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J Radiol 2005;86:461-7

© Éditions Françaises de Radiologie, Paris, 2005 mise au point génito-urinaire

Valeurs diagnostiques de l’échographie


et de l’IRM pour l’évaluation
de l’endométriose pelvienne profonde
M Bazot (1), J Nassar (1), E Daraï (2), I Thomassin (1), A Cortez (3), JN Buy (4), S Uzan (2) et C Marsault (1)

Abstract Résumé
Value of sonography and MR imaging for the evaluation of deep pelvic L’endométriose pelvienne profonde peut atteindre les ligaments
endometriosis utéro-sacrés, le cul de sac de Douglas, le vagin, le rectum et parfois la
J Radiol 2005;86:461-7 vessie. L’évaluation de la pathologie par l’examen clinique est
difficile, l’imagerie est donc nécessaire pour déterminer les localisa-
Deep pelvic endometriosis may involve the uterosacral ligaments, cul- tions et l’extension de l’endométriose. Nous réexaminons dans cette
de-sac of Douglas, vagina, rectum, and occasionally the bladder. revue les signes de l’endométriose pelvienne profonde en échographie
Evaluation by physical examination is difficult, and imaging techniques endovaginale, en échoendoscopie rectale et en IRM, ainsi que leur
are needed to evaluate the location and extent of endometriosis. In this performance diagnostique.
review, we review the transvaginal and transrectal sonographic and
MR imaging features suggestive of deep pelvic endometriosis and their
diagnostic value.

Key words: Endometriosis. Ultrasound (US), transvaginal. Ultrasound Mots-clés : Endométriose. échographie endovaginale.
(US), transrectal. Magnetic resonance (MR). échoendoscopie rectale. IRM.

’endométriose est définie par la pré- copie rectale et l’IRM. L’échographie

L sence de glandes endométriales ec-


topiques et de stroma en dehors de
l’utérus (1). Deux principaux concepts
endovaginale est la technique de premiè-
re intention, du fait de son accessibilité et
de sa précision diagnostique. Jusqu’alors,
Techniques d’exploration
et sémiologie
étiopathogéniques ont été proposés : la l’échographie endovaginale était surtout L’échographie endovaginale
théorie de la métaplasie (2) et la théorie de recommandée pour le diagnostic de l’en- L’échographie endovaginale est réalisée
la transplantation (3). L’endométriose dométriose ovarienne (6, 7) et vésicale (8). avec une sonde à large fréquence de 5 à
pelvienne peut atteindre le péritoine, les Par contre, peu de données existent dans 9 MHz. L’examen par Doppler couleur
ovaires ainsi que tous les organes pelviens. la littérature sur la valeur de l’échogra- utilise une PRF de 1000 à 1500 Hz, un fil-
L’endométriose pelvienne profonde, qui phie endovaginale dans l’évaluation de tre de paroi de 50 Hz, et un réglage cou-
est souvent associée à des lésions périto- l’endométriose pelvienne profonde (9, leur haute priorité. Chaque examen doit
néales et ovariennes, peut atteindre les 10). Depuis le premier article de Ohba et être interprété en temps réel. Le trans-
ligaments utéro-sacrés, le cul de sac de coll (11), peu d’études ont confirmé l’uti- ducteur est d’abord posé dans le cul de sac
Douglas, le vagin, le rectum et parfois lité de l’échographie endorectale dans le vaginal postérieur et puis lentement retiré
l’espace vésico-utérin (4). Elle est responsa- diagnostic de l’endométriose pelvienne du vagin pour visualiser l’espace sous pé-
ble de douleurs pelviennes, dysménorrhée, profonde (12). L’échoendoscopie rectale ritonéal postérieur, le torus uterinus (éga-
dyspareunie, dyschézie, ou de symptômes a supplantée l’échographie rectale en lement appelé le ligament de JL Petit,
urinaires et peut être associée à une infer- particulier du fait d’une étude beaucoup anatomiquement défini par la présence
tilité. L’examen clinique de routine est ce- plus extensive du rectosigmoïde. Cette d’un petit épaississement transversal re-
pendant insuffisant pour le diagnostic et technique est recommandée pour identi- liant l’origine de l’insertion des ligaments
l’évaluation de l’extension de l’endomé- fier l’atteinte des ligaments utéro-sacrés utéro-sacrés à la paroi postérieure de
triose pelvienne profonde (5). et/ou rectovaginale (9-13). Une associa- l’utérus), les ligaments utéro-sacrés et le
L’endométriose pelvienne peut être éva- tion échoendoscopie rectale et IRM est cul de sac vaginal postérieur. La paroi di-
luée par différentes techniques d’imagerie proposée par plusieurs auteurs pour éva- gestive et le septum rectovaginal sont exa-
comprenant l’échographie endovaginale, luer l’endométriose pelvienne postérieure minés en déplaçant la sonde vers le haut et
l’échographie transrectale, l’échoendos- (14-16). En effet, l’IRM s’est récemment vers le bas à plusieurs reprises à partir du
imposée comme la meilleure technique canal anal jusqu’au cul de sac postérieur
pour le diagnostic et l’évaluation de l’ex- du vagin. La rotation de la sonde est es-
(1) Services de Radiologie, (2) Gynécologie-Obstétrique et
tension de l’endométriose pelvienne (10- sentielle pour détecter l’atteinte endomé-
(3) Anatomo-pathologie, Hôpital Tenon, 4 rue de la Chi- 17). Une connaissance adéquate des signes triosique postérieure. La sonde est ensuite
ne, 75020 Paris. (4) Service de Radiologie, Hôtel Dieu de radiologiques de l’endométriose est toute-
Paris, 1 Place du Parvis Notre Dame, 75004 Paris.
positionnée dans le cul de sac antérieur du
Correspondance : M Bazot fois requise pour identifier une atteinte en- vagin pour examiner le septum vésico-
E-mail : marc.bazot@tnn.aphp.fr
dométriosique profonde. utérin et la vessie.
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l’évaluation de l’endométriose pelvienne profonde

Sémiologie échographique
Les kystes ovariens endométriosiques
(endométriomes) sont définis comme des
masses annexielles à contenu finement
échogène, homogène, sans signe néoplasi-
que particulier, possiblement multilocu-
laires ou associés à des foyers pariétaux
hyperéchogènes (fig. 1) (18, 19). Les pa-
tientes ayant des kystes ovariens sugges-
tifs d’endométriose doivent être systéma-
tiquement revues à la recherche de
localisations endométriosiques pelvien-
nes profondes. Le diagnostic de l’endo-
métriose pelvienne profonde se base sur
Fig. 1 : Échographie endovaginale : multiples kystes ovariens endométriosiques à contenu des critères morphologiques qui varient
hypoéchogène et homogène. selon la localisation anatomique, ils
Fig. 1: Endovaginal US: Multiple hypoechoic and homogenous endometrial cysts of the comprennent un épaississement linéaire
ovaries. hypoéchogène anormal et des nodules ou
des masses, avec ou sans contours régu-
liers. Un ligament utéro-sacré est consi-
déré atteint quand il est visualisé et qu’il
est le siège d’un nodule (de contour régu-
lier ou irrégulier) ou d’un épaississement
linéaire hypoéchogène avec de contour
régulier ou irrégulier (fig. 2). Quand un
ligament utéro-sacré est visualisé et qu’il
est clairement délimité du reste des struc-
tures adjacentes, son épaisseur peut être
mesurée dans sa partie proximale, près de
son insertion au niveau du col. L’atteinte
du vagin est suspectée quand le cul de sac
vaginal postérieur est épaissi, siège ou non
de lésions rondes kystiques anéchogènes.
Fig. 2 : Échographie endovaginale : épaississement de contour spiculaire de la partie proxi-
Ces lésions kystiques doivent être diffé-
male du ligament utéro-sacré.
renciées des kystes de Naboth, qui sont
Fig. 2: Endovaginal US: Irregular thickening of the proximal portion of the uterosacral liga-
ment. plus antérieures dans le col, et des structu-
res vasculaires plus postérieures. Le recto-
sigmoïde est atteint quand il existe une
masse hypoéchogène irrégulière, avec ou
sans foyers hypoéchogènes ou hyperécho-
gènes, pénétrant dans la paroi intestinale.
Dans ce cas, l’aspect normal hypoéchogè-
ne de la musculeuse du rectum ou du
sigmoïde est remplacé par une masse tis-
sulaire anormale (fig. 3). Les lésions loca-
lisées au niveau de la jonction rectosig-
moidienne effacent le plan graisseux
normal entre l’utérus et le rectum ou le
sigmoïde. L’atteinte du septum rectova-
ginal est suspectée quand on visualise un
nodule ou une masse sous le plan hori-
zontal passant par le bord inférieur de la
lèvre postérieure du col (sous le péritoi-
Fig. 3 : Échographie endovaginale : épaississement hypoéchogène endométriosique de la ne). Quant à l’atteinte de la vessie, elle est
paroi antérieure du rectum ; à titre comparatif, l’aspect échographique normal de la
paroi digestive est visible au niveau de la paroi postérieure du rectum. suggérée lors de la visualisation d’un no-
dule hypo- ou isoéchogène et/ou des lé-
Fig. 3: Endovaginal US: Hypoechoic thickening of the anterior wall of the rectum due to
endometriosis. The normal US appearance of the bowel wall is seen on the posterior sions kystiques dans la paroi vésicale. Le
wall of the rectum. site le plus fréquemment atteint se situe

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l’évaluation de l’endométriose pelvienne profonde

devant le cul de sac vésico-utérin. L’at-


teinte pariétale vésicale diffère des im-
Fig. 4 : Echoendoscopie
plants endométriosiques superficiels vé-
rectale : masse de
contours irréguliers de sico-utérins (< 1 cm) localisés au cul de
la paroi antérieure du sac vésico-utérin. Une adénomyose anté-
rectum.
rieure diffuse avec obstruction complète
Fig. 4: Endorectal US: Hypo-
du cul de sac vésico-utérin peut être asso-
echoic mass with irre-
gular margins along ciée. L’oblitération du cul de sac de Dou-
the anterior wall of the glas est considérée comme complète
rectum.
quand l’utérus, les annexes et le rectosig-
moide sont liés ensemble, avec disparition
des structures péritonéales ; elle est in-
complète quand on identifie partielle-
ment les contours péritonéaux sans ou
avec collection liquidienne associée.

Fig. 5 : Séquence axiale en pondération T2 : masse en isosignal T2 Fig. 6 : Séquence axiale en pondération T2 : épaississement
aux muscles pelviens située au niveau du torus utérinus linéaire irrégulier du ligament utéro-sacré gauche.
renfermant de petites cavités en hypersignal et associée à
un épaississement de la partie proximale du ligament Fig. 6: Axial T2-weighted sequence: irregular linear thickening of
utéro-sacré gauche. the left uterosacral ligament.

Fig. 5: Axial T2-weighted sequence: isointense mass located on


the torus uterinus showing small hyperintense foci and
associated thickening of the proximal portion of the left
uterosacral ligament.

L’échoendoscopie rectale (fig. 4). Dans le rectum et/ou le sigmoïde vement est hautement recommandé avant
l’atteinte de la musculeuse qui est hypoé- l’IRM.
L’échoendoscopie rectale à 7,5 et chogène et fine, est différenciée de la Le protocole comprend des séquences sa-
12 MHz est réalisée après un simple la-
sous muqueuse qui est hyperéchogènes. gittales et axiales fast spin écho (FSE) en
vement rectal. La sonde est positionnée
Le plus grand diamètre de la lésion, sa pondération T2, des séquences axiales en
dans le sigmoïde et lentement retirée du
localisation par rapport à la marge anale écho de spin T1 ou en écho de gradient
sigmoïde puis du rectum. L’analyse de la
et l’infiltration des organes pelviens ad- T1 avec et sans suppression de graisse
paroi digestive et des structures adjacen-
jacents sont notés. puis des séquences axiales en écho de spin
tes est réalisée en déplaçant la sonde vers
T1 ou en écho de gradient T1 après injec-
le haut ou vers le bas à plusieurs reprises
avant et après l’instillation de liquide IRM tion de gadolinium avec ou sans suppres-
sion de graisse.
dans la lumière intestinale. L’atteinte Les patientes restent à jeun pendant 3 heu-
des ligaments utéro-sacrés, du vagin, du res, et reçoivent 10 mg d’un antispasmodi-
colon et le rectum est recherchée. L’en- que en intraveineux, immédiatement avant L’analyse sémiologique
dométriose pelvienne profonde est défi- l’IRM (Tiemonium methylsulphate ; Visce- de l’endométriose pelvienne profonde
nie par la présence de nodule ou de mas- ralgine® ; Organon, Livron, France) pour Le diagnostic de l’endométriose pelvien-
se, avec ou sans contours irréguliers diminuer le péristaltisme digestif. Un la- ne profonde est basé sur l’association

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l’évaluation de l’endométriose pelvienne profonde

Fig. 7 : Séquence sagittale en pondération T1 : atteinte du cul de Fig. 8 : Séquence sagittale en pondération T2 : masse de la paroi
sac vaginal postérieur qui est épaissi renfermant un spot en antérieure du rectum en isosignal aux muscles pelviens en
hypersignal T1 et associée à un épaississement de la paroi pondération T2 renfermant de petites images kystiques en
rectale antérieure qui présente également des spots en hypersignal.
hypersignal T1.
Fig. 8: Sagital T2-weighted sequence: Isointense mass of the
Fig. 7: Sagital T1-weighted sequence: Thickening of the posterior anterior wall of the rectum with small hyperintense foci.
vaginal wall with hyperintense focus on T1 weighted
sequence associated to a mass of the anterior rectal wall
with hyperintense foci.

d’anomalies morphologiques et d’anoma- déré anormal et il est clairement distingué L’espace pelvien antérieur
lies de signal. Les anomalies de signal des structures adjacentes, sa taille est me- L’atteinte de la vessie correspond un no-
comprennent : surée dans sa partie proximale proche de dule ou une masse généralement localisé
a) des foyers d’hypersignal en T1 et/ou son insertion au col, sur les coupes axiales au niveau du cul de sac vésico-utérin for-
en T1 après suppression de graisse corres- ou sagittales. mant un angle obtus avec la paroi vésicale.
pondant à des foyers hémorragiques ; – L’atteinte vaginale est présente quand L’extension à travers la paroi vésicale tou-
b) des petites cavités en hypersignal T2, il existe un hyposignal de la paroi vagina- chant la musculeuse est diagnostiquée par
c) des zones tissulaires correspondant à le sur les séquences en pondération T2 as- la présence d’une oblitération de l’hyposi-
de la fibrose avec un signal proche de ce- socié à un épaississement ou une masse gnal de la paroi en T2 (fig. 9).
lui des muscles pelviens en T1 et T2, (contenant ou pas des foyers hyperintenses
contenant ou pas des foyers hémorragi- en T1) en arrière de la paroi postérieure du « Frozen pelvis » (pelvis gelé)
ques ou des cavités, sans ou avec rehausse- col (fig. 7). Le terme de « frozen pelvis » correspond
ment par le gadolinium. – La paroi antérieure du rectosigmoïde à l’extension de l’endométriose à de mul-
Les anomalies morphologiques, avec des est atteinte quand le plan graisseux entre tiples structures pelviennes adjacentes
contours réguliers ou stellaires, sont éva- l’utérus et le rectosigmoide n’est plus visi- créant un bloc tissulaire simulant un car-
luées au niveau des structures pelviennes ble et il est remplacé par une masse tissu- cinome et ne permettant pas une résection
antérieures et postérieures. laire avec disparition de l’hyposignal en chirurgicale complète.
Les anomalies varient selon la localisation T2 de la paroi antérieure (fig. 8) ayant un La position de l’utérus (antéfléchie ou ré-
anatomique comme suit : rehaussement variable en T1 après injec- trofléchie) et la présence d’une adéno-
– l’atteinte du torus uterinus est présente tion de gadolinium. L’analyse porte sur myose associée doivent être également
quand il existe un épaississement ou une l’angle obtus que fait l’anomalie avec la signalées ; l’adénomyose est définie comme
masse au niveau de la moitié supérieure paroi rectosigmoidienne, le degré d’exten- un pseudo-épaississement de la zone
de la paroi postérieure du col (fig. 5). sion et particulièrement la distance entre le jonctionnelle (> 11 mm) ou par une plage
– Le diagnostic de l’atteinte du ligament bord inférieur de la masse fibreuse et la mal limitée hypointense intra-myomé-
utéro-sacré est posé quand celui-ci est le jonction recto-anale. triale avec des foyers myométriaux punc-
siège d’un nodule (aux contours réguliers – L’atteinte du cul de sac de Douglas cor- tiformes en hypersignal T1 ou T2 (20, 21).
ou stellaires) ou d’un épaississement fi- respond à une oblitération partielle ou
breux comparé à l’aspect du ligament complète, avec ou sans collection liqui-
utéro-sacré controlatéral, avec des contours dienne suspendue ou latéralisée.
réguliers ou irréguliers (fig. 6). La nature – L’atteinte du septum recto-vaginal est Performances diagnostiques
uni ou bilatérale de l’atteinte est signalée notée quand il existe une masse ou un no- des techniques d’imagerie
avec l’association éventuelle d’un épaissis- dule sous le plan passant par le bord infé-
sement arciforme du torus uterinus. rieur de la lèvre postérieure du col (sous le Le diagnostic de l’endométriose pelvien-
Quand un ligament utéro-sacré est consi- péritoine). ne profonde est basé sur la présence de

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l’évaluation de l’endométriose pelvienne profonde

géré que le Doppler énergie est plus


efficace que le Doppler couleur conven-
tionnel et pouvait aider à évaluer l’archi-
tecture de la microvascularisation des ano-
malies du pelvis féminin (28). D’autres
études sont nécessaires pour déterminer
l’utilité du Doppler couleur dans l’endo-
métriose pelvienne profonde. L’endomé-
triose vésicale est rare (25). Fedele et coll
ont rapporté que l’échographie endovagi-
nale était très précise pour ce diagnostic
(8). Néanmoins, l’échographie endovagi-
nale a une valeur limitée dans le diagnostic
des petites lésions endométriosiques de la
vessie histologiquement prouvées (9, 23).

L’IRM
L’IRM est la technique de référence pour
Fig. 9 : Séquence sagittale en pondération T2 : masse du cul de sac vésico-utérin et de la
le diagnostic de l’endométriose pelvienne
paroi vésicale en isosignal T2 aux muscles pelviens renfermant des cavités en hyper- profonde car elle permet d’avoir une vue
signal T2. complète des localisations potentielles,
Fig. 9: Sagital T2-weighted sequence: isointense mass located in the uterovesical septum elle a une sensibilité de 90,2 % et une spé-
and bladder wall with hyperintense foci. cificité de 91,3 % et une précision de
90,8 % (24).
symptômes, sur les données de l’examen ment utéro-sacré dépendait du site de L’atteinte du torus
clinique et des différentes techniques mesure. Pour ces auteurs, l’épaisseur et des ligaments utéro-sacrés
d’imagerie. Les valeurs diagnostiques moyenne du ligament normal à son inser-
Comme il a été rapporté par Sampson, le
de l’échographie endovaginale, de l’écho- tion au niveau du torus uterinus et de ses
torus uterinus et les ligaments utéro-
endoscopie endorectale et de l’IRM sont portions médiales et postérieures sont
sacrés sont les structures anatomiques les
controversées (8-10, 12, 15, 22-24). 18,1 mm, 11,7 mm et 5,6 mm, respective- plus fréquemment atteintes dans l’endo-
Une association des différentes techni- ment (11). En échographie endovaginale métriose pelvienne profonde (3). Quand
ques d’imagerie est souvent nécessaire les ligaments utéro-sacrés ne sont norma- Kinkel et coll utilisent le seuil de 9 mm
pour une évaluation correcte de l’endo- lement pas visibles, l’épaisseur moyenne comme épaisseur du ligament utéro-sacré
métriose pelvienne profonde. d’un ligament utéro-sacré endométriosi- pour définir son atteinte endométriosi-
que prouvé histologiquement est = à que, nous jugeons qu’un épaississement
L’échographie endovaginale 8,6 mm en échographie endovaginale (10). localisé de moins que 9 mm, une asymé-
Pour le diagnostic de l’atteinte digestive, trie entre les 2 ligaments ou une irrégula-
et l’échoendoscopie il existe peu de données disponibles sur la rité sont plus spécifiques que la simple
L’utilité et les limites éventuelles de précision de l’échographie endovaginale. mesure de cet épaississement (14). Le dia-
l’échoendoscopie endorectale et de l’écho- Celle-ci offre une vue adéquate de la pa- gnostic d’une endométriose des ligaments
graphie endovaginale ont été étudiées (8- roi rectale et particulièrement de la jonc- utéro-sacrés est aisé en cas d’atteinte bila-
10, 12). Néanmoins la précision diagnosti- tion rectosigmoidienne, près de la zone térale avec le torus uterinus formant un
que dépend de la localisation des lésions rétrocervicale, qui est le site le plus fré- aspect typique arciforme, d’un épaississe-
et de l’expérience de l’échographiste. En quent de l’atteinte colorectale (entre 73 % ment irrégulier unilatéral, de nodules ou
ce qui concerne l’atteinte des ligaments et 93 % des cas d’endométriose digestive) d’un aspect stellaire, notamment quand
utéro-sacrés (le site principalement at- (25-27). La disparition de la couche mus- elle s’associe à des implants hémorragiques
teint dans l’endométriose pelvienne pro- culeuse hypoéchogène de la paroi intesti- ou à une atteinte rectale. Comme dans
fonde), la sensibilité de l’échographie va- nale suggère très fortement la présence l’échographie endovaginale, les limites
rie entre 70,6 % et 80 % (8-10, 12). Cette d’une atteinte digestive (10). L’échogra- principales de l’IRM dans le diagnostic de
variabilité peut s’expliquer par les diffé- phie est toutefois limitée par la difficulté l’atteinte des ligaments utéro-sacrés sont
rences entre les populations étudiées, les de mesurer la distance entre le bord infé- un utérus rétrofléchi, des adhésions, un
conditions anatomiques et les lésions as- rieur de la lésion et la marge anale, de plus endométriome masquant l’insertion et la
sociées. En effet, un utérus rétrofléchi, un cette technique peut méconnaître une at- partie proximale du ligament utéro-sacré.
léiomyome sous séreux ou un endomé- teinte endométriosique sigmoïdienne du
triome reposant sur un ligament utéro- fait de sa distance par rapport à la sonde L’atteinte rectosigmoidienne
sacré peuvent masquer l’insertion ou la ou à la présence de matières fécales. Dans En pratique clinique, la localisation la
partie proximale des ligaments utéro-sa- ces conditions, l’échoendoscopie endorec- plus fréquente et l’aspect le plus caracté-
crés. En échographie transrectale, Ohba tale semble offrir des données supplé- ristique en IRM est l’atteinte de la jonc-
et coll ont suggéré que l’épaisseur du liga- mentaires (15). Guerreiro et coll ont sug- tion rectosigmoidienne. Elle est toujours

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l’évaluation de l’endométriose pelvienne profonde

associée à une atteinte du torus uterinus leur prédictive positive pour l’atteinte metritis sacromatosa. Zentralbl Gynakol
(le rectum semble alors attiré vers le to- de la paroi vaginale, probablement du 1919;43:745-50.
rus uterinus) (24). De plus, l’épaississe- fait de son association à des anomalies 3. Sampson Ja. Peritoneal endometriosis
ment de la paroi rectale antérieure, for- étendues responsable d’un pelvis gelé due to menstrual dissemination of endo-
metrial tissue into the peritoneal cavity.
mant un angle obtus avec la paroi (24).
Am J Obstet Gynecol 1927;14:422-69.
normale, parfois contenant des foyers en
4. Koninckx Pr, Oosterlynck D, D’hoo-
hypersignal T1 et T2, avec ou sans sup- L’atteinte vésicale ghe T, Meuleman C. Deeply infiltrating
pression de graisse, est très suggestif L’endométriose vésicale isolée est rare endometriosis is a disease whereas mild
d’une atteinte rectale. Quand l’atteinte (5,8 %). L’aspect le plus caractéristique en endometriosis could be considered a non-
du torus uterinus et des ligaments utéro- IRM est une masse en majorité hypo- disease. Ann N Y Acad Sci 1994;734:333-
sacrés se rapproche de la paroi rectale, il intense pratiquement toujours associée à 41.
est difficile de distinguer une atteinte li- des foyers en hypersignal T1, T2 et T1 5. Chapron C, Dubuisson Jb, Pansini V, et
mitée à la séreuse ou au contraire enva- après suppression de la graisse. Si l’endo- al. Routine clinical examination is not
hissant la paroi rectale. Ceci souligne la sufficient for diagnosing and locating
métriose pelvienne antérieure est généra-
deeply infiltrating endometriosis. J Am
difficulté de différencier les lésions limi- lement facile à diagnostiquer, il peut être Assoc Gynecol Laparosc 2002;9:115-9.
tées à la séreuse de celle pénétrant la pa- difficile de déterminer précisément si les 6. Mais V, Guerriero S, Ajossa S, et al. The
roi digestive. De plus, la localisation du lésions sont confinées au cul de sac vésico- efficiency of transvaginal ultrasonogra-
liquide visible dans le cul de sac de Dou- utérin ou s’il existe une extension dans la phy in the diagnosis of endometrioma.
glas peut suggérer son oblitération. En paroi vésicale. La limitation principale de Fertil Steril 1993;60:776-80.
effet, la présence de liquide au-dessus du l’IRM dans cette localisation endométrio- 7. Guerriero S, Mais V, Ajossa S, et al. The
« fond » utérin évoque une oblitération sique est de pouvoir définir les rapports role of endovaginal ultrasound in diffe-
complète du cul de sac de Douglas. Il anatomiques précis de l’atteinte vésicale rentiating endometriomas from other
faut signaler également que si l’endomé- par rapport aux méats urétéraux. ovarian cysts. Clin Exp Obstet Gynecol
triose pelvienne profonde est localisée au 1995;22:20-2.
8. Fedele L, Bianchi S, Raffaelli R, Portuese
niveau du sigmoïde, elle peut être mé-
A. Pre-operative assessment of bladder
connue en IRM ou prise pour des matiè- endometriosis. Hum Reprod 1997;12:
res fécales. Un lavement à l’eau avant Conclusion 2519-22.
l’IRM, comme il a été déjà signalé par 9. Bazot M, Detchev R, Cortez A, et al.
L’échographie endovaginale est la techni-
Kinkel peut être très utile dans le dia- Transvaginal sonography and rectal en-
que de première intention dans le dia-
gnostic de l’atteinte digestive. doscopic sonography for the assessment
gnostic et l’évaluation de l’endométriose
of pelvic endometriosis: a preliminary
pelvienne profonde. L’IRM permet de
L’atteinte du septum recto-vaginal study. Human Reprod 2003;18:1686-92.
détecter toutes les atteintes pelviennes 10. Bazot M, Thomassin I, Hourani R, Cor-
Quand la lésion rectale est localisée au profondes et offre au chirurgien une tez A, Darai E. Diagnostic accuracy of
même niveau que la partie basse du col évaluation précise de l’extension. L’ana- transvaginal sonography for deep pelvic
ou du septum recto-vaginal, notre ob- lyse préopératoire d’une endométriose endometriosis. Ultrasound Obstet Gyne-
jectif principal sera de définir l’exten- étendue avertit le chirurgien que la dis- col 2004;24:180-5.
sion vers le bas, qui peut ou non toucher section peut être particulièrement diffici- 11. Ohba T, Mizutani H, Maeda T, Matsuu-
le septum recto-vaginal. En effet, ces lé- le. Comme pour toutes les techniques ra K, Okamura H. Evaluation of endo-
sions sont le plus souvent associées à d’imagerie, la précision de l’échographie metriosis in uterosacral ligaments by
une attraction vers le haut du cul de sac transrectal ultrasonography. Hum Re-
et de l’IRM dépend des artéfacts et de
vaginal évoquant l’atteinte du septum prod 1996;11:2014-7.
l’expérience gynécologique du radiolo-
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