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Ordre noir : « Terroriser par les bombes les
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110 Lundi 23 septembre 1974
antifascistes, créer une situation
de violence, selon les méthodes de la
grande et inoubliable O.A.S. »
Suite de la page 107 casernes, de rejeter la responsabilité des
On le retrouve pourtant dans un autre
complot, découvert à la fin de l'année der-
nière, celui de la Rose des Vents. C'est
lui qui a convaincu l'industriel retraité
Andrea Mario Piaggio, soixante-treize ans,
l'un des dix industriels les plus riches d'Eu-
rope, de verser cent quatre-vingts millions
de lires aux conjurés de la Rose des
Vents (4). Avec l'appui d'Ordine Nuovo et
de l'Avant-Garde nationale, un Comité
d'Action pour le Réveil national et un
groupe qui s'intitule •les Justiciers d'Ita-
lie se préparent à prendre le pouvoir.
Leur programme : celui de la République
de Salo, ni plus ni moins. Le moyen
quatre commandos de deux cent cinquante
hommes, le soutien de l'armée et des cara-
biniers.
« Les Chats-Huants »
Le complot est éventé. Plusieurs offi-
ciers supérieurs sont inculpés. Parmi eux,
le lieutenant-colonel Amos Spiazzi, chargé
de l'espionnage à l'étranger dans la région
de Vérone, et le général de brigade Ricci,
qui commande la région militaire de Sa-
lerne. Mais il faudra attendre la fin du
mois de juin dernier pour que Ricci soit
mis en disponibilité, et cela grâce à l'obs-
tination du juge Giovanni Tamburino,
chargé de l'affaire de la Rose des Vents.
Là encore, le S.I.D. — et pour cause —
était au courant. L'affaire est même si
grosse qu'en juillet son directeur, le géné-
ral Micelli, qui avait succédé à l'amiral
Henke, est remplacé par le général Mario
Casardi et que les fiches des personnalités
politiques sont brûlées.
Entre-temps, un autre complot a été
découvert et éventé. Son âme est un solide
aventurier de quarante-neuf ans, Carlo
Fumagalli. Profession : casseur de voitures.
En 1943, il avait créé dans la Valteline
un groupe de partisans « autonome et apo-
litique », les Chats-Huants de la Valte-
line, puis il avait travaillé dans les ser-
vices spéciaux de la V' armée américaine,
ce qui lui a valu la Bronze Star. On
raconte que derrière son groupe de parti-
sans se dissimulait une filière destinée à
faire passer en Suisse les juifs d'Italie.
On raconte aussi qu'il dépouillait les juifs
de tous leurs biens et les livrait aux Alle-
mands pour effacer les traces...
En 1962, il crée le Mouvement d'Action
révolutionnaire (M.A.R.). Objectifs
d'abord obtenir l'autonomie de son dépar-
enfin instaurer en Italie une république
présidentielle. Ses moyens : l'explosif... Les
pylônes qui sautent dans les vallées de la
Valteline, c'est Fumagalli. Le trafic
d'armes avec la Suisse, c'est encore Fuma-
galli. En 1970, il envisage d'attaquer des
(4) Piaggio a été arrêté le 23 août 1974,
inculpé de « participation à une association
subversive » et de « conspiration politique ».
attentats sur l'extrême-gauche, le tout pour
convaincre l'armée de descendre dans la
rue. Il en parle à des officiers. Il se
confie aussi à un journaliste du « Corriere
della Sera », agent du S.I.D., Giorgi°
Zicari.
Le 8 mars, il s'ouvre de son projet
devant les représentants d'une dizaine
d'organisations réunis à Milan. Un mois
plus tard éclate le premier d'une série de
cent attentats. Recherché, Fumagalli passe
dans la clandestinité. Il y restera un an
avant d'être acquitté par le tribunal de
Lucques. Le S.I.D. n'a pas dit un mot de
ce qu'il savait En mars 1974, Fumagalli
assiste, en invité, à la création d'Ordre noir
à Cattolica, au sud de Rimini. Il V a là,
outre les dirigeants d'Ordine Nero,
Mario Peccoriello, Ricardo Occasio, 01e-
mente Graziani, ancien conjuré de la Rose
des Vents. Objectif d'Ordre noir : succé-
der à Ordre nouveau, dissous le 23 novem-
bre 1973. « Terroriser par les bombes les
antifascistes, créer une situation de vio-
lence, selon les méthodes de la grande et
inoubliable O.A.S. >7 Le congrès est aussi
une conférence au sommet Car Furnagalli
envisage lui aussi un coup d'Etat. La date
,
a été choisie : le 10 mai 1974.
Le 9 mai, à 2 heures du matin, il est
arrêté. Un véritable arsenal a été décou-
vert dans la voiture d'un ide ses amis. La
même nuit, les tueurs de Fumagalli de-
vaient assassiner des hommes politiques
des dinamitardi devaient faire sauter
des digues, des voies ferrées, des routes
des commandos devaient tirer à la mitrail-
leuse sur une réunion du P.C.I. « Cette
fois, dit un expert, on est passé tout près
du massacre. »
« Ma seconde Résistance »
Le dernier — en date — des complots
a fait moins de bruit. On a seulement
appris, au début de ce mois, qu'une qua-
rantaine de personnes, dont plusieurs per-
sonnalités en vue, font l'objet de pour-
suites judiciaires pour avoir participé à la
préparation d'un coup d'Etat qui aurait
dû éclater le 2 juin dernier.
Parmi les « personnalités en vue s in-
culpées : Edgardo Sogno, conseiller national
du parti libéral. Ce dernier, qui a gagné
la clandestinité après son inculpation, a
déclaré : « Je commence ma seconde Résis-
tance. Il est indispensable d'opposer à
l'action communiste, qui tend à faire de
l'Italie une démocratie populaire, l'expres-
sion libérale, en vue de constituer dans
l'Etat l'équilibre essentiel d'une démocratie
occidentale. » Ce dont rêve Edgardo Sog,no,
admirateur du générai de Gaulle, c'est
d'une république présidentielle. e De
tous les complots qui ont été démasqués,
dit un journaliste italien, c'est le plus réa-
Suite page 115