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Correspondance avec

Vasile Lovinescu, René


Guénon, non publié, 1934-
1940
p. 41

Le Caire, 10 mars 1938

 
     Cher Monsieur,
 
     
 
     J’ai
répondu ces jours derniers à M. Vâlsan ; mais voilà qu’aujourd’hui il arrive encore
quelque chose de nouveau : une troisième lettre recommandée d’Avramescu, qui
naturellement se plaint fort de mon silence, et qui déclare qu’il ne me récrira plus s’il
n’obtient pas de réponse cette fois ; espérons-le ! – Mais ce qu’il y a de plus intéressant dans
sa lecture est ceci : il paraît que D. lui a dit que je
l’ai traité de “farceur” dans plusieurs des
lettres que je vous ai écrites, et aussi, de plus, que je vous ai écrit “qu’il faudrait faire tout le
possible pour l’empêcheur (Avramescu) de s’intéresser à l’ésotérisme”. Or je n’ai rien écrit
de tout cela ; alors, je me demande
plus que jamais qui, de D. ou d’Avramescu, est le plus
   
menteur ! Il y a
une seule chose exacte dans ce que D. a dit : c’est la réflexion que je
vous ai
faite (ou à M. Vâlsan, je ne sais plus exactement) au sujet de la note “comminatoire” insérée
dans le n° 2 de “Memra”… Quoi qu’il en soit, je vous prierai très instamment de ne plus
communiquer à D. rien
de ce que je vous écris (à part ce que je vous ai demandé de lui dire

de ma part, bien entendu), puisque je vois qu’il n’a rien de plus pressé
que d’aller le
rapporter à Avramescu en le déformant et en y ajoutant ses propres inventions. Pourtant, si je
n’ai pas traité Avramescu de “farceur”, D., lui, l’a traité d’“escroc” tout au long de la lettre

qu’il m’a écrite… grâce à l’adresse qu’il s’est fait donner par lui ! À mon avis, les deux
personnages se valent à peu près, et c’est bien pourquoi je pense que le mieux est de les tenir
à distance aussi bien l’un que l’autre ; autrement, il n’y aurait aucune raison pour qu’on

arrive jamais à voir la fin de tous ces racontars plus que déplaisants…
 
     En hâte, avec mes sentiments les meilleurs.

René Guénon

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