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Jérémy Morvan
Université de Bretagne Occidentale
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Chapitre 7
Les instruments dérivés : les options
Les options complètent la gamme des instruments financiers en répondant, par leurs
caractéristiques, aux limites posées par les contrats à terme. Elles sont de plus en plus
utilisées mais également de plus en plus sophistiquées. Leur développement est ainsi à
la pointe de la mathématisation de la finance de marché.
I. Présentation générale
Les options vanille ou de première génération sont des instruments négociés sur les
marchés organisés : leurs caractéristiques sont standardisées.
1. Définition
Le marché des options est un marché financier dérivé où s’organise la confrontation de
l’offre et de la demande d’options et de warrants. Les options sont émises par les
sociétés de marché. Les warrants sont émis par des établissements financiers. Pour
assurer la liquidité, ces établissements, en tant que teneurs de marché (market makers),
peuvent proposer de racheter les warrants qu’ils émettent. Toutefois, par commodité, on
parlera de manière générique des options.
Définition : une option est un contrat financier dérivé qui donne à l’acheteur la possibilité
mais non l’obligation de vendre (option put) ou d’acheter (option call) une quantité
définie d’actif sous-jacent moyennant le versement d’une prime (premium qui est le prix
de l’option) à un prix d’exercice convenu (strike price) et à une date d’échéance
déterminés à la signature du contrat.
Parmi les options les plus traditionnelles dites “ vanille ” ou de “ première
génération ”, deux modalités d’exercice existent.
Les options à l’européenne (de style européen) sont exerçables par le porteur
uniquement à la date d’échéance. Cette modalité se rencontre souvent sur les options
sur indices européens et sur actions à long terme (échéance supérieure à un an). A
échéance, l’option est automatiquement exercée si cet exercice est profitable au
porteur.
Les options à l’américaine (de style américain) sont exerçables par le porteur à tout
moment entre la date d’émission et la date d’échéance. Cette modalité se rencontre
souvent sur les options sur actions à court terme (échéance inférieure à un an).
Jérémy Morvan, Marchés et instruments financiers, Dunod (édition 2009)
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Caractéristiques techniques
Les options négociées sur les marchés organisés ont des caractéristiques standardisées
afin de faciliter leur négociation.
Le sous-jacent est l’actif dont est dérivé le contrat optionnel : un titre de capital, un
titre de créance, des matières premières, un indice, des devises etc. Toutefois, pour les
options vanilles, les sous-jacents sont choisis parmi les titres les plus liquides de la cote.
En effet, tout au long de la vie de l’option, les acteurs de marché doivent pouvoir
dénouer leurs positions ou désensibiliser leur exposition en lien avec le marché au
comptant, dans une optique de couverture et plus encore dans le cas de stratégies
spéculatives.
Le strike est le prix d’exercice de l’option : c’est le prix auquel l’actif sous-jacent
sera échangé. Par ailleurs, les échéances sont standardisées : elles peuvent être
mensuelles, trimestrielles (mars, juin, septembre, décembre), semestrielles ou annuelles.
Enfin, la quotité est la quantité d’actif sous-jacent sur laquelle porte l’option.
Caractéristiques financières
Comme les contrats à terme, les options peuvent être des instruments de couverture ou
des instruments de spéculation.
Dans le cadre d’une couverture, une position longue sur le marché au comptant sera
couverte par l’achat d’un put sur le marché des options. A l’inverse, une position courte
sera couverte par l’achat d’un call sur le marché des options. Toutefois, les options
présentent un avantage par rapport aux contrats à terme : leur exercice dépend de
l’intérêt de l’acheteur à la date d’échéance ou durant la vie du contrat. Cette
caractéristique a par contre une contrepartie : une option est une assurance qui a un prix,
le premium ou prime.
Dans le cadre d’une stratégie de spéculation, sans position sur le marché au
comptant du sous-jacent, une option call est un achat éventuel dont le prix d’exercice
(strike) est fixé à la signature du contrat. L’achat d’un call est donc réalisé dans le cadre
d’une anticipation de hausse du sous-jacent. A l’inverse, une option put est une vente
éventuelle dont le prix d’exercice est fixé à la signature du contrat. L’achat d’un put est
donc réalisé dans le cadre d’une anticipation de baisse du sous-jacent.
L’intérêt d’une option est le profil de rentabilité non linéaire qu’elle propose mais
également l’effet de levier. En effet, l’option permet de parier sur l’évolution du sous-
jacent en versant une prime très inférieure au montant nominal de l’opération.
A la clôture de la séance du 7 février 2008, l’option call sur action Suez C15 Fev 41
affiche les données suivantes : cotation : 0,62 € ; prix d’exercice : 41 € ; spot :
40,85 €. L’option n’est pas exerçable. La quotité est de 100 titres.
Valeur d’une
option
plus le call est exerçable tandis que le put a de moins en moins de chances d’être
exercés.
La volatilité (σ) est la moyenne des carrés des écarts à la moyenne des rentabilités
du sous-jacent. Elle est liée positivement au call et au put. En effet, une forte
volatilité implique d’amples mouvements de cours à la hausse comme à la baisse.
La probabilité d’un exercice profitable d’une option call ou put est donc renforcée.
Le taux d’intérêt (r) est le prix de l’argent sur le marché du crédit. Il varie tous les
jours. Il est lié négativement au put et positivement au call.
Les paramètres endogènes sont la durée de vie de l’option et le prix d’exercice. Ils
sont fixés contractuellement.
La durée de vie de l’option (T) est liée positivement au call et au put. En effet, plus
l’échéance est lointaine, plus les mouvements du sous-jacent peuvent être
importants à la hausse comme à la baisse.
Le prix d’exercice (E) est le prix auquel peut acheter (vendre) l’actif sous-jacent le
porteur du call (put). Il est fixé à l’émission du contrat optionnel. Il est lié
positivement au put et négativement au call. En effet, plus le prix d’exercice est
élevé (faible) plus la probabilité que le put (call) soit exercé à échéance est
importante (faible).
La valeur intrinsèque est le résultat de la fonction Max(S – E ; 0) dans le cas d’un
call et le résultat de Max(E – S ; 0) dans le cas d’un put.
Une option est “ à la monnaie ” (at the money ou ATM) quand l’exercice de l’option
ne permet pas au porteur de dégager un gain net du premium : le spot est égal au
prix d’exercice. La valeur intrinsèque est nulle car le résultat S – E ou E – S est nul.
Une option est “ en-dehors de la monnaie ” (out the money ou OTM) quand
l’exercice de l’option ne permet pas au porteur de dégager un gain net du premium :
le spot est inférieur, dans le cas d’un call, ou supérieur, dans le cas d’un put, au prix
d’exercice. La valeur intrinsèque est nulle car S – E ou E – S est négatif.
Une option est “ dans la monnaie ” (in the money ou ITM) quand l’exercice de
l’option permet au porteur de dégager un gain : le spot est supérieur, dans le cas du
call, et inférieur, dans le cas du put, au prix d’exercice. La valeur intrinsèque est
donc positive.
Les OST sur les sous-jacents ont un impact sur les options. Par exemple, le versement
d’un dividende est généralement sanctionné par une baisse du cours : le bilan de
l’entreprise s’appauvrit de la part du bénéfice distribuée aux actionnaires. Le call sur
l’action baisse ainsi tandis que la valeur du put augmente. Par ailleurs, les OST sur le
montant du nominal des actions ont généralement comme impact une modification de
la quotité, c’est-à-dire la quantité d’actifs sous-jacents sur laquelle porte l’option.
Il existe une relation de parité entre un call et un put présentant les mêmes
caractéristiques. Ainsi, il y a absence d’opportunité d’arbitrage (AOA) entre le call et le
put si la relation suivante est respectée.
C P S E e r T
d1 = 20,15%
d2 = 2,47%
Jérémy Morvan, Marchés et instruments financiers, Dunod (édition 2009)
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S E e r T = 20 – 19,60 = 0,40 €
1. Delta (Δ ou δ)
Le delta (Δ ou δ) est la sensibilité du premium à la variation d’une unité monétaire du
spot. Il se calcule différemment selon l’option :
Exemple : couverture delta neutre d’une action sur le marché des options.
call 0,5790
put 0,4210
Le vendeur de call doit acheter 0,5790 actions sous-jacentes par call vendu
(quotité = 1) pour couvrir sa position. Le vendeur de put doit vendre 0,4210 actions
sous-jacentes par put vendu pour immuniser sa position en options. Toutefois, le
delta étant instable, l’opérateur doit le recalculer fréquemment et ajuster sa position
sur le marché au comptant du sous-jacent. Ces ajustements entraînent des frais de
gestion. Par ailleurs, la couverture delta neutre ne vaut que pour de petites
variations du spot.
2. Gamma (Γ ou γ)
Le gamma (Γ ou γ) est la sensibilité du delta (Δ) à la variation d’une unité monétaire du
spot. Elle se calcule de manière identique pour les options call et put.
N ' d1
S T
Avec N ' x , fonction de densité (non cumulée) de la loi normale centrée réduite.
Le gamma est proche de zéro quand l’option call ou put est très fortement OTM et
ITM. Il est maximal quand l’option est ATM.
1/ Déterminons le gamma
Le gamma permet ainsi de réévaluer rapidement le delta pour une petite variation
du spot. Toutefois, cet indicateur est imparfait et nécessite d’être fréquemment
recalculé.
3. Thêta (Θ ou θ)
Le thêta (Θ ou θ) est la sensibilité du premium à l’écoulement d’une unité de temps. Il
se calcule différemment selon l’option :
S N ' d1
Pour un call : call r E e rT N d 2
2 T
S N ' d1
Pour un put : put r E e rT N d 2
2 T
Avec N’(x), fonction de densité (non cumulée) de la loi normale centrée réduite.
Jérémy Morvan, Marchés et instruments financiers, Dunod (édition 2009)
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4. Véga (ν)
Le véga est la sensibilité du premium à la variation de la volatilité du sous-jacent. Elle
se calcule de manière identique pour les deux types d’options.
S T N ' d1
Le véga est proche de zéro quand l’option est très OTM ou ITM et maximal quand
l’option est ATM. Ainsi, le prix d’une option est particulièrement sensible à la volatilité
du sous-jacent quand l’option est ATM. Plus la volatilité d’un sous-jacent est élevée,
plus la valeur de l’option (call ou put) est importante.
5. Rhô (ρ)
Rhô est la sensibilité du premium à la variation du taux d’intérêt. Elle se calcule
différemment selon l’option.
Pour un call : call E T e rT N d 2
Pour un put : put E T e r T N d 2
Une hausse des taux d’intérêt augmente le premium d’un call et diminue le prix
d’un put.
1. Stratégies élémentaires
L’achat d’option permet de mettre en place des stratégies directionnelles, pariant sur la
hausse ou la baisse du sous-jacent. Mais la différence avec le marché au comptant réside
dans le profil de risque non linéaire et l’effet de levier.
C
E Gain Gain
infini limité Spot
Perte Spot
limitée E Perte
-C infinie
P
Gain E Gain
infini Spot limité
Perte Perte Spot
limitée importante E
-P
Les stratégies élémentaires possibles avec les options impliquent une exposition au
risque variée. En cas de non exercice (OTM), l’acheteur d’option perd la prime versée.
En cas d’exercice, l’opération n’est pas automatiquement bénéficiaire. En effet, il est
nécessaire d’amortir la prime versée. Ainsi, dans la zone comprise entre le prix
d’exercice et le point mort (E + C ou E – P), l’exercice de l’option n’est pas profitable :
la valeur intrinsèque ne compense pas la prime versée. Au-delà du point mort, par
contre, l’opération est profitable car la valeur intrinsèque excède le montant de la prime.
Les prises de positions spéculatives sur les marchés d’options par les opérateurs sont
motivées par des anticipations sur les évolutions des cours du sous-jacent. Certaines
OST, notamment les OPA, peuvent créer de fortes variations de cours sur la cible et la
société initiatrice, sans qu’il soit possible de déterminer l’échec ou la réussite de la
tentative d’acquisition. Cette volatilité est exploitable dans le cadre de l’achat d’un
stellage ou straddle. L’opérateur est ainsi “ acheteur de volatilité ” : il anticipe une
hausse de la volatilité.
Définition : l’achat d’un stellage est une stratégie spéculative non directionnelle bâtie sur
l’achat simultané d’un call et d’un put portant sur le même sous-jacent au même prix
d’exercice et de même échéance pour tirer profit d’une forte variation des cours à la
hausse comme à la baisse.
Une variante du stellage est le strangle, où les options put et call achetées ont des
prix d’exercice différents. Cette stratégie spéculative permet de tirer profit de très
grandes variations de cours. La perte potentielle maximale est limitée aux primes
versées.
1000
812,12 €
1,04255
Pour intéresser les porteurs aux évolutions de l’indice CAC 40, il achète un call sur
CAC 40 à 5 ans : 187,88 €. Compte-tenu de la durée du contrat, l’option est OTC.
Plus la garantie sur le capital est faible (par exemple 80% et non 100%), plus le
gérant a la possibilité d’acheter des options et plus il lui est possible de construire un
portefeuille agressif. Il est également possible que certains gérants plafonnent la
rentabilité à échéance soit parce qu’ils ont acheté une option plafonnée moins chère soit
parce qu’ils veulent conserver la performance excédant le plafond. Les fonds garantis
ou assortis d’une protection ont souvent une période de souscription limitée : ce sont
des fonds fermés car la garantie porte sur une échéance, celle de l’option. La sortie d’un
souscripteur en dehors de la période de souscription initialement prévue est
généralement sanctionnée par des frais de rachat importants et une valorisation des parts
aux conditions de marché sans garantie sur le capital.