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Julien DABIRÉ
Cours : DROIT CIVIL
Séance 1 : 02/11/2010
La matière revêt 2 parties :
- Les personnes et les incapacités
- La famille
Bibliographie
Atias, droit civil, les personnes et les incapacités, Paris, PUF, 1985
Jean Carbonnier, droit civil, tome 1, Introduction, les personnes, les biens, Paris,
PUF, 1980
Jean Carbonnier, droit civil, tome 2, la famille, les incapacités, Paris, PUF, 1983
Gérard Cornu, droit civil, introduction, les personnes, les biens, Paris,
Montchrestien, 1984
Gilles Goubeaux, droit civil, les personnes, les incapacités, Paris, LGDJ, 1989
Philippe Malaurie et Aynes, droit civil, les personnes, les incapacités, 3ème édition,
Paris,
Defrenoy, 2007
François Rigaux, la protection de la personne et de la vie privée, Université
Catholique de
Louvain, 1989
François Terré et Dominique Fenouillet, droit civil, les personnes, la famille, les
incapacités,
-1-
Paris, Dalloz, 1996, 2005.
Code des Personnes et de la Famille (CPF)
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Introduction
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Première partie : Les personnes et les incapacités
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Titre 1 : Les personnes physiques
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Chapitre 1 : L’existence de la personnalité Il s’agit d’une part
de déterminer qui peut être une personne, et d’autre part, de fixer la durée de cette
personnalité.
Depuis l’abolition de l’esclavage en 1848 et la suppression de la mort civile
en 1854, tout être humain est une personne. De tous les êtres physiques, seul l’être
humain est une personne.
1. La naissance accomplie
Selon cette condition, tout enfant qui se trouve encore dans le sein de sa
maman n’est pas une personne. Il ne le devient que lorsqu’il a une existence
autonome par rapport à la mère. Sont donc des personnes, les enfants déjà nés.
Toutefois, cette exigence est assouplie par le principe général de droit qui fait
remonter la naissance de l’enfant à sa conception, toutes les fois qu’il y va de son
intérêt.
Infans conceptus (exception). Exemple
:
- Ainsi, l’enfant conçu peut acquérir des droits (article 2, alinéa 2 du
CPF)
- L’enfant conçu peut succéder (article 711, alinéa 2 du CPF) - De
même, l’enfant conçu peut recevoir à titre gratuit entre vifs ou par
testament s’il est conçu au moment de la donation où à l’époque du
décès du testateur (article 885, alinéa 1 du CPF).
Pour déterminer la date de conception, l’article 424 du CPF, fixe d’abord
une période légale de conception qui va du 300ème au 180ème jour avant la date de
naissance.
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Cf. dessin
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2. L’enfant vivant
Pour être une personne, il ne s’agit pas de naître. Il faut être vivant. En
conséquence, le mort né n’est pas une personne. La jurisprudence et la doctrine
disent que l’enfant est né vivant lorsqu’il a respiré une fois.
Observation :
Certaines législations requièrent une autre condition qui est d’être viable.
Mais c’est une condition qui est toujours présumée et qui n’est pas retenue par le
législateur burkinabè.
La condition de vie confère en fait la personnalité juridique. En effet, la
simple conception permet d’acquérir une personnalité anticipée, mais cette
personnalité est partielle car elle permet seulement d’acquérir des droits (toutes les
fois qu’il y va de l’intérêt de l’enfant). Cette personnalité est provisoire car les
droits acquis pendant la conception ne sont consolidés que si l’enfant naît vivant.
Et cette condition est confirmée par l’article 2, alinéa 2 du CPF et l’article 832,
alinéa 4 du CPF. Ce dernier dispose que : « si parmi les successibles se trouvent
un enfant simplement conçu, le partage est suspendu jusqu’à la naissance. »
Dans certaines circonstances, il est impossible de dire que telle personne est
vivant ou est décédée. Il se lève alors un doute sur la personnalité juridique. La loi
a prévu 2 régimes qui aboutissent à la fin progressive de la personnalité juridique
tout en aménageant les conséquences d’un éventuel retour. On note 2 régimes : il
s’agit de l’absence et de la disparition.
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L’absent en droit est la personne dont le manque de nouvelles rend son existe
incertaine. Un mystère entoure son existence. Rien n’autorise à croire qu’il est
décédé. Mais le silence plus ou moins long de sa part suscite des inquiétudes. La
loi organise alors la protection de ses intérêts, suivant une procédure qui doit
conduire à la disparition totale de sa personnalité. Trois étapes sont à noter dans
cette procédure :
- La présomption d’absence
- La déclaration d’absence - La déclaration de décès
1. La présomption d’absence
Cette étape permet de constater par voie judiciaire l’inquiétude résultant du
défaut de nouvelles. La procédure ne peut être engagée que lorsqu’il se sera écoulé
au moins un an depuis les dernières nouvelles.
Une requête doit être adressée au tribunal civil du dernier domicile par tout
intéressé ou le ministère public.
Une requête est communiquée au parquet qui diligente une enquête sur le
sort de l’intéressé.
A la réception de la requête, le tribunal prend les dispositions pour
sauvegarder les intérêts de la personne. Il désigne alors un administrateur
provisoire chargé de gérer le patrimoine de l’intéressé. Celui-ci établit un
inventaire qu’il dépose au greffe du tribunal. Il a pouvoir de faire des actes
conservatoires et des actes d’administrations. En cas d’urgence, il peut autorisé par
le juge à poser des actes de dispositions aux conditions fixées par ordonnance. S’il
y a des enfants mineurs, ils sont placés sous tutelle à défaut de parents vivants et
aptes à exercer l’autorité parentale.
Après un an, depuis le dépôt de la requête, et suivant les résultats de
l’enquête, le tribunal rend un jugement déclaratif de présomption d’absence. La
personne est alors présumée absente.
2. La déclaration d’absence
Lorsque deux années se sont écoulées, depuis le jugement déclaratif de
présomption d’absence et si le défaut de nouvelles se prolonge, le tribunal peut
rendre un jugement déclaratif d’absence. La personne est alors absente. Du point
de vue conséquence, l’administrateur provisoire sera autorisé à faire des actes de
dispositions à titre onéreux. Mais les aliénations amiables doivent être autorisées
par le président du tribunal.
Sur le plan personnel, le conjoint peut demander le divorce pour cause
d’absence.
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3. La déclaration judiciaire de décès Le tribunal qui a déclaré l’absence
peut être saisi par tout intéressé d’une demande en déclaration de décès. Mais
cette action ne peut être exercée que lorsqu’il sera écoulé 10 ans depuis les
dernières nouvelles. Une enquête complémentaire est alors diligentée par le
parquet, et au vue des résultats, le tribunal décide.
Cf. dessin
Le jugement déclaratif de décès produit tous les effets de droit. Il est transcrit
su les registres de décès du dernier domicile, et mention est faite en marge de l’acte
de naissance et de l’acte de mariage s’il y a lieu. Le décès est déclaré au jour du
jugement. L’administrateur provisoire rend compte de sa gestion aux héritiers.
Le conjoint devient veuf ou veuve. La succession s’ouvre au dernier
domicile de l’intéressé.
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Ce régime comporte une seule étape, la déclaration de décès. La procédure
peut être déclenchée d’office ou à la demande de tout intéressé par le procureur du
Faso. Le Tribunal compétent est celui du lieu de disparition si la disparition a lieu
au Burkina Faso. Dans le cas contraire, le Tribunal civil de
Ouagadougou est compétent. Lorsque plusieurs personnes ont disparu lors d’un
même évènement, une requête collective peut être formulée. Le tribunal peut
requérir une enquête administrative sur les circonstances de la disparition s’il
estime que le décès n’est pas suffisamment établi, et, aux vues des résultats, il
déclare ou non le décès.
Du point de vue des effets, le décès est déclaré au jour de la disparition et à
défaut suivant les circonstances de la cause. De même, le lieu de décès est fixé en
tenant compte des circonstances. Le jugement qui tient lieu d’acte de décès est
transcrit sur les registres de l’état civil du lieu réel ou présumé de décès, et à défaut
sur les registres du dernier domicile du disparu. Mention est faite en marge des
actes de naissance et de mariage s’il y a lieu.
Quant aux conséquences d’un éventuel retour du disparu, elles sont
identiques à celles du retour éventuel de l’absent après le jugement déclaratif de
décès.
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Chapitre 2 : La protection de la personne
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pénal dans sa mise en œuvre. Ainsi, par exemple, le médecin est tenu de requérir
le consentement exprès du patient pour pratiquer une intervention chirurgicale.
Une représentation peut être nécessaire à moins qu’il y ait urgence.
Principe de l’inviolabilité du corps humain: noli me tangere (ne me touche
pas).
Ce principe de l’inviolabilité du corps humain oppose le droit civil au droit
public dans la protection de la personnalité, et à plusieurs circonstances, le droit
public autorise certaines atteintes. Ainsi, le droit pénal permet aux autorités
légitimes de faire subir au condamné des atteintes parfois irréversibles (la prison,
les mutilations, la flagellation, la lapidation, la peine de mort).
Dans l’intérêt général, le droit médical autorise parfois le dépistage forcé
de certaines maladies contagieuses ou endémiques, et peut imposer la vaccination.
Dans la recherche de la vérité judiciaire, les mesures d’instruction
permettent de soumettre les parties à des expertises médicales, lorsque le juge
estime que cela est nécessaire à la manifestation de la vérité.
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Personne ne définit la vie privée de façon satisfaisante. On se réfère très
souvent à des éléments plus ou moins pertinents. Pour certains auteurs, c’est le
droit de vivre sa propre vie avec le minimum possible d’ingérence extérieure. L’on
s’accorde toutefois pour établir une hiérarchie des éléments constitutifs de la vie
privée.
Les principaux sont les éléments qui touchent à la personne même de
l’individu, notamment son identité, son origine raciale, sa santé, son intimité
corporelle, les mœurs et les informations génétiques.
Viennent ensuite les éléments intéressant la vie sentimentale, conjugale, le
domicile, les convictions philosophiques ou religieuses, et le droit à l’image.
La vie professionnelle et l’état de fortune constitueraient une troisième
catégorie.
Sur le plan législatif, en dehors de l’article 6 de la constitution, la loi
n°10/2004/AN du 20 avril 2004, organise la protection des données à caractère
personnel, et elle donne en son article 2, la définition de données à caractère
personnel.
La protection concerne toute personne, avec des assouplissements en ce qui
concerne la vie professionnelle ou la vie publique.
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A. Définition
Le Droit à l’image peut être défini comme la prérogative reconnue à toute
personne de s’opposer à ce que le tiers non autorisé, reproduise et à plus forte
raison diffuse son image.
Le Droit à l’image s’oppose au Droit de l’image qui est le droit d’utiliser
l’image dont on n’est pas le créateur.
Il s’oppose aussi au Droit sur l’image qui est le droit pour le titulaire
d’exploiter financièrement l’image.
Il en résulte que le Droit à l’image comporte 2 aspects :
- D’abord, la reproduction ou capture de l’image qui se réalise par tout moyen
permettant de fixer l’image d’autrui : photographie, dessin, caricature,
sculpture, peinture.
- D’autre part, la diffusion ou l’utilisation de l’image.
Dans l’un et l’autre cas, le consentement du model est requis, et ce
consentement est donné au cas par cas et suivant les spécifications du model ou de
l’intéressé.
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- D’abord, en cas d’exploitation commerciale de l’image. Il arrive ainsi de
l’utilisation à des fins publicitaires de l’image de célébrité. Le destin
économique de cette image la dissocie de la volonté de protéger l’honneur
ou la vie privée du modèle. Un contentieux ne peut que être fondé sur un
intérêt matériel.
- Ensuite, le détournement de l’image. L’on se fonde sur la destination initiale
de l’image, mais le détournement de l’image de sa destination, soit aux
moyens de trucages, soit aux moyen de montages, remet en cause la
protection de la vie privée ou de l’honneur. Le montage est défini comme
l’assemblage de pièces différentes en vue d’obtenir un ensemble cohérent
selon l’intention de l’auteur. En Droit de l’image, c’est la modification d’un
enregistrement visuel (clichés), en vue de le transformer par addition,
suppression, coupure, introduisant un état de discontinuité, ou de
combinaison avec un autre enregistrement. L’effet recherché est d’aboutir à
un élément en apparence unique, mais qui ne correspond pas à la réalité.
Ce procédé est sanctionné par l’article 372 du Code pénal (CP), lorsqu’il
n’est pas fait mention qu’il s’agit d’un montage.
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l’image. Mais dans certaines circonstances, le consentement sera présumé. A cela
s’ajoute la tolérance, et les cas où l’image est réalisée au vu et au su de l’intéressé.
On 3 hypothèses dans lesquelles se consentement sera présumé.
- L’image doit être réalisée dans un lieu public. Selon la Cour de cassation
française, le lieu public est un lieu accessible à tous, sans autorisation
spéciale et de quiconque, que l’accès en soit permanent ou subordonné à
certaines conditions d’heures ou de cause déterminée. On distingue
généralement 3 types de lieu public :
Le lieu public ordinaire ou par nature : la voie publique, les marchés et par
extension les lieux de cultes.
Il y a ensuite, le lieu public par destination dont l’accès est soumis à
certaines conditions. Il s’agit des lieux de manifestations publiques (salles
de spectacles : la maison peuple).
Enfin, les lieux publics accidentels qui sont les lieux que les circonstances
obligent à ouvrir au public. C’est le cas de la résidence lors des
manifestations familiales.
- Le cadrage ne doit pas être restrictif, c'est à dire que la personne ne doit pas
être individualisé sur une photo prise en public.
- La publication de la photo ne doit pas constituer une atteinte à la vie privée.
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C. L’image d’une personne publique
L’utilisation de l’image d’un homme public (star, homme politique,
mannequin) ne nécessite pas son consentement exprès, tant que l’image est
réalisée dans le cadre de sa vie publique. Par exemple, lors d’une réunion politique
ou lorsque l’artiste se produit.
Chapitre 3 : L’identification des personnes
Section 1 : Le nom
C’est l’appellation servant à désigner une personne. Tous les droits ont
connu le nom en tant que moyen d’identification. Actuellement, le port du nom est
une exigence légale car apparaissant comme un facteur de sécurité. Le nom se
compose de plusieurs éléments, et au regard de son importance, il bénéficie d’une
protection.
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Le nom de famille est attribué en fonction de l’état de la famille auquel on
appartient, et la loi requiert que toute personne en venant au monde ait un nom.
Le CPF a retenu que ce sera le nom du père. Acquisition
par la filiation
- Si l’enfant est né dans le mariage, il prend le nom du père, c'est à dire le
mari de sa mère. La même règle est appliquée à l’enfant légitimé (enfant né
avant le mariage de ses parents) cf. article 36 du Code civil.
- Lorsque l’enfant est né hors mariage, il lui est appliqué le principe
chronologique de la filiation, et l’article 38 prévoit que l’enfant porte le nom
filiation est établit à l’égard de ses père et mère, l’enfant porte le nom du
père, article 37, alinéa 1. Par contre, si la filiation est établie à l’égard du
père en second lieu, l’enfant peut conserver le nom de la mère si ses père et
mère fond une déclaration conjointe devant le président du tribunal
de celui des parents à l’égard duquel la filiation est établie. Si la civ&il. Si
l’enfant est âgé de plus de 15 ans, son consentement personnel est requis.
- Dans la filiation adoptive, il faut tenir compte de la nature de l’adoption.
En cas d’adoption simple, l’enfant conserve son nom d’origine. Mais sur
demande de l’adoptant, le juge peut décider que l’enfant portera le nom de
l’adoptant (article 494). En cas d’adoption plénière, l’enfant prend le nom
de l’adoptant. S’il s’agit d’une adoption conjugale, il est traité comme un
enfant né dans le mariage. Si l’enfant est adopté par une femme mariée, elle
peut obtenir l’autorisation de son mari que l’enfant porte son nom, celui du
mari. Et si ce mari est décédé, le juge décide après avis des héritiers (article
486).
Acquisition par la voie administrative
- Pour l’enfant dont la filiation n’est établie à l’égard d’aucun de ses parents
(enfant trouvé ou enfant abandonné), il appartient à l’officier d’Etat civil
de lui trouver un nom, et ce nom doit être choisi parmi les noms usuels du
Burkina, conformément à la tradition au Burkina.
N.B. : Pour la femme mariée, le mariage ne lui fait pas acquérir le nom de
son mari. Elle conserve son nom, mais il n’est pas dérogé à la tradition selon
laquelle elle use du nom de son mari dans la vie civile. Et elle conserve cet usage
tant que le mariage n’est pas dissout et jusqu’à son remariage en cas de veuvage.
En cas de divorce, elle peut conserver l’usage du nom de son mari avec
l’autorisation de celui-ci ou sur décision judiciaire, si elle démontre un intérêt
particulier.
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II. Le prénom ou les prénoms
Le surnom :
C’est une création du public. Appelé aussi sobriquet, il n’est ni donné par les
parents, ni choisi par l’intéressé. Il ne peut figurer sur les actes d’Etat civil. Mais,
il peut être porté sur les actes administratifs, précédé du mot "dit"
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Paragraphe 2 : Le régime du nom
Le nom a une double nature. C’est d’abord une obligation, puisque selon
l’article 31, alinéa 1 : « toute personne doit avoir un nom patronymique ou nom de
famille, et un ou plusieurs prénoms ». En effet, le nom apparaît comme une
institution de police dans la mesure où il permet une bonne administration de la
Cité. Le nom est un droit subjectif à caractère extrapatrimonial, car considéré
comme un élément de l’état des personnes. En tant que droit subjectif, il est ouvert
au porteur d’un nom, certaines actions permettant d’en assurer la protection.
Exemple : action en rectification, qui permet de corriger l’orthographe, l’action en
usurpation, qui permet d’interdire à autrui de porter ou d’user irrégulièrement de
votre nom, et l’action en opposition de nom, qui permet d’interdire à autrui de
porter le même nom.
Au plan commercial et artistique, on peut autoriser l’utilisation de son nom
sous réserve de préserver l’intérêt de la personne.
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statue suivant les réquisitions du ministère public. La décision qui autorise le
changement est publiée dans un journal d’annonces légales, et au journal officiel.
Il est transcrit aussi sur le registre de l’état civil de l’intéressé, de son conjoint et
de ses enfants. Lorsque le changement concerne le patronyme, la décision produit
un effet collectif, c'est à dire qu’elle profite aux enfants mineurs et à la femme.
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Section 2 : Le domicile
I. La notion
I. La détermination du domicile
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- Le domicile légal qui est impérativement fixé pour certaines personnes par
la loi. Par exemple : les époux sont domiciliés à la résidence familiale ; les
mineurs sont domiciliés chez leurs parents ou chez celui qui exerce le droit
de garde. Le majeur sous tutelle est domicilié chez le tuteur.
Pour d’autres personnes, on s’attache à la profession ou au mode de vie.
C’est le cas des commerçants, des industriels, des fonctionnaires, ou encore des
officiers publics. Pour les nomades, ils sont réputés être domiciliés dans le ressort
des circonscriptions administratives où ils circulent habituellement.
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II. L’importance du domicile
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Section 3 : L’état des personnes
Paragraphe 1 : Généralités
Selon le langage courant, l’état d’une chose est la manière d’être de cette
chose dans ce qu’il y a plus ou moins durable. Pour une personne, cela peut être
l’état de santé, mais aussi d’autres éléments physiques.
En droit, l’état d’une personne est l’ensemble des qualités qui fixent la
situation de l’individu dans divers groupes sociaux auxquels cette personne
appartient, et qui la différencie des autres au point de vue de la jouissance et de
l’exercice des droits civils.
Au sens juridique donc, l’état civil d’une personne, c’est la situation de la
personne au regard du droit civil et particulièrement sa situation au sein de la
famille. Il est constitué des grands évènements qui marquent la vie humaine, dont
la naissance et le décès sont les principaux évènements. A l’intérieur, d’autres
évènements peuvent affecter cette étape.
L’état civil désigne aussi le mécanisme par lequel ces différents évènements
sont constatés. Il désigne enfin le service chargé de constater ces évènements.
L’état civil détermine la capacité des personnes sur le plan juridique. C’est selon
son état que l’on peut acquérir des droits (la capacité de jouissance). C’est en raison
de son état que l’on peut mettre en œuvre les droits dont on est titulaire.
L’état civil provient de 3 sources :
Les faits juridiques tels que la naissance, la mort, la
prescription fait juridique qui résulte par le simple
écoulement du temps, la filiation.
Les actes juridiques tel s que le mariage.
Les décisions de justice telles que le divorce, l’adoption.
L’état est protégé d’abord par ses caractères. En effet, les règles y relatives
sont d’ordre public. De même, l’état d’une personne est indisponible, c'est à dire
qu’il ne peut faire l’objet de renonciation, il n’est pas transmissible, et il est
inaliénable.
Enfin, l’état des personnes est protégé par les actions d’état, qui sont des
actions personnelles, imprescriptibles, et intransmissibles, sauf décès du titulaire
en cours d’instance. On retient 2 types d’action :
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Les actions constitutives d’état : elles permettent de
créer un état nouveau, et généralement, elles
conduisent à la modification d’un état antérieur.
Exemple : le divorce, l’adoption.
Les actions déclaratives d’état : dont l’objet est de faire
constater un état préexistant. Cette action se subdivise
en 2 : l’action réclamation d’état, qui permet de faire
reconnaître un état que l’on paraît ne pas avoir ; et
l’action en contestation d’état qui permet de nier à
autrui un état qu’il paraît avoir.
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Paragraphe 2 : L’organisation de l’état civil
En termes d’état civil ici, il s’agit du service chargé de l’enregistrement des
évènements concernant un individu. Il est organisé en registre et en centre.
Certains centres sont situés sur le territoire national, tandis que d’autres sont
à l’étranger. L’article 61 du CPF distingue 2 types de centres : les centres
principaux et les centres secondaires.
Les centres principaux sont situés dans les chefs lieu des départements et des
communes. Mais aujourd’hui, avec la communalisation intégrale du pays, ces
centres principaux sont constitués des mairies, situées aux chefs lieu des
communes urbaines et rurales.
Constituent les principaux centres : les représentations diplomatiques et
consulaires situées à l’étranger. En effet, l’article 58 du CPF prévoit que tout acte
d’état civil burkinabè dressé en pays étranger sera également valable, s’il a été
établi conformément à la loi par les agents diplomatiques ou consulaires établis à
cet effet. Cette habilitation est accordée par le décret du 27 août 1963, qui confère
aux représentations diplomatiques ou consulaires, les attributions en matière d’état
civil.
N.B. : Le Burkina Faso reconnaît aussi les actes d’état civil dressés sur le
territoire national pour des étrangers, par des agents diplomatiques et consulaires
régulièrement accrédités.
Les actes dressés à l’étranger pour des burkinabè sont valables s’ils ont été
établis conformément à la loi du pays.
Quant aux centres secondaires, ils sont situés dans les villages, les secteurs,
les villes et communes et dans les formations sanitaires de tout genre. Ils sont
rattachés obligatoirement aux centres principaux.
Les registres sont des fascicules comportant des feuillets dont le modèle est
déterminé par arrêté du ministre de la justice. Il existe 4 types de registres : le
registre des naissances, des décès, des mariages et des actes divers. Tous ces
registres sont tenus au centre principal. Les centres secondaires tiennent seulement
les registres des naissances et des décès.
Les registres d’état civil sont tenus suivant 3 principes fondamentaux :
La reliure : ce principe découle de l’article 70 qui
prévoit que l’inscription de tout acte ou tout
évènement doit être fait séance tenante sur des
Cours de Droit civil – Droit des personnes et de la famille
Université Saint Thomas D’Aquin – FSJP 2
Professeur Julien N. DABIRE – Prise de note : MEYER Mohamadi
- 28 -
registres préconstitués, et chaque registre est formé en
double exemplaire constituant 2 originaux. Avant
l’utilisation, chaque feuillet est coté et paraphé par le
président du Tribunal de Grande Instance . Les registres des centres situés à
l’étranger sont cotés et paraphés par le président du Tribunal de Grande
Instance de Ouagadougou. La reliure évite la fraude par adjonction ou
suppression des feuillets, et le paraphe empêche la création de registre
parallèle. Le non respect de
ces formalités enlève tout caractère authentique aux registres et aux actes qui
y sont inscrits.
Le double original : chaque acte est inscrit sur deux
registres différents, constituants 2 originaux. Ils sont
tenus suivant les mêmes règles. A la fin de l’année, les
2 sont transmis au Tribunal pour vérification par le
Procureur du Faso qui transmet 1 au centre
principal(mairie…) et l’autre au greffe du tribunal civil
pour conservation. Les registres des centres situés à
l’étranger sont transmis au Procureur général près la
L’annuité : les registres sont tenus dans un intervalle d’une année civile(1 er
janvier au 31 décembre) pour les inscriptions de l’année concernée. A la fin
Cour d’appel de Ouagadougou par voie diplomatique.
de chaque année, les registres sont arrêtés et clos par l’officier d’état civil
(article 72 du CPF). L’année civile va du 1er janvier au 31 décembre.
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A. Les personnes intervenant dans la rédaction des actes
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Il procède aussi aux transcriptions. Ces dernières
consistent à reproduire sur le registre concerné, une
décision de justice ou d’un autre acte d’état civil.
Lorsqu’il s’agit de l’acte, c’est le corps qui sera reproduit, et lorsqu’il s’agit
d’une décision de justice, c’est le dispositif qui sera transcrit.
L’officier de l’état civil est chargé aussi des mentions
en marge. Il s’agit d’une référence portée en marge des
registres, à un acte qu’il supplée, un acte omis, un acte
qu’il modifie, qu’il complète, ou qu’il annule. La
mention indique sommairement la nature, le contenu,
la date et le lieu d’établissement. Ces mentions sont
faites à la dirigeante du ministère public, qui adresse
un extrait de l’acte dans les 15 jours à l’officier de
l’état civil, qui dispose à son tour de 3 jours pour
s’exécuter.
N.B. : Les jugements et arrêts rendus à l’étranger doivent être revêtus de
l’exequatur pour être transcrits
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L’acte de mariage est dressé seulement à l’occasion de la célébration du
mariage. Il est alors établi sur le champ, et signé de l’officier de l’état civil, des
époux et des témoins. Le contenu est fixé à l’article 112 du CPF.
Comme pour la naissance, tout décès doit être déclaré dans les 2 mois qui
suivent l’évènement. Cette déclaration incombe au conjoint survivant, aux
descendants et ascendants, et à toute personne possédant sur l’état civil du défunt,
les renseignements les plus exacts et les plus concrets. Les décès survenus dans les
formations sanitaires et les maisons de détention doivent être déclarés sans délai,
et inscrits sur un registre spécial. Lorsque le cadavre présente des signes de mort
violente, la déclaration de décès est faite sur la base d’un procès verbal établi par
la police judiciaire, et concernant les circonstances du décès. Le contenu de l’acte
de décès est fixé à l’article 116 du CPF.
En cas de découverte d’une personne décédée, si le corps peut être identifié,
l’acte de décès est établi quelque soit le temps écoulé entre le décès et la
découverte. Si le corps ne peut être identifié, l’acte de décès comportera son
signalement le plus complet (article 122 du CPF).le contenu est prevu a l article
120 du CPF
III. L’utilité des actes d’état civil
A. La preuve de l’état
Les actes d’état civil sont des instrumentum destinés à faire la preuve de
l’état qu’il relate. Ce sont des actes authentiques parce que dressés par l’officier
public qu’est l’officier de l’état civil. En tant que actes authentiques, ils font foi
jusqu’à inscription de faux. Mais lorsque l’on considère le contenu de ces actes, la
force probante dépend des mentions qui y figurent. Celles qui résultent des
constatations personnelles de l’officier de l’état civil font foi jusqu’à inscription de
faux. Celles qui résultent de déclarations de tiers, font foi jusqu’à preuve du
contraire.
N.B. : Les extraits et les copies intégrales des actes d’état civil revêtus de la
signature et du sceau de l’autorité compétente, font foi jusqu’à preuve du contraire
(article 98 in fine du CPF). Il en est de même du livret de famille remis à l’occasion
du mariage (article 105 du CPF).
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Elle vise a renseigné avec exactitude sur l’état d’une personne. Et pour cela,
les registres devraient être accessibles. Mais pour des raisons de conservations et
de protections des informations à caractères personnels, les registres sont
accessibles seulement à certaines personnes. Il s’agit des OPJ (Officier de Police
Judiciaire) et des agents de l’administration publique, et des magistrats chargés de
surveiller la tenue de l’état civil (article 75 du CPF).
En raison de cette limitation, la publicité est assurée par la délivrance de
copies intégrales ou d’extraits.
La copie intégrale ou expédition est la reproduction fidèle de l’acte, y
compris les mentions marginales. Elle peut être délivrée à l’intéressé, s’il est
majeur ou émancipé, aux ascendants et descendants, au conjoint et au représentant
légal, ainsi que les personnes visées à l’article 75 du CPF.
Quant à l’extrait, c’est une reproduction des mentions essentielles de l’acte.
Ils peuvent en principe être délivrés à toute personne qui en fait la demande.
La publicité est assurée par la délivrance du livret de famille à l’occasion de
la célébration du mariage. Il comporte en 1ère page un extrait de l’acte de mariage,
puis les extraits des actes de naissance des époux, et enfin, les extraits des actes de
naissances et de décès, des enfants nés dans le mariage, reconnus ou adoptés.
C’est la sanction normale des irrégularités qui entachent un acte. Mais ses
conséquences sont d’une extrême gravité (impossibilité de prouver son état).
C’est pourquoi la nullité ne sera encourue que de façon exceptionnelle.
Exemple : acte dressé en violation d’une formalité substantielle ; acte dressé
par une personne non investie des fonctions d’officier d’état civil ; double
déclaration ou déclaration d’évènements imaginaires.
En dehors de ces cas, il procédé à la rectification des actes d’état civil.
La rectification consiste à corriger les erreurs qui ont pu être constatées lors
de la rédaction des actes d’état civil. Selon les règles de rédaction, l’officier de
l’état civil n’est pas habilité à procédé lui-même aux corrections. Soit il le fait sur
instructions du responsable de l’état civil, soit il le fait sur décision de justice. C’est
pourquoi on distingue la rectification administrative de la rectification judiciaire.
Dans le 1er cas, il s’agit de corriger les erreurs ou omissions purement
matérielles (article 124 du CPF). Exemple : orthographe du nom, oubli de la
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mention du sexe ou du lieu de naissance. Dans ce cas, le Procureur du Faso donne
directement des instructions au dépositaire du registre. Celui-ci procède aux
corrections et lui rend compte de l’exécution de l’instruction.
Quant à la rectification judiciaire, elle a lieu lorsque l’acte comporte des
énonciations fausses ou sans objet, ou contient des erreurs ou omissions autres que
matérielles mais dont la réparation ne modifie pas l’état de la personne. Exemple :
erreur sur le lieu de naissance ; non indication du nom du père d’un enfant né d’une
femme mariée ; indication de la cause de décès ou encore rajout ou suppression
d’un prénom ; changement de nom ou de prénom.
Le tribunal compétent est le Tribunal de Grande Instance du lieu ou l’acte
litigieux a été dressé. Mais par simplification, compétence est donnée au Président
du Tribunal de Grande Instance qui par ordonnance peut autoriser la rectification.
Selon l’article 123, alinéa 1 : « lorsque le délai pour faire la déclaration est
expirée ou qu’il n’a pas existé de registre, ou qu’il s’est avéré impossible de
retrouver l’acte, le défaut d’acte d’état civil peut être suppléé par jugement ».
A. Le défaut d’acte
Le défaut d’acte peut résulter de 2 situations : soit parce que l’acte n’a pas
été établi, soit parce qu’on n’a pas pu retrouver l’acte, et l’article 123, alinéa 2
indique la procédure.
Le tribunal compétent est le juge civil du lieu d’établissement de l’acte qui doit
être saisi par requête.
En qualité pour agir : la personne elle-même, ses héritiers et ses légataires, ainsi
que celles qui sont autorisées à faire la déclaration de l’évènement.
La requête doit être accompagnée d’un certificat de non-inscription délivré par
l’officier de l’état civil qui aurait du recevoir la déclaration.
Lorsque le défaut d’acte résulte d’un défaut de déclaration, il est établi un
jugement déclaratif d’acte, sauf les cas où l’évènement peut être reçu aussi
longtemps qu’il doit être prouver.
Un jugement supplétif d’acte d’état civil sera nécessaire, lorsque l’état n’a
pu être constitué ou lorsque l’évènement a été déclaré à l’officier de l’état civil
qui n’a pu établir l’acte. Dans ce cas, il sera rendu un jugement supplétif d’acte
d’état civil.
N.B. : S’agissant des burkinabè nés à l’étranger, l’article 96 du CPF prévoit
qu’une transcription sera faite de ces actes, dans les registres d’une commune du
Kadiogo désigné par arrêté. Et l’arrêté 2005-002/MATD/LG du 26 janvier 2005
désigne la mairie centrale de Ouagadougou à cet effet (non fonctionnel).
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B. Le défaut de registre
Le défaut d’acte peut résulter de l’inexistence de registre, dû à sa mauvaise
tenue, ou résultant d’une perte.
La solution à ce défaut de registre est double.
D’abord, si un seul registre a disparu, le Procureur du Faso prescrit de faire
une copie d’après le registre existant, sur un autre registre qui sera coté et paraphé
par le Président du Tribunal de Grande Instance. Après vérification de la
conformité, le Procureur saisi le Président du Tribunal de Grande Instance, afin
qu’il ordonne que la dite copie tiendra lieu et place du double manquant (article
126 du CPF).
Lorsque les 2 registres ont disparu, il est procédé à leur reconstitution, et
pendant ce temps, l’article 128 du CPF prescrit de recourir à la procédure des
jugements supplétifs.
Quant à la procédure de reconstitution, elle suit certaines étapes :
Il est procédé à un inventaire, année par année, des personnes qui sont nées
décédées, ou qui se sont mariées au cours de la période considérée.
Une enquête est diligentée par le Procureur du Faso, qui doit procéder aussi à
la publicité nécessaire.
Le Procureur du Faso saisit ensuite le TGI en vue de l’établissement des actes
dont l’inexistence aura été constatée.
Ce jugement est transcrit sur 2 registres, conformément aux prescription de
l’article 70 du CPF.
Titre 2 : Les incapacités
La capacité est l’aptitude à vivre une vie juridique. Elle comporte 2 aspects
:
La capacité de jouissance, qui est l’aptitude à acquérir des droits ; l’incapacité
de jouissance serait donc une négation de la personnalité, puisque la personne
ne peut acquérir des droits. Hors, selon l’article 1er, alinéa 1 du CPF, tout
burkinabè jouit des droits civils.
La capacité d’exercice qui est l’aptitude à mettre en œuvre les droits dont on
est titulaire.
Contrairement à la capacité de jouissance, on peut être privé de la capacité
d’exercer, en tout ou en partie.
La capacité est donc une conséquence de la personnalité juridique, et
découle de l’état des personnes.
L’incapacité dont il s’agit dans le cours, concerne l’exercice des droits, et les
personnes frappées d’incapacité le sont à titre de protection. Il s’agit de prendre
des mesures de sauvegarde en ce qui concerne la gestion de leur patrimoine. Sous
cet angle, les actes de gestion sont déterminés en fonction de la lucidité de la
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personne, de l’importance du bien en cause, ou de la nature de l’acte. On distingue
alors 3 catégories d’actes de gestion :
Les actes conservatoires : ils évitent le dépérissement du patrimoine. Une
capacité ordinaire est suffisante pour les posées, parce qu’il n’engage pas le
patrimoine.
Les actes d’administration : ils visent à aménager le bien afin qu’il produise des
fruits. Ce sont des actes qui tendent à faire augmenter le patrimoine. Exemple
: donner une maison en location ; accorder un prêt à intérêt. Mais, sont
considérés actes d’administration, les actes de gestion courante conduisant
parfois à la vente de meubles d’usage courant.
Les actes de disposition : ce sont les actes plus dangereux, parce qu’ils entament
le patrimoine. C'est à dire qu’ils font sortir définitivement les biens du
patrimoine ou ils constituent un risque de sortie de ces biens. Exemple : vendre,
donner, échanger ou constituer un droit réel sur ses biens au profit d’un tiers.
En principe, tout sujet de droit bénéficie des 2 capacités. Mais, suivants les
circonstances, on peut être privé de l’une ou de l’autre. En ce qui concerne
l’incapacité d’exercice, ellel peut être générale, et elle est fréquente dans la mesure
où il s’agit de protéger la personne contre elle-même, et selon l’article 1123 du
Code civil : « Toute personne peut contracter s’il n’en est pas déclaré incapable par
la loi », et l’article 1124 donnait la liste des personnes incapables. Aujourd’hui,
c’est l’article 552 du CPF qui considère comme incapables et protégés par l’un des
régimes, les mineurs, les majeurs dont les facultés mentales et corporelles sont
altérées, ainsi que les prodigues, intempérants et les oisifs.
Il en résulte que l’incapacité d’exercice a 2 sources :
Elle peut être due à l’inexpérience de la personne à protéger, en raison de
l’insuffisance, du développement de ces facultés mentales.
Elle peut être due aussi à l’altération de ces mêmes facultés mentales.
- 36 -
Sous-titre 1 : L’incapacité des mineurs non émancipés
I. Notion de minorité
Selon l’article 554 du CPF, est mineur la personne qui n’a pas encore l’âge
de 20 ans accomplis. C’est une fiction qui permet de protéger le mineur, sensé ne
pas avoir suffisamment de discernement, de sorte qu’il s’expose à un risque
excessif dans la gestion de son patrimoine. Cependant, ce critère n’est pas
performant dans la mesure où les capacités intellectuelles se développent au fur et
à mesure, d’où la correction par l’émancipation.
II. L’émancipation
- 37 -
mère, ou le tuteur. A défaut, l’acte est nul pour défaut de capacité. Mais pour tenir
compte de l’évolution mentale du mineur, il lui est reconnu une certaine autonomie
de pouvoir lui permettant d’agir pendant sa minorité. Une telle autonomie lui est
reconnue d’abord pour des actes à caractère personnel (actes qui concernent
l’individu même dans sa personne). Exemples :
- Le mineur doit consentir à son adoption s’il est âgé de 15 ans révolus (article
474, alinéa 2 du CPF).
- Il peut contracter mariage à 15 ans pour la fille et 18 ans pour le garçon avec
des autorisations et dispenses.
- Le mineur peut intenter une action en main levée de l’opposition faite à son
mariage (article 269 du CPF).
- Il peut reconnaître seul un enfant né hors mariage.
- Le mineur peut faire une déclaration de nationalité burkinabè à partir de 16
ans, avec l’autorisation des parents, et sans autorisation s’il a plus de 18 ans
(articles 156, 160 du CPF).
- La mère mineure peut intenter une action en recherche de paternité au nom
de son enfant. Et si l’enfant est défendeur, elle doit être assignée
personnellement en tant que représentant légal.
- Le mineur non émancipé doit consentir personnellement à la conservation
du nom de la mère, lorsque ses parents font la déclaration conjointe, et s’il
est âgé de 15 ans révolus.
- 38 -
Il faut distinguer 2 cas :
- Les actes pour lesquels il reçoit pouvoir peuvent être valablement accomplis
par le mineur seul.
- Il en est de même des actes accomplis par les représentants légaux
conformément à la loi.
En dehors de ces actes, tout acte accompli par le mineur seul est irrégulier
peut être sanctionné de 2 manières :
- Les actes qui excèdent les pouvoirs de gestion de l’administrateur légal sont
frappés de nullité relative, et cette action appartient au représentant pendant
la minorité, et au mineur lorsqu’il aura atteint la majorité. Il s’agit des actes
pour lesquels le représentant légal doit obtenir une autorisation du juge de
tutelle ou du Conseil de famille. N.B. : en cas de nullité, le mineur n’est
restituable que dans la limite de ce qui lui a profité (article 1312 Code civil).
- Pour les actes dont le concours du représentant n’est pas nécessaire, ou qui
pour être accompli par le représentant sans autorisation, la sanction est la
rescision (annulation) pour lésion.
Le mineur non émancipé est protégé par 2 institutions selon qu’il est placé
dans une famille ou ne bénéficie plus de la protection de ses père et mère.
- 39 -
Chapitre 1 : L’autorité parentale
- 40 -
Section 1 : L’autorité parentale sur la personne du mineur
Selon l’article 509 du CPF : « l’enfant reste sous l’autorité de ses père et
mère jusqu’à sa majorité ou son émancipation ».
Ainsi donc, sont titulaires de l’autorité parentale, les seuls père et mère
légitime ou hors mariage ou adoptifs. L’autorité parentale est exercée sur les
enfants mineurs non émancipés, quelque soit la nature de la filiation.
I. Le droit de garde
- 41 -
reconnaît à la personne investie des prérogatives de l’autorité parentale, le droit de
surveiller les actes et les relations de l’enfant. Les parents peuvent donc choisir les
relations de l’enfant et empêcher celles qui peuvent lui être nuisibles tout en
observant le droit pour l’enfant à avoir les relations personnelles (article 16 la
Convention Internationale des Droits de l’Enfant CIDE, article 10 de la Charte
Africaine des Droits et du Bien Etre de l’Enfant CADE). Cette surveillance confère
aux parents l’obligation de veiller aux droits de la personnalité de l’enfant,
notamment le droit au respect de la vie privée, et le droit à l’image. Ils décident
aussi des traitements médicaux à administrer à l’enfant, sauf cas d’urgence.
- 42 -
III. L’éducation de l’enfant
Le CPF a été conçu dans un esprit d’égalité entre l’homme et la femme, entre
les époux et entre les parents. C’est pourquoi, l’article 293 du CPF prévoit que les
époux assument ensemble la responsabilité matérielle et morale du ménage, et
l’article 296, alinéa 1 complète qu’ils contractent ensemble par le seul fait du
mariage, l’obligation de nourrir, entretenir et éduquer leurs enfants.
Il se pose alors le principe de la coparentalité avec toutefois, la possibilité
d’un exercice unitaire, lorsque l’exercice commun est impossible, ou contraire à
l’intérêt de l’enfant.
- 43 -
Le principe de l’exercice conjoint s’applique à l’enfant né dans le mariage,
et dont les parents ne sont ni divorcer, ni séparer de corps. Sont assimilés à de tels
enfants, les enfants légitimés, et les enfants ayant l’objet d’une adoption conjugale.
Toutefois, lorsque l’adoption concerne l’enfant du conjoint, l’article 476, alinéa 1
du CPF, prévoit que l’adoptant exerce les prérogatives de l’autorité parentale
concurremment avec son conjoint.
L’enfant est soumis à l’exercice conjoint lorsqu’il est né de concubins vivant
ensemble. La communauté de vie ici fonde cet exercice conjoint, mais il est de fait.
Par contre, de façon exceptionnelle, les parents de l’enfant né hors mariage peuvent
avoir l’exercice conjoint de l’autorité parentale par une déclaration commune
devant le juge des tutelles.
- 44 -
B. L’exercice conjoint par les parents séparés
Les situations sont nombreuses, dans lesquelles un seul parent sera amené à
exercer l’autorité parentale. Mais conformément à l’article 9-3 de la CIDE, celui-
ci doit entretenir régulièrement des relations personnelles et des contacts directs
avec les 2 parents. C’est pourquoi dans certains cas, il sera aménagé un droit de
visite et d’hébergement.
- 45 -
I. Les hypothèses d’exercice unitaire
Le principe est que l’enfant né hors mariage est sous l’autorité du parent à
l’égard duquel la filiation est établie, et ce parent en a l’exercice (article 516,
alinéa 1 du CPF) et particulièrement, l’autorité parentale sera exercée par le
parent qui a la garde de l’enfant.
Les exceptions concernent l’enfant né dans le mariage. Il en est ainsi d’abord
des situations de crises conjugales, rendant impossible la collaboration entre
parents. Il s’agit du divorce, de la séparation de corps et de la nullité du mariage.
L’autorité parentale sera exercée par le parent auquel le juge confie la garde de
l’enfant. Il en est de même lorsque, l’un des père et mère, se trouve dans
l’impossibilité de manifester sa volonté. Exemple : emprisonnement, décès,
trouble mental,…
Par ailleurs, un seul parent peut être amené à exercer l’autorité parentale en
cas de déchéance de l’autorité parentale, ou en cas de délégation de l’autorité
parentale.
Né dans le mariage :
- principe = exercice conjoint
- exception = exercice unitaire
Né hors mariage :
- principe = exercice unitaire
- exception = exercice conjoint
- 46 -
doit le ramener dans les délais impartis. A défaut, il peut être privé du droit de
visite et d’hébergement, ou poursuivi au pénal pour non représentation d’enfant.
Exceptionnellement, lorsque l’intérêt de l’enfant l’exige, le juge peut
confier la garde à une autre personne, parent ou non, et aménager le droit de visite
et d’hébergement aux père et mère.
N.B. : Le juge peut être amené à modifier la garde lorsqu’il est établi, soit
par le parent non gardien, soit à la demande du ministère public, que l’intérêt de
l’enfant est en danger. En tout état de cause, les décisions concernant l’enfant sont
toujours provisoires, et elles peuvent être modifiées lorsque l’on justifie des motifs
légitimes.
D’une manière générale, les parents peuvent être sanctionnés au plan civil
comme au pénal, lorsqu’il est constaté un mauvais exercice de l’autorité parentale.
Au plan civil, ils peuvent être déchus de l’autorité parentale, ou celui qui
avait la garde peut se voir retirer cette garde. Par ailleurs, l’article 1065, modifiant
l’article 1384-4 du Code civil, retient la responsabilité solidaire des père et mère,
pour le préjudice causé à autrui, par leur enfant mineur vivant avec eux.
Au plan pénal, ils peuvent être poursuivis pour abandon d’enfant, ou
exposition, ou pour désintéressement à l’enfant.
C’est pourquoi l’exercice de l’autorité parentale est soumis au contrôle de la
puissance publique.
- 47 -
Sous-section 3 : Le contrôle de l’exercice de l’autorité parentale
Elle est prononcée par le Tribunal de Grande Instance à la demande des père
et mère, ensemble ou séparément, ou du tuteur autorisé par le conseil de famille.
Selon l’article 523 du CPF, la délégation peut être faite au profit d’une personne
physique ou morale, d’une personne digne de confiance à qui l’enfant aura été
remis. Le tribunal statue en s’assurant de la présence effective des parties et de
l’accord exprès du délégataire. Cette forme de délégation résulte d’un accord entre
les parents (délégants) et le tiers (délégataire). La convention est homologuée par
le juge qui apprécie souverainement les circonstances en tenant compte
uniquement de l’intérêt de l’enfant.
Elle résulte d’une décision du TGI à la demande d’une personne qui aura
recueilli l’enfant sans intervention des parents, ou lorsque les parents se sont
désintéressés de l’enfant pendant plus d’un an. Le tribunal prononce la délégation,
les parents entendus.
- 48 -
La délégation est toujours provisoire car elle peut prendre fin de façon
anticipée, à la demande des parents, du tuteur, du ministère public, ou du
délégataire, lorsqu’elle est devenue fâcheuse pour l’enfant, ou lorsque l’on justifie
des circonstances nouvelles. Au surplus, la délégation peut être limitée dans le
temps lorsqu’elle est volontaire, et en tout état de cause, elle prend fin à la majorité
ou à l’émancipation de l’enfant.
- 49 -
Paragraphe 2 : L’assistance éducative
L’assistance éducative consiste pour l’Etat à apporter une aide aux parents
en vue d’une meilleure éducation de leur enfant. Elle est une évolution du droit de
correction qui était reconnu au père dans le cadre de la puissance paternelle, et qui
lui permettait de faire interner l’enfant pour l’amender.
II. La procédure
Les mesures d’assistance éducative peuvent être sollicitées par les père et
mère, conjointement, ou par l’un d’eux, par le tuteur ou le gardien, ou par le
ministère public (le procureur). Le président du TGI du domicile du mineur a une
compétence exclusive en la matière. Il statue après consultation de tout parent et
de toute personne dont l’intervention paraît utile, et il décide sur la base du danger
réel de l’enfant. Il peut même ordonner d’office une enquête ou une expertise, ou
auditionner l’enfant.
- 50 -
L’assistance éducative consiste à apporter une aide à la personne investie des
prérogatives de l’autorité parentale afin d’assurer une meilleure éducation à
l’enfant. Le juge désigne alors toute personne spécialisée pour assurer cette
fonction et lui rendre compte annuellement de l’évolution de la situation de
l’enfant. 2 mesures sont alors possibles :
Le juge peut décider que l’enfant sera maintenu dans son milieu actuel, et ces
personnes bénéficient alors de l’assistance. Ce maintien peut être assorti d’une
obligation de fréquenter un établissement sanitaire ou d’éducation, ou d’exercer
une activité professionnelle.
Lorsqu’il est impossible de maintenir l’enfant dans son milieu actuel, le juge
décide alors de son placement. Par préférence, l’enfant sera confié à la garde
d’un autre proche parent (oncle, tante, grands-parents, …), et à défaut, à une
personne digne de confiance, et dans ce cas, c’est la personne qui reçoit l’enfant
qui bénéficie de l’assistance.
- 51 -
N.B. :
L’assistance éducative n’est pas une sanction contre les parents qui ne
perdent pas l’autorité parentale. Ils continuent à exercer les prérogatives qui sont
compatibles avec la mesure de placement ; et sauf circonstance exceptionnelle, il
leur est aménagé un droit de visite.
Il s’agit d’une mesure provisoire qui peut être modifiée ou rapportée suivant
l’évolution de la situation.
Les parents peuvent être déchus de l’autorité parentale dans 2 cas : soit par
jugement pénal, soit par jugement civil.
Le juge pénal peut prononcer une déchéance contre les parents auteurs,
coauteurs, ou complices d’un crime ou d’un délit commis sur la personne de
leur enfant, ou en tant que coauteurs ou complices d’un crime ou d’un délit
commis par leur enfant (article 534 du CPF). Il s’agit des cas où l’enfant est
auteur d’un crime ou d’un délit, ou victime, et dans tous les cas, avec la
participation des parents. Le juge devra prononcer expressément cette
déchéance.
Le tribunal civil peut prononcer la déchéance contre les parents qui, soit par de
mauvais traitement, soit par des exemples pernicieux d’ivrognerie habituelle,
d’inconduites notoires ou de délinquance, soit par un défaut de soins ou un
manque de direction, mettent en danger la sécurité, la santé, ou la moralité de
l’enfant (article 535, alinéa 1 du CPF). Il s’agit de sanctionner le défaut de
direction constater au niveau des parents.
- 52 -
La déchéance peut être totale ou partielle lorsqu’elle concerne tout ou partie
des attributs de l’autorité parentale. Mais, par respect des droits des parents,
l’article 536, alinéa 1 du CPF retient la déchéance spéciale.
Le parent déchu perd les attributs de l’autorité parentale sur les enfants
concernés. En cas de décès de celui qui exerce l’autorité parentale, le juge confie
la garde l’enfant à un tiers, à charge pour lui de requérir l’ouverture de la tutelle.
Le parent déchu peut obtenir la restitution des attributs en justifiant des
circonstances nouvelles, notamment lorsque la cause qui avait justifié la déchéance
a disparu.
- 53 -
Section 2 : L’administration des biens de l’enfant
Pour une 2ème catégorie d’actes, la loi exige le concours des 2 parents pour
leur validité. Ce sont les actes que le tuteur ne peut accomplir qu’avec
l’autorisation du Conseil de famille. En cas de désaccord, le parent le plus diligent
saisi le juge des tutelles
Pour une 3ème catégorie d’actes visés à l’article 545, alinéa 3 du CPF, la loi
impose outre le consentement des père et mère, l’autorisation du juge des tutelles.
Ce sont :
La vente de gré à gré d’un immeuble ou d’un fond de commerce appartenant
au mineur.
L’apport en société d’un immeuble ou d’un fond de commerce appartenant au
mineur.
L’emprunt au nom du mineur. La renonciation à un droit.
Le consentement à un partage amiable.
Elle s’applique au mineur non émancipé dont un seul parent exerce l’autorité
parentale. Par exemple, le décès d’un des père et mère, le divorce, séparation de
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corps, nullité du mariage, l’impossibilité pour un parent de manifester sa volonté
(trouble mental, éloigné, prison,…), la délégation, l’enfant né hors mariage dont la
filiation est établit à l’égard d’un seul parent, celui de la mère notamment.
Dans l’administration légale pure et simple, chacun des parents joue le rôle
de contre pouvoir dans l’intérêt de l’enfant. Lorsqu’un seul parent exerce l’autorité
parentale, le rôle du parent qui fait défaut est assuré par le juge des tutelles. En
conséquence, le parent qui exerce l’autorité parentale pourra accomplir seul les
actes que le tuteur peut accomplir sans autorisation. Pour tous les autres actes, il
doit obtenir l’autorisation du juge des tutelles.
N.B. : Dans certaines circonstances, l’administration légale sous contrôle
judiciaire peut être transformée en tutelle, et l’administration légale pure et simple,
transformée en administration légale sous contrôle judiciaire.
Remarques : En contre partie de la gestion des biens du mineur, la loi
reconnaît aux titulaires de l’autorité parentale, le droit de jouir des biens du mineur,
s’ils exercent effectivement l’autorité parentale. Sont exclus de cette jouissance
légale, les biens acquis par le travail du mineur, les biens légués ou donnés au
mineur avec une clause expresse qu’ils ne seront pas gérés par les administrateurs
légaux, et les biens recueillis par le mineur, dans une succession à laquelle
l’administrateur a été exclu pour indignité.
La jouissance légale prend fin : à la fin de l’autorité parentale, ou de
l’administration légale. Elle prend fin aussi en cas de renonciation, de décès du
bénéficiaire, ou d’abus de jouissance.
Chapitre 2 : La tutelle du mineur non émancipé
- 55 -
dont les parents sont dans l’impossibilité de manifester leur volonté. A cela s’ajoute
les cas de transformation de l’administration légale.
- 56 -
B. Le conseil de famille
Il est composé de parents, amis et alliés, et il résulte du juge des tutelles qui
doit veiller à ce que les 2 branches de parenté soient représentées, et la préférence
doit être donnée aux parents. Il comporte 4 membres dont le subrogé tuteur (3
membres plus le subrogé tuteur), mais non le tuteur, ni le juge des tutelles.
Ce conseil est présidé par le juge des tutelles.
En principe, les membres du conseil de famille sont désignés pour la durée
de la tutelle, mais ils peuvent être excusés ou déchus. Pour être membre du conseil
de famille, il faut être apte à gérer son propre patrimoine. En cours de tutelle ou au
début, les causes de récusation, de destitution, ou d’exclusion sont soumises au
juge des tutelles. Il peut en être saisi par le tuteur ou subrogé tuteur, ou un autre
membre ou le ministère public.
Le conseil de famille nomme et contrôle le tuteur ; il nomme le subrogé
tuteur, fixe les directives générales de l’éducation du pupille, et contrôle la gestion
des biens par le tuteur. En principe ses réunions sont obligatoires et peuvent être
convoquées par le juge des tutelles à la requête du mineur âgé d’au moins 16 ans,
ou par sa propre initiative. Enfin, il délibère valablement à la moitié des membres
présents ou représentés, et le président à voix prépondérante. Le tuteur et le
subrogé tuteur sont présents, mais le tuteur ne vote pas. De même, le mineur peut
assisté aux séances à titre consultatif s’il est âgé de 16 ans révolus, mais son avis
ne décharge pas les membres du conseil de leurs responsabilités. Les décisions
sont exécutoires par elles mêmes et peuvent faire l’objet de recours dans un délai
d’un mois devant le tribunal civil.
C. Le subrogé tuteur
Il est obligatoire dans toute tutelle. Il est toujours datif (désigné par le conseil
de famille) en tant que mandataire du conseil de famille. Il surveille le tuteur et
remplace le mineur en cas de conflits d’intérêts. Dans ce cas, il ne prend pas part
au vote du conseil de famille. Si le tuteur est désigné dans une ligne, le subrogé
tuteur est désigné de préférence dans l’autre ligne. En tant que surveillant, il peut
engager sa responsabilité personnelle, comme il peut engager sa responsabilité
solidaire avec le tuteur.
- 57 -
pupille, ni l’émancipation de la personne du pupille sans autorisation du conseil de
famille.
3ème catégorie d’actes : Les actes interdits au tuteur - Acheter les biens du
mineur.
- Prendre les biens du mineur à baille, sauf autorisation du conseil de famille
donnée au subrogé tuteur.
- Faire des donations au nom du mineur.
- Accepter une cession de créance contre le mineur.
- 58 -
En principe, les actes posés par le mineur en dehors de sa sphère
d’autonomie sont frappés de nullité. Et il peut exercer l’action en nullité, une fois
devenu majeur.
Cependant, les actes que le mineur peut poser seul, ainsi que ceux que le
tuteur peut poser seul, sont en principe valables sous réserve de la rescision pour
lésion (annulation pour lésion) en cas de préjudice.
2ème obligation : Déclarer ses propres créances contre le pupille. A défaut, il est
déchu de son droit.
3ème obligation : Convertir les titres au porteur en titres nominatifs dans les 3
mois de sa nomination, et déposer les fonds et titres dans un compte ouvert au
nom du pupille.
La tutelle prend fin pour des causes qui se produisent uniquement dans le
chef du pupille : majorité, émancipation, décès, …
- 59 -
ses actions en responsabilité contre les organes tutélaires, et ses actions se
prescrivent par 3 ans à compter de la majorité nonobstant une émancipation.
N.B. : L’Etat est responsable des actes du juge des tutelles sauf son recours.
La responsabilité du juge peut être engagée dans la mesure où il est amené à
prendre des décisions tout seul en cas d’urgence.
- 60 -
Sous-titre 2 : La protection des majeurs incapables
Selon l’article 628 du CPF, toute personne ayant atteint l’âge de la majorité
est capable de tous les actes de la vie civile, et cette capacité abstraite ne tient pas
compte de la situation personnelle de l’intéressé. Toutefois, pour faire des actes
valables, il faut être sain d’esprit. L’altération de la volonté est donc une cause
naturelle d’incapacité d’exercice, et la personne a besoin d’une protection.
Malheureusement, cette protection n’est pas toujours mise en œuvre pour des
raisons diverses. Il s’agit notamment de la brièveté de l’altération, de la négligence
ou de l’ignorance des personnes qui peuvent requérir la protection, ou tout
simplement le respect pour la personne à protéger.
Pour assurer une protection juridique de ces personnes, il est fait recours au
droit commun des contrats, notamment les règles relatives à la capacité. A côté de
ce régime général, il est prévu des régimes particuliers, pour certains troubles.
- 61 -
Chapitre 1 : La protection du malade mental
Ce régime est applicable à toute personne qui n’aura pas conclu dans les
conditions normales de capacité et de conscience. Il permet d’obtenir la nullité des
actes que de telles personnes pourraient poser.
Le trouble mental peut être entendu comme étant toute anomalie dans le
fonctionnement de l’esprit d’une personne. Cette altération des facultés mentales
est prise en compte quelqu’en soit la durée ou la cause. Il s’agit d’un fait juridique
dont la preuve peut être apportée par tout moyen. L’emploi de l’expression trouble
mental permet de prendre en compte les situations les plus variées.
Lorsque les 2 éléments sont prouvés, l’acte encourt la nullité, mais le juge
apprécie souverainement l’opportunité de cette nullité en ce fondant sur la gravité
du trouble. Il pourra retenir le défaut de consentement dès lors que la manifestation
de volonté n’en aura que l’apparence. Pour l’exercice de l’action, l’on retient 2
types d’actes en fonction de 2 périodes.
Du vivant de la personne à protéger, la nullité peut frapper tout acte. Il suffit
de faire la preuve des 2 éléments, et l’action pourra être intentée par la personne
elle-même, un mandataire spécial, le tuteur ou le curateur, si la personne est sous
l’un de ces régimes.
- 62 -
Au décès de la personne, la preuve et l’appréciation de l’état mental
deviennent impossibles et la nullité des actes ne sera admise qu’à certaines
conditions. D’abord, l’action pourra être intentée par ses héritiers, dans 3 cas :
- 1er cas : Lorsque l’acte fait en lui-même la preuve du trouble mental.
- 2ème cas : Lorsque l’acte est accompli pendant une période où la personne
était sous protection de la justice.
- 3ème cas : Lorsque la personne est décédée au cours de la procédure de
placement sous tutelle ou sous curatelle.
N.B. : Les donations entre vifs et les testaments peuvent toujours être
attaqués en nullité même après le décès de leurs auteurs.
- 63 -
Chapitre 2 : Les régimes particuliers de protection
C’est un régime qui s’applique aux altérations les moins graves, et surtout
dont la révision peut être envisagée. Elle concerne les majeurs visés à l’article 552-
2 du CPF. Il s’agit des personnes victimes d’altération des facultés mentales par
maladies, infirmité, ou affaiblissement dû à l’âge, mais dont l’état ne nécessite ni
représentation, ni assistance (article 632 du CPF).
- 64 -
peut intenter une action en réduction pour excès. Il est tenu compte de ses
ressources, et de ses besoins.
La personne protégée peut aussi bénéficier d’un système de représentation en
cas d’inactivités, en cas d’immobilisme. Elle peut donc désigner un mandataire
qui sera sous le contrôle du juge des tutelles et à défaut, le juge peut désigner
un mandataire spécial dont il détermine les pouvoirs. A défaut de mandataire,
il est appliqué les règles de la gestion d’affaires.
Enfin, certaines personnes sont tenues de faire les actes que nécessite la
conservation du patrimoine. Ce sont les personnes qui peuvent requérir
l’ouverture de la mesure, et celle qui peuvent requérir l’ouverture de la tutelle.
- 65 -
Paragraphe 3 : La fin de la protection de la justice
La protection de la justice est une mesure provisoire. Elle peut être décidée
comme mesure transitoire à la tutelle ou à la curatelle, et elle prendra donc fin à la
mise en place du régime définitif. Elle peut être décidée comme un régime
autonome, et dans ce cas, elle est prononcée pour 2 mois renouvelables par 6 mois.
Elle prend donc fin à la péremption de la décision.
Elle peut prendre fin encore par une main levée prononcée d’office ou à la
demande du médecin par une procédure inverse au placement.
Elle prend fin à l’ouverture de la tutelle (transformation) ou au décès de la
personne.
- 66 -
Section 2 : La tutelle du majeur
Dans les 2 cas, le tribunal compétent est le juge des tutelles du domicile du
majeur. Il se prononce sur le principe de l’incapacité du majeur, et sur
l’organisation à mettre en place. Du vivant de la personne, la tutelle prendra fin
par une décision de main levée conforme à la procédure de placement.
Ont qualité pour saisir le juge, certaines personnes qui donnent 2 types de
saisine :
Les personnes qui ont la qualité pour requérir l’ouverture de la tutelle sont
limitativement énumérées à l’article 642 :
- La personne à protéger elle-même.
- Le conjoint dans le cadre de l’exécution du devoir d’assistance de respect,
et d’affection. Ce conjoint perd la qualité de saisir le tribunal en cas de
cessation de la vie commune.
- Les ascendants, descendants, frères et sœurs.
- Le curateur, lorsqu’il estime que le régime actuel est insuffisant. Il s’agit
alors d’obtenir la transformation de la curatelle en tutelle.
- Le ministère public.
La requête aux fins de tutelle doit énoncer les faits justifiant l’ouverture de
la tutelle. Elle doit indiquer aussi les éventuels témoins susceptibles d’établir les
faits. Un certificat médical doit être joint à la requête.
- 67 -
La tutelle peut être ouverte d’office par le juge des tutelles. Il en sera ainsi
lorsqu’il a une connaissance personnelle de la situation de l’individu. Ce sera le
cas dans la transformation de la curatelle en tutelle, et d’une manière générale, le
juge peut être informé par les services sociaux, et surtout par les avis officieux.
En effet, en dehors des personnes qui ont qualité pour saisir le juge, toute
autre personne peut informer le juge de ce que l’état de telle personne nécessite
l’ouverture de la tutelle. Il lui est alors délivré un récépissé de sa déclaration.
Lorsque le juge agit par lui-même, il désigne par ordonnance un médecin
qui va examiné le malade, afin d’établir le certificat médical.
Quant au déroulement de l’instance, il comporte 2 étapes :
- Le juge peut placer provisoirement le malade sous protection de la justice
et recherché avec les autres parents, la protection la plus appropriée. Il
procède donc à des vérifications par un entretien avec le malade, un avis
d’un conseil de famille qu’il convoque, et l’avis du médecin traitant, qui
transmet alors l’entier dossier au parquet au fin d’enquête. Celui-ci le lui
renvoie avec ses observations et réquisitions.
- Le juge désigne par ordonnance un médecin spécialiste à l’effet de faire des
constatations sur les altérations, et de lui faire un rapport ; à la vue des
résultats il statue. La décision est notifiée au requérant, à l’intéressé et au
ministère public. Appel peut être fait dans les 15 jours de la notification par
les personnes qui peuvent requérir l’ouverture de la tutelle, et dans les 30
jours pour les autres. Mention sera faite sur le registre spécial.
- 68 -
II. Les modes de représentation du majeur sous tutelle
A. La tutelle complète
Elle est identique à celle du mineur avec quelques différences.
- Désignation du tuteur : si l’incapable est marié, son conjoint devient le
tuteur, sauf cessation de la vie commune, ou existence de causes d’exclusion
(tutelle légale). En l’absence de mariage, la tutelle est dative (le tuteur est
désigné par le conseil de famille). En dehors du conjoint, des descendants
et des personnes morales, le tuteur peut demander son remplacement au bout
de 5 ans.
- Le tuteur ainsi désigné représente le majeur sous tutelle et a les mêmes
pouvoirs que celui du mineur. Toutefois, il peut être autorisé par le conseil
de famille à faire des donations au nom du majeur incapable, à son conjoint
ou à ses descendants. De même, sous autorisation du conseil de famille, il
peut intenter un action en divorce au nom du majeur (article
369 du CPF), et si le majeur est défendeur au procès, l’action doit être
dirigée conjointement contre le malade et le tuteur sous peine
d’irrecevabilité (article 370 du CPF).
- 69 -
- L’application des règles du régime matrimoniale : l’ouverture de la tutelle
entraîne l’application des mesures de crise dans le ménage. Si ces mesures
sont suffisantes pour protéger l’incapable, l’ouverture de la tutelle devient
inutile. Ces mesures de crise consistent en l’application du mandat
réciproque (article 301 du CPF), l’habilitation judiciaire et la gestion
d’affaires (article 302 du CPF), et les règles relatives à la gestion des biens
propres (articles 306-2 et 333 du CPF).
Section 3 : Le placement sous curatelle
Le majeur en curatelle est frappé d’une incapacité partielle. C’est ainsi qu’il
peut accomplir seul tous les actes pour lesquels l’assistance du curateur n’est pas
explicitement requise par la loi. Du reste, il n’est pas hors d’état d’agir dans la
mesure où il n’est pas sous représentation. Selon l’article 663 du CPF, le majeur
en curatelle ne peut, sans l’assistance du curateur, accomplir un acte pour lequel le
tuteur aurait besoin de l’autorisation du conseil de famille. Il s’agit notamment de
l’aliénation d’immeuble ou de fond de commerce, de la constitution de droits réels
sur les mêmes biens ou encore de l’emprunt ou de la donation.
- 70 -
En dehors de ces actes, le majeur sous curatelle perçoit ses capitaux sous
l’assistance du curateur, et ne peut les employer qu’avec son autorisation. En cas
de refus d’autorisation, le majeur peut recourir au juge des tutelles.
Conformément à l’article 243 du CPF, le majeur sous curatelle peut
contracter mariage avec le consentement du curateur et à défaut l’autorisation du
juge des tutelles. Il doit être assisté pour la convention matrimoniale.
- 71 -
- Péremption de - La main - La main
La fin la décision levée levée
- La main levée - Le décès - La
- Le décès transformat
- La ion
transformation - Le décès
I. La notion de famille
Il est difficile de définir la famille parce que la notion est variable d’une
discipline à l’autre, et même au sein de la discipline juridique.
Mais d’une manière générale, l’on retient que la famille est un
regroupement de personnes unies entre elles par des liens fondés sur le mariage et
sur la filiation.
La difficulté résulte aussi de la conception que l’on peut avoir de la famille,
d’où l’on distingue la famille restreinte de la famille élargie, comme on peut
opposer aussi les mutations que la famille classique peut subir, conduisant à une
déstructuration.
Ainsi pouvons-nous distinguer plusieurs types de familles :
- La famille d’origine (par le sang) par opposition à la famille adoptive.
- La famille conjugale par opposition à la famille naturelle ? (famille hors
mariage).
- La famille issue de procréation médicalement assistée par opposition à la
famille d’origine ? et à la famille d’adoption ?
- La famille monoparentale dans laquelle un seul parent vit et élève ses
enfants. Le problème qui se pose est celui de l’origine. Il peut s’agir d’enfant
né hors mariage. La famille monoparentale par opposition à la famille
recomposée dans laquelle le couple vit avec des enfants issus d’une autre
union.
- La famille homosexuelle ?
- Il existe aussi la famille unilinéaire.
- 72 -
Lorsque ce lien familial résulte de la filiation, il s’agit de la parenté.
Lorsqu’il provient du mariage, il s’agit de l’alliance.
A. L’établissement de la parenté La
parenté comporte 2 aspects :
- La parenté en ligne directe dans laquelle les individus descendent les uns
des autres. Elle peut être ascendante (grands-parents, arrières grandsparents,
etc.), elle peut être descendante (enfants, petits-enfants, arrières petits-
enfants, etc.). Le degré de parenté s’obtient en additionnant le nombre de
génération qui séparent 2 individus.
- La parenté existe aussi en ligne collatérale qui unit des personnes
descendant d’un ancêtre commun. Elle peut se retrouver en ligne paternelle
(tante paternelle) et en ligne maternelle (oncle maternelle) ou dans les 2
lignes. Ce lien peut exister aussi seulement du côté paternel, établissant la
consanguinité, comme elle peut exister seulement en ligne maternelle,
donnant des frères et sœurs utérins. Le nombre de degré de parenté s’obtient
en additionnant le nombre de génération qui sépare chaque individu de
l’ancêtre commun.
- 73 -
B. L’établissement du lien d’alliance
Par opposition à la parenté qui résulte du sang, l’alliance résulte du mariage.
Le mariage fait naître l’alliance d’abord entre les époux. Le mariage établit ensuite
l’alliance entre chaque époux et les parents de son conjoint. Par contre, il n’existe
aucun lien entre les parents des époux.
L’alliance existe aussi en ligne direct et en ligne collatérale.
En ligne directe, l’alliance s’établit entre chaque époux et les parents en ligne
directe de son conjoint. Dans la famille recomposée elle existe entre chaque époux
et les enfants que le conjoint aura eux d’une précédente union.
En ligne collatérale, l’alliance existe entre chaque époux et les collatéraux
du conjoint. Pour déterminer le degré du lien d’alliance, il faut procéder comme en
matière de parenté, en assimilant l’époux à son conjoint, et l’alliance apparaîtra
par l’adjonction de la particule « beau » ou « belle » suivant le genre du parent.
Ces principes sont consignés aux articles 231 à 236 du CPF et gouvernent
d’une part, la fondation de la famille ainsi que la filiation ; d’autre part, ils
organisent la vie du ménage.
- 74 -
demeurent valable, à la condition qu’ils aient respecté les conditions de fond et de
forme en vigueur au moment de leur formation.
- 75 -
B. Les principes gouvernant la vie de la famille
Affirmation du principe d’égalité des droits et des devoirs des égalités (article
235) :
Selon la conception traditionnelle, le mariage repose sur une prééminence
du mari, prééminence maritale.
Selon la conception moderne, le mariage doit être bâti sur un principe
égalitaire mettant fin à l’autorité maritale, et à la notion de mari, chef de famille
qui la remplaçait.
Ainsi, le CPF instaure une direction collégiale de la famille à travers l’article
293 qui dispose que : « les époux assument ensemble la direction matérielle et
morale du ménage ». Cette suppression est marquée par l’utilisation de termes
neutres et invariables que sont les époux et le conjoint.
Lorsque l’on parle de la famille, il y a d’une part, le couple, formé par les
époux, et le ménage qui englobe les éventuels enfants.
- 76 -
Titre 1 : Le couple
Le terme couple vient du latin copula qui signifie lien, et il est perçu comme
l’union que forme un homme et une femme, soit en mariage (couple légitime ou
couple conjugal), soit hors mariage (concubinage).
- 77 -
Sous-titre 1 : Les couples non mariés
- 78 -
Chapitre 1 : Le concubinage
Expression consacrée pour désigner des gens non mariés qui vivent
ensemble. Mais il existe plusieurs autres dénominations telles que union libre,
faux mariage, mariage de fait ou vie maritale.
Quant à la définition, il en existe plusieurs, mais en réadaptant la définition
de l’article 515-8 du Code civil français, on peut retenir que : « le concubinage est
une union de fait caractérisée par une vie commune présentant un caractère de
stabilité et de continuité entre 2 personnes de sexe différent vivants en couple ».
Sur la base de cette définition, on peut dégager les caractères du
concubinage.
La communauté de vie :
Pour donner l’apparence du mariage, les concubins doivent vivre ensemble
sans que cette communauté de vie soit permanente car, elle peut être affectée des
mêmes contraintes que celles qui s’imposent aux gens mariés (exercice d’une
profession séparée).
La différence de sexe :
A l’instar du mariage, une des conditions essentielles au concubinage est
qu’il doit s’établir entre un homme et une femme.
- 79 -
La notoriété :
Les concubins doivent mener en tout point de vue une vie de couple.
- 80 -
II. Les caractères par opposition au mariage
- 81 -
légiférer se justifie d’abord par le fait que le mariage est considéré comme l’idéal
sur lequel la société doit être bâtie. Le concubinage devient alors immoral au lieu
d’être simplement amoral.
Ensuite, l’entreprise serait difficile du fait non seulement de l’atteinte à la
liberté des concubins, qui ont opté de vivre en marge du droit, mais aussi de
l’extrême variabilité du phénomène.
En l’absence de régime général, le droit commun y supplée. Ainsi,
différentes branches de droit interviennent pour régler les difficultés qui
pourraient naître du concubinage. Exemple : le droit des obligations s’applique à
la responsabilité entre concubins ; le droit des sociétés régit la liquidation des
biens entre concubins.
- 82 -
Toutefois, les difficultés sont résolues en se fondant sur l’enrichissement sans
cause ou sur le concept de l’obligation naturelle pour ce qui concerne la
contribution aux charges du ménage.
Les règles de la société de fait s’appliquent à la dissociation des intérêts
pécuniaires.
Enfin, la démonstration d’une volonté de mettre fin au concubinage ou
d’indemniser le préjudice résultant de la rupture peut valider les libéralités entre
concubins. Il en est de même lorsqu’il s’agit de rémunérer une certaine
disponibilité du bénéficiaire de la libéralité.
II. Les conséquences à la dissolution du concubinage
En principe, la rupture est libre car les concubins n’ont pas à divorcer.
Lorsque la rupture intervient du vivant des concubins, les intérêts sont réglés selon
les dispositions de la société de fait ou de l’enrichissement sans cause. Mais, il
peut se poser une question de responsabilité entre concubins, mais aussi, à l’égard
des tiers.
Lorsque la rupture intervient du fait de l’un des concubins, elle est en
principe légal, toutefois le concubin abandonné peut recevoir aux articles 1382 du
Code civil pour obtenir réparation du préjudice moral ou matériel qui pourrait
résulter de cette rupture. Mais la faute ne peut résulter du seul fait de la rupture.
Il faut donc caractériser le comportement du concubin pour aboutir à une
faute qualifiée. On se fonde d’une part, sur les causes qui ont justifié le
concubinage pour retenir une faute. Il s’agit notamment de la promesse de
mariage, de l’abus d’autorité, et de la séduction dolosive. Ces causes ne sont
retenues que, lorsque le concubinage n’a pas eu une longue durée.
Ensuite, lorsque le concubinage aura eu une certaine durée, on s’attachera
alors aux circonstances de la rupture. Ainsi, par exemple, une rupture brutale, sans
motif, ou une rupture tardive pourrait engager la responsabilité de son auteur. Il
en est ainsi par exemple, du fait de rompre un concubinage pendant que le
concubin ou la concubine est d’âge avancé, ou abandonné son copain malade, ou
une concubine avec enfant.
Le préjudice peut être moral lorsque la rupture plonge l’un ou l’autre dans
la solitude. Il peut être matériel lorsque le concubinage avait placé l’un des
partenaires dans une situation favorable.
Par ailleurs, lorsque la rupture intervient par suite du décès de l’un des
concubins, les conséquences diffèrent selon qu’il s’agit d’une mort naturelle ou
d’une mort accidentelle. En cas de décès naturel, le concubin survivant ne peut
revendiquer les avantages du veuvage, notamment la vocation successorale ou les
aliments dûs à veuve. Par contre, le survivant peut obtenir le règlement des intérêts
par la théorie de la société de fait, de l’enrichissement sans cause, ou de
Cours de Droit civil – Droit des personnes et de la famille
Université Saint Thomas D’Aquin – FSJP 2
Professeur Julien N. DABIRE – Prise de note : MEYER Mohamadi
- 83 -
l’application des règles de l’indivision (lorsque plusieurs personnes sont
propriétaires d’une chose). En cas de décès accidentel, le survivant peut obtenir
réparation du préjudice moral ou naturel en engageant la responsabilité de l’auteur
de l’accident ayant provoqué la mort.
- 84 -
Chapitre 2 : Les fiançailles
- 85 -
L’absence de célébration place les fiançailles sur le même plan que le
concubinage. Toutefois, on peut leur reconnaître, en tant que fait sociologique,
certains effets tant au niveau des fiancés qu’à l’égard des tiers.
Entre fiancés, les fiançailles sont civilement inefficaces, de sorte que la
rupture en elle-même ne peut engager la responsabilité de son auteur (Cassation
civile, 4 janvier 1995, Dalloz 1995, page 251G et Cassation civile, 16 mars 1955,
Dalloz 1955, page 324).
La rupture devient alors fautive lorsque elle s’accompagne d’éléments
constitutifs de faute. Et pour se faire, il faut d’abord prouver les fiançailles, et
établir ensuite les éléments constitutifs de la responsabilité civile délictuelle, et
particulière la faute et le préjudice.
S’agissant de la preuve des fiançailles, l’on se fonde sur sa qualité de fait
juridique pour faire valoir tout mode de preuves. Les fiançailles peuvent résulter
de cérémonie solennelle (Sénégal, Togo) ou de toute autre circonstance.
Quant aux éléments de la responsabilité civile délictuelle, il faut se fonder
tantôt sur la manière incorrecte ou injurieuse de rompre, ou sur la rupture tardive,
ou une rupture par caprice, ou même une rupture illégitime (CPF du Togo, article
40).
S’agissant du préjudice, qui peut être d’ordre pécuniaire, notamment
lorsque des dépenses ont été exposées pour les préparatifs des noces, pour
l’installation du futur couple, et même pour le voyage de noce.
Il y a préjudice matériel lorsque le fiancé pouvait prétendre à une situation
matérielle favorable, qui peut s’analyser en un manque à gagner.
Le préjudice peut être moral, et résulter de la solitude, du trouble affectif,
ou encore de la perte d’une chance de se marier, de l’atteinte à son honneur.
En ce qui concerne la réparation, elle ne peut consister aux remboursements
des frais exposés, mais en allocation des dommages et intérêts. En outre, le
tribunal peut ordonner la restitution de certains cadeaux reçus ou promis. Et dans
ce sens, l’article 983 du CPF déclare caduque la donation faite en vue du mariage,
si le mariage ne s’en suit pas.
Sur le plan jurisprudentiel, on distingue 2 types de cadeaux : les cadeaux
d’usage sont définitivement acquis à chacun des fiancés, quelque soit la cause de
la rupture ; mais les cadeaux de grande valeur doivent être restitués. On tient
compte de la valeur vénale et de la valeur morale ou sentimentale du cadeau.
S’agissant de la bague de fiançailles, il faut tenir aussi compte de sa valeur,
mais dans le principe elle doit être restituée. Dans tous les cas, la bague de
fiançailles doit être restituée, lorsqu’elle constitue un bijou de famille.
- 86 -
A l’égard des tiers, la rupture des fiançailles peut engager la responsabilité
civile délictuelle de l’auteur de la mort accidentelle du fiancé, ou de celui qui s’est
rendu complice de la rupture des fiançailles.
Sous-titre 2 : Le couple marié : Le mariage
Selon l’article 237 du CPF, le mariage est la célébration d’une union entre
un homme et une femme […]. Il ne peut être dissout que par la mort de l’un des
époux ou par le divorce légalement prononcé. Contrairement aux couples de fait,
le mariage est situation légale, fortement réglementée, tant dans formation, ses
effets que dans sa dissolution. Au plan qualification, 2 conceptions se sont
opposées, l’une qui tend à faire du mariage un contrat, l’autre à en faire une
institution. Mais, il convient de retenir que le mariage tient des 2.
- 87 -
Chapitre 1 : La formation du mariage
Le droit positif reconnaît à toute personne ayant atteint l’âge nubile, le droit
de se marier et de fonder une famille, sans restriction ni discrimination. Mais au
nom d’un ordre public familial, il faut respecter des conditions de fond et de
forme.
La différence de sexe :
Cette condition se dégage de la définition même du mariage : union entre
un homme et une femme. En conséquence, le mariage entre homosexuels est
interdit. Toutefois, l’officier d’état civil devra se contenter des énonciations
résultant des actes d’état civil.
L’âge matrimonial
Pour contracter mariage, il faut avoir un niveau de développement physique
et intellectuel suffisant. Car il faut apprécier la portée de l’acte que l’on pose (le
mariage engage la vie), et il faut être en mesure de diriger la famille que l’on va
créer. Aussi, l’article 238 prévoit il que le mariage ne peut être célébré qu’entre
un homme âgé de plus de 20 ans, et une femme âgée de plus 17 ans. Mais pour
cause grave, une dispense peut être accordée à l’homme âgé d’au moins 18 ans,
et à la femme âgée d’au moins 15 ans. La dispense est accordée par le tribunal
civil (TGI), à la requête du futur époux concerné, et la décision doit intervenir
sous huitaine ou dans les 8 jours.
- 88 -
253 du CPF à l’occasion de la constitution du dossier de mariage, qui prévoit un
certificat de visite prénuptial.
Paragraphe 2 : Les conditions d’ordre psychologique
I. La liberté matrimoniale
Interdiction de la dote : au sens du droit civil, la dote est l’ensemble des biens
que la femme apporte au ménage par le mariage. Au sens traditionnel, c’est ce
que l’époux, à travers sa famille ou sa communauté, doit verser soit à la femme,
soit aux parents de celle-ci, soit même à la communauté ; et la dote est non
seulement une condition de validité du mariage, mais aussi une condition de
légitimité des enfants. En tout état de cause, le versement de la dote est
attentatoire à la liberté matrimoniale de la femme. Et c’est pourquoi le
législateur burkinabè le déclare inégal (article 244 du CPF) et le Code pénal
l’érige en infraction en ses articles 378 et 379 (Est punie d’une peine de prison
de 3 à 6 mois ou d’une amende de 100.000 à 1000.000.000 de FCFA celui qui
reçoit une dote).
- 89 -
Inefficacité des fiançailles : les fiançailles ne sont pas un préalable nécessaire
au mariage, et lorsqu’elles sont conclues, elles n’obligent pas au mariage.
En dehors des limitations légales qui sont constituées par les conditions de
mariage, visant à instaurer un ordre public familial, il existe des atteintes privées
à la liberté matrimoniale.
Les pressions sociales constituent aussi des atteintes à la liberté
matrimoniale. En effet, le statut de marier est un critère de considération dans la
société. Et pour se conformer au style social, l’on est souvent amené à se marier
(voir Revue burkinabè des droits, n°32, p. 232, de 1997).
A un niveau individuel, des actes juridiques comportent parfois des clauses
qui portent atteinte de façon directe ou indirecte à la liberté matrimoniale. On
distingue 2 types de clauses.
Certaines portent atteinte au choix primaire de se marier ou de demeurer
célibataire. Ce sont les clauses de célibat. Elles subordonnent le bénéfice d’un
avantage à la condition de demeurer célibataire.
D’autres clauses sont dites clauses de viduité, ou d’indissolubilité du
mariage, et tendent à interdire le remariage après décès du conjoint ou après
divorce.
Il existe aussi des clauses qui portent atteinte à la liberté de choix du
conjoint, soit en interdisant, soit en imposant le mariage avec une personne
déterminée.
En tout état de cause, le régime juridique de ces clauses dépend de la nature
de l’acte qui les comporte :
Les actes à titre gratuit : lorsque les clauses sont stipulées dans les actes à titre
gratuit, le principe est qu’elles sont valables, le disposant étant libre d’assortir
sa gratification de toute charge. Par ailleurs, il s’agit d’une option qui est
offerte au destinataire. Toutefois, la jurisprudence retient que de telles clauses
sont limitatives de la liberté matrimoniale et déclarées non écrites lorsqu’elles
sont animées par une intention malveillante. A l’inverse, les clauses qui tendent
à sauvegarder l’intérêt du bénéficiaire seront déclarées valables. Quant au
législateur, il se fonde sur la portée de la clause et l’article 946 du CPF prévoit
que « lorsque le testateur a subordonné un legs à une condition, ou assorti un
legs d’une charge, cette condition ou cette charge sont réputées non écrites
lorsqu’elles sont impossibles ou contraire à l’ordre public ou aux bonnes
mœurs ».
Cours de Droit civil – Droit des personnes et de la famille
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Professeur Julien N. DABIRE – Prise de note : MEYER Mohamadi
- 90 -
Les actes à titre onéreux : c’est essentiellement le contrat de travail qui
comporte de telles clauses. En raison de la contrepartie due par le destinataire
de la clause, celles-ci sont en principe nulles comme attentatoire à la liberté
matrimoniale. Exceptionnellement, ces clauses peuvent être déclarées valables
en tenant compte de circonstances particulières : incompatibilité avec l’activité
que l’on exerce.
- 91 -
II. Le consentement au mariage
A. L’existence du consentement
- 92 -
Le cas du mariage des incapables :
La jeunesse ou l’altération des facultés mentales affectent la qualité du
consentement. Il doit être tantôt complété, tantôt suppléé par d’autres personnes.
Ainsi, pour le mineur non émancipé, il faut en plus le consentement de
certaines personnes (article 241 du CPF). Les père et mère, ou le consentement de
l’un d’eux lorsque l’autorité parentale est exercée en commun. En cas d’exercice
unitaire, c’est celui qui a la garde et qui exerce l’autorité parentale. En l’absence
de père et mère en état d’exercer l’autorité parentale, le consentement du tuteur
est requis, et celui-ci doit être autorisé par le conseil de famille. Le consentement
est donné par écrit adressé à l’officier d’état civil qui doit célébrer le mariage.
Enfin, le droit de consentir au mariage est spécial, discrétionnaire et ne peut
engager la responsabilité de son auteur. Il est aussi révocable jusqu’à la célébration
du mariage.
S’agissant des majeurs incapables, le consentement est donné par le tuteur
autorisé par le conseil de famille, à moins que les père et mère y consentent l’un
et l’autre (article 243 du CPF). Le consentement est donné par la transmission du
procès verbal de délibération du conseil de famille.
Si le majeur est sous curatelle, le consentement est donné par le curateur, et
à défaut par le juge des tutelles.
N.B. : En cas de refus de consentement, le mineur peut être autorisé à passer
outre en adressant une requête au tribunal civil qui doit statuer dans les 8 jours
(article 242 du CPF). La décision est directement transmise à l’officier d’état civil.
B. L’intégrité du consentement
Pour être valable, le consentement doit être intègre (article 234 du CPF).
Mais ce consentement peut être vicié dans certaines circonstances. Toutefois, par
faveur pour le mariage, on limite les possibilités d’annulation en raison des vices
de consentement, ou des personnes qui peuvent demander cette nullité. Ainsi, ne
sont vices de consentement au mariage que l’erreur et la violence.
- 93 -
comme membre d’une famille qui n’est pas la sienne, mais dont on s’attribue les
conditions d’origine et de filiation.
- 94 -
2. Laviolence : vice de consentement
Pour qu’il y ait violence, il faut que le fait fasse impression sur la personne
du futur époux, au point d’inspirer une crainte d’exposer sa personne, sa fortune,
ou ses proches à un mal considérable présent. La violence peut être physique
comme elle peut être morale. C’est dans ce 2ème cas qu’il y a lieu de la considérer
comme possible, car l’article 256 du CPF autorise l’officier d’état civil à refuser
de célébrer le mariage s’il estime que toutes les conditions ne sont pas remplies.
Le mariage doit être conforme aux normes sociales pour une bonne
intégration du couple dans la communauté. C’est pourquoi il est édicté 2 types
d’interdiction, tenant tantôt à la proximité de sang entre les époux, ou à la
possibilité de mariage après dissolution d’un précédent mariage.
1. Les
empêchements liés au lien de parenté
Le mariage est interdit en ligne directe à tous les degrés sans possibilité de
dispense. En ligne collatérale, le mariage est interdit jusqu’au 4ème degré
inclusivement. Toutefois, une dispense peut être obtenue au 4ème degré
uniquement, pour cause grave, sur requête des futurs époux adressée au
tribunal civil. Dans la parenté adoptive, le mariage est interdit entre l’adopté
et sa famille d’origine dans les mêmes conditions que la parenté par le sang.
Le mariage est interdit aussi entre l’adoptant et l’adopté, entre l’adopté et le
conjoint de l’adoptant, l’adopté et les autres enfants de l’adoptant, et entre les
enfants adoptifs d’un même individu. Toutefois, en tenant compte de l’absence
du lien de sang dans la famille adoptive, une dispense peut être accordée pour
le mariage entre l’adopté et l’enfant de l’adoptant, et entre les enfants adoptifs
d’un même individu.
2. Les
empêchements liés à l’alliance
Le mariage est prohibé en ligne directe à tous les degrés.
En ligne collatérale, le mariage est interdit entre alliés jusqu’au 3 ème degré.
- 95 -
Une dispense peut toutefois être obtenue. D’abord, en ligne directe en cas de
décès de la personne qui créait l’alliance, et en ligne collatérale, sans limitation
de degré. Du vivant des époux, une dispense peut être obtenue sans limitation
en ligne collatérale pour cause grave et l’interdiction est totalement levée en
cas de décès de la personne qui créait l’alliance.
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II. Les empêchements liés à l’existence d’un précédent mariage
A. L’interdiction de la bigamie
- 97 -
Cette condition est purement prohibitive car son non respect ne peut à lui
seul entraîner la nullité du mariage. Le conflit de filiation pourrait donc être résolu
par d’autres méthodes, en déterminant la filiation la plus vraisemblable, ou en
recourant à la possession d’état, ou à l’expertise médicale.
Du reste, ce délai peut être réduit à 1 mois si la femme présente un certificat
médical de non grossesse. Il est totalement levé en cas de délivrance.
- 98 -
Sous-section 2 : Les conditions de forme
I. La constitution du dossier
Le projet de mariage (bans) est publié par affichage non seulement pour
porter à la connaissance des tiers le projet patrimonial, mais surtout pour les inciter
à faire des oppositions ou à informer l’officier d’état civil de l’existence de
certains empêchements au mariage. C’est pourquoi la publication doit être faite à
la résidence ou au domicile des futurs époux (la porte de la salle des mariages ou
le bureau administratif où le mariage pourra être célébré). Si cette résidence n’a
pas une durée de 3 mois, la publication doit être faite au dernier domicile, et si ce
dernier domicile n’a pas une durée de 3 mois, la publication doit être faite au lieu
de naissance de l’intéressé. Quant à la durée de la publication, elle est de 30 jours,
sauf dispense pour cause grave, qui peut soit réduire la durée de publication, soit
le supprimer (article 256 du CPF).
- 99 -
N.B. : Le défaut de publication rend le mariage clandestin. Ce qui est une
cause de nullité.
- 100 -
III. La célébration du mariage
Toute autre personne peut saisir l’officier d’état civil d’un avis officieux,
c'est à dire l’informer de l’existence d’un empêchement au mariage (écrit ou
verbal).
L’opposition doit indiquer, la qualité qui donne droit, et les motifs de
l’opposition. L’opposant doit élire domicile dans le ressort de la juridiction où le
mariage doit être célébré. L’officier d’état civil qui reçoit l’opposition, doit la
publier devant les locaux réservés aux mariages, et la notifier aux futurs époux.
L’avis officieux n’est soumis à aucune condition de forme. Le déclarant
reçoit seulement un récépissé de sa déclaration.
Au niveau des effets, lorsque l’opposition est régulière, l’officier d’état civil
doit surseoir à la célébration du mariage. Si elle est irrégulière, elle vaut avis
officieux.
L’opposition est valable pour une durée d’une année révolue. Au-delà, elle
cesse de produire ses effets. Dans ce cas de péremption de l’opposition, le
renouvellement est possible sauf en ce concerne les père et mère, ou ceux qui
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exercent les prérogatives d’autorité parentale. Il est possible aussi au futurs époux
de demander la main levée de l’opposition devant le Tribunal de Grande Instance.
Elle permet de célébrer le mariage lorsque le tribunal estime que l’opposition n’est
pas valable ou justifié. Cette main levée judiciaire interdit toute autre opposition
fondée sur les mêmes motifs ou formulés par les mauvaises personne.
C. Le déroulement de la cérémonie
N.B. : Le mariage doit être prouvé par l’acte de mariage, une copie ou un
extrait, ou même par le livret de famille. En cas de défaut d’acte, on peut recourir
au jugement supplétif dans les conditions de l’article 123 du CPF. A titre
La possession d’état ne peut en aucun cas être préférée à l’acte d’état civil
de mariage. Elle intervient le plus souvent à titre confortatif d’un acte irrégulier.
Le mariage est avant tout un acte juridique soumis aux conditions ordinaires
de validité. Il peut donc encourir la nullité lorsqu’une des conditions de formation
fait défaut. Mais compte tenu de la gravité de cette sanction, les mesures sont
prises pour l’éviter de sorte que la nullité ne sera encourue que dans les situations
graves.
Le mariage peut être frappée d’une nullité absolue ou relative.
Le mariage impose des droits et des obligations à chacun des époux, mais
conservent à chacun son individualité. En effet, la famille est soumise à la
codirection, d’où la suppression de la notion de chef de famille.
Sur le plan de l’autonomie, on peut relever la conservation du nom par la
femme mariée (article 41 du CPF), le droit pour chaque époux d’assurer la défense
de son intégrité physique et des autres droits de la personnalité, même contre son
conjoint. Chaque époux conserve aussi son individualité dans la vie quotidienne,
notamment dans l’exercice de la liberté d’opinion et le choix de ses relations.
Toutefois, l’exercice de ces droits et ces libertés doivent être compatibles
avec les obligations résultant du mariage. Cette autonomie vise à éviter une
aliénation complète d’un époux à son conjoint.
Ils sont prévus à l’article 292 du CPF qui impose aux époux un code de
bonne moralité conjugale. Ainsi, les époux s’obligent :
1. La communauté de vie :
C'est à dire que les époux doivent vivre sous le même toit. Et au terme de
l’article 294, la résidence familiale doit être choisie de commun accord par les
époux. En cas de désaccord, c’est le lieu choisi par le mari. Toutefois, si ce lieu
présente des dangers d’ordre moral ou matériel, la femme peut être autorisée à
avoir pour elle et pour les enfants, une résidence séparée fixée par le juge. En
principe, aucun époux ne peut quitter la résidence conjugale sans autorisation
préalable du juge. Ce devoir est d’ordre public. Toutefois, dans les situations de
crises conjugales, les époux peuvent être autorisés à avoir des résidences séparées.
De même, l’exercice d’une profession séparée peut conduire à des résidences
séparées.
N.B. : La communauté de vie s’entend aussi dans l’obligation aux relations
charnelles dans les conditions normales que l’on appelle le devoir conjugale ou le
debitum conjugale.
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2. Le devoir de fidélité
La fidélité, c’est l’interdiction faite aux époux d’entretenir des relations
intimes avec une personne autre que le conjoint. Sa violation matérielle constitue
l’adultère, mais on retient aussi une infidélité intellectuelle ou morale, qui consiste
à avoir une attitude trop intime avec un tiers et qui laisserait présumer un adultère.
4. Le devoir de secours
Il correspond à l’aspect matériel de l’entraide conjugal.
Au total, la violation de ces devoirs est sanctionnée au plan civil et parfois
au plan pénal. Au pénal, on retient souvent le délit d’adultère et le délit d’abandon
de domicile conjugal. Au civil, la violation de l’un de ces devoirs est une cause de
divorce ou de séparation de corps. Elle peut donner lieu aussi au payement de
dommages et intérêts.
Les droits et devoirs sont établis au profit de chacun des époux. Mais les 2
sont tenus d’accomplir conjointement 2 fonctions essentielles, la direction de la
famille et la sauvegarde des intérêts des enfants.
I. La direction de la famille
Cette fonction est prévue à l’article 293, alinéa 1 : « les époux assument
ensemble la responsabilité morale ou matérielle du ménage ». Cela signifie d’une
part que tout comportement de l’un des époux doit tenir compte de l’honorabilité
de la famille. D’autre part, que chacun des époux doit contribuer à la satisfaction
des besoins matériels du ménage.
Cette fonction implique donc des décisions collégiales dès lors que l’intérêt
de la famille est en cause. Toutefois, la représentation réciproque évite les
blocages lorsqu’il s’agit d’accomplir un acte, et en cas de blocage, l’époux le plus
diligent (prompt, rapide) saisi le juge.
Selon l’article 296 du CPF, les époux s’obligent par le seul fait du mariage
à entretenir et éduquer leurs enfants. Cette fonction conjointe ne résulte pas du
mariage mais de la qualité de père et mère. Le mariage à pour seul effet, d’établir
la collégialité c'est à dire la solidarité entre époux dans le mariage. Les modalités
d’exécution de cette obligation sont prévues notamment à l’article 299 du CPF.
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Section 2 : Les effets pécuniaires du mariage
I. Le devoir de secours
L’autorisation judiciaire
Elle est prévue à l’article 303 du CPF et concerne aussi les actes pour
lesquels le consentement des 2 époux était nécessaire, mais dont l’un est dans
l’impossibilité de manifester sa volonté, ou refuse de consentir à l’acte sans
justifié de l’intérêt de la famille. Le juge autorise donc l’autre à agir seul dans les
conditions qu’il fixe.
Les clauses diverses : elles n’ont aucune influence sur le statut des biens
car elles peuvent concerner les domaines les plus divers tels que une
reconnaissance de dettes entre époux, ou même une reconnaissance
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d’enfants nés hors mariage. Ces clauses ont l’avantage de conférer le
caractère authentique aux actes qu’elles visent.
N.B. : Le contrat de mariage doit être conclu avant le mariage, mais il ne devient
efficace, c'est à dire qu’il ne produit ses effets qu’à la célébration du mariage. Si
le mariage ne s’ensuit pas, il devient caduc. Le contrat de mariage n’est pas
obligatoire et n’oblige pas au mariage.
La communauté se compose de :
Les économies faites sur les revenus et fruits des biens propres :
Il s’agit notamment des loyers d’une maison appartenant encore à un époux,
ou des intérêts d’une créance. Ils sont propres à leur perception, mais deviennent
communs si selon l’article 319-4, ils ont été économisés.
Les biens communs par application de la présomption de communauté :
Ils sont prévus par l’article 319-2 du CPF, et concernent tous les biens pour
lesquels aucun époux ne peut justifier en avoir la propriété exclusive. Leur
existence dépend de la durée du mariage et ne peut concerner que les meubles.
- Les biens présents :Il s’agit d’abord des biens présents, c'est à dire les biens
possédés au jour de la célébration du mariage. Ces biens sont déterminés
en raison de la date du mariage et par application du principe selon lequel
la communauté commence à zéro.
I. L’obligation à la dette
Le principe est posé à l’article 332 qui dispose que : « chacun des époux
administre ses biens personnels et en perçoit les revenus. Il peut disposer
librement de ces biens ».
Elle se caractérise par une égalité parfaite des époux. Il est établi 3 modes
de gestion qui se déduisent de l’article 331 du CPF.
Ce mode confère à chacun des époux, des pouvoirs égaux et autonomes sur
certains biens. De sorte qu’il est interdit au conjoint de poser un acte contraire à
celui qui a déjà été posé par l’époux. Autrement dit, sauf fraude, l’acte accompli
par l’époux est opposable à son conjoint. Cette gestion s’applique selon l’article
331 du CPF aux biens autres que les biens nécessitant le concours des 2 époux,
les gains et salaires, ainsi que les revenus et biens acquis dans l’exercice d’une
profession séparée.
Elle confère à chacun des époux, des pouvoirs égaux mais complémentaires,
car aucun époux n’a de pouvoirs suffisant à lui seul pour accomplir les actes qui
y sont soumis. L’accord du conjoint est obligatoire pour la validité d’un tel acte.
Il s’agit :
De la donation ou du cautionnement de la dette d’autrui (caractère dangereux
des actes).
Certains actes de dispositions : l’accord des 2 époux est obligatoire pour :
- Aliéner ou grever de droits réels, un fond de commerce ou une exploitation
dépendant de la communauté.
- Ils ne peuvent non plus individuellement, aliéner des titres inscrits au nom
du mari ou de la femme.
Sont concernés par ce mode de gestion : le fond de commerce, les
immeubles (bâtis ou non), les exploitations (commerciales, agricoles ou
artisanales,…) et les titres.
Certains actes d’administration sont soumis aussi à la cogestion. Il en est
ainsi particulièrement du bail excédent 3 ans à usage professionnel ou bail
d’habitation excédent la même durée. La gravité du bail professionnel tient au
droit au renouvellement qui est reconnu au preneur (article 74 de l’Acte Uniforme
portant Droit commercial général).
La séparation de biens est le régime légal des époux mariés sous l’option de
polygamie. Mais elle peut faire l’objet d’une option par des époux monogames.
Ce régime se caractérise par l’indépendance des patrimoines, de sorte que
chacun des époux administre seuls ses biens, et tout bien acquis de quelques
manières que ce soit, demeure un bien propre, sauf les biens acquis en commun,
à titre onéreux ou à titre gratuit. Les parties demeurent aussi séparées, et sauf
application des règles du régime de base, chaque époux conserve la gestion
exclusive de son patrimoine.
Ce régime peut prendre fin dans les conditions de l’article 316 du CPF, à la
condition supplémentaire que le mariage soit monogamique. Il prend fin aussi
pour les causes qui mettent une fin définitive au mariage (décès, divorce, nullité
du mariage).
Quant au partage des biens, plusieurs règles doivent être appliquées. En
principe, après reprise des propres, il ne devait rester aucun bien à partager.
Pourtant, par application de la présomption de communauté (article 319-2 du CPF)
et du fait des acquisitions communes, une masse commune peut subsister. Les
biens soumis à l’article 319-2 du CPF sont répartis suivants les règles de la
communauté légale, c'est à dire partagés par moitié. Les acquisitions communes
sont soumises aux règles de l’indivision et le partage se fiat au prorata
(proportionnellement) de la contribution de chacun à l’acquisition du bien.
Section 4 : La communauté conventionnelle
C’est le régime dans lequel les époux prévoient que, tout meuble, quelque
soit le mode et le moment d’acquisition, tombe en communauté. A cela s’ajoutent
les biens meubles ou immeubles acquis au cours du mariage.
C’est l’hypothèse où les époux décident que tout bien, quelque soit le
moment d’acquisition et le mode d’acquisition sera une bien commun.
Les époux peuvent opter pour d’autres modes de regroupement des biens.
Par exemple, en optant pour une communauté de meubles, ou en optant pour une
communauté de tous les acquêts. Ils peuvent instituer enfin, une communauté sur
des biens qu’ils déterminent par la stipulation de propres, c'est à dire, seuls les
biens non énumérés tombent en communauté.
Parfois, le couple traverse des crises plus ou moins graves qui amènent les
époux à se séparer. Cette séparation peut être définitive. Les époux auront alors
divorcé. La séparation peut consister aussi à suspendre le mariage tout au moins
en quelques uns de ses effets. Cette séparation peut prendre 2 formes :
- Elle peut être organisée par le juge : c’est la séparation de corps.
- Elle peut être unilatérale ou décidée de commun accord par les époux : ce
sera la séparation de fait.
La requête : elle doit résulter des 2 époux et être adressé au TGI du domicile
commun. En cas de résidence séparée, les époux doivent s’accorder sur ce
domicile commun. La requête doit contenir notamment l’extrait d’acte de
mariage, l’extrait d’acte de naissance de chacun, les actes de naissances des
enfants mineurs et le projet de convention qui règle les conséquences du
divorce. La requête peut être écrite ou verbale. Le dossier ainsi constitué est
déposé au greffe du tribunal compétent, soit par les époux eux-mêmes, soit par
leur conseil respectif, soit par le conseil choisi de commun accord.
C’est celui qui est demandé par un époux lorsque la vie commune est
devenue intolérable. C’était la seule forme jusqu’à l’entrée en vigueur du CPF. Il
est enfermé dans des hypothèses très strictes, comme si l’on tentait de restreindre
au maximum le divorce.
B. Le divorce remède