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Nom : Hedda

Prénom : Monir
Filière : Droit en Arabe
Semestre : 2
Module : Langues et Terminologie juridique
Élément du Module :
Groupe/Section : 2
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1
Droits subjectifs :‫الحقوق‬

1.L’aperception du droit comme étant un système- système juridique- apparait plus


convaincante : le droit correspond à un système de normes juridiques dont la validité des unes
résulte de l'habilitation des autres. L’étude du système juridique impose l’analyse d’un
nombre important de questions portant sur la raison d’être de ce système, les caractères des
règles qui le composent, ses sources, etc. Cette étude a pour objectif la compréhension de la
structure de ce système : étude structurelle du système juridique. Néanmoins, cette
démarche visant la compréhension du système juridique ne doit pas se limiter dans le
traitement de son aspect structurel, elle doit également porter sur son aspect concret-ou
substantiel- : les droits subjectifs.

2. Qu’entendons –nous par droits subjectifs ? Aux yeux d’Auber, les droits subjectifs sont
« des pouvoirs d’imposer, d’exiger ou d’interdire attribués par la loi à la personne, en
considération de leur utilité individuelle et sociale ». Le professeur François Terré appréhende les
droits subjectifs comme étant des « prérogatives que le Droit –ou Droit objectif- reconnaît à un
individu ou à un groupe d’individus et dont ceux-ci peuvent se prévaloir dans leurs relations avec les
autres, en invoquant, s’il y a lieu, la protection et l’aide des pouvoirs publics, disons, au sens large, de
la société : droit de propriété, droit de créance, droit de vote… ».

3. Classification des droits subjectifs. Nombreux et divers, il est difficile de classifier


aujourd’hui les droits subjectifs. Cette classification peut se reposer sur plusieurs critères dont
celui se rapportant à la patrimonialité ou nom, du droit subjectif. En effet, certains droits ont
une valeur économique et l’on dénomme ainsi droits subjectifs patrimoniaux (§II), tandis que
d’autres droits n’ayant pas ce caractère et l’on appelle droits subjectifs extrapatrimoniaux (§I).

§I. Droits subjectifs extrapatrimoniaux :‫الحقوق الغير مالية‬

§II.Droits subjectifs patrimoniaux :‫الحقوق المالية‬

2
§I.Droits subjectifs extrapatrimoniaux :‫الحقوق الغير مالية‬

4. Les droits subjectifs extrapatrimoniaux ne font pas, comme leur nom l’indique, partie du
patrimoine des personnes et donc ils n'ont pas de valeur pécuniaire. Ces droits ne sont pas des
biens et ne sont pas évaluables économiquement. Les droits subjectifs extrapatrimoniaux se
caractérisent essentiellement par le fait qu’ils sont incessibles et ils ne se transmettent pas
aux héritiers. Au sujet des types droits subjectifs extrapatrimoniaux, ceux-ci l’on peut les
subdiviser, à leur tour, en plusieurs divisions. Naturellement, les droits visant la protection de
la vie des hommes, leur sécurité et leur intégrité physique apparaissent comme les premiers
droits fondamentaux dans la hiérarchie des droits (I). Par la suite, on y trouve un nombre
important de droits qui occupent aujourd’hui une place fondamentale pour les hommes : il
s’agit principalement de la protection de la vie privée (II), droit à la justice (III).

I. Droits visant la protection de la vie des hommes, leur sécurité et leur


intégrité physique :‫ سﻼمتهم وأجسادهم‬,‫الحقوق الهادفة إلى حماية حياة اﻷشخاص‬

L’étude porte sur le droit à la vie (A) et le droit à l’intégrité physique (B).

A. Droit à la vie :‫الحق في الحياة‬

5. La vie, une valeur sacrée. La vie occupe la première place dans l’hiérarchie des valeurs, si
l’on peut apercevoir les droits subjectifs comme étant un système hiérarchisé, dont la
protection s’impose obligatoirement aux Etats. Personne, quelle que soit sa nature, ne peut
mettre fin à la vie d’un être humain. Cette place réservée à la vie, comme valeur sacrée,
s’explique fondamentalement par une considération humaine. La vie désigne l’existence : il
n’y a pas d’existence s’il n’y a pas lieu de vie. Egalement, cette valeur sacrée de la vie se
justifie pas une considération économique qu’on l’on peut la détecter dans les pertes causées
par la mort d’un individu. En effet, à cause de sa mort, l’individu ne peut travailler,
consommer et participer à la création de la richesse.

6. La réception de la valeur de la vie par le droit. La valeur sacrée de la vie se fait


remarquer au niveau juridique. Le droit à la vie est aperçu comme un droit suprême de l’être
humain sans lequel les autres droits ne pourraient exister, et c’est ainsi que l’on peut

3
comprendre son positionnement au sommet de la hiérarchie des droits subjectifs. Cette
sacralisation de la vie se manifeste juridiquement à travers l’affirmation du droit à la vie (1),
l’interdiction d’une mort sanction (2) et le refus d’une mort souhaitée (3).

1. Affirmation du droit à la vie : ‫إقرار الحق في الحياة‬

7. La sanctification du droit à la vie relève de l’évidence et le droit l’affirme explicitement.


L’article 20 de la Constitution marocaine l’aperçoit comme étant le droit premier de tout être
humain dont la loi doit protéger. Sur le plan international, l’on peut citer l’article 2 of the
humain rights act in UK 1998 affirms that: « nobody, including the Government, can try to
end your life. It also means the Gouvnment should take appropriate measures to safeguard life
by making laws to protect you and, in some circumstances, by taking steps to protect you if
your life is at risk ». Dans le même esprit, la Déclaration universelle des droits de l’homme,
adoptée le 10 décembre 1948 par l’assemblée général des Nations Unies, énonce en son
article 5 que « tout individu à droit à la vie », une affirmation semblable formulée par l’article
2 de la Conventionne européenne de sauvegarde des droits de l’homme1. Pour la Cour
européenne des droits de l’homme2, le droit à la vie se présente comme étant : « la valeur
suprême dans l’échelle des droits de l’homme sur le plan international ».

8. Le droit pénal constitue l’instrument juridique permettant la protection de la vie. C’est par
le biais du droit pénal que les pouvoirs publics réagissent contre les actes criminels portant
atteinte à la vie des êtres humains. La mise en œuvre de la sacralité de la vie s’opère
concrètement par les textes composant le droit pénal et notamment les articles 392, 393, 394,
395, 396, 397, 398, 399 du code pénal.

2. L’interdiction de la mort sanction : -‫أو كجزاء‬-‫منع الموت كعقوبة‬

8. Comme corollaire du droit à la vie, il y a aujourd’hui une tendance à l’échelle


internationale vers l’abolition de la peine de mort. Conçu par Cesare Beccaria3, ce mouvement
abolitionniste a été adopté au XIX siècle en Europe par les droits positifs d’un nombre
important de pays (Grèce en 1862, Portugal en 1867, Pays-Bas en 1870, en 1863) avant qu’il
soit étendu, sous l’effet de la mondialisation de la protection universelle des droits de
l’homme, aux autres pays (Royaume-Uni en 1973, Luxembourg en 1979, la Belgique en

1
Cet article dispose que : « Le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi ».
2
Juridiction internationale, la CEDH assure le respect des engagements souscrits des Etats signataires de la
Convention européenne des droits de l’homme et de ses protocoles additionnels.
3
Ecrivain italien (1738-17994), Beccaria fut l’un des défenseurs de l’abolition de la peine de mort.

4
1996). Pour la France, l’abolition de la peine de mort s’est instaurée initialement par voie
légale en 19814 et par la suite s’est constitutionnalisée5, preuve de l’importance que réserve
l’Etat français au droit à la vie. L’article 66-1 de la Constitution établit que : « Nul ne peut
être condamné à la peine de mort ». Dans cet esprit, le Conseil d’Etat français affirme a
affirmé que l’abolition de la peine de mort relève de l’ordre public français6.

9. Au sujet droit marocain, le code pénal autorise toujours la peine de mort par fusillade
dans certaines situations concernant l’homicide aggravé, la torture, le vol à main armée7,
l’incendie criminel, la trahison, la désertion, mais tout en accordant aux juges la possibilité de
faire bénéficier l’accusé de circonstances atténuantes.

3.Le refus du droit à la mort : ‫منع الحق في الموت‬

La mort biologique, c'est-à-dire les composantes vitales cessent de fonctionner, met fin à la
personnalité juridique. Cet événement "ayant pour effet de retirer la qualité de sujet de droits à
l'être, désormais sorti de la scène juridique". La mort se constate médicalement et se déclare à
l'état civil. Mais, une question juridique qui s’était posée et se pose toujours portant sur le
droit à la mort : une personne a-t-elle le droit de mettre fin à sa vie ?

L’affaire Pretty. ( ‫ قضية‬Pretty)

Affaire Pretty c/Royaume-Uni

Diane Pretty, ressortissante britannique née en 1985, souffrait d’une sclérose latérale
amyotrophique, maladie neurodégénérative incurable8, et demandait une suicide assistée par
ce qu’elle était incapable à le faire toute seule. Sa demande l’avait justifiée par le niveau
avancé de sa maladie, qu’elle est paralysée du cou aux pieds, qu’elle ne s’exprime pas de
façon compréhensible, qu’on l’alimente au moyen d’un tube, qu’aucun traitement ne peut
freiner la progression de la maladie, et que ses souffrances s’accompagnent d’une perte de
dignité, et donc pour mettre fin à toutes ces souffrances et s’échappait à cette indignité elle
souhaitait pouvoir obtenir l’assistance de son mari pour mettre un terme à sa vie sans qu’une
poursuite soit engagée contre lui. Autrement dit, elle avait demandé une immunité de

4
Loi n° 81-908, 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort.
5
La révision constitutionnelle réalisée le 23 février 2007 a introduit dans la Constitution du 4 octobre 1958
l’interdiction de la peine de mort.
6
E.Terrier, op.cit, p. 185.
7
‫السطو المسلح‬
8
Scrélose latéral amyotrophique (-‫أو التصلب العضلي‬- ‫) التصلب جانبي ضموري‬. -‫أو ضعف‬-‫هدا المرض القاتل يسبب ضمور‬
.‫الجهاز العصبي بسبب ضموراﻷعصاب الحركية و الخﻼيا العصبية‬

5
poursuites à son mari s’il aidait à se suicider. La loi anglaise est claire à l’égard de cette
question: elle ne considère pas le suicide comme une infraction, mais celle-ci est établie dans
le cas où quelqu’un aide autrui à se suicider. Et donc les tribunaux anglais n’ont pas accueilli
favorablement sa demande et la requérante a introduit une requête visant la satisfaction de son
souhait devant la Cour européenne des droits de l’homme. Pour convaincre la Cour de la
justesse de sa cause, Madame Pretty avait avancé que le droit de mourir constitue un
prolongement au droit à la vie et qu’il appartient, en vertu l’article 2 de la CEDH (droit à la
vie), à chaque individu de décider s’il veut vivre et que le droit britannique aurait dû être
modifié afin qu’elle puisse réaliser son souhait. Egalement, elle s’est fondée sur le droit au
respect de la vie privée (art.8 CEDH) qui reconnait, selon elle, un droit à l’autodétermination.
Encore, elle avait allégué que le refus des juridictions britanniques de prendre l’engagement
de ne pas poursuivre son mari s’il aidait à se suicider constitue une atteinte au principe de la
non-discrimination (art.14 CEDH) dans la mesure où l’interdiction du suicide assisté
représente une discrimination contre les personnes qui ne peuvent pas se suicider sans
assistance, alors que les personnes valides peuvent légalement le faire.

Composée de sept juges, la CEDH a pris une décision 29 avril 2002, requête n° 2346/02,
Pretty c/ Royaume-Uni

Le fondement de l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme. Pour la


Cour, l’article 2 (garantissant le droit à la vie) met à la charge de l’Etat l’obligation de prendre
toutes les mesures pour la protection de la vie des personnes. Elle précise que cet article ne
comporte pas un aspect négatif accordant un droit à l’autodétermination de sorte qu’il
donnerait à tout individu le droit de choisir la mort plutôt que la vie. Et conséquence, la Cour
énonce que le droit à mourir ne peut être déduit de l’article 2 que ce soit de la main d’un tiers
ou avec l’assistance d’une autorité publique.

Le fondement de l’article 3.

L’article 3 de la CEDH dispose que : « Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou
traitements inhumains ou dégradants ». Pour la requérante, l’Etat inflige de pareils traitements
quand il n’intervient pas à les éviter en prenant les mesures adéquates.

B. Droit au respect du corps humain : ‫الحق في حماية الجسد‬

En l’absence d’une définition précise de ce qui est le corps humain, l’on retient une approche
doctrinale qui l’aperçoit comme étant « la partie matérielle de l’être par opposition à l’âme, à
6
l’esprit ». Au sujet de sa réception par le droit, ce dernier aperçoit le corps humain comme
étant une valeur sacrée et lui réserve, en conséquence, une protection particulière. Celle-ci se
concrétise essentiellement à travers deux principes : l’inviolabilité du corps humain (1) et son
indisponibilité (2).

1. L’inviolabilité du corps humain : ‫عدم المس بحرمة الجسد‬

L’inviolabilité du corps humain fait partie des principes sacrés dont le respect pèse sur tout le
monde : Etat et personnes (a). Néanmoins, loin d’être absolu, ce principe supporte des
dérogations (b).

a. Le principe de l’inviolabilité du corps humain :‫مبدأ عدم انتهاك حرمة الجسد‬

L’étude porte sur la consécration du principe (a.a) et sa mise en œuvre (b.).

a.a.La consécration du principe : ‫إقرار المبدأ‬

L’inviolabilité du corps humain, appelée également droit à l’intégrité physique, désigne que
le corps de l’être humain doit être respecté et protégé. Une protection qui pèse principalement
sur l’Etat. Les textes juridiques qui consacrent ce respect dû au corps humain sont aujourd’hui
nombreux au niveau du droit national et international. Au sujet droit marocain, la protection
du corps humain est consacrée au niveau du sommet de la hiérarchie du système juridique,
puisque l’article 22 de la constitution affirme qu’ : «il ne peut être porté atteinte à l’intégrité
physique ou morale de quiconque, en quelque circonstance que ce soit, et par quelque partie
que ce soit, privée ou publique ». Dans le même esprit, l’article 1 de la Charte Québécoise des
droits et libertés déclare que : « Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu’à la sureté, à
l’intégrité et la liberté de sa personne ».

b.b.La mise en œuvre du principe de l’inviolabilité du corps humain : ‫التنزيل‬


‫الفعلي لمبدأ عدم انتهاك حرمة الجسد‬

L’atteinte au corps humain est prohibée quel que soit l’attitude de la victime : que ce dernier
ait donné son consentement ou non. Porter atteinte au corps humain d’une personne sans son
consentement constitue une infraction pénale9 et ouvre également le droit à réparation civile.

9
L’article 400 du Code pénal marocain dispose que : « Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte
des coups à autrui ou commet toutes autres violences ou voies de fait, soit qu’ils n’ont causé ni maladie, ni
incapacité, soit qu’ils ont entrainé une maladie ou une incapacité de travail personnel n’excédant pas vingt
jours, est puni d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 200 à 500 dh ».

7
Si la prohibition de porter atteinte au corps d’un individu sans son accord apparait logique,
une question peut se poser dans le cas contraire ; c’est-à-dire dans le cas où la victime a donné
son consentement : ce consentement légitime-t-il l’atteinte à son corps ? En principe, le
consentement de la victime n’a pas d’effet juridique sur la qualification de l’acte, ce dernier
constituant toujours une infraction. Toute convention par laquelle deux personnes
« s’attribuent le droit de disposer mutuellement de leur vie…rentre évidemment dans la
catégorie des conventions contraires aux bonnes mœurs et à l’ordre public »10.

b. Dérogations au principe de l’inviolabilité du corps humain : ‫إمكانية خرق‬


‫مبدأ عدم انتهاك حرمة الجسد‬

Exceptionnellement, le principe de l’inviolabilité du corps humain supporte certaines


dérogations concernant l’intérêt général (a.a) et l’intérêt médical (b.b).

a.a.L’intérêt général : ‫المصلحة العامة‬

L’intérêt général impose dans certains cas l’atteinte au corps humain. Les sanctions issues du
droit pénal sont des peines corporelles qui certainement portent atteinte au corps du
malfaiteur, mais sont justifiées par la réaction nécessaire de l’Etat contre les actes criminels.
Cependant, au cours de la procédure, certaines pratiques inhumaines sont prohibées. A titre
d’exemple, certaines législations interdisent l’injection du sérum de vérité (pentothal) dans le
corps de l’accusé dans le but de le faire avouer, ainsi que l’identification des empreintes
génétiques d’une personne qui ne peut se réaliser qu’avec son consentement.

b.b.L’intérêt médical du patient et l’intérêt de la société : ‫المصلحة الطبية‬


‫للمريض ومصلحة المجتمع‬

L’intérêt thérapeutique du patient. Les atteintes à l’intégrité physique sont autorisées


s’elles sont justifiées par des intérêts thérapeutiques du patient. Ce dernier doit exprimer
expressément son consentement comme l’affirme à titre d’exemple L.1111-4 du Code la santé
publique français : « Aucun acte médical ni aucun traitement ne peuvent être pratiqués sans le
consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout
moment ».

‫من ارتكب عمدا ضد غيره جرحا أو ضربا أو أي نوع اخر من العنف أو اﻻيداء سواء لم ينتج عنه مرض أو عجز عن اﻷشغال الشخصية أو نتج‬-
-...‫ يعاقب بالحبس من شهر واحد إلى سنة‬,‫عنه مرض أو عجز ﻻتتجاوز مدته عشرين يوما‬
10
Crim 22 juin 1837, S 1837.1.465. cité par R.Cabrillac, op.cit, p. 210.

8
L’intérêt de la société. Le principe de l’inviolabilité du corps humain s’écarte également en
raison de l’intérêt médical de la société. A titre d’exemple, des vaccinations obligatoires
s’imposent aux personnes afin de prévenir la transmission des maladies qui peuvent avoir de
graves conséquences et causer même la mort. Egalement, ce principe s’efface devant l’intérêt
de la recherche scientifique. Mais, cette recherche doit se réaliser dans le respect de certaines
exigences. La recherche en cause doit répondre à des garanties scientifiques (1121-2 CSPF),
des conditions sont posées pour certaines personnes vulnérables (mineurs, femmes enceintes,
personnes privées de libertés, etc).

2. L’indisponibilité du corps humain : ‫عدم القابلية للتصرف في جسم اﻹنسان‬

Le droit s’intéresse fondamentalement aux personnes, les choses et les actions en justice. Au
sujet du corps humain, son rattachement à l’une des catégories susmentionnées soulève une
difficulté. Le corps humain est-il une chose ou constitue-t-il le prolongement de la personne?
L’idée de la propriété du corps humain s’était toujours posée : Le corps humain constitue-t-
elle une chose et donc une propriété ? L’être humain dispose-t-il librement de son corps ?

L’indisponibilité du corps humain signifie que ce dernier ne peut faire l’objet d’une
convention et la doctrine dominante s’oppose à l’aperception du corps humain comme étant
une propriété, et le considère comme « le substratum de la personne », et défend
l’indissociabilité de la personne et son corps. L’exemple de la licéité des mères porteuses en
est l’illustration. Dans les années 80, cette pratique était autorisée et donc licite. Par la suite, la
jurisprudence en a annulé au non de l’indisponibilité du corps humain et le législateur en a
confirmé par une loi adoptée en 1994. L’article 16 du Code civil issu de cette loi dispose que :
« Toute convention portant sur le corps d’autrui est prohibé ». Dans le même sens, l’article
16-1, alinéa 3 du code civil français dispose que : « chacun a droit au respect de son corps. Le
corps humain est inviolable. Le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent
faire l’objet d’un droit patrimonial ». La prohibition des conventions lucratives portant sur
le corps est réaffirmé par l’article 16-5 du code civil qui dispose que : « Les conventions
ayant pour effet de conférer une valeur patrimoniale au corps humain, à ses éléments ou à ses
produits sont nulles ». S’alignant sur le même principe, l’alinéa 1 de l’article 25 du Code civil
du Québec énonce que : « L’aliénation que fait une personne d’une partie ou de produits de
son corps doit être gratuite ; elle ne peut être répétée si elle présente un risque pour la
santé. ». L’alinéa du même article ajoute que : « L’expérimentation ne peut donner lieu à

9
aucune contrepartie financière hormis le versement d’une indemnité en compensation des
pertes et des contraintes subies ».

Au sujet du droit marocain, l’on peut dire que ce droit affirme la sacralité du corps humain à
preuve sa constitutionnalisation (art.22 ) et également sa consécration légale. La loi 16-98 du
16 septembre 199911.

Article 5 et 3 de la loi 16-98 du 16 septembre 1999 relative au don, au prélèvement et à la


transplantation d’organes et de tissus humain.

II. Droit au respect de la vie privée : ‫الحق في احترام الحياة الخاصة‬

1. Aujourd’hui, la vie privée figure parmi les droits fondamentaux garantis aux individus et
jouit d’une protection juridique particulière. Le droit l’aperçoit comme étant une valeur
fondamentale dont la protection s’impose contre toutes les atteintes et les menaces provenant
des autres. Naturellement, des questions évidentes se posent concernant la vie privée portant
essentiellement sur sa notion, mais avant d’y arriver, il convient préalablement de s’interroger
sur son apparition.

2. Certains auteurs rattachent l’apparition de la vie privée à l’élargissement du périmètre du


lectorat et la modification de la fonction de la presse à la première moitié du XXe siècle. A
partir de cette époque, les journalistes ne vont pas se focaliser sur la diffusion de l’information
et la polémique politique, mais ils vont s’intéresser aux états d’âmes des artistes et aux
fredaines des hommes politiques. Cet intérêt porté à la sphère privée des individus s’est
davantage développé avec les nouvelles technologies d’information et de communication
(NTIC). Ces outils contribuent aujourd’hui à la divulgation des données personnelles et
intimes intéressant la sphère privée des personnes avec tous les dommages qui en résultent.

3. La notion de la vie privée. Qu’entendons-nous par vie privée ? Pour y répondre, l’on
affirme que cette notion apparaisse difficilement saisissable en raison de la multiplicité de ses
aspects. En effet, la vie privée peut recouvrir un ensemble d’éléments corporels
(correspondance, domicile, donnés personnelles, état de santé, rapports, photos, etc) et
incorporels (secrets, intimités, sentiments, vie familiale, convictions religieuses, etc)

11
Loi 16-98 du 16 septembre 1999 relative au don, au prélèvement et à la transplantation d’organes et de
tissus humains. ‫المتعلق بالتبرع باﻷعضاء واﻷنسجة البشرية وأخدها وزرعها‬

10
appartenant exclusivement à une personne donnée. Pour tenter sa circonscription, la doctrine
estime que la vie privée représente « la vie cachée, à tous le moins discrète », à l’opposé de la
vie publique « qui se déroule dans la rue ou dans un endroit accessible à tous ou à beaucoup ».
En somme, les limites de la notion de la vie privée se révèlent imprécises et suscitent, en
conséquence, une difficulté juridique portant sur ses aspects auxquels le droit doit protéger.
Dans cette brève étude, l’accent sera mis sur les personnes susceptibles de disposer d’une
protection de la vie privée (B). Nous nous référons à quelques illustrations jurisprudentielles
affirmant cette protection (C). Mais, il convient dans une première étape à citer quelques
textes fondamentaux consacrant le droit à la protection à la vie privée (A).

A. La consécration juridique du droit au respect de la vie privée

L’article 24 de la Constitution marocaine dispose que: « Toute personne a droit à la


protection de sa vie privée ».

Art. 5 de la Charte des droits et libertés Québécoise dispose que : « Toute personne a droit
au respect de sa vie privée ».

Art. 23 de la Constitution russe énonce : « Chacun à droit à l’inviolabilité de la vie privée,


au secret professionnel et familial, à la défense de son honneur et de sa réputation. Chacun a
droit au secret de la correspondance, des entretiens téléphoniques, des communications
postales, télégraphiques et autres. La limitation de ce droit n’est admise que sur la base d’une
décision judiciaire »

Art.8 de la convention européenne des droits de l’homme affirme que : « Toute personne a
droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance ».

L’article 12 de la déclaration universelle des droits de l’homme : « Nul ne sera l’objet


d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni
d’atteintes à son honneur ni à sa réputation ».

Art.8 of the human rights Act 1998 affirms the right to respect for private and family
life.

L’article 9 du Code civil français, issu de la loi du 17 juillet 1970

11
Art.3 du Code civil du Québec de 1994 énonce que : « Toute personne est titulaire de
droits de la personnalité, tels le droit à la vie, à l’inviolabilité et à l’intégrité de sa
personne, au respect de son nom, de sa réputation et de sa vie privée »

Article 226-1 du Code pénal français : « Constitue une atteinte à l’intimité de la vie
privée, que ne légitime pas l’information du public, la captation, l’enregistrement ou la
transmission sans le consentement de leur auteur des paroles prononcées à titre privé ou
confidentiel ».

B.Les bénéficiaires du droit au respect de la vie privée : ‫المستفيدين من الحق في‬


‫احترام الحياة الخاصة‬

Deux questions se posent concernant les bénéficiaires du droit au respect de la vie prive :
quelles sont les personnes pouvant s’en prévaloir ? Et les héritiers ont-ils le droit d’intenter
une action en réparation du dommage résultant de l’atteinte à la vie privée de leurs proches
décédés ?

Au sujet de la première question, la jurisprudence de la Cour de cassation affirme que les


personnes morales n’ont pas une vie privée12 et en conséquence elles ne disposent pas du
droit d’intenter une action visant son respect. Un droit reconnu exclusivement aux personnes
physiques. La Cour de cassation, à travers un arrêt rendu le 17 mars 2016, affirme que : « Si
les personnes morales disposent, notamment, d’un droit à la protection de leur nom, de leur
domicile, de leurs correspondances et de leur réputation, seules les personnes physiques
peuvent se prévaloir d’une atteinte à la vie privée au sens de l’article 9 du Code civil »13.

Quant au droit des héritiers d’intenter une action en réparation du dommage résultant de
l’atteinte à la vie privée de leurs proches, la Cour de cassation française considère que ce droit
ne bénéficie qu’aux seuls vivants. Dans un arrêt rendu le 14 décembre 1994, la première
chambre civile de la Cour de cassation a affirmé que : « Le droit d’agir pour le respect de la
vie privée s’éteint au décès de la personne concernée, seule titulaire de ce droit, et n’est pas
transmis à ses héritiers »14. Cette position fut confirmée par le Conseil d’Etat en affirmant

12
‫ليست لﻸشخاص المعنويين حياة خاصة‬
13
‫ اﻷشخاص‬.‫ يملكون لوحدهم حق إقامة الدعاوى القضائية الهادفة إلى حماية حياتهم الخاصة‬-‫أو الذاتيين‬-‫أكد هدا القرار أن اﻷشخاص الطبيعيين‬
.‫المعنويين ﻻيملكون هدا الحق‬
14 er
Cass.civ, 2 , 8 juillet 2004, n° 03-13260. Intitulé « Histoires des vieilles familles de Lovagny », un article,
publié dans le bulletin municipal de la commune de Louvagny, s’intéressait aux membres d’une famille ayant

12
que : « le droit d’agir pour le respect de la vie privée s’éteint au décès de la personne
concernée, seule titulaire de ce droit, et n’est pas transmis aux héritiers ; que si les proches
d’une personne peuvent s’opposer à la reproduction de son image après son décès, c’est à la
condition d’en éprouver un préjudice personnel, direct et certain »

Illustrations jurisprudentielles de la protection de la vie privée

La Cour de cassation, le salarié a droit au respect, même sur le temps et le lieu de


travail, de l’intimité de sa personne15.

Arrêt Nikon :

L’arrêt Nikon était l’occasion pour affirmer le respect de la vie privée dans les lieux de
travail. Vu l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales, l'article 9 du Code civil, l'article 9 du nouveau Code de procédure civile et l'article L. 120-2 du
Code du travail ;

Attendu que le salarié a droit, même au temps et au lieu de travail, au respect de l'intimité de
sa vie privée ; que celle-ci implique en particulier le secret des correspondances ; que
l'employeur ne peut dès lors sans violation de cette liberté fondamentale prendre connaissance
des messages personnels émis par le salarié et reçus par lui grâce à un outil informatique mis à
sa disposition pour son travail et ceci même au cas où l'employeur aurait interdit une
utilisation non professionnelle de l'ordinateur ;
Attendu que pour décider que le licenciement de M. X... était justifié par une faute grave, la
cour d'appel a notamment retenu que le salarié avait entretenu pendant ses heures de travail
une activité parallèle ; qu'elle s'est fondée pour établir ce comportement sur le contenu de
messages émis et reçus par le salarié, que l'employeur avait découverts en consultant
l'ordinateur mis à la disposition de M. X... par la société et comportant un fichier intitulé "
personnel

III. Droit à la justice : ‫الحق في العدالة‬

vécu entre 1725 et la première moitié du siècle suivant, et particulièrement sur la vie de deux époux. Ces
derniers ont vécu, selon l’auteur de l’article « une longue vie d’errance et de misère et traversé une période
assez agitée », et allusion à « des mariages consanguins, des naissances hors mariage ». Estimant que ledit
article portait atteinte à la vie rivée de leurs ancêtres, les descendants de couple ont introduit une action en
réparation du préjudice contre son auteur et le maire de Louvagny sur les fondements des articles 9, 1382 du
Code civil et 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentales. Confirmant le raisonnement de la Cour d’appel, la Cour de cassation a jugé que « le droit d’agir
pour le respect de la vie privée s’éteint au décès de la personne concernée, seule titulaire de ce droit ,et n’est
pas transmis à ces héritiers ». La haute juridiction a ajouté que « le texte litigieux ne concernait que des
personnes décédées, sans que soit cité aucun des consorts Z présents dans la procédure, de sorte qu’aucune
atteinte à la vie privée dans sa dimension familiale n’était établie ».
15
Cass.soc.2 octobre 2001, n° 99-42.942. Une société (Nikon) a licencié un ingénieur, chef du département de
topographie, pour faute grave : l’usage à fins personnels le matériel mis à sa dispostion par la société pour des
fins professionnelles.

13
1.La raison d’être de la justice. La justice a été aperçue depuis toujours comme un idéal jugé
fondamental pour la vie sociale. Jugée idéal parce que son absence entraîne le désordre ou
le chaos social comme l’avait exprimé depuis des siècles lointains le philosophe
présocratique Héraclite (la fin du VI siècle avant J.-C), et ruine la civilisation comme l’avait
affirmé Ibn Khaldoune dans son introduction16. C’est pour cette raison la construction des
Etats de droit repose aujourd’hui, entre autres, sur la justice comme fondement
inexpugnable pour leur continuité, stabilité et progrès. La constitutionnalisation de la
justice dans les différents pays illustre la place cruciale qu'elle occupe dans les sociétés
démocrates. Pour la constitution marocaine du 2011, la justice est considérée comme un
pouvoir judiciaire indépendant à part entière par rapport aux pouvoirs législatif et exécutif
et dont le nombre des articles qui lui sont consacrés traduit son importance.

2.La réalisation de la justice. La justice est considérée comme un service public dont la
réalisation est assurée par l'Etat. Cette fonction juridictionnelle de l'Etat consiste à résoudre
les litiges opposant les personnes juridiques, ces dernières ne peuvent se faire justice elles-
mêmes17. Ceci signifie que toute personne se prétend créancier d’un droit subjectif doit
s’adresser à un juge pour obtenir un jugement qui lui servira de titre exécutoire, ce dernier
ne peut être arraché par la force. Cette compétence, de trancher les litiges, réservée
exclusivement aux tribunaux étatiques est explicitement consacrée par la Constitution
marocaine18. Le droit d’accès à la justice constitue aujourd’hui un droit fondamental (A)
dont la mise en œuvre pèse sur l’Etat (B).

A.Droit d’accès à la justice, un droit fondamental : ‫الولوج إلى العدالة حق أساسي‬


La consécration du droit à l’accès à la justice. Le droit d’accès à la justice est garantit à
toute personne, quelque soit sa forme, physique ou morale, ou sa nature, publique ou
privée, pour faire valoir ses droits. Sa valeur se fait remarquer à travers sa consécration par
le droit interne et le droit international.

Au niveau interne, l’article 118 de la Constitution marocaine affirme explicitement que :


« L’accès à la justice est garanti à toute personne pour la défense de ses droits et de des
intérêts protégés par la loi ». Sur le plan international, l’article 8 de la déclaration universelle
des droits de l’homme du 10 décembre 1948 déclare que : « Toute personne a droit à un
recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les
droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la Constitution ou par la loi ». Dans le même
esprit, l’article 14§1 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques19 annonce
que : « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue par un tribunal… ».
Egalement, l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’homme dispose que :

16
-‫الظلم مؤذن بخراب العمران‬- ‫ابن خلدون أكد في أحد عناوين مقدمته أن‬
17
Le fameux adage qui prévoit que : « Nul ne se fait justice à soi même ».
18
L’article 117 de la Constitution marocaine dispose que : « Le juge est en charge de la protection des droits et
libertés et de la sécurité judiciaire des personnes et des groupes, ainsi que de l’application de la loi ».
19
Ce pace a été adopté à New York le 16 décembre 1966 par l’Assemblée générale des Nations Unies.

14
« Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et
dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial établi par la loi… ».

Le caractère fondamental du droit à la justice. Le droit d’accès à la justice constitue un droit


fondamental par ce qu’il assure l’effectivité des droits fondamentaux : l’action en justice
permet la garantie des droits fondamentaux substantiels.

B.La mise en œuvre du droit d’accès à la justice : ‫ﺗنزيل الحق في العدالة‬


L’accès à la justice reste un droit inefficace s’il ne trouve pas application concrète dans la
pratique. Parties débitrices à l’égard de ce droit, les autorités étatiques sont tenues à tout
mettre en œuvre pour assurer aux citoyens un recours juridictionnel effectif. Un tel recours
qui doit se reposer sur un nombre important de garanties dont trois apparaissent les plus
fondamentales : l’égalité (1), la gratuité (2) et la proximité (3).

1. L’égalité :‫المساواة‬
Le fonctionnement des services publics reposent sur un nombre important de principes dont
celui relatif à l’égalité. Le service public de la justice ne déroge pas à ce principe. L’accès à la
justice est garanti, comme l’affirme l’article 118 de la Constitution, à toutes les personnes
sans distinction fondée sur un motif précis (religion, sexe, couleur, convictions politiques ou
syndicales, etc). Concrètement, l’égalité à l’accès à la justice signifie que les justiciables
dans une situation semblable ont le droit d’être jugés par les mêmes tribunaux et d’être
soumis aux mêmes règles substantielles que processuelles20. Egalement, ce principe
d’égalité impose l’existence d’une juridiction supérieure chargée d’assurer l’unité du droit21.
Pour le système judiciaire marocain, c’est la Cour de cassation qui assure cette mission.

2.La gratuité : ‫المجانية‬


L’effectivité du droit d’accès à la justice implique également sa gratuité. Ce droit serait
dépourvu de sens si les personnes disposant de ressources financières peuvent seules s’en
prévaloir. L’article 121 de la Constitution marocaine consacre clairement cette gratuité en
énonçant que : « Dans les cas où la loi le prévoit, la justice est gratuite pour ceux qui ne
disposent pas de ressources suffisantes pour ester en justice ». La première conséquence de
ce principe c’est que les magistrats ne sont pas rémunérés par les justiciables, mais c’est par
l’Etat. Ce dernier se charge également à instaurer un régime juridique permettant la prise en
charge des frais de la justice et notamment à travers ce qui est appelé l’aide juridictionnelle.
L’aide juridictionnelle qui offre aux justiciables aux revenus modestes d’accéder à la justice
sans avoir à supporter les frais occasionnés par le déclenchement d’une procédure.

20
M.Mekki, op.cit, p. 604, p. 606.
21
Ibid. 606

15
3.La proximité :‫القرب‬
L’effectivité du droit d’accès à la justice passe par l’existence d’un autre mécanisme à savoir
la proximité. Il faut rapprocher les justiciables des juges22. Au Maroc, une loi 42.10 du 17
août 201123 fut promulguée pour atteindre cet objectif. Des juridictions de proximité furent
installées dans le ressort des tribunaux de première instance. Ces juridictions se composent
d’un ou plusieurs juges et d’agents de greffe ou de secrétariat. La procédure devant ces
juridictions est orale, gratuite et exempte de tous les taxes judiciaires en ce qui concerne les
demandes présentées par les personnes physiques. Côté compétence, ces juridictions
tranchent les actions personnelles et mobilières qui n’excèdent pas la valeur de cinq mille
dirhams. En revanche, elles ne peuvent pas trancher les litiges relatifs au statut personnel,
l’immobilier, aux affaires sociales et aux expulsions24.

§II. Droits subjectifs patrimoniaux :‫الحقوق المالية‬

A l’opposé des droits extrapatrimoniaux, les droits patrimoniaux sont de droits ayant de
valeur économique –évaluables en argent-, cessible, saisissable et prescriptible. Les droits
patrimoniaux sont des biens régis par le droit patrimonial qui se décrit comme étant le droit de
la valeur-argent par opposition au droit extrapatrimonial qui n’est pas monétaire, mais qui
s’intéresse à la personnalité. Dans cette brève étude l’attention sera portée sur l’appréhension
du patrimoine (I) et la classification des droits patrimoniaux (II).

I.L’appréhension du patrimoine :‫الذمة المالية‬

L’appréhension du patrimoine nécessite de mettre l’accent sur sa notion (A), ses éléments (B)
et ses caractéristiques (C).

A. La notion du patrimoine : ‫مفهوم الذمة المالية‬

Le patrimoine représente l’aspect économique et financier des personnes juridiques.


Concernant la notion du patrimoine, l’absence d’une définition légale, la doctrine en
appréhende comme étant : « L’ensemble des rapports de droit, susceptibles d’une évaluation
pécuniaire, et dans lesquels une personne est engagée soit positivement (droits de créance,
droit de propriété, usufruit, etc), soit négativement (dette ou servitude) ». Dans le même sens,

22
Ibid. 610.
23
Loi 42.10 du 17 août 2011 relative à l’organisation des juridictions de proximité et à leur compétence.
24
‫اﻹفراغات‬

16
le patrimoine se définit comme un : « Ensemble des biens et des obligations d'une personne,
envisagé comme une universalité25 de droit, c'est-à-dire comme une masse mouvante dont
l'actif et le passif ne peuvent être dissociés"26. Il ressort de cette appréhension que le
patrimoine n’est ni riche, ni pauvre, et qu’il n’est pas synonyme de fortune, ni l’héritage
paternel. Selon cette aperception doctrinale, le patrimoine se forme d’un ensemble de droits et
de charges, appréciables en argent, dont est titulaire une personne.

B. Les éléments du patrimoine : ‫العناصر المشكلة للذمة المالية‬

Le patrimoine d’une personne, comme il ressort de son aperception doctrinale, comprend des
éléments actifs (1) et passifs (2) évaluables en argent : ne relève pas du patrimoine les droits
n’ayant pas une valeur économique, ou pécuniaire.

1. L’actif : ‫العنصر اﻹيجابي‬

L’actif du patrimoine comprend tous les biens, appréciables en argent, d’une personne. Les
biens se divisent traditionnellement en deux catégories : biens corporels (a) et les biens
incorporels (b).

a.Les biens corporels :‫اﻷموال المادية‬

Les biens corporels sont les choses qui existent physiquement et que l’on peut les toucher
matériellement. Les choses se divisent, à leur tour, en deux catégories : les choses immeubles
(maison, terre, etc) ou les choses meubles (véhicules, animaux, etc).

b.Les biens incorporels :‫اﻷموال الغير مادية‬

A l’opposée des biens corporels, les biens incorporels n’ont pas une existence matérielle mais
ils rentrent dans le patrimoine par ce qu’ils ont une valeur économique. A titre d’exemple,
L’on peut citer les droits d’auteur (la propriété littéraire), les parts sociales et les actions liées
à l’existence d’une personne morale (le montant des apports des associés ou actionnaires), la
clientèle27, etc.

25
Universalité: réunion, intégrité, ensemble, globalité, tout, etc.
26
R. Guillien, J. Vincent, S.Guinchard, G. Montagnier, Lexique des termes juridiques, Dalloz 2005, p. 454.
27
La clientèle constitue une composante essentielle pour le bon fonctionnement d’une activité commerciale,
industrielle ou de services.

17
2.Le Passif : ‫العنصر السلبي‬

Il rassemble toutes les dettes d’une personne, et d’une manière plus précise toutes ses
obligations et charges appréciables en argent. Pour certains auteurs le passif réunit Les
rapports juridiques qui ont une valeur négative pour une personne.

C.Les caractéristiques du patrimoine : ‫خصائص الذمة المالية‬

Les caractéristiques du patrimoine sont le résultat du caractère monétaire de ce dernier. Le


patrimoine est nécessairement rattaché à une personne juridique (1), cessible (2),
transmissible (3) et saisissable (4).

1.Le rattachement nécessaire du patrimoine aux personnes : ‫ارتباط الذمة المالية‬


‫باﻷشخاص‬

Tout patrimoine suppose l’existence de son titulaire : une personne physique ou morale. Le
nouveau né a un patrimoine même s’il est vide de droits et dettes. Cette relation structurelle
entre le patrimoine et la personne signifie l’impossibilité de patrimoines autonomes.

2. Cessibilité des éléments patrimoine. ‫قابلية العناصر المشكلة للذمة المالية للتفويت‬

Cette cessibilité signifie l’aliénabilité des éléments du patrimoine entre les personnes ; les
éléments du patrimoine sont dans le commerce (vendus, loués, donnés à titre gratuit).

3.Transmissibilité des éléments du patrimoine. ‫قابلية العناصر المشكلة للذمة المالية‬


‫لﻼنتقال‬

Les éléments constitutifs du patrimoine sont transmissibles aux héritiers à cause de mort de la
personne physique ou à la dissolution de la personne morale28. Cependant, le patrimoine en
tant que tel est intransmissible entre personnes vivantes, dans la mesure où ces dernières ne
peuvent vivre sans patrimoine.

28
Les héritiers se voient attribuer les actions de la SA ou les parts sociales de la SARL dont le défunt était
titulaire.

18
4. Saisissabilité des éléments du patrimoine. ‫قابلية العناصر المشكلة للذمة المالية‬
‫للحجز‬

Les éléments du patrimoine sont saisissables signifie essentiellement que le créancier est en
droit de saisir par les voies légales les biens de son débiteur et de les faire vendre
judiciairement pour être payé sur le produit de la vente.

II. La classification des droits patrimoniaux : ‫تصنيف الحقوق المالية‬

Les droits patrimoniaux se regroupent essentiellement en deux catégories : les droits réels (A),
les droits personnels (B).

A.Les droits réels : ‫الحقوق العينية‬

Le droit réel se définit comme étant un pouvoir juridique reconnu à une personne sur une chose. Les
droits réels se divisent en deux catégories : droits réels principaux et droits réels accessoires. Les droits
réels principaux (‫ )الحقوق العينية اﻷصلية‬confèrent à leurs titulaires une maîtrise sur les choses
indépendamment de tout autre droit29. Les droits réels principaux, selon l’article 9 du Code des droits
réels, sont le droit de propriété ( ‫)حق الملكية‬, les servitudes et les services fonciers ( ‫حق اﻻرتفاق والتحمﻼت‬
‫)العقارية‬, l’usufruit (‫)حق اﻻنتفاع‬, la rente viagère , le droit d’usage, le droit de superficie, l’emphytéose,
le droit de habous, le droit de zina, le droit de haoua, les droits coutumiers dont l’existence est
confirmée avant l’entrée en vigueur des présentes.

Le droit réel accessoire (‫ )الحق العيني التبعي‬c’est un droit, comme le précise l’article 10 du Code des
droits réels « qui n’est pas établi par lui-même, mais s’appuie sur l’existence d’un droit personnel et
constitue une garantie pour son paiement »30. Les droits réels accessoires sont, comme le fixe l’article
10 du code des droits réels, les privilèges (‫)اﻻمتيازات‬, le nantissement (‫ )الرهن الحيازي‬et l’hypothèque
(‫)الرهن الرسمي‬.

B. Droits personnels : ‫الحقوق الشخصية‬

Appelé aussi droit de créance, le droit personnel est le droit qu’a une personne, appelée
créancier, d’exiger une certaine prestation d’une autre personne, appelée le débiteur31. Suivant

29
,‫ ص‬,2015 ‫ المطبعة و الوراقة الوطنية‬,‫الشافعي المدخل للعلوم القانونية‬,‫ م‬-‫سميت أصلية ﻷنها – تقوم مستقلة بذاتها وليست ضمانا لحق آخر‬
.131
30
‫ وإنما يستند في قيامه على وجود حق‬,‫ الذي ﻻيقوم بذاته‬- ,‫ من مدونة الحقوق العينية‬10 ‫ كما يبين دلك الفصل‬,‫الحق العيني التبعي هو الحق‬
-.‫ ويكون ضمانا للوفاء به‬,‫شخصي‬
31
.‫ أن يطلب القيام بعمل معين من شخص آخر يسمى المدين‬,‫ يسمى الدائن‬,‫ هو حق يخول لشخص‬.‫الحق الشخصي‬

19
l’approche de Jean Carbonnier, le droit personnel apparaît « comme un lien de droit existant
spécialement entre deux personnes, en vertu duquel l’une doit faire quelque chose pour
l’autre »32. C’est la même approche adoptée par la doctrine civiliste ; l’obligation « est un lien
de droit, non pas entre une personne et une chose comme le droit de propriété, mais entre
deux personnes en vertu duquel l’une d’elles, le créancier, peut exiger de l’autre, le débiteur,
une prestation ou une abstention »33.

Ainsi appréhendée, l’on peut dégager les caractéristiques relatives au droit personnel: il
s’agit de ses acteurs, son objet. Au sujet des acteurs du droit personnel, celui-ci suppose
l’existence d’un rapport juridique entre au moins deux personnes : un débiteur et un
créancier et non pas entre une personne et une chose. Le débiteur doit quelque chose au
Créancier. A titre d’exemple, une personne ayant emprunté une somme d’argent devient
débitrice du prêteur à l’égard duquel elle s’est engagée à restituer la somme prêtée.
Egalement, en vertu du contrat de vente, les deux parties de celui-ci sont à la fois parties
créancières et débitrices : l’acquéreur exige du vendeur qu’il lui fasse délivrance de la chose
vendue, alors que le vendeur exige de l’acquéreur le paiement du prix.

Concernant l’objet du droit personnel, celui-ci peut prendre trois formes : une obligation de
donner, de faire ou de ne pas faire. Par l’obligation de donner, le débiteur s’engage à
transférer au créancier la propriété d’un bien. Le contrat de vente en est l’illustration puisque
le vendeur à l’obligation de transférer la propriété de la chose vendue à l’acheteur. Au sujet de
l’obligation de faire, le débiteur est tenu d’accomplir une prestation (ex : l’obligation pesant
sur un entrepreneur de construire un bâtiment, et l’obligation du menuisier à fabriquer un
meuble, etc). L’obligation de ne pas faire consiste, quant à elle, pour le débiteur en une
abstention. Le débiteur s’abstient de certains actes (ex : le cédant d’un fonds de commerce
s’abstient à faire concurrence au cessionnaire, ou le salarié qui s’engage, en vertu de la clause
de non-concurrence, à ne pas travailler pour le compte d’une entreprise concurrente à son
employeur).

32
J.Carbonnier, Droit civil, 4-Les obligations, PUF 1979, 17.
33
F.terré, Ph.Simler, Y.Lequette, Droit civil, Les oblogations, Dalloz 2005, p. 1.

20
Les personnes et le droit : ‫اﻷشخاص والقانون‬
1. Le droit distingue entre les personnes et les objets; c'est les premiers qui exercent des
pouvoirs sur les deuxièmes. Au sens juridique, les personnes sont des sujets de droit dotés
de la personnalité juridique, c'est-à-dire de "l'aptitude à être titulaire de droits subjectifs et
assujetti à des obligations". Seule une personne peut acquérir et se prévaloir d'un droit -
propriétaire, par exemple, d'une maison - et être tenue d'une obligation - réparer, par
exemple, le dommage qu'elle cause-. A l'origine, la personnalité juridique est reconnue aux
personnes physiques, des êtres humains faits de chair et de sang (Chapitre I). Toutefois, les
êtres humains ne sont pas les seuls à être considérés comme des personnes juridiques, des
groupements de personnes, des êtres n'ayant pas une réalité biologique, furent reconnus la
personnalité juridique : personnes morales (Chapitre II).

Chapitre I. Les personnes physiques : -‫أو الطبيعيين‬-‫اﻷشخاص الماديين‬


Les personnes physiques ont le droit à la personnalité juridique (Section I), une personnalité
qui commence dès la naissance de l'enfant (Section II). Les personnes doivent être par la
suite identifiées (Section III), pour pouvoir se prévaloir de l'exercice de la personnalité
juridique (Section IV).

Section I. La personnalité juridique, un droit reconnu à toutes les personnes


physiques : ‫ حق مضمون لجميع اﻷشخاص الماديين‬,‫الشخصية القانونية‬
2. Les personnes physiques sont des êtres humains ayant le droit à la personnalité
juridique. L'article 6 de la déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée le 10
décembre 1948 par l'assemblée général des Nations Unies, affirme que : "Chacun a le droit à
la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique". Ce droit est réaffirmé par
l'article 16 du Pacte des Nations Unies relatif aux droits civils et politiques. La personnalité
juridique dont chaque personne peut se prévaloir signifie la condamnation de l'esclavage,
aboli par la quasi-majorité des pays du monde34, et traduit le principe de l'égalité entre les

34
L'article 4 de la déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par l'assemblée général des Nations
Unies le 10 décembre 1948 dispose que "Nul ne sera tenu en esclavage, ni en servitude

21
êtres humains35. Le droit d'accéder à la personnalité juridique est confirmé implicitement
par le paragraphe 4 du Préambule de la Constitution marocaine.

3. L'animal, une chose dépourvue de la personnalité juridique36. L'animal n'est pas une
personne juridique et il ne saurait être titulaire de droits et tenu d'obligations.
Contrairement aux personnes physiques, l'animal ne pourrait contracter et réparer le
dommage qu'il causerait. L'animal fait partie de biens meubles. Toutefois, le Code civil
Français tout en conservant le rattachement de l’animal au régime juridique applicable aux
biens, il l’aperçoit aujourd’hui comme étant "un être vivant doué de sensibilité"37; ceci
signifie que les animaux sont capables d'éprouver des sentiments et des souffrances. Cette
nouvelle appréhension de l'animal a fait l'objet de l'unanimité de toutes les composantes
politiques à l'exception de l'UMP qui en a considéré comme une menace sérieuse sur les
filières agricoles de l'élevage. Sachant qu'un nombre important d'intellectuels ont demandé
de faire dotés les animaux d'une nouvelle catégorie entre celle des hommes et celle des
biens.

Section II. Le commencement de la personnalité juridique : ‫بداية الشخصية‬


‫القانونية‬
4. Pour le législateur marocain, la personnalité juridique s'acquiert dès la naissance de
l'enfant vivant38. Avant sa naissance, l'enfant n'a pas de personnalité juridique autonome de
sa mère. Les premiers vagissements, les allaitements et d'autres indices démontrent que
l'enfant est né vivant39. A l'inverse, la personnalité juridique n'est pas attribuée à l'enfant né
non vivant. Lorsqu'il est établi qu'il est né vivant, l'enfant a droit à la succession et au legs,
peut importe qu'il décédera après quelques instants. Le législateur français en rajoute une
autre condition à savoir la viabilité de l'enfant; ce dernier doit être né vivant et viable.

35
L'article 1 de cette déclaration proclame que "Tous les être humains naissent libres et égaux en dignité et en
droits"
36
‫الحيوان هو شيء و ليس بشخص قانوني‬
37
L'article 515-14 C.civ, crée par la loi 2015-177 du 16 février 2015.
38
Art. 331 du Code de la famille.
39
M.-J. Essaid, op.cit, p. 447.

22
Section III. Les caractéristiques des personnes physiques : ‫خصائص اﻷشخاص‬
‫الذاﺗيين‬

5. Les personnes doivent être identifiées en société pour qu'elles se fassent


connaître et reconnaître au tiers. Trois éléments essentiels permettent
d'individualiser une personne des autres en société: Nom (§I), domicile (§II).

§I. Nom. ‫اﻹسم‬


6. Le Nom est une appellation qui permet d'individualiser une personne des tiers. Le Nom
comprend deux éléments: le nom de famille et le prénom. Le nom de famille rattache
l'individu à sa famille, il est à la fois un devoir et un droit subjectif. Devoir par ce que chacun
assume l'obligation de porter un nom. Le nom est soumis à des conditions strictes, l'article 6
du Dahir du 8 mars 1950 dispose que :" le nom choisi ne doit pas être un sobriquet, un nom
ridicule, ou pouvant porter atteinte à la morale ou à l'ordre public, un non étranger ou ne
présentant pas un caractère traditionnel marocain". Le nom aussi est également un droit
subjectif dans la mesure où son titulaire assume sa défense et d'interdire à autrui de
l'utiliser40.

§II. Domicile. ‫المسكن‬

7. "Le domicile permet la localisation juridique de la personne: il identifie la personne par un


rattachement à un lieu"41. Le domicile présente un intérêt en droit public comme en droit privé. En
droit public, le domicile permet la localisation de la personne pour l'exercice de certains droits
(politiques, électoraux, etc) et obligations (ex: fiscales). En droit privé, le domicile détermine
essentiellement la juridiction territorialement compétente42.

Section IV. L'exercice de la personnalité juridique


8. La personnalité juridique s'acquiert, comme nous l'avons dit, dès la naissance de l'enfant
vivant. Officiellement, celui-ci devient une personne juridique après sa déclaration aux
services compétents. Toutefois, sa capacité juridique, c'est-à-dire son aptitude à participer
pleinement à la vie juridique, reste mineure. Plus précisément, si l'enfant né vivant peut être
titulaire de droits (ex: propriété d'une maison, des biens, etc), il ne peut pour autant en

40
Ibid.
41
Ibid, p. 109.
42
Selon l'article 27 du Code de procédure civile: "la compétence territoriale appartient au tribunal du domicile
réel ou élu du défendeur".

23
exercer des pouvoirs (il ne peut les vendre, les louer, les donner à titre gratuit, etc). Cet enfant
acquiert seulement la capacité de jouissance43, et non la capacité d'exercice44. Autrement dit le droit
distingue entre les capables et les incapables.

9. Les personnes capables. Le droit reconnait la capacité d'exercice aux majeurs que sont les
personnes ayant atteint l'âge de la majorité45 . Ces personnes exercent pleinement leur
capacité juridique en concluant tous les contrats, contrat de la vente, du bail, de travail,
ouvrir un compte bancaire, être des associés dans des sociétés commerciales, ester en
justice pour faire valoir leurs droits, etc. D'un autre côté, ces personnes assument
pleinement leur responsabilité aussi bien civile46 que pénale.

10. Les personnes incapables. En général, les incapables sont les personnes n'ayant pas
atteint l'âge de la majorité ou atteintes par un handicap mental. Une question se pose
portant sur la capacité de ces personnes à participer à la vie juridique. Le droit distingue
entre trois catégories: le mineur émancipé, les personnes totalement incapables et les
personnes partiellement incapables. Le mineur émancipé, c'est le mineur ayant atteint l'âge
de 16 ans et émancipé par le tribunal. Après l'obtention de son émancipation, cette personne
devient juridiquement capable de participer à la vie juridique: conclusion des contrats, exerce
le commerce, peut avoir la qualité d'associé et donc conclure un contrat de société47. Les
personnes totalement incapables48 sont les personne ayant perdu la raison (le dément ou le
fou) et le mineur dépourvu de discernement (n'ayant pas atteint l'âge de 12). Ces personnes
sont totalement incapables et les actes qu'elles passent sont nuls49. Quant aux incapables
partiellement50 que sont le mineur pourvu de discernement51, prodigue (‫)السفيه‬52 et du faible
d'esprit(‫)المعتوه‬53. Ces personnes sont-elles capables de participer à la vie juridique? Pour y

43
C'est l'aptitude à être titulaire de droits (ex: droit de propriété sur un bien; maison)
44
c'est l'aptitude d'une personne d'exercer sur les droits qu'il détient sans avoir besoin d'être
assistée ou représentée. A titre d'exemple, elle peut vendre, au moyen d'un contrat, un bien dont
elle dispose.
45
18 ans révolus selon l'article 209 Code la famille.
46
L'article 77 DOC.
47
En vertu de l'article 218 C. famille.
48
‫اﻷشخاص عديمي اﻷهلية‬
49
Art. 224 Code de la famille.
50
‫اﻷشخاص ناقصي اﻷهلية‬
51
Le mineur pourvu de discernement, selon l'article 213 et 214, c'est celui qui est arrivé à l'âge de
discernement (deuze ans) sans pour autant avoir atteint l'âge de la majorité.
52
Art 216 : celui qui dilapide ses biens par des dépenses sans utilité ou considérées comme futiles par les
personnes raisonnables".
53
La personne atteinte d'un handicap mental l'empêchant de maîtriser sa pensée et ses actes. Art. 216.

24
répondre, selon l'article 225 code de la famille, les actes passés par le mineur pourvu de
discernement reçoivent des traitements différents selon leur caractère profitable ou
préjudiciable: ils sont valables s'il lui sont pleinement profitables; ils sont nuls, s'ils lui sont
préjudiciables, s'ils ne revêtent pas un caractère profitable ou préjudiciable évident, leur
validité est subordonnée à l'approbation légal de son représentant légal". En vertu de cet
article, le mineur peut conclure un contrat de société, acte ne revêtant pas un caractère profitable
ou préjudiciable évident, mais après avoir obtenu l'autorisation de son représentant légal54.

Section. V. La fin de la personnalité juridique : ‫نهاية الشخصية القانونية‬


11. La mort biologique, c'est-à-dire les composantes vitales cessent de fonctionner, met fin à
la personnalité juridique. Cet événement "ayant pour effet de retirer la qualité de sujet de
droits à l'être, désormais sorti de la scène juridique". La mort se constate médicalement et se
déclare à l'état civil. La mort n'est plus une personne juridique et sa succession est ouverte. Un
problème se pose concernant une personne absente dont le doute surgit sur sa situation: Est ce
qu'elle est vivante ou morte? Souvent c'est les héréditaires qui sont pressés à savoir son sort en
raison de leur volonté de recueillir le plus tôt possible leurs parts héréditaires. A ce sujet,
l'article 327 Code de la famille dispose que: " lorsqu'une personne a disparu dans des
circonstances exceptionnelles rendant sa mort probable, un jugement déclaratif de décès est
rendu à l'expiration d'un délai d'une année courant à compter du jour où l'on a perdu tout
espoir de savoir si elle est vivante ou décédée".

54
Le tuteur légal est le père, la mère ou le juge. Le tuteur testamentaire désigné par le père ou la mère, et le
tuteur datif désigné par la justice. Art. 230 C. famille.

25
Terminologie relative aux droits subjectifs
1.Droits de l’enfant. Sont une branche des droits de l’homme conçue spécifiquement pour la
protection de l’enfant en tant qu’être humain : une protection contre la violence,
l’exploitation, etc.

Children’s rights. are branch of human rights created specifically to protect children as a
human being: protection from violence, exploitation...

,‫ حماية ضد العنف‬:‫ تشكل حقوق الطفل ﻓرﻋا من حقوق اﻹنسان و تسعى إلى حماية خاصة للطفل‬.‫حقوق الطفل‬
.‫ الخ‬,‫اﻻستغﻼل‬

2.Droits subjectifs. Selon le professeur François Terré, les droits subjectifs constituent des
« prérogatives que le Droit –ou Droit objectif- reconnaît à un individu ou à un groupe d’individus et
dont ceux-ci peuvent se prévaloir dans leurs relations avec les autres, en invoquant, s’il y a lieu, la
protection et l’aide des pouvoirs publics, disons, au sens large, de la société : droit de propriété, droit
de créance, droit de vote… ».

Subjective rights. According to professor François Terré, subjective rights are prerogatives that
objective law recognizes for an individual or a group of individuals and which they can invoke in their
relations with others, invoking, if necessary, the protection and assistance of public authorities, let us
say, in the broad sense, of society: right of ownership, right to vote, etc

‫ يعترف بها القانون لشخص ما أو مجموﻋة من‬-‫ امتيازات –أو سلط‬-: ‫ الحقوق تشكل‬,François Terré ‫ بالنسبة للﻸستاد‬.‫الحقوق‬
,‫ إن اقتضى اﻷمر دلك‬,‫ هؤﻻء اﻷشخاص من حقهم اﻻستفادة من هده الحقوق ﻓي مواجهة الغير وطلب الحماية والمساﻋدة‬.‫اﻷشخاص‬
.‫ الخ‬,‫ حق التصويت‬,‫ حق الملكية‬:‫ المجتمع‬,‫ بمعنى أوسع‬,‫من السلطات العمومية أو‬

3.Droits subjectifs extrapatrimoniaux. Les droits subjectifs extrapatrimoniaux ne


font pas, comme leur nom l’indique, partie du patrimoine des personnes et donc ils n'ont pas
de valeur pécuniaire. Ces droits sont inaliénables, insaisissables, intransmissibles et
imprescriptibles.

Extra-patrimonial subjective rights (personnality rights). This category of rights


are not, as their name indicate, part of person’s patrimony and therefore they have no

26
pecuniary value and can not be evaluated financially . These rights are non transferable, non-
seizable and non-prescritible.

‫ و غير قابلة للتقييم‬,‫ ﻻ تشكل جزءا من الذمة المالية لﻸشخاص‬,‫ كما يوحي اسمها‬,‫ هي حقوق‬.‫الحقوق الغير المالية‬
.‫اﻻقتصادي‬

4.Droit aliénable. Un droit qui peut être aliéné ou cédé à autrui à titre onéreux ou à titre
gratuit.

Alienable right. Right capable of being transferred to others for consideration or no


consideration.

.‫ قدرة تفويت الحق من شخص إلى اخر بمقابل أو بدون مقابل‬.‫الحق القابل للتفويت‬

5. Droit à la vie. L’article 20 de la Constitution marocaine affirme que « le droit à la vie


est le droit premier de tout être humain. La loi protège ce droit ».

Right to life. Article 20 of Morocco’s Constitution affirms that : “ The right to life is the
first right of any human being. The law protects this right”.

‫ ويحمي‬.‫ الحق ﻓي الحياة هو أول الحقوق لكل إنسان‬- :‫ من الدستور المغربي يؤكد ﻋلى أن‬20 ‫ الفصل‬.‫الحق في الحياة‬
-‫القانون هدا الحق‬

6. Right to life. According to article 2 of human rights in UK, right to life means
that:« Nobody, including the Government, can try to end your life. It also means the
Gouvnment should take appropriate measures to safeguard life by making laws”.

27
Droit à la vie. D’après l’article 2 de l’acte des droits de l’homme dans le Royaume Uni, le
droit à la vie désigne que « Personne, y compris le gouvernement, ne peut mettre fin à votre
vie. Il signifie également que le gouvernement doit prendre toutes les mesures appropriées
afin de protéger la vie en élaborant des lois ».

:‫ الحق ﻓي الحياة يعني أنه‬,‫ المتعلق بحقوق اﻹنسان ﻓي المملكة المتحدة‬1998 ‫ من قانون‬2 ‫ طبقا للفصل‬.‫الحق في الحياة‬
‫ هدا الحق يعني أيضا أن الحكومة ملزمة باتخاد جميع‬.‫ أن يضع حدا لحياة اﻻخرين‬,‫ بما ﻓي دلك الحكومة‬,‫ ﻻ يجوزﻷي كان‬-
-‫التدابير المناسبة من أجل حماية حياة الﻸﻓراد من خﻼل القوانين‬

7. L’article 392 du Code pénal marocain dispose que : « Quiconque donne


intentionnellement la mort à autrui et puni de la réclusion perpétuelle ».

Article 392 of Moroccan penal Code –or Moroccan criminal law- affirms that: « Any
person who intentionally kills another person is guilty of murder and shall be sentenced to life
imprisonment”

‫ ويعاقب‬,‫ من مجموعة القانون الجنائي المغربي ينص ﻋلى أن – كل من تسبب ﻋمدا ﻓي قتل غيره يعد قاتﻼ‬392 ‫الفصل‬
-‫بالسجن المؤبد‬

8.Corps humain. Le corps humain est la structure physique d’un être humain. Il est
constitué de plusieurs organes. Chaque organe assure une fonction ou plusieurs fonctions. Il
se forme du système respiratoire, qui permet la respiration, le système nerveux, le système
digestif, etc.

Human body. It’s the structure of a human being. It’s composed of many organs. Each part
of body performs- or ensure- one or more functions. It’s formed by the respiratory system,
which allows breathing, the nervous system, the digestive system, etc.

‫ ﻓنجد‬.‫ بحيث أن كل واحد منها يقوم بوظيفة محددة أوﻋدة وظائف‬,‫ يتكون من أجهزة و أﻋضاء كثيرة‬.‫جسم اﻹنسان‬
.‫ إلخ‬,‫ الجهاز الهضمي‬,‫ الجهاز العصبي‬,‫ الدي يمكن من ﻋملية التنفس‬,‫الجهاز التنفسي‬

9. L’inviolabilité du corps humain. L’article 22 de la Constitution marocaine affirme


qu’« il ne peut être porté atteinte à l’intégrité physique ou morale de quiconque, en quelque
circonstance que ce soit, et par quelque partie que ce soit, privée ou publique ».

28
Inviolability – or sanctity- of human body. Article 22 of Morocco’s Constitution enunciates
that « The physical or moral integrity of anyone may not be infringed, in whatever
circumstance that may be, and by any party that may be, public or private “

,‫ ﻓي أي ظرف‬,‫ ﻻيجوز المس بالسﻼمة الجسدية أو المعنوية ﻷي شخص‬- :‫ من الدستور المغربي تؤكد ﻋلى أن‬22 ‫ المادة‬.
-‫ خاصة أو ﻋامة‬,‫ومن قبل أي جهة كانت‬

10. L’indisponibilité du corps humain. L’indisponibilité du corps humain signifie que ce


dernier ne peut faire l’objet d’une convention et la doctrine dominante s’oppose à
l’aperception du corps humain comme étant une propriété.

Unavailability of human body. The unavailability of human body means that this last
cannot be subject of agreement and the dominant doctrine opposes the perception of human
body as a property.

‫ و الفقه الغالب يعارض ﻓكرة‬,‫ ﻻيمكن لجسم اﻻنسان أن يكون محﻼ ﻷي اتفاق‬.‫عدم قابلية التصرف في جسم اﻹنسان‬
.‫اﻋتبار جسم اﻹنسان بمثابة ملكية‬

11. Droit au respect de la vie privée. L’article 24 de la Constitution marocaine


dispose que: « Toute personne a droit à la protection de sa vie privée. Le domicile est
inviolable. Les perquisitions ne peuvent intervenir que dans les conditions et les formes
prévues par la loi. Les communications privées, sous quelque forme que ce soit, sont
secrètes. ».

Right to privacy. Article 24 of Morocco’s Constitution declares that: “ Any person has the
right to the protection of their private live. The domicile is inviolable. Searches may only
intervene in the condition and the forms provided by law. Private communications, under
whatever form that may be, are secret”.

‫ لكل شخص الحق ﻓي حماية حياته‬- : ‫ من الدستور المغربي يؤكد ﻋلى أن‬24 ‫ الفصل‬.‫الحق في الحياة الخاصة‬
-.‫ وﻻيمكن القيام بأي تفتيش إﻻوﻓق الشروط واﻹجراءات التي ينص ﻋليها القانون‬.‫ ﻻتنتهك حرمة المنزل‬.-‫الخاصة‬

29
10. L’article 118 de la Constitution marocaine dispose que : « L’accès à la justice est garanti à
toute personne pour la défense de ses droits et ses intérêts protégés par la loi ». Guillemet

‫ حق التقاضي مضمون لكل شخص للدﻓاع ﻋن حقوقه وﻋن مصالحه التي‬-:‫ من الدستور المغربي ينص ﻋلى أن‬118 ‫الفصل‬
-‫يحميها القانون‬

11. L’article 117 de la Constitution marocaine affirme que : « Le juge est en charge de la
protection des droits et libertés et de la sécurité judiciaire des personnes et des groupes, ainsi
que de l’application de la loi ».

,‫ يتولى القاضي حماية اﻷشخاص والجماﻋات وحياتهم وأمنهم القضائي‬- :‫ من الدستور المغربي يؤكد ﻋلى أن‬117 ‫الفصل‬
-‫وتطبيق القانون‬

12. Droit à la justice. L’article 8 de la Déclaration universelle des droits de l’homme énonce
que : « Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales
compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la
Constitution ou par la loi ».

Right to justice. The article 8 of Universal Declaration of Humain Rights announce that: “
Everyone has the right to an effective remedy55 by the competent national tribunals for acts
violating the fundamental rights granted him by the constitution or by law”.

‫ لكل شخص حق اللجوء إلى المحاكم‬- :‫ من اﻹعﻼن العالمي لحقوق اﻹنسان تؤكد على أن‬8 ‫ المادة‬.‫الحق في العدالة‬
-‫الوطنية المختصة ﻹنصافه الفعلي من أية أعمال تنتهك الحقوق اﻷساسية التي يمنحها إياه الدستور أو القانون‬

13. La gratuité de la justice. L’article 121 de la Constitution marocaine prévoit que : « Dans
les cas où la loi le prévoit, la justice est gratuite pour ceux qui ne disposent pas de ressources
suffisantes pour ester en justice ».

‫ يكون التقاضي مجانيا في الحاﻻت المنصوص‬-: ‫ من الدستور المغربي ينص على أن‬121 ‫ الفصل‬.‫مجانية الﺗقاضي‬
-‫عليها قانونا لمن ﻻيتوفر على موارد كافية للتقاضي‬

55
Recours.

30
14. Article 9 of the civil Code states : Everyone is entitled to the resect of his rivate life

one is entitled

4.Droit réel. Il se définit comme étant un pouvoir juridique reconnu à une personne et qui
porte directement sur une chose.

.‫ سلطة قانونية يعترف بها القانون لشخص ما ﻋلى شيء ما‬.‫الحق العيني‬

La personnalité juridique. La personnalité juridique signifie l'aptitude à être titulaire de


droits subjectifs et assujetti à des obligations. La personnalité juridique constitue en soi un
droit reconnu à toutes les personnes physiques comme l’affirme l’article 6 de la déclaration
universelle des droits de l’homme de 1948.

‫ الشخصية القانونية تشكل ﻓي‬.‫ الشخصية القانونية تعني اﻷهلية ﻻكتساب الحقوق وتحمل اﻻلتزامات‬.‫الشخصية القانونية‬
‫ من اﻹﻋﻼن العالمي لحقوق‬6 ‫حد ذاتها حق مكفول لجميع اﻷشخاص الماديين أو الذاتيين كما يؤكد ﻋلى دلك الفصل‬
.‫اﻹنسان‬

Le commencement de la personnalité juridique. Pour la législation marocaine, la


personnalité juridique commence dès la naissance de l'enfant vivant56.

.‫ الشخصية القانونية تبدأ مند وﻻدة الطفل حيا‬,‫ بالنسبة للتشريع المغربي‬.‫القانونية‬ ‫بداية الشخصية‬

Capacité de jouissance. L'aptitude d’une personne à être titulaire de droits


(ex: droit de propriété sur un bien; maison), mais sans qu’elle en ait des
pouvoirs d’exercice (ex. cette personne ne peut pas les vendre, louer,
etc).

56
Art. 331 du Code de la famille.

31
‫ لكن من دون القدرة على ممارسة‬,<‫ منزل‬,‫ حق الملكية على مال‬:‫ أهلية الشخص لتملك الحقوق >مﺛﻼ‬.‫أهلية الوجوب‬
.<‫ كراء‬,‫ بيع‬,‫سلطات عليها> مﺛﻼ‬

Capacité d’exercice. C’est l'aptitude d'une personne d'exercer sur les droits
qu'il détient sans avoir besoin d'être assistée ou représentée. A titre
d'exemple, elle peut vendre un bien dont elle dispose.

‫ تعني قدرة الشخص على ممارسة جميع السلطات على الحقوق التي يملكها من دون حاجة لمساعدة أو‬,‫أهلية اﻷداء‬
.‫ فالشخص الذي يملك حقا ما له الحق في بيعه بنفسه‬,‫ فمﺛﻼ‬.‫نيابة‬

La fin de la personnalité juridique. La mort biologique, c'est-à-dire les composantes


vitales cessent de fonctionner définitivement, met fin à la personnalité juridique.

‫ يضع حدا‬,‫ يعني ﻋدم اشتغال المكونات اﻷساسية بصورة نهائية‬,‫ الموت البيولوجي‬.‫نهاية الشخصية القانونية‬
.‫للشخصية القانونية‬

La notion de la personnalité morale. Le droit ne reconnaît pas la personnalité


juridique uniquement aux êtres humains, mais également à certains groupements de personnes
appelés personnes morales et qui se voient attribuer une personnalité juridique distincte de
celle des personnes physiques qui les composent. Cette reconnaissance part du constat que ces
groupements méritent d’être reconnus comme « sujets de droit », par ce qu’ils « ont vocation
à une activité autonome, distincte de celle des personnes qui les composent ». Cette
reconnaissance se base également sur le fait que ces groupements possèdent une « âme
collective orientée vers un but », comme le décrit Josserand,57 et qu’ils veillent à la réalisation
d’un « intérêt humain ». L’effet essentiel de la personnalité morale est de rendre, d’une part,
ces groupements « sujets de droit », c’est-à-dire de les rendre capables d’acquérir des droits

57
Josserand voit que : « bien que les personnes morales ne soient pas des êtres en chair et en os, il s’en dégage
une âme collective, une volonté générale qui est orientée vers un but ». Cité par B. Dondero, op. cit., p. 33.

32
‫‪subjectifs – devenir propriétaire, créancier, etc.– et de les rendre responsables civilement et‬‬
‫‪pénalement de leurs actes, indépendamment des personnes physiques qui les composent.‬‬

‫مفهوم الشخصية المعنوية‪ .‬ﻻ يعترف القانون بالشخصية القانونية فقط لﻸشخاص الماديين أو الذاتيين > أفراد‬
‫بيولوجيين من لحم و دم<‪ ,‬ولكن أيضا لمجموعات من اﻷشخاص يسمون أشخاصا معنويين أو اعتباريين‪ .‬هؤﻻء‬
‫يحصلون على شخصية قانونية مستقلة عن اﻷفراد البيولوجيين الذين يشكلونهم‪ .‬اﻻعتراف لهؤﻻء‬ ‫المجموعات‬
‫المجموعات بالشخصية القانونية يستند على أساس أن لهم أنشطة مستقلة عن أنشطة اﻷفراد الدين أنشؤوهم‪ ,‬واعتبارا أنهم‬
‫يملكون‪ ,‬كما يﻼحظ دلك الفقيه جوسروند‪> ,‬روح جماعية موجهة إلى تحقيق هدف<‪ ,‬ويسعون إلى > تحقيق هدف‬
‫إنساني<‪ .‬منح الشخصية القانونية لهؤﻻء المجموعات يجعل منهم أشخاصا قانونيين مستقلين عن اﻷفراد الذاتيين الدين‬
‫خلقوهم‪ :‬هؤﻻء المجموعات يصبحون قادرين على تملك اﻷموال والحقوق كما يصبحون مسؤولون مدنيا وجنائيا عن‬
‫تصرفاتهم بصورة مستقلة عن اﻷفراد الذاتيين الدين أخرجوهم إلى الوجود‪.‬‬

‫‪33‬‬

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