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l’inhibition et ne disent plus rien, soit tournent autour du pot.

Soit d’autres disent tout ce qui leur vient sans aucune


censure. Ce sont des névrosés ou des psychopathes. Ils n’ont pas un problème avec le langage en tant que tel ou la
langue, mais un problème avec le discours : qu’est-ce qu’il convient de dire dans telle ou telle situation, qu’est-ce qui
ne convient pas ? Problème au niveau discursif. L’antithèse du névrosé est le psychopathe. On est venu à l’idée que
le langage n’est pas en tant que tel un objet mais qu’il se répartissait entre différents déterminants, et que ceux-ci
sont isolés par la pathologie. Quand quelqu’un va bien on ne voit pas ces déterminants. (cristal).

Les trois points d’appui seront : la psychanalyse, le modèle psychopathologique de Szondi, l’anthropologie clinique
de Gagnepain.

La rationalité c’est la logique qui préside à l’organisation de tous les plans. Quatre plans, selon Gagnepain :

1) Glossologique : plan du signe linguistique. Il y a des signes linguistiques dans toutes les langues. Lien entre
signifiant et signifié. Le signifiant n’est pas que du son. Ce n’est pas juste acoustique. C’est ce qui pousse à
faire la différence entre phonologie (découpage implicite du son) et phonétique (son).
2) Ergologique : fabriquant – fabriqué. Du matériau utilisé qu’on va appeler du fabriquant, et ce fabriquant là
correspond à une finalité technique : il fait quelque chose.
3) Sociologique : instituant-institué. c’est l’être ensemble, partager avec d’autres. La langue est un cas
particulier de toutes les différences qui peuvent survenir sociologiquement parlant (exemple des anglais
différents sur plein de points)
4) Axiologique : réglementant-réglementé. valeur, de ce qui approche du prix, de ce à quoi on tient. Un
romancier cherche à bien écrire, un prof à bien dire. La question de la valeur vient travailler le langage qui à
ce moment là devient le discours. La question de la valorisation affecte tous les comportements. Quand cela
porte sur la linguistique, c’est la question du « bien dire », question de la poésie par exemple, question du
tribun, du conférencier, de celui qui attache du prix, qui attaque de l’importance à l’esthétique et à l’éthique
aussi : on ne dit pas n’importe quoi, on ne dit pas n’importe comment. On pèse le langage sur cette balance
éthiquo-morale qu’est le plan axiologique.

Ces quatre plans ne sont pas tombés du ciel, ils ont une origine. Gagnepain en est arrivé au final à cette distinction
des plans en partant de son expérience de linguistique. Il y une opération épistémologique d’une grande puissance
qui a eu lieu pour parvenir à l’élaboration de ces plans. Le courage qu’a eu Gagnepain a été de dire  : dans le langage
il y a du signe linguistique c’est incontestable, d’accord. Mais que faisons-nous quand nous parlons aujourd’hui ? Une
langue c’est un système. Dans une langue il n’y a pas une positivité des mots : le sens d’un mot n’apparait que par
contraste, par opposition avec les autres mots de langue. Un mot n’a pas en soi une signification, il ne l’acquiert que
par opposition avec toutes les autres significations présentes dans la langue. En disant cela, Saussure ne va pas
jusqu’au bout de la question. Langue comme un système synchronique : à l’instant t. Gagnepain s’appuie sur tout
cela mais il va pousser la rigueur « saussurienne » plus loin. Ok la langue est un système, mais il y a différentes
langues : on ne parle pas que le français. Il y a des systèmes, et il faut rendre compte de leur différence. Gagnepain
fait le choix de purifier au maximum, réduire au maximum le problème, à ses éléments intrinsèques  : supposons qu’il
n’y ait qu’une langue, comment synchroniquement fonctionne-t-elle ? Cette question là est traitée dans le plan
glossologique. Il y a une rationalité dans le signe : quand je théorise le langage produit par un sujet quelconque, je
théorise sur quelque chose qui est déjà rationalisé. Rationalité interne donc au plan glossologique. Gagnepain fait
ensuite un pari épistémologique : il parie que sur le plan ergologique nous avons du fabriquant et du fabriqué. S’il y a
une rationalité au niveau du signe, alors il postule d’une rationalité au niveau technique  : de l’objet, niveau
ergologique. De la même façon qu’il y une structure du signe linguistique il y a une structure technologique. Ces
deux plans sont autonomes, l’un ne doit rien à l’autre, mais ils interfèrent l’un avec l’autre. Nous sommes des êtres
parlant et des êtres fabriquant. Nous sommes humains d’une manière unique dans les principes mêmes, mais cet
exercice de notre humanité, de notre rationalité, change en fonction des plans où elle se manifeste. L’autonomie
c’est l’aptitude à être à soi-même sa propre loi.

Au niveau instituant-institué : Il y a une socialité naturelle, animale, ce que nous sommes : mais nous ne sommes pas
que ça, nous instituons des sociétés différentes dans l’espace et dans le temps. Qu’est-ce que le pouvoir législatif et
exécutif cherche à mettre en place ? Il cherche à instituer quelque chose. Lorsque le politique s’empare de la
question du vivre ensemble, c’est exactement ça le plan sociologique. Dimension sexuée F/M et dimension
générationnelle : enfant-adulte. C’est une des spécificités de l’humain que de passer à la moulinette, à une forme
d’analyse, les données naturelles. Problèmes uniquement humains car nous instituons du social sur du biologique
(PMA GPA adoption). Socialement nous subvertissons la donnée naturelle. Gagnepain appelle règlement ce qui joue
sur le comportement pulsionnel.

Le postulat de Gagnepain est que si nous voulons comprendre le fonctionnement du normal il ne suffit pas de le
collecter depuis le dehors, comme si l’objet sur lequel nous nous penchons était extérieur.

Si on veut comprendre la rationalité qui est à l’œuvre dans le langage par exemple c’est en se confrontant à une
autre manière dont fonctionne le langage : en se confrontant à une manière altérée. La pathologie permet de réviser
les modèles. Il faut trouver dans les sciences humaines un équivalent de l’expérimentation qu’on met en œuvre dans
les sciences naturelles.

Expérience sur l’aphasie de Broca :

- Un aphasique de Broca ne dit pas grand-chose, très parcimonieux dans son énonciation. Mais il lâche les
mots avec généralement une grande pertinence. Il laisse tomber les mots outils. Test Ombre D’âne avec des
petits cartons, avec un chat et une chaise sur des images. Chat sur/sous/à côté de la chaise, etc. On montre
ça à un aphasique de Broca. L’aphasique perçoit mais ne peut dire. Si on soumet une phrase à trou «  le chat
est ___ la chaise », on lui prête des étiquettes « sur dessus derrière devant à côté ». L’aphasique se trompe à
peu près une fois sur deux. On s’aperçoit que quand l’aphasique se trompe une fois sur deux, il ne se trompe
pas n’importe comment : il choisit dans le stock des propositions l’antonyme de la proposition attendue.
Surgit la question : d’où vient cette systématicité dans l’erreur sur le choix de l’antonyme ? Le paradoxe du
phénomène, dans la revue « Pour une linguistique clinique » Le Bot. L’aphasique est perdu au niveau de la
phase : est-ce le chat qui se situe par rapport à la chaise ou la chaise qui est située par rapport au chat  ? Le
Bot change le test et laisse simplement « le chat est___ » et enlève « la chaise », et l’aphasique ne se trompe
plus pour choisir « sur sous », etc. Le fait que ça ne fasse pas phrase, pas énoncé grammaticalement valable
ne gêne pas l’aphasique de Broca. On peut conclure que le Broca est en difficulté avec la segmentation, les
unités. Il ne sait pas découper, c’est ça qui explique que, ne voulant pas prendre de risques quand il est
obligé de parler, il réduise son énonciation au strict minimum. S’il faisait des phrases il serait perdu,
mélangé. Pour pouvoir parler normalement il faut savoir où commence une phrase et où elle se termine. Le
problème du Wernicke va être inverse : ce n’est pas de se repérer dans la segmentation, mais c’est au niveau
du choix lexical.

Résumé de l’autre fois :

Penser les capacités humaines dans des registres paraissant essentiels, voire exhaustif : l’homme en tant que
parlant, l’homme en tant qu’il est ingénieur, technicien. Ces deux registres d’expérience n’épuisent pas notre
humanité, notre caractère humain. Par exemple nous sommes réunis dans une classe, donc nous sommes dans une
institution sociale, nous nous organisons socialement. Et cette manière de s’instituer socialement diffère de la façon
dont les animaux non-humains peuvent faire groupe, se rassembler et faire troupeau. Nous avons une manière très
spéciale de faire groupe : c’est la question du lien social. Nous faisons également l’expérience quotidienne d’entrave
à notre désir, à notre volonté : nous ne disons pas tout ce que nous voulons, nous ne faisons pas tout ce que nous
voulons : contrôle, autorisation, censure, permanents du comportement, de la façon de parler. Ainsi le cadre est
posé.

Quel est le rapport de la clinique avec ce cadre anthropologique ? La clinique est une manière de faire fonctionner le
cadre. La pathologie est une façon de mettre des bâtons dans les roues de ce fonctionnement anthropologique.
L’aphasique n’est pas mutique, il lui reste des fractions de langage, et c’est lui qui, parce qu’il résiste au modèle
théorique, va nous révéler quelle est la structure du langage. Quand tout va bien, que les choses marchent
spontanément, nous nous contentons de les faire fonctionner et nous ne voyons guère les choses, le
fonctionnement.
On doit procéder par un raisonnement analogique pour comprendre comment dans les autres plans, les autres
registres, les choses pouvaient aussi tomber en panne. Atechnique. Registre du lien social  : psychotique. S’interdire
ce qui pourrait contrevenir à des usages sociaux, quelque chose qui serait comme une déperdition d’énergie
psychique. Rapport au manque qui se trouve profondément, gravement, perturbé : n’obtient son plaisir qu’en
acceptant que cela manque. Nous ne sommes pas faits pour la saturation de la jouissance  : ce sont des mythes. Au
quotidien nous faisons avec le manque, et cela peut nous rendre heureux. Celui qui ne tolère pas, qui ne supporte
pas ça, entre dans une grande souffrance. Il va alterner des moments «où il s’éclate » et des moments de détresse
vraiment profonds. Le toxicomane d’une certaine façon est désinhibé, la pulsion coule à flot (caricature, portrait-
robot). A l’inverse du toxicomane, du psychopathe (=celui qui ne peut résister à la poussée pulsionnelle), il y a le
névrosé : il s’interdit trop de choses. Cet interdit abusif affecte tous ses comportements, y compris le comportement
verbal : manière de parler particulière, liée à la névrose. Le névrosé lorsqu’il se met à parler  : le névrosé
obsessionnel dans son discours va tourner autour du pot. Entame une conversation et n’ose pas dire ce qu’il voulait
dire : personne exagérément inhibée. Le frein qui vient juguler la pulsion est trop serré. Il peut y avoir différentes
formes de névroses. La névrose d’une manière générale est un frein à main mis sur la pulsion : antithèse de la
psychopathie (qui serait une sorte d’hémorragie pulsionnelle).

Là où on rencontre la névrose, la psychopathie, la satisfaction des pulsions : comment les pulsions peuvent-elles se
satisfaire ? A quel prix ? Selon quelles modalités ? On prendra appui sur la psychanalyse (qui prend départ sur
l’hystérie).

Psychanalyse (Freud & Lakan)

Freud a commencé par une carrière de neurologue. Freud s’inscrit pour des cours de médecine à Viennes. Il a
travaillé dans des laboratoires de physiologie, neurophysiologie, et a commencé à écrire des travaux dans ce
domaine là et dans le domaine de la pharmacologie. Il se faisait aider financièrement par J.Breuer. Celui-ci reçoit une
patiente dont la symptomatologie est qualifiée d’hystérique (Anna O.). Hystérie très lourde : des paralysies,
anesthésies, amnésie, aphasie presque mais pas au sens neurologique. Avait perdu la faculté de s’exprimer en
allemand mais le pouvait dans d’autres langues. Dans les années 1880. Breuer pratique avec Anna ce qu’on
commençait à faire à l’époque : l’hypnose. Sous hypnose ils essayaient de contre suggestionné la patiente : lui
remettre les idées en place. L’hypnose revenait en vigueur à l’époque mais elle avait connu une période où elle était
très mal vue et pourchassée comme une pratique dangereuse, car ça tient à ce qu’on appelle le mesmérisme.
Mesmer était un médecin autrichien qui au XVIIIème siècle avait inventé un gadget médical qu’il appelait le
magnétisme animal. A l’époque de Mesmer la physique faisait des découvertes importantes : magnétisme,
électrophysiologie. On commençait à découvrir l’électricité dans les organismes vivants (grenouilles). D’où l’idée de
Mesmer du magnétisme animal, c’est-à-dire les capacités magnétiques dont un corps vivant serait doté. Une
puissance vitale liée à l’électricité et qui habiteraient certains sujets plus que d’autres. Mesmer pense qu’il est lui
particulièrement doué pour être une espèce de condensateur de magnétisme animal, et que s’il avait la possibilité
de transférer sa puissance vitale il parviendrait à guérir les gens. Il faudrait qu’il puisse transmettre sa puissance
vitale, donc il organise des séances thérapeutiques. Paquet de Mesmer : grande bassine remplie d’isolants, on
plongeait des tiges qui étaient des conducteurs et que Mesmer empoignait. Et donc les femmes venaient se
soumettre à cette thérapeutique : elles prenaient les tiges qui avaient été au préalable empoignées par Mesmer.
Cris, etc., et puis ça se calmait et on les considérait comme guérie. Ces pratiques de Mesmer ont inquiété les
autorités. On a fait appel à des experts pour qu’ils traitent du sérieux de ce magnétisme animal. On n’a pas lésiné
sur les moyens : commission royale avec des experts français (Lavoisier) et étrangers (Benjamin Franklin) pour qu’ils
disent si oui ou non le magnétisme existe. Ils disent que le magnétisme animal n’existe pas mais qu’il fallait
reconnaitre certains faits : des personnes se trouvent mieux après la consultation de Mesmer, transitoirement. Les
pratiques de Mesmer ont été surveillées et condamnées, mais certains ont continué. Et ont fait des pratiques
hypnotiques, sous le manteau. Il a fallu l’autorité d’une grande figure de la neurologie française, Charcot, pour que
l’hypnose retrouve une place dans la médecine. Mais Charcot n’utilisait pas l’hypnose à des fins pseudo-
thérapeutique mais à des fins expérimentales. Charcot est avec des convulsionnaires : épileptiques et hystériques.
Charcot essaie de

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