CHILL

Version US
Auteurs US : Rob Wieland, Matthew McFarland, Ryan Schoon, Maggie Carroll, Elizabeth Chaipraditkul
Conception de la gamme Chill : Matthew McFarland
Mise en page : Thomas Deeny
Logo de Chill : Geneviève Dion
Conception graphique et maquette : Thomas Deeny
Logo de Growling Door Games : Lauren Chaikin
Agrément : Martin Caron
Les droits de Chill appartiennent à Martin Caron et Renée Dion.
© 2016 Martin Caron

Toute reproduction, en tout ou en partie, sous quelque forme et par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’au-
torisation écrite préalable du propriétaire sauf en cas de citation brève dans des articles et revues critiques.

Scénarios
Une lumière s’est éteinte de Rob Wieland
Sous un ciel immense de Matthew McFarland
El Cucuy est venu pour Carlito de Ryan Schoon
On ne réveille pas le chien qui dort de Maggie Carroll
Le Temple de l’Écorché d’Elizabeth Chaipraditkul
4453 AT 27 de Tristan Lhomme

Version française
Traduction : Christophe Valla
Relecture et approbation : Martin Caron et Renée Dion
Relecture : Sylvain Dabriou,Valérie Laproye
Éléments graphiques et illustrations intérieures additionnelles : Jérôme Huguenin
Maquette : Florrent

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 Societas Argenti Viae Eternitata


Sommaire
Une Lumière s’est éteinte 4

Sous un ciel immense 12

El Cucuy est venu pour Carlito 22

On ne réveille pas le chien qui dort 31

Le Temple de l’Écorché 42

4453 AT 27 55

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Une Lumière s’est éteinte
Une Lumière s’est éteinte
Une menace, repoussée par la SAVE plusieurs décennies
auparavant, refait surface. Cette créature qui se nourrit sur
les cadavres, les faibles et les jeunes, a déniché aujourd’hui
la tanière idéale : l'hôpital St Virgilius. Les émissaires
pourront-ils vaincre un monstre qu'ils ne peuvent voir ?
Sauront-ils déjouer les manigances de l'administration
hospitalière, prête à tout pour dissimuler les méfaits de la
créature ?
Caractéristiques importantes : un émissaire reconnu
dans le milieu médical (comme Thomas Simpson) aura
moins de mal à fureter au sein de l’hôpital. D’autres sa-
chant comment annuler les pouvoirs du croqueur d’œil
(comme Rory Calhoun) seront également utiles, mais il
est possible qu’ils deviennent la cible du monstre, dès que
ce dernier aura réalisé ce dont ils sont capables.
Suggestions de personnages : Esther Adebayo, Reg-
gie LaRouix Cole, Jennifer Joyce, Jeff Mackintosh, Kayla
Justine Proffitt, Thomas Simpson
Menace principale : Le croqueur d’œil, une créature qui
trompe la vision des vivants et gobe les yeux des morts.
4
Menace secondaire : Laura Gosse, une gestionnaire de
l’hôpital cherchant à couvrir les crimes du croqueur d’œil
afin d’éviter un scandale.
LA SITUATION
L’hôpital St Virgilius est le plus ancien complexe médical
de Milwaukee. Bâti dans les années 1850, il se compo-
sait initialement de trois unités plus petites (Kilborntown,
Juneautown et Walker’s Point), qui furent finalement ab-
sorbées par la ville grandissante. L’hôpital, qui se trouve
près du centre-ville de Milwaukee, fait l’objet d’un récent
projet d’agrandissement. Celui-ci est soutenu et financé
par ses propriétaires, le Glorian Health Group promettant
un futur radieux au « Vieux Virgil ». Encore inachevé, le
nouveau St Virgilius, avec ses tours de verre et sa capacité
d’accueil supérieure, domine déjà de sa hauteur les an-
ciens bâtiments, au demeurant toujours imposants.
Le « Vieux Virgil » cache toutefois un sombre secret.
Déterré par des ouvriers du chantier deux semaines au-
paravant, une menace pour le personnel, les patients et
l’avenir de l’hôpital rôde désormais. Au milieu des années
70, une créature connue sous le nom de croqueur d’œil,
 Societas Argenti Viae Eternitata
se faufila au cœur de St Virgilius, attirée par le mélange
d’émotions négatives des lieux et de victimes poten-
tielles à sa portée. Elle se nourrissait sur les cadavres de la
morgue, transformant les yeux des défunts en un liquide
blanc laiteux qu’elle aspirait jusqu’à la dernière goutte, ne
laissant derrière elle que des orbites parfaitement vides.
Deux employés eurent le malheur de surprendre la
créature pendant son repas. Les cadavres d’un technicien
de surface et d’un agent de sécurité, retrouvés énucléés,
alertèrent la SAVE, qui dépêcha sur place une équipe
afin de régler le problème. Bien que le croqueur d’œil
ne puisse absorber les globes oculaires des vivants, il a
le pouvoir de dissimuler sa présence, ce qui le rend très
difficile à repérer. Les émissaires furent dans l’incapacité
de détruire le monstre et durent se résoudre à l’enfermer
dans un tunnel abandonné, reliant l’hôpital à l’église ins-
tallée de l’autre côté de la rue. De l’équipe initiale, seule
Eleanor Henry demeura à Milwaukee. Elle décida de se
faire embaucher comme infirmière, à la fois dans le but
d’aider son prochain, mais aussi pour garder un œil sur les
sous-sols du bâtiment.
La construction du nouveau St Virgilius a provoqué
la rupture accidentelle du cloisonnement du tunnel, et
le croqueur d’œil a retrouvé son garde-manger dans la
morgue. Laura Gosse, qui vient d’être nommée à la di-
rection de l’hôpital, subit une forte pression de la part
de GHG. Elle doit tenir les délais et respecter le budget
prévu. Elle a écarté les premiers rapports ayant atterri sur
son bureau, qui faisaient mention de corps mutilés, en
évoquant des histoires à dormir debout nées de l’imagi-
nation du personnel fatigué et surchargé de travail. Mais
depuis peu, le croqueur d’œil a commencé à s’en prendre
à des patients sans défense, et il devient plus difficile à
Laura Gosse d’ignorer les avertissements de ses subordon-
nés. Du coup, elle enterre ces nouveaux rapports, inquiète
des conséquences s’ils venaient à être rendus publics. Sa
démarche douteuse ayant compromis la sécurité du per-
sonnel, elle veut éviter toute mauvaise publicité qui ne
manquerait pas de survenir, si les médias se mettaient à
fouiner dans le coin, ainsi que de se faire virer dans la
foulée par ses supérieurs chez GHG. Peu importe qu’elle
croie ou non en l’existence du croqueur d’œil, elle est
involontairement devenue un pion de l’Inconnu.
LA SAVE
Eleanor Henry a pris sa retraite d’infirmière il y a cinq
ans. Elle a depuis déménagé avec son fils Dennis dans
une maison de banlieue à Washington Heights. Peu après
la récession, dans les années 90, elle se mit en préretraite
de la SAVE, mais garda toutefois sa vigilance quant aux
événements étranges et inhabituels survenant en ville.
Quand d’anciens collègues et amis de St Virgilius l’aler-
tèrent sur ce qui s’y passait, elle retourna aussitôt sur le
terrain. Eleanor est morte il y a deux semaines, et son
fils est persuadé que c’est son enquête qui a entraîné son
décès. Le croqueur d’œil ne l’a peut-être pas directement
attaquée, mais Dennis est certain que la nouvelle de son
retour a sérieusement mis son cœur à l’épreuve.
La SAVE
Dennis n’est pas un émissaire de la SAVE, mais il
connait le passé de sa mère et sait qu’elle enquêtait sur le
drame de St Virgilius. Eleanor avait laissé des instructions
précises pour que Dennis contacte la SAVE après sa mort.
Elle voulait être sûre que ses carnets, manuscrits et codés,
soient remis entre les mains d’émissaires qui pourraient
en faire ultérieurement bon usage. Dennis a obéi malgré
ses réticences. Des années d’inquiétude au sujet du passé
de sa mère, ajoutées à la colère suite à son décès, lui font
adopter d’emblée une attitude hostile. Il estime que la
SAVE lui a volé le temps qu’elle aurait dû passer avec
lui, et se montre inamical et peu enclin à répondre aux
émissaires qui l’interrogeraient sur l’enquête que menait
Eleanor avant son décès.
CHRONOLOGIE
11 août 1855 : St Virgilius est ouvert au public de
Milwaukee.
19 mai 1927 : des rénovations dans le réseau d’égouts
permettent à l’hôpital de faire creuser un tunnel
sous Wisconsin Avenue, le reliant à l’église St Paul,
où se déroulent les services funéraires.
19 septembre 1953 : l’église St Paul est délocalisée
dans un nouveau bâtiment, plus à l’ouest sur Wis-
consin Avenue. Le passage est condamné et utilisé
comme stockage d’archives.
8 avril 1960 : l’ancienne église St Paul est détruite
pour être remplacée par un immeuble de logements
sociaux. Celui-ci est ensuite racheté par le Glorian
Health Group puis rasé afin de fournir de la place en
vue d’un agrandissement de l’hôpital.
16 novembre - 30 novembre 1975 : le croqueur
d’œil commence à festoyer sur les cadavres gisant
dans la morgue de St Virgilius.
1er décembre 1975 : Brian Lynn, le technicien de
surface du service de nuit à l’hôpital, découvre un
corps sans yeux, hors de son tiroir de la morgue. Il
se rue sur le téléphone afin d’appeler la police, mais
devient soudain aveugle et meurt sous les assauts du
croqueur d’œil, avant d’avoir pu joindre le 911.
6 décembre 1975 : le croqueur d’œil tue un gar-
dien de nuit, Anthony Staruk, alors que celui-ci pa-
trouille à l’étage de la morgue. Le monstre ne peut
avaler qu’un seul des yeux du vigile avant de s’enfuir
à l’approche d’un groupe d’employés de l’hôpital,
attirés par la détonation du revolver d’Anthony.
8 décembre 1975 : un groupe d’émissaires de la
SAVE, composé d’Eleanor Henry, Margot Rade-
macher, Jack Traber et Mike Holmes, alerté par la
mort d’Anthony Staruk, commence à enquêter sur
St Virgilius.
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Une Lumière s’est éteinte
10 décembre 1975 : lors de leur première rencontre
avec le croqueur d’œil, Jack Traber est tué, Margot
Rademacher est gravement blessée.
13 décembre 1975 : Eleanor et Mike enferment le
croqueur d’œil dans le vieux tunnel sous Wisconsin
Avenue, grâce à un explosif improvisé qui provoque
l’effondrement partiel du plafond.
9 janvier 2017 : les travaux près de St Virgilius dé-
placent des débris, permettant au croqueur d’œil de
s’échapper.
19 janvier 2017 : Eleanor Henry et son fils Dennis se
disputent concernant la décision d’Eleanor de rou-
vrir le dossier du croqueur d’œil.
20 janvier 2017 : Eleanor décède dans son sommeil.
Dennis Henry découvre le corps.
24 janvier 2017 : Dennis contacte la SAVE, et l’in-
forme du décès d’Eleanor et de son enquête.
25 janvier 2017 : les PJ arrivent à Milwaukee.
Début de la mission pour les PJ
26 janvier 2017 : le croqueur d’œil commence à rô-
der de nuit dans l’hôpital afin de satisfaire son ap-
pétit.
28 janvier 2017 : Dennis Henry prend les choses en
main et tente de stopper seul le croqueur d’œil. Il
devient sa prochaine victime, première d’une série
d’au moins douze meurtres avant que la créature ne
se choisisse un nouveau terrain de chasse.
L’AFFAIRE
L’avis de mission propose deux pistes initiales aux émis-
saires. Ils peuvent commencer par interroger Dennis
Henry, le fils d’Eleanor, ou se rendre à l’hôpital afin de
reprendre son enquête sur les histoires qu’elle tentait
d’éclaircir.
La maison des Henry
Dennis Henry vit dans la banlieue de Washington Heights,
près de Milwaukee. Il s’agit d’un quartier essentiellement
afro-américain, avec un mélange d’habitations de classes
moyennes et basses. La résidence des Henry, située dans
une rue un peu à l’écart, est ancienne et a connu des jours
meilleurs.
L’intérieur est en bien meilleur état, en raison du besoin
maniaque de propreté que Dennis a hérité de sa mère. De
nombreuses photos d’elle sont accrochées aux murs, ainsi
que de Dennis, mais peu de clichés les montrent ensemble.
Le salon est propre et ordonné. La table de la salle à manger
est actuellement recouverte de quelques cartons descen-
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CHILL
dus du grenier. Dennis est toujours en train de ranger les
affaires de sa mère, répertoriant méthodiquement ce qu’il
conserve et ce qu’il compte donner aux œuvres de charité.
Dennis est un afro-américain d’âge moyen, vendeur
dans une concession automobile locale. Il laisse entrer
l’équipe, les conduit jusqu’au salon, et s’assoit dans la
vieille chaise de sa mère, le tout dans un silence gênant,
attendant qu’on lui adresse la parole. Dennis ne regarde
pas les émissaires en face. Il voudrait qu’ils lui réclament
les carnets le plus vite possible afin de s’en débarrasser et
qu’ils s’en aillent.
La relation de Dennis avec la SAVE est compliquée. Il
réalise combien le travail qu’elle accomplit est important et
sait que sa mère a sauvé de nombreuses vies à l’époque où
elle était émissaire. Mais il est toujours en deuil, ce qui peut
expliquer son attitude froide et distante envers les visiteurs.
Il serait on ne peut plus satisfait s’ils prenaient les carnets,
lui présentaient sincèrement leurs condoléances puis pre-
naient congé en le laissant seul. Son attitude implique un
malus de -10 au seuil de réussite de tout test d’Entretien.
Dennis apporte dans la pièce un casier de banque
rempli de carnets à spirale et le dépose sur la table basse.
Les journaux manuscrits décrivent les missions d’Eleanor
pour la SAVE, mais ils sont cryptés afin de protéger les
informations qu’ils contiennent. Dennis n’en connaît pas
le code et suppose qu’il s’agit d’une procédure standard
de la SAVE. Feuilleter les carnets à la recherche de ren-
seignements sur le croqueur d’œil requiert vingt-quatre
heures de lecture, assorties d’un test de Recherches, pour
trouver une piste solide. D’autres émissaires peuvent as-
sister le lecteur en effectuant le même test afin de réduire
le temps de moitié ou mettre en œuvre une spécialisation
adéquate (par exemple Informatique pour soumettre le
code à un programme de décryptage).
Entretien : Dennis Henry
• Vital : juste avant de mourir, sa mère Eleanor avait
discrètement repris l’une de ses anciennes enquêtes
pour la SAVE. Celle-ci concernait l’hôpital de St Vir-
gilius et une créature appelée le croqueur d’œil. Ce
monstre est un charognard, mais il ne daigne pas tuer
ses proies. Eleanor avait été alertée par une ancienne
collègue infirmière, Rosalita Clemmons, au sujet de
faits étranges s’étant produits au sein de la morgue.
Sur un fiasco, Dennis s’emporte et reproche à la SAVE
le décès de sa mère, pensant que la créature a utili-
sé ses pouvoirs contre elle. Il va tenter de stopper le
croqueur d’œil lui-même, mais sera terrassé au cours
d’un moment crucial de la mission.
• Intéressant : Eleanor était le dernier membre encore
vivant de l’équipe envoyée à l’origine contre le cro-
queur d’œil. Celui-ci a tué Jack Traber durant la
mission et sérieusement blessé Margot Rademacher
ce qui a entraîné sa démission de la SAVE. Mike
Holmes est décédé d’un cancer du poumon 10 ans
plus tôt. Eleanor s’est faite embaucher à l’hôpital afin
de surveiller les lieux car elle était persuadée que son
équipe, si elle avait écarté la menace, n’avait cepen-
dant pas réussi à abattre le monstre.
 Societas Argenti Viae Eternitata
• Ésotérique : Dennis a passé ces derniers jours à es-
sayer de déchiffrer le code utilisé dans les carnets de
sa mère, à la recherche d’informations supplémen-
taires sur le croqueur d’œil. Il envisage de se lancer
à sa poursuite, mais sa rencontre avec les émissaires
le calme quelque peu. L’aide qu’il leur fournit à
travers les journaux intimes de sa mère accroit sé-
rieusement leurs chances de succès, s’ils prennent
le temps d’y recueillir les informations pertinentes
qu’ils contiennent au sujet du croqueur d’œil.
Recherches : les carnets d’Eleanor Henry
• Fausse piste : les émissaires découvrent une autre af-
faire reliée directement à St Virgilius. Elle mentionne
un certain Dr. James Morton, un vampire s’étant fait
passer pour un médecin en 1985, afin d’avoir accès
à des proies faciles. L’affaire a apparemment été ré-
solue à l’aide d’un pieu de bois planté dans le cœur
de Morton. Toutefois, les notes d’Eleanor révèlent
ses doutes quant à cette technique qui ne pourrait
relever que de la pure superstition.
• Vital : le croqueur d’œil hantait les couloirs de St
Virgilius en 1975. Il se nourrit des yeux des cadavres
et peut vous faire sentir comme si « vous avez la tête
plongée dans un seau plein d’eau croupie ». Ce pas-
sage mentionne les autres émissaires de l’équipe, et la
méthode qu’ils ont employée afin d’attirer et piéger
la créature dans le tunnel. Un émissaire ayant suivi
un entraînement militaire, Mike Holmes, déclencha
un petit engin explosif qui fit s’écrouler le conduit
sur le monstre.
• Intéressant : un rapport d’autopsie volé aux archives
de l’hôpital décrit les blessures subies par l’émis-
saire Jack Traber. Son dos avait été brisé, rappelant
des cas survenus lors de graves accidents de voiture
ou industriels. Sa colonne vertébrale était « rompue
comme une brindille. »
• Ésotérique : un passage plus tardif au sujet de la mort
de Margot Rademacher mentionne que la créature
est désorientée par les bruits. Au cours de leur af-
frontement, Margot ne parvint à s’échapper qu’après
avoir déclenché l’alarme incendie. Le croqueur d’œil
se mit alors à tourner en rond avant de choisir la
fuite plutôt que d’achever sa proie.
L’hôpital St Virgilius
L’hôpital se trouve au beau milieu de différents chantiers.
Le Glorian Health Group a racheté les blocs environ-
nants afin d’y ériger de nouvelles tours. Ces acquisitions
incluent la vieille église de l’autre côté de la rue. Les tra-
vaux de fondations du nouvel immeuble qui s’y dresse
ont libéré le croqueur d’œil.
L’atmosphère au sein du vieil hôpital décline, mais
tient bon. Le dernier grand remaniement date des années
1950, lors du centenaire du complexe médical. L’état des
L’affaire
niveaux inférieurs laisse à désirer et les zones non acces-
sibles au public, comme la morgue, ont encore un agen-
cement datant des périodes les plus reculées de l’histoire
de l’hôpital. Dans les étages les plus bas, l’influence de
l’Inconnu a plongé les chambres des patients, autrefois
chaudes et rassurantes, dans une atmosphère glauque et
oppressante.
À l’opposé, le site de construction semble froid et vio-
lemment éclairé par des rangées de projecteurs de chan-
tier. Les spots illuminent les travaux, mais créent égale-
ment des zones d’ombres gênantes pour des émissaires
lancés sur la piste d’un monstre. Ils pourront trouver ici
une multitude d’armes improvisées, comme des scies sau-
teuses ou des pistolets à clous. La plupart de ces outils
peuvent aussi provoquer des bruits intenses propres à dis-
traire le croqueur d’œil et l’attirer dans un piège.
Recherches : l’hôpital St Virgilius
• Vital : l’hôpital St Virgilius a été construit en 1850
et est en service dans le centre de Milwaukee depuis
la fondation de la ville. Le quartier connaît des mo-
ments difficiles depuis les dernières décennies, mais
on espère que les travaux lancés par les nouveaux
propriétaires, le Glorian Health Group, vont relancer
l’emploi et la croissance économique. Ils ont rache-
té toute la zone autour de St Virgilius en vue de
l’agrandir et le moderniser, pour se mettre au niveau
des hôpitaux concurrents.
• Intéressant : les bâtiments ont subi leur dernier grand
remaniement dans les années 1950. Développé dans
le cadre du centenaire de l’hôpital, ce fut également
l’occasion de le débarrasser de toute l’iconographie
qui le liait encore à l’église St Paul.
• Ésotérique : un site Internet consacré à la spéléologie
urbaine contient des articles au sujet des sites aban-
donnés de Milwaukee. Le tunnel reliant l’hôpital et
l’église y est évoqué, comme le fait qu’il ait servi à
déplacer des corps entre les deux lieux, mais aucun
membre du site ne peut confirmer s’il existe encore.
Le vieil hôpital reste ouvert durant les travaux. Il y a là
deux personnes que les émissaires sont susceptibles de
rencontrer. Rosalita Clemmons a relevé les stigmates
d’une attaque du croqueur d’œil sur l’une de ses pa-
tientes. Elle a fait un rapport à Laura Gosse, qui a choisi
de l’enterrer afin de se couvrir, elle et le Glorian Health
Group. On peut rencontrer Rosalita en faisant le tour de
l’hôpital. De son côté, Laura se montre et propose une
visite guidée aux émissaires s’ils se présentent comme des
journalistes, des membres d’une agence gouvernementale
ou tout autre couverture crédible occultant leurs vraies
intentions et leur rôle d’investigateurs du surnaturel.
Laura surveille toute personne ayant une discussion
avec Rosalita, et cherchera à contrecarrer les actions des
émissaires. Elle alertera certainement la police, vérifiera
leurs couvertures, et leur mettra des bâtons dans les roues
chaque fois que cela s’avèrera possible. Laura s’assure
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Une Lumière s’est éteinte CHILL
d’être présente si les émissaires mènent leur enquête sous
le couvert de membres de la presse ou d’une organisation
gouvernementale.
Rosalita travaille comme infirmière de garde au ser-
vice de cardiologie. Dès que les émissaires font mention
d’Eleanor ou de la SAVE, elle entraîne les personnages
dans une pièce vide et leur raconte ce qu’elle sait. Elle
travaillait avec Eleanor et avait compris que son ancienne
collègue s’intéressait aux «  trucs bizarres  ». C’est pour-
quoi elle a décidé de la contacter après avoir constaté
d’étranges blessures sur l’une de ses patientes.
Entretien avec Rosalita Clemmons
• Vital : c’est lors d’un changement d’équipe que Ro-
salita a découvert le décès d’une de ses patientes,
Kelly Buckman. Mais quelque chose la dérangeait
dans la procédure qui a suivi. Les corps transitent
habituellement par la morgue entre 24 et 48 heures,
mais Mme Buckman n’y est restée que 12 heures.
En questionnant l’un des techniciens qui y travaille,
celui-ci lui révéla que le cadavre avait «  l’air hor-
rible  ». Pourtant, Madame Buckman est morte de
causes naturelles et aucun traumatisme n’avait été
relevé sur son corps.
• Intéressant : Rosalita a fouiné un peu de son côté et
à découvert que Mme Buckman n’est pas la seule
patiente décédée à avoir fait l’objet d’une gestion
particulière. Trois autres ont eu droit à un passage
express à la morgue avant elle, et deux de plus de-
puis. Sur place, le technicien auquel elle s’est adres-
sée lui a confié que les corps avaient tous été mutilés,
les yeux ôtés de leurs orbites.
• Ésotérique : l’un des administrateurs, Laura Gosse, lui
fit part de ses regrets suite au décès de Mme Buc-
kman alors qu’elles partageaient un trajet en as-
censeur. Rosalita trouva ce comportement étrange,
sachant que les deux femmes n’étaient pas spéciale-
ment proches, pas plus qu’elle ne lui connaissait de
relation avec Mme Buckman.
Il faut faire preuve de finesse pour accéder au chantier
comme aux travaux menés à l’intérieur des bâtiments en
construction. Pour chacun des sites, un test de Dépla-
cement (Discrétion) est requis pour s’y faufiler sans être
remarqué, ni questionné par l’un des ouvriers. Un test
de Communication (Supercherie) permet aux émissaires
de les convaincre de les laisser passer. Rosalita peut aider
les émissaires à accéder aux différentes zones de l’hôpital.
Quant à Laura, elle pourrait leur faire visiter le site du
chantier.
Entretien avec Laura Gosse
Si les émissaires tentent d’interroger Laura, elle répond
de manière évasive au sujet de l’affaire. Elle ne sait rien
de l’Inconnu ou du surnaturel, et cherche seulement à
protéger ses propres intérêts en étouffant la vérité. Elle
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suppose que les yeux volés résultent de l’action d’un an-
cien employé mécontent, ou d’un opposant politique qui
vise à provoquer un scandale pour ternir la réputation
du Glorian Health Group dans la presse. Mise face à des
preuves de l’existence du surnaturel, par exemple une at-
taque du croqueur d’œil ou une manifestation de l’Art,
elle reste en état de stupeur jusqu’à ce que la menace soit
écartée, et accepte alors docilement de ne rien révéler.
• Vital : les rénovations de St Virgilius représentent
un budget se comptant en millions de dollars. Le
moindre événement étrange pourrait entrainer le
gel du projet, au détriment de l’image publique du
Glorian Health Group, sans compter les énormes
pertes financières.
• Intéressant : tous les hôpitaux perpétuent leur propre
histoire de fantôme hantant les lieux. Les rumeurs
préférées de Laura concernent un culte satanique
dont les membres se seraient livrés à un suicide col-
lectif dans les murs pendant Noël 1975. Les émis-
saires reconnaitront sans doute là une version décalée
du rapport d’Eleanor sur sa première confrontation
avec le croqueur d’œil.
• Ésotérique : Laura perd pied et mentionne le nom de
Mme Buckman. Elle craque et confesse avoir caché
l’existence des cadavres mutilés. Finalement, elle ac-
cepte d’aider les émissaires à arrêter la créature.
Le croqueur d’œil a faim
Le croqueur d’œil frappe à nouveau pendant que les
émissaires se trouvent au sein de l’hôpital. Le moment et
le lieu de cette apparition sont laissés à l’appréciation du
meneur de jeu.Voici quelques suggestions :
• Alors que les émissaires se dirigent vers la morgue, le
responsable sur place devient la prochaine victime.
• S’ils s’engagent dans les souterrains vers l’ancien
tunnel, un ouvrier endosse ce rôle de victime.
• Dennis, Rosalita ou encore Laura peuvent égale-
ment devenir des proies, donnant peut-être alors aux
émissaires une raison plus personnelle de traquer le
monstre.
La découverte d’un corps fraîchement tué confirme
non seulement que la menace est bien réelle, mais consti-
tue également pour le meneur de jeu un moment idéal
pour ajouter un jeton sur la table, afin que les joueurs
réalisent que l’Inconnu est sur ses gardes. L’examen du
cadavre offre aussi quelques indices intéressants.
• Vital : la victime est morte d’un traumatisme crânien
suite à un coup puissant porté à la tête. Les yeux ont
été prélevés, mais il n’y a aucune trace de griffure ou
de coupure autour des orbites.
 Societas Argenti Viae Eternitata
• Intéressant : la victime a été assommée par derrière,
puis on a violemment frappé sa tête contre le sol. Le
corps a ensuite été retourné sur le dos. Les orbites
présentent des traces d’un fluide blanchâtre, laiteux
(si les PJ savent comment l’analyser, ils apprennent
que la composition de ce liquide est proche de celle
l’humeur vitreuse, toutefois il contient également
des enzymes digestives).
• Ésotérique : si l’on en juge à la position du corps,
la victime semble avoir cherché à atteindre l’alarme
incendie quand elle a été attaquée. Le commutateur
d’alarme a été endommagé.
LA CONFRONTATION
Le croqueur d’œil est un charognard qui se nourrit des
yeux des cadavres. Il est bien conscient qu’il ne peut ri-
valiser dans un combat direct contre des émissaires bien
armés et bien informés. Il demeure donc dans l’ombre
aussi longtemps que possible, préférant s’attaquer à des
cibles isolées, ou des duos à la rigueur, grâce à ses disci-
plines de Voie maudite, les mettant à mort pour se repaître
de leurs yeux.
La créature a la forme d’une bête hideuse qui, à l’œil
nu, ressemble à un mille-pattes d’environ 60 à 90 cm
de long, avec de minuscules bras humains en guise de
membres et une tête étrange, évoquant celle d’une pou-
pée. Ses yeux sont des globes blancs immaculés et il peut
se déplacer à sa guise au sol, comme sur les murs ou au
plafond. Apercevoir la véritable forme du croqueur d’œil
implique un test de Terreur (Traumatisme grave).
Un signe distinctif indique que le croqueur d’œil
use de ses pouvoirs afin d’aveugler les gens. Des larmes
blanches et laiteuses suintent des yeux humains qui ne
peuvent alors pas discerner la créature. Constater cet effet
implique d’effectuer un test de Révulsion (Traumatisme
mineur).
Les émissaires peuvent tomber sur la créature alors
qu’elle est en train de se nourrir sur une victime isolée.
Ils ont peut-être préparé un piège et se sont séparés pour
que l’un d’eux serve d’appât. Ils peuvent également la
croiser par hasard tandis qu’ils explorent l’hôpital. S’ils se
divisent par paires ou en petits groupes au cours de leurs
investigations, ils s’offriront une occasion en or de voir
apparaître le croqueur d’œil.
La créature peut aussi passer à l’attaque pendant qu’ils
explorent le tunnel. L’entrée est accessible uniquement
depuis le chantier, mais des vibrations ont suffisamment
dégagé le passage pour lui permettre de se faufiler jusqu’à
l’hôpital. Il est facile de se glisser dans le tunnel côté tra-
vaux, une fois que les émissaires auront trouvé un moyen
de s’approcher de l’ouverture. Le passage est rempli de
vieux classeurs muraux rouillés, d’équipement médical
obsolète et de traces du régime alimentaire du croqueur
d’œil durant sa période de captivité : squelettes de rats et
cadavres de ces mêmes rongeurs énucléés.
Enfin, il est possible que la créature contre-attaque
si elle est acculée dans son repaire. Le croqueur d’œil se
terre dans le chantier, dans la zone de l’ancienne église. En
La confrontation
général, il se nourrit à l’endroit même où sa victime est
tombée, mais les émissaires pourraient remonter la piste
jusqu’à sa tanière grâce aux résidus immondes qu’elle
sème derrière elle. Le monstre se cache dans un recoin
sombre près du sommet de la construction. Il vaut mieux
ne pas être sujet au vertige, et capable d’escalader un peu,
afin d’y accéder. Le croqueur d’œil grimpe le long des
poutres et saute sans aucun souci depuis de grandes hau-
teurs ; cela s’avèrera plus compliqué pour des émissaires
humains.
Si les émissaires découvrent le point faible de la créa-
ture, ils pourront certainement imaginer des pièges ou
des moyens de la blesser. Avec la compétence Terrain, il est
possible de fabriquer des cornes de brumes déclenchées à
volonté, ou s’équiper de haut-parleurs diffusant une mu-
sique forte. Ces appareils ne vont pas forcément blesser le
monstre, mais le feront tout de même fuir à la recherche
d’un endroit plus sûr et plus calme.
S’il est acculé, il tentera de détruire l’appareil d’un
puisant revers de sa queue, ou en envoyant un membre
animé couper la source du son.
LE CROQUEUR D’ŒIL
SVM : 95 REF : 80 VIG : 70
(Puissante)
Blessures : Superficielle, Mineure -10, Grave -20, Majeure -30,
Critique -50, Mortelle
Disciplines : Corps morcelable (mains et jambes de poupée),
Ignorance, Privation sensorielle
Aspects : Attaque mortelle (grave, coup de fouet), Faiblesse par-
ticulière, Insensible, Parasitisme (unique), Rapidité surnaturelle
Attaque mortelle : la créature peut utiliser son corps pour
frapper de revers une cible, provoquant une blessure grave s’il la
touche.
Corps morcelable : le croqueur d’œil voit moins qu’il ne perçoit
la présence d’êtres vivants par les vibrations ressenties dans son
corps. Il peut détacher l’un de ses nombreux membres et l’en-
voyer au loin, observer ses proies afin de savoir ce qu’elles font
et si elles sont seules. Un membre séparé possède une Vigueur
de 10.
Faiblesse particulière (son) : Les machines qui émettent
beaucoup de bruit perturbent les sens du croqueur d’œil. Les
sons courts et intenses (comme une corne de brume ou un coup
de feu) appliquent un malus de -10 aux actions du monstre
durant le même round. Il cherche immédiatement à attaquer ou
détruire la source de la nuisance. Bloquée dans une pièce avec
une machine bruyante (telle qu’un marteau piqueur), le score de
REF de la créature est réduit de moitié et il ne peut plus réaliser
de tests de Résistance. À ce niveau sonore, il cherche également
à fuir vers son repaire dans le tunnel ou vers le chantier, selon ce
qui lui est le plus simple à atteindre.
Parasitisme unique (yeux) : pour regagner de la Vigueur, la
créature doit absorber les yeux de personnes décédées. Les
globes oculaires d’un être humain lui apportent 20 points de
Vigueur chacun.
9
Une Lumière s’est éteinte CHILL
LA SUITE DES ÉVÉNEMENTS
Voici quelques pistes pour enchaîner sur une campagne
de Chill à partir de cette histoire.
Les carnets d’Eleanor
Le décryptage du reste des journaux ouvre des pers-
pectives aux émissaires, quelle que soit la version de la
SAVE que vous mettez en scène. Dans une partie où les
personnages appartiennent à une vaste organisation de la
SAVE, ils les trouveront utiles pour reconstituer leur base
de données sur l’Inconnu. Dans l’option de cellules au-
tonomes, celle des émissaires pourra être consultée par
d’autres groupes, lorsque ces derniers se retrouvent dans
une impasse face à un monstre particulier. Même dans
le cas d’une cellule isolée, une lecture poussée leur fera
bénéficier des informations découvertes au sujet de nou-
veaux monstres et des indices qu’Eleanor aura laissés der-
rière elle au cours de sa longue carrière.
Dennis Henry
Il est peu probable que Dennis rejoigne la SAVE, mais il
peut réapparaître dans de futures aventures. Si les émis-
saires n’ont pas pris la peine de le rassurer et d’apaiser ses
griefs, ils perdent alors un excellent contact potentiel dans
leur lutte quotidienne contre l’Inconnu.
Laura Gosse
Le désir de Laura de cacher les activités du croqueur d’œil
au public peut jouer en la faveur des émissaires, mais c’est
la manière dont ils l’auront gérée durant leur enquête qui
déterminera comment elle va réagir. Elle peut les dési-
gner comme boucs-émissaires pour d’éventuels dégâts, ou
bien elle pourra encore faire appel à eux dans l’avenir, au
cas où l’Inconnu continuerait d’accabler son hôpital.
Le Glorian Health Group
Un meneur de jeu en quête du classique complot cor-
poratiste, trouvera facilement son bonheur avec le GHG.
Dans ce cas, le retour du croqueur d’œil n’a rien d’acci-
dentel. Il s’agit du premier signe que l’Inconnu poursuit
un plan plus vaste et opère avec l’aide d’agents corrompus
au sein de cette organisation. Une série d’aventures liées
aux épouvantables expérimentations du GHG offrira aux
joueurs un objectif attrayant et sortant du cadre de jeu
habituel du type « le monstre du jour ».
10
JOUER UNE LUMIÈRE S’EST ÉTEINTE
Au départ, les émissaires auront face à eux deux pistes
évidentes : prendre contact avec Dennis afin de récupérer
les carnets de sa mère, ou se rendre directement à l’hôpi-
tal. Il est possible que le groupe décide de se séparer pour
suivre chacune d’elles en même temps. Cette approche
peut même être souhaitable puisqu’elle amènera le cro-
queur d’œil à se montrer plus rapidement.
Les rencontres avec Dennis et Laura nécessitent du
tact car ils risquent d’afficher une certaine hostilité au
cours de l’entretien. Dennis est plus ouvert à la discus-
sion, mais manquer de considération à son égard prive
les PJ d’un futur allié (ou de l’intervention inopinée d’un
amateur nerveux au cours d’une traque mortelle). Lau-
ra laisse filer les informations qu’elle détient malgré elle,
mais elle peut également se révéler une épine dans le pied
d’émissaires qui agiraient sans discernement. Ces deux
personnages peuvent intervenir à la fois comme obstacles
ou comme guides pour remettre les joueurs sur la trace
du croqueur d’œil.
Le croqueur d’œil représente un adversaire extrême-
ment dangereux dans un combat à un contre un, mais
plus il doit affronter d’ennemis à la fois, moins il devient
menaçant. Cette affaire devrait avoir une ambiance telle
que le film Alien, où une créature prend son temps pour
jauger les émissaires avant de passer à l’attaque dès qu’elle
entrevoit un avantage en sa faveur. Dans les scènes où le
croqueur d’œil reste dans l’ombre, n’hésitez pas à utiliser
l’effet « film d’horreur » du jeton Ténèbres afin d’égali-
ser les chances. Si Laura, Rosalita ou Dennis se trouvent
avec les émissaires, utilisez un jeton afin de compliquer
la vie ou d’augmenter le degré de menace pour les ef-
frayer (comme introduire des portes verrouillées pen-
dant une fuite). Le site du chantier offre de nombreuses
opportunités de diversion ou d’accidents, comme des
lampes qui s’éteignent dans le tunnel ou un échafaudage
qui s’écroule. Mettez en scène ces effets pour séparer les
émissaires et réduire leur avantage numérique jusqu’à ce
que l’un d’eux se retrouve seul dans le noir, le moment
rêvé pour que le croqueur d’œil se lance à l’attaque.
 Societas Argenti Viae Eternitata

Jouer Une Lumière s’est éteinte

AVIS DE MISSION

SAVE Milwaukee (24 janvier 2017, 08:30)

à : <liste des destinataires masquée>

Chers émissaires,
Nous sommes au regret de vous annoncer le décès d’Eleanor Henry à l’âge de 67 ans. Peu d’entre nous
ont eu la chance d’atteindre un âge aussi avancé, ce qui rend sa carrière encore plus remarquable. Nous
devrions tous nous sentir fiers d’avoir combattu aussi longtemps et aussi vaillamment qu’elle le fit, heureuse
de pouvoir sauver des vies en tant qu’émissaire mais aussi comme infirmière au sein de l’hôpital St Virgilius
à Milwaukee, dans le Wisconsin.
Eleanor a écrit une série de journaux relatant son travail pour la SAVE. Ces carnets pourraient s’avérer
vitaux dans nos efforts pour mieux comprendre l’Inconnu et augmenter notre connaissance des créatures
que nous combattons. Dennis Henry, le fils d’Eleanor, nous a contacté pour nous prévenir de son trépas et
souhaite s’assurer que la SAVE en fera bon usage pour continuer d’être un phare dans la nuit.
Nous ne vous mobilisons pas uniquement afin que vous récupériez un carton plein de livres. Dennis a
mentionné dans son message que sa mère avait repris une enquête sur de vieilles affaires, probablement
en relation avec l’hôpital où elle travaillait. Prenez contact avec Dennis, ou l’administration de St Virgilius,
afin de classer tout dossier en cours avant de rentrer avec les carnets.
En cas de questions ou de requête, merci de contacter le QG de Milwaukee.

11
Sous un ciel immense
Sous un ciel immense
Au cœur des grandes prairies, certaines familles enterrent
leurs secrets bien profondément. Lorsque les hurlements
des loups se mettront à résonner partout alentour, les
émissaires auront-ils le courage d’aller jusqu’au bout ?
Caractéristiques importantes : ce scénario met en
scène un certain nombre de combats, mais gardez à l’es-
prit qu’il est primordial d’avoir à disposition des disci-
plines de Protection (soit Ligne de défense, soit Sphère
de protection). Les infectieux n’ont besoin que d’une
attaque réussie pour mettre à mort un émissaire. Un per-
sonnage avec la spécialisation Pistage est également utile.
J’ai fait jouer cette aventure avec Basil « BB » Bottom-
ley,Thomas Simpson, Miranda Chase, Geneviève Ashford,
Rory Calhoun et Miakoda Lawrence.
Menace majeure : Jackson Palmer, un lycanthrope in-
fectieux. Et potentiellement de nombreux autres si les
choses tournent vraiment mal.
12
LA SITUATION
Le ranch Palmer, situé à la périphérie de Winifred dans
le Montana, appartient à la famille Palmer depuis des gé-
nérations. Ceux-ci sont réputés pour leur isolationnisme
et leur bizarrerie, et les moins courtois des habitants de la
région prétendent même qu’ils sont tous consanguins. En
vérité, lorsque Jackson Palmer rentra de France à Winifred
en 1944, il ramenait avec lui un terrible secret — il était
atteint de lycanthropie.
Jackson et son unité étaient partis combattre les Alle-
mands en Normandie, lorsqu’ils tombèrent sur une force
ennemie. Les deux camps jouaient ardûment au chat et
à la souris au milieu d’une forêt, quand une meute de
lycanthropes infectieux fit irruption. Les monstres tuèrent
la majorité des soldats, et infectèrent les rares survivants.
Jackson avait une volonté plus forte que la majorité de
ses compagnons. Aussi parvint-il à résister à l’Appel de la
bête malgré avoir été mordu, puis il tua les créatures ou
les mit en fuite. Gravement blessé (mais en bonne voie
de récupération), il fut renvoyé chez lui. Tout se passa
 Societas Argenti Viae Eternitata
bien durant environ deux ans, jusqu’à ce qu’il entende
les hurlements de loups dans la prairie. C’est alors qu’il
se transforma.
Il mordit son jeune frère, Clyde, qui se transforma
aussitôt à son tour et se jeta sur leur bétail. Jackson réussit
à éviter que son cadet ne morde quiconque, mais réalisa
qu’il fallait l’empêcher de nuire. Il abattit Clyde au milieu
de la prairie, dit à leurs parents que celui-ci avait fait une
mauvaise chute, et enterra le corps dans le caveau funé-
raire familial. Il s’employa ensuite à tuer ou à faire fuir
tous les loups qui s’approcheraient trop près du ranch.
Jackson a réussi à conserver (presque) toute sa tête.
Il n’a jamais tué que deux autres personnes en plus de
son frère. L’un d’eux était un voyageur nommé Miguel
Aguillo, dont la voiture était tombée en panne près de la
clôture des Palmer. Jackson enterra son cadavre sous un
arbre, à l’extrémité sud de sa propriété. L’autre fut le petit
ami de sa petite-nièce, Belle, un garçon du nom d’Edgar
Grace, qui s’était faufilé dans le ranch pour rendre visite
à la jeune fille. Jackson, qui vagabondait sur la propriété
sous sa forme de loup, le découvrit et l’égorgea. Il donna
le corps d’Edgar aux cochons, mais ses vêtements lacérés
et ensanglantés furent brûlés. Belle fut témoin de la mort
de son petit ami et resta cachée. Elle n’a pas vu Jackson se
transformer, mais elle l’a vu ramasser le cadavre. Il parvint
à la convaincre que la riche famille d’Edgar les attaquerait
en justice et qu’ils perdraient le ranch si la vérité venait
à être connue. Aussi, Belle choisit de se taire. Elle partage
avec Jackson sa haine et sa peur des loups car, pour ce
qu’elle en sait, c’est l’un de ces prédateurs qui a tué son
amour de jeunesse.
Actuellement, les personnes suivantes vivent au ranch
Palmer :
• Jackson Palmer (91 ans, jamais marié, aucun enfant,
lycanthrope infectieux),
• Belle Ashton (45 ans, jamais mariée, aucun enfant),
• Mila Palmer (née Rodriguez, 48 ans),
• Ryder Palmer (68 ans),
• José Rodriguez-Palmer (26 ans),
• Christopher Rodriguez-Palmer (24 ans),
• Jennifer Westin (40 ans).
LA SAVE
Récemment, un groupe de défense de l’environnement
qui suivait les déplacements des loups à travers le Monta-
na, repéra des traces de déjections près du ranch Palmer. Ils
demandèrent à Jackson (aujourd’hui le patriarche du clan
Palmer) la permission de poursuivre leurs recherches sur
sa propriété, mais bien évidemment il refusa, prétextant
qu’il tuait les loups à vue. Il y eut même une bagarre entre
Randy Jenner (un membre du groupe d’écologistes) et
lui, dans un bar de Winifred. Au cours de la bagarre, Jack-
son faillit perdre son contrôle et projeta Randy par-dessus
une table (un acte plutôt impressionnant pour un homme
de 91 ans !). Randy, originaire de Chicago et vaguement
conscient de l’existence de l’Inconnu, prit contact avec
Thomas Simpson et lui raconta ce qu’il venait de voir.
Simpson décida alors de réunir une équipe.
La SAVE
Les émissaires arrivent à Winifred après plusieurs
vols à courte distance (à moins que l’un d’eux ne pré-
fère conduire). Trouver du matériel de chasse n’a rien de
compliqué dans le coin, mais impossible de dénicher des
appareils de plus haute technologie (il y a un Wal-Mart à
environ trois heures de route vers le nord, dans la ville de
Christina). Les accès au Wi-Fi sont rares en ville ; le gîte
en dispose, ainsi que la bibliothèque, mais la plupart des
autres lieux publics ou commerciaux n’en ont cure.
Winifred a une population d’environ 250 résidents
permanents. La majorité d’entre eux vit sur place mais
travaille dans d’autres communes environnantes. Quant
au reste, il s’agit surtout de retraités. La ville s’est consi-
dérablement réduite au fil des dernières décennies, la jeu-
nesse locale quittant peu à peu l’endroit.
La famille Palmer
L’arbre généalogique de la famille Palmer (fourni à la fin
de ce scénario) indique les noms des membres, leurs dates
de naissance et de décès. Afin de resituer ces gens dans le
contexte, ils vous sont présentés ici. Notez que la majo-
rité de ces informations sont aisément accessibles grâce
à un test de Recherches. Elles ne sont pas répertoriées
comme des indices vitaux car la plupart n’ont pas d’in-
cidence directe sur l’affaire en cours. Les renseignements
essentiels pour les émissaires sont listés ci-après, dans le
chapitre « L’affaire », mais en faisant jouer cette aventure,
je me suis rendu compte que certains groupes fouillaient
longuement dans l’historique de la famille Palmer. Aussi
est-il pratique de pouvoir répondre à leurs questions.
Depuis le sommet de l’arbre :
Grace et Washington Palmer : tous deux viennent de
l’Est et ont voyagé jusqu’au Montana. Le nom de jeune
fille de Grace Palmer était Milliner. Les deux sont morts
de causes naturelles, mais la plupart des documents offi-
ciels les concernant ont été perdus. Ils sont enterrés en-
semble dans le caveau familial sur les terres du ranch.
Emma Larkin (née Palmer) : fille aînée de Grace et
Washington, elle épousa un homme originaire de Butte
(Steven Larkin). Larkin était alcoolique et mourut d’une
déficience hépatique en 1970. Au cours de sa vie, il se mit
à dos ses deux enfants (voir ci-dessous). Emma lui survé-
cut et mourut presque 25 ans plus tard dans un hospice en
1995, de causes naturelles. Ils sont tous les deux inhumés
dans le caveau familial sur les terres du ranch.
Jackson Palmer : présenté au cours de l’affaire.
Eldon Palmer : troisième enfant de Grace et Washing-
ton. Marié à Mary Michaels, père de deux enfants (Mi-
chael et Amy). Eldon et Mary sont décédés il y a quelques
années de causes naturelles (respectivement 2009 et 2007)
et sont enterrés dans le caveau familial.
Clyde Palmer : il n’avait pas tout à fait 16 ans quand Jack-
son Palmer rentra de la guerre et le tua par accident, sous sa
forme de loup-garou. Enterré dans le caveau familial.
13
Sous un ciel immense
Jean Palmer : plus jeune enfant de Grace et Washington.
Morte à l’âge de 2 ans de la scarlatine.
Mary Ashton (née Larkin) : fille aînée de Emma et Steven
Larkin. Mariée à Timothy Ashton, un éleveur local. Timothy
est mort à la suite d’une chute de cheval (à 46 ans). Mary et sa
fille Belle vinrent vivre avec Jackson et la famille Palmer après
ce décès. Mary est morte des suites d’un cancer en 2014.
Belle Ashton : fille de Mary et Timothy Ashton et pe-
tite-nièce de Jackson. Durant son enfance et son adolescence,
elle passait fréquemment la nuit au ranch Palmer.Traumatisée
après avoir assisté à la mort de son petit ami, jamais mariée. Elle
gère aujourd’hui les affaires de l’entreprise familiale.
Ryder Palmer (né Larkin) : dernier-né d’Emma et
Steven Larkin, Ryder est parti vivre en Arizona dès ses
18 ans. Il y resta des années, épousa une femme bien plus
jeune que lui, Mila Rodriguez, et modifia son nom en
Rodriguez-Palmer par rancune envers son détestable père.
Il reste néanmoins connu en ville sous le nom de « Ryder
Palmer ». À la mort de sa mère, il rentra à Winifred avec sa
famille, afin de participer à la vie du ranch Palmer.
Jose Rodriguez-Palmer et Christopher Rodri-
guez-Palmer : fils de Ryder Palmer et Mila Rodri-
guez-Palmer. Tous deux travaillent sur la propriété.
Michael Palmer : fils aîné de Mary et Eldon Palmer. Ja-
mais marié, décédé au Vietnam à l’âge de 19 ans. Enterré
dans le caveau familial.
14
CHILL
Amy Westin (née Palmer) : fille cadette de Mary et
Eldon Palmer. Mariée à Bradley Westin, un médecin qui
occupait un poste dans l’hôpital proche de Winifred.Tous
deux sont morts en 2010 dans un accident de voiture.
Enterrés dans le caveau familial.
Jennifer Westin : fille aînée d’Amy et Bradley Westin ;
elle vit dans le Ranch Palmer.
Lily Tavis (née Westin) : fille cadette d’Amy et Bradley
Westin. Mariée à John Tavis ; ils vivent à Billings.
N’hésitez pas à ajouter des détails de votre cru si né-
cessaire. Si les PJ souhaitent discuter avec des membres
plus éloignés de la famille Palmer, faites appel à votre ju-
gement et aux résultats d’un test d’Entretien. Tous savent
que Jackson Palmer est à la tête de la famille et ils le
tiennent en haute estime. La plupart savent également
que Steven Larkin était un ivrogne violent, et que la vie
d’Emma Larkin ne pouvait que s’améliorer après la mort
de son mari. Il est notoire que Jackson a adopté Ryder,
bien que de manière non officielle, après le décès de son
père. Souvenez-vous toutefois que tout cela relève des
affaires privées, et que les membres de la famille n’auront
aucune envie de déballer leur linge sale sur la place pu-
blique. Pour les faire parler, les PJ devraient s’être trouvé
une très bonne couverture (et probablement réussir un
test de Communication avec au moins un modificateur
de -20 pour décoincer tout ça).
 Societas Argenti Viae Eternitata
CHRONOLOGIE
Hiver 1944 : en France, l’escouade de Jackson Pal-
mer, pendant un combat contre les Allemands,
tombe face une meute de lycanthropes infectieux.
Jackson est blessé, mais il survit sans se transformer.
Printemps 1944 : Jackson Palmer rentre chez lui, à
Winifred, Montana.
10 juillet 1946 : Jackson se promène de nuit avec son
frère sur la propriété, lorsqu’ils entendent les hurle-
ments des loups. Jackson se transforme et mord son
frère cadet Clyde, qui se transforme aussitôt à son
tour et massacre une partie de leur bétail. Jackson
retrouve ses sens et abat son frère. Il raconte au reste
de la famille que Clyde a fait une chute mortelle
dans les rochers et s’est rompu le cou. Il ne leur per-
mettra jamais de voir le corps. Le lendemain matin,
Clyde est inhumé dans le caveau familial. Les auto-
rités locales ne remettront jamais en question cette
version des faits.
10 octobre 1972 : Miguel Aguillo roule à travers la
région quand sa voiture tombe en panne en pleine
nuit, aux abords du ranch. À la recherche d’un peu
d’aide, il franchit la clôture. Sous sa forme de loup,
Jackson l’attaque et le tue. Une fois redevenu lui-
même, Jackson enterre les restes d’Aguillo sous un
petit arbre, à la limite sud de la propriété. Il cache la
voiture dans un hangar désaffecté.
8 avril 1987 : Edgar Grace (17 ans), fils d’une riche
famille originaire de Lewistown (à environ 65 kilo-
mètres au sud de Winifred), se faufile de nuit dans
le ranch Palmer pour rendre visite à Belle Ashton
(elle ne vivait pas ici à l’époque, mais venait souvent
y passer quelques jours). Jackson, errant dans la pro-
priété sous sa forme de loup, attaque et tue Edgar.
Belle est témoin de l’attaque et s’enfuit chercher du
secours. Mais elle tombe sur Jackson qui l’a prise de
vitesse. Il lui affirme avoir tué le loup responsable
de la mort d’Edgar. Il parvient à convaincre Belle
que la riche famille du défunt ruinerait les Palmer si
l’accident venait à être divulgué. Il la persuade de se
taire. Il promet également d’enterrer Edgar digne-
ment, mais en réalité jette le corps en pâture aux co-
chons et brûle ses vêtements. Il dissimule la voiture
du jeune homme dans le hangar désaffecté, à côté de
celle d’Aguillo.
11 mai 2015 : Randy Jenner, Leila Quincy et Peter
Diaz (trois écologistes étudiant les loups et le com-
portement des meutes) repèrent un groupe de loups
pénétrant à la limite sud du ranch Palmer, à travers
un trou dans la clôture. Eux-mêmes ne franchissent
pas la barrière, mais établissent un campement sur un
terrain public à la sortie de la ville.
Chronologie
12 mai 2015 : Leila contacte les gens du ranch Palmer
et parle avec Belle Ashton qui, poliment mais très
fermement, lui explique que les écologistes ne sont
pas les bienvenus sur leurs terres. Le groupe décide
d’attendre un peu avant d’essayer de raisonner les
Palmer.
13 mai 2015 : Randy appelle le ranch et s’entretient
directement avec Jackson. Celui-ci répète la même
chose que sa petite-nièce, bien moins poliment, et
affirme qu’il tue tous les loups qui passent à sa por-
tée. Le même soir, Randy, Peter et Leila se rendent
au bar local. Randy, un peu éméché, se plaint au
sujet de Jackson, avant de réaliser que le patriarche
se trouve dans le bar. Il devient alors insultant et bel-
liqueux. Jackson l’attrape par le col et le fait voler à
travers la pièce. Les proches de Jackson (son neveu
Ryder et ses petits-neveux Jose et Christopher qui
l’accompagnent) le font rapidement sortir. Peter et
Leila ramènent Randy au campement.
14 mai 2015 : Randy contacte Thomas Simpson, son
médecin à Chicago.
Début du scénario pour les PJ.
15 mai 2015 : l’équipe de la SAVE arrive à Winifred,
Montana.
17 mai 2015 : si personne ne les arrête, le groupe
d’écologistes se faufile dans la propriété des Palmer
juste après le crépuscule. Ils cherchent la piste des
loups pour les repousser ou les attirer hors des li-
mites du ranch. Jackson les découvre et les attaque,
infectant Leila, qui transmet rapidement la malédic-
tion aux deux autres.
18 mai 2015 : les loups-garous infectent les autres ha-
bitants du ranch. Jackson, ayant perdu tout contrôle
de la situation, se suicide avec un fusil de chasse. Ce-
pendant, le mal est déjà fait.
L’AFFAIRE
La ville et l’histoire
La famille Palmer (Recherches)
Note : donnez aux PJ l’arbre généalogique familial pour
tout test de Recherches sur l’historique de la famille, quel
que soit le résultat obtenu. Vous pouvez demander des
jets de dés séparés afin d’obtenir des informations sur
différentes branches, voire pour différents membres de
la lignée. Tout dépend du nombre d’éléments que vous
comptez distiller à la fois et de la durée que vous souhai-
tez donner à cette enquête.
• Fausse piste : faites mention de l’insuffisance hépa-
tique qui emporta Steven Larkin en 1970, ou de
l’accident de voiture en 2010, où périrent le Dr
Bradley Westin et sa femme, Amy Westin. Aucun
15
Sous un ciel immense CHILL
de ces événements n’a de lien véritable avec l’af-
faire, mais feront bouillonner le cerveau de joueurs
adeptes de complots.
• Vital : le ranch Palmer est le plus vaste de la région
et fut construit dans les années 1920. Il appartient
à Jackson Palmer (né en 1924), le plus âgé des ha-
bitants de Winifred. Ses neveux et nièces sont ses
plus proches parents vivants. C’est un vétéran de la
Deuxième Guerre Mondiale et il a reçu la médaille
Purple Heart en 1944 (distinction militaire améri-
caine).
• Intéressant : Belle Ashton, la petite-nièce de Jackson,
gère les affaires quotidiennes du ranch, signe les pa-
piers, organise les livraisons et, en pratique, dirige
le domaine. Ryder Palmer, son épouse Mila Ro-
driguez-Palmer, et leurs fils José et Christopher tra-
vaillent au ranch avec d’autres employés saisonniers.
Jennifer Westin, la petite-nièce de Palmer du côté de
son jeune frère Eldon, vit et travaille également dans
la propriété.
• Ésotérique : le frère cadet de Jackson, Clyde, est mort
en 1946, deux ans après le retour de son frère de la
guerre. Comme la plupart des membres de la famille
Palmer, il est inhumé sur le domaine, dans un caveau
funéraire familial.
Le ranch Palmer (Recherches)
• Vital : les personnages peuvent facilement mettre la
main sur une carte de la propriété dans les bureaux
du comté (à Lewistown, à environ 45 minutes en
voiture). Elle indique les limites de la propriété.
• Intéressant : les personnages découvrent un per-
mis de construire, délivré en août 1970 autorisant
la construction d’une maison et d’un garage sur la
propriété.
• Ésotérique : seul le garage a été construit, mais il se
dresse très à l’écart des autres bâtiments, bien trop
isolé pour être utile à quelque chose.
La mort de Clyde (Recherches ou Entretien)
• Vital : Clyde est décédé en 1946, environ un mois
avant son seizième anniversaire. Il est mort dans un
accident — il a chuté d’un remblai rocailleux et s’est
brisé la nuque. Son frère a été témoin de l’accident,
mais n’a rien pu faire pour le sauver.
• Intéressant : Clyde a été inhumé dans le caveau fami-
lial le matin suivant sa mort.
• Ésotérique : il n’y a ni rapport d’autopsie, ni docu-
ment du médecin légiste. Le certificat de décès et
les causes de la mort sont tous les deux estampillés
« selon les déclarations de la famille. »
16
Dossier militaire de Jackson Palmer (Recherches
ou Entretien ; cela nécessite d’avoir un accès à des
documents militaires)
• Vital : Jackson Palmer a servi dans l’Armée de Terre.
Il a été blessé en France, sur le champ de bataille, en
1944. Il a reçu la médaille Purple Heart et fut déclaré
inapte au service par les médecins militaires.
• Intéressant : Jackson est le seul membre de son unité
à avoir survécu à l’escarmouche durant laquelle il fut
blessé. Selon les rapports, son escouade est tombée
nez à nez avec un groupe de soldats allemands, dans
une forêt. Dans la fusillade qui s’ensuivit, la plupart
des combattants furent tués.
• Ésotérique : les blessures de Jackson ont d’abord été
répertoriées comme « mortelles », mais les rapports
suivants dans le mois indiquent qu’il marche nor-
malement et qu’il a pratiquement recouvré toutes
ses facultés.
L’incident dans le bar (Entretien)
Note : appliquez un modificateur de -20 aux tests des
personnages qui interrogent les habitants du cru s’ils se
présentent comme ayant un lien quelconque avec les éco-
logistes. S’ils établissent une couverture crédible et mo-
tivent leur présence en ville, ignorez ce malus.
• Vital : il y a eu une bagarre dans le bar l’autre nuit.
C’est la faute d’un petit crétin qui cherchait Jackson,
il voulait aller sur ses terres pour suivre les traces
d’une meute de loups. Jackson l’a bousculé et le gars
a perdu l’équilibre.
• Intéressant : Jackson a plus de 90 ans, mais il est encore
fort et énergique. Toutefois, aucune chance qu’il ait
pu pousser le garçon aussi fort, l’autre a dû sérieu-
sement en rajouter pour voler comme ça (il est passé
par-dessus une table comme si on l’avait projeté).
• Ésotérique : les petits-neveux de Jackson, Chris et
José, l’ont retenu pour qu’il n’insiste pas et laisse le
gars tranquille. C’était peut-être dû à un jeu de lu-
mière, mais ils donnaient l’impression qu’ils luttaient
pour y parvenir.
Le ranch et ses environs
Le groupe de défense de l’environnement
(Entretien)
• Vital : ils ont suivi une petite meute de loups
jusqu’aux limites sud du Ranch Palmer. Les ani-
maux ont pénétré sur la propriété grâce à une or-
nière sous la clôture, ce qui leur a permis de quitter
la route pour les terres du ranch.
 Societas Argenti Viae Eternitata
• Intéressant : les écologistes ont fait très attention à
dresser leur campement sur un terrain public, net-
toyer proprement la zone et rester le plus possible à
distance des gens du cru. Ils sont tout à fait conscients
de ne pas être les bienvenus.
• Ésotérique : Leila est connue pour avoir déjà enfreint
les limites de propriétés privées afin de photogra-
phier ou de marquer des loups.
Le périmètre, ranch Palmer (Enquête)
Note : il faut faire le tour en voiture de la propriété
pour obtenir ces informations. Les personnages qui ont
d’abord discuté avec les écologistes peuvent ainsi consi-
dérablement réduire la zone où chercher la trouée em-
pruntée par les loups.
• Vital : le ranch est immense, et une clôture barbe-
lée en fait intégralement le tour. Elle est toutefois
en mauvais état, abîmée par endroit à cause de la
végétation et d’arbres qui poussent à travers. Il y a
en particulier un gros arbre, au sud de la propriété,
qui a poussé à travers la clôture, finissant par y créer
une petite tranchée. C’est ici que les loups se sont
glissés sous les barbelés et ont grimpé le long d’un
petit défilé (environ 2m de haut au maximum) pour
entrer sur le domaine.
• Intéressant : les personnages trouvent des preuves du
passage des loups sur la propriété — poils, traces,
etc. D’un autre côté, un grand hangar est visible de
leur position. Il est fermé par une grosse chaîne et
un cadenas rouillé, et ne semble pas avoir été ouvert
depuis des années.
• Ésotérique : les racines de l’arbre émergent de la paroi
du défilé et on distingue quelque chose de blan-
châtre à travers la terre. À un autre endroit du pé-
rimètre, les personnages peuvent relever les lettres
«  BA + EG  » entourées par un cœur, gravés dans
l’écorce d’un arbre. Cette inscription est sans aucun
doute vieille de plusieurs dizaines d’années.
Le vieil arbre, ranch Palmer (Enquête)
Note : une tentative de Détection de l’Inconnu à cet
endroit bénéficie d’un bonus de +10.
• Vital : creuser un peu permet d’exhumer un sque-
lette humain. Il est manifeste qu’il a été enterré sous
l’arbre il y a des dizaines d’années  ; ce dernier a
poussé et grandi autour du cadavre. Les restes se sont
retrouvés mis à jour lorsque la tranchée s’est formée.
Le squelette est celui d’un homme adulte.
• Intéressant : des traces de morsures sont visibles sur les
os des bras et des jambes. Elles correspondent à celles
d’un loup, mais bien plus grand que les spécimens
habituels.
L’affaire
• Ésotérique : la colonne vertébrale est brisée au ni-
veau de la nuque, où les mêmes traces de dents sont
bien discernables. Le loup a attrapé sa victime par
derrière au niveau du cou et l’a secoué comme une
poupée de chiffons, ce qui a entraîné la mort.
Le vieux hangar, ranch Palmer (Enquête)
Note : une tentative de Détection de l’Inconnu à cet
endroit bénéficie d’un bonus de +10. Pour entrer dans le
hangar, il faut des outils et un test réussi de Prouesse (ou la
discipline Exploit de Force), ou tout autre méthode adé-
quate. Trop de bruit pourrait alerter Jackson (voir : Jouer
« Sous un ciel immense »).
• Vital : le hangar abrite deux voitures. L’une est une
Buick Skylark datant des années 70. L’autre est une
Jeep Wrangler de 1987. Aucune des deux n’est en
état de marche ; elles sont abandonnées ici depuis
des années.
• Intéressant : les plaques d’immatriculation ont été
retirées, mais les numéros de série des véhicules
restent bien lisibles. Si les personnages ont le moyen
de les exploiter (ce que peut faire Miranda Chase,
par exemple), ils apprennent que les véhicules appar-
tenaient respectivement à Miguel Aguillo et Edgar
Grace.
Autres recherches
Les loups-garous (Recherches)
Note : si les PJ réclament des informations auprès de la
SAVE, demandez aux joueurs un test contre un seuil égal
à leur score de Recherches ou à 50, selon ce qui est le
plus élevé des deux.
• Vital : les loups-garous sont des êtres humains qui
se transforment en loup. La SAVE a répertorié deux
« espèces » principales. Les lycanthropes ataviques ne
changent de forme qu’à la pleine lune et sont immu-
nisés à tous les types de dégâts hormis ceux causés
par des armes en argent. Les lycanthropes infectieux
se transforment à volonté. Une seule morsure suffit
à transmettre la malédiction à leur victime. Dans ce
cas, la procédure recommandée par la SAVE consiste
à achever immédiatement le blessé infecté (si les
joueurs vérifient : la phase lunaire actuelle est « lune
décroissante », le dernier quartier vient d’être passé.)
• Intéressant : les lycanthropes infectieux sont vul-
nérables aux armes conventionnelles, même s’ils
peuvent supporter des blessures bien plus graves que
n’importe quel animal ordinaire.
• Ésotérique : les lycanthropes infectieux sont des ani-
maux de meute, et sont obligés de se transformer
lorsqu’ils entendent les hurlements de membres de
leur meute (la SAVE ignore cependant que les cris
de loups ordinaires peuvent également provoquer ce
changement).
17
Sous un ciel immense CHILL
Personnes disparues (Recherches)
• Vital : la seule affaire importante de personne dis-
parue dans la région concerne Edgar Grace. Elle re-
monte à 1987. Sa famille, très fortunée, était proprié-
taire d’une usine à Lewistown. Il a disparu en avril,
après avoir quitté sa maison au milieu de la nuit. Il
n’avait pas prévenu ses parents ni de son départ ni
de sa destination. Ni lui ni sa voiture n’ont jamais
été retrouvés. Il a été officiellement déclaré décédé
en 1997.
• Intéressant : Edgar fréquentait Belle Ashton, dont la
famille vivait à Winifred, Montana. La police inter-
rogea Belle et ses parents, mais ne trouva aucun in-
dice de la présence d’Edgar sur leur propriété (à part
sa chevalière de promotion qu’il avait offerte à Belle
quelques mois auparavant).
• Ésotérique : Belle a passé tout l’été suivant la dispari-
tion d’Edgar chez son grand-oncle Jackson. Lorsque
son père est mort en 1989, sa mère et elle ont vendu
leurs terres pour venir s’installer définitivement dans
le ranch Palmer.
Miguel Aguillo (Recherches)
• Vital : il n’y a presque aucune information dispo-
nible. Aguillo traversait le pays pour rendre visite à
son frère installé à Miami. Il n’est jamais arrivé. Il
avait quitté Seattle à la fin septembre 1972, mais ne
fut déclaré disparu qu’à la mi-octobre de la même
année.
• Intéressant : son dernier signe de vie remonte à oc-
tobre 1972. Il a appelé son frère pour lui dire que sa
voiture lui causait du souci, mais qu’il espérait tout
de même réussir à faire le trajet.
• Ésotérique : cet appel a été passé depuis Christina,
une ville située à quelques heures de route au nord
de Winifred.
LA CONFRONTATION
Dès leur arrivée à Winifred le 15 (probablement dans
la soirée en tenant compte des temps de trajet), les PJ
ont jusqu’à la nuit du 17 pour enquêter, interroger les
habitants et effectuer leurs recherches avant qu’il ne se
passe quelque chose d’important. Les écologistes restent
en dehors des limites de la ville, ce qui permet aux PJ de
prétendre facilement, s’ils le souhaitent, qu’ils n’ont rien à
voir avec « ces hippies ».
Jackson et ses petits-neveux se rendent tous les soirs au
bar après leur journée de travail. Si les émissaires veulent
observer ou rencontrer Palmer, c’est l’endroit idéal. Bien
entendu, Jackson Palmer n’est plus un humain mais une
créature de l’Inconnu. Aussi, dès qu’il sera conscient que
les PJ mènent une enquête à son sujet, le meneur de jeu
devra ajouter un jeton Lumière.
18
Dès lors, il est possible que Jackson utilise la Marque
du chasseur sur un personnage puis tente de l’attirer en
dehors de la ville. Jackson ne souhaite pas vraiment tuer
des gens, bien qu’il puisse parfaitement décider de le
faire si nécessaire. Il est sans doute la figure locale la plus
respectée et les autorités du coin ne feront aucune dé-
marche pour fouiller ses terres sans une preuve concrète
que quelque chose d’anormal s’y passe. Cependant, il veut
protéger ses proches et réalise très bien les conséquences
que peut avoir la curiosité d’étrangers.
Tuer Jackson est pour le moins difficile. S’introduire
discrètement dans sa propriété s’avère assez aisé (elle est
immense), mais il est presque impossible que Jackson ne
détecte pas les intrus. Engager un combat contre lui sans
le support d’armes à feu relève du suicide ; il est plus que
capable de tuer ou d’infecter toute l’équipe en un rien
de temps. Se battre avec des armes à feu risque d’alerter
ses petits-neveux, qui arriveront armés et avec la ferme
intention de tirer sur les intrus (en particulier sur ceux
qui menacent leur vieil oncle !).
Si les émissaires atteignent la nuit du 17 sans avoir
convaincu les écologistes de quitter les lieux, ou de se
tenir tranquille, Leila les conduit dans le ranch à la re-
cherche de la meute de loups. Jackson les attaque et in-
fecte Leila, qui se montre bien plus réceptive à l’influence
de l’Inconnu que ne le fut jamais Jackson. Elle transmet
immédiatement la malédiction à Randy et Peter puis, dès
le matin suivant, aux autres habitants du ranch. Jackson se
suicide à ce moment-là (s’il est conscient de la mission
des PJ, mais il peut toutefois choisir de leur envoyer un
message pour les prévenir de ce qu’il se passe).
Bien sûr, cette fin a tout du scénario catastrophe et si
cela arrive, les personnages ont tout intérêt à prévenir les
habitants d’évacuer Winifred avant de revenir avec une
équipe plus importante.
LES PNJ
BELLE ASHTON
VIG : 30 VOL : 55 REF : 40
Spécialisations : aucune
Motivation : protéger sa famille
CHRISTOPHER ET JOSÉ RODRIGUEZ-PALMER
VIG : 70 VOL : 45 REF : 60
Spécialisations : combat à mains nues (D85), fusil (E90)
Motivation : faire prospérer le ranch
RANDY JENNER
VIG : 60 VOL : 55 REF : 40
Spécialisations : pistage (D70), zoologie (D70)
Motivation : quitter la ville
 Societas Argenti Viae Eternitata
JACKSON PALMER (LYCANTHROPE INFECTIEUX)
SVM : 85 (puissant) REF : 65 VIG : 70
Blessures : Superficielle, Mineure -10, Grave -20, Majeure -30,
Critique -50, Mortelle
Disciplines : Frayeur, Marque du chasseur
Aspects : Attaque mortelle (grave ; uniquement sous sa forme
de loup-garou), Métamorphose, Rapidité surnaturelle (unique-
ment sous sa forme de loup-garou), Régénération (uniquement
sous sa forme de loup-garou), Robuste (uniquement sous sa
forme de loup-garou), Vigoureux (uniquement sous sa forme de
loup-garou)
JOUER SOUS UN CIEL IMMENSE
J’ai fait jouer plusieurs fois Sous un ciel immense, et
chaque fois, cela fut une expérience différente. Une fois,
les PJ se faufilèrent dans le ranch et abattirent Jackson
alors qu’il était seul. Une autre (où je n’avais que deux
joueurs), ils décidèrent qu’agir était trop dangereux et
que, de toute façon, Jackson ne constituait pas une me-
nace imminente. Aussi, ils repartirent pour Billings afin
de réunir une équipe plus conséquente. La tournure
d’événements la plus surprenante pour moi fut lorsque
les émissaires parvinrent à convaincre Jackson de les ac-
compagner jusqu’au Repaire afin d’assurer la sécurité de
Belle (bien sûr, je sais et vous savez que la SAVE ne laisse
pas entrer des Infectieux dans le Repaire, mais Jackson,
lui, n’en était pas conscient et c’était de toute manière
une partie en one-shot).
Prenez votre temps pour faire jouer cette aventure.
Laissez les émissaires discuter avec les gens, suivre les
pistes historiques et utiliser le temps qui leur est imparti.
S’ils perdent le contrôle de la situation (donc si les écolo-
gistes se retrouvent infectés), alors c’est que les choses ont
vraiment mal tourné. Si vous souhaitez intégrer « Sous un
ciel immense » à un cadre d’aventure bien plus vaste, il
peut devenir amusant d’avoir sous la main un ranch plein
Jouer Sous un ciel immense
de lycanthropes infectieux se propageant lentement à tra-
vers le Montana. Si vous préférez éviter ce dénouement,
laissez les PJ convaincre Leila et son groupe de passer leur
chemin (Jenner est déjà enclin à suivre cette voie).
De même, soyez conscient que Jackson peut appa-
raître sympathique. Il est un loup-garou, c’est vrai, mais
il fait des efforts considérables pour ne tuer personne et
sa seule véritable motivation consiste à protéger les terres
familiales. Cependant, il est tout aussi important de se
souvenir combien son cas est rare et extraordinaire —
Jackson est tout aussi dangereux que n’importe quel autre
lycanthrope, et sa malédiction est à deux doigts de se pro-
pager comme un feu de prairie.
Si les PJ demandent à la SAVE des informations sur
les loups-garous (et ils le feront), insistez sur le danger
mortel et terrifiant que représentent les lycanthropes in-
fectieux (si un joueur incarne le personnage de Rory et
qu’il appelle son père pour obtenir des renseignements,
faites en sorte que ce dernier supplie son fils d’abandon-
ner l’affaire et de rentrer à la maison, afin de bien souli-
gner la gravité de la situation).
Enfin, lorsque vous interprétez les habitants du coin,
ne tombez pas dans les stéréotypes du genre «  ici, on
n’aime pas les gars dans vot’genre ». Les locaux sont certes
assez isolationnistes, mais cela ne signifie pas nécessaire-
ment xénophobes. Ils n’apprécient pas les écologistes, en
raison de leur programme de protection des loups, car ces
derniers tuent le bétail. Si les émissaires se présentent en
ville sans aucune raison cohérente d’être là, ils seront l’ob-
jet d’une forte suspicion (les résidents ne sont pas dupes
quant à l’attrait touristique de leur petite ville). Par contre,
s’ils déballent une bonne histoire (j’ai fait jouer une fois le
scénario avec Miakoda Lawrence prétendant être là pour
acheter des terres agricoles), ils peuvent arriver à gagner
la confiance des gens. Cela aura bien entendu des réper-
cussions plus fortes encore quand les émissaires devront
traquer et abattre l’une des figures les plus appréciées de
la région.
19
Sous un ciel immense CHILL

AVIS DE MISSION

SAVE Chicago (14 mai 2015, 8:23)

à : <liste des destinataires masquée>
L’émissaire Thomas Simpson rassemble une équipe afin d’enquêter sur un événement étrange survenu à
Winifred, dans le Montana.
Simpson a été contacté par l’un de ses anciens patients (Randy Jenner, 29 ans), impliqué dans une bagarre de bar
avec un éleveur local. Celui-ci, identifié comme Jackson Palmer, a refusé que Jenner et ses collègues écologistes
accèdent à ses terres. Leur équipe suit les déplacements des loups à travers le Montana et des indices leur ont
fait supposer qu’une meute se trouvait sur le domaine des Palmer. Jackson Palmer, selon les dires de Jenner, a
affirmé qu’il tuait les loups à vue ; le ton est monté entre eux et quand ils en sont venus aux mains, Palmer a projeté
l’écologiste par-dessus une table. Notez que, selon les registres locaux, Jackson Palmer est âgé de plus de 90 ans.
Vous partez pour Winifred, Montana (population : environ 250 habitants). Interrogez Jenner, essayez de
rencontrer Palmer et tentez de relever toute trace d’activité de l’Inconnu autour ou dans le ranch. Si cela devait
être confirmé, référez-en au Dr Simpson qui, selon son expertise, vous dira si la (les) créature(s) de l’Inconnu
impliquée(s) doivent être détruites ou étudiées plus longuement.
Merci de faire parvenir toute information au bureau de la SAVE à Helena, Montana.
20
 ARBRE GÉNÉALOGIQUE DE LA FAMILLE PALMER

Grace Palmer Washington Palmer

Née le 03/06/1892 Né le 22/11/1895
Décédée le 02/08/1970 Décédé le 05/09/1960

Emma Larkin Steven Larkin Mary Palmer Eldon Palmer Clyde Palmer Jean Palmer
Jackson Palmer
Née le 03/06/1920 Né le 05/06/1919 Née le 17/01/1930 Né le 09/04/1928 Né le 03/08/1930 Née le 22/06/1931
Né le 18/02/1924
Décédée le 12/05/1995 Décédé le 01/12/1970 Décédée le 05/09/2007 Décédé le 25/02/2009 Décédé le 10/07/1946 Décédée le 04/02/1934

Mary Ashton Timothy Ashton Milla Ryder Michael Palmer Amy Westin Bradley Westin
Née le 26/05/1944 Né le 04/07/1943 Rodriguez-Palmer Rodriguez-Palmer Né le 18/06/1950 Née le 01/08/1954 Né le 11/09/1958
Décédée le 29/10/2014 Décédé le 19/05/1989 Née le 04/08/1967 Né le 02/01/1947 Décédé le 05/05/1969 Décédée le 19/08/2010 Décédé le 19/08/2010

Jose Christopher
Belle Ashton Jennifer Westin Lily Tavis John Tavis
Rodriguez-Palmer Rodriguez-Palmer
Née le 10/06/1970 Née le 08/11/1975 Née le 28/05/1978 Né le 17/02/1979
Né le 30/03/1989 Né le 06/11/1990

21 Arbre généalogique de la famille Palmer

El Cucuy est venu pour Carlito
El Cucuy est venu pour Carlito
D’antiques mythes hispaniques font référence à El Cucuy,
le mystérieux croque-mitaine kidnappeur d’enfants. Dans
le sud du Texas, des enfants commencent à disparaître
sans laisser la moindre trace. Le mythe est-il devenu réal-
ité ? Ou quelque chose de plus sinistre encore est-il en train
de se tramer ?
Caractéristiques importantes : aucune caractéristique
spécifique n’est a priori nécessaire, mais il pourrait s’avé-
rer très utile qu’au moins un des personnages parle l’es-
pagnol.
Suggestions de personnages : Miranda Chase, Tyler
Copeland, Tessie Dillon, Maria Gallegos, Détective Hec-
tor Gonzalez, Anaru Kamara
Menace principale : El Botador de Almas. Une figure
traditionnelle du folklore portugais, celui qui guide les
âmes des morts vers l’au-delà et protège les enfants de
leur ville contre El Cucuy. Les colons apportèrent cette
tradition avec eux dans le Nouveau Monde, et de nom-
22
breuses villes la maintiennent vivante à travers les contes
et parfois dans certaines pratiques. On associe d’habitude
El Botador à l’image d’une personne de bonne volonté
et protectrice. Cependant, El Botador actuel a touché à la
magie noire, et les rituels qu’il a étudiés le transforment
lentement en quelque chose tenant plus du monstre que
de l’homme. El Botador restera une menace tapie dans
l’ombre jusqu’à la scène finale.
Menace secondaire : El Cucuy [el cou-cou-y]. Dans
cette même mythologie, ce monstre est très similaire au
croque-mitaine. El Cucuy traque les enfants qui n’ont pas
été sages et les dévore, ou bien les kidnappe. Dans cette
affaire, la créature présentée comme «  El Cucuy  » ne se
soucie pas vraiment de faire du mal aux petits. Il s’agit en
fait d’une entité mineure, esclave de l’Inconnu, forcée de
protéger les enfants d’El Botador. Étant une créature de
l’Inconnu, elle n’a, bien entendu, rien de sympathique.
 Societas Argenti Viae Eternitata
LA SITUATION
Los Fresnos, dans l’État du Texas, est une petite com-
munauté agricole proche de Brownsville. Sa population
dépasse à peine les 6000 habitants, et la communauté
est suffisamment petite pour que toute la ville se sente
concernée, alors que des enfants disparaissent à la nuit
tombée. Les autorités n’ont découvert aucun indice sur
les différentes scènes de crime, aucune rançon n’a été ré-
clamée et aucun corps retrouvé. Par chance, le shérif Ro-
nald Vela est un émissaire de la SAVE.Toutefois, il est trop
impliqué émotionnellement dans cette affaire (car des
amis proches et des voisins sont concernés) pour garder la
tête froide et le recul nécessaire dans cette enquête. Il re-
connait le caractère étrange des disparitions, tout comme
il imagine qu’il puisse y avoir une part de vérité dans les
murmures superstitieux évoquant « El Cucuy ». Aussi, le
shérif Vela a fait appel au QG de la SAVE à Brownsville.
Après un vol jusqu’à Harlingen, puis un trajet en bus
jusqu’à Los Fresnos, les émissaires se retrouvent à pied
d’œuvre pour mener l’enquête.
La situation est cependant plus complexe qu’elle n’en
a l’air. La riche famille Domingo dirige depuis toujours,
officieusement, Los Fresnos. Le clan a gagné en pouvoir
grâce au contrôle de la majeure partie des terres agri-
coles de la commune, et en finançant la construction des
infrastructures de la ville. Il est au faîte de la politique lo-
cale et décide de l’avenir. Jerry Domingo, l’actuel et bien
connu patriarche de la lignée des Domingo, vit toujours
sur les terres familiales, avec son fils, Carlito.
Le père Eduardo Chavez, qui a des liens de parenté
directs avec les Domingo, a hérité des pouvoirs d’El Bo-
tador de Almas. Il y a deux cents ans de cela, Javier Domin-
go mit accidentellement le feu à sa grange, provoquant
la mort de trois de ses neveux, les fils de Rafael Chavez
Domingo. Fou de rage, Rafael renonça au patronyme des
Domingo et donna naissance à une nouvelle lignée, la
famille Chavez, à laquelle appartient le père Eduardo. Ra-
fael rumina sa colère durant de longues années, entrete-
nant le souvenir de cette perte tragique et auréolant son
frère d’une image de meurtrier. Aujourd’hui, deux siècles
plus tard, Eduardo Chavez a finalement trouvé le moyen
de réclamer vengeance au nom de son ancêtre. En tant
que nouveau Botador de Almas, le père Eduardo a pu ac-
quérir un savoir issu de l’Art, lui conférant en apparence
le pouvoir de guider les âmes vers leur prochaine vie. Les
« Botadores » précédents avaient également reçu le pouvoir
de repousser les esprits maléfiques tels que El Cucuy (en
termes de jeu, les disciplines Incorporalité et Protection
issues de l’Art). Malheureusement, Eduardo a également
étudié à partir d’autres sources, mélangeant l’Art et la Voie
maudite. Il dispose maintenant de la faculté d’anéantir,
une bonne fois pour toutes, la lignée des Domingo. Tout
ce dont il a besoin est un membre masculin de cette fa-
mille à sacrifier. Cependant, alors qu’il se prépare à passer
à l’action, El Cucuy se met également à enlever les jeunes
garçons de la lignée des Domingo.
Autrefois, Javier Domingo (lui-même adepte de tech-
niques interdites de l’Art) a invoqué une créature de l’In-
connu afin de protéger sa lignée au cas où une potentielle
LA SITUATION
menace surnaturelle apparaîtrait. Cela ne s’est jamais pro-
duit ; et l’entité est restée en sommeil jusqu’à ce qu’Eduar-
do endosse le costume d’El Botador et en corrompe son
Art. C’est alors que l’esprit a surgit de la grange incendiée
où Javier l’avait invoqué, et a commencé à « protéger » ses
descendants du mieux qu’il le put. Pour ce faire, il projeta
les cibles potentielles dans une dimension de poche. Il ne
peut les tuer, mais ne se soucie aucunement de leur sur-
vie. Il souhaite cependant par-dessus tout voir Eduardo
mort, afin de pouvoir retourner au sein de l’Inconnu...
Mais comme Eduardo est lui-même un descendant des
Domingo, l’esprit ne peut lui faire le moindre mal.
LA SAVE
Le shérif Vela a contacté le QG de la SAVE à Brownsville
(Texas) au sujet de cette affaire. Une équipe a été immédia-
tement constituée pour mener l’enquête (l’ordre de mission
est inclus à la fin du scénario). La SAVE ne possède aucun
fichier mentionnant une rencontre directe avec El Cucuy,
aussi l’organisation s’empresse de dépêcher sur place des
émissaires. Le QG attend d’eux qu’ils enquêtent et fassent
la lumière sur les disparitions et déterminent quelles entités
issues de l’Inconnu (s’il y en a) en sont responsables. S’il
s’avère que les victimes sont toujours en vie, les émissaires
doivent bien entendu les localiser et leur porter secours.
Dans la mesure du possible, la destruction de la créature
qui les a enlevées est plus que souhaitable. Toutefois, pour
ce qu’en sait la SAVE, il pourrait s’agir de kidnappings tout
à fait ordinaires.
La SAVE fournit aux émissaires de petites, mais
confortables, chambres de motel, un van ou un SUV (au
choix des joueurs), et les informations de base nécessaires
afin de contacter le shérif Vela.
CHRONOLOGIE
23 septembre 1816 : les trois enfants de Rafael Cha-
vez meurent dans un incendie accidentel au do-
maine familial des Domingo.
1er janvier 2016 : Franco Martinez, 2 ans, est déclaré
disparu.
2 janvier 2016 : Gabriel Melendez, 10 ans, est déclaré
disparu.
4 janvier 2016 : Blas Alfonso, 4 ans, est déclaré dis-
paru.
6 janvier 2016 : le shérif Vela contacte l’antenne de la
SAVE à Brownsville.
8 janvier 2016 : Sal George, 24 ans, est déclaré dispa-
ru. Les émissaires de la SAVE arrivent à Los Fresnos.
Début du scénario pour les PJ.
23
El Cucuy est venu pour Carlito CHILL
9 janvier 2016 : El Cucuy vient chercher Carlito
Domingo peu de temps après que minuit ait sonné.
Le soir suivant, juste après le crépuscule, Eduardo
Chavez mène le rituel soit avec Carlito, soit avec lui-
même. Si personne ne l’arrête, il réduit à néant toute
la lignée familiale des Domingo.
L’AFFAIRE
La première chose à faire pour les émissaires consiste à
prendre contact avec le shérif Vela qui leur donnera les
détails de l’affaire en sa possession. Aucun corps n’ayant
été retrouvé, ni aucune demande de rançon adressée aux
proches des disparus, le policier dispose de très peu de
pistes. Quelques-unes des familles de victimes affirment
avoir aperçu une silhouette furtive tourner autour de leur
demeure peu de temps avant les disparitions. Toutes sont
survenues de nuit. Los Fresnos étant une petite ville agri-
cole et superstitieuse, les rumeurs de personnes disparues
se sont très vite répandues. Les habitants murmurent entre
eux le nom d’El Cucuy, une sorte de croque-mitaine qui,
dans leurs légendes, enlève les enfants.
Le shérif Vela n’a relevé aucun indice particulier re-
liant ces événements à El Cucuy. Toutefois, il pense qu’il
y a quelque chose de surnaturel dans la disparition de ces
victimes, car elles semblent toutes s’être purement vola-
tilisées dans les airs. La police locale enquête sur l’affaire
depuis plus d’une semaine, sans trouver le moindre in-
dice ou découvrir la plus petite piste. Entre le moment
où les émissaires sont alertés et celui où ils arrivent à
Los Fresnos, on déplore une nouvelle victime : un jeune
homme du nom de Sal.
Les personnages arrivent en ville durant la matinée
du 8 janvier. Bien qu’ils n’en soient pas conscients à cet
instant, ils n’ont que jusqu’à minuit pour comprendre que
Carlito Domingo est la prochaine cible d’El Cucuy. S’ils
réalisent rapidement la connexion entre les différentes
victimes, ils pourront se rendre au Manoir Domingo et
protéger le garçon. Au même moment, Eduardo Chavez,
El Botador de Almas, tente également de kidnapper l’en-
fant. Si les émissaires n’essaient pas de protéger Carlito
Domingo, El Cucuy l’enlève d’abord. Chavez passe la
journée suivante dans ses recherches pour découvrir qu’il
constitue lui-même un sacrifice viable. Le soir du 9 jan-
vier, il pratique dans tous les cas son rituel, juste après le
crépuscule. Si les émissaires ont su protéger l’enfant d’El
Cucuy, Chavez s’en empare dans la journée qui suit.
Il est important de se rappeler que dans cette petite
ville du Texas, la majorité de la population est d’origine
mexicaine. On y parle plus l’espagnol que l’anglais, en
particulier parmi la frange des personnes les plus âgées.
Le shérif Vela maîtrise parfaitement cette langue, il serait
utile que cela soit également le cas de certains des émis-
saires. Pour les autres, le fait de devoir traduire des mythes
et des entretiens de l’espagnol vers l’anglais compliquera
légèrement leurs démarches dans cette affaire. Une grosse
erreur de traduction, ou de compréhension menant dans
une mauvaise direction, pourraient survenir suite à un
fiasco lors d’un test d’Entretien ou d’Enquête.
24
Les personnes disparues
Pour commencer, les émissaires devraient chercher à ren-
contrer les familles des enfants disparus et à se rendre sur
les scènes de crime. S’ils sont accompagnés par le shérif
Vela, parler aux parents ne pose aucun problème. La plu-
part sont dans un état proche de l’hystérie tant ils sont
rongés par l’inquiétude et la colère. Si les personnages
laissent le shérif en retrait dans leurs démarches, il leur
faut réussir un test général de Communication pour
convaincre les habitants de leur parler (ajuster ce test d’un
modificateur adéquat selon la manière dont les émissaires
se présentent aux familles et s’ils s’adressent à elles en es-
pagnol ou en anglais).
À première vue, il n’y a que des similitudes super-
ficielles entre les victimes : ce sont de jeunes garçons,
leurs familles vivent dans la région depuis plusieurs géné-
rations, et tous sont d’origine mexicaine. Bien entendu,
ce descriptif correspond à la plupart des résidents de la
ville. Les victimes fréquentaient des églises et des écoles
différentes. Ils présentent des âges, des tailles, des caracté-
ristiques physiques variés... À l’exception de Sal George,
qui vivait seul, les autres garçons ont disparu en présence
de leurs familles.
Une Perception de l’Inconnu sur les scènes de crime
bénéficie d’un bonus de +30 pour la plus récente (Sal
George). Ce modificateur diminue de 10 points, cumula-
tifs, pour chacune des précédentes, en remontant la ligne
chronologique (pour Blas Alfonso, il se monte à +20, et
ainsi de suite). Lorsqu’un émissaire réussit une Percep-
tion de l’Inconnu, il fait l’expérience d’un fort sentiment
d’obligation, comme si l’être responsable de tout ceci se
trouvait sous l’emprise d’une irrésistible compulsion. Sur
un succès Colossal, l’émissaire réalise que l’entité agit sous
la direction d’une source extérieure, et n’a en fait aucun
désir réel de s’emparer de ces gens.
Les personnages recueilleront des indices sur les en-
fants disparus en discutant avec leurs familles (Entretien),
en examinant les lieux de leur disparition (Enquête), ou
en fouillant le passé familial (Recherches).
• Vital : toutes les victimes de kidnapping partagent
un même ancêtre ; ces garçons sont tous des des-
cendants de la lignée des Domingo. Aucun indice
physique ni aucune trace de lutte n’est visible sur
les scènes de crime. Toutefois, leurs parents pensent
avoir aperçu quelqu’un se faufiler dans l’ombre et
ont conclu sur le moment qu’il s’agissait d’un simple
jeu de lumière. Aucun signe d’effraction n’est visible
dans aucune des maisons.
• Intéressant : toutes les victimes ont été enlevées peu
après minuit. Le père Chavez, le prêtre de l’église
locale, a rendu visite à chaque famille le lendemain
matin des différentes disparitions afin de leur appor-
ter réconfort et conseil.
• Ésotérique : quelques référence à El Botador de Almas ;
la manière dont les PJ accèdent à cette information
dépend de la méthode employée pour récupérer des
 Societas Argenti Viae Eternitata
indices. La mère de l’un des garçons disparus peut
s’écrier qu’elle espérait voir El Botador protéger son
fils. Les émissaires peuvent aussi tomber sur un ar-
ticle mentionnant ce nom pendant leurs recherches
sur les familles.
La famille Domingo
Toutes les victimes ont des liens de parenté remontant
jusqu’à Javier Domingo. Une fois que les émissaires s’en
sont rendu compte, il est plus que probable qu’ils souhaitent
en savoir plus sur cette famille. Quelques recherches généa-
logiques à la bibliothèque, dans les journaux ou dans les
archives de l’église permettent d’en apprendre un peu plus.
Il faudra sans doute un test de Recherches pour obtenir
ces indices, bien que, selon l’approche, un test d’Entretien
pourrait également faire l’affaire.
• Vital : Jose Domingo a pratiquement fait surgir Los
Fresnos de la poussière. Il avait deux fils : Javier et Ra-
fael Domingo, mais a perdu trois petits-fils dans un in-
cendie en 1816. Jerry Domingo, qui dirige les affaires
de la famille et possède un manoir dans les environs
de la ville, est le descendant direct de Javier. Il y vit
avec son épouse et son fils de 5 ans, Carlito Domingo.
Ils sont les derniers de la lignée familiale portant en-
core le nom des Domingo. Toutefois, il existe d’autres
branches liées par le sang à cet ancêtre ; plusieurs autres
familles dans la région peuvent faire figurer le nom de
Jose Domingo sur leur arbre généalogique.
• Intéressant : après le terrible incendie qui a pris la vie
de ses enfants, Rafael s’est volontairement éloigné
de sa famille et a choisi de porter le nom de « Cha-
vez », le patronyme de son oncle.
• Ésotérique : Rafael a également un descendant qui
réside dans la ville : Eduardo Chavez, le prêtre en
charge de La Iglesia de las Almas Perdidas.
Recheches sur El Cucuy
Les émissaires risquent de se livrer à quelques recherches
avant d’arriver à Los Fresnos, ou une fois sur place. Ils
peuvent s’intéresser au contenu de la bibliothèque ou des
journaux locaux (Recherches), parler avec les habitants
de Los Fresnos, en particulier des journalistes ou les en-
seignants des écoles (Entretien). Si les personnages se ren-
seignent sur ce sujet, ou sur El Botador de Almas, dans les
archives de l’église, gratifiez leur test d’un bonus de +20.
• Vital : El Cucuy, également appelé Coco ou Cuco,
est une figure légendaire commune à de nombreux
pays hispaniques, dont le Mexique. On prétend
qu’El Cucuy n’apparaît que la nuit, en général sous la
forme d’une silhouette humanoïde se noyant dans les
ombres. On raconte aussi qu’il enlève les enfants qui
ont été vilains, ou ceux qui refusent d’aller dormir.
L’AFFAIRE
• Intéressant : certains récits au sujet d’El Cucuy pré-
tendent que sa tête ressemble à une citrouille, his-
toires qui ont été adoptées dans la tradition occi-
dentale de la fête d’Halloween. D’autres légendes le
représentent comme sombre et sans signe distinctif
remarquable, mais toutefois toujours hideux et ef-
frayant quand on le regarde.
• Ésotérique : El Cucuy apparaît fréquemment dans les
mythes brésiliens et hispaniques. Les émissaires re-
lèvent un autre conte brésilien qui prend un sens
particulier à Los Fresnos : celui d’El Botador de Almas
(le navigateur des âmes), supposé protéger la ville
contre les actes de El Cucuy. Enfin, une recherche
dans les archives de l’église donne aux émissaires
l’opportunité de déterrer un plan de sol du bâtiment
qui révèle l’existence d’une salle secrète.
El Botador de Almas
Des recherches à ce sujet impliquent pour les émissaires
de parler avec les habitants de Los Fresnos ou de fouiller
parmi les documents contenus à la bibliothèque ou dans
les locaux du Los Fresnos News. Si les personnages se ren-
seignent sur ce sujet, ou sur El Cucuy, dans les archives de
l’église, gratifiez leur test d’un bonus de +20.
• Vital : El Botador de Almas est une figure religieuse
locale, un protecteur. C’est un titre spirituel mais
aussi honorifique associé au prêtre de la paroisse.
Certains des résidents les plus âgés racontent encore
à leurs petits-enfants qu’El Botador peut les protéger
contre El Cucuy, mais cette légende s’éteint peu à
peu. El Botador actuel, si l’on s’en réfère à la tradition,
est le père Eduardo Chavez.
• Intéressant : au cours des décennies passées, l’église
célébrait un rituel chaque premier novembre où les
gens remettaient une chandelle allumée à El Botador,
qui l’emmenait depuis leur banc pour la déposer sur
le porte-bougie votif. Par cette symbolique, El Bo-
tador aidait ceux qui étaient décédés durant l’année à
rejoindre le Paradis. Cette cérémonie n’a cependant
plus eu lieu depuis 1988 (rien de particulier ne s’est
produit cette année-là, il s’agit juste de la dernière
fois où le prêtre a conduit ce rituel).
• Ésotérique : El Botador actuel, le père Eduardo Cha-
vez, est lui aussi un descendant de Jose Domingo.
Certaines descriptions d’El Botador affirment qu’il
trace une ligne de sel ou de cendre sur le seuil des
maisons afin de barrer le passage à El Cucuy ; pour
les émissaires, cela ressemble vraiment à la discipline
de l’Art  : Ligne de défense. Enfin, une recherche
dans les archives de l’église donne aux émissaires
l’opportunité de déterrer un plan de sol du bâtiment
qui révèle l’existence d’une salle secrète.
25
El Cucuy est venu pour Carlito CHILL
Le père Eduardo Chavez
Le pasteur de La Iglesia de las Almas Perdidas, et El Bo-
tador de Almas actuel, est le père Eduardo Chavez. Il vit
dans un petit appartement au-dessus de l’église, équipé
d’une chapelle privée. Le père Chavez accepte volontiers
de discuter avec les émissaires, bien que toute mention
d’El Botador ou d’El Cucuy le met manifestement mal à
l’aise. Si les personnages questionnent d’autres habitants
au sujet du père Chavez, plutôt que de parler directe-
ment avec lui, ils peuvent recueillir la majeure partie des
indices ci-dessous (sans toutefois se rendre compte de la
gêne de celui-ci lorsque l’on aborde le sujet des figures
surnaturelles).
• Fausse piste : il se fâche après que les émissaires aient
dit ou fait quelque chose, et refuse ensuite de leur
parler à nouveau.
• Vital : le père Chavez occupe cette position de pas-
teur dans la communauté depuis 20 ans. Il ne croit
pas en l’existence d’El Cucuy, et la légende d’El Bo-
tador le dérange car, selon lui, elle aurait des racines
très probablement païennes. Il semble manifeste-
ment nerveux au cours de la conversation.
• Intéressant : il suggère que les archives de l’église
puissent contenir plus d’informations sur les sujets
qui intéressent les personnages (il ne croit pas qu’ils
y découvriront quoi que ce soit d’utile et pense leur
faire perdre ainsi du temps). Le prédécesseur du père
Chavez, le père Gutierrez, a été le dernier à diriger la
cérémonie d’El Botador au sein de l’église, quelques
années cependant avant la prise de fonction de Cha-
vez. Celui-ci ne sait pas pourquoi cette tradition s’est
terminée, mais il suppose que cela a un rapport avec
la santé déclinante du père Gutierrez lors des der-
nières années de son service. Sans doute, n’en avait-il
plus l’énergie. Si les émissaires interrogent l’un des
plus vieux habitants de la ville sur le père Chavez,
celui-ci leur apprend que l’église dispose d’une bi-
bliothèque ou d’une salle d’étude secrète dans les
quartiers du prêtre.
• Ésotérique : le père Chavez semble amer en évoquant
les enfants disparus. Il ne paraît vraiment pas préo-
cupé par leur sort. Un résidant interrogé au sujet du
prêtre indique qu’il a pourtant rencontré les parents
des enfants juste après leur enlèvement, mais qu’il
ne s’est pas rendu particulièrement disponible pour
eux par ailleurs.
Une fois que les PJ ont parlé avec le père Chavez,
ajoutez un jeton lumière. Si les émissaires tentent une
Perception de l’Inconnu en présence du père Chavez, il
apparaît comme une personne toute à fait normale grâce
à son Aspect Indiscernable.
26
Le manoir Domingo
Jerry Domingo est l’héritier de la fortune de la famille
Domingo et il vit toujours sur les terres de ses ancêtres.
La demeure d’origine a été détruite il y a fort longtemps,
et Jerry a fait bâtir un majestueux manoir pour sa femme,
son fils et lui. L’accès à la résidence est barré par un grand
portail, mais si les émissaires se font accompagner par le
shérif, Jerry Domingo les laisse entrer sans problème. Sans
le shérif Vela, il faut réussir un test général de Communi-
cation, associé à une histoire plausible, pour se voir ouvrir
la porte.
Jerry laisse les émissaires faire le tour des environs,
mais les accompagne (après tout, il ne sait pas grand-
chose d’eux et n’a aucune raison de leur faire a priori
confiance). Jerry ne sait rien de l’Inconnu. Il est bapti-
sé dans la religion catholique, mais assiste rarement à la
messe et n’est pas très croyant. Par contre, son inquiétude
pour Carlito est palpable au regard des récents kidnap-
pings, et il éprouve une sincère compassion envers les
autres familles et leur douleur. Aussi, il répond aux diffé-
rentes questions, même les plus étranges, si on lui assure
que cela peut aider à résoudre l’affaire.
Le domaine s’avère très vaste et il faut au moins une
heure pour en faire le tour. Les ruines de la grange brûlée
ont disparu depuis longtemps, mais il y a un cimetière
familial sur ces terres qui inclut un grand mausolée, un
monument dédié à la mémoire des trois garçons décé-
dés dans l’incendie. Si les émissaires n’ont pas encore
découvert l’histoire de la scission entre Javier et Rafael
Domingo, Jerry la leur racontera. S’ils cherchent à Perce-
voir l’Inconnu près du mausolée, ils ressentent une trace
résiduelle puissante, comme si une créature de l’Inconnu
se trouvait ici, mais a quitté les lieux. Le mausolée cache
une chambre secrète dans son sous-sol. Les émissaires la
remarqueront s’ils fouillent les lieux ou grâce à un test
général de Perception.
La chambre dissimulée est une ancienne salle d’étude,
dédiée à l’apprentissage de l’Art. Jerry n’avait aucune
idée de son existence. Elle contient une énorme table
de chêne et une bibliothèque supportant plusieurs grands
tomes reliés à la main.Tous sont pourris au point de tom-
ber presque entièrement en poussière. Toutefois, un livre
est ouvert sur la table et semble en assez bonne condition.
Tout émissaire qui désire l’examiner risque cependant de
l’endommager. Demandez au joueur un test général de
Dextérité. En cas d’échec, les pages craquent et se dé-
chirent dès qu’il essaie de les tourner ; appliquez un malus
de -30 pour toute fouille de la pièce. Les personnages
peuvent recueillir les informations suivantes en utilisant
Enquête ou toute spécialisation appropriée) :
• Vital : personne n’est venu ici depuis au moins un
siècle. Le livre est rédigé en espagnol, mais comporte
également des passages en portugais et en latin. La
grande majorité des pages s’avèrent illisibles à cause
des ravages du temps. La couverture reste toutefois
en assez bon état pour que l’on y déchiffre le nom
de « Javier Domingo» .
 Societas Argenti Viae Eternitata
• Intéressant : le livre regroupe les résultats des re-
cherches de Javier, débutées bien avant la mort de
ses neveux. Le dernier paragraphe indique une date
suivant de quelques semaines le jour de l’incendie.
Il y est fait plusieurs fois mention de « l’appel d’un
gardien»  et de « protéger la famille ». Il se lamente
de n’avoir pu sauver du feu les enfants de Rafael et
exprime sa détresse après que son frère ait décidé de
quitter le giron de leur famille.
• Ésotérique : quelques notes à peine lisibles de Javier
dans les marges d’un autre des livres révèlent qu’il
envisageait d’invoquer «  une ombre terrifiante  »
prête à surgir du mausolée de ses neveux si la lignée
des Domingo venait à être menacée par le « mal ».
La chambre secrète dans l’église
Trouver la pièce secrète dans l’église nécessite d’accéder
aux quartiers privés du père Chavez, et il n’y consentira
pas de son plein gré. Des émissaires entreprenant trouve-
ront certainement un moyen de distraire son attention
(par exemple, l’un d’eux pourrait être entendu en confes-
sion pendant que les autres se faufilent à l’étage ; n’hési-
tez pas à demander alors au personnage un test général
de Communication afin de garder sur lui l’attention du
prêtre). Il faut réussir un test général de Perception pour
découvrir l’emplacement de la pièce secrète (mais si les
joueurs ont récupéré les plans dans les archives de l’église,
ce jet ne s’impose plus), et un test général de Terrain afin
de crocheter la serrure. Ils découvrent alors cachés à l’in-
térieur les éléments nécessaires à la résolution du mystère.
• Fausse piste : le père Chavez a endossé le rôle d’El
Botador, et il essaie de sauver les enfants des griffes
d’El Cucuy. À cette fin, il a apparemment tenté d’ap-
prendre la discipline de l’Art : Protection.
• Vital : le père Chavez a endossé le rôle d’El Botador,
et a étudié la discipline de l’Art : Protection. Cepen-
dant, il a également effectué des recherches généa-
logiques sur toutes les familles de la ville, prenant
de nombreuses notes sur celles issues de la lignée
originelle des Domingo.
• Intéressant : de nombreuses notes du père Chavez au
sujet de l’Art explorent des applications plus insi-
dieuses et violentes que celles considérées comme
acceptables par la SAVE. En fait, l’organisation ca-
taloguerait même ces pratiques comme appartenant
à la Voie maudite plutôt qu’à l’Art. Les émissaires
découvrent une liste des enfants disparus avec une
coche à côté de leurs noms. Les derniers sont « Car-
lito Domingo », « Jerry Domingo », et un autre mot
totalement illisible.
LA CONFRONTATION
• Ésotérique : chaque coche après un nom d’enfant
est écrite de façon plus appuyée, plus frustrée voire
rageuse que la précédente, comme si Chavez était
en proie à une frustration forte et croissante. Les
émissaires réalisent que la note manuscrite illisible
en bas de la liste est juste le mot « yo » (« moi » en
espagnol).
À cet instant, les émissaires disposent de suffisamment
d’éléments pour pouvoir impliquer le père Chavez dans
les disparitions. Maintenant, ils doivent prendre les me-
sures nécessaires pour affronter l’Inconnu.
LA CONFRONTATION
El Cucuy est venu pour Carlito confronte les personnages
à l’écoulement du temps. Ils disposent de moins d’une
journée pour résoudre l’affaire et empêcher El Cucuy de
s’emparer de Carlito Domingo, mais l’histoire ne s’arrête
pas là. Même s’ils évitent cet enlèvement, leur travail n’en
est pas pour autant terminé.
El Cucuy viene por Carlito
Le 9 janvier, juste après minuit (la nuit suivant l’arrivée
des personnages), El Cucuy, ou plus exactement la créa-
ture que l’on confond avec El Cucuy, passe à l’action
contre Carlito Domingo. Son but consiste à s’emparer de
Carlito et de l’emmener dans un « endroit sûr », à l’abri de
tout danger. Le meneur de jeu doit toutefois garder à l’es-
prit que l’entité n’éprouve aucune considération pour les
êtres humains. Elle est issue de l’Inconnu et, bien qu’elle
ne se montre pas aussi hostile que les créatures habituelles
(du moins pas temps que la magie de Javier la maintient
en servitude), elle ne ressent en réalité aucune sympa-
thie particulière pour l’humanité. Elle désire par-dessus
tout recouvrer sa liberté. Elle sait que la mort de Chavez
pourrait la lui rendre, mais elle ne peut pas agir contre lui
(puisqu’il est également un descendant de la lignée des
Domingo).
La créature ne possède aucun moyen de communi-
quer directement avec les émissaires, aussi elle doit em-
prunter d’autres voies afin de les manipuler. Elle se sert
de ses pouvoirs d’illusion pour que des colliers prennent
l’apparence de rosaires, que les statues de la Vierge Ma-
rie pleurent des larmes de sang, bref, que les pensées des
personnages se tournent vers les églises et leurs prêtres. Si
elle parvient à s’approcher de Carlito, retournez un jeton
lumière afin d’activer sa discipline Téléportation. Décri-
vez alors les ombres s’insinuant autour du pauvre garçon,
l’enveloppant lui et ses cris de terreur avant de disparaître
avec l’enfant.
Il est possible que les émissaires se montrent ingénieux
afin de combattre El Cucuy.Voici quelques possibilités :
27
El Cucuy est venu pour Carlito
Attaque astrale : El Cucuy est vulnérable face à cette
discipline et il n’a aucune envie d’être détruit. Si on l’at-
taque ainsi, il fuit, peu importe les instructions données
par Javier.
Voix des morts : El Cucuy n’est pas un fantôme. Toute-
fois, si un émissaire se sert de cette discipline en présence
de la créature, il peut entrer en contact avec elle. El Cucuy
est prêt à expliquer aux personnages la vérité sur Chavez
et son pacte avec Javier. En échange, l’entité réclame leur
promesse de la libérer en éradiquant la menace pesant sur
la lignée. S’ils acceptent, elle jure à son tour de restituer
les enfants sains et saufs. D’ailleurs, elle leur en délivre
un immédiatement (au choix des émissaires) en signe de
bonne foi.
Disciplines de Protection : Ligne de défense ou
Sphère de protection tiendront El Cucuy éloigné de Car-
lito, et Bouclier mental le protègera pour la durée d’une
scène. El Cucuy attendra gentiment que les émissaires en
aient terminé, mais s’ils le repoussent définitivement, il
enlèvera Jerry à la place.
Éloigner Carlito : si les personnages amènent Carlito
loin du manoir, El Cucuy enlève Jerry à sa place. S’ils ont
l’idée d’éloigner le père et son fils, dans ce cas il les suit.
La créature n’est aucunement restreinte par une question
de distance ; elle a juste tendance à choisir le chemin qui
lui pose le moins de problèmes.
Mesures de protections : les personnages pour-
raient tracer une ligne de sel sur le seuil, ou y apposer un
crucifix (ou toute autre méthode de protection similaire
contre El Cucuy). Aucune ne fonctionne ; l’esprit n’est
pas assez lié au Monde connu pour avoir développé de
telles faiblesses.
Les ordres reçus par la créature l’obligent à protéger
avant tout les enfants. C’est pourquoi elle s’en prend à
Carlito, mais Jerry constitue également une cible valide.
El Cucuy n’a aucune instruction de ne pas tuer ou blesser
qui que ce soit d’autre qu’un descendant de la famille
Domingo, cependant, il n’a également aucune raison
d’agir ainsi. Si les émissaires lui offrent trop de marge de
manœuvre, ou même laissent Carlito Domingo seul, alors
El Cucuy enlève l’enfant et s’enfuit dans les ombres. S’ils
surveillent Carlito, mais que Jerry se retrouve seul, c’est le
père que kidnappe la créature.
Au matin, si El Cucuy a enlevé Carlito, Chavez vient
chercher Jerry et lui demande de l’accompagner à l’église
afin de prier pour son fils. Si toutefois c’est Jerry qui a
disparu, Chavez propose de s’occuper du garçon. Si les
émissaires ont découvert la vérité à son sujet, il reste ca-
ché dans les environs du domaine des Domingo, épiant
jusqu’à trouver un moyen de s’approcher du descendant
encore présent. Enfin, si les personnages lui compliquent
trop fortement la tâche, il renonce et choisit de sacrifier
sa propre personne lors de la nuit suivante.
28
CHILL
El Botador de Almas
Une fois que les personnages ont découvert la vérité sur
le père Chavez, il faut encore le trouver. Son objectif, une
fois El Cucuy venu enlever Carlito, consiste à s’emparer
du dernier descendant des Domingo (probablement Jerry,
mais aussi Carlito si El Cucuy a kidnappé le père à sa place).
Si les émissaires lui rendent la tâche impossible, il prépare
quand même son rituel et retourne le poignard sacrificiel
contre lui.
Il préfèrerait mener le rituel dans l’église, mais il dis-
pose d’une autre option — le mausolée. Si les émissaires
l’empêchent de s’approcher de l’un comme de l’autre, il
les attaque sur le site le moins bien surveillé à l’aide de ses
disciplines de la Voie maudite et une arme de poing. Son
but consiste à tenter de tuer, mettre hors de combat ou
éloigner les gardes, assez longtemps pour pouvoir mener
le rituel à son terme.
À cette fin, le père Chavez doit réciter un passage en
latin et taillader des symboles dans la chair du sacrifié,
puis le poignarder à mort. Peu importe la situation, le
prêtre tentera de mener à bien son rituel à tout prix. Les
émissaires doivent faire tout leur possible pour l’enrayer
et arrêter le père Chavez avant qu’il ne réussisse.
LA SUITE DES ÉVÉNEMENTS
Si les émissaires parviennent à empêcher le père Chavez
de finaliser son rituel, ils ont alors sauvé la vie de toutes
les victimes. El Cucuy apparaît devant eux, la pièce s’obs-
curcit lentement jusqu’à ce que les personnages ne voient
plus rien (si l’un des émissaires utilise Bouclier mental ou
Vision des morts, il risque de le regretter ; demandez au
joueur un test de Terreur, au niveau Traumatisme grave,
puisque son personnage plonge le regard sur l’Incon-
nu). Lorsque la lumière revient, les personnes enlevées
par El Cucuy leur sont rendues. Elles gisent sur le sol, se
réveillant d’un profond sommeil et n’ayant conservé au-
cun souvenir de l’endroit où elles se trouvaient (bien que
toutes feront de terribles cauchemars pendant les années
suivantes).
Si les émissaires se montrent incapables de stopper la
cérémonie, alors le père Chavez réussit à anéantir la lignée
des Domingo. S’il doit pour cela se sacrifier lui-même, il
meurt en atteignant son but ultime. Sinon, il décède au
même moment que tous les autres descendants de la lignée
des Domingo (fort surpris, tant il était persuadé que son
statut d’El Botador le protégerait !). Les corps des personnes
enlevées par El Cucuy réapparaissent autour du père Cha-
vez, mortes, rigides et froides.
PÈRE EDUARDO CHAVEZ, EL BOTADOR DE ALMAS
SVT : 90 (Puissant) REF : 55 VIG : 40
Blessures : Superficielle, Mineure -10, Grave -20, Majeure -30,
Critique -50, Mortelle
Disciplines : Confession, Fermeture, Malédiction, Paralysie, Regard
pénétrant, Terreur, Vieillissement
Aspects : Indiscernable, Spécialisation (pistolets +15), Insensible,
Vigoureux
 Societas Argenti Viae Eternitata

JOUER « EL CUCUY EST VENU POUR CARLITO »

L’ESPRIT DU PACTE DE SANG, EL CUCUY Ce scénario illustre parfaitement le danger qui
SVT : 85 (Puissant) REF : 70 VIG : 40 consiste à se reposer sur des a priori et le folklore. Les ru-
Blessures : Superficielle, Mineure -10, Grave -20, Majeure -30,
meurs concernant El Cucuy pourraient amener les émis-
Critique -50, Mortelle saires à croire que la créature qui enlève les enfants est en
Disciplines : Apparition, Blackout, Confusion, Illusion, Modification
fait le croque-mitaine et qu’El Botador de Almas — le père
de la température, Téléportation Chavez — représente la clef pour résoudre le problème.
Aspects : Exsangue, Immatériel, Réincarnation, Exécration (El
Le prêtre est plus que capable de mener les personnages
Botador de Almas), Vol par le bout du nez s’ils ne cherchent pas à prendre un peu
de recul sur les événements. Amenez les joueurs à penser
SHÉRIF RONALD VELA qu’El Cucuy est responsable de tout cela. Les habitants en
parlent, leurs enfants expriment leur peur du croque-mi-
VOL : 60 REF : 55 VIG : 50
taine, mais il n’y a aucune preuve directe confirmant cette
Spécialisations : Armes de poing (E70), Médiation (D75) hypothèse.
Motivation : « Je veux protéger ma communauté » Tenez à jour la chronologie, demandez aux joueurs
s’ils souhaitent « passer un peu plus de temps » sur leurs
recherches ou à discuter avec les résidents... puis retour-
JOUER « EL CUCUY EST VENU POUR CARLITO » nez un jeton lumière et annoncez que le soleil se couche.
Le rythme de cette affaire doit être intense et rapide. Les
Cette affaire peut facilement faire suite au scénario De personnages ne disposent que de quelques heures avant
bonnes clôtures font de bons voisins, si vous l’avez déjà qu’El Cucuy ne passe à l’action, et il leur faut découvrir la
fait jouer. Par exemple, les émissaires se sont montrés si bril- vérité le plus rapidement possible.
lants que la SAVE leur assigne aussitôt une autre mission.

29
El Cucuy est venu pour Carlito CHILL

ORDRE DE MISSION

SAVE de Brownsville (7 janvier 2016, 18:52)

à : <liste des destinataires masquée>

Cette mission revêt un caractère urgent. Le shérif (et émissaire de la SAVE) de Los Fresnos, Texas, une
petite communauté agricole près de Brownsville, rapporte que trois enfants sont portés disparus depuis la
semaine dernière. Très peu d’informations sont disponibles à l’heure actuelle. Le shérif, Ronald Vela, demande
l’assistance immédiate de la SAVE, en raison des circonstances étranges entourant les disparitions.
Son rapport indique que les victimes se sont volatilisées dans leurs maisons, sans aucun bruit ni traces
d’effraction. Il signale également que la population locale, tout comme les parents des garçons disparus,
commencent à évoquer la légende de « El Cucuy » (cou-cou-y), une version mexicaine du croque-mitaine.
Aucune preuve ne vient actuellement confirmer cette hypothèse, et nos archives ne disposent d'aucun rapport
nous assurant de l'existence d'une telle créature. Toutefois, de nombreuses entités de l'Inconnu s’en prennent
aux enfants.
Les modalités de votre voyage sont déjà réglées, vous arriverez à Los Fresnos demain matin. Rencontrez le
shérif Vela, interrogez les familles des disparus (l’aide du shérif pourrait vous être précieuse ici), et déterminez
si l’Inconnu est impliqué ou non. Si la réponse est oui, prenez toutes les mesures nécessaires pour retrouver
les enfants disparus et, si possible, détruire la créature qui en est responsable.
Merci, et que Dieu vous bénisse.

Amon Salazar
SAVE, Brownsville
30

On ne réveille pas
le chien qui dort
Une petite ville de montagne connaît une série de dispar-
itions, caractérisée par la présence d’empreintes de pattes
marquant la roche comme au fer rouge. La SAVE a déjà
rencontré ce genre de présage, et sait qu’elle ne dispose
que de très peu de temps avant que ne surviennent des
morts atroces.
Caractéristiques importantes : Rêve prémonitoire
peut s’avérer utile afin de récolter les informations les
plus ésotériques associées à cette affaire. Nous suggérons
l’emploi de Bénédiction afin d’exploiter la Faiblesse spé-
ciale du Chasseur  ; enfin, Sphère de protection devrait
permettre de tenir à distance les Limiers hurleurs. Il serait
souhaitable qu’au moins l’un des personnages soit entraî-
né dans la compétence Recherches, avec de préférence
une spécialisation en Folklore. La compétence Enquête,
spécialisée autour des Antiquités/Reliques représente
une alternative viable. Un passé dans les forces de l’ordre
pourrait également s’avérer bénéfique lorsqu’il faudra
JOUER « EL CUCUY EST VENU POUR CARLITO »
négocier avec le département du shérif. Une Source
d’information fiable sur les antiquités ou le folklore sera
d’une aide appréciable. Enfin, au moins l’un des person-
nages devrait être un combattant aguerri.
Personnages suggérés : Basil «  BB  » Bottomley, Mi-
randa Chase, Tessie Dillon, Détective Hector Gonzalez,
Roland Hollister, Amy Veeres
Menace principale : Le Chasseur, une puissante créa-
ture unique, nourri par la vengeance et la justice perver-
tie.
Menace secondaire : Les Limiers hurleurs, des êtres
humains transformés en viles créatures grâce à la disci-
pline Mutation monstrueuse.
31
On ne réveille pas le chien qui dort CHILL
LA SITUATION
Située à environ 130 km (80 miles) au nord de Kalispell,
la petite ville de Stone Hill se niche dans une vallée ac-
crochée au flanc occidental des Montagnes Rocheuses.
Bien qu’elle abrite moins de cinq mille résidents, Stone
Hill centralise les activités éducatives et commerciales
du comté. Des bus y acheminent les écoliers depuis les
différentes communes rurales environnantes. Les façades
des bâtiments ont conservé l’architecture typique de la
conquête du territoire, et plusieurs d’entre elles ont été
classées au patrimoine, par la Société historique locale.
À l’ouest de Stone Hill se trouve Stone Lake, une
étendue d’eau profonde creusée dans la montagne par
le retrait des glaciers. Une épaisse forêt vierge cerne de
part et d’autre le lac, riche en poissons. La zone boisée
abrite également un gibier varié et nombreux. Ajoutant à
cela des paysages pittoresques, Stone Lake attire en toute
saison chasseurs, pêcheurs, promeneurs, plaisanciers, cam-
peurs et vacanciers. Les autochtones se sont habitués à la
présence des touristes et des voyageurs de passage dans et
autour de leur ville, et se montrent, généralement, plutôt
amicaux et accueillants.
La culture de la haine
Jakob Dreger n’a jamais été l’enfant chéri de la ville. Ado-
lescent brutal, il est devenu un détestable pervers en gran-
dissant, avant de se voir expédié en Afghanistan durant
son service militaire. Il servit là-bas dans la même unité
que Thomas Noone, qui fut tué au combat. De retour à
Stone Hill, Dreger reprit à son compte l’entreprise fa-
miliale située à la sortie de la ville, la Casse Automobile
Dreger.
Sean Noone, le fils de Thomas, est obsédé par la mort
de son père. Après des mois de recherches, il finit par dé-
couvrir que son père couvrait la progression de Dreger
lorsqu’il fut abattu par un sniper insurgé. Sean s’en prit
alors plusieurs fois à Dreger jusqu’à en venir aux mains,
pour finalement faire l’objet d’une ordonnance restrictive.
Sean a juré de faire payer celui qu’il rend responsable
de la mort de son père et, durant l’automne 2013, il com-
mença à organiser des raids nocturnes contre l’entreprise
de Dreger. Il lui vola du matériel onéreux et des outils
indispensables à ses affaires, et recouvrit les murs de la
casse d’insultes et de calomnies, à l’aide d’une bombe de
peinture. Dreger rapporta chacun de ces délits à l’autorité
de police locale, le shérif Daisy Ratherford, qui enquê-
ta sur chaque cas. Mais elle ne trouva jamais de preuves
suffisamment accablantes contre Sean pour l’arrêter et le
faire condamner. Elle laissa toutefois le dossier ouvert et
elle conseilla à Dreger de prendre des chiens pour assurer
la garde nocturne de la casse.
Juste avant Noël 2013, Dreger fit donc l’acquisition
de trois dobermans, tous dressés pour l’attaque et la garde.
La couche de neige devenant bien épaisse, et trois chiens
féroces surveillant la casse, Sean mit un terme à ses ef-
fractions nocturnes, de peur d’être pris. Il profita alors de
l’hiver pour échafauder un nouveau plan.
32
En février 2014, Sean recommença à vandaliser la
propriété de Dreger. Pour écarter la menace des chiens,
il leur donna de la viande bourrée de sédatifs. Dreger
vint une nouvelle fois se plaindre au bureau du shérif et
Ratherford reprit son enquête, espérant que l’analyse de
la viande lui fournirait une piste solide. Les résultats des
analyses identifièrent des somnifères génériques, souvent
prescrits et faciles à obtenir. Ratherford remarqua que la
mère de la petite amie de Sean, Sondra Bergman, utilisait
ces sédatifs. Mais une fois encore, tel était le cas de la moi-
tié de la ville. Elle dut à nouveau renoncer aux poursuites,
faute de preuve directe pour appuyer ses investigations.
Dreger prit cette nouvelle assez mal. Ivre et résolu
à en découdre, il interpella violemment Ratherford le 9
avril 2014. Ses insultes le conduisirent à passer la nuit en
cellule de dégrisement. De retour à la casse une fois relâ-
ché le lendemain matin, Dreger découvrit les cadavres de
ses chiens, des parties arrachées au grillage et sa maison
saccagée. Cette fois, Jakob Dreger n’alerta aucunement
le shérif Ratherford ; il enterra ses chiens et décida de
s’occuper lui-même du problème. Peu après, il sabota les
freins et les systèmes de sécurité de la voiture de Sean
pour que cela ressemble à une défaillance mécanique.
La nuit du 19 avril 2014, Sean conduisait pour ren-
trer chez lui après une visite chez sa petite amie, Ellie
Bergman, quand il perdit le contrôle de son véhicule.
La voiture traversa le talus longeant la route, dévala une
pente abrupte et s’encastra dans un arbre. L’airbag ne se
déclencha pas. Des heures après l’accident, un chasseur
matinal fit sa découverte, attiré par un reflet du soleil le-
vant sur les phares de l’épave enfouie sous les arbres. Sean
était encore vivant, mais à peine. Les secours l’extirpèrent
de la carcasse du véhicule et l’acheminèrent en hâte vers
l’hôpital. Mais Sean décéda en route et fut déclaré mort à
son arrivée aux urgences.
Ratherford ouvrit une enquête sur l’accident, sus-
pectant l’implication de Dreger. Il lui fallut des semaines
d’investigation, avec des examens approfondis par la po-
lice scientifique, une reconstitution de la scène du crash,
le recueil d’opinions d’experts des accidents routiers, et
des dizaines d’entretiens avec les riverains.Tous les indices
convergeaient vers une défaillance mécanique due à un
mauvais entretien du véhicule, appuyés par des témoi-
gnages accablants sur la conduite de Sean et les factures
de son garagiste préféré. De plus, l’autopsie de Sean révéla
un taux d’alcoolémie post-mortem bien supérieur à la li-
mite autorisée. Malgré ses doutes, Ratherford se résigna à
conclure que l’accident avait été causé par l’abus d’alcool
du conducteur associé à une défaillance mécanique, puis
l’affaire fut close.
Ellie, la petite amie de Sean, ne l’entendait pas de cette
oreille. Convaincue de la culpabilité de Dreger, elle se
disputa violemment avec lui. Sa mère, inquiète pour la
santé mentale de sa fille, consulta son pasteur, le révérend
Evan Beaumont. Sur ses conseils, elle décida d’envoyer
Ellie passer quelques jours chez sa grand-mère à Portland,
espérant que le temps aiderait sa fille à faire son deuil et
accepter la mort de Sean.
La grand-mère d’Ellie, une femme âgée d’origine al-
lemande, essaya de la réconforter avec des histoires de son
folklore natal, pleines de fantômes et de créatures féé-
 Societas Argenti Viae Eternitata
riques qui punissent les méchants. Cela n’eut pas l’effet
escompté. Sa petite fille passa son temps sur l’internet
de la bibliothèque de Portland, faisant des recherches
sur les contes de fées et les rituels occultes. De retour à
Stone Hill, elle avait bien l’intention d’invoquer un esprit
vengeur pour obtenir justice contre Dreger, Beaumont,
Ratherford, et toutes les autres personnes qu’elle consi-
dérait responsables de la mort de Sean.
Sous le couvert de la nuit, elle se rendit sur le lieu
de l’accident et, grâce à un rituel improvisé à partir de
différentes sources, invoqua l’aide des forces surnaturelles
pour venger la mort de Sean. Le Chasseur a entendu l’ap-
pel d’Ellie et y a répondu, la réduisant par cette même
occasion à sa merci.
La chasse commence
Par l’intermédiaire de la discipline Mutation monstrueuse
de la Voie maudite, le Chasseur a transformé Ellie pour en
faire son premier Limier hurleur et son point d’appui à
Stone Hill dans la poursuite de son dessein. Le désir de
vengeance de la jeune fille s’est trouvé démultiplié par
sa transformation. Aussi, elle a immédiatement conduit
le chasseur vers la deuxième de ses victimes : le révérend
Evan Beaumont. Bien qu’elle le croit complice d’avoir
caché la vérité sur la mort de son petit ami, Beaumont
n’a en réalité commis aucun crime. Par conséquent, le
Chasseur s’est contenté de le transformer à son tour en
Limier hurleur.
Sondra, la mère d’Ellie, alerta la police sur sa dispari-
tion dès l’après-midi suivant. Le shérif Ratherford ouvrit
donc aussitôt une enquête. Plus tard, dans la même jour-
née, la femme de ménage du révérend Beaumont, Agnès
Duquesne, signala également la disparition de son em-
ployeur.
Poussée par son intuition, Ratherford décida alors
d’agir comme si les deux affaires étaient liées.Alors qu’elle
se rendait en voiture d’un lieu d’enquête à l’autre, les Li-
miers hurleurs l’attaquèrent, la rabattant vers le Chasseur.
Une fois de plus, malgré les certitudes d’Ellie, Ratherford
était innocente de toute tentative d’étouffer le meurtre,
aussi le Chasseur en fit son troisième Limier hurleur.
À ce moment, Aileen Deveaux, veuve d’un émissaire
de la SAVE originaire de Buffalo, contacta l’organisation.
Elle fit part des empreintes de pattes incrustées dans le
bitume de la route et demanda à la SAVE d’envoyer une
équipe enquêter.
Pendant ce temps, la chasse se poursuivait. Toujours
nourri par le désir d’Ellie Bergman de venger la mort de
Sean Noone, le Chasseur élargit sa traque aux dernières
personnes l’ayant vu vivant. Parmi celles-ci, il découvrit
les coupables qu’il recherchait. Freddy Mills, le médecin
légiste, commit une erreur en autopsiant Sean, en statuant
que la victime était totalement ivre au volant. Puisque
ce «  crime  » avait contribué à classer l’affaire, le Chas-
seur décida de se lancer en premier sur sa trace. Daryl
Richards, un pompier volontaire présent sur la scène de
l’accident, avait laissé mourir quelques mois plus tôt, une
vielle femme dans l’incendie d’une maison. Ezra Merkel,
le chasseur qui découvrit le corps de Sean, avait tué par
CHRONOLOGIE
erreur un collègue de chasse plusieurs années auparavant,
puis enterré le corps dans les bois. Jan Kaplan, l’infirmière
qui accompagnait Sean dans l’ambulance, avait pris l’ha-
bitude d’administrer des doses létales de médicaments à
des vieillards et des malades en phase terminale.Toutes ces
personnes devinrent des victimes potentielles du Chas-
seur, forcées à confesser leurs pêchés avant d’être mises
en pièces par les Limiers hurleurs. À moins que la SAVE
n’intervienne à temps.
L’ultime victime du Chasseur est Jakob Dreger lui-
même. Les Limiers hurleurs le tuèrent puis retrouvèrent
alors leur forme humaine avant d’errer dans les bois, en
proie à la plus grande confusion. Seule exception, Ellie
qui, après avoir repris son apparence normale, décèda,
heureuse d’avoir vengé le meurtre de Sean.
CHRONOLOGIE
Été 1999 : Thomas Noone meurt en couvrant Jakob
Dreger dans une opération en Afghanistan, laissant
derrière lui une veuve et son jeune fils. Un peu plus
tard, blessé au combat et déclaré inapte au service,
Dreger rentre chez lui et reprend l’entreprise fami-
liale, la Casse Automobile Dreger, à Stone Hill.
Automne 2013 : Sean Noone commence à vandali-
ser la casse de Dreger, vole de l’outillage et des pièces
d’équipement onéreuses, et peint des graffitis inju-
rieux sur sa maison et son hangar. Dreger porte plu-
sieurs fois plainte auprès du bureau du shérif. Daisy
Ratherford enquête mais ne relève aucune preuve
contre un éventuel suspect.
Hiver 2013 : Dreger fait l’acquisition de chiens pour
monter la garde la nuit. Sean arrête ses raids noc-
turnes et prépare un nouveau plan.
Février 2014 : les actes de vandalismes recom-
mencent. Dreger suspecte maintenant Sean et sa
petite amie, Ellie Bergman, d’être coupables de ces
délits. Ellie est innocente, mais Sean l’utilise comme
alibi. Rutherford ne trouve pas plus de preuves im-
pliquant le couple et doit à nouveau renoncer aux
poursuites.
Mars 2014 : la tension monte encore. Sean com-
mence à droguer les chiens de Dreger.
9 avril 2014 : après une nuit passée en cellule de
dégrisement, Dreger rentre chez lui pour y trouver
ses chiens morts, manifestement d’une overdose de
sédatifs. Cette fois, il ne porte pas plainte, se contente
d’enterrer les animaux et rumine sa vengeance.
19 avril 2014 : Dreger trouve l’occasion de saboter
les freins et le système d’airbag de la voiture de Sean.
Grâce à ses connaissances en mécanique, il maquille
son travail pour que cela ressemble à une panne or-
dinaire causée par un manque d’entretien. Rentrant
33
On ne réveille pas le chien qui dort CHILL
de chez Ellie la nuit suivante, Sean se tue dans l’acci-
dent qui projette son véhicule contre un arbre après
un virage pris trop vite.
20 avril 2014 : Ezra Merkel (57 ans), un chasseur
local et matinal, découvre la voiture accidentée dans
les bois. Sean est toujours vivant, mais respire à peine.
Des pompiers volontaires, dont Daryl Richards (34
ans), arrivent sur place et le désincarcèrent. L’infir-
mière de garde, Jan Kaplan (47 ans), accompagne
les pompiers et tente de maintenir Sean en vie. Un
transport d’urgence de la clinique arrive trente mi-
nutes plus tard. Sean décède de ses blessures en route
pour l’hôpital Kalispell. Ces personnes deviendront
par la suite des proies du Chasseur.
21 avril 2014 : le shérif Ratherford ouvre une enquête
sur les circonstances de la mort de Sean Noone.
23 avril 2014 : nouveau à son poste et inexpérimenté,
le médecin légiste Freddy Mills (23 ans), effectue
l’autopsie de Sean. Il relève un fort taux d’alcoo-
lémie dans le sang, bien au-dessus de la limite au-
torisée. Il estime qu’il devait être encore plus élevé
au moment de l’accident, oubliant de tenir compte
du processus microbien produisant post-mortem de
l’éthanol dans le cadavre.
27 avril 2014 : Sean est enterré dans le caveau fami-
lial, à côté de son père. Le révérend Evan Beaumont
dirige la cérémonie. Ensuite, il discute avec Ellie, lui
conseillant de faire son deuil et de ne plus penser à
cet accident. Elle suspecte alors Beaumont de cacher
la vérité.
12 mai 2014 : le shérif Ratherford soupçonne Dreger
d’être responsable de la mort de Sean, cependant elle
ne peut rien prouver. Avec les éléments dont elle
dispose, elle doit conclure que le garçon conduisait
trop vite et sous l’emprise de l’alcool. Le mauvais
entretien du véhicule aurait, lui, conduit au dysfonc-
tionnement des freins et du système d’airbag. Elle
clôt ainsi l’affaire.
15 mai 2014 : Ellie agresse physiquement Jakob Dre-
ger, l’accusant de la mort de Sean. Dreger demande
une ordonnance restrictive à son encontre. Sondra
Bergman envoie sa fille à Portland, passer quelques
jours avec sa grand-mère.
25 juillet 2014 : Ellie revient à Stone Hill. La nuit sui-
vante, elle invoque le Chasseur et devient le premier
Limier hurleur. Le révérend Beaumont est transfor-
mé à son tour un peu plus tard dans la nuit.
26 juillet 2014 : Sondra Bergman signale la dispari-
tion de sa fille. Agnès Duquesne alerte le shérif de la
disparition du révérend Beaumont. Ratherford dé-
bute son enquête.
34
27 juillet 2014 : Ratherford tombe entre les griffes
du Chasseur, devenant le troisième Limier hurleur.
Son adjoint, Avi Mendel (34 ans), trouve sa voiture
abandonnée au bord de l’autoroute, gyrophares allu-
més et portière ouverte.
28 juillet 2014 : Aileen Deveaux (48 ans), membre
de la Société historique et veuve d’un ancien émis-
saire de la SAVE, transmet à l’organisation un lien
vers un article de presse locale traitant de ces dispa-
ritions. Dans son courriel, elle fait également men-
tion d’empreintes de pattes ayant brûlé la surface de
l’asphalte et de rochers.
Début du scénario pour les personnages
30 juillet 2014 : première victime. Le cadavre de
Freddy Mills est retrouvé dans son bureau de mé-
decine légale. Sa gorge a été arrachée. Une copie
du rapport d’autopsie de Sean est ouverte sur son
bureau. Dessus, une empreinte de main sanglante et
ces mots écrits avec du sang au dos du dossier : « J’AI
COMMIS UNE ERREUR ».
31 juillet 2014 : deuxième victime. Ezra Merkel
est tué par les Limiers sur les rives de Stone Lake.
Dans ses poches se trouve un plan dessiné à la hâte,
éclaboussé de sang, indiquant la localisation d’une
tombe cachée dans la forêt depuis dix ans. C’est là
qu’il a enterré le cadavre de son collègue tué par
accident lors d’une partie de chasse.
1er août 2014 : attaque échouée. Tard dans la nuit, Jan
Kaplan est attaquée par trois énormes chiens alors
qu’elle revenait d’une visite au presbytère, chez Agnès
Duquesne, pour lui administrer son traitement. Elle se
précipite dans le cimetière derrière l’église et, remar-
quant que les animaux refusent de l’y suivre, reste là
toute la nuit, blottie contre une stèle.
2 août 2014 : troisième victime. Nouvelle tentative,
les Limiers parviennent à atteindre Jan Kaplan dans
sa propriété, juste après le crépuscule. Une piste par-
tielle de chiens est visible dans le gravier de l’allée et
sur le trottoir. Avant de mourir, elle a inscrit sur le
mur de sa maison, avec son propre sang, une liste de
noms d’anciens patients. Tous, très âgés et invalides,
sont morts alors qu’elle s’occupait d’eux. À la suite
de la liste, est écrit de sa main : « JE LES AI TUÉS
PAR COMPASSION ».
3 août 2014 : quatrième victime. Le corps de Daryl
Richards est découvert par un promeneur matinal
près du parc canin. Richards était sous le coup d’une
enquête après la mort suspecte d’une vieille femme
dans l’incendie d’une maison, six mois plus tôt. Il a
été déchiqueté par des chiens, mais impossible de
trouver une piste à proximité du cadavre. Juste avant
sa mort, il a griffonné dans la boue les mots « C’EST
MA FAUTE », forcé par le Chasseur à reconnaître
sa culpabilité.
 Societas Argenti Viae Eternitata

L’affaire
4 août 2014 : dernière victime. Jakob Dreger subit • Intéressant : Ellie Bergman a disparu le jour même où
une mort atroce dans sa casse, après avoir été obligé elle revenait de Portland. Elle y avait passé quelques
par le Chasseur à confesser par écrit, dans la boue temps afin de se remettre de la mort de Sean.
sanguinolente, sa confession du meurtre de Sean
Noone. On découvre près de son cadavre celui d’El- • Ésotérique : selon des rumeurs, Ellie aurait accusé un
lie Bergman, intact et le sourire aux lèvres. mécanicien de la ville, nommé Jakob Dreger, d’être
responsable de la mort de Sean. Les relations entre
5 août 2014 : Ratherford et Beaumont sont retrouvés Jakob Dreger et Sean Noone étaient carrément hou-
errant dans les bois, sonnés et sans aucun souvenir leuses. Cela remontait à l’époque où le premier était
de ces derniers jours, quand ils étaient sous l’emprise militaire en service avec Thomas Noone, le père du
du Chasseur. second. Aileen suspecte que le révérend Beaumont
puisse posséder quelque talent dans l’Art.
L’AFFAIRE
Le Chasseur - Recherches
Aileen a toutes les compétences nécessaires pour assis-
La SAVE fournit aux émissaires un moyen de transport
ter les personnages dans leurs recherches sur le Chasseur,
rapide jusqu’à Stone Hill, un logement sur place et de
mais les émissaires sont libres d’accepter ou non son aide.
quoi payer leurs frais. La Société réalise parfaitement que
le Chasseur est un adversaire dangereux, pour l’avoir déjà
• Fausse piste : le Chasseur est un démon issu de l’En-
affronté par le passé. Les émissaires ne disposent que d’un
fer, il ne peut atteindre aucune personne portant
temps limité afin de le débusquer et le détruire avant qu’il
une croix ou un crucifix. Les gens transformés en
n’achève sa mission meurtrière et ne disparaisse.
Limiers hurleurs sont damnés et ne peuvent être ra-
Selon toute logique les émissaires devraient commen-
menés à leur forme initiale.
cer leur enquête en rencontrant Aileen Deveaux, qui peut
leur fournir de nombreuses informations générales. Dès
• Vital : le Chasseur ne tue que ceux qui ont jusque-
lors, plusieurs choix s’ouvrent à eux, comme faire des re-
là échappé à la punition de leurs crimes et de leurs
cherches sur le Chasseur et les légendes qui lui sont asso-
péchés. Certains rites et rituels peuvent le tenir éloi-
ciées, interroger les autochtones en lien avec l’affaire, et
gné, ou apaiser sa colère, comme par exemple offrir
réussir à établir une liste des victimes potentielles.
du pain et du sel. Il change les gens en monstres
appelés « Limiers hurleurs » grâce à la discipline Mu-
tation monstrueuse.
Entretien initial - Aileen Deveaux
• Intéressant : le Chasseur est une entité apparaissant
Aileen se montre amicale envers les émissaires de la SAVE
dans de nombreuses cultures. Il est considéré comme
et tente de les aider autant qu’elle le peut, du moins tant
soit un esprit de vengeance, soit un justicier. Il doit
que cela ne met pas directement sa vie en danger. La perte
cependant obéir à certaines règles, telle que l’hospi-
de sa femme, Lisa Lavoie, l’a toutefois profondément af-
talité - il ne peut blesser quelqu’un qui lui a offert à
fectée. Si elle venait à découvrir que l’un des personnages
la fois le pain et le sel.
était impliqué, directement ou non, dans la mort d’un
autre émissaire, son attitude deviendrait alors froide et
• Ésotérique : le Chasseur ne frappe pas au hasard, mais
distante à leur encontre, impliquant un malus de -10 à
il suit un schéma d’actions bien précis. Ce plan
tous les tests d’interaction.
semble déterminé par les personnes précises qu’il
Note : si l’un des personnages souhaite faire d’Aileen
transforme en Limiers hurleurs. Aussi, sauver ou tuer
une Source d’Information (ce qui est plutôt une bonne
ces gens pourrait altérer la liste de ses cibles.
idée au vu de son parcours universitaire et ses relations
personnelles avec la SAVE), il doit dépenser 2PD (voir p.
56 du livre de base de Chill).
Suite à un test d’Entretien réussi, voici les indices que Personnes intéressantes
peut leur fournir directement Aileen. Elle peut également
assister les émissaires dans leurs recherches, ce qui octroie
Sondra Bergman — Entretien
Note : Sondra est traumatisée par la disparition de sa fille,
un bonus de +20 au test de Recherches du personnage
elle a du mal à faire attention aux questions la première
qui en bénéficie.
fois qu’on les lui pose. Si le joueur l’approche de manière
trop directe, ou se sert d’une spécialisation inappropriée
Aileen Deveaux - Entretien à son état telle qu’Interrogatoire, appliquez un malus de
-20 à son test. L’utilisation de spécialisations comme Em-
• Vital : la jeune fille qui a disparu, Ellie Bergman, a pathie ou Psychologie évite de subir cette pénalité.
récemment perdu son petit ami, Sean Noone, dans
un tragique accident de voiture. Selon toute vrai- • Vital : Ellie est devenue très en colère après le dé-
semblance, il conduisait ivre et son véhicule a quitté cès de son petit ami, Sean. Elle a passé beaucoup de
la route pour finir sa course dans un arbre. temps sur le site de l’accident. Ellie accusait Jakob
35
On ne réveille pas le chien qui dort CHILL
Dreger de la mort de Sean ; Sondra est au courant
que les deux étaient en très mauvais termes, mais ne
sait pas vraiment pourquoi. Elle a envoyé sa fille pas-
ser quelques jours chez sa grand-mère (la mère du
mari de Sondra) à Portland, afin qu’elle se remette.
• Intéressant : Ellie agissait bizarrement le jour où elle
est rentrée à la maison, mais elle a surtout dit à sa
mère qu’elle allait sur le site de l’accident de Sean
afin de lui dire adieu.
• Ésotérique : la grand-mère d’Ellie est passionnée par
le folklore et les contes de fées de son pays d’origine,
et sa petite fille a commandé en ligne des livres sur le
sujet quand elle se trouvait encore à Portland.
Shérif adjoint Avi Mendel — Entretien
L’adjoint Mendel est surchargé de travail et visiblement
débordé après la disparition du shérif Ratherford. Il ré-
pond plus volontiers aux questions de professionnels des
forces de police qu’à des civils, surtout s’ils peuvent lui
fournir quelques conseils ou avis pour l’aider à s’en sortir.
• Vital : le bureau du shérif a reçu plusieurs rapports
signalant des chiens sauvages dans les environs de la
ville, comme au parc canin ou dans les bois au nord.
• Intéressant : Ratherford pensait que tous ces étranges
événements survenus récemment étaient liés entre
eux d’une manière ou d’une autre.
• Ésotérique : Ratherford suspectait Dreger d’être res-
ponsable de la mort de Sean Noone, mais n’a pu
réunir l’ombre d’une preuve pour l’incriminer.
Agnès Duquesne — Entretien
Agnès est âgée d’une cinquantaine d’années, et elle tra-
vaille pour le révérend Beaumont depuis dix ans. L’idée
que quelque chose ait pu lui arriver la panique et elle
fournira toute l’aide dont elle est capable.
• Vital : le révérend Beaumont a dirigé les funérailles
de Sean Noone, et il a proposé son aide à Ellie. C’est
lui qui a conseillé à Sondra d’envoyer sa fille à Port-
land.
• Intéressant : Beaumont a proposé son soutien à El-
lie après l’enterrement de Sean, mais elle a décliné
l’offre. Agnès pense que cela est d’autant plus dom-
mageable que la jeune fille semblait véritablement
en avoir besoin.
• Ésotérique : Beaumont est un homme de Dieu, af-
fichant une foi sincère et une infinie compassion.
Il est très aprécié et la plupart des gens lui font
confiance, même ceux parmi les moins religieux. Il
semble prodiguer de précieux conseils à ceux qui
ont besoin d’y voir plus clair.
36
Jakob Dreger — Entretien
Vindicatif et stupide dans ses bons moments, Dreger tend
à éviter de parler à qui que ce soit. Tout test d’interaction
avec lui souffre d’un malus de -10.
• Vital : Jakob croit que Sean Noone vandalisait son
établissement et lui volait de l’argent et des pièces
détachées. Pour lui, le shérif était trop laxiste pour
faire correctement son boulot. Il affirme (à juste
titre) n’avoir aucune idée des allées et venues d’Ellie
Bergman ; « je croyais qu’elle était partie à Portland
ou quelque chose comme ça, non ? »
• Intéressant : Jakob avait autrefois des chiens de garde,
mais ce n’est plus le cas et il refuse de parler de ce
qui a pu leur arriver. Si on insiste, il prétend que
ce n’était pas la solution ; il paraitra alors énervé et
triste.
• Ésotérique : le masque de Jakob tombe et il dit aux
émissaires que Sean Noone a eu exactement ce qu’il
méritait. Il ajoute que «  si le shérif s’était sorti les
doigts du cul, Sean serait toujours vivant ». Il refuse
de développer plus loin sa pensée, et se retranche
derrière l’idée que le shérif est incompétent.
Se renseigner sur Jakob plutôt que de chercher à le
rencontrer révèle les éléments suivants :
• Vital : Jakob dirige la casse automobile, c’est un mé-
canicien expérimenté et il fait bien tourner son af-
faire. Il a quitté l’armée pour raisons médicales, après
avoir reçu une blessure en Afghanistan.
• Intéressant : Jakob a servi avec Thomas Noone, le
père de Sean. Sean lui reprochait apparemment la
mort de son père. De son côté, Jakob était convaincu
que le jeune homme était coupable des multiples
actes de vandalisme et vols dont il avait été victime.
Jakob a obtenu une ordonnance restrictive à l’en-
contre d’Ellie Bergman. Elle l’avait physiquement
agressé environ un mois après la mort de Sean.
• Ésotérique : durant l’hiver 2013, Jakob avait fait l’ac-
quisition de trois dobermans dressés auprès d’un éle-
veur entraîneur. Le vétérinaire ne les a jamais eus en
consultation.
Lieux intérressants
Disparition du révérend Beaumont — Enquête
Beaumont a disparu à l’extérieur de sa maison, tôt le ma-
tin du 26 juillet.
• Vital : des empreintes de pattes calcinées marquent
la chaussée.
 Societas Argenti Viae Eternitata
• Intéressant : les vêtements du révérend ont été re-
trouvés déchiquetés et éparpillés tout autour de sa
résidence.
• Ésotérique : le centre de chaque trace de patte est mar-
qué par des lignes très semblables à des empreintes
de doigts humains (mais impossibles à identifier).
Disparition du shérif Ratherford — Enquête
• Vital : les empreintes de pattes ne sont visibles que
sur la pierre ou l’asphalte, même lorsqu’elles dé-
bordent également sur du gazon ou du sable. Il n’y a
aucune trace de sang sur la scène de crime.
• Intéressant : bien qu’il y ait des signes de poursuite, on
ne trouve aucune trace de lutte. L’arme de service de
Ratherford n’était pas chargée, ou bien quelqu’un a
pris soin de ramasser les douilles au sol.
• Ésotérique : on remarque deux jeux distincts de traces
de pattes sur la scène de crime.
L’accident de Sean Noone — Enquête / Recherches / Entretien
Les émissaires pourront tomber sur différents indices, se-
lon l’approche qu’ils choisiront au cours de leur enquête ;
fiez-vous ici à votre jugement.
• Vital : la voiture de Sean a quitté la route par une
nuit claire et sans conditions extérieures défavo-
rables. Les freins n’ont pas fonctionné et les airbags,
en panne, ne se sont pas déployés. L’autopsie affirme
que, au moment de sa mort, Sean était sous l’em-
prise de l’alcool, à un taux bien au-delà de la limite
autorisée.
• Intéressant : malgré le rapport du médecin légiste, re-
levant le taux d’alcoolémie post-mortem élevé (et
donc estimé en péri-mortem), le témoignage d’El-
lie Bergman dans le dossier le contredit : elle jure
que, s’il buvait occasionnellement un ou deux verres,
il ne conduisait jamais ivre. Le rapport n’a pas pris
en compte le mécanisme microbien post-mortem
augmentant naturellement le degré d’alcool dans le
corps ; en réajustant les chiffres avec les normes ad-
mises, Sean se trouvait en effet en-dessous du taux
légal au moment de l’accident.
• Ésotérique : les analyses sur le véhicule révèlent de
potentielles marques d’outils sur les systèmes de
freinage et d’airbag, mais les attribuent finalement
à l’usure courante ou aux dégâts provoqués par la
sortie de route.
L’affaire
Les victimes
Freddy Mills
• Vital : Mills est le médecin légiste de la ville, mais
il n’est en poste que depuis quelques mois. Son
rapport sur la mort de Sean Noone a été bâclé. Le
cadavre de Mills est retrouvé assis à son bureau, la
gorge arrachée par un gros animal, probablement un
chien. On relève également la trace d’une morsure
sur son bras. Un exemplaire du rapport d’autopsie
de Sean Noone est ouvert face à lui. Il y a une trace
de main sanglante (celle de Mills) d’un côté et de
l’autre «  J’AI COMMIS UNE ERREUR  » écrit
avec du sang (également celui de Mills). Des em-
preintes de pattes sont visibles sur le trottoir menant
jusqu’à la porte, mais pas à l’intérieur du bureau.
• Intéressant : malgré son rapport relevant le taux d’al-
coolémie post-mortem élevé (et donc estimé en pé-
ri-mortem), il n’a pas pris en compte le mécanisme
microbien post-mortem augmentant naturellement
le degré d’alcool dans le corps ; en réajustant les
chiffres avec les normes admises, Sean se trouvait
donc en-dessous du taux légal au moment de l’ac-
cident. Un grand désordre règne dans le bureau de
Mills, comme s’il avait essayé de s’enfuir et qu’on
l’avait ramené de force jusqu’à sa chaise.
• Ésotérique : les projections de sang indiquent que
Mills a été mordu au bras gauche alors qu’il était
assis à son bureau, et les doigts de sa main droite sont
couverts de sang. Il a utilisé le sang de sa blessure
pour écrire. On peut différencier trois séries d’em-
preintes sur le trottoir devant les locaux.
Ezra Merkel
• Vital : le corps de Merkel a été retrouvé sur les rives
de Stone Lake. Il présentait de multiples marques de
morsures d’animaux aux bras et aux jambes. La cause
du décès est une hémorragie majeure. Aucune trace
alentours excepté les siennes.
• Intéressant : Merkel avait découvert le corps Sean
Noone, mais, une fois la police appelée pour si-
gnaler l’accident, n’avait aucun lien apparent avec
l’affaire. Une carte trouvée dans sa poche mène vers
un lieu situé au cœur de la forêt (si les émissaires
insistent pour que l’adjoint Mendel suive cette piste,
ils y trouvent une tombe ancienne d’environ dix ans.
Sous terre, le cadavre est celui d’un chasseur abattu
d’un coup de fusil en pleine poitrine et, une fois
identifié, porté disparu durant la saison de chasse de
2004).
37
On ne réveille pas le chien qui dort CHILL
• Ésotérique : la maison de Merkel recèle toute une
panoplie d’accessoires de chasse, dont un fusil aban-
donné à la rouille sur son présentoir. Le calibre de
celui-ci correspond à la balle extraite du corps du
chasseur enterré dans les bois.
Jan Kaplan (Après l’attaque ayant échoué)
• Vital : trois chiens sont sortis de nulle part lorsqu’elle
quittait la maison d’Agnès Duquesne. Énormes,
noirs et agressifs.
• Intéressant : elle a eu l’impression qu’ils cherchaient à
la mener quelque part plutôt qu’à l’attaquer.
• Esotérique : jusqu’à ce qu’elle atteigne le cimetière,
il y avait cette voix dans sa tête qui la pressait de
confesser quelque chose qu’elle aurait fait. Méfiante,
Kaplan ne rentre pas dans les détails (obtenir d’elle
la nature de ce « quelque chose » - les euthanasies
de ses patients en phase terminale - s’avère pratique-
ment impossible, et nécessite un second test réussi
assorti d’un malus de -20).
Jan Kaplan (sur le lieu de sa mort)
• Vital : des empreintes de chiens ont brûlé la surface
du trottoir et de l’allée devant la maison de Kaplan.
Une liste partielle de ses patients a été rédigée sur la
façade, avec du sang (celui de Kaplan). Tous sont au-
jourd’hui décédés. Les mots « JE LES AI TUÉS PAR
COMPASSION » sont inscrits sous la liste.
• Intéressant : trois séries différentes d’empreintes de
chiens. Kaplan était de service la nuit où Sean est
mort et elle l’a accompagné dans l’ambulance qui
l’amenait à l’hôpital.
• Ésotérique : Kaplan conservait un album renfermant
des coupures de presse sur ses « patients », dont leur
rubrique nécrologique.
Daryl Richards
• Vital : le corps de Richards est retrouvé près du parc
canin, recouvert de multiples marques de morsures.
On observe de nombreuses empreintes de pattes
dans la zone, mais aucune ne correspond à celles re-
levées sur les autres sites. Richards était de service la
nuit de la mort de Sean, il a participé aux opérations
de désincarcération nécessaires afin de l’extraire du
véhicule accidenté.
• Intéressant : Richards possède la réputation d’être
un fainéant et de toujours chercher à faire le moins
d’efforts possibles. C’est pourquoi il a fait l’objet
d’une enquête dans l’affaire de la maison incendiée.
38
• Ésotérique : il est presque certain que Richards al-
lait être reconnu responsable de la mort de la vieille
dame, et les autres membres de la caserne pensent
que ce n’est que justice après tous les raccourcis qu’il
s’est permis. Il a tracé les mots « J’AURAIS PU LA
SAUVER  » dans la boue proche de son cadavre,
mais les allées et venues autour du corps ont rendu
le message presque illisible.
LA CONFRONTATION
Lorsqu’il n’est pas à la poursuite d’une victime, le Chas-
seur reste à proximité du site de l’accident de Sean, là où
il a été invoqué. La créature préfère rester indiscernable
jusqu’à ce que ses Limiers aient rabattu une victime vers
lui. Avec les disciplines Terreur et Lumière surnaturelle, il
tente de briser l’esprit de sa proie. Une fois celle-ci morte
de peur et le moral anéanti, il l’oblige à reconnaitre ses
pires péchés grâce à la discipline Confession.
Les Limiers hurleurs sont par nature territoriaux et
hostiles. Ils passent leurs journées au fond d’une tanière
aménagée dans un tronc de chêne creux, près du lieu de
l’accident. Ils en sortent à la nuit tombée, afin de traquer
leur prochaine victime. Si les émissaires découvrent leur
repaire alors que les chiens infernaux se trouvent ailleurs,
les odeurs que les personnages laissent sur place font
d’eux les prochaines cibles. Durant la journée, les Limiers
réagissent agressivement à toute intrusion sur leur terri-
toire, attaquant immédiatement et avec l’intention de tuer
les importuns.
Quant à lui, le Chasseur préfère éviter toute confron-
tation directe, laissant ses Limiers s’occuper de ses enne-
mis. S’il ne trouve pas d’échappatoire, il se sert des disci-
plines Influence, Confession et Mort apparente (sur soi)
pour semer la confusion dans l’esprit de ses adversaires,
afin de leur faire croire qu’ils ont réussi à le vaincre. Il
ne combat qu’en dernier ressort, particulièrement s’il est
confronté à du fer béni. Il brandit une hache qu’il manie
avec une efficacité redoutable.
LE CHASSEUR
Au fil des siècles, le Chasseur a reçu de nombreux noms
issus d’aussi nombreuses cultures. Wotan, Caïn, Gabriel,
Théodoric, Valdemar, Gwyn ap Nudd et Lucifer n’en
sont que quelques-uns parmi les plus connus. Il est plus
communément connu sous le nom de Herne le Pendu,
celui qui punit les pécheurs en les donnant en pâture à
ses chiens de chasse.
La SAVE n’a pas su déterminer le type exact de créa-
ture auquel appartient le Chasseur ; le classement Garret
le répertorie comme entité unique. Certaines histoires
font de lui un démon surgi de l’enfer pour tourmen-
ter les méchants. D’autres affirment qu’il est un héraut
porteur de présages de guerre et de catastrophes. Le plus
souvent, on l’associe à un esprit vengeur sans repos, celui
d’un homme des bois ou d’un chasseur pendu au tronc
d’un grand chêne pour des crimes qu’il n’a pas commis.
 Societas Argenti Viae Eternitata
Quelles que soient ses origines, le Chasseur est un
adversaire redoutable. Les raisons pour lesquelles il pour-
suit ses victimes changent à chacune de ses apparitions. Il
semble choisir au hasard de les mettre à mort ou de les
incorporer à sa meute. Une seule chose reste constante,
bien que circonstancielle : lorsque l’on fouille vraiment
sous les apparences, chaque victime tuée a toujours été
coupable d’un crime majeur et moralement indéfendable.
LE CHASSEUR
SVM : 115 REF : 80 VIG : 75
(légendaire)
Blessures : Superficielle, Mineure -10, Grave -20, Majeure -30,
Critique -50, Mortelle
Disciplines : Chill, Confession, Influence, Lumière surnaturelle,
Marque du chasseur, Mort apparente (sur soi), Mutation mons-
trueuse, Terreur, Vision des séides
Aspects : Exécration (moralité / innocence), Faiblesse particulière
(le pain et le sel), Faiblesse particulière (fer béni), Indiscernable,
Intuable, Maître, Maître des Disciplines (Mutation monstrueuse),
Non-vivant, Présage révélateur (frisson surnaturel), Réincarna-
tion, Vol
Exécration : (moralité / innocence). Le Chasseur ne peut s’en
prendre aux personnes qui n’ont commis aucun acte immo-
ral. Bien que ses critères de « moralité » restent mystérieux et
imprévisibles, l’absence de remords pour un meurtre constitue
toujours un acte immoral. La discipline Mutation monstrueuse
n’est pas soumise aux effets de cette Exécration.
Faiblesse particulière : (le pain et le sel). Dans de nombreuses
cultures européennes, le pain et le sel jouent un rôle important
dans le rite d’hospitalité, ou lors de l’emménagement dans une
nouvelle demeure. Que cela provienne du folklore, ou que le
folklore se soit basé sur le Chasseur, la créature est incapable
de s’attaquer à quiconque lui offre à la fois du pain et du sel en
signe de respect. Cette protection dure pendant une nuit et une
journée. Grâce à ce rituel, une victime ayant reçu la Marque du
chasseur peut tenter de le convaincre d’annuler les effets de
cette Discipline (associé à un test de communication approprié
et réussi).
Faiblesse particulière : (fer béni). Seule une arme en fer béni
peut venir à bout du Chasseur. Historiquement, ce rituel est
attribué aux prêtres chrétiens, mais un adepte du paganisme
s’appuyant sur le pouvoir de sa foi en Gaïa, un dévot hindouiste
priant Shakti, un musulman en appelant à Allah ou un initié Shin-
to demandant l’aide des kami obtiendront les mêmes effets. C’est
la foi intérieure, pas nécessairement la religion pratiquée ou les
symboles utilisés, qui chargent le métal. Un émissaire de la SAVE
maîtrisant l’Art de la Bénédiction peut enchanter une arme en fer
pour lui ou l’un de ses alliés.
Le Chasseur
LIMIERS HURLEURS
SVM : 80 (notable) REF : 70 VIG : 55
Blessures : Superficielle, Mineure -10, Grave -20 , Majeure -30,
Critique -50, Mortelle
Disciplines : Marque du chasseur, Modification de la température,
Silence
Aspects : Attaque mortelle (grave), Exécration (terrain consacré),
Faiblesse particulière (effets personnels), Insensible, Rapidité
surnaturelle, Serviteur
Exécration : (terrain consacré). Les Limiers hurleurs ne peuvent
pénétrer dans une zone qui a été sanctifiée, dédiée à une divi-
nité, ou désignée comme sainte ou sacrée. Cela comprend les
églises, les cimetières, les cercles païens, les mosquées, les autels,
les sanctuaires et autres lieux de ce genre.
Faiblesse particulière : (effets personnels). Un Limier hurleur ne
peut jamais attaquer une personne portant sur elle un objet qui
avait pour lui une importance particulière lorsqu’il était encore
humain.
Les Limiers hurleurs ressemblent à d’énormes mastiffs noirs.
Hormis les plus observateurs, personne ne remarquera que ces
chiens spectraux sont en fait des humains métamorphosés. Un
test de Perception assorti d’un malus de -20 révèle que les yeux
de l’animal restent ceux d’un être humain, et les sillons dessinés
dans les empreintes de pattes, carbonisées sur l’asphalte ou le
béton, ne sont qu’une version élargie des empreintes de doigts
humains.
Les Limiers hurleurs affectés par une Sphère de Protection
ou un Bouclier mental retrouvent leur forme humaine initiale
tant que durent les effets de la Discipline. Ils apparaissent nus
et sales, sans aucun souvenir de la période durant laquelle ils
étaient transformés. Lorsque l’effet bénéfique cesse, les victimes
reprennent leur apparence de Limier hurleur. Le pouvoir Inter-
férence ne suffit pas à lui rendre sa forme humaine (pas assez de
temps), mais permet à la créature de gémir une unique phrase,
en général une variation autour du simple « aidez-moi ! »
39
On ne réveille pas le chien qui dort CHILL

LES PNJ JOUER « ON NE RÉVEILLE PAS LE CHIEN QUI DORT »

AILEEN DEVEAUX Des émissaires inexpérimentés auront bien du mal à venir
VIG : 40 VOL : 60 REF : 40 à bout du Chasseur. Il s’agit d’une créature unique, et les
Spécialisations : Folklore (E90), Antiquités/Reliques (D65),
archives de la SAVE sont pour le moins incomplètes au
Occultisme (D70) regard de ses capacités réelles. Les personnages qui n’ont
Motivation : Je veux découvrir la vérité
pas expié un passé trouble ou criminel sont en danger de
mort.
La chose la plus importante à se rappeler est que, si
SHÉRIF ADJOINT AVI MENDEL
le Chasseur est motivé par la vengeance, sa vision de la
VIG : 60 VOL : 60 REF : 50 justice tempère ses actes. Les PNJ qu’il tue ont tous com-
Spécialisations : Armes à feu (E90), Enquête (D75), Entre- mis des crimes immoraux ou éthiques. Dreger a tué Sean
tien (D70) Noone. Kaplan a abrégé la vie de plusieurs de ses patients
Motivation : Je ne veux pas être le shérif en phase terminale. Richards a laissé mourir une vieille
femme dans l’incendie d’une maison. L’erreur de Mills a
permis à Dreger de ne pas être impliqué dans le meurtre.
Merkel a caché la mort accidentelle d’un autre chasseur
plutôt que faire face à ses responsabilités. À l’opposé, les
trois victimes transformées en Limiers n’avaient rien à
se reprocher aux yeux du Chasseur, et deux d’entre elles
seront même libérées de leur malédiction une fois sa mis-
sion accomplie.
Il est très rare que le Chasseur s’attaque directement
et en personne à quelqu’un. Il laisse ce rôle à ses Limiers.
Il devrait être dépeint comme une ombre menaçante en
toile de fond, une présence oppressante qui observe à tra-
vers les yeux de ses molosses, ou la voix qui murmure
dans la tête des gens, les poussant à confesser leurs plus
graves péchés.
Les émissaires peuvent abattre un ou plusieurs Limiers
hurleurs plutôt que de les capturer ou chercher à annuler
la malédiction. Du coup, il leur faudra s’occuper des corps
revenus à leur forme humaine, en plus d’être traumatisé
pour avoir tué quelqu’un ! Les Limiers hurleurs sont des
êtres humains, et les personnages devraient disposer de
cette information le plus rapidement possible afin qu’ils
mesurent les conséquences de leurs actions. Si un Li-
mier hurleur venait à mourir, il est fort probable que le
Chasseur transforme le tueur pour en faire un nouveau
membre de sa meute.
Une fois la vengeance d’Ellie satisfaite, elle devient
l’ultime victime du Chasseur. À son décès, elle reprend sa
forme humaine. En temps normal, le Chasseur libère à ce
moment les autres Limiers de leur servitude. Toutefois, si
les émissaires ont abattu la jeune fille, il déroge à sa ligne
de conduite habituelle (puisqu’il s’appuyait sur le désir
de vengeance d’Ellie). La créature explore alors l’esprit
du révérend Beaumont (puis, si nécessaire, celui du shérif
Ratherford) à la recherche de criminels et de pécheurs
propres à devenir ses nouvelles victimes.
40
 Societas Argenti Viae Eternitata

Les PNJ
ORDRE DE MISSION

SAVE de Buffalo (28 juillet 2014, 02:37)

à : <liste des destinataires masquée>
Pour enquête immédiate, par une équipe d’émissaires les plus expérimentés possible.
Tôt dans la matinée, la SAVE a reçu un message provenant d’Aileen Deveaux, veuve de Lisa Lavoie, une
émissaire de Buffalo tuée en service, il y a cinq ans. Le courriel, adressé à son ancien conseiller dans nos
locaux d’Angwin, est retranscrit ci-dessous :

Salut Sylvia,
Je sais que ça fait trop longtemps que je n’ai pas donné de nouvelles, et je suis désolée de me rappeler à
ton bon souvenir dans de telles circonstances, mais ton adresse est la seule dont je dispose encore. Tous les
anciens contacts de Lisa ne répondent plus et je ne sais plus vers qui d’autre me tourner. Je suis par contre
certaine que tu sauras transmettre ceci aux bonnes personnes.
J’habite maintenant à Stone Hill, dans le Montana. J’ai suivi ton conseil, quitté Angwin, trouvé un job au sein
de la Société historique et commencé une nouvelle vie. En général c’est plutôt calme, malgré la taille de la
ville. Puis, en avril dernier, un jeune s’est tué dans un accident de la route. Il y a deux jours, sa petite amie a
disparu, ainsi que le révérend. Hier, c’était au tour du shérif de ne plus donner signe de vie.
Ce n’est pas une ville où ce genre de choses arrive, Sylvia. Si des gens disparaissent, c’est parce qu’ils se
sont trop rapprochés des vieilles mines, ou bien parce qu’ils ont raté un chemin balisé dans les bois. Je joins
un lien vers l’article du Sentinel qui traite de ces disparitions, mais il n’en dit pas grand-chose. En particulier,
il ne fait aucune mention des énormes empreintes de pattes imprimées par la chaleur dans la roche, aux
abords des scènes de crime. C’est l’une des choses que Lisa m’avait appris à repérer, l’une de celles qui
méritaient selon elle un signalement.
Merci à toi, Sylvia. Je reviendrai vers toi une fois le mystère éclairci. Dis bien à ceux à qui tu transmettras ce
message que je serai ravie d’apporter toute l’aide possible aux émissaires que vous enverrez.

Amicalement,
Aileen

Les empreintes de pattes brûlant le sol correspondent, selon les archives de la SAVE, à un type bien particulier
de créature : le Limier hurleur. Là où ce monstre se trouve, il faut s’attendre à croiser le Chasseur.
Celui-ci est une créature de l’Inconnu unique et puissante, motivée par le désir de vengeance et une vision
pervertie de la justice. Partout où il apparaît, des vies sont dévastées et des gens meurent. Notre base de
connaissances ne permet pas de définir clairement comment (si toutefois cela est possible) le détruire, mais
nous continuons de chercher.
Rendez-vous à Stone Hill (environ 5000 habitants) et trouvez le plus vite possible un moyen de bannir le
Chasseur ou de le mettre hors d’état de nuire. Notez tout ce que vous pouvez sur ses motivations. Bien qu’il
semble choisir ses victimes selon des critères personnels, nous n’avons pas encore pu établir la base de
ceux-ci. Tous les habitants de la ville représentent donc autant de victimes potentielles. Commencez avec
Aileen Deveaux. Les modalités de votre voyage, de votre hébergement sur place et la récupération de votre
équipement seront organisées dès que l’équipe sera constituée.
Veuillez transmettre tous vos rapports à la SAVE de Helena, sans oublier de spécifier l’indicatif URGENT.

Bonne chance
-Sylvia Franz, SAVE, Buffalo
41
Le Temple de l’Écorché
Le Temple de l’Écorché
Des choses fouillent dans les oubliettes situées sous le
Temple du Lotus renversé. Une épidémie ravage le village
où il se dresse. La SAVE pourra t’elle arrêter l’Écorché avant
qu’il ne soit trop tard ?
Caractéristiques importantes : la plupart des infor-
mations obtenues le seront grâce à des tests d’Enquête,
aussi les personnages maîtrisant cette compétence auront
plus de chances de rassembler les indices nécessaires. En
outre, « le Temple de l’Écorché » impliquant une explo-
ration souterraine, il est préférable d’y envoyer des émis-
saires dotés de bons scores en Déplacement et Prouesse.
Suggestions de personnages : Noriko Frost, Alfred
Johnson, Anaru Kamara, Emily Montgomery, Gabriela
Silva, Siaro Talbek
Menace majeure : l’Écorché. Un monstre possédant
le corps d’un homme coupé en morceaux, empli de té-
nèbres issues de la guerre et de l’Inconnu.
Menace mineure : les Sections. Des parties séparées du
corps de l’Écorché, mais toujours mobiles.
42
LA SITUATION
Juste à la sortie de Biên Hòa, dans la province de Đông
Nai au Vietnam, se dresse le Temple du Lotus renversé.
Frère Kim Tan Ho dirigeait l’endroit jusqu’à sa mort ré-
cente et accidentelle. Peu de temps après son décès, un
léger séisme provoqua une fissure dans les fondations
du bâtiment. Les jours suivants, les habitants du village
commencèrent à tomber malades. Les moines du Temple
du Lotus renversé ont fait appel à la SAVE pour qu’elle
enquête et résolve ce problème. En effet, l’Organisation
avait résolu un problème similaire dans la région quelques
décennies auparavant.
La terre autour du temple est empoisonnée par l’Écor-
ché (autrefois connu sous le nom du Lieutenant Daniel
Waller). En mars 1971, deux ans avant que les Etats-Unis
ne retirent leurs troupes du Vietnam,Waller, séparé de son
peloton, se perdit dans la jungle. Il tomba nez à nez avec
une créature faite d’un assemblage de corps déformés,
née de la haine fratricide et de l’horreur de la guerre. Le
monstre donna à Waller le choix : offrir son corps humain
comme réceptacle aux ténèbres qui la composaient, ou
 Societas Argenti Viae Eternitata
mourir. Waller ignorait qu’en raison de l’apaisement du
conflit dans la région, la créature s’affaiblissait. Elle avait
besoin de quelque chose, de quelqu’un, afin de ne pas
disparaître. Craignant pour sa vie,Waller capitula. La force
sans nom et corrompue s’empara de son corps, concen-
trant sa puissance à travers trois tatouages – un cœur sur
sa poitrine, une ancre sur son bras et un aigle sur sa jambe.
Lorsque les moines du Temple du Lotus renversé re-
trouvèrent Waller, il n’était plus que l’ombre de lui-même.
Ils le soignèrent et l’aidèrent à contenir les ténèbres qui
l’habitaient. Waller réalisa qu’il ne pourrait jamais rentrer
chez lui s’il voulait tenir enfermée la chose tapie en lui.
Vers la fin de 1982, Waller mourut finalement de causes
naturelles et fut inhumé sous le temple, comme il l’avait
souhaité dans ses dernières volontés.
Après l’enterrement de Waller, la corruption de l’In-
connu infectant son cadavre empoisonna la terre et les
villageois tombèrent malades. Les moines appelèrent à
l’aide une équipe de la SAVE basée en Thaïlande pour
venir à bout de la créature. Les survivants décidèrent de la
nommer « l’Écorché. »
Les émissaires démembrèrent l’Écorché et arrachèrent
ses tatouages, en en faisant trois « cartes » de cuir. Ils furent
incapables de détruire ces dernières, mais pensèrent avoir
vaincu définitivement leur adversaire. Cependant, la créa-
ture était toujours vivante. Séparés les uns des autres, les
morceaux du corps creusèrent leur chemin à travers la
terre, créant ainsi un réseau de cavernes sous le temple,
dans leur volonté de se réunir avec la tête.
Les années passèrent, les frères les plus anciens surveil-
lant et protégeant la zone environnant le corps de Waller.
Mais avec la mort de frère Kim Tan Ho et le tremblement
de terre, l’Écorché s’est réveillé et recommence à empoi-
sonner la population. Les moines ont donc à nouveau
contacté la SAVE.
LA SAVE
Sans aucun bureau local de la SAVE, les habitants ont
dû se résoudre à faire appel à des agents internationaux
(note : bien entendu, si les joueurs veulent créer un QG
local et leurs propres personnages afin de se servir de cette
base pour lancer une campagne, libre à eux !) L’un des
émissaires reçoit les documents se rapportant à l’affaire
initiale de 1983. Le dossier inclut un rapport de mission
à moitié calcinée, ainsi que trois «  cartes  » semblables à
du cuir, en fait de la peau humaine. Chacune d’entre elle
porte un tatouage.
L’avis de Mission des émissaires (joint en fin de dos-
sier) présente plus précisément ces objets aux joueurs. Il
s’agit des seules informations dont la SAVE dispose sur
l’Écorché et l’affaire initiale. Ces documents sont incom-
plets et endommagés à cause de l’incendie qui endomma-
gea les archives de Dublin où ils étaient stockés.
La SAVE envoie les émissaires au Vietnam où un van
les attend à l’aéroport. Le QG de la SAVE à Bangkok
en Thaïlande leur fournit du matériel de spéléologie ba-
sique, un van affrété par une compagnie de taxi local, et
assez d’argent pour ne pas s’en inquiéter pendant environ
une semaine. Les émissaires sont accueillis au temple où
La SAVE
ils sont logés dans une petite maison afin de séjourner sur
place. La SAVE attend d’eux qu’ils éliminent une bonne
fois pour toute la menace qui plane au-dessus du temple
et du village proche.
CHRONOLOGIE
5 mars 1971 : le lieutenant Daniel Waller se retrouve
séparé en pleine jungle de son peloton.
10 mars 1971 : Waller rencontre une créature sans
nom de l’Inconnu, dans les jungles du Vietnam. Ter-
rifié et menacé de mort, il laisse l’entité prendre pos-
session de lui. L’énergie maudite se focalise essentiel-
lement dans ses tatouages, mais sature également la
totalité de son corps.
20 mars 1971 : Waller est découvert par les moines
du Temple du Lotus renversé qui le remettent sur
pieds. Il demeure au sein du temple et voue sa vie à
combattre les ténèbres qui l’habitent.
6 novembre 1982 : Waller décède d’une crise car-
diaque pendant son sommeil. En accord avec ses
dernières volontés, les moines inhument son corps
près du monastère. Dans les semaines qui suivent, un
quart de la population du village tombe malade, et
quinze personnes meurent.
9 décembre 1983 : Aat Kitjarkarn, un émissaire de
la SAVE venu de Chiang Mai en Thaïlande, voyage
jusqu’au monastère et découvre que le corps de
Waller empoisonne la terre. Avec l’aide des moines,
il déplace le cadavre de Waller, le démembre et l’en-
terre plus profondément (si les émissaires se ren-
seignent, Aat est mort en 2011 de causes naturelles,
on ne lui connait aucun proche ou parent).
1er mars 2016 : Frère Kim Tan Ho meurt dans un
accident de voiture.
5 mars 2016 : un léger séisme fracture le sol sous le
Temple du Lotus renversé, causant une fissure dans
les fondations. Des gens recommencent à mourir
dans les environs du temple.
Début de la mission pour les émissaires
L’AFFAIRE
En arrivant au temple, les émissaires sont accueillis par
frère Phan et logés dans une petite maison.
Phan se montre poli et affable. Au premier abord, il
émane de lui une présence chaleureuse, il agit toujours
avec le plus d’honnêteté possible. Phan a choisi de de-
venir moine après un incident survenu alors qu’il avait
presque trente ans. Une nuit où il était sorti boire avec
des amis, une habitude quasi quotidienne, il fut impliqué
dans un accident de voiture, fauchant malencontreuse-
43
Le Temple de l’Écorché
ment un jeune homme sur la route. Heureusement, la
victime survécut, mais demeura infirme. Phan entra dans
les ordres peu de temps après. Il approche maintenant de
la soixantaine, et n’a jamais regretté son choix. Frère Phan
parle anglais et joue le rôle d’interprète si les émissaires en
éprouvent le besoin. Pour le moment, il est le seul moine
encore sur place. Les autres ont quitté le temple en raison
de la propagation de la maladie.
Dès leur arrivée, Phan offre aux émissaires de leur
faire visiter le temple s’ils le souhaitent (il est inquiet et
désire régler le problème aussi vite que possible). Les PJ
peuvent également vouloir interroger ou examiner cer-
tains des villageois atteints par la maladie, ou effectuer
quelques recherches sur l’histoire du temple et ses liens
avec Waller. Une fois que les personnages en savent un
peu plus sur la situation — voire s’ils descendent dans le
gouffre et tombent sur les jambes animées — ils pour-
raient souhaiter contacter la SAVE ou se renseigner sur
des créatures du même type.
Le temple
Le Temple du Lotus renversé est un grand établissement
bouddhiste circulaire. Le toit en métal est décoré de nom-
breuses gravures rouillées et polies avec le temps. Le ruis-
sellement vermeil venant du toit a teinté les parois du
temple d’un rouge profond. Un arbre énorme pousse au
centre du bâtiment, et ses branches s’élèvent haut dans le
ciel. L’arbre et la forme circulaire de l’édifice ont donné
son nom au temple.
Juste après l’entrée du temple, un petit couloir en
fait entièrement le tour. Le passage est assez large pour
deux personnes l’empruntant de front. De là, des portes
s’ouvrent sur diverses pièces dédiées aux cérémonies ou
à la méditation. Une grande allée coupe le bâtiment cir-
culaire, d’est en ouest. Elle mène directement à la salle de
prière centrale.
Le temple reste en lui-même assez banal, exception
faite de cette salle de prière bâtie en son centre. Chacune
des pièces que visiteront les émissaires est décorée de do-
rures et de sculptures. L’odeur de l’encens flotte dans l’air
et de petites chandelles brillent sur les autels qui ornent
chaque salle. Toutes véhiculent une impression générale
de paix et de silence, rappelant la sensation des heures qui
précèdent l’aube. Quand ils ouvrent les portes vers la salle
de prière centrale, l’ambiance change complètement :
À l’intérieur, il fait froid et sombre, malgré les murs
peints d’une couleur rouge intense. L’arbre immense,
dont les branches sont visibles de l’extérieur, se dresse au
milieu de la pièce, au bord d’un large trou dans le sol. Les
peintures murales ont été abîmées par de grandes fissures
provenant des fondations du temple. Aucune chandelle
n’est allumée ici, et un courant d’air monte de la large
fissure dans le sol.
Celle-ci ressemble plus à une petite faille naturelle.
Une personne de taille moyenne pourrait se tenir au
centre, les bras écartés en touchant les deux côtés. Toute-
fois, le puits semble s’enfoncer très profondément dans les
ténèbres souterraines.
44
CHILL
En illuminant le gouffre, les émissaires en aperçoivent
le fond. Il s’enfonce sur environ 10 mètres de profondeur
sous leurs pieds. S’ils décident de descendre, rendez-vous
au paragraphe « Toujours plus bas (Niveau 1) ».
Histoire du Temple / Daniel Waller
Les personnages peuvent rassembler les indices suivants
en discutant avec Frère Phan, en trouvant et en parlant
avec les autres moines (en utilisant Entretien) ou en
consultant les archives du temple (Recherches, en partant
du principe que les émissaires savent lire le vietnamien) :
• Vital : le temple a abrité un soldat américain nom-
mé Daniel Waller, mais celui-ci est mort de causes
naturelles il y a plus de 30 ans. L’épidémie est ap-
parue peu après son décès, causant la mort de 15
personnes. Frère Kim Tan Ho avait entrepris de for-
mer Frère Phan pour le remplacer, faisant de lui le
gardien spirituel des terres ainsi que de la véritable
histoire du temple et de Waller. Il décéda cependant,
avant d’avoir pu achever son enseignement. Une
équipe de la SAVE vint ici en 1983 et détruisit le
mal qui s’y cachait.
• Intéressant : Waller abritait une «  noirceur  » en lui
quand il arriva au temple, mais il en était conscient
et voulait apprendre à la contenir. Grâce à la pratique
de la méditation, un régime strict et en limitant ses
contacts avec d’autres gens, il réussit à garder cette
noirceur sous contrôle des années durant.
• Ésotérique : en 1974, les moines firent venir un mé-
decin pour tenter d’enlever les tatouages de Waller.
Le praticien tomba malade puis mourut quelques
heures à peine après avoir essayé d’opérer. L’équipe
de la SAVE dirigée par Aat Kitjarkarn tenta égale-
ment en 1983 de détruire les tatouages par le feu,
l’acide ou simplement en les tailladant, mais ils se
sont révélés indestructibles.
La faille dans le sol
• Vital : la création du gouffre peut être expliquée par
le tremblement de terre, toutefois l’effet du séisme
semble particulièrement localisé, dans un laps de
temps très court. Les émissaires ne trouveront aucun
dégât à l’extérieur du temple.
• Intéressant : il n’y a aucun précédent de tremblement
de terre dans la région.
• Ésotérique : si on se base sur les dégâts causés et la
formation du gouffre, l’épicentre du séisme doit se
trouver environ une vingtaine de mètres sous le ni-
veau du sol.
Des tests de Perception de l’Inconnu dans la salle de
prière centrale bénéficient d’un bonus de +15.
Societas Argenti Viae Eternitata

L’affaire
45
Le Temple de l’Écorché
PERCEPTION DE L’INCONNU - RÉSULTATS DU TEST
Fiasco Le personnage ne ressent rien et perd
10 points de Volonté. Ajoutez un jeton
Ténèbres.
Échec Le personnage ne ressent rien.
Succès mineur L’émissaire ressent la présence de l’Inconnu
en provenance du gouffre ouvert dans le
sol. Il entend un bruit de grattement tout
au fond de son esprit, comme des ongles
raclant sur un tableau noir. Ce son demeure
avec le PJ tant qu’il se rapproche des por-
tions du corps démembré.
Succès majeur Comme ci-dessus et l’émissaire a l’intuition
que, quoi qu’il y ait là-dessous, cela semble
séparé en plusieurs éléments.
Succès colossal Comme ci-dessus, mais l’émissaire a
également l’impression que les cartes de
cuir, qu’ils transportent avec eux, ont la
même origine que ce qui se cache sous
leurs pieds. Un succès Colossal provoque
l’agitation des Sections. Lorsqu’ils appro-
cheront le niveau où elles se trouvent, les
émissaires les verront déjà en train de se
déplacer vers quiconque est en possession
des cartes. Ajoutez un jeton lumière.
Visite à un malade
Il est possible que les émissaires souhaitent examiner
l’un des villageois malades. Dans ce cas, les moines les
conduisent jusqu’au village. Ils ont tout loisir de discuter
avec les habitants touchés par l’épidémie et d’observer les
symptômes de la maladie. Demandez aux joueurs des tests
d’Entretien ou d’Enquête, selon que leurs personnages
interrogent ou examinent ces gens.
• Fausse piste : les émissaires examinent un villageois
souffrant d’une infection virale et non de l’épidémie
provoquée par l’Inconnu. Demandez un test général
de Vigueur au joueur dont le personnage a été en
contact avec le patient. Un échec implique que le
PJ tombe à son tour malade 24 heures plus tard. Si
l’affaire n’est pas encore résolue à ce stade, infligez
une Blessure mineure à cet émissaire (heureusement,
la maladie s’avère finalement bénigne).
• Vital : les symptômes de la maladie sont : fatigue,
douleurs et une impression générale de « mal être ».
Elle s’est déclarée le lendemain du tremblement de
terre (le 6 mars).
• Intéressant : les malades déclarent également qu’ils
souffrent de terribles cauchemars aussi intenses que
surréalistes ; la plupart racontent que, dans ces crises
nocturnes, ils s’imaginent enterrés vivants (Entretien
uniquement). Les malades sont continuellement as-
soiffés, et refusent d’ingérer la moindre nourriture
solide.
46
CHILL
• Ésotérique : les malades sont condamnés. La cause
spécifique de leur agonie semble être une déficience
respiratoire, mais nombre d’entre eux présente éga-
lement des signes d’une importante déshydratation,
quelle que soit la quantité d’eau absorbée. Ces pa-
tients sont alors fascinés par le moindre tatouage vi-
sible (Entretien uniquement).
Recherches auprès de la SAVE
• Fausse piste : un test de Recherches dévoile une lé-
gende sur une créature prenant possession des corps
de soldats morts et les ranimant dans le but de tuer
des innocents. Ce conte a connu un regain de po-
pularité dans la région vers la fin de la guerre du
Vietnam. Une autre version prétend que l’on peut
bannir l’entité si on lui intime fermement l’ordre
de quitter l’endroit (c’est relativement similaire à
l’Écorché mais, au final, particulièrement trompeur).
• Vital : les créatures assez puissantes pour posséder
un être humain durant des années sont très difficiles
à détruire. Le plus souvent, les bannir implique une
destruction totale du corps d’emprunt, générale-
ment par le feu ou grâce à des rituels très spécifiques
de purification. Il faut de multiples essais, des années
durant, avant de bien les maîtriser.
• Intéressant : de nombreuses créatures mortes-vivantes
se montrent incapables de guérir de leurs blessures,
mais sont en contrepartie capables de résister à des
maltraitances effroyables, même être démembrées,
avant de périr définitivement. Posséder un être hu-
main nécessite pour elles une sorte de point d’accès
— pas seulement la permission de l’hôte, mais une
corruption quelconque du corps ou de l’âme.
• Ésotérique : de nombreuses cultures croient que les
tatouages sont impurs ou corrupteurs, bien qu’un
nombre équivalent leur associe une importante si-
gnification spirituelle. De puissantes créatures de
l’Inconnu infectent la terre-même autour d’eux si
on les piège ou les oblige à demeurer immobiles.
Toujours plus bas (Niveau 1)
Afin de descendre par la fissure, les émissaires doivent
réussir un test spécifique de Mouvement. Chaque fois
qu’ils désirent accéder à un autre niveau de ces oubliettes,
il leur faut réaliser un nouveau jet.
 Societas Argenti Viae Eternitata
ESCALADE – RESULTAT DU TEST
Fiasco L’émissaire tombe au niveau inférieur.
Le joueur effectue un test de Résistance
(niveau de blessure : Mineure).
Échec L’émissaire n’arrive pas à descendre, mais il
parvient à s’agripper à une corniche avant
de tomber.
Succès mineur L’émissaire descend sans encombre.
Succès majeur L’émissaire descend facilement et peut
aider l’un de ses camarades moins doué,
lui conférant un bonus de +10 à son test de
Mouvement.
Succès colossal Descendre dans les ténèbres relève de la
routine pour cet émissaire. Le joueur n’a
plus besoin d’effectuer de test pour chan-
ger de niveau.
En descendant jusqu’au premier niveau sous le temple,
les émissaires constatent que les racines de l’arbre se sont
développées très profondément. Les parois de terre sont
recouvertes de milliers de radicelles entrelacées, des plus
minces aux plus épaisses.Vers l’est de cette zone, elles for-
ment une sorte de barrière végétale masquant une masse
sombre derrière elles. Vers l’ouest, la caverne se rétrécit
avant de disparaître dans les ténèbres.
En se dirigeant vers le rideau de racines à l’est, on dé-
couvre que celles-ci sont noircies et suintent une substance
ressemblant à du goudron. Entrelacées telles une toile
d’araignée, les racines dissimulent une petite salle, unique-
ment visible si les émissaires les déplacent. Pour cela, il faut
réussir un test général de Prouesse (avec malus de -20, car
les racines s’avèrent humides et résistantes). Bien entendu,
la discipline Exploit de Force peut se révéler très utile ici.
Si les personnages ont l’idée de mettre le feu aux radicelles,
l’excès d’humidité les empêche de s’enflammer.
Derrière ce rideau, au centre de la salle, se trouve une
paire de jambes nues, séparées du reste du corps auquel
elles devraient appartenir. Ces membres sont maculés de
terre, le gauche présentant sur le côté une blessure large et
exsangue. Les orteils s’agitent, grattent le sol, raclant les uns
contre les autres. Ils ne sont plus que des tas d’os jusqu’à la
plante des pieds où une chair pestilentielle reste accrochée
au squelette. Il manque un morceau de peau sur la jambe
droite (à l’endroit où se trouvait initialement le tatouage
en forme d’aigle). Si l’émissaire portant la carte correspon-
dante entre dans la pièce, les jambes se déplacent pour lui
faire face. Elles n’exécutent aucun autre mouvement à part
celui-ci (et leur continuel grattement au sol). Les joueurs
effectuent maintenant un test de Résolution (Révulsion) ;
le niveau de traumatisme reste mineur.
Sur le mur du fond, les racines noires dessinent un
tableau malsain. Celui-ci dépeint une scène de guerre et
de mort. Les plus grosses radicelles serpentent le long du
mur, figurant des arbres, les plus fines s’assemblent pour
représenter un amas de corps tombés les uns contre les
autres. Un liquide sombre et visqueux s’écoule jusqu’au
sol depuis ces cadavres. À l’extrême gauche du tableau,
la petite silhouette déformée d’un homme s’enfuit de
la masse de cadavres vers un immense chaos de plantes
grimpantes noires, si grand qu’il domine totalement le
carnage dépeint précédemment.
L’affaire
On peut trouver ici les indices suivants :
• Fausse piste : on pourrait entendre un schéma répé-
titif dans le grattement des orteils sur le sol, comme
un code en morse. En réalité, cela ne signifie rien,
mais si les émissaires en discutent à voix haute, le
rythme change.
• Vital : la blessure sur la jambe gauche a été causée
par le tir d’un fusil de chasse. Les membres appar-
tiennent à un homme adulte, mais il s’avère impos-
sible de déterminer son âge.
• Intéressant : les jambes semblent provenir d’un corps,
mort depuis des mois, pourtant les émissaires n’y
découvrent aucune trace de décomposition ou d’in-
sectes.
• Ésotérique : la blessure de la jambe gauche contient
toujours des plombs (elle fut infligée lors du combat
contre la créature en 1983). Elle n’a pas guéri.
La confrontation : jambes
La carte de l’aigle veut rejoindre les jambes. Si l’émissaire
qui la porte sur lui s’approche à moins de 1,5 mètre, de
minuscules filaments noirs poussent de la carte et s’agitent
en direction des membres coupés, dans une tentative de
retrouver la place initiale sur la jambe droite. Si l’émissaire
a la carte en main, il ne peut manquer de le remarquer.
Si elle se trouve dans une poche, un sac, etc., les joueurs
peuvent effectuer un test général de Perception afin de
l’apercevoir s’extirper de sa cachette. Pour la rattraper et
l’empêcher de se réunir avec les jambes, il faut réussir un
test de Réflexes en opposition (pour la carte, le score de
REF s’élève à 50). Les émissaires disposent de trois essais
avant que le lambeau tatoué ne se rattache à la jambe. S’ils
y parviennent et attrapent la carte à mains nues, le me-
neur de jeu peut choisir de retourner un jeton Lumière
afin que celle-ci se fixe plutôt sur l’un des personnages.
Si la carte se fixe sur un personnage : elle fusionne
instantanément avec la peau de l’émissaire et le tatouage
en forme d’aigle y apparaît, entouré par un petit halo
malsain de veines noires. Le joueur doit réaliser un test
de Résolution de Terreur (niveau de traumatisme : grave).
Donnez-lui la seconde partie de la carte (voir Appendice
2 : Cartes). Si le PJ désire retirer l’horrible implant, repor-
tez-vous au paragraphe « Jouer le Temple de l’Écorché. »
Si la carte se fixe sur la jambe de l’Écorché : des
flagelles noirs apparaissent sur les deux jambes, depuis
le haut des cuisses et à partir des orteils. Les membres
tranchés se mettent à marcher en direction d’une autre
fraction du corps, dans le niveau inférieur. Ils n’attaquent
pas les émissaires à moins que ceux-ci ne tentent de les
stopper, ou se montrent immédiatement hostiles.
Si les émissaires attaquent les jambes une fois la
carte fixée : vous trouverez leurs caractéristiques dans
le paragraphe « Section : jambes ». Les membres ripostent
47
Le Temple de l’Écorché
jusqu’à ce qu’elles reçoivent une Blessure mortelle ou
qu’elles puissent poursuivre leur chemin vers le prochain
morceau de corps.
Si les émissaires attaquent les jambes avant que
la carte ne se soit fixée : les jambes tombent au sol,
elles ne se battent pas et seuls les orteils s’agitent. Si les
personnages les réduisent en pièces puis les abandonnent
ici, les morceaux se rassemblent et se reforment une fois
que les PJ ont atteint la tête de l’Écorché. Il faut brûler
ou dissoudre les tronçons de corps pour véritablement
les détruire.
Le cœur du sanctuaire (niveau 2)
Une fois qu’ils ont exploré le niveau 1, les émissaires vont
probablement essayer de descendre plus bas. La struc-
ture racinaire se poursuit le long des parois du gouffre,
mais alors qu’ils s’enfoncent vers les profondeurs, ils
remarquent que l’état des radicelles empire — pourris-
santes, spongieuses et délétères.
Lorsqu’ils posent les pieds au deuxième niveau, ils dé-
couvrent que les racines se regroupent pour former une
sphère d’environ 1,50 mètre de diamètre, suspendue au
plafond. La boule est creuse et l’on aperçoit à l’intérieur
quelque chose ayant l’apparence de la chair. Ici, la plupart
des radicelles sont complètement noircies.
Un second tableau, circulaire, se trouve sous la sphère
en suspension. À douze heures, on y voit un homme ar-
rivant au monastère. À trois heures, le même personnage
dort sur le dos tandis que les racines noires encerclent le
bâtiment. À six heures, il se tient dans une petite pièce où
des filaments noirs rampent vers lui, il est appuyé contre
un mur et cache son visage entre ses mains. À neuf heures,
trois petites silhouettes enterrent l’homme et des racines
noires germent depuis son cadavre pour s’enfoncer dans
le sol.
Ouvrir la sphère s’avère difficile ; les racines sont une
fois encore humides et résistantes. De plus, la boule pend
du plafond à une hauteur qui la rend peu commode à
atteindre (à environ quatre mètres du sol). La discipline
de la Main cachée peut s’avérer utile ici. Sinon, les per-
sonnages envisageront sans doute de remonter chercher
des outils. Dans tous les cas, pour ouvrir la sphère il faut
réussir un test général de Prouesse, auquel le meneur de
jeu appliquera un malus plus ou moins important selon
la méthode employée par les émissaires pour parvenir à
leurs fins.
Bien entendu, une fois la boule ouverte, le meneur de
jeu a tout à fait le droit de faire jaillir le torse qui percute
alors l’un des PJ, en particulier s’il porte sur lui la carte
avec le cœur (voir ci-dessous).
Les indices suivants peuvent être découverts à ce ni-
veau :
• Fausse piste : des ombres mouvantes tapies dans la
masse végétale se rapprochent des émissaires. Elles
se positionnent pour attaquer. Les joueurs doivent
effectuer un test de Résolution de Terreur (niveau
de traumatisme : secoué).
48
CHILL
• Vital : les racines retenant la sphère au plafond sont
robustes, mais, néanmoins suffisamment fines pour
tenter de les couper. Quelque chose s’agite à l’inté-
rieur de la boule, selon un rythme irrégulier.
• Intéressant : les racines bougent, mais très lentement.
La sphère végétale se rétracte quand on essaie de la
toucher, mais pas assez vite pour éviter le contact.
• Ésotérique : des doigts apparaissent à travers la surface
ligneuse, pointant vers l’émissaire qui porte la carte
marquée du cœur (si présente).
Une fois que les personnages ont, soit ouvert la
sphère, soit réussi à l’atteindre pour en examiner l’inté-
rieur, ils y découvrent le torse. Il est composé de la poi-
trine, le bas du cou, le bras droit, l’abdomen et le bassin de
l’Écorché. On peut discerner des blessures sur le corps et
un morceau d’épiderme manquant au-dessus du muscle
pectoral gauche.Voir le torse s’agiter implique un test de
Révulsion (niveau de traumatisme : mineur). Les indices
suivants peuvent être découverts par ceux qui examinent
cette partie du corps :
• Fausse piste : le torse pointe un doigt vers un émis-
saire (mais pas celui qui porte la carte avec le cœur)
puis le ramène et le glisse devant la gorge. Il ne veut
pas vraiment signifier son désir de tuer ce person-
nage, mais son intention vise plus à l’effrayer.
• Vital : la plupart des blessures sur le torse pro-
viennent d’armes à feu de petit calibre, et quelques-
unes d’armes blanches (des machettes, en fait). Ces
entailles correspondent aux coups hésitants lorsque
les émissaires de la SAVE démembrèrent le corps de
l’Écorché en 1983. Le torse appartient à un homme
adulte, mais il reste impossible de déterminer son
âge.
• Intéressant : le torse est à l’état de cadavre depuis des
mois, pourtant les émissaires n’y découvrent aucune
trace de décomposition ou d’insectes.
• Ésotérique : la blessure sur la poitrine indique qu’un
lambeau de peau y a été arraché. Vu comment les
bords sont déchiquetés, le torse devait encore bou-
ger quand l’opération a été réalisée.
Si les jambes au premier niveau sont descendues
jusqu’ici : les filaments noirs émergeant des cuisses
grandissent et déchirent la sphère suspendue. Ensuite, ils
rassemblent et attachent ensemble les jambes et le torse.
Les deux sections combinées restent alors immobiles au
centre du tableau, attendant de pouvoir être réunies avec
la troisième carte. Bien entendu, les personnages peuvent
tenter d’interrompre ce processus à n’importe quel mo-
ment.
 Societas Argenti Viae Eternitata
La confrontation : le torse
La carte du cœur s’active et tente de rejoindre le corps, de
la même façon que dans « la confrontation : les jambes ».
Les mêmes tests que précédemment sont nécessaires pour
stopper cette réunification. Une fois que le tatouage est
de nouveau en place sur le torse, des flagelles noirs se
forment depuis le bassin, donnant naissance à des tenta-
cules de la même couleur, sur lesquelles il peut mainte-
nant se déplacer (à moins bien sûr d’avoir été réuni avec
les jambes). La manière dont ce tronçon réagit face aux
émissaires et/ou se comporte est identique que pour les
jambes, mais le meneur de jeu se référera alors aux carac-
téristiques données dans « Section : Torse ».
À portée de bras (niveau 3)
Une fois que les joueurs en ont fini avec le niveau 2, il
est fort probable qu’ils poursuivent leur chemin vers le
niveau inférieur. S’ils préfèrent remonter à la surface afin
de récupérer de l’équipement, de se regrouper ou pour
n’importe quelle autre raison, laissez-les faire. Toutefois,
selon la situation dans le gouffre, ils risquent juste d’ac-
corder un peu plus de temps à l’Écorché pour se recons-
tituer.
Dans le troisième niveau des oubliettes, les racines
s’avèrent entièrement corrompues — elles sont noires
avec de minuscules traces de moisissures blanches. Ici, le
tableau recouvre toute la surface du sol. Des silhouettes
de presque deux mètres de haut, faites de radicelles noires,
se dressent devant les personnages, mais elles ne sont
qu’en deux dimensions — comme de sombres affiches
faites de canevas. L’histoire racontée par ces figures téné-
breuses se déroule au fur et à mesure que les émissaires
avancent. D’abord, un homme combat un être humain de
très grande taille, avec des racines émanant de son corps.
Une mare d’un liquide noir et visqueux s’étend sous lui,
suintant des radicelles qui le composent. Dans l’image
suivante, la silhouette sinistre git au sol, vaincue et réduite
en pièces. Le fluide noir s’écoule de sa tête.
Enfin, dans la dernière scène, on y voit une repré-
sentation de l’oubliette. Devant celle-ci, le bras gauche
sectionné de l’Écorché est suspendu au plafond par des
racines noires. Il manque un morceau de peau sur le
biceps. Le bras arrache de petits morceaux des racines qui
l’entourent et l’ajoute à l’image du souterrain. Une fois
qu’elle a ajouté la pièce végétale au tableau, la main par-
court la surface de l’image, ses doigts caressant doucement
les veines noires comme si elle cherchait quelque chose.
Si un autre morceau du corps est parvenu jusqu’au
troisième niveau : les flagelles noirs de celle-ci ar-
rachent le bras de sa position suspendue. Puis ils ras-
semblent les deux parties et les attachent ensemble. Les
sections réunies restent alors immobiles, en attente de se
retrouver en présence de la carte suivante. Assister à cette
scène implique de réaliser un test de Terreur (niveau de
traumatisme : grave).
L’affaire
La confrontation : le bras
La carte de l’ancre s’active et tente de rejoindre le bras.
Les mêmes tests que précédemment sont nécessaires pour
stopper cette réunification. Une fois que le tatouage est
de nouveau en place sur le bras, il arrache lui-même le
lien qui le retient au plafond. La manière dont cette sec-
tion réagit face aux émissaires et/ou se comporte est le
même que pour les jambes et le torse, mais le meneur
de jeu se référera alors aux caractéristiques données dans
« Section : bras ».
La confrontation : l’Écorché
Au quatrième et dernier niveau des souterrains git la tête
tranchée du LTN Waller. Cette dernière salle se révèle
étroite, à peine 6,50 mètres de diamètre. Le fluide noir
s’écoule en suintant le long des murs, formant une mare
qui s’étire au centre de la caverne, et grandit au fur et à
mesure que le liquide s’y rassemble. La tête de Waller re-
pose par terre au fond de la salle, les yeux grands ouverts,
les lèvres en perpétuel mouvement. D’épais filaments
noirs s’étendent depuis son cou et creusent à travers le sol.
Différents événements peuvent désormais se produire,
selon ce que les émissaires ont entrepris dans les niveaux
supérieurs.
Si les personnages n’ont pas interagi avec les autres
morceaux ou ne se sont pas assez approchés pour
que les cartes s’activent : les paupières s’ouvrent brus-
quement et un rire résonne dans la pièce, et les autres
morceaux se dirigent vers la tête. Le bras gauche atteint la
caverne en deux rounds, le torse en trois et les jambes en
quatre. Si on ne les retient pas ni ne les détruit avant, elles
rejoignent la tête et s’assemblent selon la procédure déjà
indiquée ci-après.
Si les émissaires ont réuni les morceaux du corps
et les cartes aux tatouages, mais ne les ont pas
détruits : le corps de l’Écorché se déplace vers sa tête, la
ramasse et la rattache à son cou grâce aux filaments noirs.
Il essaie alors de négocier avec les personnages (voir : le
gambit de l’Écorché). S’ils choisissent de le combattre à
ce stade, il dispose de sa pleine puissance et peut utiliser
l’ensemble de ses disciplines et de ses Aspects.
Si les émissaires ont réuni les morceaux du corps
avec les cartes aux tatouages, puis les ont détruits :
la tête s’anime et les attaque sans chercher à discuter.
L’Écorché s’en trouve si affaibli que, terrifié, il lutte dé-
sormais pour sa survie. Le meneur de jeu peut se référer
aux caractéristiques de la créature, mais sans utiliser les
disciplines associées aux cartes (Paralysie, Maîtrise des élé-
ments et Terreur).
Si les émissaires ont détruit les sections avant
que les cartes ne s’y rattachent : un corps compo-
sé de racines noires se forme sous la tête de l’Écorché.
Les cartes s’envolent de l’endroit où elles se trouvent,
quel qu’il soit, et se fixent sur la silhouette en cours de
création (si certaines ont fusionné avec des personnages,
elles s’arrachent de leur peau, leur infligeant une Bles-
49
Le Temple de l’Écorché
sure mineure). L’Écorché tente alors de négocier avec les
joueurs (voir « le gambit de l’Écorché »). Si les émissaires
attaquent la créature à ce stade, on considère qu’il souffre
déjà d’une Blessure mineure, mais il peut utiliser l’en-
semble de ses disciplines et de ses Aspects.
Si les émissaires ont détruit certains morceaux
mais pas toutes : les portions restantes se joignent à
la tête, des racines et des filaments remplaçant les tron-
çons manquants. L’Écorché tente alors de négocier avec
les joueurs (voir « le gambit de l’Écorché »). Si les émis-
saires attaquent la créature à ce stade, il ne peut faire appel
qu’aux disciplines des cartes n’ayant pas été détruites.
Le gambit de l’Écorché
La voix de l’Écorché est rauque et caverneuse. Elle est
profonde et marquée d’un accent américain, et le même
liquide noir s’écoule de sa bouche lorsqu’il s’exprime. À
la demande des émissaires, il peut leur narrer les parties de
son histoire qu’ils auraient manquées. L’Écorché propose
de laisser les personnages en vie s’ils quittent immédiate-
ment les lieux et font le serment que plus jamais la SAVE
ne reviendra ici.
D’un autre côté, l’Écorché se montre prêt à promettre
tout ce que veulent les PJ pour assurer sa survie, jusqu’à
quitter lui-même le temple. Bien entendu, cela ne ré-
sout en rien le problème. Les personnages sont face à une
créature de l’Inconnu, et celle-ci ne peut coexister avec
l’humanité sans se nourrir de vies humaines. L’Écorché
objecte cependant que, s’il trouve un hôte possédant assez
de force de caractère et de volonté, sa nature inhérente
pourrait au moins être contenue (comme avait su le faire
Waller). Donc, si l’un des émissaires accepte d’endosser
le fardeau, il propose de le posséder et d’ainsi libérer le
temple de son influence. Dans ce cas, cette possession
achève la carrière du personnage au sein de la SAVE et
comme PJ. Il devient désormais une créature de l’Incon-
nu (si l’un des joueurs envisage de faire un pacte avec
l’Écorché, assurez-vous qu’il comprenne bien les enjeux
et les conséquences de son choix).Toutefois, pour devenir
l’hôte du monstre, la personne doit se considérer, d’une
manière ou d’une autre, comme « impure ». La définition
de « impur » s’avère ici extrêmement large. Les tatouages
de Waller suffisaient à le rendre éligible. La culpabilité de
frère Phan, au sujet de l’accident de voiture survenu du-
rant sa jeunesse, offre à l’Écorché un parfait point d’entrée
(si le moine se trouve avec les émissaires). Si un joueur se
propose pour servir d’hôte, demandez-lui en quoi son
personnage est « impur » ; cela vous servira de base pour
interpréter l’Écorché à la fin de l’aventure.
L’Écorché minimise l’impact des blessures qui
couvrent son corps, et élude toute suggestion quant à la
possibilité de lui nuire physiquement. En réalité, il réalise
parfaitement combien il est vulnérable — il est possible
de détruire le corps qu’il possède en le démembrant et en
brûlant chaque tronçon. De plus, il ne peut pas accéder à
un nouvel hôte sans sa permission.
Le meneur de jeu peut demander aux joueurs de ten-
ter un test en opposition (Entretien ou une spécialisation
50
CHILL
adéquate contre le SVM de l’Écorché). Interprétez le dis-
cours selon les résultats obtenus. Si la créature l’emporte,
l’émissaire trouve ses mensonges crédibles. En cas d’éga-
lité, le personnage sent que leur adversaire cache quelque
chose et ne le croit donc pas forcément (laissez le joueur
décider de son opinion, indiquez-lui juste qu’il n’est pas
convaincu). S’il gagne, l’émissaire réalise que l’Écorché
ment et qu’il est très nerveux, surtout lorsque l’on aborde
le sujet de ses blessures ou l’action de l’équipe précédente
envoyée par la SAVE.
Grâce à Empathie télépathique, les émissaires peuvent
éviter le test en opposition et obtenir les mêmes infor-
mations que pour un résultat supérieur à celui de leur
adversaire. Toutefois, il faut alors réaliser un test de Réso-
lution de Terreur (niveau de traumatisme : grave). La Voix
des Morts permet d’invoquer Waller. Il se met aussitôt à
hurler aux émissaires qu’il faut brûler l’Écorché (ce qui
pousse celui-ci à attaquer immédiatement le personnage
qui utilise cette discipline). Bouclier mental permet éga-
lement de libérer Waller quelques instants. Les émissaires
devraient se montrer créatifs avec l’Art et le meneur de
jeu devrait approuver les bonnes idées.
Combattre l’Écorché
Si un combat est finalement engagé, l’Écorché engage
toute sa puissance dans la lutte et se bat jusqu’à la mort.
Si les cartes ont fusionné avec certains émissaires, ils de-
viennent sa cible principale et il tente d’arracher le ta-
touage de leur épiderme. En cas de succès, la victime su-
bit une Blessure mineure et la carte fusionne avec la peau
de la créature. L’adversaire des personnages a désormais
accès à la discipline associée à ce tatouage.
LA SUITE DES ÉVÉNEMENTS
Il faut complètement détruire le corps de l’Écorché si
l’on veut en venir à bout. Dès que les personnages l’ont
ainsi vaincu (ou laissé partir par manque de discerne-
ment) la terre guérit rapidement et la vie reprend son
cours normal au sein du Temple du Lotus renversé. Les
malades recouvrent la santé en quelques jours.
Si une carte se trouve toujours fixée sur l’un des
émissaires à la fin de l’aventure, il souffre désormais du
défaut Marqué, au moins jusqu’à ce que le tatouage lui
soit retiré par chirurgie. D’un autre côté, il peut choisir
de le conserver. Mais une fois l’Écorché tué, le tatouage
ne confère plus aucun pouvoir et les tests de Volonté du
personnage pour résister aux disciplines de la Voie mau-
dite subissent un malus de -10. De plus, il fait maintenant
des cauchemars récurrents sur fond de guerre, de mort et
de jungle.
 Societas Argenti Viae Eternitata

Jouer le Temple de l’Écorché

L’ÉCORCHÉ
SVM : 100 REF : 80 VIG : 90
JOUER LE TEMPLE DE L’ÉCORCHÉ
(puissant)
Blessures : Superficielle, Légère -10, Grave -20, Majeure -30, Le Temple de l’Écorché se déroule assez différemment
Critique -50, Mortelle des scénarios habituels de Chill ; la phase d’enquête reste
Disciplines : Blessure, Chuchotements, Maîtrise des éléments (une relativement courte avant de voir les émissaires confrontés
fois uni avec le torse), Paralysie (une fois uni avec les jambes), à l’Inconnu (puisqu’ils savent dès le départ où la menace
Terreur (une fois uni avec le bras gauche) se cache). Cependant, la phase de confrontation implique
Aspects : Exsangue, Insensible, Non-vivant, Rapidité surnatu- un temps plus long et beaucoup d’efforts.
relle, Résilience, Spécialisation (Combat à mains nues +15) Les cartes remises aux émissaires par la SAVE (Appen-
Faiblesse particulière : l’Écorché ne peut véritablement être dice : 2) jouent un rôle essentiel dans le déroulement de
banni que si le corps de son hôte est réduit en cendres, dissout l’affaire. Chacune d’elles est un morceau de peau arraché
dans de l’acide ou complètement détruit d’une manière ou
à Waller et porte un tatouage offrant l’accès à une disci-
d’une autre.
pline de la Voie maudite (si elle est greffée sur son propre
corps).
SECTION : JAMBES Durant l’aventure, il y a plusieurs occasions de voir
SVM : 66 (notable) REF : 60 VIG : 80 une telle chose se produire (reportez-vous aux différents
Blessures : Superficielle, Légère -10, Grave -20, Mortelle paragraphes indiquant que les cartes peuvent « attaquer »).
Disciplines : Paralysie Utiliser l’Art ne protège pas un personnage contre ce
Aspects : Chétif, Exsangue, Fouisseur, Insensible, Non-vivant phénomène. Essayer d’entailler l’épiderme pour retirer le
tatouage ne fonctionne pas ; en cas d’attaque ou de dégâts,
le porteur subit la blessure et l’image se déplace vers un
SECTION : TORSE
autre endroit du corps.
SVM : 66 (notable) REF : 60 VIG : 80
Les cartes sont indestructibles. Lors de sa précédente
Blessures : Superficielle, Légère -10, Grave -20, Mortelle confrontation avec l’Écorché, la SAVE tenta sans succès
Disciplines : Maîtrise des éléments (tremblements de terre) de les brûler. Elles ne peuvent être brûlées, ou endom-
Aspects : Chétif, Exsangue, Fouisseur, Insensible, Non-vivant magées d’une quelconque façon, qu’une fois revenues se
fixer sur la créature dont elles sont issues. Enfin, elles dis-
SECTION : BRAS GAUCHE posent d’une certaine forme d’intelligence, celle-ci aug-
mentant au fur et à mesure que les cartes se rapprochent
SVM : 66 (notable) REF : 60 VIG : 80
de l’Écorché.
Blessures : Superficielle, Légère -10, Grave -20, Mortelle
Il est tout à fait possible que les émissaires prennent
Disciplines : Terreur une décision futée, comme de laisser les cartes dans leurs
Aspects : Chétif, Exsangue, Fouisseur, Insensible, Non-vivant chambres (ou dans une boîte verrouillée), avant de partir
explorer les souterrains du temple. Dans ce cas, retour-
nez un jeton lumière, et faites en sorte que les cartes les
suivent, ou s’offrent une petite balade dans le sac à dos
de l’un des personnages, ou bien toute autre solution
qui vous semblera appropriée à la situation. Les cartes
constituent un élément majeur de l’aventure, aussi atten-
dez-vous à devoir trouver un moyen de les y impliquer.

51
Le Temple de l’Écorché CHILL

ORDRE DE MISSION

SAVE – QG de Bangkok (4 mai 2015, 10:54)

à : <liste des destinataires cachée>

Chers émissaires,
Il y a quelques jours, près de la ville de Biên Hòa au Vietnam, un tremblement de terre a révélé un gouffre
d’environ vingt mètres de profondeur au sein du Temple du Lotus renversé. Tout de suite après, les habitants
du village proche du monastère ont commencé à tomber gravement malades. Le frère Phan, membre du
Temple, a aussitôt contacté la SAVE pour réclamer notre aide.
La SAVE est déjà intervenue autrefois auprès de ce temple. En 1983, une équipe menée par Aat Kitjakarn (du
QG de Chiang Mai) a affronté une créature mort-vivante qu’ils ont appelée « l’Écorché ». Les émissaires ont dû
la démembrer puis l’enterrer, en prélevant au passage trois fragments de peau tatouée sur son corps (ceux-ci
s’étant révélés impossibles à détruire).
Malheureusement pour nous, ces trois « cartes » et le rapport de mission étaient conservés dans le QG
mondial de la SAVE à Dublin qui, comme vous le savez, a été détruit dans un incendie en 1989. Vous trouverez
ci-joint le seul extrait du rapport demeuré intact (ainsi que les trois cartes sur lesquelles les flammes n’ont pas
eu le moindre effet). Il est regrettable qu’il soit impossible de contacter les membres de l’équipe originelle, tous
étant aujourd’hui décédés de causes naturelles, ou au cours de missions dans les années qui suivirent.
Si l’on s’appuie sur les rares informations disponibles, les cartes constituent sans doute la clef pour détruire
l’Écorché. L’extrait du rapport fait également référence à un ressortissant Américain nommé Daniel Waller.
Celui-ci était lieutenant dans l’armée américaine, et fut déclaré porté disparu au Vietnam en 1971.
Votre mission consiste à interroger Frère Phan (et si nécessaire les autres moines du temple), à explorer la
faille qui s’est ouverte sous l’édifice, à déterminer si les causes de l’épidémie sont liées à l’Inconnu et, si cela
s’avère pertinent, détruire la créature qui en est à l’origine.

Merci d’adresser vos rapports au QG de la SAVE à Bangkok.

52
 Societas Argenti Viae Eternitata

Jouer le Temple de l’Écorché

APPENDICE 1 : RAPPORT D’ENQUÊTE ORIGINAL

53
Le Temple de l’Écorché CHILL

APPENDICE 2 : LES CARTES

Aigle Cœur Ancre

Vous pouvez Vous pouvez utiliser Vous pouvez utiliser

utiliser la discipline la discipline Maîtrise la discipline Terreur,
Paralysie, avec des éléments : avec un SVM égal à
un SVM égal à 75. tremblements de 75. Cependant, au
Cependant, au lieu terre, avec un SVM lieu de retourner un
de retourner un égal à 75. Cependant, jeton Lumière pour
jeton lumière pour au lieu de retourner l’activer, vous devez
l’activer, vous devez un jeton Lumière retourner un jeton
retourner un jeton pour l’activer, vous Ténèbres.
Ténèbres. devez retourner un
jeton Ténèbres.
54

4453 AT 27
Où des corps et des cœurs fracassés ne se recollent pas.
Aspects importants : ce scénario fonctionnera mieux
avec des émissaires capables de faire preuve d’un mini-
mum de psychologie pour gérer une situation qui risque
de dégénérer très vite.
Personnages suggérés : personne en particulier.
Menace majeure : Isabelle Leduc, conductrice fantôme.
LA SITUATION
Isabelle Leduc rencontra Laurent Morin en 1982. Tous
deux étaient jeunes, se lançaient dans la vie… Ils tom-
bèrent amoureux, et même s’ils vivaient à une cinquan-
taine de kilomètres l’un de l’autre, Laurent à Dreux,
Isabelle à Conches.
Début 1983, Isabelle découvrit qu’elle était enceinte,
une grossesse imprévue. Le 28 janvier, elle annonça la
nouvelle à son compagnon. Laurent, pas prêt à faire face à
la paternité, se cabra. Tous deux eurent une violente dis-
pute qui se termina lorsqu’Isabelle, en larmes, décida de
rentrer chez elle, au lieu de passer le week-end à Dreux
comme prévu.
La situation
Elle ne fit que quelques kilomètres avant que sa
Dyane 6 verte ne soit pulvérisée par un semi-remorque,
un peu après Nonancourt. Isabelle mourut sur le coup.
Jean Bergerolle, le chauffeur du camion, était ivre.
Laurent encaissa le coup, géra son deuil tant bien que
mal, puis il refit sa vie. Il se maria avec Catherine Harel
en 1986 et divorça en 2000, après avoir eu trois enfants.
Quant à Isabelle, elle resta… en vie, ou du moins dans
une quasi-vie. Son fantôme hante l’intersection où s’est
produit l’accident. De temps à autre, elle repère un conduc-
teur qui ressemble à Bergerolle ou à Laurent Morin, et elle
tente de le tuer. Le fantôme d’Isabelle, relativement peu
meurtrier, ne fait qu’une victime tous les dix ans environ,
mais ses nombreuses manifestations mineures ne sont pas
passées inaperçues. Les autorités ont classé l’intersection
comme «  accidentogène  » et l’ont transformée en rond-
point à la fin des années 1990. Rien n’y a fait.
Tout aurait pu continuer ainsi pendant encore
quelques décennies sans Bergerolle. Jugé responsable de
l’accident, il fit quelques années de prison, puis partit
s’installer à Grasse, où il a vécu pendant presque trente
ans. Il y a deux mois, son oncologue lui a appris qu’il
souffrait d’un cancer – et pas en lui disant « vous verrez,
ça se soigne très bien de nos jours », plutôt « on va tenter
quelque chose, mais mettez quand même vos affaires en
ordre ». Bergerolle, que le remords n’avait jamais quitté, a
décidé de revenir sur le lieu de son crime.
55
4453 AT 27
Isabelle l’attendait. La Toyota du vieil homme a été
retrouvée dans le fossé, broyée comme si elle avait été
heurtée par un semi-remorque.
La mort de Bergerolle a « réveillé » Isabelle, l’a rappro-
ché d’une pleine conscience de son sort, et lui a donné
une motivation supplémentaire pour retrouver Laurent.
Même sans l’intervention des émissaires, les événements
vont conspirer pour les rapprocher.
LA SAVE
La mort de Bergerolle n’a pas eu de témoins, mais elle a
attiré l’attention de Samir Boumezoued, un contact de
la SAVE qui travaille à la gendarmerie de Nonancourt.
Boumezoued transfère l’information et le rapport d’ac-
cident à la branche versaillaise de la SAVE, qui choisit les
émissaires pour résoudre l’affaire.
CHRONOLOGIE
Mars 1982 : Isabelle Leduc et Laurent Morin tombent
amoureux.
28  janvier 1983  : Isabelle annonce sa grossesse à
Laurent. Après une dispute, elle part de chez lui et
est tuée dans un accident causé par Jean Bergerolle.
Depuis 1983 : manifestations mineures d’Isabelle.
Juillet 1986 : Laurent Morin épouse Catherine Harel.
Janvier  1988  : Bergerolle sort de prison et va s’ins-
taller à Grasse.
6 avril 1993 : mort de Bertrand Vidal, première vic-
time d’Isabelle.
Septembre 2002 : mort d’Étienne Grand, deuxième
victime d’Isabelle.
Mars 2014  : mort de Robin Letourneur, troisième
victime d’Isabelle.
27 janvier 2018 : Bergerolle quitte Grasse. Il passe la
nuit dans un hôtel Formule 1 à Auxerre.
28 janvier 2018 : trente-cinq ans jour pour jour après
l’accident initial, le fantôme d’Isabelle tue Jean Ber-
gerolle.
30 janvier 2018 : Samir Boumezoued envoie un rap-
port à la SAVE de Dreux.
1er février 2018 : les émissaires sont mis sur l’affaire.
6 février 2018 : Laurent Morin cherche la mort sur
le rond-point des Moissons.
56
CHILL
Après le 6 février 2018 : le fantôme d’Isabelle Leduc
tente de tuer l’ex-femme et les enfants de Laurent
Morin. La première victime devrait être tuée dans la
nuit du 7 au 8 février.
Victime 1 + 2 jours : la police remet le corps aux
pompes funèbres.
Victime 1 + 4 jours : funérailles de la victime 1.
La victime 2 devrait être tuée dans la nuit sui-
vant les funérailles.
ORIENTATION
• Dreux est une ville de 32 000 habitants située en Eure-
et-Loir (28). Son centre-ville est joli, mais il est entouré
de nombreux quartiers HLM moches tout autour. La
ville proprement dite dispose d’un commissariat et est
donc en « zone police ». Ses alentours dépendent du
Groupement départemental de Gendarmerie d’Eure-
et-Loir.
• Nonancourt compte 2500 habitants et se trouve juste
de l’autre côté de la limite du département, dans l’Eure
(27). C’est le Groupement départemental de gendarme-
rie de l’Eure, auquel appartient Samir Boumezoued, qui
est compétent ici. Les deux groupements collaborent
d’autant plus étroitement que Nonancourt fait partie de
la communauté d’agglomération de Dreux. Malgré tout,
l’information ne circule pas toujours très bien entre
gendarmes et policiers.
• Conches-en-Ouche se trouve également dans l’Eure,
à une cinquantaine de kilomètres au nord de Dreux.
C’est une jolie ville de 5000 habitants, réputée pour son
donjon et ses maisons à colombages.
L’AFFAIRE
Samir Boumezoued
Le gendarme Boumezoued occupe un petit logement
dans une caserne de gendarmerie moderne, située à la
périphérie de Nonancourt. Les émissaires n’y mettront
pas les pieds  : il préfère leur fixer rendez-vous dans un
bar du centre-ville de Dreux, le soir du 2 février. C’est le
genre d’endroit où le bruit et la foule garantissent votre
anonymat et la confidentialité.
Boumezoued approche de la trentaine. Taillé en force,
il est plutôt bel homme, mais reste très « service-service ».
Sa rencontre avec l’Inconnu date d’une dizaine d’années,
il n’aime pas en parler, et le surnaturel le terrifie encore
aujourd’hui. Il admire les émissaires, mais les considère
comme des morts en sursis.
Il a une information à ajouter à son message initial :
en posant des questions à ses collègues, il a obtenu le nom
de Gérard Lepage, un gendarme retraité qui vit à Ver-
 Societas Argenti Viae Eternitata

sailles et possède une importante collection de coupures
de presse sur les faits divers de la région. Lepage est un
vieux monsieur rubicond, encore costaud, qui s’ennuie à
mourir dans son petit appartement et sera ravi d’ouvrir
ses dossiers aux émissaires.
Jean Bergerolle
Sources : les journaux ; Claire Bergerolle, sa veuve.
• Vital  : Bergerolle est un ancien routier, qui a été
impliqué dans un accident à ce même carrefour en
1983. Son nom est mentionné dans les journaux, sa
veuve peut être jointe par téléphone et en parler et
expliquer que ça a été le drame de sa vie. « Il a tué
une pauvre gamine, et il ne s’en est jamais remis. »
Condamné à dix ans de prison, il a été libéré au bout
de cinq ans.
L’affaire
DISCIPLINES DE L’ART
Utilisées au rond-point, les disciplines suivantes
peuvent donner des indices intéressants. Les
exemples suivants ne sont que des suggestions,
sentez-vous libre de les modifier à votre guise selon
la progression du groupe.
Détection
• La Rétrocognition montre les secours affairés à
désincarcérer Bergerolle. La scène correspond à la
description du gendarme Boumezoued, à un détail
près : en dépit de ses blessures, Bergerolle semble
étrangement serein.
• Avant la nuit du 5 au 6 février, la Prescience donne
l’image de Morin au rond-point, accompagnée d’un
écrasant sentiment de malveillance.
Incorporel

• Intéressant  : Bergerolle s’est installé dans le sud en • La Vision des morts permet d’entendre le premier
1988, et n’était jamais remonté dans la région de- accident : la pétarade du moteur de la Dyane 6, le
puis lors. Il n’avait pas prévenu Claire, sa veuve, de grondement du moteur d’un semi-remorque, puis le
ses intentions. «  Il est parti sans me prévenir, après bruit du choc.
quarante-trois ans de mariage ! » Par ailleurs, il souf- • La Voix des morts offre une courte conversa-
frait d’un cancer du pancréas très avancé. Il n’en avait tion avec l’une des trois victimes de substitution
d’Isabelle Leduc. Tués sans avoir eu le temps de
probablement plus pour longtemps à vivre, « mais il
comprendre ce qui leur arrivait, ils n’ont pas énor-
avait l’air de s’en foutre ». mément de choses à dire, sinon qu’ils ont très peur
d’elle, et qu’elle est très agitée en ce moment.
• Ésotérique  : Bergerolle faisait régulièrement des
cauchemars sur l’accident. Il a eu trois crises par-
ticulièrement violentes qui ont duré plusieurs se-
maines, début avril 1993, fin septembre 2002 et mi-
• Ésotérique : parmi les automobilistes qui l’empruntent
mars 2014.
fréquemment, par exemple les employés de la déchet-
terie, beaucoup affirment qu’ils ont eu des « petits pé-
pins » électriques ou électroniques sur l’axe Nonan-
Le rond-point des Moissons court/Droisy, avant, pendant ou juste après le passage
du rond-point. Ce n’est jamais grave : la radio grésille
Sources : observation, journaux locaux, entretiens.
pendant une minute, les phares baissent d’intensité…
Il est situé sur la D50, sur le territoire de la com-
mune de Droisy. La D50 suit un axe sud-est (Nonan-
court, puis Dreux)/nord-ouest (Droisy, Damville, et plus
lointainement Conches), qui correspond aux deux sorties
Des apparitions ?
principales du rond-point. Deux autres départementales
Source : Gérard Lepage qui n’y croit pas lui-même, In-
conduisent à des villages situés à l’ouest et au nord-est.
ternet (des sites douteux sur les hantises).
Enfin, une cinquième sortie dessert une déchetterie. Le
terre-plein central arbore une gerbe de blé métallique de
• Vital  : des témoignages imprécis et anonymes font
quatre mètres, peinte en jaune poussin et liée par un ru-
état d’une « voiture fantôme » qui apparaîtrait entre
ban d’acier bleu pétant. Installée en 2008, elle n’a aucun
Nonancourt et le rond-point.Visible uniquement de
rapport avec le scénario, mais enlaidit considérablement
nuit, et il s’agirait d’une 2 CV ou d’une Dyane 6 de
les lieux.
couleur sombre. Elle ne fait rien de particulier, elle
se contente de rouler sur cette portion de route, et
• Vital : le rond-point a succédé à un carrefour clas-
de disparaître peu avant d’arriver au carrefour.
sique en 1997.
• Intéressant : en 2006, l’un des témoins qui l’a croisé
• Intéressant : l’aménagement du rond-point s’est ins-
rapporte avoir eu l’impression d’être «  scruté  » et
crit dans le cadre d’un programme pilote de trans-
affirme avoir ressenti une «  grande impression de
formation des carrefours « accidentogènes » du dé-
danger ». Il s’agit d’un quadragénaire ressemblant à
partement de l’Eure. L’ancien carrefour avait un taux
Bergerolle, qui n’a eu la vie sauve que parce qu’il
d’accidents 30  % supérieur à la moyenne départe-
n’était pas seul à bord.
mentale (voir Les accidents précédents, p. 58).
57
4453 AT 27
• Ésotérique : un autre témoin prétend que la plaque
d’immatriculation du fantôme serait «  44 quelque
chose – quelque chose T – 27 ».
Les accidents précédents
Sources  : les archives de l’édition locale d’Ouest-France
ou de L’Écho Républicain, Gérard Lepage.
Le carrefour, puis le rond-point, sont assez souvent
mentionnés dans les journaux, à la rubrique « accidents ».
Généralement, il s’agit d’incidents sans gravité, avec des
automobilistes qui en sont quittes pour la peur ou, au
pire, un séjour à l’hôpital.
• Vital : cinq morts en trente ans. La série s’ouvre en
1982 avec Isabelle Leduc, tuée par un routier nom-
mé… Jean Bergerolle. Elle se poursuit le 6 avril 1993
avec Bertrand Vidal. Vient ensuite Étienne Grand,
le 24  septembre 2002. Puis Robin Letourneur, le
17 mars 2014. Et enfin, Jean Bergerolle.
• Intéressant  : les circonstances de la mort de Vidal,
Grand et Letourneur ressemblent à celles de Berge-
rolle. L’heure varie, mais dans les quatre cas, il n’y a
aucun témoin et leurs voitures étaient très endom-
magées, comme si elles avaient été percutées par un
camion.
• Ésotérique  : Isabelle Leduc vivait à Conches, à une
trentaine de kilomètres au nord du carrefour.
Vidal, Grand et Letourneur
Sources : journaux ou entretiens, Gérard Lepage.
• Vital : Bertrand Vidal avait 22 ans. Étudiant en psy-
cho à Rouen, il rentrait chez ses parents à Dreux.
Étienne Grand était plombier à Nonancourt et re-
venait d’une intervention dans un village voisin. Il
avait 45 ans. Robin Letourneur, âgé de 23 ans, était
chômeur, vivait à Droisy et rentrait d’un entretien
d’embauche à Dreux. Voitures différentes, vies dif-
férentes, pas de relations communes. Leurs familles
n’ont rien de passionnant à raconter.
• Intéressant : Vidal et Letourneur se ressemblaient un
peu. Tous deux étaient minces, un peu plus costauds
que la moyenne, avec des cheveux châtains et des
yeux bleus. Quant à Grand, un gaillard trapu avec
une mâchoire carrée et des cheveux noirs légère-
ment grisonnants, il a un petit air de Bergerolle au
même âge…
• Ésotérique : les parents de Vidal et Letourneur se sou-
viennent d’avoir reçu un coup de téléphone bizarre,
peu après l’enterrement. Un homme, qui pleurait et
leur a demandé « pardon » avant de raccrocher.
58
CHILL
Isabelle Leduc
Source : sa famille, les journaux, les archives.
• Vital : Isabelle était une jeune fille sans histoire, qui
venait de trouver un poste d’employée à la mairie
de Conches. Le 28 janvier 1983, peu avant midi, sa
Dyane 6 vert sombre a été percutée par le semi-re-
morque de Jean Bergerolle au carrefour des Mois-
sons. Isabelle a été tuée sur le coup. Elle avait 22
ans. Sa tombe, au cimetière de Conches, n’a rien de
particulier, mais est toujours fleurie.
• Intéressant  : sa voiture était immatriculée 4453 AT
27.
• Ésotérique : il existe quelques photos couleur de l’ac-
cident. La Dyane a été broyée, mais sa couleur reste
visible, et c’est le même vert sombre que le gen-
darme Boumezoued jure avoir vu sur l’épave de la
voiture de Bergerolle.
Le petit ami
Source : la famille Leduc.
André Leduc, le père d’Isabelle, est mort en 2012.
Paulette, sa mère, vit toujours à Conches, dans leur pe-
tit appartement de la place du Donjon. Marion, la sœur
d’Isabelle, est médecin à Évreux, à une trentaine de ki-
lomètres à l’est de Conches. Elle était interne à Paris
lorsque sa sœur est morte.
• Vital  : Paulette et Marion savent toutes les deux
qu’Isabelle « avait quelqu’un » à Dreux, un certain
Laurent Morin. Il est venu à l’enterrement, semblait
très secoué, mais n’a jamais repris contact avec la fa-
mille par la suite.
• Intéressant : Paulette a croisé Morin plusieurs fois à
l’époque. Elle décrit un jeune gars costaud, aux che-
veux châtains et aux yeux clairs.
• Ésotérique  : Marion sait que sa sœur était enceinte
d’un peu plus deux mois au moment de sa mort.
Elle n’en a jamais parlé à ses parents pour ne pas
ajouter à leur chagrin.
Laurent Morin, 1re prise
Source : entretiens, état-civil.
• Vital : né en 1963, Laurent Morin est propriétaire du
Duc d’Orléans, un hôtel-restaurant classé *** dans le
centre de Dreux. Il n’est plus aux fourneaux depuis
des années  : il a engagé un jeune chef prometteur
et se concentre sur la gestion. C’est un notable, un
monsieur occupé, qui mène plusieurs vies de front
– il est aussi conseiller municipal d’opposition et en-
 Societas Argenti Viae Eternitata
gagé dans une demi-douzaine d’associations carita-
tives. Il a épousé Catherine Harel en 1986. Ils ont di-
vorcé en 2000. Ils ont eu trois enfants : Julien, né en
1987 ;Vanessa, née en 1989 ; et Élodie, née en 1991.
Laurent ne s’est pas remarié, et on ne lui connaît pas
de maîtresse. Les photos montrent un quinquagé-
naire mince, aux épaules larges. Ses cheveux châtains
se sont dégarnis et il porte des lunettes, mais il res-
semble à une version plus âgée de Vidal et Letour-
neur, deux des victimes du rond-point.
• Intéressant  : Morin donne à la Croix Rouge, aux
Restos du Cœur, au Secours populaire… et à plu-
sieurs associations d’aide aux victimes d’accidents de
la route.
• Ésotérique : son hyperactivité masque une grave dé-
pression. Il est suivi depuis longtemps par le Dr Kei-
fer, un psychiatre de Versailles.
Laurent Morin, 2ème prise
Source : entretien avec l’intéressé.
Les émissaires ont intérêt à faire preuve de tact s’ils
veulent décrocher quelques minutes d’entretien. Morin
est tendu et pas particulièrement disposé à se confesser à
des inconnus. S’ils le prennent à rebrousse-poil, il les jette
dehors ou appelle la police. En revanche, s’ils se montrent
à l’écoute, ils le trouvent tout prêt à coopérer, et même
heureux de se confesser.
• Vital : Laurent et Isabelle ont vécu quelques mois de
passion, mais leur dernier contact a été une violente
dispute. La jeune fille lui a annoncé sa grossesse, il a
« mal réagi », elle est partie en claquant la porte. De-
puis trente-cinq ans, il se repasse la scène dans sa tête,
se disant qu’une réplique de plus ou moins aurait
pu la convaincre de rester, ou au moins la retarder
suffisamment pour qu’elle arrive au carrefour trente
secondes plus tard…
• Intéressant : il fait fleurir la tombe d’Isabelle tous les
mois, et lui rend visite au moins deux fois par an, à
l’anniversaire de leur rencontre et celui de sa mort.
Il ne passe jamais par la D50 – il existe des routes
moins directes.
• Ésotérique : la nuit de la mort de Bergerolle, il a fait
un cauchemar particulièrement net où il mourait
dans un accident de voiture. Cela lui arrive plusieurs
fois par an, et en général, c’est accompagné d’idées
de suicide. Il a eu des crises aiguës en 1993, 2002 et
2014. La dernière a exigé un court séjour dans une
« maison de repos médicalisée ».
L’affaire
Laurent Morin, 3ème prise
Source : ses faits et gestes.
Laurent Morin arrive Au duc d’Orléans vers 7 h 30, tra-
vaille jusque vers 19 h, puis consacre une heure ou deux
à sa vie sociale, dînant avec des amis ou des confrères.Vers
22 h, il rentre dans sa villa d’un quartier cossu de Dreux.
Il boit un whisky, se couche vers 22 h 30, et se réveille à
5 h 30.
• Vital : il fait des cauchemars presque toutes les nuits.
Dans la nuit du 5 au 6, il se réveille plusieurs fois,
avant de capituler. À 5  h du matin, le 6  février, il
prend sa voiture et roule jusqu’au rond-point. Il en
fait plusieurs fois le tour, espérant l’accident. Il se
range n’importe comment, monte sur le terre-plein
et tombe à genoux, sanglotant. Rien ne se passe. Il
est de retour chez lui à 6 h, annule ses rendez-vous
et passe la journée à regarder la télévision d’un œil
vide. Le lendemain, il s’est repris et retourne travail-
ler comme si de rien n’était.
• Intéressant  : si les émissaires l’interrogent après cet
événement, il leur dit que lorsqu’il était sur le terre-
plein, il s’est senti… « pas juste observé… fouillé…
dépouillé… à poil ». Il n’a pas eu la sensation d’être
en danger. En fait, il se sent en paix.
• Ésotérique  : il a été suivi jusqu’à chez lui par une
Dyane 6 vert sombre. Sa conductrice n’a pas fait d’ef-
forts particuliers pour être discrète, mais la voiture
n’est visible que si vous êtes sensible à l’Inconnu.
ISABELLE CHANGE D’AVIS
Laurent rentre chez lui convaincu que c’est terminé,
qu’Isabelle lui a pardonné et qu’il n’y aura plus de morts,
maintenant qu’elle a tué Bergerolle.
Isabelle est d’un avis différent. Elle a décidé d’accorder
un sursis à Laurent… le temps de tuer ses enfants – des
enfants qui ont vécu, alors que le sien est mort avec
elle. Elle garde son ex-amant pour la fin. Désormais, elle
n’est plus liée au rond-point, et hante les alentours de la
maison de Laurent. Après le 6 février, le rond-point des
Moissons cesse d’être hanté, et les disciplines de l’Art n’y
détectent plus rien d’anormal (mais la Rétrocognition
fonctionne toujours).
59
4453 AT 27 CHILL
MISE(S) À MORT
À partir du 6  février, le fantôme frappe les victimes de
votre choix, sans forcément respecter l’ordre dans les-
quelles elles sont présentées ci-dessous. La chronologie
de la p. 56 vous donne des éléments sur le début de la sé-
rie. Souvenez-vous que le fantôme est patient, n’éprouve
aucun sentiment d’urgence et tient à savourer sa « ven-
geance » contre Laurent Morin. Cela peut influer sur vos
choix de mise en scène (voir p. 62).
Catherine Harel
Divorcée en 2000, l’épouse de Laurent Morin a refait sa
vie. Elle ne s’est pas remariée, mais vit en couple avec An-
dré Vallent, cadre dans une entreprise locale. Elle n’a plus
de contacts avec Laurent. Solide et positive, elle l’a quitté
parce qu’elle ne supportait plus sa dépression chronique.
Elle est « renversée par une voiture » en rentrant chez
elle, dans un lotissement haut de gamme situé au sud de
Dreux. Lou Vallent, sa belle-fille de dix-huit ans, trouve le
corps peu après.
• Vital : ses voisins de l’allée des Bruyères ont entendu
un bruit de moteur, et la plupart décrivent un son
plus aigu et plus fort que celui produit par une voi-
ture moderne.
• Intéressant  : le corps a été très abîmé par l’impact,
des dégâts qui correspondent plutôt à ceux causés
par un semi-remorque que par une voiture (mais
personne n’a remarqué de camion).
• Ésotérique : Mme Marcou, la voisine d’en face, est une
femme au foyer entre deux âges. Elle a passé une
mauvaise journée, hantée par l’impression d’être sur-
veillée et émaillée d’incidents désagréables (elle s’est
coupée en préparant le déjeuner, elle a glissé dans
l’escalier et s’est tordu la cheville). Mme Marcou pos-
sède une certaine sensibilité psychique.
Julien Morin
Né en 1987, le fils aîné de Laurent Morin a épousé en
2013 Émilie Ribette. Ils ont une fille, Léa, née en 2014.
Agent immobilier à Dreux, Julien est un bavard impénitent
qui brasse beaucoup d’air sans que les résultats soient à la
hauteur. Le père et le fils s’entendent bien sans avoir grand-
chose à se dire, et la famille dîne parfois chez Laurent.
Julien «  perd le contrôle  » de son Audi sur la D50,
à une dizaine de kilomètres au nord du rond-point des
Moissons, alors qu’il rentrait d’une visite. Il percute une
pile de pont en béton, mais survit à l’impact. Il passe le
reste du scénario à l’hôpital. Si vous l’estimez nécessaire,
le fantôme peut se rabattre sur sa famille. Émilie n’inté-
resse pas vraiment Isabelle, mais la petite Léa est tout ce
qu’aurait été son enfant si elle avait vécu…
60
• Vital : le témoignage de Julien est confus, ses souve-
nirs brouillés par les calmants, mais il est prêt à jurer
que pendant les toutes dernières secondes, il n’était
pas seul à bord de sa voiture. Il y avait une jeune
femme aux cheveux noirs à la place du mort. Elle
s’est penchée sur lui, elle a saisi le volant et leur a fait
faire l’embardée fatale.
• Intéressant  : si on lui montre une photo d’Isabelle
Leduc, il la reconnaît.
• Ésotérique  : le fantôme a dit quelque chose juste
avant l’impact. « Toi d’abord, lui à la fin. »
Vanessa Morin
Née en 1989,Vanessa a épousé en 2016 Philippe Nguyen,
qui est ingénieur à Saclay. Elle a une formation de comp-
table, mais elle est au chômage et, étant enceinte de six
mois, elle ne cherche pas avec beaucoup de vigueur. Elle
est plus proche de sa mère que de son père, mais lui télé-
phone régulièrement.
Elle est fauchée par une voiture au bas de son im-
meuble à son retour d’un rendez-vous avec sa sage-
femme, en fin d’après-midi. Elle est tuée sur le coup.
• Vital : elle s’était plainte à ses proches et à la sage-femme
d’être suivie par une jeune femme aux cheveux noirs,
qu’elle ne voyait jamais que du coin de l’œil.
• Intéressant  : il y a eu deux impacts, le premier l’a
projetée contre un mur, et le second l’a écrasée. La
police n’a aucune idée de ce qui a pu se passer : ce
second impact aurait dû gravement endommager le
véhicule de l’agresseur, or le béton est à peine éraflé.
• Ésotérique : des traces de peinture vert sombre sont
visibles pendant une heure après l’accident. Ensuite,
elles disparaissent comme ce qu’elles sont : de l’ec-
toplasme matérialisé.
Élodie Morin
Née en 1991, elle est community manager dans une société
de jeux vidéo installée à Versailles. Elle vit en couple avec
un collègue britannique, Mark Jones.Tous deux occupent
un petit appartement à Porchefontaine. Élodie, la rebelle
de la famille, est en froid avec ses parents, mais elle est très
proche de Vanessa.
Elle sera frappée lors d’une visite sur la tombe de la
victime n° 1, au cimetière de Dreux. La police n’a au-
cune idée de la manière dont on peut se faire écraser par
un semi-remorque dans les allées étroites d’un cimetière.
•  Vital  : Mark Jones, qui l’attendait à l’extérieur du
cimetière, encaisse mal la mort de sa copine. Il a eu l’im-
pression, en arrivant sur Dreux, de voir «  une de ces
vieilles petites voitures françaises rigolotes » dans son ré-
tro. Oui, il est sûr de ne pas l’avoir vue avant.
 Societas Argenti Viae Eternitata
• Intéressant  : il a aperçu une jeune femme aux che-
veux noirs entrer dans le cimetière sur les pas d’Élo-
die, mais la nuit était presque tombée, et il était pré-
occupé par la dernière tempête dans un verre d’eau
qui agite son forum…
• Ésotérique : des traces de pneus de 2 CV sont visibles
tout autour du corps. Contrairement à la peinture,
elles ne disparaissent pas.
Laurent Morin, dernière prise
Si les émissaires ne font rien, le fantôme d’Isabelle termine la
série en tuant Laurent Morin. Totalement brisé par la mort
de sa famille, il accepte son sort et se rend une seconde fois
au rond-point des Moissons. Si le groupe n’intervient pas, on
retrouvera son corps broyé au pied de la gerbe métallique. Il
faudra des analyses ADN pour l’identifier.
Dans ce cas de figure, les personnages ont échoué,
même si le fantôme d’Isabelle disparaît. Il n’est pas cer-
tain que sa disparition soit permanente, il se peut qu’elle
se réinvente, revenant dans quelques années pour punir
tous les chauffards, quels qu’ils soient et quels que soient
leurs « crimes ».
LA CONFRONTATION
Selon toute probabilité, ce scénario se conclura par un
combat entre le fantôme d’Isabelle et le groupe. Pour cela,
ils ont besoin de la coopération de Laurent Morin, qui doit
accepter de jouer le rôle d’appât. Elle n’est pas très difficile
à obtenir. En revanche, il croit naïvement qu’il peut « sau-
ver » l’âme d’Isabelle, et n’hésite pas à se mettre en danger
pour cela, désobéissant aux consignes des personnages.
Les émissaires ont le choix du lieu. Dans l’absolu, une
portion de route déserte ferait l’affaire, mais ils peuvent aus-
si essayer de la placer dans une situation désavantageuse, en
optant par exemple pour le parking du Duc d’Orléans, petit
et accessible uniquement par un passage étroit. Le fantôme
frappe de préférence à l’extérieur, mais ce n’est en rien une
obligation, pas plus qu’elle n’est obligée de prendre la forme
d’une Dyane 6 pour infliger les dégâts d’une voiture.
Enfin, nos héros ont intérêt à prévoir un moyen de
résister aux dégâts qu’elle inflige. Le plus simple est de se
trouver à bord de véhicules, mais d’autres solutions sont
possibles, par exemple une voie de repli via une porte
ouverte donnant sur un escalier.
Dans un premier temps, le fantôme vise Laurent Mo-
rin en priorité et traite les émissaires comme une gêne
plus que comme de véritables adversaires. Quand ils au-
ront commencé à se servir de l’Art, Isabelle change d’avis
et les cible. Elle est intelligente et s’efforce de les séparer
pour les éliminer un par un. En revanche, elle n’est pas
préparée au déploiement des pouvoirs de l’Art, et sa com-
préhension de la technologie a trente ans de retard – elle
saurait quoi faire face à des émissaires équipés de talk-
ies-walkies, mais les téléphones mobiles la laissent per-
plexe pendant quelques instants.
La confrontation
EMPÊCHER LE MASSACRE
Pour les émissaires, priver le fantôme de ses proies est
un premier impératif. La solution la plus simple consiste
à les convaincre de déguerpir. Julien refuse de bou-
ger, se disant surchargé de travail, mais Vanessa peut
être persuadée d’aller voir ses beaux-parents à Paris,
et Élodie a des RTT à prendre et envie d’organiser « à
l’arrache » un week-end prolongé en Angleterre avec
Mark. Bien entendu, reste aux émissaires à se montrer
persuasifs sans trop en dire…
Isabelle peut se manifester sur la D50, autour de chez
Laurent Morin et du domicile de ses futures victimes,
ainsi que sur sa propre tombe, à Conches. Si les enfants
Morin quittent la région, même momentanément, elle
modifie ses plans. Elle ne change pas de tactique, mais
s’en prend au personnel du Duc d’Orléans, qu’elle consi-
dère comme des substituts acceptables aux enfants de
son ancien amant.
Le fantôme agit plutôt la nuit, mais ce n’est pas une
limitation absolue, et en février, cela lui laisse une plage
horaire importante. Elle préfère les situations où ses vic-
times sont seules, mais là encore, si elle n’a pas le choix,
elle n’hésite pas à laisser des témoins.
CARACTÉRISTIQUES DES PNJ
LAURENT MORIN
VIG : 60 VOL : 40 REF : 55
Motivations : sauver l’âme d’Isabelle, protéger sa famille. Sa
propre survie arrive en troisième place, assez loin derrière les
deux autres.
ISABELLE LEDUC, FANTÔME VENGEUR
SVT : 90 REF : 60 VIG : 60
Blessure : N/A
Disciplines : Apparition, Dysfonctionnement, Hantise, Manifesta-
tion corporelle
Aspects : Attaque spectrale, Immatérielle
Motivations : tuer Jean Bergerolle et Laurent Morin ; causer des
accidents ; tuer des chauffards.
Notes : sa Manifestation corporelle habituelle prend la forme
d’une Dyane 6. Isabelle Leduc apparaît au volant, la bouche
ouverte dans un hurlement silencieux. Elle peut également se
manifester telle qu’elle était de son vivant, comme une jolie
jeune fille aux cheveux noirs au visage triste. Ces deux formes
infligent des dégâts catastrophiques.
61
4453 AT 27 CHILL
JOUER 4453 AT 27
Progressez lentement au début
Le fantôme d’Isabelle n’a pas beaucoup tué, et sa mort
remonte à un passé relativement lointain. Les émissaires
peuvent se dire qu’ils ont quelques années avant le pro-
chain accident.
Jouez sur les nuances de gris
4453 AT 27 est une histoire sans « méchant ». Bergerolle
a tout mis en branle, mais c’était un type ordinaire qui
a trop bu avant de prendre le volant, et il a payé pour
ça. Laurent Morin était juste un gamin qui s’est disputé
avec sa copine. Quant à Isabelle Leduc, il faut mettre un
terme à ses crimes, mais elle n’est pas à blâmer pour au-
tant. Peu de gens choisissent de devenir une créature de
l’Inconnu…
62
Entretenez l’illusion
Par ailleurs, toute la première partie de ce scénario est
construite pour que les émissaires aient l’impression que
ce fantôme est une victime qui tente tant bien que mal de
se venger de sa mort. Ils devraient aborder la deuxième
partie du scénario convaincus qu’il devrait être possible
de discuter. Erreur  : ils ont affaire à un prédateur, une
créature de l’Inconnu consumée par la haine, et pour qui
il n’y a pas d’innocents.
Quel rythme pour la deuxième partie ?
À partir du moment où le fantôme a repéré Laurent Mo-
rin, les cadavres se multiplient.Vous devriez les enchaîner
assez rapidement, laissant juste aux émissaires le temps de
limiter la casse… sauf si vous optez pour un tempo plus
lent. Isabelle peut attendre plusieurs semaines, voire plu-
sieurs mois, entre chaque attaque. Dans ce cas, l’affaire
glisse à l’arrière-plan de la vie des personnages, et se ré-
soudra sur une longue période. Le choix vous appartient.
 Societas Argenti Viae Eternitata

Jouer 4453 AT 27
ORDRE DE MISSION

SAVE de Versailles 1er février 2018

Nous avons reçu le mail suivant du gendarme Samir Boumezoued, l’un de nos contacts. M. Boumezoued est
en poste à Nonancourt, en Eure-et-Loir.

Le dimanche 28 janvier à 15 h 12, je suis intervenu sur un accident de la route sur la D50 au rond-point dit
« Des Moissons ».
• Situation : le véhicule, une Toyota Land Cruiser grise de 2006 immatriculée AK-5403-DV, avait été projetée
de l’autre côté du fossé.
Considérant
- sa position,
- son état,
- et la masse non négligeable de ce véhicule,
mon opinion professionnelle est qu’il a été heurté par un semi-remorque. Nous avons mis plus d’une heure à
désincarcérer le conducteur, dont il s’est avéré qu’il était aussi le propriétaire du véhicule, un retraité nommé
BERGEROLLE, Jean, Daniel, René, domicilié à Grasse.
• Fait : M. BERGEROLLE était conscient, mais en état de choc. Il est mort dans l’ambulance qui le conduisait
à l’hôpital de Dreux.
• Fait : l’accident n’a pas eu de témoins, mais il a eu lieu en plein jour, peu avant que les secours soient
prévenus par Mme LEGRAND, Léa, Charlène, Sylvie, domiciliée à Dreux. Elle nous a avisés par téléphone à
15 h 30.
• Fait : les camions ne sont pas autorisés à circuler le dimanche sur les routes nationales.
• Fait : lors de l’intervention, je suis certain d’avoir vu des traces de peinture verte dans les parties métal-
liques exposées de la voiture de M. BERGEROLLE. Elles n’apparaissent pas sur les photos prises par les
collègues.
• Fait : depuis mon arrivée dans la brigade, on m’a souvent dit que le rond-point des Moissons était acciden-
togène. Je n’ai personnellement pas eu l’occasion de le constater, mais je ne suis en poste que depuis six
mois.
En foi de quoi, et compte tenu des aspects anormaux de cet accident, je sollicite votre intervention.

Nous sommes d’accord avec l’estimation du gendarme Boumezoued, et nous vous demandons d’enquêter, à
la fois sur cet accident et sur le rond-point des Moissons.

Adressez des rapports quotidiens à cette adresse. Elle restera valable une semaine avant que nous en com-
muniquions une nouvelle.
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