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Dimension verticale :
aspects physiologiques
JM Ferrigno
P Tavitian
A Tosello
Résumé. – La dimension verticale, qui correspond à la hauteur de l’étage inférieur de la face, s’établit durant
V Pouysségur
la croissance grâce à la divergence des axes de croissance des maxillaires. Elle est conditionnée par les
organes dentaires, ainsi que par l’articulation temporomandibulaire et son complexe neuro-musculo-
articulaire, eux-mêmes sous la dépendance de phénomènes neurophysiologiques. Cette dimension verticale
s’adapte tout au long de la vie aux divers troubles pathologiques, aux éléments perturbateurs et au
vieillissement des tissus afin de préserver son rôle fonctionnel dans la mastication, la respiration, la
déglutition et la phonation.
Les méthodes d’enregistrement de la dimension verticale d’occlusion, de repos ou verticale phonétique sont
très nombreuses, attestant de l’absence de méthode scientifique universelle pour sa détermination. Le critère
esthétique du respect des proportions morphologiques constitue pour de nombreux auteurs un guide de
référence préférentiel.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Ferrigno JM, Tavitian P, Tosello A et Pouysségur V. Dimension verticale : aspects physiologiques. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous
droits réservés), Stomatologie/Odontologie, 22-008-C-15, 2000, 11 p.
Te muscles
élévateurs
mandibule
M
muscles
Colonne vertébrale
hyoïdes
hyoïde
T
muscles
D muscles suprahyoïdes
paravertébraux
SH muscles
SCM prévertébraux
ceinture scapulaire
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Stomatologie/Odontologie Dimension verticale : aspects physiologiques 22-008-C-15
Il comprend deux faisceaux antérieurs qui vont converger en arrière – Le muscle hypoglosse a une action similaire.
et en dehors pour s’unir et s’insérer sur le bord antérieur du
– Le muscle lingual supérieur abaisse et raccourcit la langue.
fibrocartilage interarticulaire et sur la fossette antéro-interne du col
du condyle. Ces faisceaux sont le chef sphénoïdal ainsi que le chef – Le muscle styloglosse élargit la langue et la porte en haut et en
ptérygoïdien. arrière.
– Le muscle palatoglosse élève la langue et la porte en arrière.
• Muscles rétropulseurs
– Le muscle amygdaloglosse élève la base de la langue.
– Muscle digastrique
– Seul muscle impair, le transverse permet d’allonger et de rétrécir
Il naît de la rainure du digastrique en dedans de l’apophyse la langue.
mastoïde, formant le ventre postérieur du digastrique. Il traverse le
muscle stylohyoïdien par son tendon intermédiaire. Puis, le ventre Les 17 muscles qui constituent la langue sont innervés par les IXe, Xe
antérieur se dirige en avant, en haut et en dedans, appliqué sur le et XIIe paires de nerfs crâniens.
mylohyoïdien et s’attache à la fossette digastrique du bord inférieur Afin d’exercer ses fonctions physiologiques, la langue nécessite un
de la mandibule. ou plusieurs points d’appui inscrits dans sa mémoire physiologique.
– Muscles mylohyoïdiens
¶ Vascularisation des muscles masticateurs et peauciers
Les deux mylohyoïdiens s’étendent transversalement de la face
interne de la mandibule (au niveau de la ligne oblique interne) à Éléments artériels
l’os hyoïde et au raphé médian maxillohyoïdien. Ce sont deux
muscles larges et minces. C’est l’artère carotide qui assure l’afflux de sang artériel au niveau
de la face grâce à ses branches collatérales et terminales. Les
– Muscle géniohyoïdien collatérales de l’artère carotide sont constituées par l’artère
Il s’étend de la partie médiane de la mandibule (au niveau des thyroïdienne supérieure, linguale, pharyngienne ascendante, faciale
apophyses geni) à l’os hyoïde suivant une surface d’insertion en ou maxillaire externe, parotidiennes, occipitales et enfin l’auriculaire
« fer à cheval ». C’est un muscle court et épais. postérieure.
L’artère temporale superficielle et maxillaire interne en constituent
¶ Muscles peauciers du visage les branches terminales.
Au cours de la fermeture forcée, de nombreux muscles superficiels
du visage se contractent et participent en même temps que les Éléments veineux
muscles élévateurs aux mouvements mandibulaires. Les branches interne, externe et antérieure de la veine jugulaire se
Les muscles concernés sont : chargent d’assurer le retour du sang veineux des muscles décrits
précédemment.
– le petit zygomatique, qui s’étend depuis la partie moyenne de la
face externe de l’os malaire jusqu’à la face profonde de la peau de la Les veines faciale, linguale, pharyngienne, thyroïdiennes moyenne
lèvre supérieure. Il tire en haut et en dehors la lèvre supérieure ; et supérieure viennent se drainer dans la veine jugulaire interne
dont elles constituent un ensemble de collatérales. Grâce aux veines
– le releveur superficiel de l’aile du nez et de la lèvre, qui est allongé temporale superficielle et maxillaire interne qui constituent ses
depuis le rebord interne de l’orbite jusqu’à la lèvre supérieure ; branches terminales, ainsi qu’à ses branches collatérales, contituées
– le releveur profond de l’aile du nez et de la lèvre, qui tout en par les veines scapulaires supérieure et postérieure, les veines
s’étendant sur la même zone anatomique est plus mince mais plus occipitales superficielles, les veines auriculaires postérieures ainsi
large ; que divers rameaux cervicaux sous-cutanés, la veine jugulaire
– le canin, qui s’étend de la fosse canine à la lèvre supérieure. Il externe draine le sang des parois crâniennes et des régions
permet d’élever la commissure labiale et la lèvre inférieure ; profondes de la face.
– le myrtiforme, qui permet de tirer vers le bas les ailes du nez ¶ Équilibre neuromusculaire
grâce à ses insertions se trouvant au niveau de l’arcade alvéolaire
supérieure ainsi que sur le bord postérieur des narines ; Neurophysiologie de base
– l’orbiculaire des lèvres, qui de par sa forme elliptique ainsi que
ses faisceaux périphériques et centraux permet l’occlusion des lèvres • Au niveau périphérique
dont il occupe l’épaisseur ;
Trois types de récepteurs musculaires sont mis en cause dans des
– les muscles de la houppe du menton, qui s’attachent en haut sur mécanismes sensoriels.
les saillies alvéolaires des incisives et canines, et en bas au niveau Les FNM sont constitués par un faisceau de fibres musculaires
de la peau du menton. Tout comme son nom l’indique, sa forme en striées servant de support à des terminaisons sensitives. On décrit
houppe, lui permet d’élever le menton et la lèvre inférieure. une capsule fibroconjonctive remplie d’un liquide périaxial qui
Tous ces muscles peauciers du visage sont innervés soit par des entoure la région moyenne du FNM et permet de l’isoler des fibres
branches terminales du nerf facial provenant des rameaux squelettiques extrafusales. Il existe deux sortes de fibres musculaires
palpébraux, buccaux supérieurs et sous-orbiculaires dont l’origine intrafusales : celles à sac nucléaire et celles à chaîne nucléaire. Les
est temporofaciale, soit par les rameaux mentonniers et buccal FNM sont donc composés de deux parties contractiles polaires et
inférieur qui ont une origine cervicofaciale. d’une partie équatoriale non contractile. L’innervation sensitive est
assurée par des ramifications terminales d’axone du groupe Ia.
¶ Langue L’innervation motrice est assurée par des branches d’axones
Elle est constituée de 17 muscles dont un seul est impair : le muscle squelettomoteurs appelés axones b.
transverse qui n’a que des insertions linguales. Les organes tendineux de Golgi (OTG), récepteurs situés dans les
tendons et les cloisons aponévrotiques intramusculaires, sont formés
– Le muscle génioglosse dont les fibres inférieures tirent l’os hyoïde par des supports tendineux sur lesquels reposent les terminaisons
vers le haut et les fibres antérieures attirent la pointe de la langue en sensitives. Ces terminaisons sont reliées à un axone myélénique du
arrière et en bas. Contracté en totalité, il plaque la langue sur le groupe Ib. Le stimulus adéquat des OTG est la tension qui peut
plancher buccal. résulter soit de l’allongement passif du muscle, soit de la contraction
– Le muscle lingual inférieur abaisse et rétracte la langue. musculaire.
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Enfin, il existe des terminaisons libres qui sont décrites comme des Étage cortical
prolongements d’axones de petit diamètre myélénique (groupe III) Le cortex cérébral est constitué d’une couche continue de substance
ou amyélénique (groupe IX). Ceux-ci sont activés soit par une grise qui recouvre les hémisphères cérébraux. Il est formé de
pression exercée sur les zones de transition comprises entre les nombreuses circonvolutions.
parties charnues du muscle et les tendons, soit dans des conditions
L’étage cortical est divisé en une aire corticale sensitive et une aire
nociceptives.
corticale motrice.
Ces divers récepteurs sont rencontrés essentiellement dans les
L’aire corticale sensitive constituée des aires 1, 2 et 3 de Brodmann,
muscles élévateurs mandibulaires. Cela a été mis en évidence par
est située dans la circonvolution pariétale ascendante. Cette aire
l’enregistrement de potentiel d’action avec des microélectrodes
sensitive détient une somatotopie détaillée de tout le corps, mais la
implantées dans le noyau mésencéphalique du trijumeau, lors de
plus importante reste celle de la sphère orofaciale. Elle est capable
l’étirement des muscles élévateurs provoqué par un mouvement
d’analyser avec précision grâce à des neurones spécialisés toutes
d’ouverture mandibulaire. On comprend donc pourquoi la position
sortes d’informations, qu’elles soient articulaires, musculaires ou
de repos mandibulaire et le maintien de l’espace libre d’inocclusion
encore sensorielles. De ce fait, toute variation de la position
ont comme support neurophysiologique la proprioception des
mandibulaire ne peut pas passer inaperçue, même si elle est minime.
muscles masticateurs.
L’aire corticale motrice constituée des aires 4 et 6 de Brodmann
Transmission neuromusculaire
dépend essentiellement de l’aire 4 ou aire motrice principale. Située
Elle a pour caractéristique l’interposition de la plaque motrice entre dans le lobe frontal en avant de la scissure de Rolando, elle est
le nerf et le muscle. Deux types de motoneurones sont en charge de représentée par des cellules pyramidales géantes appelées cellules
l’innervation motrice : de Betz. La surface corporelle est représentée point par point au
– les motoneurones c innervent les fibres du fuseau formant soit niveau de l’aire 4. Généralement, sa stimulation entraîne une
des terminaisons diffuses, soit des plaques fusimotrices. Ils sont dits contraction des muscles situés du côté opposé par rapport au plan
« fusimoteurs ». Les motoneurones c statiques renforcent la sagittal, à part pour quelques muscles de l’appareil manducateur
sensibilité statique des terminaisons primaires et secondaires, alors dont la contraction est homo- et controlatérale. La stimulation
que les motoneurones c dynamiques augmentent la sensibilité provoquant la contraction d’un muscle n’est pas proportionnelle au
dynamique des terminaisons primaires ; volume du muscle concerné, et les muscles de la main mais surtout
de la face, de la langue et du pharynx possèdent la représentation
– la plaque motrice responsable de la dynamique musculaire est corticale la plus importante. Enfin, certaines fonctions de l’étage
constituée par les motoneurones a. Ils reçoivent des influx des nerfs inférieur de la face sont sous la dépendance de la partie inférieure
crâniens et des influx périphériques issus des noyaux de l’aire 4, comme la manducation et la phonation.
mésencéphaliques. Les fibres motrices des motoneurones a sont les
voies efférentes stimulées par tout étirement musculaire. Réflexes myotatiques
• Mécanismes centraux Grâce à leur régulation par les motoneurones c, ils permettent la
conservation de la position de repos mandibulaire.
Les centres nerveux exercent un contrôle sur les différents
mouvements volontaires ou automatiques, les inhibant ou les Nous distinguons deux types de réflexes responsables de ce
facilitant selon le cas. maintien : le réflexe monosynaptique trigéminal et le réflexe
disynaptique trigéminal.
Étage du tronc cérébral
À ce niveau, on distingue deux structures : les différents noyaux • Réflexe monosynaptique trigéminal
du trijumeau (V) et la formation réticulaire.
Le point de départ de ce réflexe est l’excitation des terminaisons
Parmi les noyaux du V, dont les différentes branches des fibres
primaires des FNM par leur propre étirement. Les voies de
nerveuses conduisent les afférences primaires issues des récepteurs
conduction afférentes sont des axones du groupe Ia qui présentent
buccaux, on distingue trois noyaux sensitifs : ce sont le noyau
des connexions monosynaptiques avec les motoneurones de la
sensitif principal pontique du V, le noyau spinal du V (formé du
couche 9 (zone ventrale motrice) qui innervent ce muscle. Le poids
sous-noyau oral du V, du noyau interpolaire du V et du sous-noyau
de la mandibule constitue ici le stimulus qui provoque une
caudal) et le noyau mésencéphalique.
excitation monosynaptique des motoneurones a du muscle en cause
Le noyau moteur, masticateur, renferme les motoneurones a et c des et une inhibition des muscles antagonistes.
différents muscles masticateurs.
La formation réticulaire est un ensemble de cellules nerveuses • Réflexe disynaptique trigéminal
disposées en réseau dense le long du tronc cérébral, de la région
Parallèlement à la contraction réflexe des muscles élévateurs, il se
bulbaire basse à l’hypothalamus latéral et postérieur. Elle joue un
produit un relâchement des FNM et une réaction des OTG, ce qui
rôle de coordination et de synthèse très important. Elle contrôle les
provoque une inhibition par voie polysynaptique des motoneurones
activités cérébrales par son système ascendant-activateur et les
antagonistes.
activités spinales par le système descendant-inhibiteur et facilitateur,
réglant le tonus de posture et l’état vigile. La substance réticulée
descendante facilitatrice, en agissant sur les motoneurones a et c • Régulation
tout en recevant les sensations qui parviennent de l’encéphale et Les FNM et les OTG régulent conjointement l’activité musculaire.
dépendant du cortex, est un vecteur de transmission de l’état Mais d’autres informations sensorielles régulent l’activité posturale
psychique au niveau musculaire. Cette dernière étant de plus du réflexe myotatique. Il s’agit d’informations proprioceptives
responsable de l’automatisme de la mastication, il faudra donc (musculaires, articulaires et épicritiques cutanées), informations
obtenir un état de relaxation physique et psychique avant tout sensorielles visuelles et vestibulaires.
enregistrement de la DV.
Étage sous-cortical et diencéphalique Tonus musculaire et élasticité
Le thalamus, responsable d’une fonction sensitive, est le lieu où C’est l’état permanent de légère tension dans lequel se trouve le
convergent tous les messages sensitivosensoriels, constituant ainsi muscle squelettique au repos. Il est sous la dépendance du
un centre d’intégration de la plus grande importance, relié au cortex motoneurone c. Il s’oppose à la force de gravité grâce à la
par le faisceau thalamocortical. La composante motrice de cet étage contraction totale d’un faible nombre de fibres motrices se relayant
est assurée par les corps striés constitués du noyau caudé, globus pour éviter toute fatigue. Cette contraction tonique permet un
pallidus et putamen, responsables de phénomènes automatiques. maintien de la position de la mandibule par rapport au crâne au
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Stomatologie/Odontologie Dimension verticale : aspects physiologiques 22-008-C-15
repos ; phénomène auquel nous pouvons rajouter l’élasticité et la de taille dans le sens vertical. Ces phénomènes, comme le note Bjork,
turgescence musculaire qui, selon Bessou [5], permettent, dans un ont tendance à atténuer les excès ou déficits de la croissance
muscle au repos, d’obtenir l’état de tension permanent que ce condylienne, essentiellement au niveau du bord basilaire de la
muscle exerce sur ses insertions. mandibule ;
– une croissance verticale par opposition des os alvéolaires.
Réflexe d’inhibition réciproque
Comme pour le maxillaire, la croissance mandibulaire dirigée en bas
C’est une inhibition qui résulte d’un mode d’organisation du et en avant s’accompagne d’une rotation, le plus souvent antérieure.
système nerveux, grâce auquel, lorsque les cellules d’une fonction Bjork [6] estime cette croissance à 3 mm par an avant 6 ans, puis
donnée sont activées, les cellules ayant une fonction opposée sont 1,5 mm par an en période prépubertaire et enfin 5,5 mm par an lors
inhibées. Ainsi, lorsque les motoneurones innervant les fléchisseurs du pic pubertaire ; il ajoute que la quantité de croissance
sont activés, il y a inhibition des motoneurones homolatéraux condylienne est corrélée à la direction de croissance.
innervant les extenseurs.
Différence de pression entre cavité buccale et milieu extérieur CROISSANCE VERTICALE ALVÉOLAIRE
C’est l’espace existant entre la mandibule et le maxillaire qui, dès la
Lejoyeux [11] a pu noter qu’il se produit une dépression à l’intérieur
vie intra-utérine, détermine l’importance de la croissance alvéolaire
de la cavité buccale lorsque celle-ci est fermée hermétiquement,
verticale, l’os alvéolaire et les arcades dentaires jouant un rôle de
équivalant à une force de 300 g dirigée de bas en haut.
joint face aux variations des rapports intermaxillaires.
Cette force s’opposant au poids de la mandibule est donc un facteur
Dale et Enlow [11] distinguent trois processus pour la mise en place
important de l’équilibre mandibulaire lors de la position de repos.
des dents sur l’arcade.
Poids de la mandibule Au maxillaire, c’est une activité suturale qui permet dans un premier
temps le déplacement vers le bas de l’arcade maxillaire. Il est suivi
Les forces de gravité sont à mettre au tout premier plan dans de l’éruption de la dent avec une construction équivalente d’os
l’explication de la position de repos de la mandibule, conditionnant alvéolaire et, pour finir, d’une dérive verticale continue de la dent
à son tour la DVR. dans son alvéole accompagnée d’une dérive mésiale. À la
mandibule, le déplacement vers le bas de la denture par croissance
verticale du ramus est suivi d’un déplacement vers le haut par
Dimension verticale et croissance éruption dentaire, puis on assiste à la dérive verticale vers le haut
des dents et de l’alvéole.
CROISSANCE VERTICALE DU MAXILLAIRE SUPÉRIEUR La croissance verticale des molaires mandibulaires est moins
importante que les antagonistes maxillaires et que les incisives
Elle s’effectue par une croissance suturale complétée par une mandibulaires. La hauteur du corps mandibulaire dépend
croissance modelante périostée. essentiellement de la croissance alvéolaire verticale. L’association des
Pour Scott [26], cette croissance suturale connaît son apogée entre 2 et croissances alvéolaire et condylienne représentent les deux éléments
3 ans et cesse à partir de 7 ans. Ce sont les sutures des systèmes les plus importants du développement de la DV.
périmaxillaire, craniofacial et coronal qui interviennent dans la La DV de l’étage inférieur de la face connaît donc une phase
croissance verticale du squelette facial. La suture maxillomalaire, évolutive discontinue lors de la croissance de la face. Elle est sous la
active dans les premières années de la vie, ainsi que la suture dépendance de la croissance verticale alvéolaire jusqu’à 12 ans,
frontomaxillaire provoquent un déplacement vertical sensible au correspondant à l’éruption des deuxièmes molaires définitives. Elle
niveau du palais dur et de l’orbite, ce sont les plus actives. se poursuit jusqu’à 17 ans grâce aux directions de croissance
La croissance modelante est, quant à elle, indépendante de la opposées du maxillaire et de la mandibule. Faisant suite à cette
croissance structurale, mais s’effectue de manière synchrone par phase évolutive allant de la naissance à 17 ans, il existe une phase
rapport à cette dernière. Organisée à travers des phénomènes de pseudostabilité de cette DV ou phase d’adaptabilité.
d’opposition et de résorption du périoste, et dépendant des tissus
mous environnants, elle aboutit à un abaissement de l’épine nasale
antérieure, et à une augmentation du volume du sinus maxillaire Dimension verticale adaptative
lors de l’éruption de la première et deuxième molaire définitive.
Grâce à ces deux phénomènes, le maxillaire effectue
FACTEURS POUVANT FAIRE VARIER LA DIMENSION
céphalométriquement une croissance en bas et en avant, le plan VERTICALE
palatin descendant parallèlement à lui-même, associé à une rotation.
Le pic de croissance maxillaire s’effectue 6 mois avant le pic statural ¶ Sénescence
et 12 mois avant le pic de croissance mandibulaire. Son édification
Le processus de sénescence entraîne l’atrophie et l’atonie du tissu
s’achève 1 à 2 ans avant la fin de la croissance staturale et pubertaire,
musculaire strié, ainsi qu’une ostéoporose et une diminution des
soit entre 15 et 17 ans.
réflexes. Il se produit aussi une diminution du tonus et de l’élasticité
musculaire, ainsi qu’un abaissement du seuil de fatigabilité. De ce
CROISSANCE VERTICALE DE LA MANDIBULE fait, le sujet âgé a tendance à se voûter et à avoir un port de la tête
La mandibule est l’os facial qui a le plus grand potentiel de vers l’avant, ce qui modifie la posture mandibulaire et donc la DVR.
croissance postnatal. Sa croissance possède trois composantes :
¶ Éléments perturbateurs opportunistes
– une croissance verticale condylienne permettant le déplacement de
la mandibule par rapport au crâne et responsable, pour Sarnat [25], Facteurs physiques externes
de 80 % de l’édification de la hauteur du ramus. Le condyle et son Tout facteur pouvant altérer la tonicité ou l’élasticité musculaire peut
cartilage sont considérés comme le centre de la croissance primaire donc influencer la posture mandibulaire. C’est, entre autres, le cas
prédéterminée génétiquement et permettant la mise en place d’une de la chaleur, du froid, de la pression et même parfois de l’humidité.
croissance condylienne adaptative entre la base du crâne et le
maxillaire, toutes deux structures anatomiques en relation avec la Facteurs chimiques et médicamenteux
mandibule ; Nombreuses sont les substances médicamenteuses ou chimiques
– une croissance modelante basée sur une activité d’apposition et de pouvant avoir une action sur le tonus et l’élasticité musculaire, la
résorption périostée permettant un remodelage et un accroissement vasomotricité, la proprioception, la stimulation du cortex cérébral,
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Stomatologie/Odontologie Dimension verticale : aspects physiologiques 22-008-C-15
Détermination de la dimension lieu aux extractions postérieures pour des raisons de cicatrisation.
Pendant ce temps, les maquettes sont placées sur les moulages et
verticale prothétique montées sur articulateur. Elles sont replacées en bouche après les
extractions du bloc antérieur.
CONDITIONS D’EXAMEN
• Tatouages gingivaux de Silvermann
¶ État physiologique du patient Ce dernier suggère de tatouer deux petits points d’encre de Chine
dans l’espace interradiculaire entre la canine et l’incisive latérale,
L’intégration de toute prothèse fixe, partielle, amovible ou complète
bien entendu au maxillaire ainsi qu’à la mandibule. La distance entre
constitue un corps étranger pour le patient. Il ne dépend que du
ces points est mesurée en occlusion et sert de repère après les
praticien d’assurer son intégration. Un des critères de réussite est
extractions en étant conservée dans la fiche du patient. Pour éviter
conditionné en partie par une bonne évaluation du rapport
toute erreur de mesure due à la mobilité des tissus, ces points se
intermaxillaire dans un sens vertical.
font sur la gencive attachée.
Alain Irsa, pour introduire l’article de Bégin et Rohr [4], précise que
« le praticien doit réinventer une position entrant dans le champ de • Casque de Landa
tolérance physiologique du patient ». Pour obtenir un tel résultat,
une bonne détermination de la DV est capitale. Pour que cet Positionné selon le plan de Francfort grâce à deux axes verticaux
enregistrement ne puisse en aucun cas perturber la physiologie du coulissants, il est fixé sur le haut du crâne par une sangle. Il permet
patient, deux facteurs sont à prendre en compte : de réaliser, grâce à du plâtre type protodont, une empreinte du
menton du sujet en occlusion. Après les extractions, il est remplacé
– facteurs intrinsèques : les états physiologiques comme la fatigue ou et permet de connaître la position du menton selon la DVO
le sommeil, les pathologies en cours, comme le souligne Lejoyeux [16], préextractionnelle.
qu’elles soient générales ou localisées à l’étage inférieur de la face ;
– facteurs extrinsèques : les variations thermiques, le bruit, la position • Profilomètre de Sears
du patient. Mizohami [19], observant les modifications de la position Il permet d’obtenir un enregistrement du profil du patient avant son
mandibulaire en occlusion dans un plan sagittal en fonction de édentation, grâce à une plaque cartonnée sagittale et une tige munie
l’inclinaison de la tête, suggère que le buste et la tête soient d’une mine graphique qui suit le contour facial.
maintenus droits avec un plan de Francfort horizontal, lors de C’est le même procédé qu’utilise également le pantographe de
l’enregistrement des rapports intermaxillaires. Begin [3] ajoutant que Turner.
le patient doit être debout ou assis, sans appui et les jambes non
croisées. • Fil de Merkeley
¶ Physiologie du patient Afin d’obtenir un moulage du profil du patient, un fil enduit d’un
matériau à empreinte est appliqué sur son visage dans un plan
Plus que pour tout autre acte, le patient doit être le plus détendu sagittal médian alors que celui-ci est en position d’intercuspidation
possible. Peur et anxiété ne doivent pas être ressenties chez le patient maximale (PIM). On réalisera par la suite un patron en carton qui
car elles provoquent une contraction des muscles élévateurs par sert de référence après les extractions. Olsen [20] préconise aussi une
augmentation de la tension nerveuse. Pour éviter cela, l’évocation technique similaire.
de souvenirs agréables est un des nombreux moyens de détente
efficaces à utiliser. Il est préférable dans le cas d’un patient non • Masque en résine Swenson
réceptif, tendu et non coopérant, de reporter la séance
Il s’agit d’un masque en résine acrylique transparente provenant
d’enregistrement et d’avoir recours à une prémédication sédative.
d’une empreinte du visage avant extractions. Le praticien conserve
ainsi la hauteur et le volume de l’étage inférieur avant les
¶ Espace de Donders
extractions.
Défini dans les paragraphes précédents, cet espace physiologique
doit être respecté lors de l’enregistrement de la DV. Pour cela, il est • Enregistrement du profil obtenu par exposition à des rayons
préférable de pratiquer cet enregistrement avec la maquette lumineux parallèles selon Smith
maxillaire en bouche d’épaisseur égale à celle de la future prothèse Cette technique permet d’obtenir un enregistrement du profil du
maxillaire. patient.
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Distance interpupillaire sur photo Distance interpupillaire sur patient tests de vérification. Ces systèmes mécaniques sont le Centrimétric
=
Distance ophryon/gnathion sur photo Distance ophryon/gnathion sur patient d’Oppotow et l’Autocluseur de Landé. Quant aux tests, nous
n’évoquerons que celui d’Amoedo décrit par Klein qui a pour but
Distance ophryon/point sous-nasal sur photo Distance ophryon/point sous-nasal sur patient
= de s’assurer qu’en occlusion la distance pointe du nez-pointe du
Distance point sous-nasal/gnathion sur photo Distance point sous-nasal photo/gnathion sur patient
menton réalise un rapport de 6/10 avec la même distance quand la
Cette technique peut donner quelques indications globales mais bouche est grande ouverte.
manque de précision car elle ne tient pas compte de la sénescence et Recherche de la dimension verticale d’occlusion préférée du patient en
des difficultés de mensuration sur des photos inutilisables. utilisant son sens tactile
L’utilisation de la sensibilité du patient est un outil indispensable en
Méthodes anthropocéphalométriques prothèse complète.
S’appuyant sur la proprioception des récepteurs endobuccaux dont
• Mesure de la distance entre point sous-nasal et point menton avec le seuil absolu avoisine les 10 µm, Orifino et Héraud [21], préconisent
le compas de Willis l’utilisation de cales d’espacements afin de confirmer les résultats
Willis [32] en 1935, grâce à des mesures effectuées avec un compas à des différents tests de détermination de la DVO. Pour cela, ils
coulisse directement sur le patient, établit l’égalité suivante : utilisent des cales micrométriques espacées de 10 en 10 µm
Distance bord inférieur de la pupille-fente labiale = Distance point juxtaposées sur des cales support de 300, 1 000 et 2 000 µm. Ils
sous-nasal-gnathion. proposent donc une séquence opératoire qui comprend dans un
premier temps la détermination de la DVO par les tests classiques,
Cependant, ce procédé, tout comme le Dakometer de Benett ou le
puis dans un deuxième temps la vérification de cette valeur avec un
Dentoprofil de Sorenson, reste très controversé.
jeu de cales en faisant varier l’épaisseur de la cale support interposée
Martin et Monard [18] ont expérimenté cette technique sur 60 sujets. entre les maquettes d’occlusion. Si la perception du sujet diminue,
Cette égalité n’a jamais été vérifiée, sans doute parce que la la DVO prédéterminée est correcte. En revanche, si elle augmente,
compressibilité de la base du nez et du menton font varier les la DVO est sous-évaluée et il faut donc la surélever de la valeur de
mesures. l’épaisseur de la cale support.
Trois techniques utilisant la déglutition
• Mesure de la distance entre les freins labiaux inférieurs
et supérieurs Permettant une détermination fonctionnelle de la DVO, la
déglutition est privilégiée par de nombreux auteurs car lorsqu’elle
Seul Turrel [31] en 1955 préconise cette mesure préextractionnelle qui s’effectue de manière normale, les arcades entrent en contact dans
paraît encline à une certaine marge d’erreurs. une position proche de la relation centrée. De plus, c’est une fonction
répétée 1 800 fois par jour et considérée comme invariable au cours
• Mesure de la dimension verticale d’occlusion avec un condylomètre de la vie.
Décrit par Lejoyeux [16], le Condylomètre de Tully utilisé par Sears, Technique de Shanahan
permet une mesure directe de la DVO. Il suffit pour cela de mettre Shanahan [27] semble avoir développé à partir de 1955 la véritable
en place l’appui-mentonnier, ainsi que la position repère au niveau technique qui permet à la fois une évaluation et un contrôle, comme
du point sous-nasal, puis de relever la mesure au niveau de la tige le notent Begin et Rohr [4]. En pratique, il détermine d’abord la
verticale graduée. longueur des dents supérieures sur le bourrelet occlusal de la
maquette supérieure. Dans un second temps, il prend deux boules
Méthodes téléradiocéphalométriques de cire molle de 5 mm de diamètre qu’il place au niveau des
La téléradiographie est une technique radiologique particulière qui prémolaires inférieures. Il demande au patient de déglutir plusieurs
permet de réduire la déformation par agrandissement. Celui-ci est fois. Normalement, si les cônes de cire sont écrasés, c’est que la DVO
faible, connu et constant, que les radiographies soient effectuées de est suffisante. L’auteur termine en s’assurant que l’espace libre
face ou de profil. d’inocclusion est bien respecté lors de la phonation et de la
Cette méthode, préconise la réalisation de deux radiographies, une prononciation de mots contenant les lettres « S » et « M ».
de face et une de profil, lorsque le patient est en PIM. Des mesures Begin et Rohr [4] suggèrent le renouvellement de cette méthode en
ont été effectuées préalablement afin de les retrouver lors d’un guise de contrôle du montage des dents sur cire.
examen radiologique postextractionnel. Technique de Buchman
Ces mesures peuvent être, comme le préconise Samoïan [24], soit Buchman, cité par Taddei [30] , prévoit à la place du bourrelet
linéaires, soit angulaires. Il s’agit ici d’une technique à la fois très d’occlusion conventionnel mandibulaire, une simple plaque base sur
louée et très controversée. laquelle sont fixées trois pyramides de cire molle réglées à la DVR,
précédemment déterminée grâce à des tests phonétiques. La
¶ Méthodes utilisées sans document préextractionnel maquette supérieure est réglée en bouche parallèlement au plan de
Camper et à la ligne bipupillaire. Puis, le patient est invité à déglutir
Méthodes directes une fois, ce qui provoque l’écrasement du tiers supérieur de chacune
Il s’agit de déterminer directement la DVO sans passer par l’étape des pyramides correspondant ainsi à la DVO physiologique.
intermédiaire de détermination de la DVR. Buchman solidarise alors les trois pyramides par un bourrelet de
cire conventionnelle et contrôle la valeur de la DVO par d’autres
• Méthodes cliniques enregistrements.
Ismael, cité par Taddei [30], suggère de réaliser le même test que
Réglage de la hauteur du bourrelet de cire sur la maquette
Buchman lors de l’essayage des dents montées sur cire, en versant
On règle préalablement la maquette en épaisseur et les bourrelets une petite quantité de cire tendre au niveau des prémolaires
de cire en largeur. Le praticien détermine alors la hauteur de ces inférieures.
bourrelets jusqu’à l’obtention de la DVO, et ce afin de permettre à la
Technique de Malson [17]
langue de retrouver une position spatiale optimale quelle que soit
sa fonction. Il peut aussi utiliser les prothèses préexistantes du Malson en 1960 souligne qu’au cours de la déglutition, le cartilage
patient en rajoutant de la résine sur les faces occlusales des dents thyroïde s’élève d’une façon ininterrompue, puis revient à sa
prothétiques. L’écueil de cette méthode réside dans le fait qu’elle ne position d’origine.
fait pas appel qu’au sens critique, mais aussi à l’expérience du Deux petits cônes de cire tendre sont déposés sur le bourrelet
praticien, même si Klein [13] décrit deux systèmes mécaniques et deux occlusal inférieur au niveau des prémolaires d’une prothèse
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Stomatologie/Odontologie Dimension verticale : aspects physiologiques 22-008-C-15
préexistante. Assis en position verticale, sans appuie-tête, le patient – la distance séparant la glabelle du point sous-nasal ;
est invité à déglutir plusieurs fois. Malson étudie le trajet du – la distance intercommissurale.
cartilage thyroïde lors de cette fonction.
Il considère qu’au moins deux de ces trois mesures sont égales entre
Si son trajet est discontinu ou interrompu, c’est que la DVO est elles et constantes au cours de la vie. De plus, il affirme que dans
incorrecte et se traduit soit par une absence de contact entre les 95 % des cas elles correspondent à la DVO mesurée entre nasion et
bourrelets antagonistes, soit par des contacts trop importants gnathion.
déplaçant les cônes de cire.
L’étude de McGee a certes porté sur 52 cas mais celle de Martin et
Il existe en effet trois possibilités de DVO : Monard [18], qui a porté sur 60 sujets, n’a jamais permis de vérifier
– si elle est surévaluée, le patient se penche en avant pour déglutir cette égalité.
et la palpation du cartilage indique un trajet en trois temps : montée, Règle de Boyanov
plateau (arrêt long), descente ; Il établit une égalité morphologique qui existe en cas de DVO
– si elle est sous-évaluée, le patient ne présente pas de changement normale, à savoir la distance séparant la commissure des lèvres au
de posture et le mouvement du cartilage ne présente pas de phase repos et la distance séparant le gnathion du point labial. Malgré une
de plateau ; étude concluante portant sur 200 cas faite par Boyanov, Begin et
Rohr [4] suggèrent d’éliminer cette technique peu fiable.
– en cas de DVO correcte, le patient ne bouge toujours pas. Le trajet Technique d’Appenrodt
du cartilage s’effectue harmonieusement, la phase de plateau est
présente mais très courte. Il utilise le « Compas d’or » pour affirmer que le rapport entre l’étage
inférieur de la face, bouche grande ouverte et la DVO est
Utilisation de la hauteur correspondant au parallélisme des crêtes de 5/3, soit égale au nombre d’or : 1,666... Mais cette méthode paraît
Sears et Saizar, cités par Lejoyeux [ 1 6 ] , suggèrent de régler l’objet de beaucoup de controverses.
l’espacement des crêtes de telle sorte que celles-ci soient parallèles
afin de recevoir les forces masticatoires perpendiculairement. Cette • Méthodes téléradiocéphalométriques
technique reste très controversée, notamment à cause de De nombreux auteurs tels que Leize et al [15] ou encore Hull et
l’irrégularité des crêtes alvéolaires dues aux phénomènes de Jughans, s’accordent à penser qu’en subdivisant la hauteur faciale
résorption. sur une téléradiographie de profil en étage supérieur défini par la
distance nasion-épine nasale antérieure et un étage inférieur allant
• Méthodes anthropocéphalométriques de l’épine nasale antérieure au point menton, l’étage inférieur
Règle approchée de la statuaire antique représente 57 % de la hauteur faciale totale. Cette technique nécessite
Léonard de Vinci, Michel-Ange et bien d’autres ont couramment pour la détermination de la DVO la mise en place de maquettes
utilisé les proportions de la face mises au point par les « canons de d’occlusion en bouche lors des clichés radiologiques.
beauté grecque ».
Méthodes indirectes
Léonard de Vinci estime que front, pointe du nez et menton doivent
toucher un arc de cercle dont le centre est le milieu du conduit • Réduction de la dimension verticale de repos d’une valeur de l’espace
auditif interne. En fait, les Anciens distinguaient comme critère de libre d’inocclusion arbitraire
beauté, l’égalité des trois étages frontal, nasal et buccal de la face.
Cela consiste en la détermination de la DVR par une méthode de
Cette règle de beauté ancestrale ne nous permet cependant qu’un
son choix, ainsi qu’à sa quantification grâce à un pied à coulisse et
contrôle approximatif dans notre évaluation de la DVO, afin de
deux repères faciaux.
vérifier la conservation de l’harmonie du visage.
Dans un deuxième temps, on réduit la hauteur du bourrelet
Règle de Sigaud
inférieur d’une valeur de l’espace libre d’inocclusion (ELI) choisie
Lejoyeux [16] cite une classification de Sigaud datant de 1910 et arbitrairement pour obtenir la DVO.
indique la proportion idéale des étages de la face suivant le type
constitutionnel de l’individu. • Méthode de Langer et Michman
Le patient musculaire présente un étage inférieur égal aux deux Ces deux auteurs utilisent, en plus du compas à pointe sèche comme
autres. Le respiratoire présente un étage inférieur égal à l’étage expliqué ci-dessus, un dispositif mécanique adaptable sur les
supérieur et nettement moins développé que l’étage moyen, le maquettes qui leur permet de diminuer le bourrelet d’un ELI de
digestif a un étage inférieur prédominant. À l’inverse, le cérébral a manière extrêmement précise.
un étage inférieur égal à l’étage moyen, l’étage supérieur étant plus
important. Cependant, comme le notent Begin et Rohr [4], « ces • Méthode de Provort et Towle
méthodes basées sur des données moyennes font abstraction du
comportement neuromusculaire et des particularités de l’individu ». S’appuyant sur le fait que le patient cherche sa position de repos
mandibulaire entre les actes de déglutition et le maintien de celle-ci,
Règle de Willis ils déterminent la DVR par un dispositif électronique et, de là, en
Cet auteur rapporte « la fréquence de l’égalité entre la distance déduisent la DVO.
séparant la fente labiale, de l’angle externe de l’œil et celle séparant
le point sous-nasal du gnathion ou dimension verticale recher-
DÉTERMINATION DE LA DIMENSION VERTICALE
chée ». Pour cela, il utilise un compas coulisse appelé « compas de DE REPOS
Willis » ou un compas à pointe sèche dans le cas de profil
défavorable. ¶ Méthodes cliniques
Règle de Landa
Critères esthétiques
Selon ce dernier, la DVO est correcte, quand la distance entre le
sommet du crâne et le plan de Francfort est égale à la distance entre Le praticien doit redonner à son patient édenté son apparence
le plan de Francfort et la pointe du menton. physique antérieure et donc rechercher la DVR en fonction de son
Règle de McGee aspect esthétique.
McGee, en 1947, mesure sur un sujet au repos : En effet, une DV trop faible provoque un affaissement des traits et
un abaissement des commissures donnant un aspect vieilli alors
– la distance séparant le centre de la pupille de la commissure des qu’une DV trop élevée provoque une tension fibromusculaire avec
lèvres ; effacement de tous les sillons.
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Stomatologie/Odontologie Dimension verticale : aspects physiologiques 22-008-C-15
classiques, ont démontré la nécessité d’utiliser pour ces tests des s’adaptant tout au long de la vie à certaines modifications,
logatomes qui sont « des séquences phoniques dépourvues de sens physiologiques ou non. Cette adaptabilité de la DV peut être
et non assimilables à un référent ». En effet, en analysant les aspects occasionnelle dans le cas de pathologies ou d’éléments perturbateurs
articulaires, acoustiques et sémantiques, ils notent que « selon son opportunistes, mais elle est continue face aux phénomènes de
environnement consonantique ou vocalique, un même phonème sénescence qui touchent les déterminants de la face. La DV est en
peut être articulé différemment » tout en restant perçu de manière corrélation avec diverses fonctions telles que la phonation, la
identique par l’auditeur. Ils notent aussi, que tant chez le patient respiration, la mastication et la déglutition, et le respect de la
par son autocorrection que chez le praticien, le succès de la personnalité du patient en préservant son esthétique. Qu’il s’agisse de
reconnaissance vocale du mot l’emporte sur l’analyse articulatoire. la DVO, DVR ou DVP, proposer une méthode clinique de
Pour ne garder que l’aspect articulatoire des séquences phoniques, détermination réitérable et applicable à tous les patients semble pour
ils suggèrent donc d’utiliser le phonème « S » entouré de voyelles
l’heure impossible. La diversité et le nombre de techniques répertoriées
neutres (é, e, è, eu) qui, selon eux, représente « l’instrument
dans la littérature semblent prouver la constante préoccupation des
phonétique » idéal à la détermination de la DVP.
odontologistes à trouver une technique efficace. Parmi les méthodes
préexistantes, celles basées sur la morphologie comme les méthodes
Conclusion photographiques ou certaines méthodes céphalométriques, ou encore les
critères esthétiques, ne peuvent nous donner qu’une valeur approchée
La hauteur de l’étage inférieur de la face conditionne donc les fonctions de cette DV pouvant nous servir de guide. Les méthodes les plus
principales de la sphère oropharyngienne. Elle réalise pour cela, avec ses récentes utilisant un dispositif électronique sont certes très fiables, mais
déterminants, une relation de rétroactivité dépendant de facteurs trop lourdes de mise en œuvre dans l’omnipratique. Une combinaison
anatomophysiologiques mais pouvant altérer ces derniers en cas de de deux ou trois méthodes de détermination fonctionnelle représente le
perturbations modifiant sa valeur. Cependant, cette valeur n’est pas meilleur compromis afin d’évaluer une DV entrant dans le champ de
constante au cours de la vie. Elle croît tout d’abord irrégulièrement en tolérance du patient. D’avis général, les méthodes utilisant la
fonction de la croissance des maxillaires. Elle se stabilise vers 17 ans à déglutition et la phonation semblent les plus intéressantes, car elles font
la fin de la croissance pour passer dans une phase de pseudostabilité, appel à des fonctions qui restent stables tout au long de la vie.
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