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EVALUATION SEQUENCE 

Lisez le texte puis répondez aux questions en faisant des phrases.

Dans mémoires d’une jeune fille rangée, Simone de Beauvoir raconte comment est née son amitié
pour Elizabeth Mabille, dont le charme l’éblouit.

Le jour où j’entrai en quatrième-première 1 – j’allais sur mes dix ans – le tabouret voisin du
mien était occupé par une nouvelle : une petite noiraude, aux cheveux coupés court. En attendant
Mademoiselle2, et à la sortie de la classe, nous causâmes. Elle s’appelait Élizabeth Mabille, elle
avait mon âge. Ses études, commencées en famille, avaient été interrompues par un grave
accident : à la campagne, en faisant cuire des pommes de terre, elle avait mis le feu à sa robe ; la
cuisse brûlée au troisième degré, elle avait hurlé pendant des nuits ; elle était restée couchée toute
une année ; sous la jupe plissée, la chair était encore boursoufflée. Il ne m’était jamais rien arrivé
de si important : elle me parut tout de suite un personnage. La manière dont elle parlait aux
professeurs m’étonna ; son naturel contrastait avec la voix stéréotypée des autres élèves. Dans la
semaine qui suivit, elle acheva de me séduire : elle singeait à merveille Mlle Bodet ; tout ce qu’elle
disait était intéressant ou drôle.
Malgré les lacunes3 dues à son oisiveté4 forcée, Élisabeth se rangea bientôt parmi les
premières de la classe ; aux compositions 5, je la battais de justesse. Notre émulation 6 plut à nos
institutrices : elles encouragèrent notre amitié. À la séance récréative qui avait lieu chaque année,
aux environs de Noël, on nous fit jouer ensemble une saynète 7. […] Le travail des répétitions, notre
tête-à-tête sous les feux de la rampe, resserrèrent encore nos liens ; on nous appela désormais : «
les deux inséparables ». […]
Zaza8 aimait comme moi les livres et l’étude ; outre, elle était dotée d’une quantité de talents
qui me faisaient défauts. Quelquefois, quand je sonnais rue de Varenne 9, je la trouvais occupée à
confectionner des sablés, des caramels ; elle piquait sur une aiguille à tricoter des quartiers
d’orange, des dattes, des pruneaux et les plongeait dans une casserole où cuisait un sirop à l’odeur
de vinaigre chaud : ses fruits déguisés avaient aussi bonne mie que ceux des confiseurs. Elle
polycopiait10 elle-même, à une dizaine d’exemplaires, une chronique familiale, qu’elle rédigeait
chaque semaine à l’intention des grands-mères, oncles, tantes, absents de Paris ; j’admirais,
autant que la vivacité de ses récits, son adresse à fabriquer un objet qui ressemblait à un vrai
journal.

Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958.

1 Cours moyen
2 Mlle Bodet, l’institutrice
3 Manques de connaissances
4 inaction
5 Devoirs sur table
6 Compétition amicale
7 Petite scène de théâtre
8 Diminutif d’Elizabeth
9 Adresse d’Elizabeth
10 reproduisait
QUESTIONS :

1. Qui raconte l’histoire ? A quelle personne ? /1

2. Où et à quel âge Zaza et Simone se sont-elles rencontrées ? /1

3. A quelle occasion leur amitié se renforce-t-elle ? /1

4. Quel type de portrait, Simone fait-elle de Zaza ? Justifiez en citant le texte. /2

5. Relevez les termes qui témoignent de l’étonnement et de l’admiration de Simone pour Zaza.
/2

6. Quels points les deux amies ont-elles en commun ? Quelles sont leurs différences ? /2

7. Relevez les marques du dialogue dans le texte. /2

8. Auriez-vous comme Simone de Beauvoir, voulu être l’ami(e) de Zaza ? Pourquoi ? /3

9. Pour conclure cette séquence, quelle famille, étudiée en classe, avez-vous préférée ?
Vous rédigerez un paragraphe sans fautes d'orthographe et en faisant des phrases courtes. /3

10. Vocabulaire : /3

a) Donnez les mots de la famille du nom amitié.

b) Donnez un synonyme du mot amitié.

c) Donnez un antonyme du mot amitié.


Correction :

1. L’histoire est racontée à la première personne par l’auteur Simone de Beauvoir.

2. Simone et Zaza se sont rencontrées à l’école primaire à l’âge de neuf ans, presque dix.

3. Leur amitié se renforce au moment de la préparation du spectacle de Noël : elles sont partenaires de jeu, ce
qui renforce leur complicité .

4. Physiquement, Zaza est une petite noiraude aux cheveux coupés courts (l. 2-3). Elle garde sur la cuisse les
traces de la brûlure qui l’a immobilisée toute une année.
Sur le plan du caractère, Simone souligne la vivacité (son naturel, l. 11) de son amie, son intelligence et son
humour (tout ce qu’elle disait était intéressant ou drôle, l. 13-14).

5. Les termes qui traduisent l’étonnement de Simone sont les suivants : elle me parut […] un personnage
(l. 10) ; m’étonna (l. 11). Son admiration est perceptible à travers les expressions : à merveille (l. 13) ; elle
était dotée d’une quantité de talents qui me faisaient défaut (l. 22-23) ; j’admirais (l. 30).

6.
POINTS COMMUNS DIFFERENCES
– L’âge – Le talent d’imitatrice de Zaza
– Les bons résultats scolaires – Les talents culinaires de Zaza (sablés, caramels,
– L’amour des livres et de l’étude fruits déguisés)
– La rédaction et la fabrication d’un journal familial
par Zaza

7. Guillemets, tirets et verbes de parole

8. On partira des réponses des élèves à partir du caractère de Zaza : une jeune fille pleine de vie, naturelle,
drôle, au dynamisme communicatif, et qui excelle dans des domaines très différents.

9.

10.
A.
B.
C.

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