe, elle est dénommée hypocone. L’arête trans-
versale barrant en oblique la face occlusale de la
cuspide mésio-linguale à la cuspide disto-vestibulaire
représente une barrière anti-mouvement de rétrac-
tion protégeant les ATM ; elle permet d’éviter la rétro-
position mandibulaire, en particulier chez l’enfant
avant l’établissement du guidage anti-rétroposition
par l’éruption sur l’arcade de la première prémolaire
maxillaire.
Dans le système dentaire humain, la première molaire
maxillaire est la dent la plus large dans le sens vestibu-
lo-lingual ; elle est très stable dans le sens transversal
du fait de sa morphologie radiculaire ; elle présente
en mésio lingual la plus grosse cuspide. La première
molaire mandibulaire est la dent la plus large dans
le sens mésio-lingual  ; elle est très stable dans le
12
1-19-Livre.indb 12
Les molaires sont anatomiquement faites pour être
en classe 1 d’Angle.
sens sagittal du fait de sa disposition radiculaire. Elle
présente la plus grande fosse destinée à recevoir (en
classe 1) la plus grosse cuspide (mésio-linguale de la
première molaire maxillaire). Ses trois cuspides vesti-
bulaires bordent le sillon principal selon un schéma
caractéristique en «  Y  » (dryopithécien). Le sillon
disto-vestibulaire de la première molaire mandibu-
laire (sillon de Stuart) permet le passage sans obstacle
de la cuspide antagoniste dans un déplacement
non-travaillant (fig. 8).
Première molaire maxillaire
– Allongée en vestibulo-lingual
– Cuspide porteuse linguale
– Stabilité radiculaire vestibulo-linguale
– Sillon périphérique médian vestibulaire
Première molaire mandibulaire
– Allongée en mésio-distal
– Cuspide porteuse vestibulaire
– Stabilité radiculaire mésio-distale
– Sillon périphérique médian lingual
Ces premières molaires, premières dents perma-
nentes à apparaître sur l’arcade, chez un enfant
très jeune, constituent le couple dentaire antago-
niste offrant la plus grande stabilité occlusale. Leur
rencontre occlusale peut conditionner de manière
importante le développement maxillo-mandibulaire.
Il paraît donc crucial de surveiller avec beaucoup
d’attention, et de favoriser si nécessaire leur bonne
rencontre lors de leur éruption. Dans ces aspects
préventifs, on gardera toujours en tête que les
premières molaires sont les dents permanentes les
plus extraites, par absence de dépistage précoce
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 Classe 2 ou classe 3 molaire : comment établir une occlusion fonctionnelle
J.-D. Orthlieb, A. Manière-Ezvan
de caries ou de mauvaise qualité des traitements
initiaux.1, 5, 6
En dentisterie, rien n’est plus important
qu’une grande qualité de soins précoces au niveau
des premières molaires permanentes.
FONCTIONS OCCLUSALES :
LA TRILOGIE « CALAGE, CENTRAGE,
GUIDAGE »
Les principes généraux
Pour clarifier l’analyse de l’occlusion et l’identifica-
tion des facteurs occlusaux susceptibles de troubler
le bon fonctionnement de l’appareil manducateur, il
a été proposé de distinguer trois types de fonctions
occlusales7,9.
Fonction de calage ou comment qualifier
la qualité de l’OIM
Calage occlusal, («  occlusal fitting  » en anglais) signifie
stabilité intra-arcade et inter-arcade. La stabilité de
l’organe dentaire dans son arcade est un impératif,
comme il existe un impératif de calage inter-arcade
assurant la stabilisation de la mandibule en occlusion
d’intercuspidie maximale (O.I.M.). Le respect de ces
impératifs est obtenu par la précision et la répartition
des multiples appuis occlusaux sur toute l’arcade.
Fonction de centrage ou comment situer
l’OIM
L’occlusion d’intercuspidie maximale (O.I.M.) impose la
position de la mandibule. Cette position spatiale doit-
être « centrée » c’est à dire répondre à une situation
symétrique des structures mandibulaires par rapport
au crâne (dans le plan frontal), non contrainte au
niveau des deux Articulations Temporo Mandibulaire
(ATM) (sens sagittal et sens transversal), ainsi qu’à
Rev Orthop Dento Faciale 2019;53:9-20.
1-19-Livre.indb 13
une harmonie dans le sens vertical, avec les éléments
ostéo-musculaires (Dimension Verticale d’Occlusion).
Fonction de guidage ou comment accéder
à l’OIM
La cinématique mandibulaire est assujettie à la fonc-
tion occlusale de guidage. À la manière d’un cône
d’accès, les surfaces de guidage pilotent l’élévation
mandibulaire directement vers la cible que représente
l’OIM, évitant les contacts au niveau des dents posté-
rieures et facilitant la coordination neuromusculaire.
Ce pilotage proprioceptif, travaillant par anticipation,
est très élaboré, vraisemblablement du fait de l’orga-
nisation des dents antérieures qui est une véritable
spécificité humaine. Les mouvements mandibulaires
nécessaires aux diverses fonctions sont ainsi simples,
économes s’ils ne rencontrent pas d’obstacle dentaire
postérieur.
Lors d’un mouvement de translation mandibulaire les
contacts entretenus entre les dents antérieures anta-
gonistes constituent le guide antérieur. Ainsi, le guide
inciso-canin en propulsion/rétropulsion et le guide
canin en diduction provoquent une désocclusion
immédiate des dents pluricuspidées lors des mouve-
ments d’excursion, et constituent les pentes du cône
d’accès à l’OIM des mouvements incursifs. En rétrac-
tion/protraction, cet entonnoir est complété en arrière
par les contacts sur le trajet OIM-ORC (Occlusion en
Relation Centrée). Ce Guide AntiRétroposition (GAR)
est préférentiellement situé sur les cuspides linguales
des première prémolaires maxillaires.
On distinguera trois zones de guidage :
– guidage incisif (généralement sur les arêtes proxi-
males des incisives maxillaires, et la face distale des
canines) ;
– guidage canin (généralement sur le pan mésial de
l’arête triangulaire de la canine maxillaire) ;
– guidage anti-rétroposition (généralement sur le
pan mésial de la cuspide linguale de la première
prémolaire maxillaire.
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 Classe 2 ou classe 3 molaire : comment établir une occlusion fonctionnelle
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En résumé le calage molaire efficace stabilise
la mandibule, mais l’axe molaire bien incliné stabilise
l’arcade.
Rôle occlusal des molaires
Le rôle des molaires est principalement dédié à la
fonction de calage ; dans une organisation occlusale
optimale, c’est-à-dire économe du système dentaire,
elles ne participent pas au guidage. Elles peuvent
représenter un support de protection de l’ATM dans
des positions excentrées et lors des contraintes liées
à une activité élévatrice forte ou lors d’un évènement
traumatique. A la fois cet intérêt de protection et la
majoration de l’efficacité masticatoire impliquent une
faible désocclusion postérieure lors des mouvements
de diduction. Lors des mouvements de retour vers
l’OIM dans le cycle masticatoire, l’homogénéité de
la première prémolaire à la dernière molaire d’un
espace de réocclusion harmonieux impose l’éta-
blissement de courbes occlusales sagittale (Spee)
et frontale (Wilson). Ces courbes sont le résultat de
disposition non parallèles des axes des dents pluri-
cuspidées. Le nivellement des courbes occlusales, et
Fig. 9 : moulage pédagogique : OIM en vue vestibulaire : occlusion une dent/
deux dents gage de stabilité : occlusion dent/dent source d’instabilité.
14
1-19-Livre.indb 14
donc le parallélisme des axes dentaires, génère un
plan d’occlusion plat. Ce dernier, en dehors du fait
qu’il n’est jamais optimal sur le plan de la cinématique
occlusale, va générer lors du serrement en OIM, des
charges non axiales au niveau des dents, générant
une forte poussée mésiale.
Occlusion une dent/deux dents
En occlusion de classe 1, il existe une mésioposition
des dents mandibulaires d’une demi-cuspide créant
un rapport occlusal engrenant d’une dent/deux
dents. Ce décalage existe du fait de la différence de
diamètres mésio-distaux des incisives mandibulaires
beaucoup moins larges que les incisives maxillaires.
En OIM, la canine mandibulaire est en contact avec
le versant mésio-lingual de la canine maxillaire ; la
cuspide mésio-linguale de la première molaire maxil-
laire est emboitée dans la fosse centrale de la face
occlusale de la première molaire mandibulaire. La
grosse cuspide dans la grande fosse est tellement
essentielle que l’observation de l’occlusion en vue
linguale est à privilégier par rapport à la vue vesti-
bulaire. (fig. 9, 10)
Fig. 10 : situation réelle : classe 2 partielle, OIM
en dent/dent en vue vestibulaire et linguale.
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En OIM, seule une relation occlusale une dent/deux
dents permet l’emboîtement occlusal établissant des
rapports cuspides fosses ou cuspides embrasures
occlusales, contacts occlusaux bipodiques ou tripo-
diques assurant le calage occlusal, garantissant la
stabilité de l’arcade et de la mandibule.
L’affrontement occlusal en OIM établissant des
rapports dent/dent, affrontement cuspide contre
cuspide, ne donne jamais de stabilité ni dentaire,
ni mandibulaire. Aussi, sur le plan thérapeutique,
ces situations seront toujours à rejeter, elles sont à
corriger soit orthodontiquement, soit prothétique-
ment en modifiant la morphologie occlusale pour
obtenir un rapport engrenant.
Il est donc important de ne pas confondre une rela-
tion occlusale de classe 2 partielle, et une relation
occlusale de classe 2 totale, une occlusion dent/
dent représentant une anomalie de calage.4, 10, 11
Occlusion transversale
Dans le sens transversal, la normocclusion est égale-
ment caractérisée par un rapport cuspide-fosse avec
des cuspides vestibulaires maxillaires et des cuspides
linguales mandibulaires en surplomb.
Axes et courbes de Wilson
Les courbes de Wilson sont la conséquence de l’incli-
naison des dents latérales en vue frontale, la courbe
de Spee en vue sagittale. Il est indubitable que les
dents s’inclinent naturellement suivant l’axe des
pressions qu’elles subissent. Il serait complètement
illusoire de penser que l’on peut espérer un système
dentaire stable avec des axes dentaires parallèles
conséquence du nivellement. De plus, en vue fron-
tale, les axes dentaires maxillaires parallèles consé-
quence d’un excès de torque corono-palatin créent
un verrouillage latéral et une perte d’appui de la
cuspide linguale (fig. 11).
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1-19-Livre.indb 15
(a) (b)
Fig.  11  : vue frontale : concilier calage (stabilisation) et
guidage (liberté) impose le respect des courbes données par
les axes dentaires en vue frontale : (a) Positionnement correct
de la première molaire maxillaire ; (b) positionnement trop
vertical de la molaire maxillaire.
Anomalie occlusale transversale
L’anomalie occlusale transversale se présente sous la
forme d’une occlusion inversée, une occlusion dent/
dent ou une occlusion en ciseaux. Dans la littérature
anglo-saxonne, toute anomalie occlusale transver-
sale semble être appelée «  cross bite  ». Que signifie
«  cross bite  » ou «  occlusion croisée  » ? Cette quali-
fication est très confuse. Est-ce que cela veut dire que
les dents se croisent avec une exocclusion ou qu’elles
s’affrontent dans un rapport occlusal inversé transver-
salement ? Dans un cas, il n’y a pas de calage, dans
l’autre, la fonction de calage est assurée, ce qui sur
le plan pathogène est probablement très différent.
Le terme d’occlusion croisée est à rejeter pour
supprimer toute ambiguïté. Il existe 5 catégories de
relations occlusales transversales en OIM (fig. 12) :
– Normocclusion transversale : le calage occlusal est
optimal,
– Occlusion en bout-à-bout : il existe une insuffisance
de calage occlusal,
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Fig. 12 : cinq catégories diagnostiques de l’occlusion transversale postérieure en OIM (rapports molaires gauches, V pour
Vestibulaire).

– Occlusion inversée : la fonction de calage est main-

tenue : cette relation occlusale est stable,
– Occlusion en ciseaux : le calage occlusal est absent,
– Occlusion en ciseaux inversés : le calage occlusal
est nul8.

FONCTIONS OCCLUSALES
ET CLASSES D’ANGLE
Suivant la relation occlusale sagittale, les fonctions
occlusales peuvent-être plus ou moins altérées.
Sachant que l’on considère les relations dent/dent
comme pathogènes, nous ne décrirons que les rela-
tions une dent/deux dents. Quelle que soit la relation
occlusale sagittale, la fonction de centrage n’est pas
spécifiquement concernée, aussi seules les fonctions
de calage et de guidage seront décrites (fig. 13).
Calage et guidage en classe 1
Le calage occlusal en classe 1, toujours dent/deux
dents, décrit (fig. 14a). L’anatomie occlusale ayant été
sélectionnée par l’évolution pour s’affronter en classe
Fig. 13 : vue linguale comparant les relations occlusales en
classe 1, 2 et 3.
1. Dans cette configuration la fonction de calage est
optimale. Les incisives entretiennent des contacts
occlusaux antagonistes en OIM avec un recouvre-
ment moyen de 3 à 4 mm permettant une fonction
de guidage physiologique en propulsion. La canine
mandibulaire peut glisser le long du pan mésial de
l’arête centrale de la canine maxillaire pour assurer
une fonction canine idéale au pilotage économe des
mouvements de diduction9.
Nos molaires sont faites pour s’engrener en classe 1.

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 Classe 2 ou classe 3 molaire : comment établir une occlusion fonctionnelle
J.-D. Orthlieb, A. Manière-Ezvan

(a) (b)

Fig. 14ab : rapport cuspides-fosses : superposition des faces occlusales montrant les cuspides porteuses mandibulaires (en
orange), maxillaires (en bleu) : (a) classe 1 ; (b) classe 2.

Calage et guidage en classe 2 totale

Le calage

La problématique de la classe 2 thérapeutique a

été très bien décrite en 1983 par Edith Lejoyeux2,3.
La classe 2 totale, par définition une dent/deux
(a)
dents, peut ainsi établir une relation assurant une
possible fonction de calage (fig. 14b). Cependant,
si l’engrènement cuspidien au niveau des prémo-
laires ne pose pas trop de problème, il n’en est pas
de même au niveau molaire. D’une part la grosse
cuspide mésio-linguale maxillaire ne rencontre plus
une large fosse mais soit une fosse marginale, soit
une embrasure, beaucoup moins profonde ; d’autre
part la cuspide disto-linguale maxillaire plus courte a
du mal à venir en occlusion dans la fosse antagoniste
(fig. 15ab), sauf à basculer l’axe des dents avec des
risques sur le plan de la cinématique occlusale et de
(b)
l’orientation axiale des forces au serrement.
Fig. 15ab : OIM d’une situation naturelle en classe 2 totale
On retrouve ces situations de classe 2 thérapeutiques chez un sujet adulte ; (a) vue vestibulaire, (b) vue linguale,
Les cuspides distales des molaires maxillaires apparaissent
dans des cas d’extraction de prémolaires maxillaires un peu « en l’air » mais les grosses cuspides porteuses sont
ou d’agénésies ; ainsi la largeur d’arcade est dimi- bien calées dans les fosses antagonistes. Faut-il créer une
nuée au niveau maxillaire, ce qui peut nécessiter une occlusion en classe 1 ou conserver la classe 2 totale ?

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 Classe 2 ou classe 3 molaire : comment établir une occlusion fonctionnelle
J.-D. Orthlieb, A. Manière-Ezvan

rotation axiale de la molaire maxillaire, pour vestibuler

sa cuspide disto-vestibulaire (toe-out). Une optimi-
sation satisfaisante du calage peut être obtenue
avec des corrections souvent minimes (position,
soustraction ou addition).

Le guidage

Dans la classe 2 totale bilatérale, il existe par défini-

tion un surplomb excessif au niveau antérieur et donc
un guidage en propulsion déficient au niveau incisif ;
il peut être obtenu par le pan disto-lingual de la
canine maxillaire. En diduction, il est possible d’avoir Fig. 16a
des conditions de guidage canin, mais avec une rela-
tion de classe 2 canine, qui implique une surface de
guidage sur le pan distal de l’arête médiane de la
canine maxillaire.

Alors, le déplacement latéral de la mandibule est

également distal, ce qui entraîne une rétroposition
du condyle dans les boucles de mastication. Cette
situation en rétrofonction a un caractère pathogène,
qui ne doit pas être accentué par une pente canine
abrupte.

Au niveau des incisives, il est préférable d’avoir un Fig. 16b

excès de surplomb, avec une inocclusion des inci-
sives en OIM que d’avoir un verrouillage antérieur
par une version linguale des incisives maxillaires. Le
risque d’égression des incisives mandibulaires sera
compensé soit par collage d’un fil de contention de
33 à 43, soit par des exercices d’affrontement régulier
des incisives en bout à bout (quand le surplomb n’est
pas trop important).
Au niveau molaire, il est généralement simple d’éviter
les interférences postérieures parfois au prix de
légères coronoplasties.
La relation occlusale de classe 2 totale pose plus
de problème sur le plan du guidage et de la stabilité
du secteur antérieur que du calage.
Fig.  16ab  : OIM d’une classe 3 thérapeutique, analyse
occlusale de fin de traitement : (a) vue vestibulaire, (b) vue
linguale).
Calage et guidage en classe 3 totale
Le problème se pose aussi dans les cas de faible
classe III squelettique sans compensation dentoal-
véolaire, présentant un encombrement incisivo-canin
mandibulaire, avec une arcade maxillaire correcte12.
L’extraction de deux prémolaires mandibulaires ou
d’une incisive mandibulaire permet de résoudre les
problèmes antérieurs : l’encombrement et le rapport
incisif. Faut-il dans ces cas, extraire les secondes
prémolaires maxillaires pour mésialer les 16 et 26 au

18 Rev Orthop Dento Faciale 2019;53:9-20.

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 Classe 2 ou classe 3 molaire : comment établir une occlusion fonctionnelle
J.-D. Orthlieb, A. Manière-Ezvan

Fig. 17ab : rapport cuspides-fosses : superposition des faces occlusales montrant les cuspides porteuses mandibulaires (en
orange), maxillaires (en bleu) en classe 3 : a- la cuspide linguale de la 5 maxillaire flotte dans la fosse centrale de la 6 mandibulaire ;
b- la cuspide mésio-linguale de la 6 maxillaire a du mal à s’emboiter dans la fossette mésiale de la 7 mandibulaire.

risque d’aggraver la concavité dans un cas de classe
III squelettique ou conserver une relation occlusale
postérieure en classe 3 ? Si une occlusion molaire de
classe 3 peut être «  aménagée  » pour qu’elle soit
non traumatogène, cette solution peut être envisagée
comme une occlusion «  thérapeutique  », si elle est
associée à une classe 1 canine et à des rapports inci-
sifs fonctionnels12 (fig. 16).
Le calage
La fonction de calage est encore moins favorable
qu’en classe 2. La cuspide linguale de la seconde
prémolaire maxillaire va «  nager  » dans la large fosse
centrale de la première molaire mandibulaire. Au
contraire, la cuspide mésio-linguale de la première
molaire maxillaire est «  à l’étroit  » dans la fossette
mésiale de la seconde molaire mandibulaire (fig. 17).
Pour compenser cette différence, le sillon vestibulaire
de la première molaire mandibulaire doit parfois être
approfondi pour s’adapter avec le versant interne
de la cuspide vestibulaire de la seconde prémolaire
maxillaire. De légères mésio-rotations des 16 et 26
facilitent l’occlusion avec 37 et 47. Les bagues avec
du toe-in incorporé ne devront donc pas être utilisées
(ceci est identique dans le cas de classe 2 thérapeu-
tique12). Pour la seconde prémolaire maxillaire, il faut
appliquer du torque corono-vestibulaire pour majorer
la présence de sa cuspide linguale. Les arêtes internes
de la fosse centrale de la première molaire mandi-
bulaire peuvent être légèrement augmentées par
des additions en composite. L’approfondissement-
élargissement de la fossette mésiale de la seconde
molaire mandibulaire doit-être réalisé pour la volumi-
neuse cuspide mésio-linguale de la première molaire
maxillaire.
Le guidage
Dans le cadre d’une occlusion de classe 3 molaire,
avec une classe 1 canine et extraction de prémolaires
mandibulaires, il pourra être délicat d’organiser un
guidage anti-rétroposition. S’il y a eu extraction
d’une incisive mandibulaire, c’est alors le guidage en
propulsion qui pourra être déficient s’il persiste un
surplomb incisif augmenté.

Rev Orthop Dento Faciale 2019;53:9-20. 19

1-19-Livre.indb 19 22/02/2019 10:04

 Classe 2 ou classe 3 molaire : comment établir une occlusion fonctionnelle
J.-D. Orthlieb, A. Manière-Ezvan
CONCLUSION
On retiendra deux notions principales :
– Il est absolument indispensable de bien com-
prendre la différence entre classe 2 totale et classe
2 partielle, ou classe 3 totale ou partielle. La prise
en charge orthodontique d’une classe 2 ou 3 par-
tielle est indiquée, du fait de l’instabilité occlusale
qu’elle représente et par sa relative simplicité de
traitement  : la correction d’un décalage d’une
demi cuspide ne représente pas un grand dépla-
cement orthodontique. A l’inverse, la correction
d’une classe 2 ou 3 totale au niveau des dents pos-
térieures est à la fois faiblement indiquée sur le
plan occlusal et beaucoup plus complexe à réaliser
sur le plan orthodontique. Il est crucial, de ne pas
s’arrêter à mi-chemin en transformant une classe 2
ou 3 totale en classe partielle4.
– En classe 2 totale ou en classe 3 totale, il est pos-
sible d’obtenir un calage satisfaisant moyennant
des aménagements mineurs de position (inclinai-
son, rotation) ou de forme (soustraction, addition).
Les principes généraux des corrections à apporter
proposés ci-dessus sont à adapter aux conditions
spécifiques de chaque patient. En effet, la mor-
phologie occlusale et les dimensions des dents
présentent des variations naturelles parfois impor-
tantes. La décision de ces corrections nécessite un
examen attentif des moulages, parfois une simula-
tion par set-up/wax-up. Si des soustractions (meu-
lages) sont envisagées, elles sont réalisés au cours
du traitement et non à la fin.
Le traitement orthodontique visant à conserver une
classe 2 ou une classe 3 dite thérapeutique, toujours
totale, est parfois une solution économe aboutissant
à une situation fonctionnelle satisfaisante moyennant
quelques ajustements mineurs mais nécessaires.
Conflit d’intérêt
Les auteurs ne déclarent pas de conflit d’intérêt.
20
1-19-Livre.indb 20
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22/02/2019 10:04
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