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CHU YUAN : 6 FILMS ANALYSES

APPELLEZ MOI BRUCE LI - LE DOSSIER!


DOSSIER CANNIBALES:
9 FILMS CRITIQUES EN DETAIL
WESTERN: KEOMA / EL CHUNCHO
ROMANS SF ET FANTASY
ENZO G. CASTELLARI - SA VIE SON ŒUVRE
CINEMA ASIATIQUE
UNCUT MOVIES: FANTOM KILER 3
WILD SIDE Vs ASIAN STARS : SIX FILMS
CRITIQUES!
SHAW BROTHERS CLASSIQUES
CINEMA BIS: SHAOLIN DOLEMITE
CINEMA X - STORY OF JOANNA
ACTUALITE DU DVD DE GENRE
LA COLLECTION UNIVERSAL LEGACY:
4 FILMS DE LOUPS GAROUS TESTES!
TROIS FILMS FANTASTIQUES INDONESIENS
L'ANNEE 1972 EN FILMS, BD, BOUQUINS.

41 CRITIQUES DE FILMS COMPLETES!

Un e-zine de Frédéric Pizzoferrato


BIMENSUEL - NUMERO 3 - JUILLET 2005

1
SOMMAIRE
DEMANDEZ LE PROGRAMME!
RUBRIQUES
Sommaire 2 Chu Yuan Power ce bimestre avec un focus sur un des plus grands
Ré-Alisator 3 cinéastes du kung-fu pian des seventies. Carrière, biographie,
Jean Rollin 12 filmographie et critiques des titres parus dans la collection Les
Castelari 16 Essentiels de la Shaw Brothers chez le vénérable éditeur Wild Side!
Somewhere In Time 20 Chu Yuan rules, je vous le dit!
Western 26 Deuxième partie de notre exploration de la Bruceploitation avec la
Uncut 29 grande star du genre: Ho Chung Tao, alias Bruce Li.
Hong Kong Star 31 Inflation de critiques ce bimestre avec pas moins de quarante films
répertoriés dans les genres les plus divers. Toutes les rubriques
Actu DVD 35 répondent présentent: Western (Keoma, El Chuncho), kung fu bis
Book of Blood 38 (Shaolin Dolemite), Shaw Brothers (Crippled Avengers, Holy
Indonésie 40 Flame of the Martial World), ciné X (Story of Joanna), gore
Dossier 43 avec un dossier cannibale qui reprend 9 "classiques" du genre, une
Universal Legacy 55 petite spéciale consacrée à l'Indonésie avec trois perles du Z dont
Cinemasia 59 l'immense Revanche de Samson, etc.
Rated X 69 Pour l'actualité on trouve de tout sur les étagères des vidéoclubs, de
Récapitulatif 71 Sœurs de glace à Ma Femme est un Gangster 2 en passant par
Cabin Fever.
Nous vous parlons aussi d'Enzo G. Castellari et de ses fameux
Guerriers du Bronx et du controversé Jean Rollin qui voit ses
réalisations éditées en DVD, dont le réussi Fascination. Le reste de
ces DVD sera probablement critiqué dans un prochain numéro.
Ayant reçu les nouveautés Uncut Movies un peu tard ce sera
également pour le prochain numéro, donc je vous refile la critique
du très faible Fantom Kiler 3 pour patienter. Patrice travaillant sur
un gros dossier surprise pour le prochain numéro il limite sa
participation à un récapitulatif de l'année 1972 en bandes dessinées.
Voilà donc de bonnes et saines lectures pour les plages et rendez-
vous en septembre.

Tous les articles:


Frédéric Pizzoferrato
BD: Patrice Maris

Aide pour la recherche


d'images: Petite Winnie

2
CHU YUAN
Né en 1934

Chu Yuan (ou Chor Yuen) est né dans la province de FILMOGRAPHIE SELECTIVE
Canton en 1934. Après des études de chimie qu'il abandonne
avant de les terminer, il quitte l'université pour se mesurer 1990 Sleaze Dizzy
1990 Blood Stained Tradewinds
aux métiers du cinéma, un univers qu'il connait bien puisque 1988 Diary of a Big Man
son père est comédien. Il sera scénariste et assistant avant de 1987 That Enchanting Night
passer à la réalisation avec Grass By The Lake en 1958. 1986 Last Song In Paris
1985 Let's Have a Baby
1985 Fascination Affairs
Au long de sa carrière cantonnaise, il va signer plus de 70 1984 Lust from Love of a Chinese
films, dans des genres aussi divers que le polar ("The Man Courtesan
From Interpol", "Dial For Murder"), le teenage movies 1984 Hidden Power of the Dragon Sabre
1983 The Enchantress
("Romance of a Teenage Girl"), le mélo ("Secrets of a 1983 Mad Mad 83
Husband'), l'aventure ("The Black Rose" et ses séquelles), 1983 Descendant of the Sun
etc. Il va surtout filmer à de très nombreuses reprises Patrick 1983 The Roving Swordsman
1982 Perils of The Sentimental
Tse (oui, le père de Nicolas Tse) dans d'innombrables mélos. Swordman
1982 The Spirit of the Sword
Devenu très populaire, Chu Yuan fonde alors sa propre 1981 Black Lizard
compagnie. Mais celle-ci fait faillite et il rejoint alors la 1981 Duel of the Century
1981 The Emperor & His Brother
Cathay pour qui il va tourner Cold Blade, un Wu Xia Pian. 1980 Return of the Sentimental
Swordman
Après la fermeture de la Cathay, Chu Yuan est engagé par le 1980 Griffes d'acier contre Léopard Noir
1980 Haunted Tales
puissant concurrent, la Shaw Brothers. Il y débute par un 1980 Bat Without Wing
mélo (House of 72 Tennants) qui reste un des plus gros 1979 The Forbidden Past
succès de l'année 1972. Il signe aussi un des classiques de 1979 The Proud Twins
1979 Murder Plot
l'érotisme chinois avec Intimates Confessions of a chinese 1979 Full Moon Scimitar
courtisane et plus tard son remake plus ouvertement sexy 1978 Heaven Sword and Dragon Sabre II
Lust For Love Of A Chinese Courtesan. 1978 Heaven Sword and Dragon Sabre
1978 Swordsman and Enchantress
1978 L'ïle de la Bête
Puis viennent ses fameuses adaptations des romans de 1978 Clan of the Amazons
Chevalerie de Gu Long. La Guerre des Clans, Le Complot 1978 Poursuit of Vengeance
des Clans, Le Sabre Infernal, Web Of Death, etc. Ce sont 1977 Death Duel
1977 The Sentimental Swordsman
principalement ces films épiques, superbement photographiés 1977 Le Tigre de Jade
et flamboyants - avec leurs intrigues à tiroir entre 1976 Le Complot des Clans
Shakespeare et les polars modernes - qui vont lui assurer la 1976 The Web Of Death
1976 Le Sabre Infernal
renommée.

Chu Yuan tournera pas moins de dix-huit longs-métrages


inspirés par Gu Long en six ans, de La Guerre des Clans en
1976 à Perils of the Sentimental Swordsman en 1983.

3
Durant quatorze ans, Chu Yuan va travailler pour Run Run FILMOGRAPHIE (Suite)
Shaw en réalisant en moyenne quatre films par an, parvenant
à imposer son style et sa patte personnelle à une série de 1976 Farewell to a Warrior
1976 La Guerre des Clans
projets commerciaux qu'un tâcheron aurait baclé sans 1972 Le Tueur de Hong Kong
remords. Sa carrière comporte quelques chef d'œuvres qui 1972 Intimate Confessions of a Chinese
firent la renommée de la Shaw avant la décadence du studio. Courtesan
1972 House of 72 Tennants
1970 Cold Blade
Au début des années 80, il boucle une série de comédies et 1967 Romance of a Teenage Girl
de wu xia pian moins ambitieux. Après la chute de la Shaw 1966 The Man From Interpol
Brothers, Chu Yuan tente sans succès d'adapter le classique 1964 The Black Rose
1963 In My Dream Last Night
The Story Of The Book of the Swords de Jin Yong (Ann 1963 My Only Love
Hui finira par le réaliser) et de mettre en scène un film sur la 1962 Eternal Regret
Révolution Culturelle. Il revient cependant pour une comédie 1962 True Love
1958 Grass By The Lake
produite par Tsui Hark, Diary Of A Big Man, avec Chow
Yun Fat, avant de prendre une retraite méritée après une
dernière poignée de films.

Egalement acteur, il est apparu dans de nombreux films,


incarnant, entre autres, le méchant de Police Story de Jackie
Chan. Il est aujourd'hui considéré comme un des plus grands
cinéastes Wu Xia de l'ancienne colonie et certains voient en
lui l'égal (au moins!) de Chang Cheh et King Hu.

NOTE: Le Tigre de jade, Le Complot des Clans, Le Sabre


Inferna, La Guerre des Clans et l'Île de la Bête sont
disponible chez Wild Side. Sentimental Swordsman et Spirit
of the Sword le seront prochainement. Intimate Confessions
of a chinese courtesan est paru chez CTV.

Ca y est,
il est enfin
disponible!

SF MAG 44 en
KIOSQUE !

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LE TIGRE DE JADE
Titre: Bai Yu Lao Hu / The Jade Tiger
Réal: Chu Yuan
Avec: Ti Lung (Zhao Wu-ji)
Yueh Hua (Tang Ao)
Lo Lieh (Tang Chueh)
Ku Feng (Shangguan Ren)
Lily Li (Zhao Qian-qian)
Shih Szu
Fan Mei-cheng (Zhao Zhong)
Derek Yee (Tang Yu)
Hsiao Yao (La fiancée de Zhao Wu-ji)
Origine: Hong Kong / 1977

4,5 / 6

Résumé:
Le chef du clan Zhao est assassiné par un traître nommé
Sahngguan Ren le jour du mariage de son fils. Ce dernier, Zhao
Wu-ji est forcé de le venger et remonte la piste. Infiltré après
bien des péripéties dans le clan adverse, les Tang, le jeune
homme apprend que son père s'est donné la mort volontairement.
Une directive secrète, cachée dans une statuette représentant un
tigre de jade blanc rement sa mission en question.

Le Tigre de Jade est


une adaptation du roman homonyme de Gu Long (ou
Ku Lung), écrivain prolifique du Wu Xia qui signa
des dizaines d'œuvres martiales et policières au
cours de sa courte vie (1937 - 1985).
Le scénario est tortueux à souhait et les
personnages sont dotés de facettes multiples. Le
début du film présente les bons et les méchants de
manière assez classique. D'un coté Wu-ji,
représentant du clan Zhao, épargne un adversaire
lors d'un duel.
De l'autre Yu, du clan Tang, sacrifie plusieurs de
ses hommes pour gagner la confiance de son ennemi.
Ensuite, les cartes sont brouillées. Wu-ji découvre la
compassion, l'amitié et l'amour eu sein du clan
ennemi, lequel l'accueille à condition que son "épée
ne soit pas tâchée de leur sang".
Plus terrible encore, le jeune homme comprend
que son clan utilise les mêmes techniques
(tromperies, traîtrises, sacrifice absurde commandité
par un chef auquel il convient d'obéir aveuglément
par delà la mort) que les ennemis. Au final, Zhao
Wu-ji se retrouve seul: sa famille a été décimée et

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ses amis sont mort pour accomplir une vengeance dont il doute même de la légitimité. A un
homme satisfait du clan Zhao, Wu-ji désigne une pièce remplie de tablettes funéraires:
"penses-tu vraiment que nous sommes victorieux?" dit-il. Au milieu des membres défunts du
clan se trouvent son épouse et le frère de celle-ci, appartenant au clan Tang. Morts, eux aussi,
sans véritable raison.
Désabusé, Zhao Wu-ji finira par se retirer du monde, délaissant les intrigues et les complots
des clans adverses, rongés par une haine dont ils ignorent sans doute l'origine. Le poids des
traditions, des histoires de familles et des vilénies passées pèsent à ce point sur les épaules des
héros qu'ils semblent incapables d'échapper à un destin implacable.
Comme dans une tragédie antique, rien ne viendra arrêter la
mécanique infernale et aucun efforts ni pardon ne sera
suffisant: au bout du compte la violence triomphe et ne
profite à personne.
Les rebondissements se succèdent, certains peu crédibles
ou vraiment énormes, mais cette profusion de coups fourrés
et de retournements de situation permet au spectateur de ne
jamais s'ennuyer.
Film martial noir et nihiliste, entre aventures, thriller et
espionnage, Le Tigre de Jade est une belle réussite
entrecoupée de combats efficaces et bien rythmé. Mais
l'important réside dans le scénario tortueux, la beauté des
décors de studio et la description des personnages, tous bien
typés et riches, loin des stéréotypes habituels du Wu Xia
héroïque.

LE COMPLOT DES CLANS


Titre: Chu Liu Xiang / Clans of Intrigue
Réal: Chu Yuan
Avec: Ti Lung (Chu Liu Xiang)
Betty Pei Ti (Princesse Yin Chi)
Chen Szu-Chia (Su Rong Rong)
Nora Miao (Kung Nan-yen)
Yueh Hua (Le Moine Wu Hua)
Li Ching (Perle Noire)

Origine: Hong kong / 1977

5/6

Le Complot des Clans est une adaptation


de trois romans différents du fameux

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romancier Gu Long (ou Ku Lung), lequel a s'embarrasse guère de développer un
écrit huit aventures de son héros Chu Liu- contexte historique précis. Il privilégie
xiang. Ce personnage est souvent considéré simplement le déroulement de l'enquête.
comme le "James Bond chinois du film de Comme dans bien des giallos (et
sabre" mais il doit également beaucoup à forcément les polars de Hitchcock), le héros
Sherlock Holmes. Les intrigues de ces huits est embarqué malgrè lui dans l'enquête.
romans (publiées entre 1968 et 1979)
mêlent avec bonheur arts martiaux, N'ayant rien demandé à personne, il est
espionnage et enquêtes policières accusé d'un meurtre qu'il n'a, bien sûr, pas
complexes et tortueuses. commis et menacé de mort par une série
Chu Yuan reprend ici, quasi d'individus redoutables.
intégralement, les péripéties du premier L'intrigue progresse alors sans baisse de
volume de la saga: Xie Hai Piao Xiang, régime mais les scénaristes prennent soin
auquel il adjoint des éléments puisés dans de bien doser les éléments offerts au
les deux suivants, à savoir Da Sha Mo et cerveau du spectateur. Ce dernier doit
Hua Mei Niao. Trois romans qui forment suivre attentivement le film mais ne se sent
une trilogie de près de mille pages connue pas largué au bout de la première scène
sous le nom générique de La Légende de comme c'est parfois le cas avec ce type
Chu Liu-xiang. d'intrigue compliquée. Chaque éléments
Le cinéaste est donc forcé de prendre des utiles au développement de l'enquête est
raccourcis narratifs parfois osés pour proposé de manière claire et on ne peut que
condenser une œuvre aussi riche en 90 saluer le tour de force des scénaristes pour
petites minutes. Mais le cinéaste tire parti avoir su rendre limpide un si grands
de ce handicap en privilégiant une nombres de retournements de situations et
construction rapide et un rythme trépidant. de rebondissements trépidants. Le ton
Pas question de relacher son attention plus général est sérkieux mais léger avec divers
de quelques secondes sous peine de se éléments de comédie
perdre dans la complexité des intrigues Chu Liu-xiang, incarné par le très classe
développées. Immédiatement, le spectateur Ti Lung, mêne la danse, entouré de ses trois
est plongé au cœur de l'affaire, à savoir le assistantes, aussi belles que gaffeuses, et
dénoue les fils de la machination, aidé par
un tueur mystérieux. Les trois charmantes
demoiselles n'ont pas un rôle très actif et le
héros doit régulièrement les sauver des
griffes des méchants.
L'identité du criminel en chef, un
androgyne, est finalement révélé dans un
final dont les coups de théâtre à répétition
évoquent immanquablement les meilleurs
giallos.
Comme dans les thrillers italiens de
l'époque, seul le plaisir immédiat de la
surprise compte véritablement, qu'importe
alors si les situations sont
vol de l'eau magique (un redoutable poison) invraissemblables. Ce final renvoie aussi
et les meurtres de trois chefs de clans dans aux James Bond puisque situé dans le
des décors baignés de brume. En une grandiose palais d'une princesse lesbienne
minute de métrage, Chu Yuan pose les manipulée par un moine cruel.
bases de sa construction scénaristique et ne

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Comme dans les James Bond, nous avons
aussi droit à une scène humoristique située
dans un casino et quelques éléments à la
lisière du fantastique viennent pimenter le
suspense développé.
Comme toujours, Chu Yuan offre une mise
en scène splendide: décors de studio
magnifiques, photographie parfaite,
éclairages travaillés. Bref, une esthétique
superbe à des années lumières de la
pauvreté visuelle de nombreux Wu Xia
Pian de cette époque.
En une demi-heure, le héros est capturé, Niveau martial, rien de déshonorant mais
s'échappe, les alliances changent sans cesse l'intérêt principal du métrage réside bien
et le méchant n'hésite pas à supprimer sans davantage dans les développements de
remord ses anciennces alliées devenues l'intrigue et non dans les combats.
inutiles. Les décors de ce palace sont D'ailleurs, parfois, ceux-ci paraissent un
somptueux, avec un petit côté légèrement peu inutile au déroulement du script. Cela
kitsch qui renvoie aux films d'espionnages dit, ne boudons pas notre plaisir: Ti Lung et
des seventies. ses acolytes délivrent des duels bien
chorégraphiés et point trop long.

L'ÎLE DE LA BÊTE
Titre: Legend of the Bat / Clan of Intrigue 2
Réal: Chu Yuan
Avec: Ti Lung
Yueh Hua
Ling Yun
Cheng Lo
Derek Yee Tung Sing
Candice Yu On On
Yuen Wah
Norman Chu Siu Keng
Alan Chui Chung San

Origine:Hong Kong / 1977

4/6

Résumé:

Après avoir échappé à bien des périls, le beau Chu Liu Xiang se
rend sur une mystérieuse île, sur laquelle se terre un redoutable
combattant surnommé la Chauve Souris.

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Après l'énorme succès de Clans of Intrigue, Chu Yuan et une partie des responsables de
cette réussite reprennent du service pour une nouvelle adaptation d'un roman de Gu Long. Ti
Lung et Ling Yun reprennent les rôles qu'ils tenaient dans le précédent métrage
(respectivement Chu Liu Xiang et Point Rouge) tandis que d'autres acteurs reviennent mais
pour des rôles différents.
Le scénario de L'île de la Bête est nettement plus complexe que la moyenne des films de
kung-fu de seventies. Il trahit ses influences littéraires mais également les emprunts à d'autres
franchises porteuses. Les influences de l'intrigue sont clairement occidentales et le romancier
s'inspire à nouveau des James Bond (en particulier de L'Espion qui m'aimait) et de Sherlock
Holmes pour camper un héros qui évolue dans un univers inspiré des romans de Jules Vernes
(Voyage au centre de la Terre), des Dix Petits Nègres d'Agatha Christie, des serials
d'aventures de l'âge d'or, etc.
Malheureusement, il est parfois peu aisé de suivre les rebondissements en cascade. Touffu,
le récit original a été élagué pour tenir sur une grosse heure et demie, d'où une sensation
d'urgence parfois excessive. Les retournements de situations s'enchainent de manière un peu
trop rapide pour ne pas perdre le public dans le fil du récit. Mais, peut-être, qu'il s'agissait
d'une volonté intentionnelle de la part de Chu Yuan. En tout cas il est difficile de s'ennuyer.
Le côté James Bond est largement entretenu par une intrigue rythmée qui multiplie les
trahisons et les alliances mouvantes, sans oublier de proposer un nouveau décor toutes les
quinze minutes. Lorsque le cinéaste à fini d'explorer un lieu géographique, il le quitte pour ne
plus y revenir, que ce soit un bateau ou une île labyrinthique truffée de pièges. Avec
l'utilisation de gadgets, les séquences d'évasion impossible (le héros s'échappe d'une cage
placée au cœur d'un lac d'acide) et le léger érotisme, les ressemblances du métrages avec les
aventures d'un certain espion aux services secrets de sa majesté sont flagrantes.
Le beau Chu Liu Xiang est d'ailleurs un héros qui rappele l'agent 007 par son charisme
naturel, son charme et son aptitude à se tirer de n'importe quelle situation avec flegme. Son
équipier, le tueur Point Rouge, possède, lui, un sens de l'honneur rare et exacerbé bien qu'il
soit un redoutable assassin. Lorsque sa victime désignée le sauve d'une mort certaine, Point
Rouge déclare "hier je devais te tuer, demain je le devrais également. Mais aujourd'hui je
t'épargne". L'Île de la Bête possède de nombreuses répliques intéressantes, qui, sans être
assimilable à des cours de philosophie,
apparaissent pértinentes et bien écrites.
Mais le métrage ne compte pas
uniquement sur ces deux héros, tous les
personnages sont attachants. Le final,
avec ses sacrifices à répétition, est
efficace car on ressent véritablement la
douleur des décès succéssifs.
Au point de vue purement visuel, le
métrage est une splendeur qui utilise à
merveille des décors de studios, factices
mais magnifiques. Embrumés, baignés
d'éclairages colorés, ils rappelent des
réussites comme Opération Peur de Mario Bava, les récits d'épouvantes de Terence Fisher
pour la Hammer ou les adapations d'Edgar Poe par Roger Corman. L'esthétique est travaillée,
avec ces décors sombres caressés par des fulgurances de rouges et de verts. Un peu daté,
légèrement kitch mais, en définitive, superbe!

9
THE SENTIMENTAL
SWORDSMAN
Réal: Chu Yuan Résumé:
Avec: Ti Lung
Yueh Hua Li Xun-huan, un Sabreur
Lili Ly Sentimental alcoolique tente
Ku Feng de venir en aide à Shy-yin,
Derek Yee la femme qu'il aima jadis. Il
Candice Yu On On a "offert" la demoiselle à
Yuen Wah l'homme qui sauva sa vie,
Norman Chu Long Xiao-yun. Soupçonné
d'être lui même l'assassin, il
Origine:Hong Kong / 1977 mène l'enquête et remonte la
piste d'un mystérieux
empoisonneur.
4/6

Chu Yuan adapte une nouvelle fois le romancier Gu Long danc un Wu Xia Pian classieux à la
splendeur visuelle rare. Les décors sont une fois de plus splendides mais, cette fois, le cinéaste
n'hésite pas à aérer sa mise en scène pour proposer un voyage en extérieur dans des paysages
enneigés absolument magnifique. Des étendues glacées où l'on découvre de belles demoiselles et
des branches fleuries, des contrastes de couleurs étudiés, font de ce film un nouvel enchantement
visuel.

Niveau scénario, l'intrigue se suit plus aisément que les autres adaptations de Gu Long (comme
Clans of Intrigue) et ménage moins de surprises. La fin se devine assez facilement et on ne
découvre pas autant de rebondissements qu'on aurait pu l'espérer. Pas beaucoup d'originalité à en
attendre, juste quelques twists pas toujours convaincants ni vraiment surprenants.

Au point de vue des combats, ils sont nombreux, courts et rapides, mais assez intéressants, en
particulier le dernier qui confronte le Sabreur Sentimental à un ennemi équipé d'un bouclier
magnétique capable d'attirer sans dommages les dagues lancées. Un pic de glace providentiel en
viendra néanmoins à bout. Une belle idée. Il ne faut pas s'attendre toutefois à des duels très
élaborés, juste des affrontements bien chorégraphiés (par Tang Chia) mais qui servent davantage
le film plutôt que le phagociter. Comme souvent dans les Wu Xia de Yuan, les bastons sont un
moyen de faire avancer l'intrigue et non une fin en soi.

Malheureusement, le film n'est pas exempt de défaut. Si le costume rosâtre du bandit masqué est
assez amusant, que dire de cette scène où Ti Lung subit l'assaut de tueurs qui jettent sur ses amis
des poignées de serpents venimeux. Dans un Wu Xia délirant cela aurait constitué une séquence
mémorable, mais dans le contexte relativement sérieux voulu ici, l'ensemble parait hélàs ridicule.
Le voyage vers Shaolin se tire aussi en longueur, avec ces empoisonnements à répétition qui
finissent par lasser.

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La multiplicité des personnages et la réduction de l'intrigue touffue en une centaine de minutes
rend parfois le tout difficile à suivre et Ti Lung n'a pas vraiment l'air d'un alcoolique, il reste trop
noble pour un homme soit-disant brisé.
Nous sommes donc en présence d'un honnête Wu Xia mais ce n'est certainement pas le chef
d'œuvre espéré. Largement en deça de Killer Clans ou Clans of Intrigue, donc.

LE SABRE INFERNAL
Titre: Tien ya ming yueh tao
ou: The Magic Blade
Réalisateur: Chu Yuan
Interprètes: Ti Lung (Fu Hung-Hsueh)
Lo Lieh (Yen Nan-Fei)
Ku Feng
Yuen Biao
Ching Li
Lili Ly
Alan Chui Chung San
Norman Chu
Corey Yuen Kwai
Année: 1976
Pays: Hong Kong

Un épéiste et son rival, interrompus en plein duel


nocturne, s'associent pour contrecarrer les plans de
monsieur Yu. L'objectif de ce dernier est de
posséder une puissante arme, mystérieuse et
terrifiante, appelée les plumes de paon. Avec elle, il
espère devenir le maître du Monde des Arts
Martiaux. Les deux combattants décident de trouver
le redoutable artefact avant le maléfique Mr Yu et
ses tueurs.

Considéré comme un grand classique, cette adaptation d'un roman de chevalerie de Gu Long,
célèbre en Asie, était très attendue. Sa vision n'en fut que plus décevante. Le scénario, en
premier lieu, paraît totalement incompréhensible et les personnages agissent souvent au
mépris du bon sens pour aboutir à un twist final attendu et peu convainquant. Chacun
s'affronte pour la possession d'une arme fabuleuse qui apparaît, en vérité, légèrement ridicule.

L'intrigue, décousue, se résume à une suite de saynettes: parfois efficaces, parfois ennuyeuses.
L'épisode entre la prostituée malade et le chevalier "fleur jaune" constitue une belle réussite,
comme le combat final et la séquence du miroir qui le précède. Mais le reste du métrage n'est
pas de ce niveau. Quelques affrontements barbares sauvent les meubles mais les
chorégraphies sont datées et abusent des cables.

Les interprètes sont cependant très bons, en particulier Ti Lung qui incarne un chevalier
intelligent, parlant peu et plus préoccupé par la perspective de sauver sa vie que son honneur.

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Un personnage que l'on rapproche, évidemment, des pistoleros mal rasés de Sergio Leone
plus que des cow-boys bien propres et purs du western ricain.

Malgrè ce scénario peu intéressant, on retrouve les qualités plastiques de Chu Yuan qui livre
des décors fastueux et une photographie superbe. Il amène le film largement au-dessus du tout
venant des productions de l'époque, quoique certaines prises de vues de studio (la lune à
l'horizon) soient vraiment limites. Mais la beauté stupéfiante des images ne masque pas
totalement la déception provoquée par ce film mythique. Il faut pourtant avouer que le travail
de Chu Yuan est digne d'éloge et, dans un genre souvent considéré comme infâmant par la
critique bon teint, il a réussi a éléver le propos et la qualité visuelle de son métrage à un
niveau rarement égalé.

La mise en scène est donc efficace et travaillée de bout en bout, avec une véritable science
formelle et une authentique maîtrise du langage cinématographique. Chu Yuan, en fait, se
démarque de ses collègues et adopte volontiers les codes du polar noir et du western afin de
dépasser les limites parfois pesantes imposées par le carcan du Wu Xia.

Pourtant, je fus déçu à la vision de ce film, auquel j'ai largement préféré "Killer Clans",
"Clans of Intrigues" et autres "Jade Tiger". Il est difficile d'expliquer cette déception; disons
que fus incapable de m'immerger dans l'intrigue, restant en surface et m'attardant sur la forme
(superbe) au détriment du fond et de l'émotion. Une certaine poésie plutôt efficace, quelques
considérations philosophiques simples mais bien énoncées, un érotisme discret mais palpable
constituent pourtant d'autres qualités appréciables du métrage.

Notons, enfin une belle scène de combat où les guerriers adoptent les positions de pièces
d'échec chinois. Mais cela ne suffit pas toujours à emporter l'adhésion. Une déception, relative
mais réelle malgrè tout, en regard de l'attente.

12
JEAN ROLLIN

Jean Rollin, né à Neuilly sur Seine en 1938 occupe une FILMOGRAPHIE SELECTIVE
place à part dans le paysage cinématographique français. 2002 La Fiancée de Dracula
Ayant uniquement œuvré dans les genres les plus 1997 Deux Orphelines Vampires
populaires et les moins reconnus (horreur, érotisme, porno), 1994 Le Parfum de Mathilde
1993 Killing Car
le cinéaste s'est toutefois bâti une réputation d'auteur. 1991 A la poursuite de Barbara * * *
Cinéphile averti et passionné, fan de littérature populaire, il 1990 La Griffe d'Horus
dirigea également une collection du Fleuve Noir spécialisée 1989 Perdues dans New York
1988 Emmanuelle 6 * * *
dans le roman de genre. 1985 Ne prends pas les poulest pour des pigeons * *
Ses premiers films relèvent d'un curieux mélange 1983 Les Trottoirs de Bagkok
d'épouvante gothique, de fantastique aux clichés désuets, de 1983 Folies Anales * *
1983 Sodomanie * *
poésie macabre et d'érotisme. Ils mettent tous en scène des 1982 La Morte Vivante
vampires souvent lesbiennes dans une ambiance très 1982 Rêves de Sexe *
référentielle. Malgrè la pauvreté des budgets, les décors peu 1981 Le Lac des Morts Vivants
1981 Les Paumées du Petit Matin
convaincants et les acteurs guère motivés, Rollin imposa 1981 La Nuit des traquées
rapidement son style, paradoxalement bien plus prisé à 1979 Pénétrations Vicieuses * *
l'étranger qu'en son pays. 1979 Bouches lascives et porno *
1979 Fascination
Une poignée d'admirateurs, restreints mais fidèles, crie 1979 Gamines en chaleur *
immanquablement au génie mais le gros du public ne suit 1978 Les Raisins de la Mort
pas et la critique, au départ enthousiaste, souligne ensuite 1978 Hyper Pénétrations par devant et par derrière *
1978 Petites Pensionnaires impudiques * *
l'utilisation de poncifs et les redites du metteur en scène. 1978 Remplissez moi les trois trous *
Dès le milieu des années 70, Jean Rollin se lance dans le 1977 Positions Danoises * *
porno, pratiquement toujours sous le pseudonyme de 1977 Vibrations Sexuelles * *
1977 Lèvres entrouvertes pour sexe chaud * *
Michel Gentil. 1977 Saute moi dessus * *
Le seul film X qu'il signe de son nom est Fantasmes, qui 1976 Douces Pénétrations * *
relève également du fantastique. 1976 Apothéose Porno * *
1976 La Comtesse Ixe * *
Parallèlement, le réalisateur poursuit sa carrière dans le 1975 Lèvres de Sang
fantastique bis et se charge des séquences hard de 1975 Hard Pénétrations * *
Emmanuelle 6. Après une interruption de quelques années, 1975 Les Phantasmes d'Isabelle
1974 Tout le monde il en deux * *
Rollin co-réalise Le Parfum de Mathilde, sans doute le 1973 La Rose de Fer
seul de ces pornos à avoir reçu de bonnes critiques. 1973 Les Démoniaques
Il adapte en 1997 les aventures de ces héroïnes 1973 Jeunes filles Impudiques * *
1971 Requiem pour un vampire
romanesques, Les 2 Orphelines Vampires, et signe en 1970 Le Frisson des Vampires
2002 La Fille de Dracula, toujours avec Brigitte Lahaie, 1969 La Vampire Nue
ex mega star du X reconvertie dans la série B. 1967 Le Viol du Vampire
1965 Les Pays Loins
1964 Vivre en Espagne
1963 L'Itinéraire Marin
1961 Ciel de Cuivre
1958 Les Amours Jaunes

Les Films pornographiques sont en violet

* = pseudonyme: Robert Xavier


* * = pseudonyme Michel Gentil
* * * = non crédité

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FASCINATION
Réal: Jean Rollin
Avec: Franka Mai
Brigitte Lahaie
Muriel Montossey
Evelyne Thomas
Durée: 80 minutes
Origine: France
Année: 1979
4/6
Jean Rollin a longtemps été méprisé en France
et vénéré aux USA, où une frange du public l'a
érigé en auteur culte. Nul n'est prophète en son
pays, dit on, et son mélange d'érotisme
prononcé, de fantastique traditionnel et
d'horreur sanglante, ne fut jamais appréciée à sa
juste valeur. Avouons également que nombre de
ses films ne sont guère passionnants.
Les spectateurs, même fans de fantastique, doivent
s'attendre à une expérience dans laquelle il n'est pas aisé
d'entrer. On sait l'opposition existante entre les détracteurs et
les admirateurs du cinéaste.
Pour les premiers, les métrages de Jean Rollin sont lents,
ennuyeux, mal fichus, mal joués et dénué de scénario
cohérent. Ce sont de simple prétexte à des séquences de
sexe, souvent lesbien, et des scènes horrifiques décevantes.
Pour les seconds, le cinéaste s'adresse à un public plus
intellectuel, qui aime les références picturales, littéraires ou cinématographiques. Les œuvres
de Rollin relève de l'art, non de l'exploitation.
Qui a raison? Qui a tort?
A mon avis, personne. Rollin fait bel et bien du cinéma
populaire: il a quand même tourné une quinzaine de porno et
à part Le Parfum de Mathilde, co-réalisé avec Marc Dorcel,
aucun n'a bonne presse. On lui doit aussi quelques titres peu
glorieux comme Les Trottoirs de Bangkok, Zombie Lake et
les scènes hardcore de Emmanuelle VI. Pour la
cinémathèque, ce n'est donc pas gagné!
Rollin donne cepandant à son cinema bis un cachet
auteurisant bienvenu. Mais la critique n'est pas toujours
tendre à son égard. Lorsque l'on met en scène des vampires
lesbiennes dans des décors de château propices à des orgies
sanglantes, le public "arty" ne suit pas. Mais lorsqu'on
propose, entre les séquences "d'action", de longs passages
contemplatifs et quasi surréalistes, les amateurs de bis se
sentent floués. De qui se moque t'on? semblent-ils dire.
Rendez-nous Jésus Franco!

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Rollin a le cul entre deux chaises et Fascination illustre bien ce problème mais n'a pas volé
son titre et s'avère agréable à suivre. Il s'agit, évidemment, d'un cinéma de genre
fondamentalement différent et libéré des conventions. Donc, autant savoir à quoi s'attendre.
Le scénario, tout d'abord, est minimaliste et cliché à souhait: un jeune voleur, Marc, fuit ses
complices avec le butin d'un cambriolage et échoue dans un château où vivent deux
demoiselles peu farouches. Marc les enferme mais les coquines ne s'en formalisent guère:
elles en profitent pour s'adonner au culte de Lesbos avec douceur et énergie. La lumière est
caressante et la caméra s'attarde amoureusement sur les corps emmélé des jeunes femmes. On
reconnaît la pate de l'auteur pornocrate mais la séquence est sensuelle, suggestive et belle.
Puis, les filles quittent la pièce (elles avaient un double de la clé!) et menace leur invité, qui
parvient à les désarmer. Les complices de Marc
débarquent alors et jouent du pistolet pour le
forcer à quitter sa cachette.
Une des filles (Brigitte Lahaie, sublime) décide de
rendre aux voyous l'argent volé mais ceux-ci
jugent cette bonne action insuffisante. Bien sûr, la
belle demoiselle est violée dans les écuries par un
des apaches, qu'elle poignarde ensuite. Vêtue
d'une sorte de cape qui ne cache rien de son
anatomie, elle tue alors les trois criminels restants,
à coup de faux. Une scène plastiquement très
aboutie, qui permet à Rollin des compositions d'une grande beauté et des images vraiment
splendides. Ensuite, l'intrigue se concentre sur une série de bourgeoises bisexuelles venues
passer la nuit au château pour se repaitre de sang humain. Marc est la victime désignée du
sacrifice après de nouveaux jeux
amoureux…
Jean Rollin livre au final un petit budget
intéressant, qui parvient à dépasser ses
contraintes imposées (décor réduit à un seul
lieu, interprétation approximative) et ses
défauts évidents (dialogues un peu ridicule,
rythme assoupi, intrigue simpliste) pour
offrir au spectateur une œuvre
singulière…et fascinante par instant.
Entre cinéma d'auteur, érotisme,
fantastique et horreur, Fascination
s'impose comme une alternative possible au cinéma conformiste et formaté. Pas mal, donc.

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ENZO G. CASTELLARI
Pseudonymes utililisés: Stephen M. Andrews / Enzo Girolami
Castellari / Enzo Castellari / E.G. Rowland / Enzo G. Rowland

Enzo Girolami, fils du cinéaste Marino Girolami, est né à Rome


le 28 juillet 1938. Il suit les traces de son père tout en adoptant
comme pseudonyme le nom de sa mère, Castellari.
La carrière de Castellari a suivit toutes les modes du cinéma
populaire. On lui doit surtout un excellent Western, devenu un
authentique classique du Spaghetti, à savoir Keoma avec Franco
Nero (critique dans ce numéro) mais également quelques polars
nerveux.
Le Western est sans doute son genre de prédilection puisqu'il tourna son premier long-métrage
dans ce style avec Sept Winchesters pour un Massacre, avec Guy Madison, situé durant la
période troublée suivant la guerre de Sécession. Il enchaîne sur d'autres westerns, comme la
comédie Je Vais, je tire et je reviens, un des premiers spaghetti parodique.
Son Western suivant est Django porte sa croix, écrit par Sergio Corbucci, qui transpose
l'histoire de Hamlet au Far-west avec Franco Nero, en 1968
Après de nouveaux Western, Castellari enchaîne avec une grosse production guerrière, Sur
Ordre du Furher, avec Frederick Stafford.
Après le giallo Cold Eyes of Fear, le cinéaste dirige Jack Palance dans Tedeum, un Western
comique. Puis il se tourne dans le thriller violent et lancera plus ou moins la vague des polars
d'auto-défense avec Un Citoyen se rebelle dans lequel on retrouve la Bond Girl Barbara Bach
et Témoin à abattre. Deux films coups de poings dominés par Franco Nero.
Ensuite, retour au Western comique avec Cippolita Colt et à la fantaisie historique avec une
version de Scaramouche où l'on retrouve Ursulla Andrews et Aldo Maccione dans le rôle de
Napoléon.
Après Keoma, classique du Western crépusculaire, Castellari tourne The Big Racket et Action
Immédiate, des polars nerveux dans l'esprit de French Connection.
Comme nombre de ses confrères, il sombre à la fin des seventies dans l'exploitation pure sous
l'égide du redoutable producteur Fabrizio de Angelis. Il refuse de signer Zombie 2 mais
commet deux resucées de Jaws, Chasseur de Monstres et La Mort au large qui reprennent
les grandes lignes du classique de Spielberg sans la moindre gêne.
Ensuite, il glisse vers le post-nuke, un genre en vogue grâce à Escape from New York de John
Carpenter, que Castellari adapte avec Bronx Warriors et sa séquelle, Escape from the Bronx
(critique dans ce numéro).
Dans un registre similaire il commet Les Nouveaux Barbares, cette fois en lorgnant sur la
réussite du Mad Max 2 de George Miller. Il part à Hollywood, se compromet dans un
grotesque Sinbad avec Lou Ferrigno et trouve le salut à la télévision, le cinéma de genre étant
décédé en Italie depuis une dizaine d'années. Il a retrouvé une certaine notoriété grâce à un de
ses plus grands fans, Quentin Tarentino, qui annonce depuis quelques temps un remake d'Une
poignée de salopards, une série B guerrière.

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FIMOGRAPHIE COMPLETE
1993 - Jonathan of the Bears
1989 - Sinbad
1987 - Hammerhead
1987 - Striker
1985 - Light Blast / Colpi di luce
1984 - Tuareg: The Desert Warrior
1983 - Les Guerriers du Bronx 2 / Fuga del Bronx
1982 - Les Nouveaux Barbares / I Nuovi Barbari
1982 - Les Guerriers du Bronx / I Guerrieri del Bronx
1981 - La Mort au large / L'Ultimo Squalo
1980 - Le Jour du Cobra / Il Giorno del Cobra
1979 - The House by the Edge of the Lake
1979 - Chasseur de Monstres / Il Cacciatore di Squali
1977 - Une Poignée de Salopards / Quel Maledetto treno blindato
1977 - Action Immédiate / La Via della droga
1976 - Big Racket
1976 - Keoma
1976 - On m'appelle Scaramouche / Le Aventure e gli amore di Scaramouche
1975 - Cipolla Colt
1974 - Un citoyen se rebelle / Il cittadino si rebella
1973 - Témoin à abattre / La Polizia incrimine, la legue assolve
1972 - Te Deum
1972 - Ettore lo fusto
1971 - Cold Eyes of Fear / Gli Occhi Freddi della paura
1968 - Sur ordres du Führer / La Battaglia d'Inghilterra
1968 - Aujourd'hui ma peau, demain la tienne / Vado Vedo e sparo
1968 - Tuez les tous et revenez seul! / Ammazzali tutti e torna solo
1968 - Django porte sa croix / Quelle sporca storia nel West
1968 - Je vais, je tire, je reviens /Vado, l'ammazzo e torno
1968 - Sept Winchesters pour un massacre / Sette Winchester per un massacro

LES GUERRIERS DU BRONX


Titre: 1990 - Bronx Warriors
Réal: Enzo G. Castellari
Avec: Mark Gregory
Vic Morrow
Fred Williamson
Christopher Connely
George Eastman

Dans un futur proche (1990, oui, bon, passons!) le Bronx est devenu
un endroit infréquentable dominé par les bandes rivales qui
s'entretuent pour le contrôle de ce territoire désolé. Trash, le chef
d'une bande de méchants motards, tombe amoureux d'une jeune fille
riche égarée qu'il va sauver d'une bande d'encore plus méchants!

Encore un film abusivement estampillé culte. A ce rythme n'importe quelle série Z fauchée va
y avoir droit. Ici, nous sommes pourtant en présence d'un produit des plus médiocre qui copie
inévitablement Escape from New York et The Warriors de Walter Hill. Pour un résultat
généralement affligeant et, surtout, lympahtique. Castellari a peut-être réalisé quelques séries
B correctes et fort bien torchées, il faut également avouer qu'il a tourné quelques daubes peu
recommandables. Comme cette production au budget rachytique qui a fort mal vieilli.

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Pas beaucoup d'action au programme, juste un défilé de gueules (et de corps) estampillés bis.
Des mecs musclés avec une expression virile et des pouffiasses blondes perchées sur des
talons aiguilles. L'esthétique dominante semble tout droit sortie des YMCA vantées par les
Villages People. Belles moustaches, casquettes et veste en cuir, bandana et collifichets
fantaisies, pas de doute, à une soirée du Queen, le succès serait assuré. Niveau musique ça
fleure bon le simili hard-rock très FMisé typique des eighties. Ringard à souhait!
Tout ce petit monde vêtu de cuir se bastonne mollement dans des terrains vague du Bronx et
Castellari se préoccupe surtout de cadrer les combats sans faire tourner sa caméra, au risque
de filmer des passants tranquilles ou des voitures roulant au pas. Bref, pas très apocalyptique
comme décor! Lorsque le cinéaste met en scène un enterrement de motard à la manière d'un
bûcher funéraire Viking on rigole doucement. Citons aussi cette séquence assez ridicule au
cours de laquelle un type se met à jouer de la batterie en pleine nature comme ça, sans raison,
suite à la mort d'un de ses potes. Des moments crétins totalement nanar. Mais ce n'est pas
suffisant pour justifier réellement la vision de ce produit très opportuniste et très raccoleur.
Reste quand même une belle brochette d'acteurs d'exploitation et le numéro très cabotin de
Vic Morrow. Ce dernier devait ensuite trouver la mort sur le tournage de La Quatrième
Dimension. Le film de Castellari se laisse donc regarder d'un œil distrait mais s'avère en
définitive peu passionnant. On lui préfèrera donc largement une séquelle certes encore plus
bis mais bien plus amusante et décomplexée.

LES GUERRIERS DU BRONX 2


Titre: Fuga dal Bronx / Bronx
Warriors 2: Escape from the Bronx
Réal: Enzo G. Castellari
Avec: Mark Gregory
Henry Silva
Thimothy Brent

3,5 / 6
Critique:

Certains films acquièrent au fil du temps un


statut objectivement usurpés mais tenace.
Les Guerriers du Bronx 2 sortit jadis dans
une certaine indifférence, froidement
accueilli par la presse et peu de personnes
allèrent le voir. Suite d'un gros succès (tout
est relatif), il entretient finalement peu de
rapport avec son prédécesseur, si ce n'est un
thème similaire et une même équipe
technique.
Mark Gregory reprend également du service.
Monolithique, totalement inexpressif, il
promène son facies de gros casseur un peu
benêt et son look de musicien heavy metal.

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Avec son futal moulant, son marcel tâché de sueur et ses longs cheveux permanenté, Mark
Gregory aurait peu jouer dans Manowar. Il a choisit le cinéma. Enfin la série B. Il voit sa
maman brulée par les méchants, la belle reporter périr sous les balles d'un cruel homme
d'affaire, il flingue des dizaines de types, mais rien n'y fait: pas la moindre trace d'expression
sur son visage. Un vrai exploit, à côté d'un tel homme, nul doute que Steven Seagal est un
acteur de composition. Mais, passons, le spectateur n'est pas là pour un concours
d'interprétation. D'ailleurs le reste de la distribution est plutôt médiocre, elle aussi. A
l'exception d'un Henri Silva suave et cabotin qui en rajoute dans l'ignoble au point de froler la
caricature, si pas la parodie. Lui, il extermine les rats, comprenez les citoyens du Bronx, et
rien ne peut arrêter sa croisade dévastatrice.

Les dialogues donnent dans le lourd et la version française, imposée, n'arrange pas les choses,
même si on peut rire de telles énormités.
Quelques exemples significatifs:
- On meurt plus facilement ici que dans un film de Bruce Lee!

- On vient voir Strike! dit le héros


- Et mon cul, tu viens le voir aussi, pédé!, réplique le fils du Strike en question.

- On a besoin de toi pour kidnapper le président.


- Le président des USA?
- Non, juste celui de la Compagnie.

- Si on réussit tu redeviendras le numéro 1 et tu n'auras plus à te cacher et à te masturber.


- Tu oublies que j'aime me masturber!

Le reste est à l'avenant, avec un doublage bien caricatural qui s'en donne à cœur joie dans
le style voix viril et accent mexicain, ponctué de connard et autre hija de putana!
Mais qu'importe! Un scénario des plus banal, cousu de fil blanc gros comme des câbles, mais
un beau concentré d'action pure. Car Castellari met le paquet et enchaîne les séquences
musclées sans laisser au public plus d'une minute de répit entre deux affrontements barbares.
Lance-flamme, grenades, explosifs divers, tout y passe, en dépit de toute vraissemblance. Une
véritable guerrilla urbaine qui se joue à l'inssu des habitants de New York dans un Bronx à
peine futuriste. Mark Gregory tire sur tout ce qui bouge avec son petit révover, faisant
exploser une camionette et même un hélicoptère! Les cadavres, eux, tombent comme des
mouches. Une hécatombe qui se termine par un héros solitaire au centre d'un immense champ
de bataille aux décors calcinés et encore fumants. Bien sûr, le cinéaste ne peut rivaliser avec
les blockbusters américains, n'empêche qu'il en donne au spectateur pour son argent. Malgrè
des trucages grossiers, des maquettes très visibles et des mannequins peu crédibles, Castellari
emporte le morceau en privilégiant un rythme alerte, sans temps morts, et une surenchère
assez amusante dans l'action. Bien filmé, agréable, Les
Guerriers du Bronx 2 est un bel exemple du cinéma bis rital des
eighties, un western moderne et urbain situé quelque part entre
Mad Max 2 et New York 1997. Sympa!
La copie DVD, correcte, est en scope, le son est d'époque (en
version française uniquement) et le tout se passe du moindre
supplément si ce n'est la bio / filmo de Castellari et Henri Silva.
Mais comme le produit est vendu au prix d'une bouchée de pain,
on ne fera pas trop la fine bouche.

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SOMEWHERE IN TIME
PETITE HISTOIRE DU CINEMA FANTASTIQUE: 1972
Wes Craven propose, en 1972, de visiter une Dernière
Maison sur la Gauche (The Last House On The Left)
dans laquelle se déroule nombre d’horreurs, totalement
réalistes (viols, meurtres, castration buccale, etc.). Entre
film gore et thriller d’autodéfense, la première
réalisation de Craven choque violemment le public, se
voit interdite un peu partout mais récolte néanmoins le
succès et génère un flot d’imitations plus ou moins
inspirées. On rapprochera ce film du fameux
Délivrance (Deliverance, John Boorman) qui définit
les codes du survival en présentant quatre citadins
torturé, violé et tué par une poignée de montagnards
dégénérés. Un grand film brutal.
L’année 1972 voit également débarquer deux fleurons
du films à sketches: Asylum de Roy Ward Baker et
Histoires d’outre-tombe (Tales From The Crypt) de
Freddie Francis. Le premier bénéficie d’un scénario de
Robert Bloch tandis que le second puise aux sources
des fameux E.C. Comics. Une distribution rassemblant
la plupart des stars de l’épouvante achève de faire de
ces deux films de véritables joyaux d’humour noir et d’horreur stylée. Dans un genre
similaire, Terreur dans le Shanghai Express (Horror Express / Panico en el transiberiano)
constitue une série B sympathique et rarement ennuyeuse en provenance d’Espagne dans
laquelle on retrouve avec plaisir Christopher Lee, Peter Cushing et Telly Savalas.
Brian de Palma, lui, s’inspire largement d’Hitchcock pour
un référentiel Sœurs de Sang (Sisters) tandis que, dans un
registre psychologique et subtil, Robert Mulligan livre une
œuvre intéressante aux nombreuses et indéniables qualités:
L’Autre (The Other).
En provenance du Canada, Le Mort Vivant (Deathdream
ou Dead Of Night) de Bob Clark (futur réalisateur de
comédies poussives telle la célèbre série des Porky’s) tente
de combiner l’horreur graphique avec une portée sociale et
psychologique fouillée, un peu à l’image de la trilogie de
George Romero. Une tentative intéressante, de même que son
fameux Children shouldn’t play with dead things, autre
variation sur le thème des morts-vivants.
Dans un tout autre registre, sortent les premiers classiques
du film porno: Gorge Profonde (Deep Throat) et l’Enfer
pour Miss Jones (The Devil In Miss Jones) de Gérard
Damiano et Derrière la Porte Verte (Behind The Green
Door) des frères Mitchell. Ces films, basés sur des arguments empruntés au fantastique, vont
permettre l’éclosion d’une nouvelle génération de cinéastes transgressifs libérés des

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contraintes d’une trop castratrice censure. Dans un registre
similaire mais encore plus déviant, le hardeur américain Harry
Reems (caché sous le pseudonyme de Tim Long) propose avec
Forced Entry un des rares exemples de porno horrifique et
ultra-violent mettant en scène un violeur sadique. Dans le
même genre citons aussi le giallo Confessions of a Sex
Maniac, alias Penetration. Beaucoup plus anodin sont, en
comparaison, les décalques sexy des grands classiques comme
cet Adult Version of Jekyll & Hyde.
Les grands mythes signent d’ailleurs un retour remarqué en
cette année 1972, mais hélàs rarement pour le meilleur. La
Hammer vide ainsi Dracula de toute substance dans le pénible
Dracula 73 (Dracula 72 A.D.) qui réduit Christopher Lee et
Peter Cushing à des caricatures gesticulantes. En provenance d’Espagne, les films de Paul
Naschy, tout maladroits soient-ils, respectent bien davantage le genre et s’avèrent au final
nettement plus sympathiques. Citons ainsi El Gran amor del conde Drácula, La Furia del
Hombre Lobo, Dr. Jekyll y el Hombre Lobo et Jack el Destripator de Londres tournés
dans la frénésie filmique coutumière de Naschy.
Dans le registre des curiosités, cette année voit le début de la vague blaxploitation associée à
l’épouvante avec un étonnant Blacula tandis que la Hammer renouvelle plutôt adroitement
son fond de commerce avec Le Cirque des Vampires (Vampire Circus) de Robert Young et
que Jésus Franco, de son côté, délire avec Dracula, prisonnier de Frankenstein, et ses
Expériences érotiques de Frankenstein, avant de démarquer Les Diables de Ken Russell
avec…Les Démons.
Du coté de la boucherie en gros, La Marque du Diable II (Hexen geschändet und zu Tode
gequält / Mark of the Devil, Part 2) s’appuie sur un alibi historique, à savoir les excès de
l’inquisition, pour représenter à l’écran de monstrueuses scènes de torture. Hershell Gordon
Lewis se montre plus honnête et s’abstient, lui, du moindre alibi pour mutiler les jeunes et
jolies Gore-Gore Girls de la façon la plus atroce possible, signant son adieu (provisoire) au
genre. Le film fait beaucoup rire les amateurs mais pas la censure qui n’hésite pas à lui
attribuer un infâmant classement X.
Tout aussi cruel mais nettement plus raffiné le Retour de
l’abominable docteur Phibes (Dr Phibes Rises Again) de
Robert Fuest réitère la réussite exemplaire du premier film avec
un Vincent Price toujours impérial.
L’Italie, enfin, lance la fructueuse vague du film de cannibales,
mélange souvent répugnant d’aventures, d’horreur et de scènes
aux limites du mondo. Cannibalis (Il Paese del sesso selvaggio /
Deep River Savages) de Umberto Lenzi inaugure ainsi cette
mode juteuse alors qu’au Canada Ivan Reitman, futur réalisateur
de Ghostbusters, propose des Cannibal Girls.
Le Blob fait également un retour inattendu, sous la direction de
Larry Hagman (futur J.R. de Dallas !) dans le semi-parodique
Attention au Blob! (Beware! The Blob!) alors que Mario Bava
se révèle en méforme pour Baron Vampire (Gli Orrori del
castello di Norimberga / Baron Blood) et que Armandi Crispino
livre un petit classique du giallo avec Etruskan Kills Again
(Etrusce Uccide Ancora).
Le giallo est toujours aussi bien représenté, du moins quantitativement parlant, en cette
année 1972: une trentaine de titres sortent en Italie mais l'overdose menace déjà. Citons les

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classiques Ton Vice est une Chambre Close dont moi seul ait la clé (Sergio Martino),
Qu'avez-vous fait à Solange? (Massimo Dallamano), La Dame Rouge Tua Sept Fois
(Emilio Miraglia), et quelques autres comme Amuck (Silvio Amadino), Killer's On The
Phone (Alberto de Martino), Paris Sex Murders (Ferdinando Merighi), Who Saw Her Die?
(Aldo Lado), Delirium (Renato Polselli), Smile Before Death (Silvio Amadino), Ragazza
Tutta Nuda Assassinata nel Parco (Alfonso Brescia) La Morte Accarezza a Mezanotte
(Luciano Ercoli).
Signalons aussi l’intéressant Métro de la Mort (Death Line) de Gary Sherman, un film
d’angoisse dans lequel on retrouve Christopher Lee et Donald Pleasence.
Au rayon Z, Ted V. Mikels impose deux de ces films : The Corpse Grinders (dans lequel
les propriétaires d’une usine d’aliments pour chat décident de nourrirent les matous avec de la
chair humaine) et Blood Orgy Of The She Devils (où de jeunes sorcières sacrifient
joyeusement quelques mecs) mais Andy Milligan contre-attaque avec son impensable The
Rats Are Coming, The Werewolf Are Here !
Enfin chez les bestioles agressives, citons les rats de Ben et les crapauds de Frogs.
Rayon SF: Quelques films notables, comme l'adapatation du classique de Kurt Vonnegut,
Abattoir 5 et l'ambituieux Solaris de Tarkovsky. Citons aussi La Conquête de la Planète des
Singes, qui poursuit la série sur une note satisfaisante, sans plus. L'inévitable Godzilla de
l'année, qui cette fois affronte Gigan, est un des plus infantile de la saga et s'avère fort
médiocre. Bref, peu à dire à ce niveau, c'est l'épouvante qui dicte sa loi sur le cinéma de
l'imaginaire!

Année 1972 AU CINEMA


En 1972, le film phare est sans contestation aucune
Le Parrain. Le chef d'œuvre de Coppola offre à
Brando son meilleur rôle et révèle Al Pacino en star
aux côtés de Diane Keaton, Robert Duvall, James
Caan et ce cher Joe Spinnel. Lauréat des Oscars du
meilleur film, du meilleur acteur et du meilleur
scénario, le monument maffieux à la musique
inoubliable trone toujours en tête des votes sur
l'Internet Movie Database, conforté par un jugement
public unanime qui en fait le meilleur film de tous les
temps. Pas moins!
1972 c'est également l'année de la dernière des
grandes comédies musicales classiques, Cabaret de
Bob Fosse et ses huit Oscars.
Citons aussi le très violent (pour l'époque) Getaway
de Sam Peckinpah. Steve McQueen et Ali McGraw
incarnent ce couple plongé dans la violence. Une
excellente adaptation du roman de Jim Thompson par
un cinéaste au sommet de son art.

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C'est également l'année de l'intéressant mais
surestimé (aie! pas sur la tête) Dernier Tango à
Paris de Bertolucci, vrai drame glauque et faux film
érotique pourtant devenu célèbre pour son unique
scène vraiment hot, celle où Brando sodomise
Maria Schneider avec l'aide d'une motte de beurre.
Jugé obscène et pornographique (ce qu'il n'est pas),
le film scandale de Bertolucci marque durablement
les consciences mais à aujourd'hui fort mal vieilli.
Plus anecdotique, en regard de la carrière
exemplaire de Hitchcock, Frenzy n'en demeure pas
moins un bel exemple de thriller à suspense nourri
d'humour noir. Un film testament à réhabiliter
d'urgence.
Belle réussite également pour le western fantastique
et morbide de et avec Clint Eastwood, L'Homme
des Hautes Plaines, périple d'un pistolero revenu
de la tombe pour chatier une poignée de criminels.
La séquence finale, dans une ville en feu et peinte
en rouge ("Welcome to Hell") reste mémorable.
Niveau puzzle cérébral et énigme tordue, Le Limier
s'impose comme le meilleur exemple du genre.
Thriller à huisclos à la mécanique huilée à souhait,
le film confronte Laurence Olivier et Michael
Caine, personnages uniques de cette comédie
policière jouissive.
Enfin, nous devons citer le culte Pink Flamingos,
monument de cinéma thrash signé JohnWatere et interprété par le travesti décadent Divine.
Duel entre deux familles décidées à rivaliser d'abomination, le film présente, en vrac, des
auto-stoppeuses violées et engrossées pour alimenter en bébé des couples lesbiens, des scènes
scatologiques, de la zoophilie avec des poules et, au final, l'engloutissement sans trucage
d'une crotte de chien par Divine en gros plan. Amis du bon goût bonsoir et à la prochaine!

Année 1972 en BOUQUINS


1972 marque la création du Prix Apollo, par Jacques Sadoul, destiné à couronner une œuvre
importante de la SF. Décerné par un jury de spécialiste, la première année vit la victoire de
L'île des Morts de Zelazny. Le prix fut attribué jusqu'en 1990 et récompensa des auteurs
aussi majeurs que Spinrad, Brunner, Silverberg, Brussolo, Houssin, Jeury, Pohl, Herbert,
Bears, Powers, Varley, etc.
Le Hugo est, pour sa part, attribué au monumental premier tome de la pentalogie de Philip
José Farmer, le génial Monde du Fleuve. Au rayon des nouvelles, Paul Anderson est
récompensé pour La Reine des Airs et des Ténèbres et David Niven pour Inconstant
Moon. Kubrick s'octroie un troisième prix spécial pour sa contribution à la SF: après Dr
Folamour et 2001 c'est Orange Mécanique qui est primé.
Le progressiste Nébula, lui, couronne pour un fois un "ancien" et c'est Asimov qui obtient le
prix pour son très agréable Les Dieux Eux-mêmes, une lecture indispensable. Et
certainement pas un roman ennuyeux, quoique ait pu en dire Sadoul qui prétend que "c'est

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l'auteur et non le livre qui fut couronné". Lui eut aimé que Rêve de Fer obtienne le prix.
Malgré tout le respect que l'on doit à Spinrad et le coté profondément novateur et provocant
de son roman (une œuvre attribuée à Hitler, devenu un auteur reconnu); il faut avouer que ces
Rêves de Fer ont fort mal vieilli. Comme beaucoup (tous?) d'œuvres de SF ultra politisée de
la même époque. Du coté des nouvelles, Clarke, Anderson et Russ se répartissent les lauriers
du Nébula.
Silverberg, lui, livre deux de ses plus grandes réussites: L'Oreille Interne, un formidable
roman sur le thème de la solitude engendré par la différence et les pouvoirs psy.
Et surtout Le Livre des Crânes, œuvre somme, réflexion extraordinaire qui brasse
considérations philosophiques, interrogations métaphysiques, science-fiction et scènes
érotiques. Très marqué par son époque et la fin des illusions hippie, le roman reste encore
aujourd'hui un chef d'œuvre qui ressort bien davantage de la littérature générale que de la SF.
Mais quel bouquin!
Enfin, 1972 est également l'année de fameuses anti-utopies (ou dystopies), comme Le
Troupeau Aveugle de John Brunner et 334 de Thomas Disch.
En résumé, 1972 fut une bonne cuvée.

Année 1972 en BD par Patrice Maris

En France, la collection Les Légendes d’aujourd’hui naît dans l’hebdomadaire Pilote du 13


janvier 1972 avec Rumeur sur le Rouergue, une histoire scénarisée par Pierre Christin et
qui constitue le tout premier roman graphique dessiné par Tardi.
Les Légendes d’aujourd’hui traitent, sous un couvert souvent fantastique, les grands thèmes
sociaux ou politiques de l’époque…
Suite à Rumeur sur le Rouergue (édité en album chez Futuropolis), Pierre Christin demeure
aux rênes pour le scénario mais Jacques Tardi passe la main à Enki Bilal pour la réalisation
graphique. Ainsi suivront Le Vaisseau de pierre, La ville qui n’existait pas et Les
Phalanges de l’ordre noir. Chacune de ces histoires sera publiée sous forme d’album aux
Humanoïdes Associés.
Dans le numéro 679 de Pilote du 9 novembre, Lucien Brindavoine fait aussi son apparition. Il
s’agit du premier personnage réellement personnel de Tardi, une sorte d’anti-héros un peu
lâche et profiteur confronté, en cette fin du 19ème siècle, à des individus paranoïaques des
plus inquiétants. Tout ce monde évolue dans des décors qui fleurent bon l’acier des débuts de
l’ère industrielle. Les premières histoires en présence de Brindavoine sont éditées en 1974
chez Casterman sous le titre Adieu Brindavoine suivi de La fleur au fusil. Quelques années
plus tard, Lucien Brindavoine rejoindra les aventures d’Adèle Blanc-Sec, sans doute le
personnage le plus abouti de Jacques Tardi.
A partir du numéro 685 de Pilote (21 décembre 1972) paraît aussi Pemberton. Il s’agit
d’histoires courtes mettant en scène un vieux marin, le fameux Pemberton qui, moyennant
quelques verres, aime à raconter sa vie aventureuse de baroudeur peuplée d’animaux fabuleux
et de femmes fatales. Cette série fera l’objet de quatre tomes édités chez Dargaud.
Enfin, pour la France, signalons aussi en cette année 1972, plus précisément en mai, la
parution du premier numéro de « L’Echo des savanes », une revue créée par trois transfuges
de Pilote, Claire Bretécher, Marcel Gotlib et Nikita Mandryka. Cette revue donnera à toute
une nouvelle génération d’auteurs le pouvoir de s’exprimer de façon plus libre, sous un ton
souvent des plus loufoques et irrévérencieux.

24
En Italie est édité dans le Corriere dei Ragazzi les premières planches d’Agar, sous un
scénario de Claude Moliterni et un dessin de Robert Gigi. Agar, un tout jeune garçon et son
amie, la très belle Zarra, sont amenés à contrecarrer les rêves de conquête de Toïmaker, un
fou mégalomane qui a créé une armée de jouets robots pour conquérir la galaxie. Cette série,
par la beauté de son graphisme mais aussi par son atmosphère, n’est pas sans rappeler le
travail de Jean-Claude Forest ou encore, par exemple, celui de Julio Ribera pour Le
Vagabond des limbes.

Au Japon, 1972 est l’année d’éclosion de Devilman, dessiné et scénarisé par Nagai Gô.
L’histoire raconte les aventures de Akira Fudo, un jeune étudiant japonais qui, suite à une
cérémonie païenne, devient Devilman, une créature monstrueuse ivre de sang. Cette
métamorphose lui permettra d’entrer en lutte contre une race de démons qui désire asservir la
terre, de même que contre des hordes d’humains contaminés.
Devilman est publié aux éditions Dinamyc Visions. Cette série a aussi fait l’objet
d’adaptations en dessins animés par les gens de la Toei Animation (les pères de Candy et de
Goldorak…).

Aux U.S.A., en 1972, un strip de trois pages, intitulé Maus est aussi publié dans la revue
Funny Animals par un certain Art Spiegelman, un dessinateur juif né de parents rescapés du
camp d’extermination d’Auschwitz. Ce strip sera l’ébauche d’une œuvre sans aucun doute
majeure dans l’histoire du neuvième art. Cinq ans plus tard, les premiers dessins de
Spiegelman sont réunis dans un recueil intitulé Breakdowns, From Maus to Now. L’année
suivante le scénariste-dessinateur commence à œuvrer sur la future version longue de Maus.
En 1992, cet ouvrage devient la première BD à obtenir le Prix Pulitzer.
Maus, un récit en partie autobiographique, met en scène les rapports souvent douloureux
entre un père et son fils, auteur de bandes dessinées. La seconde guerre mondiale y tient une
place importante, les juifs étant représentés sous forme de souris traquées par des chats nazis.
Maus fait acte de la mémoire des survivants du génocide hitlérien au travers, en particulier,
de l’histoire du vécu douloureux du propre père de Spiegelman. (Publié en français aux
Editions Flammarion)

SUEURS CINE
FROIDES HORREUR
web : www.sinart.asso.fr - www.cinehorreur.com

25
TWICE UPON A TIME IN THE WEST

EL CHUNCHO
Quien Sabe
de Damiano Damiani (1967)
Avec Gian Maria Volonté
Lou Castel
Klaus Kinski
Martine Beswick

El Chuncho (alias Quien Sabe ou encore A Bullet For The


General pour l'exportation) appartient à une branche du cinéma
que l'on dénomme généralement le Zappata Western. Nous
sommes donc au Mexique, au début du XXeme siècle, dans
une période révolutionnaire troublée. El Chuncho, bandit
mystérieux à la fois cupide et idéaliste, vole des armes pour le
compte d'un puissant général. Un étrange Gringo intègre
bientôt la bande d'El Chuncho et les tensions montent au sein
des combattants.
Franco Solimas, célèbre scénariste
d'extrême-gauche, utilise là les codes
populaires du cinéma de divertissement pour
livrer un pamphlet politique assez réussi
quoique parfois un rien longuet. Il appartient
à ces personnages décidés à faire passer un
certain nombre d'idées mais sans pour autant
donner dans le rébarbatif. Et, en
L'interprétation, en tout cas, est de première ordre. Gian Maria Volonté livre une prestation
tonique et pleine de vie: oscillant entre l'hystérie et l'endormissement, son personnages semble
parfois se laisser mener par les autres et ne pas pleinement réaliser l'étendue de ses actes. Lou
Castel, en gringo manipulateur, est plus sobre et parfaitement convaincant.
A cotés de ces deux têtes d'affiches on trouve l'inévitable
Klaus Kinsky dans un rôle de prêtre un peu fou, à la fois
naïf et cruel, qui déclame des prières en lançant des
grenades. Et puis on signale encore la présence de la belle
Martine Beswick, connue des amateurs comme une figure
de proue de l'épouvante made in Hammer.
A la réalisation on trouve Damiano Damiani, auquel
Sergio Léone confia plus tard la réalisation de Un génie,
deux associés et une cloche, sonnant le glas du Western
par la parodie. Il livra aussi Amityville 2 qui, mine de rien
est un des meilleurs épisodes de la saga…oui, ça ne veut
pas dire grand-chose mais passons.
L'étude de caractère est donc plutpot bien menée, avec ce
personnage de révolutionnaire qui renonce peu à peu à ces
idéaux, fasciné par la personnalité de ce mercenaire gringo.

26
Mais le message du scénariste est clair au cours d'un final qui voit Gian Maria Volonté
reprendre goût à la lutte. Lorsqu'on lui demande de l'argent pour acheter du pain, il réplique
avec énergie "n'achètez pas du pain, achetez plutôt de la dynamite!".
Citons encore une musique efficace attribué à Ennio Morricone, lequel se contenta de
superviser le travail…c'est-à-dire qu'il ne fit probablement rien sur ce film sauf lui prêter son
nom très vendeur
El Chuncho bénéficie d'une réputation fort élogieuse. Personnellement je fus donc un peu
déçu, même si je reconnais le savoir-faire de l'équipe qui parvient à concilier cinéma
populaire, aventures et réflexions politiques sans le moindre problème. Quoiqu'il en soit cel
reste une pièce importante dans l'histoire du spaghetti-western, lançant la vague mexicaine du
genre avec des titres comme Le Mercenaire, Saludas Hombre, Le Dernier Face à Face, Mais
qu'est ce que je viens foutre au milieu de cette révolution, etc.
Pour le DVD pas grand-chose de négatif à dire, Wild Side a exhumé la version longue du film
réputé introuvable et si vous le regardez doublé en français préparez vous à des passages en
VO sous-titrées qui témoignent des séquences restaurées. Comme souvent le futil y cotoie
l'important…A noter également que France3 l'a récemment diffusé dans son ciné-club du
dimanche soir mais en version coupée me semble t'il. Bref, jetez-y un œil!

KEOMA
Réal: Enzo Castellari
Avec: Franco Nero
William Berger
Woody Strode
Olga Karlatos
Donald O'Brien

Résumé:

Keoma, un jeune homme d'origine indienne,


retourne dans son village natal et retrouve son père
adoptif. Mais la région subit la domination du cruel
Caldwell.

Critique:

Keoma est un étrange western, réalisé à une


époque où le genre avait disparu pour laisser la
place au gore ou au space-opera. Enzo G. Castellari
est un familier des grands espaces, déjà auteur de
cinq titres dont les plus connus sont surement Tuez
les Tous et Revenez Seul ou Django porte sa
Croix.

27
Ici, il livre un Western très étrange, aux lisières du fantastique parfois. Ecrit par George
Eastman, le scénario fut finalement jugé peu satisfaisant et la majeure partie du métrage fut
donc improvisée. Etonnamment, Castellari parvient à garder à l'ensemble une certaine
cohérence et imbrique même de nombreux flash-backs bien amenés.
La musique, elle aussi, est assez bizarre:
on pense à un croisement entre Leonard
Cohen et Morricone. Les premières
projections se firent d'ailleurs avec une
musique test qui utilisait des morceaux de
Cohen ou de Dylan. Le résultat final part
donc dans cette direction avec une chanson
assez déroutante qui revient à intervalle
régulier expliciter par son texte ce qui se
déroule sous les yeux du spectateur.
La mise en scène, pour sa part, est plutôt
travaillée, avec un paquet de plans étonnants
et bien ficelés: un concours de tirs filmé
depuis l'arrière de la cible par exemple. Le
montage, la gestion des flash-backs et de
nombreux passages sont également fort bien
pensé, comme si ces conditions de
tournages improvisées et bordéliques
avaient stimulés l'imagination des
intervenants.
Franco Nero, avec son look entre Jésus,
Jim Morrison en fin de carrière et un hippie
revenu de Katmandou compose un individu
mémorable qui marqua durablement les
consciences des fans de Western italiens.
L'ambiance, pour sa part, est assez
efficace et présente un personnage de vieille femme en noir qui semble être la mort incarnée.
Bizarre. Keoma constitue donc en quelque sorte le chant du cygne du Western italien, inspiré
à la fois par les outrances des cinéastes de la Péninsule et par les témoins américains de la fins
de l'Ouest comme Coup de Feu dans la Sierra ou la Horde Sauvage de Sam Peckinpah.
Les cow-boys savent que la fin est proche et
leur désespoir jaillit au rythme des balles
tirées par les six-coups, annonçant même les
ballades crépusculaires comme le "Pale
Rider" de Clint Eastwood. Keoma mérite
donc bien sa réputation de classique du
genre et s'impose comme le chef d'œuvre de
Castellari. (cf article dans ce numéro)

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NE COUPEZ PAS !!!

FANTOM KILER 3
De: Roman Nowicki
Origine: Pologne / 1999
Genre: Pseudo-giallo érotique.
Editeur: Uncut Movies

Cote: 1 /6

Résumé: Le Fantom Kiler (non, pas de faute d'ortographe!)


continue sur sa lancée: à savoir massacrer d'horrible
façon de jeunes prostituées aimant s'exhiber un peu
partout.

Comme aurait pu le dire le héros du "Dîner de Cons" s'il était


cinéphile "Cette fois j'ai un beau nanar. Peut-être même le champion du monde!"
Prêt? Partez!
Toujours distribué par Uncut, mais cette fois en DVD, ce troisième volet nous convie au
retour du tueur en série le plus misogyne du cinéma. Apparemment, le réalisateur aimerait
suivre les traces de Lucio Fulci période Eventreur de New York ou les classiques du giallo
érotique comme Gore à Venize.
Néanmoins il lorgne plus souvent vers les pornos de Marc Dorcel, à l'instar de Andreas
Bettman avec Angel Of Death ou Rozza Venezia. Contrairement aux deux films précités, ce
Fantom Kiler 3 ne verse cependant pas vraiment dans la pornographie…mais c'est tout tout
juste!
Le film (le terme est peut-être mal choisi!) débute par une scène champêtre: dans une forêt de
studio absolument risible, une jeune femme siliconée se caresse les seins durant dix minutes
en exhibant complaisamment son
entrejambe impeccablement épilé. La
mise en scène anéantit l'érotisme de la
séquence, laquelle ne procure qu'un
ennui tenace. Jugeant sans doute qu'il
est temps de mettre un peu
d'animation, le tueur fantôme déboule
alors. Il s'acharne sur la belle avec un
couteau en plastique achetée au
magasin de farce et attrape du coin
tandis que la poitrine gonflée se couvre
progressivement de sirop de grenadine.
Cette entrée en matière affligeante
donne le ton et la suite s'avère encore
pire. Ce qui n'est pas peu dire, avouez-
le!
Deux flics caricaturaux, apparemment échappés de Derrik, mènent très mollement une
enquête qui les conduit surtout à assister à des numéros de strip-tease un brin lassant. On
connaît de réputation les filles de l'Est et cette série Z se propose de combler nos attentes.

29
Les demoiselles remuent leur poitrine remodelée, écartent les cuisses et explorent parfois leur
intimité d'un doigt hésitant. "Un whisky?" "Juste un doigt" "Vous ne préférez pas le whisky
avant?" disaient jadis les Nuls, ce en quoi ils avaient tout compris à l'expression juste un doigt
d'érotisme.
Ah oui, parfois, le tueur frappe. On est quand même censé être dans un film d'horreur! Non?
Si! Les victimes (au cas où vous vous poseriez la question elles sont toujours à poil – enfin
c'est une expression parce que le rasage est de rigueur) courent en rond dans vingt mètres
carrés de forêt (je n'exagère même pas je vous jure!) avant de tomber sous les coups du tueur.
Le passage le plus drôle présente une jeune femme (dont la voiture est en panne) qui débarque
dans un garage. Un décor confectionné à partir de deux pneus, d'un établi et d'une
TRONCONNEUSE (…si!) totalement incongrue. La demoiselle – évidemment bombastique
à souhait – n'a pas d'argent pour payer les réparations de sa voiture, mais les machos
garagistes trouvent vite la solution et lui proposant d'explorer son pot d'échappement. Pas
contrariante, la coquine se déshabille et excite les mâles qui se sentent tout à coup l'envie de la
violer, ce qui se comprend quelque part. Or, la tentatrice décide que, finalement, c'est trop et
que non, elle ne veut pas. Comprenant que toute négociation est impossible vu l'air salace (pas
pour tout le monde) des affreux, elle empoigne la TRONCONNEUSE (sur laquelle le cinéaste
attire notre attention depuis dix minutes) et les découpe en morceaux. Oui, la scène est très
gore. Mais les maquillages sont tellement ratés qu'elle ne provoque que le rire.
Que vient faire ce passage inspiré par le rape
& revenge au sein de ce pseudo-giallo /
slasher me direz-vous? Rien. Ne cherchez
pas une quelconque logique à ce scénario, il
n'y en a aucune. Mais avant de ricaner,
essayer de confectionner un métrage de 90
minutes avec une dizaine de nanas en
chaleur et trois litres de ketchup en guise
d'effet spécial.
Maquillages lamentables, intermèdes
érotiques interminables et stupides,
interprétation calamiteuse, mise en scène
inexistante et scénario débile sont donc au
programme d'un film qui s'achève comme il
a commencé: au milieu d'une scène et en
dépit du bon sens.
On espère que les auteurs de cette chose se sont bien amusés à asperger des apprenties
comédiennes dénudées de ketchup. Ils se sont en tout cas plus amusés que moi.
L'amateurisme absolu et la pauvreté des décors, réduits à leurs seuls éléments signifiants peut
faire rire un moment mais seuls les plus pervers trouveront un quelconque intérêt à cette
nullité.
Pour ne rien arranger, cette aberration est vendue bien cher par
Uncut Movies et nous est présentée dans une horrible version
polonaise mal synchronisée et sous-titrée. Il n'est d'ailleurs pas
certain que cette série Z vienne réellement de l'Est. En fait rien UNCUT
n'est certain, excepté que ce truc existe et qu'il mérite une place
d'honneur dans mon top10 des plus mauvais métrages de MOVIES
l'histoire du cinéma.Un quatrième volet menace déjà…

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HONG KONG STAR
Appelez moi Bruce - DEUXIème partie.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE
BRUCE LI
1986 Future Hunters
1984 Golden Sun
Bruce Li est né à Taiwan en 1950 et a découvert les arts martiaux 1982 Dragon Force
durant sa scolarité. Il a participé à des cours de Judo et de Tae 1982 The Young Bruce Lee
Kwon Do avant d'explorer d'autres disciplines comme le Wing 1981 Le Cascadeur Chinois
1981 Blind Fist of Bruce
Chun, le karaté, le Kung Fu Shaolin et la Boxe Occidentale. A 20 1980 The Deadly Strike
ans, il entre au collège d'éducation physique et il commence une 1980 La Vengeance aux poings d'acier
carrière de cascadeur dans l'industrie cinématographique 1980 Master of Jeet Kune Do
1979 Three Avengers
taiwanaise. 1979 Return of the Tiger
1979 The Gold Connection
A la mort de Bruce Lee, en 1973, les compagnies de production se 1978 Les Six Epreuves de la Mort
1979 Le Jeu de la Mort
mettent en quête d'un successeur afin de sustenter les nombreux 1978 Bruce Lee Magnum Fist
amateurs de kung-fu, alors un genre très en vogue. Après un 1978 Hong Kong Connection
premier rôle dans le film peu connu Conspiracy, Ho Chung Tao 1978 Big Boss à Bornéo
obtient, grâce à sa ressemblance avec le défunt Petit Dragon, la tête 1978 Images of Bruce Lee
1978 Dynamo
d'affiche de Bruce Lee Story, une des premières "bruceploitation". 1977 Bruce Lee Iron Fingers
Le scénario se centre sur la relation sentimentale de Lee avec 1977 L'Invincible Bruce Lee
l'actrice Betty Ting Pei, laquelle se positionne en martyr d'une 1977 Superdragon vs Superman
histoire d'amour troublée qui la rendit alcoolique et lui fit perdre 1977 The New Game of Death
1977 Fist of Fury 2
des fortunes aux jeux. Le film dénote aussi des problèmes de 1976 Enter The Panther
continuités, le tournage ayant été interrompu par le service militaire 1976 Salut Bruce Lee, Bonjour le Tigre
de Ho Chung Tao et complété après plusieurs mois. Le résultat fut 1976 Soul Brother of Kung Fu
ensuite édité et les crédits remplacés par d'autres attribuant le rôle 1976 Bruce Lee Deadly Kung Fu
1976 Bruce Lee We Miss You
principal à Cheung Nik. 1976 Bruce Lee's Big Secret
1976 Bruce Lee Vs Superman
1975 His Last Game of Death
1974 Bruce Lee Story
1973 Conspiracy
Bref, on ne peut guère dire
que Ho Chung Tao ait bien
débuté sa carrière. Il la
poursuit d'ailleurs tout aussi
mal dans diverses
bruceploitation à petit budget
(parfois même des "games-
exploitations", ces séries Z
supposées être le dernier rôle
de Bruce Lee qui sortirent
avant l'arrivée sur les écrans
du Games of Death officiel
de Robert Clouse).

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Devenu Lei Hsiao Lung, l'acteur affronte Jimmy Wang Yu dans Superdragon, une autre
pseudo biographie du Petit Dragon et enchaine avec
Dragon Dies Hard où il rencontre le vétéran Lung Fei.
La suite n'est guère plus passionnante: Bruce Lee
contre Superman puis Salut Bruce Lee, bonjour le
Tigre. Dans ce dernier, Ho Chung Tao, alias à présent
Bruce Li, incarne à la fois Bruce Lee et son
successeur, surnommé le Tigre, chargé de retrouver
les assassins de la star hongkongaise. Cette fois Hi
Chung Tao a plus de chance: le film bénéficie d'un
budget plus important et il ne joue plus à être Lee, il
est présenté comme son successeur, le nouveau roi
des arts martiaux. "Le Dragon est mort, mais le Tigre
est vivant" clame la publicité d'un métrage distribué
aux Etats-Unis par Dimension où il récolte un grand
succès. Une suite est aussitôt mise en place avec
Angela Mao Ying et Paul SMith, en pleine gloire
post-Midnight Express. Un troisième volet suit encore
avant que les producteurs, lassé du Tigre, ne se lance
sur d'autres voies. Tandis que d'autres hommes
d'argent, habiles et rusés, ressortent le premier film de Ho Chung Tao, à savoir Conspiracy et
ne lui donne un nouveau look plus porteur en le rebaptisant Enter The Panther.

Bruce Li marche alors plus clairement encore sur les


traces de Lee en reprenant son rôle le plus fameux
pour les deux suites de la Fureur de Vaincre, à savoir
Fist Of Fury 2 et la Vengeance aux poings d'acier (Fist
of Fury 3), deux petits classiques pleins de fougues et
de combats réussis.

Il est alors approché par Ng See Yuen pour tourner


une nouvelle biographie, Bruce Lee The Man The
Myth, souvent considérée comme la meilleure de son
époque. Le scénario suit la vie de l'idole en évitant
l'exploitation racoleuse et en privilégiant les combats
servis par un budget confortable et des chorégraphies
réussies. La vedette en est donc Ho Chung Tao, crédité
sous son nom véritable, mais ensuite ce sera à nouveau
"Bruce Li" qui fera vendre le film. Contacté par
Robert Clouse il ne jouera finalement pas le rôle de
Billy Lo dans la version officielle du Jeu de la Mort,
même si certaines sources prétendent le contraire. A
vérifier, donc.

Le film suivant de Li sera Dynamo, devenu un des rôles les plus réputés. Sa carrière se
poursuit ensuite, constamment dans l'ombre de Bruce Lee, même lorsqu'il tente d'y échapper.
Il tourne ainsi Ming Patriots, un film d'époque qui devient The Dragon Reincarnate, puis
Ironfinger, un thriller martial rebaptisé Bruce Lee Vs The Iron Hand. Puis vient Bruce Lee
The Invincible et le très Z, très drôle et très culte Big Boss à Bornéo, alias Bruce Lee In New

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Guinea dans lequel il affronte Bolo Young et un gorille pour tomber dans les bras de Danna
Lei.

Comme pour Bruce Lee (et plus tard pour Bruce Le


et Dragon Lee), le nom de Bruce Li devient un
sésame utilisé par des producteurs peu scrupuleux
qui lancent même des titres attribués à Li dans lequel
ce-dernier n'intervient pas, par exemple The Real
Bruce Lee (avec Dragon Lee en fait!)

Mais la carrière de Li décline lorsqu'il accepte une


nouvelle biographie, The Dragon Lives, largement
inférieure à celle tournée par Ng See Yuen et Bruce
Lee's Secret avec Hwang Jang Lee et Carter Wong.
Même déception à la vue de Magnum Fist, en fait un
film de guerre utilisant la rivalité entre chinois et
japonais anciennement titré Great Hero. Un nouveau
titre choisit pour concurrencer la sortie de Magnum
Force avec Clint Eastwood.

Nul doute que l'influence pernicieuse des


producteurs à sans cesse ranimer le fantôme de
Bruce Lee eut une influence catastrophique sur la
carrière du pauvre Ho Chung Tao. Celui-ci livre cependant encore quelques produits décents,
comme Hong Kong Connection (Edge of Fury), un honnête thriller, ou le Poing Vengeur de
Bruce qui le voit marcher sur les traces de Jackie Chan et des pitreries du Drunken Master.

Avant sa retraite officielle, Chung Tao livra ses deux


meilleurs métrages: The Gold Connection, dans
lequel il est tué par les méchants, le film se concluant
sur son cadavre étendu sous la pluie, et le fameux
Cascadeur Chinois, devenu le favori de ses fans, qu'il
réalisa et produisit lui-même.

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HONG KONG CONNECTION
Titre: Edge of Fury
ou: La Fureur du Kung Fu
Réalisateur: Tso Nam Lee
Interprètes: Bruce Li
Fong Lung
Suet Mai
Lee Yan Kok
Yasuaki Kurata
Genre: Bruceploitation / Kung fu
Pays: Hong Kong, 1978
Editeur FIP - Ceinture Noire

3/6

Résumé: Le chauffeur d'un riche d'homme d'affaire apprend que son


patron était un trafiquant de drogue. Condamné à mort et exécuté en
Thaïlande, il a laissé au chauffeur une lettre testament qui attire bien
des convoitises. La femme du défunt cherche à la récupérer tandis
qu'un gang rival désire s'approprier une cargaison d'opium arrivée
récemment à Hong Kong.

Attention, il ne s'agit pas de "Hong Kong Heureusement, sa plastique est plus agréable
Connection", alias "Black Belt Jones 2: The que son jeu catastrophique, comme en
Tattoo Connection", une série B du même témoigne ses rares scènes dramatiques. La
Joseph Velasco avec Jim Kelly. Cette demoiselle termine le métrage la (jolie)
"Hong Kong Connection"-ci est un petit poitrine offerte, décidée à s'offrir à un avocat
kung-fu urbain, à la mise en scène anémique pour récupérer son héritage. Rejetée ("Je
et au scénario affligeant de banalité. Vu le n'ai jamais aimé les putes" déclare l'homme
titre identique, le spectateur risque de les de loi), elle poignarde le goujat avant de se
confondre, d'autant que les deux films sont faire hara-kiri. Quoique ratée dans sa mise
sortis en 1978. en scène et atroce dans son interprétation, il
Dans ce film, l'intrigue progresse de manière s'agit pourtant de la meilleure séquence du
laborieuse et accumule les scènes inutiles film, la seule qui témoigne, au moins, d'un
prétextes à des combats chorégraphiés soupçon d'originalité.
n'importe comment. Des bastons plutôt Et à part ça? Et bien, rien à signaler: c'est
ennuyeuses, car trop répétitives. Bruce Li médiocre à tous les niveaux, ou presque! A
parvient quand même à asséner des coups réserver aux inconditionnels absolus du
efficaces et, rien que pour lui, certains duels kung-fu bis ou aux fans de Bruce Li qui
valent le coup d'oeil. La présence d'un verront leur idole se démener avec une
insupportable gamin, affligé d'un doublage certaine énergie. Sans toujours parvenir à
français atroce, ajoute un nouveau bémol et sauver les meubles.
oblige Bruce Li à pouponner de manière Il y a pire dans le genre (oh oui, il y a
risible. franchement pire!) mais il y a également
Notons aussi un soupçon de violence et une bien mieux!
pincée d'érotisme, la méchante numéro un En bref, pas grand chose à sauver de cette
(plus salope caricaturale, tu meurs!) "Hong Kong Connection": il s'agit d'une
montrant une belle propension à se dénuder, série B vite (et mal) expédiée, comme on en
entre autre lors d'un viol simulé qui permet produisait à la pelle entre 1974 et 1980. Se
d'admirer les détails de son anatomie. laisse voir mais de justesse.

34
ACTUALITE DVD

SŒURS DE GLACE
Titre: Decoys
Réal: Matt Hastings
Avec: Corey Sevier (Luke)
Stefanie Von Pfetten (Lily)
Kim Portier (Constance)
Elias Toutefix (Roger)

Résumé:

Une Université canadienne, en plein hiver. Alors que les


étudiants préparent l'élection de Miss Reine des Glaces, deux
blondes sexy débarquent de nulle part et réveille les instincts
de deux teenagers dont Luke qui, rapidement, découvre que
les jeunes beautés proviennent d'une autre galaxie.

Critique:

Petit inédit DVD plutôt sympa, Sœurs de quelques effets originaux, soutenu par des
Glace est l'exemple type de la série B bien actrices acquises à sa cause et des effets
enlevée qui saura plaire à un public assez numériques plutôt réussis malgré
large. Budgété à cinq millions de dollars, l'inévitable côté "artificielle" des images de
ce thriller fantastique brasse une intrigue synthèse.
classique, inspirée par The Faculty et La Il est certain que le film est très peu
Mutante avec les clichés de la comédie de original mais ce n'est finalement pas si
lycée style American Pie. Au programme: grave, il possède un certain charme naïf
science-fiction, romance à deux balles, proche de celui véhiculé par les séries B
érotisme gentillet, quelques effets gore, des fifties. Les filles sont jolies, l'ambiance
petit suspense, etc. Une recette qui devient est sympa et le tout permet de passer un
hélas un peu lassante dans le genre. bon petit moment sans se prendre la tête.
Reconnaissons pourtant qu'elle est ici assez L'équipe, apparemment satisfaite du
bien utilisée et que l'intrigue ménage une résultat, se dit prête à enchaîner sur une
ou deux surprises. Dans le même ordre suite…Pourquoi pas!
d'idées quelques personnages surprennent, Voila un pop-corn movie plutôt agréable et
comme cet adolescent qui, finalement, se au vu de la médiocrité et du foutage de
fiche que sa copine viennent "d'ailleurs". gueule prévalant actuellement dans le
Comprenez de très loin mais le petit cinéma horrifique bis c'est déjà pas si mal
message de tolérance en filigrane est clair. pour une soirée pluvieuse.
Pas grand-chose de plus à en dire: Matt
Hasting mène bien sa barque et se permet

35
CABIN FEVER
Réal: Eli Roth
Avec: Jordan Ladd
Rider Strong

Résumé:

Cinq jeunes partis batifoler dans une


cabane perdue en pleine forêt vont être
contaminés par de l'eau infectée de virus.

Critique:

Cabin Fever est précédé d'une réputation


élogieuse et s'avère agréable à suivre. Il
débute comme un survival classique et le
spectateur s'apprête à subir un énième
remake de Délivrance mais, finalement,
les apparences sont trompeuses. Eli Roth
se réfère en effet davantage à Evil Dead et même un peu à La Nuit des Morts Vivants,
surtout lors d'un final assez savoureux. On se souvient aussi de bisseries écolo des seventies
comme La Nuit des Vers Géants, Prophecy et surtout Soudain les Monstres. Des
références discrètes à tout un pan de
l'épouvante conscientisée…

Il faut pourtant avouer qu'on doit


supporter les principaux défauts
inhérents au genre durant le premier tiers
du métrage. Rien ne nous est alors
épargnés: humour envahissant, gags en
dessous de la ceinture, dialogues débiles,
longueurs, clichés et séquences chaudes
pseudo audacieuses. Pas engageant.

Heureusement, le cinéaste trouve ensuite


sa vitesse de croisière et se laisse aller à
accélérer le rythme, dans une seconde
partie nettement plus alerte. Niveau gore, Eli Roth appuie sur la pompe à hémoglobine avec
une certaine bonne volonté et l'amateur ne sera sans doute pas déçu à ce niveau.

Les personnages sont assez caricaturaux, les dialogues pas très fins, les blagues assez lourdes
mais l'ensemble se vautre assez complaisamment dans le trash (certes grand public) pour
justifier une vision. Passages écoeurants, scènes glauques, détails horribles, etc. sont de la
partie et Cabin Fever s'avère finalement des plus plaisants. Même si nous sommes loin d'un
chef d'œuvre impérissable on passe un fort bon moment et, à l'heure actuelle, c'est déjà très
bien.

36
MA FEMME EST UN
GANGSTER 2
Titre: My Wife is a Gangster 2
Ou: Jopok manura 2
Réal: Heung-sun Jeoing
Avec: Eun Kyung Shi
Jun Gyu Park
Won Jong Lee

My Wife Is A Gangster 2 est la suite d'un très


gros succès du cinéma coréen récent. Si le
premier film constituait un divertissement
potable et sympathique, quoique peu réussi,
cette séquelle s'avère une franche déception
souvent pénible.
Tout commence par une grosse scène
d'action largement inspirée de Matrix, comme
souvent dans le cinéma récent. Sauf qu'ici c'est
Matrix Reloaded qui est dans la ligne de mire
du cinéaste. Une évolution, en quelque sorte!
Après cette grosse bagarre entre deux clans
rivaux, la Mygale tombe dans le vide et perd la
mémoire. Fini pour l'action, place à la
comédie. Bien lourde la plupart du temps.
Etant imperméable à ce type d'humour, je me
suis franchement ennuyé. Certes, on peut
admettre que l'ambiance est sympathique et le
scénario, quoique simpliste, plutôt mignon.
Mais le rythme est vraiment trop assoupi et les
gags trop lourdingues pour passionner.
On s'ennuie beaucoup jusqu'à une nouvelle
séquence d'action finale, pas très convaincante
d'ailleurs.
Reste une série de personnages amusants et
sympa, un côté assez relax et détendu et des
interprètes plutôt convaincant malgré un
doublage pas vraiment top à mon sens.
En résumé, le film s'avère décevant et risque
de ne pas contenter grand monde, pas même
ceux ayant apprécié le précédent volet. Sans
grand intérêt, cette séquelle peut s'éviter sans
remord même si son succès entraînera
sûrement la prochaine sortie d'un troisième
volet.

37
BOOKS OF BLOOD

LES Démons du roi soleil


de J. Gregory Keyes

Les Démons du Roi Soleil est un roman ambitieux, premier


volet d'une saga consacrée à un âge de raison (le XVIIIème
siècle) uchronique dans lequel Sir Isaac Newton est devenu
alchimiste. Il a découvert le fabuleux mercure philosophale et
la face du monde ne fut à jamais changée. Louis XIV, sauvé
de la mort règne encore sur la France (nous sommes en
1720), la guerre d'Espagne fait toujours rage et les anglais
menacent. Raison de plus pour que le Roi Soleil accepte
l'aide d'un savant qui se propose de dévier une comète sur la
capitale anglaise. Benjamin Franklin et Mademoiselle
Adrienne de Mornay de Montchevreuil, protégé de Madame
de Maintenon, vont être entraînés dans la tourmente au coté
d'un certain D'Artagnan.

Voici de la grand uchronie, de "l'historic fantasy" comme j'appelle ce courant, qui mêle SF,
histoire, drame, fantastique, etc. avec un vrai bonheur. L'intrigue se suit avec plaisir, malgré
quelques longueurs parfois et les personnages sont bien dessinés même si l'auteur n'évite pas
toujours certains clichés. Les apparences, elles, sont parfois trompeuses, relançant le récit
alors que le lecteur croit en avoir compris tous les tenants.
Bien documenté, riches de nombreux clins d'oeils et de détails historiques, ces Démons sont
une lecture aisée et agréable. On en oublie alors certaines facilités comme une utilisation ultra
classique des chapitres en alternance et le classicisme de la trame générale, basée sur
l'apprentissage du jeune naïf jeté dans un monde impitoyable. Bien sûr il y trouvera gloire,
amour et sexe et même, en quelque sorte, un sens à son existence. Un parcours initiatique sans
grande surprise mais qui demeure agréable et se lit avec une certaine fougue. On a envie de
connaître la suite et de comprendre les raisons de ces complots et machinations.
Quoiqu'il se situe bien avant le siècle victorien, le roman de Keys s'apparente également au
courrant steam-punk, sauf qu'ici c'est l'alchimie qui mène la danse. Un monde parallèle plutôt
convaincant et original.
Keyes livre donc une œuvre intéressante qui n'hésite pas à offrir à ces personnages quelques
plaisirs charnels, un fait rarissime dans la fantasy souvent si pudibonde.
Les rebondissements et les séquences d'action alerte et bien menées se multiplient dans une
dernière partie qui, hélas, s'achève un peu en queue de poisson. L'explication est simple: trois
autres tomes attendent le lecteur. C'est un peu dommage mais ce premier épisode (en effet
souvent très orienté serial) donne envie de poursuivre cette grande saga de l'âge de la
déraison…et c'était sans doute le but poursuivi. Laissez vous prendre au charme de ces
démons, vous ne le regretterez sûrement pas.

38
DUNE: LA MAISON DES ATREIDES
(Dune House Atreides)
de Brian Patrick Herber & Kevin
J. Anderson (1999)

Pas facile de venir après le monumental cycle de Frank


Herbert. Cette préquelle est pourtant agréable à suivre et
certainement pas déshonorante. Malgré la profusion
de critiques négatives je me suis attelé à la lecture de ce pavé
énorme (plus de 600 pages bien tassées) et j'y ai pris un certain
plaisir.
En 1986, Frank Herbert projetait d'écrire une suite à La
Maison des Mères. Mais alors qu'il commençait à peine à y
travailler, il décéda, laissant des millions de fans orphelins.
Mais, devant la richesse de l'univers (et sans doute avouons les
perspectives d'un succès planétaire), les éditeurs publièrent
cette préquelle, écrite par le fils de Frank Herbert en collaboration avec Kevin J. Anderson.

Il était certain que de nombreux fans allaient s'en offusquer et les critiques furent rarement
tendres. Pourtant cette saga n'est point déshonorante, malgré ces faiblesses, et se hissent au
niveau de certains épisodes officiels écrit par Frank Herbert. Car il faut avouer que le cycle
souffre de longueurs et de défauts et qu'après deux romans exceptionnels (Dune et Le Messie
de Dune), le romancier semblait parfois se perdre dans le désert de son…inspiration. Dans ce
nouvel épisode, situé avant l'accession au pouvoir de Paul Atréides, nous suivons les complots
et trahisons que se tendent les Maisons Majeures, à savoir les Harlokonnen, les Atréides, les
Corrino, les vernius, etc. De Kaitan à Arakis en passant par Giedi Prime, Ix et Caladan, le
lecteur voyage et apprend à mieux connaître les fanatiques du Bene Theilax comme
l'impitoyable Empereur Shaddam IV et le cruel baron Vladimir Harkonnen. Alors, oui, il est
vrai que l'ensemble souffre de quelques longueurs et que ces combats pour l'épice s'apparente
parfois à une grande saga familiale (style Dallas ou Dynastie) dans laquelle l'épice remplace
le pétrole. Mais qu'importe car le charme opère. On peut reprocher à Herbert fils de se
complaire parfois dans d'inutiles sous intrigues politiques ou de charger ses personnages de
manières un peu pesante mais il faut avouer que le roman est rarement ennuyeux.
Si on connaît bien l'univers de Dune, on se rendra compte que les deux écrivains n'hésitent
pas à reprendre des schémas déjà utilisés, à reproduire des scènes clés (Le planétologue érigé
en prophète par les Freemen, la ballade à dos de ver des sables, etc.) sans beaucoup
d'originalité ni d'inventivité. Mais reproche t'on à certains (nombreux!) auteurs de fantasy de
reproduire encore et toujours la même intrigue proche du conte de fées? Sans doute pas. Ce
que la plupart des critiques ont reprochés à cette Maison des Atréides c'est simplement d'être
une préquelle illégitime, l'enfant bâtard d'une série légendaire. Comme pour Fondation, il est
impossible de l'envisager sans cet aspect émotionnel. Mais il est certain que le roman était
attendu et qu'il n'est pas vraiment décevant. On passe même un bon moment sur la planète des
sables et cela faisait longtemps qu'on avait plus entrepris un tel voyage.
Ne reste plus qu'à attendre le fou qui osera écrire une suite à Lord of the Rings…

39
CINEMASIA

SPECIAL INDONESIE!
Pour le plaisir gros plan sur trois productions totalement bis et décomplexées en provenance de
l'Indonésie. Un péplum atterrant de bêtise, un décalque érotico-gore-nian nian de Terminator et une
série Z qui plagie, en moins de 90 minutes, une dizaine de classiques de l'épouvante.
Pas de doute, l'herbe doit être plus verte là-bas!

LA REVANCHE DE SAMSON
Titre: Samson Dan Delilah
Réal:
Avec: Paul Haye (Samson)
Suzanna (Delilah)

Indonésie, sous l'occupation hollandaise. Un orphelin dont les parents


furent assassinés durant sa jeunesse est recueilli par un vieil homme
qui le change en athlète surpuissant. Il l'appelle Daman et le jeune
homme grandit paisiblement. Un jour, il rencontre la fille d'un général
nommé Delilah et la sauve de l'attaque d'un buffle. La demoiselle
tombe immédiatement amoureuse des gros muscles de Daman en se
demandant très visiblement s'ils sont tous de la même taille. Comme
elle connaît ses classiques, Delilah rebaptise le musclé niais Samson et chacun l'appelle
dorénavant ainsi sans que l'on en comprenne vraiment l'intérêt. Mais le guerrier refuse les
avances de Delilah et s'érige sauveur du peuple.

Quel film! L'intrigue, complètement Ensuite, intervient un cruel sorcier dans la


farfelue, joue la carte de la démonstration grande tradition du cinéma bis indonésien.
délirante et, malgré un manque de moyens Le personnage enterre vivant Samson mais
avérés, le cinéaste en donne au spectateur celui ci s'échappe d'un bond (un
pour son argent. Dans un univers d'heroic- mannequin gonflable très apparent) et
fantasy, il envoie une série d'adversaires de coupe en deux le maléfique magicien. Les
poids pour lutter contre Samson. Personne jambes continuent alors d'avancer en
ne songe d'ailleurs à lui tirer dessus et pissant le sang alors que le tronc ricanant
chacun préfère le combattre à la loyale. se retrouve au sommet d'une colline.
Autres temps, autres mœurs! Samson jette finalement les membres
Le premier méchant est un cyclope nommé inférieurs dans l'océan et,
justement le Cyclope. Avec son maquillage inexplicablement, la partie supérieure
incroyable (de la plasticine et un œil s'enflamme aussitôt. Très curieux.
globuleux collé sur le front) l'ennemi ne Il faut encore citer les gueules absolument
paraît guère méchant. Pourtant il tente avec ahurissantes des acteurs, dont un militaire
ses amis de violer une amie de Samson. retors affublé d'une moustache factice
C'est trop et le fier héros extermine la totalement grotesque. Chaque interprète
racaille dans de belles giclées gore très mal semble de fait vouloir établir un nouveau
foutues qui surprennent d'ailleurs dans un record de cabotinage qui n'a d'égal que leur
métrage aussi naïvement familial. total manque de charisme.

40
Mais la star du film demeure le culturiste Autre réplique irrésistible: Delilah tente de
Paul Haye: dès le générique, les cinéastes séduire le balourd par un touchant "que
vendent leur poulain et, pour un peu, le m'importe de vivre sans toit si je peux vivre
public s'attend à ce qu'ils donnent son avec toi". C'est beau comme un texte de
numéro de téléphone et le prix pour une Lorie, finalement et les larmes montent
saillie. alors aux yeux des plus sensibles d'entre-
nous.
Car il fut quand même: Mais LE moment clé du métrage réside
- Second Mr. Australie 1987. (là ça en dans la scène érotique indispensable. Cette
jette) séquence m'a d'ailleurs valu une véritable
- Mr. Banlieue 1982 (ça en jette moins!) crampe de rire et mérite une place
- Mr. Banlieue Ouest, toujours en 82 d'honneur au panthéon des passages les
(encore moins!!) plus débiles de l'histoire du cinéma. Là, on
- Mr. Univers du Sud (c'est cela oui ??!!) atteint les sommets.
- 2eme Mr. Australie du Sud Est (!!) Samson offre d'abord une banane à manger
- et carrément, 3eme Mr. Melbourne 1986. à une Delilah ravie qui la suce avidement
avec une série d'allers-retours buccaux des
Le regard éteint, l'air penaud, la non plus suggestifs. Ensuite, les tourtereaux
variété expressive et le manque patent de récidivent avec de gros piments phalliques
talent du sieur Haye renvoient qui brûlent le palais mais Samson est un
immédiatement aux pires acteurs pornos de homme, un vrai et il ne montre pas que ça
seconde zone et promettent de bons éclats lui pique la bouche. Attentionné, il asperge
de rire. Comme lors du final où il se ensuite le visage de la demoiselle de
retrouve à casser les colonnes d'une maison grosses giclées d'eau symbolique avant une
coloniale pour prouver qu'il connaît, lui nouvelle réplique anthologique "ne bouge
aussi, "La Mythologie pour les Nuls" sur le pas Delilah et sort ta petite langue!".
bout des doigts. D'ailleurs il supplie Allah Finalement, désireux de passer aux choses
de lui donner la force et nul ne songe à sérieuses, le culturiste verse du caramel
l'arrêter quoique la scène dure une bonne partout sur le corps de sa partenaire et se
minute. Personne ne fuit non plus alors que met à lui lécher les cuisses (et surtout
tombent des blocs de frigolites imitant très l'entrecuisse) avec un enthousiasme qui fait
mal (mais alors très mal) la pierre! Au long plaisir à voir. Hélas, quelques rebelles
du spectacle, Samson casse d'ailleurs viennent interrompre les réjouissances: ils
énormément de choses, toutes plus mal craignent pour la vie de Samson! Mais ce
imitées les unes que les autres: il brise des dernier, un air de contentement satisfait sur
rochers, déracine des arbres, lance des son visage bovin, nous avertit, au cas où on
buffles ou des charrettes, etc. Un catalogue n'aurait pas compris que "tout va bien".
de clichés hérités des plus mauvais Il faudrait encore mentionner, pour être
péplums! Quant il se bat (souvent), on voit complet, les costumes absolument
évidemment que les coups ne sont pas horribles de Suzanna (Suzanna! Suzanna!
portés et que Haye ne connaît rien aux arts I'm crasy loving you!) dont une sorte de
martiaux. Un régal! chemisier Maya l'abeille du pire effet.
Une autre scène mémorable montre déjà le Non, en fait il faudrait citer toutes les
valeureux guerrier enchaîné dans le désert scènes de ce monument incontournable du
demandant un peu d'eau à Allah le nanar triomphant. Imparable pour les fans
miséricordieux. Un soldat rigole et lui de Z pur et dur! Mais attention: c'est du
conseille plutôt "si tu as soif tu n'as qu'a très lourd. Du méga-costaud même! Alors
boire ta sueur" mais Allah est grand et attention à la surdose!
exhausse son dévot en lui envoyant une
belle averse. Un grand film religieux, donc.

41
NASTY HUNTER
Titre Original: Pembalasan ratu pantai selatan
Autre titre: Lady Terminator
Ou: Revenge of South Seas Queen
Réalisateur: Jalil Jackson (alias H. Tjut Djalil)
Interprètes: Barbara Anne Constable
Christopher J. Hart
Claudia Angelique Rademaker
Adam Stardust
Jospeh P. McGlynn

La Reine des Mers du Sud est une femme insatiable qui


accumule les amants et les tue au lever du jour.
Cependant, un des étalons échappe à la mort et la sorcière
disparaît non sans jurer de revenir se venger. Les
recherches d'une jeune ethnologue vont permettre le
retour de la maléfique créature, laquelle se réincarne pour
semer la terreur et assassiner la descendante de l'homme
ayant jadis causé sa perte.

Notes : Le film a été tourné en deux versions, l'une pour le marché locale et une autre, plus
érotique, pour le marché international.

Il s'agit d'une authentique curiosité en et respectueux des traditions et, à contrario,


provenance d'Indonésie. Jadis sortie en verse dans un délire gratuit, très bande
vidéo sous le titre Nasty Hunter, elle dessinée, volontiers érotique et gore. On
calque son intrigue et la plupart de ses sent finalement une certaine bonne
rebondissements sur le Terminator de volonté, celle de livrer un produit de
James Cameron. fantasy saignante et sensuelle
On retrouve ainsi l'opération chirurgicale à malheureusement entaché d'une
vif d'un oeil, l'attaque d'un commissariat, le propension gênante à copier le modèle
retour du méchant (ici une méchante, donc) ricain.
qui massacre quelques punks, etc. Bref, il Ce mélange assez roublard oscille au final
ne faut pas en espérer un grand film, entre le fantastique exotique et la série B
d'autant que les moyens ne suivent pas, fauchée, conçue afin de plaire à un large
évidemment. Comme en témoigne un public...américain, donc. Mais on apprécie
finale ou quelques apprentis soldats tentent également l'un ou l'autre excès
de détruire la sorcière carbonisée à coups typiquement asiatique, comme cette
de roquettes. créature planquée entre les jambes de
Pourtant le divertissement reste agréable et l'héroïne qui mutile ses victimes
l'anatomie largement dévoilée de Barbara masculines.
Anne Constable constitue une alternative Le produit est franchement malhonnête
intéressante aux muscles de Arnold. Nasty mais, malgré son côté plagiaire un peu
Hunter joue en effet la carte de l'érotisme bâclé, le spectacle est mené avec
gentillet et de l'action bien violente et suffisamment de rythme pour que le
saignante afin de contrebalancer la spectateur se laisse gentiment abuser. En
pauvreté relative des effets spéciaux, la définitive, un petit plaisir coupable pour fin
plupart étant assez risibles. gourmet. Même si tout cela a
Le cinéaste, spécialiste du plagiat, adopte indubitablement mal vieilli.
donc tour à tour un ton sérieux, horrifique

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CAUCHEMAR
Titre Original: Satan's Bed (1988)
Réalisateur: Jalil Jackson (alias H. Tjut Djalil)
Interprètes: Mariane Wolf
Didier Hamel
Richie Ricardo

Résumé:
Deux jeunes filles sont persécutées par un horrible croque-mitaine
brûlé doté de griffes menaçantes.

On connait surtout le réalisateur Jalil monstre griffu se change en une attrayante


Jackson pour une petite série B érotico- demoiselle pour tromper ses proies
gore pompant honteusement Terminator, le (comme dans Freddy 3).
sympathique Nasty Hunter (cf ci-dessus). Bref, la routine s'installe. Un exorcisme
Ici le bonhomme va plus loin. Trop loin ringard est alors entrepris et le final nous
sans doute. Toujours préoccupé du marché apprend carrément que la maison maudite
international, il rempile avec un décalque est construite sur un cimetière. Les morts
qui mixe, vaille que vaille, les grands ne reposent pas en paix, d'où l'apparition
succès de l'horreur américaine des eighties. de quelques squelettes et autres corps
A ce titre, l'ensemble constitue un véritable putréfiés (comme dans Poltergeist
tour de force: caser autant de séquences évidemment).
plagiées en 90 petites minutes méritent en En résumé, ce Cauchemar vous en
effet les éloges! donnera peu. Le métrage est assez
Le pré générique débute donc comme médiocre, avec de nombreuses
Amityville 2 avant que le film n'embraye invraisemblances, une bêtise conséquence
franco sur les Griffes de la Nuit. La plupart et une alternance déstabilisante entre des
des séquences clés du classique de Wes séquences idiotes et naïves - que l'on
Craven sont ainsi passées à la imagine davantage dans le cadre d'un
photocopieuse mais l'inspiration est produit familial - et d'autres orientées vers
souvent défaillante et la mise en scène le gore ou l'érotisme.
assoupie. On retrouve donc une fille attirée Quelle mixture! Laquelle, en définitive,
par une baignoire sans fond, une autre ne prend pas et retombe lamentablement,
éventrée sur son lit alors que son copain est au point de susciter plus d'ennui que de
accusé des meurtres (puis tué à son tour), frissons...
etc. Mais Jalil Jackon ne s'arrête pas en si Cela peut donc s'éviter. Mais il s'agit
bon chemin et filme et des enfants qui pourtant d'une curiosité intéressante pour
sautent à la corde de manière très les amateurs de cinéma horrifique
référentielle. exotique, jadis sorti en vidéo en nos
Ensuite, un prêtre est déchiqueté par le contrées.
croque-mitaine qui s'extraie de son ventre Une autre époque durant laquelle les
avec force éclaboussures écarlates (comme étagères de vidéoclubs présentaient autre
dans La Revanche de Freddy) et notre chose que les blockbusters ricains.

43
DOSSIERS - LES CANNIBALES A L'ECRAN
de cannibales. On comprend aisément
pourquoi, tant ce type de production peut
rebuter le spectateur normalement
constitué. Mais, malgré leurs excès – ou
grâce à eux diront les plus pervers – ces
séries B ont acquis un statut de films
cultes auprès des amateurs.
On retrouve donc, chaque fois, un
schéma connu: une aventurière sexy (ou
parfois une femme enlevée ou un homme
seul) se retrouve piégée dans "l'enfer
vert", aux mains d'une tribu de primitifs
qui lui font subir les pires outrages.
Après de nombreuses scènes de tueries
Depuis quelques mois, Néo-Publishing d'animaux (non simulées, bien sûr) et
sort en DVD zone 2, les principaux films quelques dépeçages dans les règles, la
de la vague "cannibale" des années 70 et jeune femme assiste à divers rites érotico
80. Quoique de qualité variable, ces gore. D'abord écoeurée, elle finit souvent
productions fauchées nous rappellent la par accepter ces cruelles coutumes et
grande époque du gore et permettent de conclut, invariablement, que "le vrai
faire le point sur une mode typiquement sauvage c'est l'homme blanc".
italienne. Tous ces films, sans exceptions, se
En effet, on connaît la propension des conforment en fait au schéma général du
réalisateurs italiens à plagier leurs classique du western qu'est Un Homme
homologues ricains plus fortunés au nommé cheval (A Man Called Horse,
travers de séries B lorgnant tour à tour 1970). Remplacez les Indiens par des
vers Dernière Maison sur la gauche de cannibales, ajoutez une pincée de sexe et
Wes Craven (La Maison au fond du parc une large dose de gore au chef d'œuvre de
ou La Bête tue de sang froid), Elliot Silverstein et vous obtenez, au
L'Exorciste de Friedkin (L'anté-christ, Le choix, le Dernier Monde Cannibale,
Démon aux tripes, Return of the Exorcist), Cannibalis ou Amazonia l'esclave
Mad Max de George Miller (Les blonde.
Guerriers du Bronx, New York ne répond Retour sur une filmographie de tous les
plus, Texas Gladiators), Conan de John excès au travers des productions
Milius (Les Barbarians, Conquest), disponibles actuellement sur le marché, en
Hitcher de Robert Harmon (La Proie de attendant Emanuelle & The Last
l'Auto-stop, Hitcher In The Dark), Alien Cannibals prévu pour septembre. Et, on
de Ridley Scott (Contamination, Le l'espère, les derniers "classiques" (emh!)
Monstre attaque!), sans oublier les du genre encore inédits en zone 2 comme
innombrables décalques de Amityville ou Antropophageous, La Secte des
Jaws. Cannibales et Pulsions Cannibales.
Pourtant il existe un sous-genre typique
de la Péninsule et c'est précisément le film

44
CANNIBALIS: AU PAYS DE
L'EXORCISME
Ou: Deep River Savage / Il Paese del sesso selvaggio Réalisé par
Umberto Lenzi (1972) avec Ivan Rassimov et Me Me Lai

Ce film préfigure Le Dernier Monde largement dénudée)


Cannibale mais est davantage orienté vers le assise les yeux
récit d'aventures. La tribu qui capture le héros bandés, attendant ses
est d'ailleurs pacifique et relativement prétendants.
civilisée. Pas de cannibales à l'horizon, juste Ceux-ci lui palpent
des primitifs vivants heureux dans un décor brutalement les seins
paradisiaque. ou l'entrejambe alors
Certes, on repère quelques éléments que le héros (pourtant défini au départ
indispensables au cinéma d'exploitation: comme un macho fini) lui prend la main avec
nudités intégrales, sévices cruels (langues délicatesse. Devant tant de prévenance, la
coupée), deux viols et l'une ou l'autre sauvageonne fond aussitôt d'amour et se
séquences plus corsées. Mais rien de très laisse grimper dans toutes les positions…hors
violents. Les moments les plus atroces restent champs malheureusement!
les tueries d'animaux, nombreuses et non Umberto Lenzi se prend alors pour Lelouch
simulées. Comme d'habitude, elles et les tourtereaux courent aux ralentis, roulent
n'apportent rien au film, si ce n'est un petit dans la farine et se murmurent des mots
haut le cœur à peu de frais. Chèvre égorgée, tendres, sur une musique sirupeuse à laquelle
crocodile éviscéré vivant, serpent découpé ne manque que les chabadabadas.
vif, etc. On reconnaît l'influence qu'ont eu Hélas le héros sauve un gamin en pratiquant
Mondo Cane et ses dérivés sur le cinéma une trachéotomie improvisée et s'attire
populaire. l'aménité du sorcier du village. L'homme
A part ça, le film ne mise pas sur le gore et médecine jette un sort à la belle sauvage et
ne cherche guère à choquer. Plutôt à raconter elle devient aveugle. Un malheur n'arrivant
une histoire millénaire, celle du bon sauvage jamais seul, le village est attaqué par les
et du civilisé qui réapprend les vraies valeurs cannibales (une tribu voisine) qui violent une
(amour, loyauté, amitié, etc.) en situation jeune fille avant de la dévorer. Mais notre
critique. Le scénario reprend fidèlement la héros mène la contre-offensive et, après la
trame du classique Un homme nommé Cheval naissance de son fils et le décès de son
et déploie une série de péripéties attendues. épouse, décide de reconstruire le village dont
Le héros est capturé puis attaché avant il est devenu chef.
d'être percé de flèches. Il subit l'épreuve de la Bref, un beau roman, une belle histoire! Le
soif, des privations et d'un soleil brûlant, film, jadis classé nasty, s'avère inférieur à sa
séduit la fille du chef et entame avec elle des réputation. Petit métrage assez quelconque,
dialogues rudimentaires. Avec huit ans Cannibalis est important dans le sens où il
d'avance sur Lynch, notre homme, considéré lança cette mode juteuse et typiquement
par les indigènes comme un poisson à cause italienne mais, pour les coutumiers du (sous-)
de sa combinaison de plongée, se prend pour genre, il risque de décevoir: trop de romance
Elephant Man et lance un déchirant "I am not mièvre et pas assez d'action. Cela dit les
a fish, I am a human being!" paysages sont superbes, la musique parfois
Dans la grande scène de séduction, nous efficace, les indigènes jolies et largement
retrouvons Me Me Lai (toujours belle et dévêtues (en particulier Me Me Lai) et le
scénario se défend malgré d'évidents

45
emprunts. Les acteurs s'avèrent convaincants génie. Donc, pourquoi ne pas risquer une
et la mise en scène est adéquate quoique sans vision…

LE DERNIER MONDE CANNIBALE


ou The Last cannibal world / L'Ultimo Mondo Cannibale / The
Last Survivor / Jungle Holocaust
Réalisé par Ruggero Deodato (1976) avec Ivan Rassimov,
Me Me Lai et Massimo Foschi

Voici le grand ancêtre du film de cannibales. Comme dans


toutes les productions italiennes analogues, une série de
personnes partent en Amazonie pour étudier les indigènes et
lancer de grandes tirades, style « le plus sauvage n’est pas le
cannibale, mais l’homme blanc qui détruit sa culture » ou
encore « les cannibales n’existent pas ». Ce qui est faux
d’ailleurs, sinon on ne s’amuserait pas autant dans les gore
ritals.
Ici nous sommes en présence d'un prospecteur de pétrole
nommé Robert qui doit rejoindre une base située on ne sait
trop où. Le pilote n'étant pas doué, l'avion se crashe et l'inévitable petit groupe se retrouve en
pleine jungle. Robert, Charlie, Ralph et la jolie Swan décident sagement de dormir dans
l'avion. Hélas Swan doit faire pipi et s'éloigne en pleine jungle au lieu d'uriner au pied de
l'avion. Cet excès de pudeur l'amène à tomber entre les mains et les dents de cannibales
affamés qui passaient par là. Charlie tombe dans un piège dès le matin et Ralph disparaît lors
d'une fuite en radeau. Reste Robert, l’unique survivant, que les cannibales capturent avant de
l'enfermer dans une cage. Les indigènes le maintiennent en vie, lui balancent des pierres, se
foutent de sa gueule et lui pissent dessus dans la grande tradition du genre. Ils le prennent
même pour une sorte d'oiseau et essaie de le faire voler avec les douloureuses conséquences
qu'on devine. Notre héros finit pourtant par communiquer avec une belle sauvageonne qui lui
rend régulièrement visite et n'hésite pas à le masturber avec une certaine fougue. Robert
réussit finalement à s’enfuir en compagnie de la jeune fille et lui offre une torride scène de
sexe anal en pleine jungle. Comme quoi le retour à la vie primitive possède aussi ses bons
côtés. Poursuivi par les cannibales, il devra défendre chèrement sa peau.
Ce film a véritablement lancé la juteuse vague "cannibale", entre film d’aventure, gore,
romance, érotisme primitif et documentaire ethnologique. Evidemment, Deodatto nous fait
croire dès le pré-générique que les faits relatés sont authentiques. Classique!
Sans les outrances ultérieures, Last cannibal world propose néanmoins son lot d’atrocités,
de violences, de nudités et de tueries d’animaux non simulées; le tout sur un scénario
largement pompé – comme toujours - sur le fameux western A Man Called Horse. Le tout
vaut pourtant le détour, pour son coté retenu justement, pour la qualité de certaines séquences
très crédibles et horribles et pour ce passage où le héros dévore le cœur de on ennemi,
montrant ainsi qu'il a bien intégré les us et coutumes locales.
Deodatto livre au final un produit plutôt bien ficelé et dénué de gros défauts. Le rythme est
correct, les acteurs assez convaincants (y compris les indigènes), le gore présent mais sans le
moindre excès inutile et techniquement le résultat est bien fait. Il ne s'agit pourtant pas d'un
vrai chef d'œuvre et beaucoup risquent de trouver l'ensemble un peu fade. Pour faire un jeu de
mot idiot, le tout manque un rien de mordant!
Pour fans curieux uniquement; les autres se replongeront sur les véritables standards tels le

46
monstrueusement gore Cannibal Ferox de Lenzi ou le célèbre et insurpassable Cannibal
Holocaust du même Deodato.

Cannibal Ferox
Make them die slowly
Réalisé par Umberto Lenzi (1981), avec
Lorraine de Salle, John Morghen, Bryan Redford,
Richard Bolla

Ce film constitue le pinacle d’un sous-genre


popularisé par les Italiens: à savoir, le film
d’aventure très gore situé chez les cannibales.
Reprenant les grandes lignes du classique
Cannibal Holocaust de Ruggero Deodatto, tourné
quelques temps plus tôt, notre ami Umberto Lenzi
(du moins il aurait pu l’être!) présente une jeune
femme partie en Amazonie pour écrire une thèse
sur les cannibales. Car, dans ce genre de films, on
trouve toujours une belle demoiselle, souvent
aussi crédible en ethnologue que Tracy Lord en
bonne sœur, prête à aller faire la conne dans la
jungle au lieu de fréquenter sagement la
bibliothèque de son université.
Evidemment, la jeune femme, Gloria pour la
nommer, part avec son frère et, bien sûr, ils
tombent en panne d’essence mais décident,
forcément, de s’enfoncer dans la jungle au lieu de
rebrousser chemin. Logique, n’est-ce pas? Ils
croisent alors le chemin d’une espèce d’aventurier
taré, sadique, dealer de came et violeur
occasionnel; ce qui est quand même beaucoup
pour un seul homme. Ce personnage peu
fréquentable cherche des émeraudes mais, ne les
ayant pas trouvées, a torturé quelques femmes
indigènes d’un village perdu, profitant lâchement
de l’absence des guerriers mâles. Or, les
cannibales reviennent et se payent une sévère
revanche, dans la grande tradition du gore italien,
avec cette scène incroyable au cours de laquelle
ils coupent la zigounette du dealer avant de la
manger avec délectation.

La copine du trafiquant subira un sort guère plus


enviable puisqu’elle finira pendue par les seins (!)
à des crochets de boucher qui lui déchirent les
chairs! Le frère de l'héroïne, aura, lui, le crâne
ouvert pour que les indigènes puissent lui dévorer
le cerveau dans une grande démonstration des recettes culinaires amazoniennes – une scène

47
manifestement inspirée par le segment le plus fameux – quoique truqué - de l'anthologie snuff
Faces Of Death - qui lui-même s'inspirait sans doute du gueuleton de Cannibalis. Tout est
dans tout et vice et versa, donc.
Gloria sera finalement sauvée par un flic qui
passait par là afin de coincer le dealer
précédemment castré, ce qui prouve à nouveau
l’incroyable illogisme du film: les flics
américains, bien sûr, coursent les criminels
jusqu’en Amazonie.
Le résultat est pourtant extrêmement
entraînant, avec une histoire parallèle de trafic
de drogue totalement inutile et stupide, une
morale édifiante coutumière (« le vrai sauvage
c’est l’homme blanc »), un racisme affiché et
des scènes gore à n’en plus finir. Le réalisateur sacrifie également à la mode des massacres
d’animaux exécutés sans trucage, par pur sadisme, afin de choquer à tout prix un spectateur
dont l’estomac est soumis à rude épreuve durant une heure et demie. L’ensemble devrait donc
satisfaire les amateurs les plus exigeants de boucherie gratinée. Les pervers reconnaîtront l'ex-
star masculine du porno US des seventies, Richard Bolla, dans le rôle d'un officier de police.

Cannibal Holocaust
Holocausto Cannibal
Réalisé par Ruggero Deodato (1980) avec Francesca Ciardi, Luca Barbareshi, Robert
Kerman

Une série B italienne, réalisée par le spécialiste Ruggero Deodato, plus ou


moins vendue en tant que snuff-movie en insistant sur l'aspect amateur de
l'ensemble! Voilà un film qui semble bien roublard, proposant de
nombreuses images horribles mais dénonçant simultanément le voyeurisme
du spectateur. Deodato veut apparemment provoquer le débat: "faut-il
montrer l'enfer pour permettre aux gens de savourer leur bonheur?" nous
demande t'il par l'entremise de son héros. La question clôture le film sur
trois points de suspension qui appellent presque à la discussion, dans le style
des regrettés Ecran Témoin ou Dossiers de l'Ecran. Presque, car la démarche
est trop ouvertement calculée pour que l'on soit dupe des véritables
intentions du réalisateur.
Cannibal Holocaust appartient aux fameuses vidéo-nasties, sévèrement interdites dans de
nombreux pays et, à ce titre, paraîtra peut-être un peu décevant aux spectateurs d'aujourd'hui.
La boucherie y est, finalement, moins
permanente qu'on pourrait le croire!
Néanmoins, le film accumule quelques
scènes bien cruelles, en particulier plusieurs
mises à mort d'animaux non simulées et des
viols aussi sadiques que complaisants. Les
indigènes, eux, sont dépeints comme des
êtres sanguinaires et le réalisateur s'attarde
longuement sur une scène de torture sexuelle

48
locale ainsi que sur un accouchement loin d'être sans douleur.
Un peu douteux idéologiquement parlant, mais ne chipotons pas. Enfin, lors des dix
dernières minutes, les cannibales se livrent enfin à l'holocauste promis par le titre: castration
et démembrement d'un des aventuriers ensuite éviscéré et dévoré; viol collectif et barbare
d’une jeune reporter finalement décapitée, etc.
Ces scènes, assez sévères, interviennent après quelques intermèdes érotiques en nu intégral
destinés, probablement, à adoucir l'ensemble.

La faune locale fournit aussi matière à quelques plans frissonnants (serpent dans une
chaussure, araignée sur la poitrine, crocodiles menaçants). Le guide de l’expédition périt
d'ailleurs d'une morsure de serpent, malgré un traitement radical: une amputation de la jambe
à coups de machette.
Bref, Cannibal Holocaust n'est
sans doute pas un grand film mais il
possède un coté novateur indéniable
et Deodatto déploie quand même un
talent probant qui frise carrément le
génie. Jamais plus il n'atteindra une
telle qualité, un tel mélange
d'ambitions, de considérations
commerciales et de divertissement
horrible.
Ce film demeure quelque chose
qu'il faut avoir vu, ne serait-ce que pour pouvoir parler du gore à l'italienne.
Il inspira visiblement la campagne publicitaire du médiocre Projet Blair Witch!

VERDICT: 5/6

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AMAZONIA – L'ESCLAVE BLONDE
Ou: Sciave bianche / White Slave / Violence In Amazonia / Cannibal Holocaust 2: The Catherine
Miles Story
Réalisé par Mario Gariazzo (1986) Avec Elvire Audrey, Alvaro Gonzales, Neal Berger,
James Boyle

Un film de jungle typique qui surfe paresseusement sur la vague des cannibales lancé peu
avant par Ruggero Deodato et Umberto Lenzi. Inspiré d'une histoire vraie, cet Amazonia
rappelle également le classique western Un Homme nommé Cheval ainsi que le Cannibalis /
Deep River Savage de Deodato.
Ici, c'est une blonde plutôt jolie qui
est capturée par une tribu d'indigènes
amazoniens après le meurtre de ses
parents. Evidemment, un fier guerrier
tombe amoureux d'elle mais la
demoiselle se refuse à lui, écoeurée par
les coutumes barbares des primitifs.
Scénario classique, mise en scène
sans génie, et interprétation médiocre
sont autant de bémol à cette série B
assez banale. Quelques scènes gore
(tête tranchée, attaque d'alligator,
flèche dans l'œil) et un soupçon d'érotisme (l'héroïne est complètement nue durant les trois
quart du métrage) nous rappellent pourtant le coté éminemment gratuit et complaisant des
réalisateurs de cinéma bis italien. Ces ingrédients viennent heureusement pimenter un plat
plutôt fade qui comprend aussi, évidemment, les tueries d'animaux non simulées typiques du
genre. Mais niveau atrocité on a fait bien pire et le cinéaste se montre étonnamment sobre à ce
niveau. Nous sommes davantage dans le domaine du récit d'aventures bis, comprenez pimenté
de sexe et de sang, que du véritable produit gore comme pouvez l'être Cannibal Ferox.
Le film fut parfois vendu sous le titre abusif de Cannibal
Holocaust 2 au mépris des copyrights. Ce qui risque d'en décevoir
certain. Il ne faut pas non plus le confondre avec Amazonia (Cut
And Run), un film d'aventures très saignantes de Deodatto qui fut
lui aussi nommé Cannibal Holocaust 2…sans présenter le
moindre anthropophage.
Au final, l'amateur de série B pourra passer un agréable moment
mais le film ne restera sûrement pas dans les mémoires. Il s'agit
d'un produit de confection courante ficelé sans génie mais
l'ensemble possède un certain charme. On lui préférera néanmoins,
et sans hésiter, les véritables classiques du genre que sont
Cannibal Holocaust de Deodato et Cannibal Ferox de Lenzi.

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MONDO CANNIBAL
Ou: The Cannibals / White Cannibal Queen / Une Fille pour les Cannibales / Sexo Cannibals
Réalisateur: Jess Franco (1980), avec Al Cliver, Sabrina Siani, Lina Romay, Anouchka

Un professeur en vacances avec sa femme et sa fille


tombe entre les mains d'une tribu d'anthropophages
peinturluré. Capturé, il a le bras coupé tandis que sa
femme est mangée toute crue. Quant à Lena (Lena!
Lena! pour les nostalgiques de la pop eighties!) elle
devient la Déesse Blonde et Blanche de la tribu. Dix ans
plus tard, alors que chacun le croit fou, le professeur
monte une expédition pour délivrer son enfant.

Ce métrage complètement ringard et fauché, pour ne pas


dire raté, fut pourtant un hit des video-clubs dans les
années 80. Il figura même sur la fumeuse liste des video-
nasty anglaises. Il faut dire que nous vivions alors une
autre époque et la promesse d'aventures exotiques, de
quelques scènes gore et d'un doigt d'érotisme (juste un
doigt mais bien placé alors!) suffisait à appater le client.
Un quart de siècle s'étant écoulé, il importe de rétablir la
vérité: Mondo Cannibal est une bouse. Une de plus à l'actif d'un réalisateur qui possède sans
doute plus de fans aveuglés que de talent véritable. Car, à quelques exceptions près, la carrière
de Franco n'est pas fameuse et cette production Eurociné de bas étage ne viendra pas
contredire cette assertion.
Ici, le cinéaste assène un long moment de vide,
ponctué de répétitives séquences vomitives. Hélàs
ces dernières sont très mal fichues: gros plans de
sauvages machonnant de la viande crue au ralenti,
grognements et bande son chaotique, etc. La même
scène revient à chaque démembrement et même
l'inconditionel de gore finit par trouver le temps
long. Au niveau de l'érotisme, Franco la joue tout
aussi sobre et, excepté les charmes dévêtus de la
très belle Sabrina Siani, le spectateur n'aura rien à
se mettre sous la dent.
Les acteurs, pour leur part, sont assez médiocres, les dialoges affligeants (une ou deux
tentatives d'humour plus ou moins volontaires), la musique "bontempi" bas de gamme, la
réalisation fatiguée (et un: je zoome en avant, et deux: je zoome en arrière!), etc. Le pire reste
pourtant un rythme totalement défaillant et assoupi qui pousse n'importe quelle personne
normalement constituée dans les bras de Morphée.
Que dire de plus? Relever les incohérences du script serait fastidieux et l'intérêt du film ne
mérite pas une telle dépense d'énergie. On peut juste signaler les sauvages, tellement
caricaturaux qu'ils sont risibles: blancs comme neige, bedonnant et affublé d'un maquillage
blafard, les yeux cerclés de noir (on dirait Danzig lorsqu'il chantait dans les Misfits!), nos
figurants ont bien du mal à garder le rythme et à ne pas rigoler lors des interminables
séquences de danses tribales. Bref, peu à sauver de ce gros ratage pathétique!

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TERREUR CANNIBALE
Ou: Cannibal Terror
Réalisateur: Julio Perez Tabernero
avec Gérard Lemaire, Sylvia Solor, Pamela
Stanford

complice des kidnappeurs, lesquels


s'empressent courageusement de fuir tandis
que la pauvre est débitée en tranches et
dévorée avec empressement. Le réalisateur
ne se prive pas de détailler les sauvages se
baffrant de tripes et de viandes crues qu'ils
se disputent comme des gamins en
récréation. Pathétique.
Un peu plus tard, un des deux voyous,
nommés Mario, décide de violer la femme
d'un certain Antonio, encore un gangster
vivant dans la jungle. Celui-ci doit s'absenter
trois jours mais il revient finalement plus
vite qu'il n'était parti, soit au bout de dix
minutes montre en main. Trop tard: Mario a
attaché son épouse à un arbre et l'a violée
complaisamment durant cinq bonnes (surtout
Un gros navet n'ayant pas suffi, la joyeuse pour lui!) minutes. Rarement à t'on vu une
équipe de Eurociné remet le couvert pour prestation d'acteur aussi ridicule.
une nouvelle production orientée La demoiselle crache, hurle, supplie, bref,
cannibalisme et aventure. Et le résultat est fait tout ce qui est humainement possible
affligeant, au point de faire passer Mondo pour suggérer l'horreur de la situation sans
Cannibal pour un chef d'œuvre. parvenir ne serait-ce qu'une seconde à se
Le scénario est consternant: deux voyous montrer crédible. Mais le violeur joue tout
minables vivotent dans un pays d'Amérique aussi mal et la scène, sûrement voulue
du Sud en compagnie d'une pute fatiguée. chaude et érotique, ne parviendrait même
Un jour ils décident de kidnapper une petite pas à émouvoir un marin après six mois de
fille et de fuir on ne sait trop où afin de voile en solitaire. Insupportable!
toucher une rançon plantureuse. Ils se Nous retrouvons donc Antonio fort fâché
réfugient donc chez Don Pépé, puis les qui cherche sa femme durant cinq nouvelles
choses se gâtent lorsque déboule une bande minutes interminables. Il la trouve,
de cannibales. Ceux-ci sont très visiblement comprend l'ignominie et décide de se venger
des européens à peine bronzés et maquillés à en organisant une partie de chasse dont
gros traits mal appliqués, telle une gothique Mario sera le gibier. Après une longue (oh
en virée à sa première soirée bat-cave. oui, c'est long!) ballade dans ce qui
Bref, c'est désolant, d'autant que les ressemble furieusement à une colline du Sud
figurants, sûrement très mal payés, ont bien de la France, Antonio siffle ses amis
du mal à se montrer convaincants lorsqu'ils indigènes, lesquels arrivent et croquent
dansent sans le moindre rythme. On en voit Mario tout cru. Ensuite c'est la fin pour nos
même pas mal qui rigolent doucement. Ils voyous kidnappeurs qui aboutissent aux
ont l'air de s'amuser plus que le spectateur en mains des anthropophages. Les parents
tout cas. Or, nos indigènes capturent une retrouvent leur gamine et le film se termine

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ainsi. Rarement aura-t-on assisté à un tel Pour l'édition DVD de ces deux derniers
étalage de bêtise. Le premier quart d'heure films, pas d'effort non plus: les couleurs sont
est à ce point affligeant qu'il en est drôle: ternes et baveuses, les défauts de l'image
dialogues inimaginables, interprétation constants et la piste son (uniquement
calamiteuse, mise en scène inexistante, etc. française) craque et crisse au point de rendre
Ensuite le seul intérêt du film consiste à certains passages franchement pénibles. En
s'esclaffer devant les têtes de mort en bref, ces DVD n'utilisent aucune possibilité
plastique et les maquillages gore d'une du support, ne livrent aucun bonus notables
absolue médiocrité. En bref, Terreur (quelques photos et affiches) et s'apparente à
Cannibale rejoint facilement mon top10 des une vieille K7 transposée telle qu'elle sur la
pires séries Z jamais tournées. Vous êtes galette. Une honte!
prévenus…

VIRUS CANNIBALE
Titre: Inferno dei morti viventi / Apocalipsis Canibal / Zombie Creeping Flesh / Night of the
Zombies / Cannibal Virus
Réal: Vincent Dawn (aka Bruno Mattei) Avec: Margi, Evelyn Newton, Franco Giraldi,
Selan Karay, Gaby Renom

Résumé: Accident! Radiations! Zombies! Soldats! Manger!

Vincent Dawn, alias Bruno Mattei est quand même un


type sacrément fêlé du bocal, réalisateur des pires séries
Z jamais vues sur un écran. C'est un nul mais il sait nous
faire rire, et son Virus Cannibale fait vraiment beaucoup
rire. C'est même son œuvre phare. Son monument. Son
Plan Nine From Outer Space ou son Astro Zombies à
lui.
L'argument de départ est déjà imparable: pour lutter
contre la famine il suffit de transformer les gens en
cannibales. Ben oui, personne n'y avait pensé, c'est
pourtant loin d'être con, comme idée. La moitié du monde
mange donc l'autre et le problème de la faim est résolu.
Une fois l'argument énoncé le film est sur ses rails et il
s'applique à ne surtout pas en dévier: du gore, du gore et
encore du gore. Mal fait, bien sûr, mais Tom Savini
n'était pas disponible et, de toutes façons, il coûtait trop
cher. D'ailleurs tout coûte trop cher sur ce film et pourtant
Mattei voit grand: il veut de l'exotisme touristique, de
l'action, du sexe, du gore, etc. Ce qu'il veut c'est refaire
Zombies, mâtiné d'un soupçon de L'Enfer des Zombies
et d'une larme de Cannibal Ferox pour faire bonne
mesure.
L'intention est louable mais le résultat est affligeant.
L'intrigue se déroule théoriquement en Nouvelle Guinée où se produit un accident nucléaire.
En clair, deux ou trois types s'agitent devant des panneaux qui clignotent comme des
guirlandes de Noël. Après une attaque de rats (un auto clin d'œil peut-être?), les secours sont
attaqués par les techniciens zombifiés. Ceux-ci avancent très lentement mais leurs proies

53
demeurent stoïques devant la menace. Ca aide parce que sinon ils ne pourraient pas les
attraper. Et si zombie pas attraper victime, zombie pas pouvoir manger et donc pas de sang à
l'écran. Donc pas de film. CQFD.
Intervient une équipe de flics anti-terroristes qui vient d'ailleurs de massacrer une bande de
dangereux écologistes dans une ambassade. Nous parcourons alors la jungle de Papouasie
avec nos virils héros rigolards en mission spéciale. Traduction: Mattei filme quelques
couillons conduisant une jeep bon marché dans un petit bois italien.
Pour masquer le manque de moyen, le cinéaste insère alors quelques images tirées de
documentaires animaliers mais la qualité des séquences est affreuse, le scope disparaît et
surtout, les animaux présentés ne sont pas très papous, si vous voulez mon avis.
Des grues, un petit kangourou, des singes, un aigle, un éléphant d'Afrique en pleine savane,
des antilopes, un dingo, et plein d'autres bestioles viennent donc faire coucou, comme dans
"Trente Millions d'Amis". Apparemment, selon certaines sources, la plupart de ces stock-
shots viennent d'un film d'aventures nippon de 1974. Quand à la musique, elle pompe celle
composée par les Goblins pour le Zombie de Romero avec quelques effets clink-clink de
synthé en prime. Pitoyable!
Nos soldats, rejoint par une bande de scribouillards franchouillards mené par une blondasse
nommée Lia Rousseau, continuent donc leur périple, entrecoupé d'attaques des monstrueux
zombies mutants cannibales. Appelons les MZMC pour faire court.
Le groupe arrive alors chez les papous et la journaliste, soucieuse de s'intégrer, se met
aussitôt à poil, passe un pagne et se peinturlure comme pour une soirée de patronage.
Quelques stock-shots de danses tribales suivent alors pour gagner un peu de temps. Car, tel un
boxer sur un ring, Mattei doit tenir le temps et c'est parfois très dur. Tous les coups sont
permis pour atteindre les 80 minutes réglementaires.
Mais que faire? Filmer de nouveaux passages gore, pardi, entrecoupés de plans sensés
figurer l'ONU avec des acteurs ringards qui s'agitent piteusement.
Quelques scènes restent malgré tout dans la mémoire de tous les cinéphiles, telle cette
interprétation anthologique de Singing In The Rain par un militaire en tutu et haut de forme
cerné par les MZMC. Si, si!
Virus Cannibale est certainement un des plus mauvais film jamais réalisé, ex aequo avec
l'effarant et australien Zombie Commando (les productions Eurociné étant hors concours,
bien sûr) mais c'est rigolo et horriblement sanglant.
Le maquillage des MZMC se limite à quelques coups de crayons gras et un peu de ketchup
à la commissure des lèvres. On voit d'ailleurs que les figurants ainsi grimés cachent
difficilement leur hilarité devant tant de bêtise. Comme le spectateur d'ailleurs. Alors,
pourquoi pas...au troisième degré.

Pour rappel la critique de


LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE (Slave Of The Cannibal
God, de Sergio Martino, 1978. est disponible dans le Bis Art Cinema N°2

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GROS PLAN SUR LA COLLECTION LEGACY
Universal a sorti voici quelques mois un très beau box-set comprenant pas moins d'une
douzaine de dvd. Agrémenté de trois statuettes fort réussies, ce coffret comprend quatre
"mini-coffrets". Trois sont respectivement consacré à Dracula, Le Loup Garou, Frankenstein
alors que la quatrième comprend quatre autres métrages emblématique du studio: L'Homme
Invisible, La Momie, Le Fantôme de l'Opéra et La Créature du Lac Noir. Durant quatre
numéros donc, nous envisagerons ces films qui appartiennent au patrimoine collectif des
cinéphiles. Pourtant peu pouvaient se targuer de les avoir visionner, excepté bien sûr les
classiques. Mais ce box donne enfin accès à des productions beaucoup plus rares et difficiles à
dénicher avant la révolution numérique. Réjouissons nous de l'aubaine et replongeons dans
l'épouvante naïve et pourtant palpitante des années 30 et 40.

1ère partie: Le Loup-Garou


LE MONSTRE DE LONDRES
Werewolf of London (1935) de Stuart Walkers
Avec Henry Hull
Warner Oland
Valerie Obson

Le docteur Glendon se rend au Tiber pour Hull, exagérée,


découvrir une plante rare, nommée théâtrale et peu
Mariphasa Lupina Lumino, qui ne fleurit convaincante il
que sous les rayons lunaires. Il est attaqué apparaît comme peu
par une créature étrange qui le mord au sympathique et ne
bras. Revenu à Londres, il est contacté par parvient guère à
le Dr Yogami, lequel lui annonce qu'il est à émouvoir. Warner
présent un loup-garou. Oland s'en tire bien
Le Monstre de Londres constitue la mieux dans le rôle
première tentative du studio Universal pour d'un loup-garou
imposer le personnage du loup-garou. Une suave et déterminé.
tentative à dire vrai peu convaincante mais D'autres passages sont également
qui possède évidemment un certain intérêt, problématiques et les deux vieilles dames
surtout historique et cinéphilique avouons- alcooliques apportent un élément
le. Si le maquillage n'est pas mauvais pour humoristique peu à sa place qui semble
l'époque, certaines scènes sont risibles: plaquer sur le film sans véritable souci
désireux de gagner du temps, Henry Hull narratif. Le manque de budget et la
ne voulait pas être grimé trop souvent. Le réalisation peu inspirée de Stuart Walkers
loup-garou passe donc régulièrement un ruine le reste du métrage même si certaines
manteau et se coiffe d'un chapeau pour séquences (entre autres les premières,
commettre ses méfaits, préfigurant les situées au Tibet) gardent un certain
apparitions stupides du sosie de Bela charme. Une curiosité un peu longuette
Lugosi dans Plan Nine From Outer Space. (malgré ses petites 72 minutes) mais pas
Le principal problème du métrage réside désagréable pour autant.
d'ailleurs dans la performance de Henry

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SHE WOLF OF LONDON
De Jean Yarbourgh
Avec: June Lockheart
Don Porter
Martin Kosleck
Denis Hoey

She Wolf of London est un film fantastique


fort vieillot mais au charme indéniable. Les
critiques disponibles en disent souvent
beaucoup de mal mais je n'ai pu m'empêcher
de passer un agréable moment devant cette
petite série B. Certes la re-création de
Londres à la fin du XIX eme siècle est
fantaisiste et irréaliste, certes l'ensemble
manque de tonus et d'atmosphère, mais,
qu'importe, on se laisse prendre.
Cela commence comme un film fantastique et
on pense très fort au classique de Jacques
Tourneur La Féline. Ensuite, les indices nous
font comprendre que tout ceci est une
machination et, au final, pas de loup-garou,
juste une femme un peu folle qui tue des gens
en essayant de persuader une jeune fille
qu'elle est un loup-garou. Ceci, bien sûr, afin
de la rendre folle et de garder ses biens. Peu
de risque de vous spoiler le film tant le
déroulement du scénario est prévisible et les
rebondissements attendus.
Bref, on navigue plus volontiers sur les
courants fréquentés par Sherlock Holmes que
sur ceux du classique The Wolf Man mais le
métrage possède un cachet d'époque et un
parfum suranné encore perceptible qui sauront
intéresser les amateurs acharnés.
Heureusement, le tout ne dure que 57 minutes
et, avec une durée aussi réduite, on n'a guère
le temps de s'ennuyer.

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LE LOUP-GAROU
De Geroges Wagger
Avec: Lon Chaney Jr
Claude Rains
Ralph Bellamy
Bela Lugosi

The Wolf Man reprend le mythe développé pour


Le Monstre de Londres mais en fait un bien
meilleur usage. Lon Chaney Jr, quoique pas
toujours très convaincant et souvent cabotin,
parvient à interpréter le Loup-garou avec une
certaine énergie, gardant le monstre à demi
effrayant et à demi pathétique. Claude Rains est
excellent et Bela Lugosi, dans un petit rôle,
offre une composition très caricaturale mais
sympathique. La réalisation de Wagger est
efficace et l'atmosphère mystérieuse fort bien
rendue avec une utilisation efficace des brumes
et des ombres. Le scénario, signé du grand
auteur de SF Curt Siodmak possède toutes les
qualités d'une bonne œuvre littéraire portée à
l'écran et s'avère bien construit et prenant.
Quand au maquillage de Jack Pierce, servi par
les effets visuels de John P. Fulton, il marqua
durablement les esprits et fut souvent imité.
Notons encore la musique fort efficace et cette
petite ambiguïté sur la nature du loup-garou:
dans le scénario original de Siodmak le monstre
n'était jamais montré, laissant supposer que
Larry Talbot souffrait seulement de lycanthropie
médicale et se prenait pour un loup-garou. Mais la Universal souhaitait une nouvelle
adjonction à son bestiaire, après Dracula, Frankenstein et la Momie, d'où cette représentation
effective de l'Homme-Loup. La plupart des éléments à présent indissociables du genre furent
mis en place pour ce film et l'ensemble reste effectif et agréable à
suivre. Malgré le poids des ans, on prend toujours beaucoup de
plaisir à cette histoire de malédiction sinistre et il n'est pas sur que
beaucoup de films de loups-garous récents et bardés d'effets
numériques supportent aussi bien le test du temps.

57
FRANKENSTEIN RENCONTRE LE LOUP-GAROU
De: Roy William Neil
Avec: Lon Chaney Jr (Larry Talbot)
Bela Lugosi (Le Monstre)
Ilona Massey
Patrick Knowles

Ayant dilapidé son fond de commerce par de trop


nombreuses adaptations des grands mythes
classiques, la Universal se lance ici dans le premier de
ces "monster meetings" afin de relancer l'intérêt
défaillant du public. Bela Lugosi incarne ici le
Monstre, dans un rôle muet qu'il refusa jadis pour
cette même raison. Mais dix ans ont passé et sa
carrière est sur le déclin: cette opportunité ne se
refuse donc pas. Il joue ici tout en force, sans
beaucoup de subtilités et charge son interprétation, ce
que de nombreux critiques pointèrent du doigt.
Pourtant il est intéressant de constater qu'il redonne
au Monstre le côté menaçant perdu dans les
précédents épisodes. Le cascadeur Eddie Parker le
double d'ailleurs souvent et les coupes dans le script
n'aide pas à expliquer une performance assez bizarre
(en fait la Créature est censée être aveugle avant que
le médecin ne restaure sa vision). La vraie star est
donc Lon Chaney Jr, alias The Wolf Man, lequel
passe les trois quarts du métrage à se lamenter de
l'horrible malédiction qui l'accable les soirs de pleine
lune. L'ensemble possède donc un cachet
indéniablement sympathique, renforcé par une réalisation compétente qui tire parti du noir et
blanc et compose quelques plans mémorables, en particulier la première séquence située dans
un cimetière. Le combat final tarde un peu et reste malheureusement en deçà des attentes mais
le film est suffisamment court et rythmé pour ne jamais ennuyer.

Les films sont présentés dans des copies passables, vu leur âge avancé, et seul Le Monstre de
Londres parait un peu en retrait avec son image vieillotte et un souffle léger dans la bande
sonore. Chaque métrage bénéficie d'une version française et d'une originale, de nombreux
sous-titre et de bandes-annonces. The Wolf Man, le film star du coffret, à droit à un
commentaire audio et à deux documentaires intéressants, présentés par John Landis. Et la
figurine de Lon Chaney est vraiment très belle et fera une superbe décoration sur la cheminée.
Un achat obligatoire pour les mordus (oui elle est facile!) des films de loups-garous et de
fantastique à l'ancienne.

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CINEMASIA
HOLY FLAME OF THE MARTIAL
WORLD
Réal: Tony Liu Jun Guk (1983)
Avec: Philip Kwok (Phantom)
Max Mok (Wan Tien Sau),
Yeung Jing Jing (Dan-fung)
Jason Pai Piao (Monster Yu)
Lau Suet Wah (Jing Yin)
Elvis Tsui

5/6
Résumé:

Une arme légendaire dénommée la Flamme Sacrée des Arts


martiaux est convoitée par Sept Grands Maîtres. Pour s'en emparer, ils massacrent un couple
innocent dont les enfants sont néanmoins épargnés. Dix huit ans plus tard, le fils et la fille des
combattants assassinés décident de se venger.

Critique:

La riposte de la Shaw Brothers au triomphe de Zu - Warriors From The Magic Mountain


constitue une véritable expérience qui se vit plus qu'elle ne se décrit. Selon les sensibilités, ou
simplement son humeur ou les substances ingérées avant la projection, on peut adorer ou
détester ce délire coloré mené à cent à l'heure.
L'intrigue est classique: deux orphelins sont élevés par des clans rivaux, manquent de
s'affronter en duel et finissent par se réconcilier pour une vengeance longtemps différée. Bref,
pas de quoi révolutionner l'art dramatique. Mais le propos est ailleurs et l'important réside
dans la véritable frénésie bigarrée qui anime ce délire assez irrésistible.
Le spectateur n'a, en tout cas, jamais le temps de souffler. Les protagonistes, vêtus de
costumes aux couleurs criardes, se battent durant 80 minutes en usant et abusant des effets les
plus spéciaux.
Il ne s'agit donc pas d'un film martial classique puisque tous les combats se déroulent en
apesanteur, dans des positions impossibles et par la grâce de dizaines de câbles.
Pas question de rigueur ici, place à des guerriers affrontant des créatures animées, sorties
d'une peinture, qui les attaquent la tête en bas. Place aussi à une vierge lançant des éclairs
d'énergie par le doigt! Sans oublier un Grand Maître qui tue ses adversaires par son rire, des

59
duels contre des fantômes dessinés, des pouvoirs intérieurs capables de faire exploser un
corps ou de le transformer instantanément en squelette, etc.
On note aussi les bastons entre le héros et des caractères chinois doués de vie (!), un clan de
suceurs de sang aimant sacrifier de jolies pucelles, un démon en collant vert réanimé par les
méchants, des duels en tapis volant, etc. En bref, cela n'arrête jamais et il s'agit de bien se
caler dans son fauteuil pour profiter au maximum de ce spectacle totalement délirant.
Recommandé!

CRIPPLED AVENGERS
Autre titre: La Vengeance des Infirmes
Ou: Return of the Five Deadly Venoms
Réalisateur: Chang Cheh (1979)
Interprètes: Chen Kuan Tai
Philip Kwok
Lo Meng
Chiang Sheng
Sun Chien
Lu Feng
Cheng Miu
Dick Wei
Année: 1979

5/6

Après une attaque ayant laissé sa femme morte et son fils handicapé (il a eu les bras tranché
lors du duel), un maître des arts martiaux devient à moitié fou. Il construit pour son fils des
bras d'acier et l'entraîne à devenir un cruel combattant. Père et fils vont ensuite mutiler quatre
personnes: l'un devient aveugle, l'autre sourd et muet, le troisième cul de jatte et le dernier est
rendu fou par la torture. Pris en pitié par un maître, les quatre handicapés vont devenir de
redoutables justiciers.

Critique:
"Crippled Avengers" débute d'emblée très fort: une femme meurt les jambes coupées et son
jeune fils est amputé des deux bras. Un préambule violent et bien fou qui laisse augurer du
meilleur pour la suite. Et, heureusement, la suite ne déçoit pas! Contrairement à "Cinq Venins
Mortels" qui a fort mal vieilli, cette pseudo séquelle dans laquelle on retrouve les fameux
Venoms, distille un rare bonheur et témoigne d'une énergie franchement jouissive.
Philip Kwok, Chiang Sheng, Lu Feng, Mo Meng et Sun Chien sont donc de la partie mais
sans leurs costumes folkloriques. Ce qui n'empêche pas le métrage de garder un côté
outrancier (proche des comics américains de super-héros).
Largement supérieur au culte mais décevant premier volet, cette nouvelle aventure possède un
côté indéniablement très bis que saura apprécier l'amateur.
Au niveau du scénario, le film ne casse pas trois pattes à un canard mais l'important est
ailleurs, dans cette exagération plaisante des clichés en vigueur dans des centaines de kung-fu
pian basique centré sur la vengeance de pauvres types devant combattre un maître quasi
invincible.
Ici, les quatre protagonistes principaux ont été handicapés par leur ennemi mais ils sauront
triompher de toutes les épreuves.

60
Et ces dernières sont nombreuses!
A vrai dire, cela n'arrête jamais: les combats se succèdent sur un rythme enlevé et les
démonstrations acrobatiques des acteurs laissent pantois. Armé de jambes de métal
indestructibles, capables d'entendre tomber une feuille ou équipé de petits miroirs pour ne pas
se laisser surprendre, les Venoms sont devenus d'authentiques super-héros, quelques part
entre Zato Ichi, Daredevils, les pistoleros sans nom du Western Italien et les Catcheurs
mexicains.
Au niveau de la réalisation, Chang Cheh, alors en quête d'un second souffle, délaisse les
principes de camaraderie, de code d'honneur et d'arrière plan historique pour un simple
divertissement qui cherche avant tout à procurer une heure et cinquante minutes de
délassement.
On est indubitablement plus proche de classique bis comme "One Armed Boxer" que de la
noblesse du "One Armed Swordsman". Mais le spectateur ne perd guère au change et le
métrage est un plaisir pervers dont il serait criminel de se priver!
Le film est donc un sommet d'affrontements dantesques, de combats époustouflants et de
violence saignante. Ca hurle, ça cogne, ça gicle, les méchants sont ignobles et l'action est
continuelle.
Entre kitsch, ridicule et émotion, les relations entre les héros handicapés parviennent même à
émouvoir le spectateur conciliant. Pourtant, de nombreuses scènes sont complètement risibles
(le gamin les bras tranché qui écoute patiemment le discours paternels) mais qu'importe, il se
dégage de l'ensemble un charme certain.
A mon sens voici tout a fait le genre de kung-fu pian qui mérite le qualificatif ultra galvaudé
de "culte".

SHAOLIN DOLEMITE
ou: Ninja The Final Duel 2 de Robert Tai
Avec:
Rudy Ray Moore Monk Ru-Dee
Eugene Thomas Tupac
Alexander Lou Prince Sanada
Robert Tai Abbot White
Jimmy Lynch Sam the Spliff
Alice Tseng Ninja Ho

Ninja The Final Duel durait à l'origine


environ 11 heures. Une véritable saga découpée
en trois parties tournées à l'origine en 1986.
Robert Tai décide donc d'exploiter les bouts
de pellicules restantes (oui, les chutes quoi!)
plus de douze ans après avoir filmé quasi toutes
les scènes. Pour cela il engage Rudy Ray
Moore, alias Dolemite, acteur de blaxploitation
Z des seventies qui se trouve parachuté
n'importe comment au milieu d'une intrigue déjà
totalement incohérente.
Ses apparitions, malgré son statut de tête
d'affiche, se résument à une poignée de minutes

61
au cours desquels il contemple le spectacle en cours en lançant des motherfuckers à répétition.
Son rôle étant secondaire, le vrai héros demeure Alexander Lou, lequel est aidé par un
maître Shaolin nommé White Abbot joué par non moins que Robert Tai en personne. Et par
(roulement de tambour!) David Crocket avec son costume en peau de castor et son épée! Du
coté des méchants, Alan Lee demeure le chef suprême et porte toujours un costume ridicule,
même si il se fait voler la vedette par Eugène Thomas qui incarne un sorcier surpuissant
capable de ressusciter les morts et doté d'une cloche maléfique qui peut briser les tympans. Au
final, il lève carrément deux zombies karatékas recouverts d'or et d'argent pour détruire une
fois pour tout le monastère Shaolin. Tout ce petit monde se tape donc dessus avec une absence
totale de retenue (les câbles sont tous très visibles) et on invite heureusement Alice Tseng
pour refaire son numéro de combattante à poil (juste le haut cette fois hélas) qui n'hésite pas à
battre le pauvre moine refoulé Alexander Lou à coup de seins au visage durant une bonne
minute. Trop affreux comme technique.
Tout ça parait prometteur mais, finalement, le spectateur sature devant tant de combats
débiles, de situations stupides et de dialogues affligeants. Il faut dire que le doublage est
infâme (aucune synchronisation: les types débitent leurs dialogues lèvres closes) et l'image
laide à souhait (défaut du DVD ou conséquence d'un assemblage de bobines hétéroclites? Un
peu des deux sans doute!).
Là où Ninja Final Duel nous amusait souvent, cette séquelle finit par s'avérer ennuyeuse: on
n'y retrouve que trop rarement l'aspect ultra-bis du précèdent volet et on s'ennuie vite de cette
succession interminable de mauvais combats. Les trois derniers quart d'heures donnent dans
l'action non-stop et constitue un bon test d'endurance: même les fans les plus acharnés de
kung-fu vont certainement frôlé la saturation!
Bref, nous sommes en présence d'un gros navet mal ficelé et mal monté, rendu pire encore
par la pathétique tentative de Rudy Ray Moore d'en tirer une parodie.

62
L'ACTUALITE DES DVD ASIATIQUES OU
LES HUIT DIAGRAMMES DE WILD SIDE CONTRE LES GUERRIERS ASIAN STARS

Petit rattrapage concernant quatre sorties de la firme spécialisée Asian Star et previews des
deus prochaines sorties de Wild Side dans leur fameuse collection Shaw Brothers

A MAN CALLED HERO


Titre: Zhong hua ying xiong Résumé:
ou: Chinese Hero
Réalisateur: Andrew Law
Interprètes: Ekin Cheng Un expert en arts martiaux nommé Hero découvre, en
Shu Qi rentrant chez lui, toute sa famille massacrée. Bien sûr, il
Yuen Biao
Francis Ng
décide de se venger et, le soir même, il tue les assassins.
Genre: Wu XiaPian / Fantasy Sa revanche accomplie il fuit aux Etats-Unis et assaie de
Pays: Hong Kong (1999) s'intégrer dans ce nouveau pays afin de rebâtir sa vie.
Editeur Asian Star
Malheureusement, une malédiction pèse sur son destin.
2/6
L'Asie s'est découvert son Michael Bay, à savoir un
réalisateur peu inspiré totalement tributaire de la qualité de
son script et du talent de ses collaborateurs. A l'instar de son
collègue ricain, Lau à la fâcheuse tendeance à confondre
réalisation hystérique avec sens du rythme et montage
épileptique avec narration complexe. Voici donc une
production bêtement tapageuse, vulgaire, commerciale,
racoleuse, gratuite et tape à l'oeil, à l'image de son
blockbuster précédent, "The Stormriders".
Hélas, si le film précipité pouvait divertir un soir d'ennui, il
n'en est pas de même de ce "Man Called Hero" qui
additionne les scènes insipides et les dialogues sans intérêt.
Andrew Lau, dans un vain souci de masquer par l'excès la
médiocrité d'un scénario rabâché, accumule les personnages
et les sous intrigues superflues. Le résultat, une pitoyable
tentative de mélanger les fresques épiques de Sergio Leone
au Wu Xia Pian nouvelle vague (style "Duel To The
Death"), débouche sur un grand vide.
Les acteurs sont globalement mauvais ou sous-employés: Ekin Cheng a peu de talent et guère
de charisme dans ce rôle, les stars Yuen Biao et Francis Ng, censées donner une certaine
crédibilité au projet, récitent leur texte d'une main et empochent le chèque de l'autre et Shu Qi
est très jolie en costume japonais (!). On ne lui en demande pas plus, sans doute.
Reste un combat final très manga dans lequel le méchant fait voler les pavés pour les jeter sur
Hero, le héros (quelle imagination! A quant un méchant nommé Bastard ou Asshole?) avant
de pulvériser une partie de la Statue de la Liberté. Les effets spéciaux sont passables mais la
séquence en jette un maximum ce qui, malheureusement, accentue le vide abyssal de ce qui
précède.
Objectivement, "A Man Called Hero" est un mauvais film et, quant une industrie autrefois
innovante s'abaisse à copier les pires sous-produits américains ont peut légitimement se poser

63
des questions. A éviter, même si Dionnet l'a inclus dans une collection se voulant de qualité.
Drôle de choix qui fait beaucoup d'honneur à un actioner sans intérêt.

L'EMPEREUR ET L'ASSASSIN
Titre: Jing ke ci qin wang Résumé:
ou: The First Emperor
ou: The Emperor & The Assassin Le sanguiniare roi des Qin et obsédé par l'idée de
Réalisateur: Chen Kaige rassembler les 7 différents royaumes de Chine sous sa
Interprètes: Gong Li bannière afin d'édifier un immense Empire. Avec l'aide de
Li Xuejian sa concubine Zhao, il organise une habile mise en scène
Zhang Fengyy basée sur un assassinat simulé qui légitimerait l'invasion
Sun Zhou
Chen Kaige du royaume de Han. Pour cela il engage le redoutable
assassin Jing Ke et joue sur la naiveté de sa concubine qui
Genre: Aventures historiques espère le voir édifier un empire sans effusion de sang.
Pays: Chine (1999)
Editeur Asian Star

4/6
Voilà une fresque intéressante pour quiconque est sensible à
l'aspect historique de la Chine. Le réalisateur renommé de "Adieu
ma concubine" dépeint ici la vie du premier Empereur, lequel
régna au deuxième siècle avant Jésus Christ. Ambitieux!
Malheureusement le film possède autant de défaut que de qualités.
Commençons par les dernières et soulignons l'interprétation, la
mise en scène académique mais efficace, les décors somptueux et
le faste des figurants qui se comptent par milliers dans les (rares)
scènes de bataille. Bref, l'ensemble ressemble un peu, par sa
démesure, aux péplums hollywoodiens des sixties. Hélas, on
éprouve quelques difficultés à entrer dans cette intrigue complexe,
peu aidé par des personnages parfois schématiques.
Le métrage tourne alors un peu à vide, comme une belle
mécanique dont on admire la puissance en restant dubitatif quant à
son utilité véritable. Le souffle épique s'essouffle aussi sur une durée aussi déraisonnable et,
au bout de près de trois heures, on ressent un sentiment mitigé.
Le film est loin d'être désagréable à suivre mais procure, cependant, un certain ennui. Moyen,
donc, mais intéressant et instructif.

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FLYING DAGGERS
Titre: Shen Jing Dao yu Fei Tian Mao
Réalisateur: Chu Yin Ping
Interprètes: Maggie Cheung
Tony Leung Ka Fai
Jackie Cheung

Année: 1993
Genre: Wu Xia Pian / Comedy
Pays: Hong Kong
Editeur Asian Star

2/6
Un film qui laisse perplexe. Les changements de ton
sont particulièrement abrupts et, si l'histoire débute de
manière sérieuse avec beaucoup de violences, elle
vire au bout d'un quart d'heure à la comédie la plus
folle.

Malheureusement, l'humour s'avère pénible et même complètement débile. Les gags se situent
majoritairement en dessous de la ceinture et versent volontiers dans le pipi-caca avec cette
impensable séquence de "l'urine de puceau" destinée à repousser les forces du mal.

Les acteurs surjouent affreusement et le doublage n'arrange rien, l'intrigue tournant


rapidement à vide. Amusant au début, cette accumulation de moments idiots finit par lasser
les plus réceptifs. Quant aux combats, ils sont câblés (et ça se voit!) et, même si certain
affrontements impressionnent, l'ensemble laisse un goût de bâclage et d'inachevé.

Certaines personnes sont très fans de ce type d'humour lourdingue et de combats délirants, un
peu dans l'esprit des ghost kung-fu comedy des années 80. Moi pas. Mais ce n'est que mon
avis. Il est certain que le film possède néanmoins des défenseurs mais ceux-ci l'ont
probablement regardé dans un état second. Sinon, cela peut s'éviter. Déjà disponible dans une
collection bas de gamme à un prix très démocratique, "Flying Daggers" ressort à présent dans
une nouvelle collection dite "prestigieuse". Pourtant, malgré un casting attrayant, ce petit
produit assez ringard ne mérite objectivement pas autant d'honneur.

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THE MOON WARRIORS
Titre: Zhan shen chuan shuo
ou:
Réalisateur: Sammo Hung & Tony Ching Siu Tung
Interprètes: Andy Lau
Maggie Cheung
Anita Mui
Kenny Bee

Genre: Wu Xia Pian / Fantasy


Pays: Hong Kong (1993)
Editeur Asian Star

4/6
Moon Warriors témoigne des dernières heures du Wu Xia Pian à grand spectacle pré-
Rétrocession. Une poignée d'acteurs charismatiques, doués, esthétiques (le beau Andy pour
les dames, les sublimes Maggie et Anita pour les hommes!) des chorégraphes légendaires
(Corey Yuen Kwai, Tony Ching Siu Tung, Sammo Hung, excusé du peu!), une composition
musicale de James Wong, une réalisation fastueuse de Sammo Hung, bref, un bel assemblage
de talent au service d'un scénario hélas un peu simpliste. Difficile de se passionner pour cet
énième récit de prince spolié de son trône, une constante de la Fantasy, un genre auquel on
peut d'ailleurs également rattaché ces Moon Warriors.
Mais le film vise au pur divertissement et, à ce niveau, ne s'en tire pas trop mal: il propose un
spectacle tonique et sympathique. Les costumes sont superbes et mettent en valeur les
interprètes, en particulier les deux vedettes féminines toutes mignonnes, les extérieurs sont
bien filmés et originaux, la musique est entraînante et les chansons point trop gênantes. Les
personnages, pour leur part, sont assez bien dessinés, avec ce prince noble et honorable, et
cette guerrière amoureuse. Evidemment, le naïf pécheur Andy Lau n'est pas tellement travaillé
mais bon, l'ensemble se tient quand même.
L'intrigue, elle, débute sur un rythme enlevé, lequel fléchit assez rapidement pour privilégier
les séquences romantiques, lesquelles donnent au film un ton assez agréable. Mais les
amateurs d'action non stop risquent d'être déçus. Heureusement quelques combats nous
rappellent que nous sommes dans un Wu Xia et les chorégraphies sont belles, aériennes,
brèves et efficaces. Pas franchement inoubliables mais néanmoins agréables à regarder.
Une des particularités du métrage réside également dans l'utilisation d'un orque épaulard (oui,
le mammifère marin) en tant qu'ami et allié d'Andy Lau. Une bête qui n'hésite pas à assommer
le méchant à coup de queue. Pourquoi cette présence un peu incongrue et à vrai dire assez mal
exploitée. Mystère? "Sauvez Willy" avait dut marquer les esprits hongkongais.
En résumé, il s'agit d'une réussite mineure, un de ces petits films aux nombreux défauts mais
qui se regarde avec un certain plaisir et laisse une impression fugace quoique plutôt favorable.

66
LES ARTS MARTIAUX DE SHAOLIN
Titre: Shaolin Temple 3 - Shaolin Martial Arts
ou: Nan Bei Shao Lin
ou: North & South Shaolin
Réalisateur: Liu Chia-Liang
Interprètes: Jet Li
Yue Chenwei
Huan Qiuyan
Hu Chien Chiang
Pays: Chine Pop. (1986)
Editeur Wild Side

5/6

Résumé: Zhi Ming, étudiant au monastère de Shaolin du


Nord, rêve de venger ses parents assassinés par le cruel
mandarin Hi Sou. Il se rend donc à Pékin où une grande fête
est donnée pour l'anniversaire du mandarin. Une jeune fille, aidée d'un combattant du
Monastère du Sud, décide elle aussi de supprimer le tyran. Les rebelles, démasqués, doivent
fuir. Ils vont avoir besoin des moines des monastères nordiste et sudiste pour neutraliser le
redoutable Hi Sou.

Voilà un divertissement très classique, dans le style de Kung Fu Pian à l'ancienne, filmé et
chorégraphié avec un certain talent par Liu Chia-Liang dont il s'agit du dernier grand film.
Une banale histoire de vengeance sert de trame scénaristique mais de nombreux petits détails
élèvent le film au-dessus du tout venant. Même les intellectuels ne s'y sont pas trompés
puisque le film connut jadis les honneurs d'une diffusion sur Arte.
Tourné dans de magnifiques décors naturels, ce dernier volet de la trilogie (peu de liens entre
les épisodes, si ce n'est Jet Li) offre au spectateur de nombreux combats souvent assez
enthousiasmants et énergiques. Certes, on peut reprocher au film un côté un peu vieillot à tous
points de vue (chorégraphies classiques, musique d'époque, etc.) mais cela lui confère
finalement un certain charme rétro pour les spectateurs qui ne cherchent pas la nouveauté à
tout prix. Disons qu'ici, on se trouve davantage face à un film traditionnel, soucieux de ne pas
bouleverser les codes narratifs et les développements des personnages, que devant une oeuvre
audacieuse de la nouvelle vague comme les films de Tsui Hark ou les fameux "The Sword" ou
"Duel To The Death".
Mais le film peut cependant être considéré comme un des aboutissements de ce type de
cinéma: Liu Chia-liang filme avec un rare talent les scènes d'extérieur, redécouvrant à chaque
plan la beauté des paysages et la fluidité de ces mouvements de caméra. Nous restons dans
une mise en scène relativement académique, dans le bon sens du terme bien sûr, où le cinéaste
ne sacrifie jamais l'intrigue aux effets d'esbroufe déplacés. C'est en quelque sorte un film
somme pour Liu Chia-liang qui retrouve ici l'inspiration de ses chef d'oeuvres précédents
comme la trilogie de la 36eme Chambre, "Challenge of the Master" ou "Shaolin Vs Ninja".
Après cet ultime réussite, le cinéaste ne parviendra plus jamais à un tel niveau d'excellence.

L'humour est assez efficace et fonctionne sur un comique de situation pas toujours très fin
mais bon enfant et facilement abordable pour les occidentaux (contrairement à une bonne part
de l'humour cantonais auquel beaucoup restent insensibles, pour ne pas dire imperméables).

67
On note ainsi le travestissement de Jet Li en bergère qui combat ses adversaires sur la Grande
Muraille. Amusant et efficacement burlesque.

L'histoire d'amour, elle, est un peu trop convenue et même gentillette pour vraiment
convaincre mais il importe parfois de plonger dans une certaine naïveté qui relève presque du
conte plutôt que de se complaire dans la noirceur. Les considérations philosophiques et
bouddhistes du héros (moine) ne sont pas de haut niveau mais le message est tout de même
énoncé avec une certaine élégance et confère une certaine profondeur - teintée d'humour - au
personnage de Jet Li, lequel se questionne sur le fait de tuer, par exemple, une chenille pour
nourrir un oisillon. La vie de l'un est-elle plus importante que celle de l'autre? La séquence est
amusante et plutôt jolie.

Divertissement familial haut de gamme dominé par les performances très physiques et
charismatique d'un Jet Li convainquant à tous les niveaux, "Les Arts Martiaux de Shaolin"
demeure un bon exemple du genre qui devrait largement satisfaire les amateurs.

LES HUIT DIAGRAMMES DE WU LANG


Titre: The Eight Diagram Pole Fighter
ou: Invincible Pole Fighter
Réalisateur: Liu Chia-Liang
Interprètes: Gordon Liu
Alexander Fu Sheng
Lily Li
Wang Yu
Hsiao Hou

Pays: Hong Kong (1983)


Editeur Wild Side

5/6
Liu Chia-liang livre ici un classique
barbare et violent du cinéma martial. Dès
le départ, le ton désespéré est donné; un
père et ses sept fils affrontent des dizaines
d'adversaires et succombent dans le sang.
Seuls deux des fils vont survivre (Fu Sheng
et Gordon Liu). Déshonorée, la famille
Yang se doit de se venger. Fu Sheng
sombre dans la folie et c'est Gordon Liu
qui va devoir combattre les infâmes
traîtres. Fu Sheng est décédé durant le
tournage, d'où ce recentrage de l'intrigue et
ce curieux film hommage. Liu échoue dans
un temple mais il ne peut devenir moine et
va devoir montrer toute sa détermination et son courage, allant jusqu'à se raser la tête au sang
avant de se marquer des trois points en utilisant des bâtons d'encens brûlants.
Vient alors la scène mémorable du combat à l'entraînement des moines contre des sculptures
en bois représentant de féroces loups. Gordon Liu va utiliser et perfectionner sa technique du
bâton pour triompher de l'épreuve.

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Malgré cette intermède, Liu ne peut trouver la voie de la paix intérieure et seule la vengeance
pourra apaiser son esprit. Un final qui verse dans la violence pure, avec des effets gore certes
un peu outrés mais néanmoins secouant: dents arrachées à coups de bâton ou plantées sur un
crâne, corps brisés et ensanglantés par les coups, etc.
Alors que la plupart des œuvres de Liu Chia-liang sont pures, dénuées de violences et
orientées vers la comédie, l'optimisme et la philosophie apaisée (voir les sentences de
Challenge of the Masters), ce métrage surprend. Peut-être influencé par la mort de son ami Fu
Sheng, le cinéaste se lance dans un déchaînement de barbarie sanguinaire.
Tourné dans des décors de studios typiques, le métrage se permet quelques scènes dont
l'aspect outré et théâtralisé à l'extrême passe assez mal. Mais ce ne sont que de menus défauts
et l'ensemble enterre, par son énergie et sa puissance, la plupart des kung fu de la même
époque. Les combats deviennent plus rapides, plus aériens et plus violents au fur et à mesure
du métrage pour culminer sur un affrontement final totalement monstrueux qui demeure un
des plus grands moments de toute l'histoire du cinéma martial.

Construit sur un scénario habile mais simple, traversé de combats extraordinaires et d'une
violence bien réelle, Eight Diagram Pole Fighter constitue une grande réussite d'un grand
cinéaste. Sanctionné par un échec commercial totalement injuste (mais prévisible en 1984,
époque du triomphe de la comédie kung-fu lancée par Jackie Chan), il fut responsable de la
chute définitive de la Shaw Brothers. Dont il reste pourtant, sans doute, le dernier chef
d'œuvre incontestable.

L'inEVITABLE PAGE 69 -RATED X

STORY OF JOANNA
Ecrit, produit et réalisé par Gérard Damiano d'après Histoire d'O de Pauline
Reague / USA / 1975 / Scherzo (VHS)
Avec Jamie Gillis (Jason), Terri Hall (Joanna), Zebedy Colt (Griffin), Juliet
Graham (Gena)

Jason, un riche aristocrate décadent se meurt d'un cancer incurable. Il


conclut un pacte avec Joanna, une jeune femme qu'il a séduite. Durant
quatre jours elle lui appartiendra complètement et se soumettra à ses
moindres désirs. Ensuite…
Story of Joanna est considéré comme le plus beau des pornos. Encore
une fois il faudrait davantage parler ici d'érotisme explicite tant le résultat s'éloigne
radicalement de la médiocrité dans laquelle se complait le genre depuis la suprématie des
tournages vidéo. Gérard Damiano est sans doute un des rares véritables auteurs et cinéastes du
hard et chacun de ses films constitue une belle réussite. Mais celui-ci est souvent présenté
comme son chef d'œuvre absolu. La qualité de l'interprétation y est pour beaucoup: Jamie
Gillis y est impreccable et totalement convaincant, de même que Terri Hall, jeune femme
innocente à la recherche d'un amour éternel ("Ne peut on espérer l'amour?" demande t'elle.
"Non. Si tu attends de moi que je t'aime en retour tu me fais perdre mon temps" repond Jason)
Le cinéaste adapte en fait le classique Histoire d'O sans en payer les droits mais en s'inspirant
de la trame générale et, surtout, en capturant la substance de l'œuvre littéraire. Une manière

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intellectuelle de travailler pas si étonnante de la part d'un type qui a quand même transformé un
essai de Sartre en classique du X avec L'Enfer pour Miss Jones.
L'histoire se déroule au début du vingtième siècle, dans des
décors luxueux et décadents et l'ensemble ressemble à un ce FILMOGRAPHIE DAMIANO
qu'un porno devrait être: un film, un vrai. Avec des
mouvements de caméra étudié, une science consommée du
montage, des dialogues qui n'hésitent pas à verser dans la
philosophie sans sombrer dans le ridicule ("dommage qu'elle
doive mourir au sommet de sa beauté" déclare un Jason que
l'on ignore encore condamné en froissant une rose), une
véritable intrigue et une progression terminée par une 1994 Naked Goddess 2
révélation cruelle et ironique avant une fin abrupte et 1993 1992
Naked Goddess
Le Professoresse di sessuologia applicata
inoubliable. Damiano, en somme, 1991 Buco Profondo
réalise une superbe histoire d'amour 19911991
Just For The Hell Of It
Manbait 2
fou, un vrai mélodrame flamboyant 1991 Manbait / The Last Couple
et baroque ponctué de scènes 1989 1989
Dirty Movies
The Perils of Paula
splendides. Et de passages 1989 Splendor In The Ass
pornographiques. Lesquels sont 1989 1988
Jeunes Filles et Jeans Serrés
Sugar, Candy's Little Sister
d'ailleurs peu porté sur les gros plan 1988 Ruthless Women
et autres détails "gynécologiques" 1987 1987
Craving
Future Sodom
et crus pour favoriser l'érotisme. Un 1987 Lessons In Lust
critique a dit jadis très justement 1987 1985
Ultra Sex
Gorge Profonde 2
que ce film était tellement riche 1983 The Devil In Mister Jones
qu'il aurait pu se passer de tous 1983 1983
Night Hunger
Return To Alpha Blue
éléments coquins. C'est vrai. Il a 1982 Consenting Adults
aussi ajouté que Story Of Joanna 1982 1981
Never So Deep
Beyond Your Wildest Dreams
était à ce point érotique que 1981 Prisoner Of Pleasure
Damiano aurait put se passer de 1981 1979
The Satisfiers of Alpha Blue/
Fantasy
tout scénario. C'est vrai aussi. 1979 For Richer For Poorer / Midnight Blue
Le cinéaste à choisi la voie la plus casse-gueule: réussir un 1979 1978
Skin Flicks
Meat Ball
grand classique érotique et émouvant qui n'a pas à rougir 1977 Joint Venture / Erotic Olympics
devant bien des films dits "conventionnels". 1977 Odyssey - The Ultimate Trip
1977 The Enema Bandit / Water Power
Bercé par une musique classique et une nouvelle partition qui 1976 Legacy Of Satan
s'inspire d'œuvres connues, les scènes sexy vont de la 1976 1975
Let My Puppets come
Story Of Joanna
tendresse à la brutalité. Mais ne sombrent jamais dans la 1974 Bottoms Up / The Magical Ring
vulgarité. Belles, perverses, variées (flagellations, fellation 1974 Psychoses & Fantasmes Sexuels de Miss
Aggie
homosexuelle - incroyable dans un X non gay - duo lesbien, 1974 Portrait
etc.), elles sont érotiques à souhaits. Mais le grand exploit du 1973 L'Enfer pour Miss Jones
1973 Meat Ball
cinéaste est de garder l'attention du spectateur autant, sinon 1972 Deep Throat / Gorge Profonde
plus, lors des passages purement dramatique. Ou lors de 1969 We All Go Down
moments étranges et envoutants comme la danse acrobatique,
les envolées majestueuses de l'Adagio d'Albinoni ou les rêveries érotiques bizarrement
sensuelle de Joanna.
Il est évident que ce film témoigne d'une époque révolue (même Rêves de Cuir de Francis
Leroi, bel exemple de cinéma érotique hard, ne se hisse pas à un tel niveau d'excellence) que le
X ne pourra jamais retrouvé.
Heureusement, il nous reste ce métrage (et une petite poignée d'autres porno chic) pour nous
prouver que qualité, langage cinématographique travaillé, drame, érotisme et pornographie
explicite ont, un jour lointain, cohabités harmonieusement.

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TABLEAU DE COTATION DES FILMS TRAITES DANS CE NUMERO

TITRE NOTE
A Man Called Hero 2 SYSTEME DE NOTATION
0 = Irregardable
Amazonia 3
1 = Très Mauvais
Cabin Fever 4 2 = Mauvais
Cannibal Ferox 5 3 = Moyen
Cannibal Holocaust 5 4 = Bien
Cannibalis 5 = Très Bien
3
6 = Chef d'oeuvre
Cauchemar 2
Cripple Avengers 5 Pour de plus amples renseignements sur
El Chuncho 4 le cinéma asiatique,
Fantom Kiler 3 1 visitez également mon site:
http://asia.cinemaland.net
Fascination 4
Flying Daggers 2
Frankenstein rencontre le Loup Garou 5
Holy Flame of the Martial World 5
Hong Kong Connection 3
Keoma 5
et aussi
La Guerre des Clans 5
La légende du Lac 4
La revanche de Samson 5
Le Complot des Clans 5
Le Dernier Monde Cannibal 4 ou encore
Le Loup Garou 5
Le Monstre de Londres 3
Le Tigre de Jade 4
L'Empereur et l'Assassin 4
Les 8 Diagrammes de Wu Lang 5
Les Arts Martiaux de Shaolin 5
Les Guerriers du Bronx 2 PROCHAIN NUMERO
Les Guerriers du Bronx 2 4 AU MOIS DE
Ma Femme est un Gangster 2 2
Mondo Cannibal 1 SEPTEMBRE 2005!!!!
Moon Warriors 4
Sentimental Swordsman 4
Le Sabre Infernal 4
Shaolin Dolemite
She Wolf Of London
Sœurs de Glace
2
3
3
FrédéricPizzoferrato
Story of Joanna 5
Terreur Cannibale 1
Virus Cannibal 3

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