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Infections à Pseudomonas aeruginosa


A. Mérens, P. Jault, L. Bargues, J.-D. Cavallo

Pseudomonas aeruginosa est une bactérie à Gram négatif aérobie stricte, ubiquitaire, saprophyte et
naturellement résistante aux antibiotiques, qui peut devenir un pathogène opportuniste, responsable
dans des conditions favorables, d’infections graves communautaires et surtout nosocomiales. Cette espèce
se distingue par sa grande adaptabilité aux différentes contraintes environnementales, par sa capacité
à acquérir des résistances aux antibiotiques et par la multiplicité de ses facteurs de virulence. Ceux-ci
expliquent sa pathogénicité et permettent le développement d’infections sur des terrains prédisposés,
comme les malades dénutris, atteints de cancers ou d’hémopathies, qui suivent une corticothérapie au
long cours, ainsi que les patients polytraumatisés, brûlés, polyopérés, polytransfusés, poly-infectés, tous
patients soumis à de multiples manœuvres invasives qui sont autant de portes d’entrée. Il existe de nom-
breux types d’infections communautaires à P. aeruginosa, qui peuvent concerner aussi bien des patients
immunocompétents que des patients immunodéprimés, insuffisants respiratoires chroniques ou atteints
de mucoviscidose. Cependant P. aeruginosa reste l’archétype des espèces acquises à l’hôpital et est impli-
qué dans environ 10 % des infections nosocomiales. Ces infections nosocomiales peuvent prendre un
aspect endémique ou être responsables de petites épidémies. Les patients hospitalisés dans les services de
soins intensifs et les centres de brûlés cumulent les facteurs de risque. Ils sont souvent immunodéprimés,
intubés, ventilés, sondés et porteurs de cathéters périphériques et centraux. Ces facteurs de risque associés
à la forte pression antibiotique expliquent l’émergence importante de souches de P. aeruginosa dans ces
services et la fréquence élevée des résistantes acquises aux antibiotiques anti-Pseudomonas. Les infec-
tions sévères à P. aeruginosa nécessitent le recours à une antibiothérapie précoce et adaptée associant
deux antibiotiques synergiques et bactéricides, à des doses élevées pour atteindre des concentrations suf-
fisantes au site de l’infection et pour obtenir une activité clinique et microbiologique rapide qui diminue
le risque de mortalité. Le choix des antibiotiques lors d’un traitement probabiliste adapté à P. aerugi-
nosa doit tenir compte de la localisation de l’infection, des atteintes rénales et hépatiques associées, de
l’écologie bactérienne du service, de l’antibiothérapie antérieure. Cette antibiothérapie doit être adaptée
si nécessaire dès l’obtention de l’antibiogramme de la souche responsable de l’infection. La limitation de
l’émergence et de la diffusion des souches résistantes de P. aeruginosa, repose sur l’application efficace
des mesures d’hygiène et le respect du bon usage des antibiotiques.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Pseudomonas aeruginosa ; Facteurs de virulence ; Infections nosocomiales ;


Infections communautaires résistance aux antibiotiques ; Thérapeutique

Plan ■ Diagnostic 8
Orientation clinique et épidémiologique 8
■ Introduction 2 Confirmation microbiologique 8
Antibiogramme 9
■ Bactérie et physiopathologie des infections 2
■ Traitement 9
Taxonomie 2
Écologie 2 Traitement de la porte d’entrée 9
Facteurs de virulence 2 Principes généraux de l’antibiothérapie 9
Physiopathologie et facteurs d’émergence 2 Traitements en fonction du type d’infection 11
■ Prophylaxie et prévention 14
■ Résistance aux antibactériens 4
Antibiotiques habituellement actifs et résistance naturelle 4 Hygiène et bon usage des antibiotiques 14
Épidémiologie des résistances acquises aux antibiotiques 4 Place de la vaccination et de l’immunothérapie 15
Activité des antiseptiques et désinfectants 4 ■ Conclusion 15
■ Clinique 4
Infections communautaires 5
Infections nosocomiales 6

EMC - Maladies infectieuses 1


Volume 10 > n◦ 1 > février 2013
http://dx.doi.org/10.1016/S1166-8598(12)56974-7
8-025-B-50  Infections à Pseudomonas aeruginosa

 Introduction à l’état saprophyte. Tous les réservoirs d’eau en milieu commu-


nautaire comme en milieu hospitalier peuvent être une source de
L’espèce bactérienne Pseudomonas aeruginosa du grec pseudo contamination : on retrouve ainsi comme source potentielle les
(« imitation ») et du latin aeruginosus (« couvert de rouille ») autre- siphons d’éviers, les chasses d’eau, les piscines et bains bouillon-
fois appelée « bacille pyocyanique », du grec puon (« pus ») et nants, les humidificateurs, les nébulisateurs et les respirateurs
kuanos (« bleu foncé »), a été décrite en 1872 par Schroeter, artificiels. En milieu hospitalier, dans les services de soins intensifs
puis en 1882 par un pharmacien militaire français, A. Gessard. et centres des brûlés, P. aeruginosa va persister dans les équipe-
La création du genre Pseudomonas remonte à Migula (1900). ments, les circuits d’eau, les dispositifs de balnéation des patients
P. aeruginosa, espèce pigmentée, est de loin l’espèce la plus connue ou les solutions d’antiseptiques des pansements [2] . Sensible à la
et la plus pathogène du genre Pseudomonas. Les développements dessiccation, P. aeruginosa est capable d’une très grande adaptabi-
de la médecine moderne ont permis à cette espèce d’émerger lité nutritionnelle et métabolique, qui lui permet de survivre dans
comme un modèle de pathogène opportuniste. P. aeruginosa était un environnement hostile en utilisant une grande variété de sub-
ainsi responsable d’environ 10 % des infections nosocomiales en strats comme source de carbone. Il élabore de nombreux produits
France en 2006, au troisième rang des bactéries nosocomiales der- métaboliques grâce auxquels il peut assurer des fonctions utiles
rière Escherichia coli et Staphylococcus aureus, avec une fréquence comme la décontamination des sols, la protection des plantes, la
particulièrement élevée, de l’ordre de 20 %, dans les broncho- sécrétion d’antibiotiques (mupirocine) ou, au contraire, jouer un
pneumopathies acquises sous ventilation mécanique (http : rôle néfaste comme agent pathogène opportuniste. P. aeruginosa
//www.invs.sante.fr/publications/2009/enquete prevalence peut être transitoirement présent chez l’homme et les animaux,
infections nosocomiales/). au niveau du tractus digestif (selles), de la peau (plis cutanés
humides), du conduit auditif externe ou du nasopharynx. Chez
les sujets sains non hospitalisés, il représente habituellement une
faible part de la flore de colonisation et est retrouvé dans 4 à
 Bactérie et physiopathologie 12 % des prélèvements de selles, dans 3 à 6 % des prélèvements
nasopharyngés et dans 2 % des prélèvements cutanés. Ce portage
des infections augmente significativement en milieu hospitalier avec la durée
d’hospitalisation et la pression antibiotique et peut atteindre plus
Taxonomie de 40 % des patients hospitalisés dans certains services de soins
P. aeruginosa est un fin bacille à Gram négatif aérobie strict qui intensifs et parfois plus dans des services de brûlés ou de derma-
appartient au domaine des eubactéries, à la classe des protéobac- tologie avec des patients atteints d’escarres [3] .
téries qui regroupe un très grand nombre de bactéries à Gram
négatif aérobies ou anaérobies facultatives. L’ordre des Pseudo-
monadales est constitué de la famille des Pseudomonadaceae et de
Facteurs de virulence
la famille des Moraxellaceae. Il appartient à la branche gamma P. aeruginosa possède un grand nombre de facteurs de virulence
de cette classe qui est définie sur la base des séquences des qui lui permettent de contourner les défenses de l’hôte, de favo-
acides désoxyribonucléiques ribosomiques (ADNr) 16S. La famille riser la colonisation puis le développement de l’infection [4, 5] . Ces
des Pseudomonadaceae regroupe des procaryotes aérobies, chimio- facteurs permettent l’adhérence de la bactérie, sa multiplication,
organotrophes, à métabolisme respiratoire et souvent mobiles sa persistance dans un environnement hostile, la formation de
grâce à la présence de flagelles. biofilms, ainsi que la sécrétion d’enzymes et de toxines respon-
Le genre Pseudomonas, inclus dans cette famille des Pseudomo- sables des lésions tissulaires. Ils sont impliqués dans deux grands
nadaceae, est régulièrement révisé sur le plan taxonomique. Les cadres :
analyses phylogénétiques, basées sur le séquençage des ARNr 16S • les infections aiguës, au cours desquelles la bactérie exprime
permettent de répartir les Pseudomonas sensu stricto en deux l’ensemble de ses facteurs de virulence, particulièrement ceux
grands groupes : le groupe de Pseudomonas aeruginosa et le groupe favorisant l’invasion tissulaire et la cytotoxicité ;
de Pseudomonas pertucinogena. Le groupe de Pseudomonas aerugi- • les colonisations ou infections chroniques, au cours desquelles
nosa qui comprend près de 100 espèces est lui-même subdivisé en l’objectif de P. aeruginosa n’est plus d’agir vite, mais au contraire
six sous-groupes dont les espèces types sont Pseudomonas syringae, de s’installer durablement et d’échapper au système immuni-
Pseudomonas chlororaphis, Pseudomonas fluorescens, Pseudomonas taire de l’hôte.
putida, Pseudomonas stutzeri et Pseudomonas aeruginosa. L’espèce Ces mécanismes sont harmonisés et modulés par l’expression
P. aeruginosa représente quantitativement environ 90 % des bacté- des gènes bactériens en adaptation aux conditions environne-
ries de ce groupe isolées en clinique humaine et est l’espèce type la mentales. Cette expression est contrôlée par plusieurs cascades
plus importante du genre Pseudomonas. P. aeruginosa, espèce pig- complexes dont le système du quorum sensing et un réseau de
mentée, est de loin l’espèce la plus connue et la plus pathogène systèmes membranaires à deux composantes [6–8] .
du genre Pseudomonas. Tous ces éléments concourent à la pathogénicité, sans qu’aucun
C’est une espèce bien caractérisée avec la publication dès 2000 d’entre eux ne soit décisif dans le processus pathogène [9] . Ainsi,
du génome complet de la souche type PAO1 [1] . Avec 6,3 millions malgré des décennies d’études, il reste difficile de comprendre
de paires de bases, P. aeruginosa possède un des plus grands pourquoi P. aeruginosa, malgré son arsenal de facteurs de patho-
génomes bactériens connus et est celui qui contient la plus grande génicité, demeure un pathogène opportuniste et non un « vrai
proportion de gènes de régulation et de gènes impliqués dans pathogène ».
le catabolisme, le transport ou les systèmes d’efflux des sub-
stances organiques. La taille et la complexité de ce génome,
la fréquence des mutations, la capacité d’accepter les transferts Physiopathologie et facteurs d’émergence
horizontaux de matériel génétique via des éléments génétiques
mobiles (plasmides, transposons) expliquent le caractère évolu- Chez l’homme, la colonisation précède l’infection. L’origine de
tif de cette espèce bactérienne et ses capacités d’adaptation à cette colonisation en milieu hospitalier a donné lieu à de nom-
divers types d’environnements ou d’acquisition de résistance à breux débats [10–12] . La colonisation endogène à partir de la flore
une grande variété d’antibiotiques. digestive du patient est liée à la durée de l’hospitalisation, la
pression antibiotique, la diminution des défenses, la rupture des
barrières mécaniques cutanéomuqueuses, les manœuvres instru-
Écologie mentales invasives. La colonisation peut également être d’origine
exogène, notamment en milieu de soins. L’humidité des surfaces
P. aeruginosa est un germe hydrotellurique, présent essentiel- et la présence de matières organiques vont permettre la multipli-
lement dans les environnements humides. C’est une bactérie cation de P. aeruginosa, qui dans des conditions favorables, peut
ubiquitaire et résistante dans l’environnement, répandue dans les persister et se multiplier sur tous les éléments de l’équipement
eaux polluées ou non, les sols humides et les végétaux où elle vit hospitalier : surfaces inertes comme les lavabos, siphons, robinets

2 EMC - Maladies infectieuses


Infections à Pseudomonas aeruginosa  8-025-B-50

ou humidificateurs, mais aussi antiseptiques (ammoniums qua- actifs sur P. aeruginosa. Lorsque l’infection devient chronique,
ternaires, chlorexidine), collyres, pommades, savons. Enfin, la les souches colonisatrices de P. aeruginosa deviennent mucoïdes
contamination croisée entre patients par manuportage ou par (jusqu’à 80 % de la population bactérienne). La population
transmission indirecte via du matériel est un élément majeur de P. aeruginosa est alors constituée de microcolonies entourées
dans l’épidémiologie des infections liées aux soins à Pseudomonas d’une masse importante d’alginate, le slime qui augmente encore
aeruginosa. La colonisation peut conduire à l’infection lorsqu’il la viscosité des sécrétions bronchiques. Les variations antigé-
existe une forte charge bactérienne ou une forte expression des niques de P. aeruginosa par modification du lipopolysaccharide
facteurs de virulence ou lors d’une diminution des défenses immu- (LPS) ne permettent pas la reconnaissance des bactéries par
nitaires de l’organisme comme chez les malades dénutris, atteints les anticorps opsonisants, produits en quantité importante. Ces
de cancers ou d’hémopathies, qui recoivent une chimiothérapie souches bactériennes sont soumises de façon itérative à une pres-
ou une corticothérapie au long cours, ou les patients polytrauma- sion antibiotique lors des phases d’exacerbation et deviennent
tisés ou brûlés. P. aeruginosa étant très sensible à la phagocytose, de moins en moins sensibles aux antibiotiques. Enfin, près
notamment par les polynucléaires neutrophiles, les neutropénies de 40 % des patients atteints de mucoviscidose et présentant
et autres déficits de l’immunité cellulaire sont des facteurs favori- une infection chronique par P. aeruginosa possèdent des souches
sants et des facteurs de gravité. dites hypermutatrices, caractérisées par un taux de mutations
La prescription d’une antibiothérapie est l’un des princi- jusqu’à 100 fois plus élevé qu’une souche classique, en raison
paux facteurs d’émergence de P. aeruginosa. Cette antibiothérapie, d’anomalies dans les systèmes de réparation de l’acide désoxyri-
qu’elle soit probabiliste ou documentée, peut ne pas être active bonucléique (ADN). Ce phénomène n’est pas observé au cours
sur P. aeruginosa, et contribuer à sa sélection en éliminant les des pneumopathies aiguës chez les patients non atteints de
espèces sensibles. Ainsi, chez les patients porteurs d’une sonde mucoviscidose. Certaines mutations confèrent à ces souches
vésicale, P. aeruginosa est retrouvé dans 5 % des infections urinaires hypermutatrices de P. aeruginosa des avantages en termes de survie,
si aucun traitement antibiotique n’est associé ; en revanche, il est avec une augmentation de la virulence, une meilleure adapta-
retrouvé dans 13 % des prélèvements lorsqu’une antibiothérapie tion à l’hôte et la mise en jeu de mécanismes de résistance aux
est associée [13] . Il en est de même pour les patients sous ventilation antibiotiques.
artificielle, chez lesquels P. aeruginosa est retrouvé dans 4,9 % des
pneumopathies nosocomiales si aucun traitement antibiotique
Cas particulier du brûlé
n’a été prescrit préalablement, alors qu’il est retrouvé dans 40,3 %
des prélèvements par fibroscopie bronchique lorsqu’il existe une Le patient gravement brûlé est prédisposé à l’infection du fait
antibiothérapie préalable [14] . Cette antibiothérapie, même si elle de la perte d’une grande partie de la barrière cutanée et de la
utilise des antibiotiques habituellement actifs sur des souches présence de tissus nécrotiques, mais aussi d’une dépression immu-
sensibles de P. aeruginosa est susceptible de créer des résistances nitaire précoce humorale et cellulaire non spécifique corrélée à
acquises qui sont très fréquentes dans cette espèce, surtout si l’importance de la surface brûlée [19] . Juste après la brûlure, les
l’antibiothérapie est administrée de façon inappropriée (posolo- lésions sont généralement stériles. Elles se colonisent rapidement,
gie, durée, diffusion.). d’abord à partir de la flore cutanée du patient avec prédominance
Les infections à P. aeruginosa déclarées évoluent suivant un de cocci à Gram positif et au-delà des 48 premières heures, à par-
mode endémique ou par petites épidémies qui résultent d’une tir d’autres flores endogènes du patient (flores oropharyngée et
transmission croisée interhumaine ou par l’intermédiaire de digestive), à partir de l’environnement hospitalier ou éventuelle-
l’environnement. On estime qu’environ 80 % des infections ment par transmission manuportée. La flore bactérienne présente
à P. aeruginosa à l’hôpital sont acquises dans les unités de dans la plaie évolue avec le temps. Habituellement, les cocci à
soins intensifs et la part de la transmission d’origine exogène Gram positif précèdent pendant la première semaine les bacilles à
peut atteindre plus de 50 % dans certaines études, impliquant Gram négatif dominés par P. aeruginosa et les entérobactéries, qui
la transmission à partir d’autres patients, du personnel ou s’implantent en moyenne vers le 10e jour. P. aeruginosa trouve dans
de l’environnement [12] . La proportion des souches d’origine les escarres des brûlés un milieu propice à son développement et
humaine et environnementale responsables d’infections n’est pas l’expression des différents facteurs de virulence favorise à terme
univoque et varie en fonction du temps et des situations locales. le passage de la colonisation à l’infection cutanée invasive [20] . La
De même, la contribution des réservoirs endogènes et exogènes zone brûlée, qui est constituée d’une zone centrale nécrotique
à la colonisation et à l’infection des patients dans les services non vascularisée (escarre), est un site riche en protéines coagu-
de soins intensifs varie avec le niveau d’application des mesures lées, favorable à la prolifération des micro-organismes. Si aucun
d’hygiène par le personnel médical, le niveau de contamination topique antibactérien n’est rapidement utilisé, la colonisation va
de l’environnement et probablement avec les caractéristiques des s’étendre progressivement en profondeur jusqu’aux tissus sains
souches de P. aeruginosa. Dans un contexte d’épidémie extensive, et trouver les conditions locales de multiplication et de diffu-
le clone épidémique est retrouvé chez environ 20 % des patients sion dans les couches dermiques profondes nécrosées. La fixation
colonisés et dans 50 % des cas à partir d’un prélèvement cli- de P. aeruginosa par son flagelle et ses adhésines est d’autant plus
nique [12] . aisée que les cellules sont lésées et que la fibronectine est alté-
rée au niveau des zones brûlées. L’action conjuguée des protéases
(élastase), des hémolysines, du rhamnolipide, de la cytotoxine et
Cas particulier de la mucoviscidose des exotoxines (ExoA, ExoU ou ExoS) par P. aeruginosa favorise
Au cours de la mucoviscidose, les mutations de la protéine l’invasion des tissus et provoque une inhibition de la synthèse
cystic fibrosis transmembrane conductance regulator (CFTR) sont res- protéique et une nécrose locale. L’action des facteurs de viru-
ponsables de l’augmentation de la viscosité du mucus. Celle-ci lence favorise donc l’invasion des zones brûlées par P. aeruginosa,
est due à des déséquilibres ioniques comme une concentration puis sa dissémination, à l’origine de bactériémies et de syndromes
élevée en NaCl qui favorise l’accumulation et la fixation des bac- septiques sévères [19] . L’absence de vascularisation des brûlures
téries aux mucines et l’évolution vers la colonisation et l’infection du troisième degré empêche la diffusion dans le foyer infec-
chronique. La colonisation bactérienne survient très tôt dans tieux des antibiotiques et l’afflux des polynucléaires luttant contre
l’évolution naturelle, avec comme premières bactéries Haemophi- l’infection. L’infection cutanée va entretenir un syndrome inflam-
lus influenzae, Staphylococcus aureus, puis, quelques mois ou années matoire de réponse systémique (SIRS) et augmenter la production
plus tard, P. aeruginosa. Une fois que les voies respiratoires du de médiateurs secondaire aux brûlures graves. À la phase secon-
patient sont colonisées, P. aeruginosa ne pourra que rarement être daire, après un séjour de quelques semaines en centre des brûlés,
éradiqué. les plaies vont être colonisées durablement par P. aeruginosa qui va
La bactérie met en jeu plusieurs mécanismes adaptatifs : for- devenir un hôte permanent. La bactérie s’adapte à ses nouvelles
mation du biofilm [15] , échappement au système immunitaire de conditions de vie dans la brûlure, perd sa mobilité et développe
l’hôte, puis production d’alginate [16–18] . Lors des premiers stades une protection sous la forme d’une matrice d’exopolysaccharides.
de l’infection, les souches ne produisent pas encore d’alginate Ceux-ci constituent un biofilm ou matrice externe qui diminue
et sont généralement sensibles aux antibiotiques habituellement l’efficacité des antiseptiques sur la bactérie.

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Tableau 1. mécanismes de résistance, liés à des mutations chromosomi-


Antibiotiques actifs et résistance naturelle chez P. aeruginosa. ques ou à l’acquisition de gènes exogènes de résistance, sont
Principaux antibiotiques disponibles variés. Ils confèrent des phénotypes de résistance détectables à
l’antibiogramme par les biologistes.
Résistance Antibiotiques habituellement actifs Par groupes de service, les souches les moins sensibles sont
naturelle rencontrées dans les services de soins intensifs et de brûlés [24] .
Liste standard a Liste Parmi les principaux types de prélèvements, les taux les plus bas
complémentaire a de sensibilité sont rapportés pour les échantillons d’origine respi-
Pénicillines G, A, M Ticarcilline Ticarcilline/acide ratoire pour les bêtalactamines et dans les échantillons urinaires
Céphalosporines de Pipéracilline clavulanique pour la ciprofloxacine. Cette résistance plus importante dans les
1re et de 2 e Ceftazidime Pipéracilline/tazobactam sites respiratoires et urinaires peut s’expliquer par la fréquence
génération, oxymi- Imipénème ou Céfépime et l’importance des colonisations à P. aeruginosa sur sonde uri-
nocéphalosporines méropénème ou Nétilmicine naire ou dans le tractus respiratoire et la pression antibiotique
(céfotaxime, doripénème Lévofloxacine exercée chez ces patients avec les familles d’antibiotiques les
ceftriaxone), Aztréonam Sulfamides plus utilisés dans ces localisations spécifiques. Dans les bactérié-
céphalosporines Gentamicine Fosfomycine mies, les données françaises issues de l’European Antimicrobial
orales à large spectre Tobramycine Rifampicine Resistance Surveillance System (EARSS) montrent qu’en 2008,
Ertapénème Amikacine la sensibilité aux antibiotiques de P. aeruginosa est de 78 % pour
Cyclines incluant la Ciprofloxacine la pipéracilline, 85 % pour la ceftazidime, 84 % pour les carbapé-
tigécycline Colistine nèmes, 71,5 % pour les aminosides, 75 % pour la ciprofloxacine
Macrolides (http://www.rivm.nl/earss).
Kanamycine Dans le réseau de surveillance REA-Raisin qui inclut 40 % des
Quinolones
lits de réanimation adulte en France (176 services), on note une
anciennes
diminution du pourcentage de souches présentant une résistance
Rifampicine
à la ceftazidime. En effet 26,2 % des souches de P. aeruginosa étaient
Chloramphénicol
Triméthoprime
résistantes à la ceftazidime en 2004, contre 18,2 en 2009 [25] .
Cotrimoxazole L’association de plusieurs mécanismes de résistance aboutit
Glycopeptides à des souches multirésistantes à la plupart des antibiotiques
Acide fusidique habituellement utilisés en thérapeutique dans les infections à
P. aeruginosa [21] . Une souche multirésistante est définie comme
a
Listes recommandées par le Comité de l’antibiogramme de la Société française ayant acquis une résistance dans au moins trois familles
de microbiologie pour la réalisation d’un antibiogramme. d’antibiotiques habituellement actifs comme les bêtalactamines
anti-Pseudomonas, les fluoroquinolones et les aminosides. En
pratique, la plupart des réseaux de surveillance se basent sur la sen-
 Résistance aux antibactériens sibilité de P. aeruginosa à la ceftazidime pour juger de l’évolution
de sensibilité des souches.
Antibiotiques habituellement actifs Par rapport aux données de sensibilité de l’étude multicentrique
et résistance naturelle GERPA (Groupe d’étude de la résistance de Pseudomonas aerugi-
nosa aux antibiotiques) de 2004, la résistance de P. aeruginosa aux
P. aeruginosa possède une résistance naturelle à de nombreux antibiotiques n’augmente pas de façon globale en France.
antibiotiques, restreignant les possibilités thérapeutiques à un Cependant, la nature de cette résistance devient de plus en
nombre limité d’agents antimicrobiens (Tableau 1). Les anti- plus inquiétante avec l’émergence à bas bruit de souches produc-
biotiques habituellement actifs sur P. aeruginosa appartiennent trices de bêtalactamases à spectre étendu ou de carbapénémases.
à plusieurs familles : les bêtalactamines (carboxypénicillines, Si les souches multirésistantes restent encore confinées sous
uréidopénicillines, ceftazidime, céfépime, aztréonam et carbapé- forme de petits foyers en France [26] , le risque d’extension est
nèmes sauf l’ertapénème), les aminosides (sauf la kanamycine), bien présent. D’autre part, le risque d’importation à partir de
les fluoroquinolones (surtout ciprofloxacine et lévofloxacine), les pays où ces souches sont de plus en plus répandues doit être
polymyxines (colimycine) et la fosfomycine. La faible perméa- pris en compte. Ceci doit appeler à une vigilance renforcée
bilité de la membrane externe de P. aeruginosa lui confère une pour les dépister et renforcer rapidement les mesures d’hygiène
résistance naturelle à de nombreux antibiotiques dont la plupart autour des cas d’infection ou de portage afin d’éviter leur
des bêtalactamines hydrophiles. Cette faible perméabilité, 10 à transmission.
100 fois inférieure à celle d’Escherichia coli, est liée au nombre
restreint de pores perméables formés dans la membrane externe
par la porine principale de P. aeruginosa, OprF. C’est l’association Activité des antiseptiques et désinfectants
synergique de l’imperméabilité, des pompes d’efflux et de la
P. aeruginosa se situe parmi les bactéries à Gram négatif les moins
production d’une céphalosporinase inductible AmpC spécifique
sensibles à l’action bactériostatique et bactéricide des antisep-
de l’espèce qui expliquent la résistance naturelle à des bêtalac-
tiques et désinfectants [27] . La faible sensibilité de cette espèce est
tamines habituellement actives sur les bacilles à Gram négatif
liée à la structure de la membrane externe et au LPS, qui font
comme les aminopénicillines ou les céphalosporines dites de pre-
obstacle au passage des molécules biocides. Cette imperméabilité
mière et deuxième génération, mais aussi de troisième génération
peut parfois être associée à un mécanisme d’efflux. Les antisep-
comme les oxyminocéphalosporines (céfotaxime ou ceftriaxone)
tiques et désinfectants les plus actifs sur P. aeruginosa sont les
et même certains carbapénèmes (ertapénème). P. aeruginosa est
dérivés chlorés, les dérivés iodés et iodophores (polyvidone iodée),
également naturellement résistant à la kanamycine, au chloram-
les aldéhydes, l’acide peracétique et le peroxyde d’hydrogène.
phénicol, aux cyclines (incluant la tigécycline), au triméthoprime,
L’alcool, les dérivés phénoliques (hexachlorophène, triclosan), les
aux quinolones de première génération et à tous les antibiotiques
ammoniums quaternaires, les biguanides (chlorhexidine), les déri-
uniquement actifs sur les bactéries à Gram positif (macrolides,
vés mercuriels ou les dérivés argentiques comme la sulfadiazine
lincosamides, synergystines, acide fusidique, glycopeptides).
d’argent sont moins actifs.

Épidémiologie des résistances acquises


aux antibiotiques  Clinique
En plus de ces résistances naturelles, les résistances acquises sont Les infections à P. aeruginosa surviennent le plus souvent
très fréquentes pour les antibiotiques antipyocyaniques [21–23] . Les chez des patients fragilisés ou immunodéprimés. Si certaines

4 EMC - Maladies infectieuses


Infections à Pseudomonas aeruginosa  8-025-B-50

infections à P. aeruginosa sont authentiquement communautaires, sont des vésicules hémorragiques entourées d’un érythème, qui
cette espèce reste typiquement le prototype de la bactérie acquise évoluent rapidement vers des lésions ulcéronécrotiques indolores,
dans les structures de soins. entourées d’un érythème purpurique typique. Elles siègent préfé-
rentiellement au niveau des cuisses, du périnée, du creux axillaire
ou des extrémités. On peut également rencontrer une cellulite
Infections communautaires nodulaire faite d’éléments inflammatoires (rouges, chauds), par-
fois fluctuants, mais habituellement fermes car profondément
P. aeruginosa peut être impliqué dans certaines infections
enchâssés dans le derme. Leur incision libère un contenu puru-
communautaires chez le sujet immunocompétent, en dehors
lent dans lequel on retrouve la bactérie responsable et la mise en
de tout terrain favorisant. En général, ce sont des infections
évidence à l’examen direct de bacilles à Gram négatif en grand
opportunistes localisées, résultant de conditions locales ou géné-
nombre au sein de rares polynucléaires neutrophiles évoque une
rales favorables à leur développement et souvent associées à un
infection à P. aeruginosa. Les hémocultures ou les prélèvements
contact avec de l’eau ou des solutions antiseptiques contaminées.
locaux permettent d’isoler la bactérie en cause qui est dans la
Chez le sujet immunodéprimé, P. aeruginosa peut être à l’origine
grande majorité des cas P. aeruginosa [34] . La mortalité chez ces
d’infections aiguës communautaires graves.
patients est moins élevée en l’absence de bactériémie associée.
Infections cutanées et muqueuses
Infections oto-rhino-laryngologiques
Les infections sur peau saine sont probablement sous-estimées,
favorisées souvent par le contact avec des liquides contaminés P. aeruginosa est le principal agent responsable des otites
(eau, solution antiseptique), par l’humidité, la macération et externes simples, souvent acquises à l’issue d’un bain et connues
l’hyperhydrose. Les espaces interdigitaux des pieds sont les plus sous le nom d’otites du nageur [35] . Elles se traduisent par une dou-
fréquemment atteints et une co-infection mycosique (30 % des leur augmentée par traction du lobe de l’oreille, d’un prurit et
cas) peut jouer le rôle de facteur déclenchant de surinfection d’un écoulement. Au cours des otites externes chroniques et des
à P. aeruginosa. L’infection se limite souvent à l’épiderme et se otites moyennes chroniques associées ou non à un cholestéatome,
manifeste habituellement de façon brutale par la survenue d’un P. aeruginosa est également la bactérie la plus souvent isolée devant
intertrigo douloureux, érosif, suintant, malodorant, recouvert de S. aureus [36] .
sérosités verdâtres. Les folliculites à P. aeruginosa sont des infec- L’otite externe maligne est une infection nécrosante extensive
tions des follicules pilosébacés souvent liées à la fréquentation du conduit auditif externe, des tissus mous et de l’os environnant,
d’une piscine chauffée, de bains à remous ou sous pression, de à point de départ cutané, qui peut évoluer vers des complications
saunas ou au port de tenues de plongée sous-marine [28] . On les qui sont dans l’ordre de fréquence une paralysie des nerfs crâ-
décrit également dans le cadre de surinfection de lésions d’acné niens, une ostéomyélite de la base du crâne, voire une méningite.
après une antibiothérapie locale ou générale prolongée ou de sur- Cette infection dans laquelle P. aeruginosa est la bactérie domi-
infection après épilation des jambes. La topographie particulière nante survient le plus souvent chez des patients âgés de plus de
des lésions dans le cas de « dermite des piscines » (maillot de bain, 50 ans, diabétiques ou immunodéprimés et met en jeu le pronos-
parties latérales du tronc, creux axillaires) ou le siège sur une zone tic fonctionnel (paralysie des nerfs crâniens VII, IX, X et XI) avec
d’épilation à la cire [29] sont des facteurs pouvant faire évoquer 10 à 20 % de mortalité malgré le traitement [37, 38] . Ceci conduit à
une infection à P. aeruginosa. Le délai entre la contamination et proscrire toute manœuvre traumatique du conduit auditif externe
l’apparition des lésions varie de quelques heures à trois jours. Cette chez les patients non immunocompétents et à considérer, sur ce
affection peut évoluer sur un mode épidémique et toucher plu- terrain, comme potentiellement grave toute infection du conduit
sieurs personnes à la fois, ayant fréquenté la même piscine ou le auditif externe, en particulier si l’examen otoscopique montre du
même bain à remous peu de temps auparavant. Cette infection tissu de granulation polypoïde.
est habituellement peu sévère et spontanément résolutive sans
traitement spécifique. Infections oculaires
L’onyxis à P. aeruginosa s’accompagne d’un périonyxis inflam- Les conjonctivites purulentes à P. aeruginosa sur cornée saine
matoire (parochynie). Il est connu sous le nom de syndrome des sont rares et ne comportent pas un caractère particulier. Cepen-
ongles verts du fait d’une coloration brun-vert de l’ongle liée à dant, une conjonctivite à P. aeruginosa survenant chez des
la production de pigments par P. aeruginosa. Causée par la pro- prématurés ou des enfants de faible poids à la naissance, peut se
duction par P. aeruginosa de très nombreuses enzymes capables de compliquer de bactériémie avec atteinte méningée et cérébrale [39] .
digérer la kératine et favorisée par la macération, cette infection de Les kératites sont bien connues en particulier chez les por-
l’ongle peut être primitive, coexister avec une infection à Candida teurs de lentilles souples à port prolongé pendant plusieurs
ou surinfecter un onyxis inflammatoire [30] . semaines [40] . Ces atteintes oculaires font le plus souvent suite à
De rares balanites à P. aeruginosa ont également été décrites chez des microtraumatismes de la cornée liés au port de lentilles de
des malades généralement non circoncis incluant des patients contact souples contaminées par une eau contenant P. aeruginosa
neutropéniques [31] . Il s’agit de balanites très inflammatoires, dou- qui adhère facilement sur les lentilles. Les infections oculaires
loureuses et macérées avec érosions du gland qui peuvent résulter graves à P. aeruginosa sont souvent la conséquence d’une lésion
d’une surinfection d’une balanite mycosique traitée par antibio- traumatique surinfectée de la cornée [41] et sont également favori-
tique, antiseptique ou corticothérapie locale [32] . sées par une corticothérapie locale, l’utilisation inappropriée d’un
P. aeruginosa est un agent fréquent de colonisation et surinfec- anesthésique de contact ou d’un collyre contaminé. L’infection
tion des plaies traumatiques, des dermatoses suintantes et des débute par une kératite, petit ulcère nécrotique accompagné d’une
ulcères chroniques [33] . Le processus de colonisation n’entraîne pas fièvre, de douleurs, d’une hyperémie conjonctivale avec suffu-
forcément une surinfection, mais la distinction n’est pas toujours sions hémorragiques et cercle périkératique, d’une diminution de
aisée. La modification de l’aspect de la plaie ou de l’ulcère qui la vision (œdème de la cornée), d’une photophobie et d’un myosis.
devient inflammatoire ou nécrotique, la production d’un pus ver- Cet ulcère peut rapidement s’étendre et évoluer vers un abcès de
dâtre et d’une odeur aromatique caractéristique sont évocatrices cornée. En l’absence de traitement, l’abcès peut évoluer vers une
d’une surinfection favorisée par des soins locaux mal adaptés, une endophtalmie fulgurante après perforation de la cornée : l’infection
antibiothérapie locale intempestive ou une macération. gagne la chambre antérieure de l’œil puis le vitré et aboutit à la
L’ecthyma gangrenosum est une infection cutanée sévère surve- fonte purulente de l’œil en 48 heures.
nant sur un terrain immunodéprimé, le plus souvent secondaire
à une bactériémie à P. aeruginosa, mais qui peut être parfois
primitive en l’absence de bactériémie. Elle survient habituel-
Autres infections communautaires
lement chez des patients neutropéniques, atteints de maladies Les atteintes respiratoires communautaires liées au bacille
hématologiques, mais est également décrite chez des patients pyocyanique sont bien connues. Les infections pulmonaires à
atteints d’autres comorbidités comme un diabète ou une mal- P. aeruginosa de l’adulte acquises hors de l’hôpital représentent
nutrition. Les lésions caractéristiques d’ecthyma gangrenosum, environ 0,4 % des étiologies identifiées dans les pneumopathies

EMC - Maladies infectieuses 5


8-025-B-50  Infections à Pseudomonas aeruginosa

aiguës communautaires. Elles compliquent le plus souvent une dans les sécrétions respiratoires de 80 % des patients atteints de
pathologie pulmonaire chronique (bronchopneumopathie chro- mucoviscidose. Chez l’enfant, la présence de P. aeruginosa reste
nique obstructive ou dilatation des bronches) en particulier asymptomatique dans plus de 50 % des cas, mais elle est asso-
lorsque la fonction respiratoire est très altérée (volume expira- ciée à une inflammation accrue, un déclin rapide de la fonction
toire maximal par seconde [VEMS] < 50 %) ou l’infection par le respiratoire et une mortalité élevée [52] . Les infections précoces
virus de l’immunodéficience humaine (VIH) [42] . Les infections sur à P. aeruginosa chez les patients atteints de mucoviscidose en
poumon sain sont très rares, concernent souvent des fumeurs, particulier celles qui surviennent avant l’âge de 5 ans, sont forte-
font le plus souvent suite à l’inhalation d’eau contaminée sous ment associées aux formes les plus sévères de lésions pulmonaires
forme d’aérosols. Ces formes communautaires peuvent avoir une dans l’évolution de la maladie. La colonisation est d’abord liée à
présentation atypique conduisant à un retard diagnostique et thé- des souches non mucoïdes, plutôt sensible aux antibiotiques. La
rapeutique, ce qui explique leur mortalité élevée de l’ordre de conversion en souche mucoïde (en moyenne au bout de 1,8 année
30 % [43] . de colonisation), l’apparition rapide de biofilms, les phéno-
P. aeruginosa est isolé chez 5 à 10 % des patients souffrant mènes de quorum sensing, les phénomènes d’hypermutabilité et
d’une péritonite communautaire [44, 45] et dans 10 % des cas l’apparition de mutants résistants aux antibiotiques, compliquent
d’appendicite/péritonite chez les enfants n’ayant pas été hospi- la prise en charge thérapeutique de ces colonisations/infections à
talisés dans les mois précédents [46] . P. aeruginosa dans la mucoviscidose.
Les bactériémies à P. aeruginosa représentent 10 à 20 % des sep-
ticémies à bacilles à Gram négatif. Les portes d’entrée principales
sont les bronchopneumopathies, les infections cutanées, les infec- Infections nosocomiales
tions sur cathéter, les infections abdominales et urinaires hautes.
L’environnement hospitalier n’échappe pas à la colonisation
Elles surviennent le plus souvent sur des terrains avec comorbi-
par cet agent bactérien. La colonisation de toutes les zones
dités ou facteurs prédisposants : sujets âgés, patients diabétiques
humides (éviers, douches, nébuliseurs, vases de fleurs) constitue
ou porteurs de pathologies chroniques respiratoires (bronchite
un réservoir naturel [2] . L’univers de la réanimation et des soins
chronique obstructive), cardiaques, rénales (hémodialyse), hépa-
intensifs est un milieu particulièrement propice à la colonisation
tiques ou d’un syndrome d’immunodéficience acquise, atteints
par P. aeruginosa. Le transfert manuporté par le personnel et le
de toxicomanie, suivant une chimiothérapie antitumorale ou une
transfert entre patients sont les modes de contamination usuels.
corticothérapie, souffrant de maladies hématologiques (neutropé-
Ainsi le pourcentage des patients colonisés à l’admission varie
nie), patients brûlés, hospitalisés en soins intensifs ou ayant subi
de 15 à 17 % [3] et après 14 jours d’hospitalisation, près de 60 %
des manœuvres invasives, porteurs de cathétérisme ou ventilés.
des patients sont colonisés [53] . La persistance de la colonisation
La mortalité globale associée à ces bactériémies est globalement
explique par ailleurs la fréquence des rechutes. L’impact sur la
de l’ordre de 30 %.
morbimortalité n’est pas négligeable et une surmortalité des infec-
Des endocardites sont décrites chez les patients brûlés ou les
tions à P. aeruginosa est habituellement reconnue [54] . La durée et
toxicomanes [47, 48] . L’endocardite à P. aeruginosa est fréquente chez
le coût de l’hospitalisation sont alors de facto augmentés [55, 56] .
l’héroïnomane, liée à l’injection d’eau contaminée avec la drogue.
P. aeruginosa se place parmi les agents étiologiques majeurs
Elle est souvent polymicrobienne, survient sur valve native, pou-
impliqués dans les infections nosocomiales. L’enquête de pré-
vant intéresser le cœur droit comme le cœur gauche : des embolies
valence des infections nosocomiales menée en France en
pulmonaires septiques sont souvent associées [48] .
2006 dans 2337 établissements de soins représentant 95 % des
Des ostéoarthrites ou ostéomyélites à P. aeruginosa d’origine
lits d’hospitalisation en France retrouvait une prévalence de
hématogène ou faisant suite à une infection par contiguïté (plaies
P. aeruginosa de 10 % parmi 15 800 micro-organismes isolés dans
traumatiques infectées) ont été décrites dans diverses localisations
13 504 infections nosocomiales, derrière E. coli (24,7 %) et S. aureus
dont des localisations vertébrales. Les infections ostéoarticulaires
(18,9 %). La responsabilité de P. aeruginosa était en cause, tous
à P. aeruginosa sont fréquentes dans les traumatismes par plaies de
services confondus, dans 20,6 % des bronchopneumopathies (pre-
guerre [49] . Les atteintes du pied sont également fréquentes dans le
mière place), 15,4 % des infections de la peau et des tissus mous
cadre du pied diabétique [50] . Elles sont également décrites suite à
(deuxième place), 9 % des infections du site opératoire (troi-
des piqûres profondes avec des objets souillés.
sième place), 7,8 % des infections urinaires (quatrième place) et
Chez le sujet contaminé par le VIH, les infections à P. aeruginosa
6,4 % des bactériémies (cinquième place) [57] . Il existe de grandes
surviennent chez 5 à 10 % des patients et sont d’origine commu-
variations entre les hôpitaux et services. P. aeruginosa représente
nautaire dans les deux tiers des cas. Il s’agit le plus souvent de
10,7 % des bactéries isolées dans les infections nosocomiales
pneumopathies, de bactériémies associées à des cathéters vas-
survenant dans les services de court séjour (15,4 % en réani-
culaires, à des pneumopathies, à des infections urinaires, des
mation contre 10,1 % en médecine, 9,4 % en chirurgie et 1,7 %
sinusites et plus rarement d’infections isolées des tissus mous,
en obstétrique), 9,3 % dans les services de soins de suite et
d’infections urinaires sur sonde ou d’otites externes [51] . Chez ces
réadaptation, 8,7 % dans les services de long séjour et 6,5 % en
patients, généralement au stade de SIDA, le pronostic est sévère
psychiatrie [57] .
avec 30 à 50 % de mortalité dans les pneumopaphies et les bac-
En réanimation et unités de soins intensifs, les patients, sou-
tériémies. Une particularité des infections à P. aeruginosa chez les
vent immunodéprimés, sont habituellement intubés, ventilés,
patients infectés par le VIH est la fréquence des rechutes et/ou
sondés et porteurs de cathéters périphériques et centraux ; le
récidives (20–50 %) [51] .
risque de contamination et d’infection à P. aeruginosa est majeur.
P. aeruginosa est en cause dans 15,7 à 17 % des infections en réani-
Surinfections à P. aeruginosa au cours mation devant E. coli (13,9 %), et S. aureus (12,2 %) [25] .
de la mucoviscidose
P. aeruginosa est à l’origine d’infections respiratoires chroniques Infections bronchopulmonaires
au cours de la mucoviscidose qui jouent un rôle important dans Les infections pulmonaires et bronchiques basses se situent à la
la morbidité et la mortalité prématurée de ces patients. Poly- première place des infections acquises en unité de soins intensifs
poses nasales, sinusites et atteintes bronchopulmonaires sont avec une incidence de 9,6 % parmi 24 500 patients surveillés au
fréquentes. Les conséquences en sont une hypersécrétion avec premier semestre 2009 dans 176 services de réanimation adulte.
obstruction bronchique et distension thoracique, une modi- Elles sont favorisées par la ventilation mécanique (pneumopa-
fication du rapport ventilation/perfusion avec hypoxémie et thie acquise sous ventilation mécanique [PAVM]) et on estime
hypertension artérielle pulmonaire à l’origine d’hémoptysies de que le risque s’accroît de 3 % par jour de ventilation méca-
moyenne abondance. La colonisation bactérienne survient très nique. La densité d’incidence des PAVM est de 15,2 infections
tôt dans l’histoire naturelle de la maladie. Les premières bactéries pour 1000 jours de ventilation et P. aeruginosa est impliqué dans
impliquées sont Staphylococcus aureus et Haemophilus influenzae. 19 % des pneumopathies nosocomiales en réanimation [25] et
La colonisation par P. aeruginosa survient précocemment (âge dans 24 % des cas de PAVM, essentiellement dans les pneu-
médian de 45 mois). À l’âge de 18 ans, P. aeruginosa est retrouvé mopathies tardives, qui surviennent à partir de 5 à 8 jours de

6 EMC - Maladies infectieuses


Infections à Pseudomonas aeruginosa  8-025-B-50

ventilation assistée [58] . Dans une évaluation prospective réalisée d’antibiotiques pendant l’évacuation et la prise en charge chirur-
chez 3688 patients admis en unités de soins intensifs de méde- gicale ainsi qu’une fasciotomie sont associés à une plus grande
cine et de chirurgie, 235 parmi les 420 patients qui ont développé fréquence d’isolement de P. aeruginosa dans les surinfections des
une pneumopathie l’ont constituée moins de 96 heures après blessures des membres.
l’admission. P. aeruginosa était en cause dans 25,1 % de ces cas, Les infections des sinus sont fréquentes en présence d’un
alors que P. aeruginosa était retrouvé dans 38,4 % des cas de pneu- corps étranger (sonde d’intubation, sonde gastrique, etc.) chez
mopathies déclarées plus tardivement [59] . À la fin de la première un patient en décubitus. Il se produit alors une réaction inflam-
semaine d’hospitalisation, plus de 30 % des patients de réanima- matoire œdémateuse locale qui favorise le développement d’une
tion sont colonisés par P. aeruginosa, ce qui constitue le facteur infection sinusiennne maxillaire, mais aussi dans certains cas, eth-
de risque le plus important d’évolution vers une pneumopathie. moïdale, sphénoïdale et frontale. Ainsi, 18 à 32 % des patients
Les modes de pénétration de P. aeruginosa dans les voies aériennes intubés vont développer une sinusite qui sera dépistée par tomo-
basses sont multiples : fausse route, inhalation d’aérosols infectés, densitométrie des sinus. Le prélèvement par aspiration identifie
dissémination hématogène, inoculation directe à travers la sonde les micro-organismes en cause et P. aeruginosa, qui est l’agent le
trachéale au cours des manœuvres d’aspiration, micro-inhalations plus souvent isolé, représente 15,9 % des isolats. Le traitement
répétées de sécrétions pharyngées. Chez les patients sous ventila- par aspiration et antibiotiques par voie générale est parfois mis
tion mécanique, la sonde d’intubation endotrachéale ou la canule en échec et un drainage par cathétérisme sinusien est souvent
de trachéotomie court-circuitent les défenses mécaniques respira- nécessaire.
toires et altèrent la fonction mucociliaire. Les micro-inhalations P. aeruginosa est en cause dans moins de 5 % des surinfections
de sécrétions accumulées et fortement colonisées chez un patient sur pacemaker [63] . Les endocardites nosocomiales à P. aeruginosa
ayant perdu sa clairance mucociliaire et ne pouvant pas tous- surviennent après mise en place de cathéter de Swan-Ganz ou
ser expliquent le mécanisme des PAVM. P. aeruginosa est plus après chirurgie cardiaque. Elles intéressent plus souvent le cœur
fréquent dans les pneumopathies tardives [60] . Son émergence gauche, et plus souvent les valves aortiques que mitrales. Les
est favorisée par la durée de la ventilation mécanique (au-delà signes cutanés sont souvent présents et les embolies cérébrales
de 7 jours), l’utilisation antérieure d’une antibiothérapie et la septiques fréquentes. Le diagnostic repose sur les hémocultures
prescription préalable d’antibiotiques à large spectre comme les et l’échocardiographie. Le pronostic est redoutable en raison des
fluoroquinolones, les céphalosporines de troisième génération et difficultés de contrôle de l’infection et de l’insuffisance cardiaque
l’imipénème [61] . liée aux mutilations valvulaires. Un remplacement valvulaire
Au cours des PAVM, l’isolement de P. aeruginosa doit être consi- est discuté en fonction des éventuelles métastases septiques
déré comme un facteur de gravité. La mortalité propre imputable à cérébrales.
P. aeruginosa dans ces PAVM est plus importante de 40 % que celle Les atteintes ostéoarticulaires sont moins fréquentes. Elles
des autres PAVM à bacilles à Gram négatif. Une infection avec peuvent être secondaires à une diffusion hématogène ou à la dif-
P. aeruginosa peut multiplier jusqu’à 3,5 fois le risque de létalité fusion d’une infection tissulaire de proximité.
d’un patient hospitalisé en réanimation par rapport à un patient L’endophtalmite nosocomiale à P. aeruginosa est une atteinte
non infecté. gravissime du globe oculaire, qui peut faire suite à l’insertion d’un
implant dans la chirurgie de la cataracte [64] .
Bactériémies sur cathéters La méningite à P. aeruginosa est rare. Elle peut suivre une inter-
vention neurochirurgicale, un traumatisme crânien (fracture de
La colonisation des cathéters veineux centraux (CVC) appa- la base du crâne) ou être en relation avec une infection contiguë
raît en moyenne après 17,2 jours d’hospitalisation en réanimation (sinusite maxillaire). Le pronostic est sévère, l’évolution pouvant
et les bactériémies après 18,8 jours. P. aeruginosa est respon- se faire vers la formation de synéchies et d’une hydrocéphalie à
sable de 12,6 à 13,1 % des colonisations de CVC et de 11,2 pression haute.
à 11,9 % des bactériémies liées au cathéter [25] . Quel que soit P. aeruginosa représente 13 % des bactéries isolées dans
le mécanisme de la colonisation (externe, interne ou par voie les péritonites nosocomiales contre 5 % dans les péritonites
hématogène), P. aeruginosa vient coloniser le manchon fibri- communautaires [45] . Elles sont secondaires à un geste chirurgi-
neux qui tapisse la portion intravasculaire du cathéter, aussi cal digestif, à des gestes endoscopiques (sphinctérotomie de la
bien sur sa face endoluminale que sa face externe. Le retrait papille, pose d’endoprothèse biliaire, exérèse de polypes, sclérose
et ou le remplacement du cathéter doit être systématique de varices œsophagiennes) ou radiologiques invasifs (cholangio-
devant l’apparition d’une fièvre inexpliquée ou de signes locaux pancréatographie rétrograde, opacification des voies biliaires par
inflammatoires. voie transhépatique). Elles peuvent également faire suite à une
perforation gastrique ou colique chez un patient traité par des
Infections sur sonde urinaire corticoïdes ou autres immunosuppresseurs, sur un grêle radique,
L’insertion d’un cathéter urinaire est très fréquente puisqu’elle sur une colite aiguë grave, ou encore survenir au décours d’un bas
est observée chez 86 % des patients de réanimation (surveillance débit splanchnique avec ischémie digestive.
REA-Raisin). Le cathéter est laissé en place en moyenne pen-
dant 11,4 jours. Les infections urinaires sont la deuxième cause Dans les centres de brûlés
d’infection liée aux soins en réanimation après les pneumopathies
et on estime à 4,7 % le pourcentage de patients ayant une infection Les infections à P. aeruginosa sont particulièrement fréquentes
urinaire sur sonde. L’infection est identifiée en moyenne 16 jours et préoccupantes dans les centres de brûlés. Parmi les infections
après l’insertion du dispositif. Elle est à l’origine de 5,5 % des bac- rencontrées chez les brûlés, les infections de la peau et du tissu
tériémies. En réanimation, P. aeruginosa est l’agent responsable sous-cutané (32 %) et les infections respiratoires (32 %) sont les
dans 14,5 % des cas et le deuxième organisme en cause derrière plus fréquentes suivies par les infections urinaires (17 %) et les
E. coli (35 %) [25] . bactériémies (15 %) [65] . L’incidence des bactériémies à P. aeruginosa
chez le brûlé est d’environ 10 % et cette incidence varie en fonc-
tion de la surface corporelle brûlée (> 20 %), de la profondeur, de
Autres types d’infections nosocomiales la colonisation et de l’infection des zones brûlées. P. aeruginosa
Les infections nosocomiales à P. aeruginosa sont également ren- est retrouvé dans 6 à 30 % des bactériémies déclenchées par les
contrées dans les services d’oncohématologie, de pneumologie et soins et les actes chirurgicaux [19] . D’autres localisations comme
de chirurgie. P. aeruginosa peut être à l’origine de tous les types les endocardites ont été décrites. Les critères de définition des
d’infection [62] . Tous les tissus peuvent être atteints [62] avec des infections extracutanées chez le brûlé sont précisés dans des
fréquences variables. recommandations spécifiques nord-américaines [66] . L’acquisition
P. aeruginosa est isolé dans 9 % des infections du site opératoire d’infections nosocomiales à P. aeruginosa chez les patients brûlés
en France [57] . C’est également un agent important de surinfec- s’accompagne d’une morbibité et d’une mortalité plus élevées par
tion des plaies de guerre dans les structures sanitaires de terrain. rapport à un groupe témoin ayant des brûlures de même sévérité
L’utilisation du garrot tourniquet sur le terrain, l’administration (33 versus 8 %) [67, 68] .

EMC - Maladies infectieuses 7


8-025-B-50  Infections à Pseudomonas aeruginosa

 Diagnostic ce contexte, il est recommandé d’utiliser systématiquement un


milieu sélectif en parallèle des milieux enrichis. Le milieu Mac
Orientation clinique et épidémiologique Conkey semble garantir une meilleure sensibilité que le milieu
au cétrimide, qui pourrait inhiber la croissance de certaines
Les infections à P. aeruginosa présentent peu de caractéristiques souches [70] . Les cultures doivent être incubées 96 heures en raison
spécifiques permettant une orientation clinique d’emblée, en de la possibilité de croissance retardée de certains phénotypes. La
dehors d’une couleur caractéristique (vert brillant) accompagnée présence de P. aeruginosa doit être signalée à partir de 102 unités
d’une odeur aromatique spécifique de seringa qui peuvent être formant colonie (UFC)/ml et l’aspect des souches (mucoïdes,
retrouvées dans des plaies infectées ou des expectorations puru- naines) doit être décrit. Un antibiogramme doit être réalisé pour
lentes et doivent alors attirer l’attention. les différents phénotypes présents [69] . Selon la classification de
Un contexte épidémiologique évocateur de patient à risque Lee, cinq stades sont définis pour la prévention et le traitement
d’infection à P. aeruginosa doit également évoquer la responsabi- des infections à P. aeruginosa dans la mucoviscidose [71] :
lité possible de cette espèce dans un tableau d’infection aiguë : • l’absence de colonisation ;
patient âgé, fragilisé ou immunodéprimé du fait d’une maladie • la colonisation initiale ;
sous-jacente (cancer, transplantation d’organe, hémodialyse, VIH, • la colonisation sporadique, avec présence de P. aeruginosa dans
pathologie cardiaque, diabète) ou d’un traitement immunosup- moins de 50 % des cultures ;
presseur, patient hospitalisé dans un service de soins intensifs • la colonisation/infection chronique avec présence de
ou un service de brûlés, ventilation assistée depuis plus d’une P. aeruginosa dans plus de 50 % des cultures ;
semaine, surinfection respiratoire chez un patient ayant une bron- • l’exacerbation qui repose essentiellement sur des critères diag-
chite chronique obstructive ou atteint de mucoviscidose. Chez ces nostiques cliniques.
patients à risque, une longue durée d’hospitalisation, des antécé- Les critères de différenciation entre colonisation chronique et
dents de traitement antibiotique à large spectre dans les 90 jours infection sont difficiles à définir. La densité microbienne peut être
précédant l’infection sont également associées à l’émergence de un élément d’orientation. Le seuil de 105 UFC/ml dans un lavage
P. aeruginosa. bronchoalvéolaire, quand il est réalisé, pourrait orienter vers une
infection.
La présence d’anticorps non protecteurs peut être recherchée
Confirmation microbiologique par méthode enzyme linked immunosorbent assay (Elisa) ou par une
contre-immunoélectrophorèse mettant en évidence des arcs de
P. aeruginosa peut être isolé à partir de prélèvements variés :
précipitation (précipitines). Ces techniques sont proposées par
pus, sécrétions bronchiques (expectorations, aspiration tra-
certaines équipes pour le dépistage initial de la primocolonisation
chéale, lavage bronchoalvéolaire), prélèvements oto-rhino-
ou pour l’aide au diagnostic de l’infection chronique grâce à la
laryngologiques ou oculaires, liquides profonds, sang, urines,
cinétique des anticorps ou au nombre d’arcs de précipitation [72, 73] .
matériel.
Initialement recommandées en 2003 dans une conférence de
Les critères permettant de poser le diagnostic d’infection à
consensus [74] , ces techniques sont actuellement de plus en plus
P. aeruginosa suivent habituellement les critères d’interprétation
rarement employées en France [69] .
proposés par les sociétés savantes en fonction du type
d’échantillons biologiques (examen cytobactériologique des
urines, prélèvements bronchiques protégés, biopsie cutanée chez Cas du patient brûlé
le brûlé) sans spécificité liée à l’identification de cette espèce [69] .
Le diagnostic d’infection sur brûlure débute par une évalua-
Deux cas particuliers (mucoviscidose et patients brûlés) sont
tion clinique lors des réfections régulières des pansements. On
détaillés ci-dessous.
distingue les infections en peau saine en périphérie des brû-
P. aeruginosa est un bacille à Gram négatif, en forme de fin
lures (impétigo, érysipèle, cellulite), les infections des sites opérés
bâtonnet, de 1 à 3 ␮m de long et 0,5 à 1 ␮m de large, mobile
(greffes et prises de greffe) et les infections des tissus nécrotiques
grâce à un flagelle polaire. Cette espèce peut être cultivée en
de lésions au deuxième degré profond et troisième degré non exci-
aérobiose sur milieu usuel non enrichi, à 37 ◦ C ainsi qu’à 42 ◦ C.
sés. La difficulté majeure chez le brûlé grave est de distinguer la
Des milieux sélectifs, comme le milieu au cétrimide, peuvent être
colonisation de l’infection aiguë. Les signes locaux évocateurs
utilisés en cas de recherche spécifique sur des prélèvements poly-
d’infection invasive sont : un changement de l’apparence des
microbiens. Les colonies sont habituellement plates et extensives,
plaies (décoloration, exsudats, pus, odeur anormale), un retard
à bords dentelés, avec un aspect irisé métallique. Des colonies
de cicatrisation ou un échec des autogreffes, un approfondisse-
lisses, gélatineuses, naines ou muqueuses sont également pos-
ment des brûlures. Au sein de l’escarre, qui prend un aspect brun
sibles, notamment lorsqu’elles proviennent de patients atteints
foncé ou noirâtre, des zones de décoloration violettes et des pig-
de mucoviscidose.
ments verts peuvent être évocateurs d’infection à P. aeruginosa. Des
Sur milieu nutritif, P. aeruginosa présente une couleur caractéris-
critères cliniques, paracliniques et microbiologiques sont néces-
tique due à la présence de deux pigments : la pyoverdine, pigment
saires au diagnostic différentiel d’infection ou de colonisation.
jaune-vert fluorescent commun à P. aeruginosa et aux deux autres
Deux types de prélèvements cutanés peuvent être proposés : les
espèces du groupe fluorescens (P. fluorescens et P. putida), et la pyo-
prélèvements superficiels et les biopsies [69] . Dans le suivi d’une
cyanine, pigment bleu hydrosoluble spécifique de P. aeruginosa.
brûlure, les écouvillonnages permettent une évaluation qualita-
Il existe des souches apigmentées (5–10 %, surtout chez les
tive ou semi-quantitative de la colonisation incluant P. aeruginosa
patients atteints de mucoviscidose) et de rares souches exprimant
et, en cas de tableau infectieux, ils permettent le plus souvent
un pigment rouge (pyorubrine) ou brun–noir (pyomélanine).
l’identification et l’antibiogramme de l’agent bactérien impliqué.
L’identification d’espèce peut reposer sur une identification bio-
La biopsie cutanée qui permet d’associer une analyse micro-
chimique (galeries manuelles ou automates) ou par spectrométrie
biologique quantitative (exprimée en nombre de bactéries par
de masse.
gramme de tissu) et un examen anatomopathologique est une
méthode plus invasive, mais reste le prélèvement de référence
Cas du patient mucoviscidosique pour différencier colonisation et infection. La présence d’une
Il existe des critères diagnostiques spécifiques chez le patient espèce bactérienne ou fongique à une densité supérieure à 105 UFC
atteint de mucoviscidose, pour lequel il est nécessaire de dépister par gramme de tissu est en faveur d’une infection de la brûlure.
précocemment et avec une grande sensibilité une primocolonisa- Cette densité est bien corrélée aux lésions histologiques, au risque
tion, puis de différencier la colonisation du passage à l’infection de dissémination hématogène et à la mortalité [75] . Les biopsies
chronique. positives sont prédictives des épisodes de bactériémie à point de
Pour ceci, on procède mensuellement ou tous les deux mois à départ cutané chez le brûlé [76] . Les écouvillons superficiels sur
un examen bactériologique non invasif des sécrétions broncho- les brûlures ont une sensibilité et une spécificité inférieures aux
pulmonaires (expectoration profonde ou aspiration pharyngée biopsies profondes pour le diagnostic d’infection [75] et leur intérêt
après un effort de toux ou une séance de kinésithérapie). Dans essentiel est de connaître l’écologie du patient et de préciser les

8 EMC - Maladies infectieuses


Infections à Pseudomonas aeruginosa  8-025-B-50

micro-organismes colonisant les plaies. Les résidus d’antiseptiques adaptée à la sensibilité aux antibiotiques de la souche respon-
et d’antibiotiques locaux sur les surfaces brûlées négativent faci- sable de l’infection. Dans une infection sévère ou mal tolérée,
lement les prélèvements superficiels. le traitement anti-infectieux devient une urgence thérapeutique.
L’infection invasive des brûlures associe donc des signes géné- La mise en route du traitement est le plus souvent proba-
raux infectieux, des anomalies locales et une biopsie profonde biliste avant toute documentation microbiologique. Le choix
positive avec une concentration de micro-organismes supérieure de l’antibiotique peut être orienté par l’identification préalable
ou égale à 105 CFU/gramme de tissu. En cas de colonisation bac- d’une colonisation chez le patient. Dans les infections bron-
térienne, on ne retrouve aucun de ces critères [77, 78] . chopulmonaires, des aspirations endotrachéales effectuées une
Pour les autres types d’infection, les examens microbiologiques fois ou deux fois par semaine permettent ainsi de prescrire
chez un brûlé recourent aux mêmes prélèvements (urinaires, res- une antibiothérapie probabiliste adéquate respectivement chez
piratoires, etc.), techniques et critères d’interprétation (lavage 85 à 95 % des patients dont l’infection est confirmée 24 à
bronchoalvéolaire, aspiration trachéale, hémocultures, etc.) que 48 heures après par un lavage brochoalvéolaire. Cette adéquation
ceux utilisés chez les patients de réanimation (www.sfetb.org). n’existe que dans 61 % des cas en l’absence d’aspiration trachéale
préalable [79, 80] .
Quel que soit le site infecté, le traitement a pour but premier
Antibiogramme de réduire le plus vite possible l’inoculum bactérien. C’est la rai-
son pour laquelle la mise à plat chirurgicale, le drainage d’un
Suivant les recommandations du Comité français de l’anti-
abcès ou l’avulsion d’un site infecté est une priorité thérapeu-
biogramme de la Société française de microbiologie (CA-SFM),
tique. Un avis chirurgical doit être demandé en cas de doute et
les antibiotiques à tester en première intention (liste standard)
si le geste chirurgical est indiqué, il ne doit pas être retardé au
servent à l’orientation thérapeutique (http://www.sfm.asso.fr).
profit d’une antibiothérapie. L’antibiothérapie doit être bactéri-
Pour P. aeruginosa, cette liste standard comporte la ticarcilline, la
cide, pour stopper la progression de l’infection, réduire le volume
pipéracilline, la ceftazidime, l’imipénème (ou le méropénème),
de l’inoculum et le risque de sélection de mutants résistants. Ce
l’aztréonam, la gentamicine, la tobramycine, l’amikacine, la cipro-
risque de sélection est d’autant plus important que l’inoculum
floxacine et la colistine (Tableau 1). Cette liste peut être au besoin
est élevé et que les concentrations sériques d’antibiotiques sont
complétée à l’initiative du biologiste par des antibiotiques d’une
sub-inhibitrices.
liste complémentaire qui comprend les antibiotiques plus spé-
Le délai de mise en route d’une antibiothérapie adaptée a un
cifiquement utilisés vis-à-vis des souches multirésistantes, pour
impact direct sur la réduction de la mortalité dans les bactérié-
la surveillance épidémiologique de la résistance acquise ou pour
mies à P. aeruginosa. Ainsi, un retard de deux jours dans la mise
aider à l’interprétation des résultats de l’antibiogramme. Parmi ces
en route d’un traitement adapté augmente de plus de deux fois le
antibiotiques, on retrouve la ticarcilline associée à l’acide clavu-
risque de mortalité à 30 jours dans les bactériémies à P. aeruginosa.
lanique, la pipéracilline associée au tazobactam, le céfépime, le
Une antibiothérapie initiale bien adaptée améliore la survie au
doripénème, la nétilmicine, la lévofloxacine et la fosfomycine.
cours du choc septique et réduit significativement la morta-
Les conditions techniques générales pour les méthodes de
lité pour P. aeruginosa, de 31 à 17 % [81] . Une association adaptée
dilution et de diffusion en milieu gélosé de Mueller Hinton (ino-
d’antibiotiques permet de diminuer significativement la morta-
culum, ensemencement et lecture) et les critères d’interprétation
lité à 30 jours dans les bactériémies à P. aeruginosa par rapport
en « sensible », « intermédiaire » et « résistant » sont ceux recom-
à une monothérapie adaptée ou à une antibiothérapie inadap-
mandes par le CA-SFM. Au cours d’une infection sévère, la
tée [82] . Un traitement probabiliste utilisant un antibiotique pour
détermination de la concentration minimale inhibitrice permet
lequel la souche possède une résistance acquise expose le patient à
d’adapter les doses et le rythme d’administration des antibio-
un risque plus élevé de mortalité [83] . Toutes ces études soulignent
tiques.
qu’il est primordial d’identifier précocemment les patients à risque
d’infection à P. aeruginosa, incluant le risque de souches résistantes
aux antibiotiques et de mettre en œuvre rapidement un traitement
 Traitement antibiotique adapté.

Traitement de la porte d’entrée Identifier les situations à risque de résistance


L’éradication de la porte d’entrée ou du foyer d’origine d’une aux antibiotiques anti-Pseudomonas
infection systémique est une urgence. Elle consiste à enlever Les facteurs de risque associés à l’apparition de résistances
tout dispositif intravasculaire responsable de l’infection (cathéter, aux antibiotiques sont : l’utilisation d’immunosuppresseurs, la
site implantable, pacemaker, dérivation ventriculopéritonéale), à neutropénie, une hospitalisation longue avant l’isolement de la
traiter un foyer infectieux primitif (péritonite, abcès profond sous- souche, l’administration d’un grand nombre d’antibiotiques et
phrénique, périrénal, etc.) avec lavage peropératoire abondant et une longue durée de traitement antibiotique. En pratique plus
drainages multiples, en évitant les sutures en milieu septique. Par- le patient est resté longtemps hospitalisé et plus il a été exposé
fois, il peut s’agir de l’ablation d’un matériel d’ostéosynthèse ou à des agents anti-infectieux ayant une activité sur P. aeruginosa,
d’une prothèse infectée responsable du sepsis. plus il est à risque de développer une infection avec une souche
multirésistante [84] . Ainsi, les patients présentant une tare physio-
Principes généraux de l’antibiothérapie logique grave, ayant une longue durée de séjour à l’hôpital, ayant
reçu des fluoroquinolones et présentant un score APACHE II (acute
La prise en charge thérapeutique des infections à P. aeruginosa physiology and chronic health evaluation) élevé sont les plus exposés
répond à plusieurs grands principes thérapeutiques. aux infections à P. aeruginosa résistant à la pipéracilline [61] . Ceux
qui ont reçu de l’imipénème, une céphalosporine de troisième
Rechercher les signes de gravité et mettre génération, ou des fluoroquinolones présentent plus souvent des
infections avec des souches résistantes aux antibiotiques déjà
en place rapidement une antibiothérapie adaptée reçus [61, 84] . En pratique, l’administration préalable d’un antibio-
Il faut distinguer les situations dans lesquelles la tolérance tique actif sur P. aeruginosa, mais administré seul est associée à une
de l’infection est bonne de celles où le patient présente une augmentation du risque de résistance à cet antibiotique [85] .
ou plusieurs défaillances d’organe mettant en jeu le pronostic
vital. Les atteintes pulmonaires, les bactériémies sont souvent Choix et mode d’administration raisonnés
assez mal tolérées. La neutropénie est un facteur majeur de
létalité. Dans la première situation, il y a le temps de documen-
des antibiotiques
ter microbiologiquement l’infection et de la différencier d’une En l’absence de documentation microbiologique, la straté-
simple colonisation. La stratégie thérapeutique est ainsi gui- gie antibiotique en traitement probabiliste lorsqu’une infection
dée par des arguments microbiologiques et l’antibiothérapie est à P. aeruginosa est hautement probable dépendra de la bonne

EMC - Maladies infectieuses 9


8-025-B-50  Infections à Pseudomonas aeruginosa

Tableau 2.
Mode d’administration et posologie usuelle des principaux antibiotiques anti-Pseudomonas dans les infections sévères à Pseudomonas aeruginosa.
Molécules Schéma d’administration IV
Ceftazidime 2 grammes en 1 heure puis 6 grammes par jour en continu (enfant, nourisson : 50 mg/kg/j)
Pipéracilline ou pipéracilline + tazobactam 4 grammes (adulte et enfant > 12 ans) toutes les 6 à 8 heures
Imipénème-cilastatine 1 gramme (enfant, nourisson : 20 mg/kg) toutes les 8 heures
Méropénème 1 gramme (enfant, nourisson : 20 mg/kg) toutes les 8 heures
Amikacine 20 à 25 mg/kg en perfusion d’une heure
Tobramycine 6 à 8 mg/kg en perfusion d’une heure
Ciprofloxacine a 400 mg toutes les 8 heures
b
Colistine Adulte de 70 kg avec fonction rénale normale 1 à 2 mUI, 3 fois par jour en perfusion IV (soit 240 à 480 mg
de colistine-méthate par jour)
a
Utilisation chez l’adulte. Peut être utilisée après avis spécialisé chez l’enfant, notamment dans le cadre des infections sur mucoviscidoses. Relais par voie orale dès que
possible (1 à 1,5 g par jour en deux prises).
b
Pour le traitement de P. aeruginosa résistant aux autres antibiotiques anti-Pseudomonas [94] .

connaissance de l’écologie bactérienne du service, des antécé- à P. aeruginosa. Les niveaux de résistance à l’un ou l’autre sont
dents du malade (colonisation, notion de traitement antibiotique comparables, même si la tobramycine présente une plus grande
dans les 3 mois) et de la diffusion prévisible des différents anti- vitesse de bactéricidie. L’objectif en thérapeutique est d’atteindre
biotiques au niveau du site infectieux. L’intérêt d’un système très vite des taux sériques élevés en une administration unique
informatisé d’aide à la prescription a été démontré et permet de quotidienne par perfusion courte de 30 minutes afin d’obtenir
diminuer l’administration d’une antibiothérapie inadaptée (par une bactéricidie concentration-dépendante, et de limiter la
rapport aux pratiques individuelles), diminue les événements résistance adaptative de P. aeruginosa. Il faut viser des taux au pic
indésirables, le nombre d’antibiotiques prescrits et les coûts liés (concentration maximale [Cmax]) qui soient au moins huit à dix
à l’antibiothérapie [86] . fois au dessus des CMI (Cmax/CMI > 8–10), critère pharmacody-
Parmi les bêtalactamines anti-Pseudomonas, le premier choix namique majeur de succès thérapeutique pour ces antibiotiques
s’oriente vers une uréidopénicilline ou la ceftazidime pour les concentration-dépendants. La réinjection, si elle est nécessaire,
souches multisensibles dites « sauvages » (60 % des souches), celles doit se faire après dosage du taux résiduel pour éviter la toxicité,
ayant uniquement un mécanisme de résistance par efflux (20 % en particulier rénale et auditive, de ces molécules. On peut donc
des souches) ou celles ayant une perte isolée de la porine OprD proposer 6 à 7 mg de tobramycine pour atteindre un pic situé
conférant une résistance au carbapénèmes (5–10 % des souches). entre 20 et 30 mg/l. Pour l’amikacine, la posologie est de 25 mg/kg
La présence d’une pénicillinase ne touchant pas les céphalospo- pour obtenir un pic entre 60 et 80 mg/l. L’effet post-antibiotique
rines de troisième génération (5–10 % des souches) fera porter des aminosides permet d’inhiber la croissance bactérienne,
le choix vers la ceftazidime. Lorsqu’il existe une céphalospori- même si les taux sériques sont inférieurs aux concentrations
nase hyperproduite (15 % des souches), le choix se portera vers minimales inhibitrices. Cette période d’inhibition, d’environ
les carbapénèmes (imipenème, méropénème ou doripénème) en 2 heures in vitro est multipliée par deux in vivo.
l’absence de résistance associée à ces molécules et en fonction des La fluoroquinolone la plus active in vitro sur P. aeruginosa est
indications de l’autorisation de mise sur le marché (AMM). la ciprofloxacine qui reste considérée comme la fluoroquino-
Les bêtalactamines doivent être utilisées à posologie maximale lone de choix pour le traitement des infections à P. aeruginosa.
(Tableau 2) et si possible en perfusion continue dans les infec- L’activité bactéricide des fluoroquinolones est concentration-
tions sévères car ce sont des antibiotiques temps-dépendants. dépendante et s’accompagne d’un effet post-antibiotique. Il
Ces molécules n’ont, de plus, pas d’effet post-antibiotique sur faut éviter leur administration isolée qui expose à un risque
P. aeruginosa, à l’exception des carbapénèmes (1,5 heures). Le fac- élevé d’acquisition de résistance. Le critère pharmacodynamique
teur pharmacodynamique majeur de succès pour ces molécules est principal d’efficacité clinique et microbiologique est l’atteinte
une concentration in vivo supérieure à la concentration minimale d’un ratio aire sous la courbe/CMI au moins supérieur à 125,
inhibitrice (CMI) de la souche responsable, pendant au moins si possible supérieur à 250 [91] , et à moindre titre d’un rap-
50 % du temps entre deux injections. Dans les infections sévères, port Cmax/CMI supérieur à 10. La posologie de ciprofloxacine
cette concentration doit constamment être au dessus de huit fois proposée est de 400 mg toutes les 8 heures, pour traiter une
la CMI. Cet objectif pharmacodynamique est mieux atteint avec souche ayant une CMI inférieure à 0,25mg/l [91] . Ces posolo-
une dose de charge suivie d’une perfusion continue d’une bêtalac- gies peuvent être augmentées à 800 mg dans les sepsis graves à
tamine anti-Pseudomonas utilisée à forte dose. L’administration en P. aeruginosa [92]
perfusion continue de ceftazidime, de l’association pipéracilline
et tazobactam ou du méropénème semble associée à une évolu-
Privilégier une association d’antibiotiques actifs
tion clinique plus favorable que l’administration intermittente
pour le traitement des pneumopathies sur ventilation à bacilles dans les infections à P. aeruginosa
à Gram négatif [87–89] . Ainsi, pour la ceftazidime, l’administration Même si des méta-analyses sur les essais cliniques n’ont pas
d’une dose de charge de 2 grammes chez l’adulte permet de satu- montré globalement d’avantage de l’association bêtalactamine
rer rapidement le compartiment tissulaire, et l’administration et aminoside par rapport à une monothérapie bien adaptée
continue de 6 grammes par jour permet de maintenir des taux par bêtalactamine en termes d’efficacité clinique, d’émergence
constants quatre à cinq fois au-delà des CMI [90] . On peut pro- de résistance et de mortalité, le principe d’une association
poser 4 grammes toutes les 6 heures pour la pipéracilline associée d’antibiotiques bactéricides en traitement initial probabiliste
au tazobactam dont l’activité est réduite par un effet inoculum pendant quelques jours doit être retenu en cas d’infection
et qui possède peu d’effet post-antibiotique et 1 gramme toutes sévère (avec en particulier choc septique) susceptible d’impliquer
les huit heures en perfusions continue ou en perfusions courtes P. aeruginosa. L’objectif essentiel de l’association est d’obtenir
pour l’imipenème ou le méropénème qui possèdent un effet post une antibiothérapie initiale adéquate et bactéricide au travers
antibiotique d’environ 1,5 heures. d’une antibiothérapie à large spectre, ici élargie par l’utilisation
Les aminosides sont des antibiotiques concentration- d’une association d’antibiotiques. Les experts recommandent
dépendants parmi lesquels les molécules de référence restent l’association en première intention d’une bêtalactamine à un ami-
l’amikacine et la tobramycine pour le traitement des infections noside ou une fluoroquinolone (premier choix dans les infections

10 EMC - Maladies infectieuses


Infections à Pseudomonas aeruginosa  8-025-B-50

communautaires à risque d’infection à P. aeruginosa) [92] . Il est dosage des taux pics et des taux résiduels devrait être réalisé au
actuellement recommandé d’utiliser d’emblée une association minimum pour les aminosides, et chaque fois que cela est pos-
d’antibiotiques, puis de procéder à une réévaluation au bout sible pour les bêtalactamines et les fluoroquinolones. Pour ces
de 3 à 5 jours. Il est alors possible en cas d’évolution clinique deux dernières familles d’antibiotiques, les dosages ne sont pas
favorable sous traitement et d’une antibiothérapie bien adap- encore entrés dans la pratique courante, mais ils devraient être réa-
tée aux résultats de l’antibiogramme d’achever le traitement lisés dès que la situation clinique ne permet plus une estimation
avec la bêtalactamine seule [86, 93] . Lorsque l’inoculum bactérien fiable des paramètres pK/pD de la molécule administrée du fait
au site de l’infection descend en dessous de 105 bactéries/ml, d’une augmentation du volume de distribution, d’une défaillance
le risque de sélection de mutants résistants est théoriquement hépatique ou rénale ou d’un bas débit. Ces dosages permettent
écarté. d’adapter rapidement les posologies pour éviter une toxicité et
obtenir des concentrations efficaces, en particulier sur les souches
de sensibilité diminuée [97] .
Réévaluer l’antibiothérapie au regard
Les modalités et la durée de traitement des infections à
des résistances aux antibiotiques P. aeruginosa ne sont pas formellement établies. Cependant, dans
Dès que les résultats microbiologiques sont connus, le cadre des infections respiratoires à P. aeruginosa, une durée
l’antibiothérapie probabiliste doit être adaptée à la sensibi- de traitement de 14 jours est recommandée par la majorité
lité de la souche. Une désescalade thérapeutique doit être des experts car l’expérience clinique avec les traitements courts
effectuée, car même si elle n’a pas de bénéfice attendu pour le est limitée. P. aeruginosa est particulièrement difficile à éradi-
patient traité, elle réduit la pression de sélection dans l’unité de quer du tractus respiratoire et le risque de récidive est élevé [86] .
soins intensifs. Une étude a pu cependant démontrer la non-infériorité d’un
Le traitement des souches multirésistantes est souvent très dif- traitement de 8 jours par rapport à un traitement de 15 jours
ficile car le nombre d’options est limité. Il doit être étroitement en termes d’évolution clinique et de mortalité avec cependant
adapté aux résultats de l’antibiogramme en associant des antibio- une fréquence plus importante de récidives dans le groupe
tiques parmi les plus actifs (ou les moins touchés). On peut en des infections causées par les bacilles à Gram négatif aérobies
fonction des cas proposer le méropénème, le doripénème, la cef- dont P. aeruginosa [98] . Une autre option qui mérite d’être éva-
tazidime ou le céfépime, associés avec l’amikacine, la fosfomycine luée est de guider la durée du traitement en s’aidant de la
ou la rifampicine. cinétique de marqueurs biologiques comme la procalcitonine.
Plusieurs séries cliniques récentes rapportent des succès théra- Un seuil inférieur à 0,5 ␮g/l a été proposé pour arrêter les
peutiques avec l’utilisation de colistine intraveineuse [94] . Ce vieil antibiotiques [86] .
antibiotique, de la famille des polymyxines, n’est pas facile à
manier en raison de sa toxicité rénale (8–38 % des cas selon les
études) et de sa neurotoxicité qui peut se traduire par des pares- Traitements en fonction du type d’infection
thésies, des troubles oculaires et des polyneuropathies (7–29 %
Infections cutanées
des cas). Sous couvert d’une utilisation prudente et adaptée à
la fonction rénale, son utilisation est parfois la seule alternative La colonisation cutanée à P. aeruginosa est fréquente en par-
thérapeutique sur les souches multirésistantes, avec cependant ticulier dans les plaies chroniques. Certaines infections locales,
de moins bons résultats dans les infections respiratoires [86] . Les n’ayant pas de traduction clinique en termes de signes généraux,
résistances acquises sont encore rares parmi les souches cli- peuvent être traitées par des soins locaux sans recourir aux anti-
niques et essentiellement rencontrées chez les patients atteints biotiques par voie générale. Certaines localisations superficielles,
de mucoviscidose [95] . L’association à la colistine d’autres anti- comme les infections cutanées ou les otites externes, ne néces-
biotiques (rifampicine, carbapénèmes, aztréonan, pipéracilline, sitent qu’un traitement local.
ceftazidime ou ciprofloxacine) n’a pas montré à ce jour de supério- Les folliculites ont une évolution habituellement favorable
rité évidente par rapport à la colistine utilisée en monothérapie. spontanément en 7 à 10 jours. La récidive est fréquente si l’origine
Mais il est recommandé de l’utiliser afin d’éviter l’émergence de de la contamination n’est pas trouvée. Il faut systématiquement
résistance. effectuer un prélèvement bactériologique des pustules avec un
Dans le cadre des infections respiratoires, une autre stratégie antibiogramme et rechercher l’origine de la contamination (pis-
est d’associer aux molécules utilisées par voie générale des aéro- cine, jacuzzi, matériel d’épilation, éponges pour la toilette). Dans
sols ou des instillations aériennes d’antibiotiques. L’amikacine, la majorité des cas, si l’origine de la contamination a été identi-
la tobramycine ou la colistine peuvent être administrées par fiée, l’application locale d’un antiseptique (polyvidone iodée ou
instillation endotrachéale ou nébulisation, avec comme objec- chlorhexidine) actif sur P. aeruginosa permet d’accélérer leur gué-
tif d’obtenir de fortes concentrations locales au niveau du site rison. En cas de folliculite profuse avec signes généraux, on peut
pulmonaire infecté tout en limitant le passage systémique et adjoindre un traitement antibiotique per os (fluoroquinolones)
la toxicité rénale de ces molécules. L’utilisation d’un nébuliseur pendant 10 jours. La prévention des folliculites à P. aeruginosa
ultrasonique optimise cette voie d’administration chez le patient repose sur un contrôle régulier des eaux de piscine [99] . Le brome
intubé-ventilé. Cette stratégie doit cependant encore prouver son peut remplacer le chlore dans les bains à remous à eau chaude.
efficacité. Dans les cas consécutifs aux épilations, il faut réduire la contami-
L’azithromycine ou d’autres macrolides comme la clarithromy- nation à partir des gants et éponges synthétiques ou naturelles par
cine [96] pourraient avoir un effet bénéfique. En effet, de faibles le séchage, ou les décontaminer par de l’hypochlorite de sodium
doses de ces macrolides permettraient d’altérer la capacité de à 10 %.
P. aeruginosa à s’organiser en biofilm, de réduire l’expression Pour les intertrigos interorteils, on associera avant tout le repos,
de l’hémolysine et de moduler le système régulateur du quo- pieds nus à l’air, condition fondamentale pour accélérer la gué-
rum sensing, très largement impliqué dans la virulence de rison à un traitement local avec des antiseptiques actifs sur les
cette espèce. L’azithromycine interfère ainsi avec l’expression bacilles à Gram négatif (chlorhexidine, polyvidone iodée) et des
de plus de 400 gènes dont 70 % font partie du système du antibiotiques topiques de la famille des aminosides et/ou une
quorum sensing. polymyxine comme la colistine. Une antibiothérapie générale ne
se justifie qu’en cas d’extension locorégionale [99] . La prévention
repose sur des règles simples : séchage soigneux des plis après la
Modalités et durée du traitement toilette, lutte contre l’hyperhidrose et éviction des savons bacté-
Les bonnes pratiques de l’antibiothérapie imposent une admi- ricides.
nistration des antibiotiques, à la bonne posologie, la bonne vitesse Les antibiotiques locaux n’ont pas d’intérêt dans le traitement
et à la bonne fréquence, une évaluation précise des CMI pour des ulcères de jambes et sont très souvent responsables d’eczéma
les souches résistantes, qui permet éventuellement d’adapter et de contact car appliqués sur une ulcération, sous pansement
d’optimiser la dose administrée, la surveillance des taux san- occlusif, pendant une période prolongée, ce qui favorise la péné-
guins des antibiotiques et une durée suffisante de traitement. Un tration et donc potentialise la sensibilisation au topique appliqué.

EMC - Maladies infectieuses 11


8-025-B-50  Infections à Pseudomonas aeruginosa

La présence de signes locaux ou généraux d’infection justifie d’un drain d’Albertini mis en place par voie transnasale. En plus
une antibiothérapie par voie générale. De même, la survenue de des prélèvements, il permet des irrigations pluriquotidiennes avec
signes généraux après un pansement doit faire entreprendre, sans du sérum physiologique.
attendre les résultats biologiques, une antibiothérapie systéma-
tique probabiliste. Infections oculaires
Dans les infections à P. aeruginosa sur plaies, de nombreux
Les kératites à P. aeruginosa, généralement secondaires au port
antiseptiques locaux sont utilisables. Parmi les antiseptiques, la
de lentilles, à un traumatisme ou à une chirurgie doivent être
chlorexidine, la polyvidone iodée à 10 % (gel ou forme liquide)
immédiatement traitées par antibiotiques topiques car l’évolution
ou l’hypochlorite de sodium permettent d’obtenir un contrôle
suppurative vers l’abcès cornéen peut être grave pour le pro-
local de l’infection. Ces antiseptiques doivent être renouvelés
nostic visuel du fait du risque de perforation cornéeenne et
régulièrement, idéalement toutes les six heures, afin de maintenir
d’endophtalmie. La ciprofloxacine en collyre (0,3 %) peut être uti-
une efficacité constante. Cependant, la cicatrisation doit être sur-
lisée en monothérapie pour traiter les kératites, ulcères et abcès à
veillée car à forte concentration ces antiseptiques sont toxiques
P. aeruginosa. Elle peut être associée à de la ceftazidime (50 mg/ml).
pour les kératinocytes et la fréquence des pansements doit être
On peut également proposer l’association de la ceftazidime ou
augmentée. C’est la raison pour laquelle l’application de tech-
pipéracilline (50 mg/ml) à de la gentamicine ou de la tobramycine
niques par dépression leur est de plus en plus souvent préférée.
(15 mg/ml). Toute corticothérapie locale est contre-indiquée.
Les pansements de type vacuum assisted closure (VAC® ) réduisent
Les endophtalmies postchirurgicales sont des urgences théra-
la fréquence de renouvellement des pansements, réduisent la dou-
peutiques et leur prise en charge est bien codifiée [101] . L’utilisation
leur post-pansement, et permettent de maintenir une ambiance
des topiques n’est pas possible en raison de leur pénétration
humide et drainante sur le lit de la plaie, favorisant le bourgeon-
médiocre dans le globe oculaire. Le traitement immédiat associe
nement du socle.
une injection intravitréenne de 2 mg de ceftazidime (1 g de cefta-
Dans les infections cutanées sévères, toute détersion doit être
zidime dilué dans 50 ml de NaCl à 0,9 % ; injection de 0,1 ml) et
pratiquée sous antibiothérapie par voie générale, du fait d’un
1 mg de vancomycine à un traitement antibiotique par voie intra-
risque élevé de dissémination par voie hématogène.
veineuse. Ces antibiotiques doivent avoir une bonne pénétration
L’ecthyma gangrenosum réalise une atteinte cutanée grave qui
intraoculaire comme l’imipénème et surtout les fluoroquinolones
met en jeu le pronostic vital et est souvent associé à une bacté-
dont la pénétration depuis le plasma vers le vitré est excellente.
riémie. Le traitement repose sur le débridement chirurgical des
Les injections intravitréennes ne sont pas nécessaires pour cette
lésions nécrotiques associé à une antibiothérapie probabiliste par
dernière classe de molécules [102] . L’injection endoculaire est com-
voie intraveineuse associant la ceftazidime à l’amikacine ou à la
plétée par l’application locale toutes les heures de ceftazidime
ciprofloxacine.
« fortifiée » à la concentration de 50 mg/ml ou de fluoroquinolone
en collyre. Le recours à la vitrectomie peut être nécessaire lorsque
Infections oto-rhino-laryngologiques le traitement antibiotique est insuffisant pour juguler l’infection.
Le traitement de base des otites externes simples à P. aeruginosa
est le traitement antibiotique local utilisant le plus souvent des
Pneumopathies nosocomiales
gouttes auriculaires antibiotiques (fluoroquinolone type cipro- L’American Thoracic Society a proposé un protocole thérapeu-
floxacine) en association avec un nettoyage régulier du conduit tique pour la prise en charge des pneumopathies nosocomiales
auditif externe. L’antibiothérapie générale n’est pas indiquée sauf à P. aeruginosa [103] . Ces recommandations proposent l’association
exception. La durée du traitement est habituellement de 5 à 7 jours d’une bêtalactamine anti-Pseudomonas (ceftazidime, céfépime,
avec une fréquence de deux à quatre instillations par jour. Le imipénème ou méropénème, pipéracilline + tazobactam) avec une
traitement local comporte aussi un anesthésique, voire des cor- fluoroquinolone (ciprofloxacine ou lévofloxacine) ou un amino-
ticoïdes car il s’agit d’une pathologie douloureuse. Un traitement side (tobramycin amikacine). L’antibiothérapie doit être adaptée à
antalgique par voie générale est en règle nécessaire [100] . Dans les la sensibilité de la souche. En plus du traitement antibiotique par
otites moyennes chroniques à tympan ouvert, le traitement local voie intraveineuse, un traitement local par aérosol de tobramy-
associé au nettoyage du conduit auditif externe doit être privilégié. cine ou de colistine peut être associé dans les infections à bactéries
L’utilisation en première intention de gouttes auriculaires conte- multirésistantes [86] . La nébulisation par des aérosols ultrasoniques
nant une fluoroquinolone est recommandée. Les autres molécules est recommandée pour optimiser la diffusion de l’antibiotique au
peuvent également être utilisées à l’exception des aminosides, plus loin dans l’arbre trachéobronchique. Les raccords des tuyaux
contre-indiqués du fait de leur ototoxicité [100] . Un traitement par respiratoires doivent être adaptés pour limiter l’impaction des
voie générale n’est indiqué qu’en cas d’infection sévère accom- molécules antibiotiques sur le matériel. La ventilation mécanique
pagnée de l’apparition de signes généraux et/ou sur un terrain doit être adaptée pour que le flux soit le moins turbulent pos-
immunodéprimé. sible. Les doses proposées de colistine sont de 5 millions d’unités
En cas de suspicion d’otite externe maligne, l’hospitalisation réparties en deux ou trois nébulisations par jour.
en urgence est indispensable pour mettre en route une antibio-
thérapie intraveineuse associant, en général, la ciprofloxacine et Infections urinaires sur sonde vésicale
la ceftazidime, afin d’éviter l’évolution vers des complications
Les colonisations sont fréquentes et seules les infections symp-
gravisssimes. Après amélioration, un traitement par ciprofloxa-
tomatiques doivent être traitées. Une monothérapie à forte dose
cine est poursuivi pendant plusieurs semaines par voie orale, car
pendant 5 à 7 jours avec un produit à forte élimination urinaire
les récidives tardives sont fréquentes. Les antibiotiques doivent
sous forme active, comme la ciprofloxacine (400 mg/8 heures) est
être administrés jusqu’à guérison clinique et biologique. Sur un
en règle générale suffisante. Il est recommandé de changer la
terrain diabétique, la correction de l’hyperglycémie (insulinothé-
sonde urinaire environ 24 heures après instauration d’une antibio-
rapie) est indispensable, car l’infection tend à déséquilibrer le
thérapie. Les bactériuries qui apparaissent après l’ablation d’une
diabète. L’échec du traitement médical fait envisager un traite-
sonde à demeure, ne justifient un traitement que si celles ci per-
ment chirurgical qui repose sur la mastoïdectomie afin d’enlever
sistent plus de 48 heures après l’ablation de la sonde. En cas de
les tissus nécrosés ou infectés. Les ostéomyélites de la base du
changement de sonde, une antibiothérapie courte, idéalement
crâne sont des infections chroniques qui nécessitent plusieurs
une dose d’amikacine, le jour précédant le changement de sonde,
mois d’antibiothérapie avec un risque élevé de récidive et un
peut être proposée.
risque de létalité.
Pour les sinusites maxillaires sur sonde d’intubation, le
traitement consiste à retirer toutes les sondes nasales (sonde endo-
Méningites postchirurgicales
trachéale et gastrique), à pratiquer une intubation par voie oro- En premier lieu, il convient d’évaluer l’intérêt d’un geste de
trachéale, voire une trachéotomie, et à adapter l’antibiothérapie drainage chirurgical ou de l’ablation éventuelle du matériel laissé
administrée par voie générale à l’agent infectieux identifié lors du en place. Le choix de l’antibiothérapie doit reposer sur la dif-
prélèvement. Le drainage des sinus se fait habituellement à l’aide fusion méningée des antibiotiques. La ceftazidime intraveineuse

12 EMC - Maladies infectieuses


Infections à Pseudomonas aeruginosa  8-025-B-50

(12 grammes par jour) associée à la ciprofloxacine (400 mg toutes Le traitement antibiotique par voie générale chez le brûlé doit
les 8 heures) est le traitement de choix en première intention. tenir compte de la fréquence des résistances acquises aux anti-
La fosfomycine a une excellente diffusion méningée et les fluo- biotiques chez P. aeruginosa, de la diffusion souvent imparfaite
roquinolones atteignent des taux dans le liquide cérébrospinal des antibiotiques dans les tissus cutanés et dans les brûlures du
(LCS) qui représentent 50 à 60 % des concentrations plasmatiques. troisième degré [109] ainsi que de la pharmacocinétique modifiée
Parmi les carbapénèmes, le méropénème représente un meilleur chez les brûlés graves qui conduit à une baisse des concentrations
choix que l’imipénème en raison des effets convulsivants et de la plasmatiques aux doses usuelles (grand volume de distribution,
diffusion moyenne de ce dernier. La médiocre diffusion des ami- hypoalbuminémie, clairance rénale et hépatique augmentées,
nosides dans le LCS a conduit à proposer leur utilisation locale, hypermétabolisme). Il est nécessaire de recourir aux dosages plas-
intrarachidienne ou intraventriculaire [104] . matiques réguliers des antibiotiques utilisés.
L’augmentation des résistances de P. aeruginosa aux antibio-
tiques est un phénomène croissant dans les services de brûlés,
Endocardite souvent lié à la consommation excessive d’antibiotiques comme
Elle doit être évoquée devant des bactériémies répétées. Une la ciprofloxacine et la ceftazidime. La bonne utilisation des agents
antibiothérapie par voie intraveineuse est la base du traitement, anti-infectieux, locaux ou systémiques, en cas d’infection aiguë
associant une bithérapie bactéricide et synergique comme la des brûlures ou de colonisation, sont définies dans les recomman-
ceftazidime associée à l’amikacine [105] . La durée du traitement dations françaises [77, 78].
est habituellement de 6 semaines avec une bithérapie pendant La prévention des infections cutanées à P. aeruginosa chez
4 semaines, associée éventuellement à la chirurgie si les hémo- le brûlé passe par l’excision chirurgicale des tissus nécrosés
cultures sont encore positives après 15 jours de traitement. Si (troisième degré), qui restent peu accessibles aux antibiothéra-
la poursuite du traitement par voie veineuse est difficile, les pies locales et intraveineuses. Les substituts cutanés temporaires
fluoroquinolones per os sont utilisables en relais. Le traitement comme les dermes artificiels peuvent se compliquer d’infections
chirurgical doit être discuté devant une destruction avancée de invasives ou de colonisations à P. aeruginosa [110] .
la valve diagnostiquée par l’apparition de signes d’insuffisance
cardiaque ou par échographie. Les autres indications chirurgi-
cales sont la présence d’une complication embolique ou un risque
Surinfections respiratoires dans la mucoviscidose
emboligène augmenté lié à une végétation mesurant plus de Dans cette maladie chronique, touchant des enfants et des
10 mm, la résistance à un traitement adapté et bien conduit, adultes jeunes, les traitements doivent être compatibles, dès que
l’apparition d’un trouble de la conduction ou l’aggravation bru- possible, avec un traitement ambulatoire garantissant le retour
tale d’une régurgitation qui évoquent la présence d’un abcès et au domicile [111] . Dans tous les cas, en raison de problèmes de
s’accompagnent d’une lourde mortalité. biodistribution chez ces patients, les doses utilisées doivent être
importantes [112] . L’apparition de résistances aux antibiotiques,
limitant l’arsenal thérapeutique, doit être suivie avec attention.
Infections sur brûlures La stratégie thérapeutique comporte plusieurs volets [113–115] :
La spécificité des brûlures infectées est leur caractère superficiel, • il est nécessaire de traiter précocemment les primocolonisa-
visible et accessible aux traitements locaux. On applique en pra- tions : il est admis de façon consensuelle qu’un traitement
tique clinique des agents anti-infectieux (argent, antibiotiques) antibiotique précoce, notamment par colistine nébulisée ou
lors des changements quotidiens des pansements. Les ions argent ciprofloxacine per os, dès le premier isolement de P. aeruginosa
ont un spectre antibactérien très large incluant P. aeruginosa. La pourrait retarder l’infection chronique par P. aeruginosa. Une
crème la plus utilisée en prévention et en thérapeutique est le méta-analyse récente confirme qu’un traitement précoce,
silver sulfadiazine 1 %, agent composé de sels d’argent et d’un sul- incluant des antibiotiques nébulisés, est bénéfique dans la stra-
famide, la sulfadiazine seule (Flammazine® ). La sulfadiazine peut tégie d’éradication de P. aeruginosa, sans pouvoir conclure sur
être associée à l’acide hyaluronique (Ialuset plus® ) au nitrate de la meilleure stratégie antibiotique à appliquer [116] . La confé-
cérium (Flamacérium® ). Même si des résistances ont été décrites rence de consensus française de 2002 [117] recommandait une
avec P. aeruginosa, ces topiques locaux conservent une bonne association de deux antibiotiques bactéricides par voie intravei-
efficacité essentiellement du fait de leurs concentrations locales neuse pendant 14 à 21 jours (généralement, une bêtalactamine
élevées et de leur bonne pénétration intratissulaire [106] . L’argent comme la ceftazidime et un aminoside comme la tobramyine,
nanocristallin est utilisé sous forme de pansement en prévention suivis ou non d’aérosols de colistine). Des protocoles associant
ou en traitement des infections cutanées (Acticoat® , Urgotulle- des aérosols et des antibiotiques per os ont depuis bien démon-
Ag® , Mepilex-Ag® ). L’agent de référence dans les centres de brûlés tré leur efficacité et sont de plus en plus largement utilisés. Une
pour le traitement local des infections à P. aeruginosa est l’acétate des stratégies est l’association de ciprofloxacine per os pendant
de mafénide (Sulfamylon® ), topique antimicrobien de la famille 21 jours et d’aérosols de colistine (1–3 millions d’unité, 2 fois
des sulfamides qui a une activité bactériostatique sur les bactéries par jour) ou de tobramycine (300 mg, 2 fois par jour pour les
à Gram négatif incluant P. aeruginosa et quelques cocci à Gram enfants de plus de 6 ans ; 80 mg 2 fois par jour pour les enfants
positif. Il dispose d’une autorisation temporaire d’utilisation en de moins de 6 ans) ;
France et se présente, soit en solution pour pansements humides • le deuxième volet consiste à traiter efficacement l’infection
sur les greffes ou prises de greffe, soit en crème pouvant infiltrer les chronique, en limitant l’inoculum bactérien, en espaçant les
escarres infectés (Sulfamylon® 8,5 % cream). Le pansement doit exacerbations et en ralentissant la dégradation fonctionnelle
être maintenu humide pour maintenir l’action anti-infectieuse. respiratoire. Le traitement d’entretien par les antibiotiques
En revanche, sa toxicité locale peut ralentir la cicatrisation et la inhalés, notamment la tobramycine [118] en cure de 28 jours, est
qualité de la cicatrisation. Des bénéfices cliniques en termes de une alternative classique aux cures d’antibiotiques systémiques
survie ont été rapportés chez le brûlé et les effets indésirables sont tous les trois mois. La poursuite de ces aérosols n’apporte pas de
limités (diurétiques par inhibition de l’anhydrase carbonique, bénéfice particulier, comme l’a démontré l’étude ELITE [119] . La
douleurs et prurit, rares allergies, acidose métabolique) [107] . Après colistine inhalée peut être utilisée en alternance. D’autres anti-
plus de 30 ans d’utilisation, l’émergence de résistances au mafé- biotiques inhalés comme l’aztréonam ont également été utilisés
nide est exceptionnelle [108] . avec succès [120] . En cas d’atteinte pulmonaire modérée, de la
L’hypochlorite de sodium est utilisable dans les fortes colo- ciprofloxacine per os peut être associée pendant 3 à 4 semaines ;
nisations cutanées, mais la concentration de chlore doit être • il faut enfin traiter rapidement les exacerbations : le choix de
maitrisée et le réseau d’eau contrôlé pour limiter les risques de l’antibiothérapie probabiliste doit se baser sur l’antibiogramme
transfert de contamination par l’eau de P. aeruginosa. L’utilisation de la souche isolée lors du dernier prélèvement, puis être adapté
de filtres permet de s’assurer de la qualité de l’eau. L’action locale à 48 h en fonction de l’antibiogramme de la souche effecti-
de l’hypochlorite permet de réduire la colonisation, mais il retarde vement isolée dans l’infection en cours. Une bithérapie par
là aussi la cicatrisation cutanée en raison de sa toxicité sur les voie intraveineuse, associant deux antibiotiques de mécanismes
kératinocytes. d’action différents, doit être prescrite avec des posologies fortes.

EMC - Maladies infectieuses 13


8-025-B-50  Infections à Pseudomonas aeruginosa

Elle est maintenue pendant 14 jours (10 à 21 jours) [121] . Les ou à la sortie de réanimation, n’est pas recommandé s’il a été
aminosides, pour leur activité bactéricide rapide, leur effet établi que l’incidence du portage est faible. Il est par contre
postantibiotique et leur synergie avec les bêtalactamines sont recommandé en cas d’épidémie récente, d’épidémie installée
fréquemment utilisés. Une méta-analyse récente a démontré ou de situation endémoépidémique (avec notion de clonalité).
que la dose unique journalière de tobramycine est aussi effi- Il doit alors être effectué sur un prélèvement de gorge, une
cace que l’administration en trois injections journalières, sans aspiration trachéale ou par écouvillonnage rectal. De la même
majoration de la toxicité, et semble mieux adaptée à la prise en manière, le dépistage de P. aeruginosa n’est pas recommandé
charge de ces cas [122] . en médecine et chirurgie-obstétrique en dehors de situations
D’autres thérapeutiques sont également utilisées. Bien que son épidémiques.
mécanisme d’action ne soit pas prouvé, l’azithromycine a démon- Il a été établi que l’identification d’une souche de P. aerugi-
tré son efficacité dans quatre études randomisées, contrôlées nosa présentant une résistance à l’imipénème associée à d’autres
contre placebo, menées chez des enfants ou des adultes présen- résistances, que ce soit en situation de portage ou d’infection,
tant une infection chronique à P. aeruginosa [123] . La prescription doit conduire à la mise en place de précautions complémentaires
d’azithromycine s’accompagnait d’une diminution des exacerba- contacts (mesures barrières type isolement en chambre seule,
tions pulmonaires, d’une prise de poids et d’une amélioration de matériel dédié, renforcement de l’hygiène des mains, etc.). Ceci
la fonction respiratoire. Ces bénéfices ne sont pas observés chez les ne concerne donc ni les souches de P. aeruginosa de phéno-
patients non colonisés par P. aeruginosa [124] . L’azithromycine dimi- type sauvage, ni les souches qui présentent une résistance isolée
nue la sécrétion de cytokines proinflammatoires, interagit dans les à l’imipénème (mécanisme d’imperméabilité liée à la perte de
mécanismes de quorum sensing, diminue le recrutement de poly- la porine OprD). En revanche, la conduite à tenir vis-à-vis des
nucléaires neutrophiles et régule négativement la transcription souches résistantes à la ceftazidime n’a pas fait de consensus et
d’interleukine-8 (IL-8). doit donc être décidée localement entre les services cliniques,
l’équipe opérationnelle d’hygiène hospitalière et le comité de lutte
Autres contre les infections nosocomiales.
P. aeruginosa, impliqué dans plus de 10 % des infections endé-
L’utilisation de cocktails de bactériophages spécifiques de miques à l’hôpital, est également un agent fréquent d’épidémies
P. aeruginosa sur modèle animal a permis d’obtenir des résultats acquises à l’hôpital avec environ 15 % des épidémies d’infections
intéressants en matière de diminition de la mortalité dans les acquises à l’hôpital [57] . Il importe de disposer, au niveau de chaque
infections sur brûlures et les infections pulmonaires [125, 126] . Il structure hospitalière, d’un système de surveillance organisé par
s’agit d’une voie de traitement et de prévention des infections à les équipes d’hygiène hospitalière capable de détecter une modi-
P. aeruginosa à valider chez les patients brûlés, dans les infections fication du bruit de fond endémique, d’identifier rapidement
pulmonaires en réanimation et dans le cadre des surinfections de une épidémie et de donner précocement l’alerte. Les infections
mucoviscidose. qui font suite à des actes exploratoires ou invasifs et celles qui
surviennent dans les services de soins intensifs ou abritant des
patients immunodéprimés font l’objet d’une surveillance parti-
 Prophylaxie et prévention culière.
À partir de la détection initiale de cas groupés, l’investigation
Hygiène et bon usage des antibiotiques doit respecter plusieurs étapes : confirmation du phénomène
épidémique, enquête épidémiologique et microbiologique à la
La prévention des infections à P. aeruginosa repose sur trois prin- recherche de la source, prise de mesures correctives, évaluation
cipes : des résultats de ces mesures correctives, et parfois, recours à des
• la maîtrise de la pression de sélection antibiotique : cet méthodes de typage épidémiologique.
élément est majeur, il s’agit d’éviter, par le biais d’une anti- Le rôle du comité de lutte contre les infections nosocomiales est
biothérapie visant d’autres espèces bactériennes, et inactive primordial pour la prise de décision qui peut concerner l’ensemble
ou peu active sur P. aeruginosa, de favoriser l’émergence de de l’établissement. Lors de la phase analytique de l’enquête épi-
cette espèce. De même, l’utilisation d’antibiotiques habituelle- démiologique, une attention particulière doit être portée sur
ment actifs sur P. aeruginosa doit suivre les recommandations les possibles sources de contamination liées à l’environnement
de bonne prescription (associations, posologie, mode et humide. Les gestes invasifs nécessitant un contact avec des solu-
durée d’administration) pour éviter l’émergence de résistances tions aqueuses, du matériel humide ou désinfecté en phase
acquises [23] . Ceci entre dans la politique générale de bon liquide, peuvent être à l’origine d’infections épidémiques. La
usage des antibiotiques. Toute antibiothérapie doit donc être transmission croisée impliquant du personnel ayant eu en charge
justifiée et raisonnée afin de limiter ce risque. En pratique, des patients déjà infectés ou colonisés doit être envisagée.
les choses ne sont pas toujours simples, car les impéra-
tifs cliniques (choc septique) conduisent souvent à instituer
Prévention des infections sur brûlures
une antibiothérapie à large spectre qui ne peut pas toujours
être adaptée secondairement, par manque de documentation La prévention des infections à P. aeruginosa chez le brûlé
bactériologique ; repose sur des mesures d’isolement, de limitation du risque
• la maîtrise de la transmission croisée entre patients ou par d’infections croisées, de traitement et de surveillance des réseaux
l’intermédiaire des soignants : elle repose sur l’application des d’eau et de balnéation. Il est important d’éviter par des mesures
précautions standards d’hygiène et, dans certains cas par- d’hygiène adaptées la transmission de souches multirésistantes.
ticuliers, par l’application de précautions complémentaires La limitation des portes d’entrée infectieuse est essentielle : pan-
dites « contact ». L’isolement des patients porteurs de bac- sements fréquents, changements réguliers des cathéters profonds
téries multirésistantes (BMR) est un isolement de type et des dispositifs médicaux, entretien des circuits de ventilation
septique, associant un isolement géographique et un isolement mécanique et aspirations trachéales stériles. La diminution de
technique ; l’inoculum sur les plaies repose sur le renouvellement des pan-
• la maîtrise des gîtes de P. aeruginosa dans l’environnement hos- sements et l’utilisation préventive de silver sulfadiazine. Une
pitalier, que ce soit sur des supports inertes humides (lavabos, attention particulière doit être portée à l’architecture des centres
nébulisateurs), dans le réseau d’eau ou dans des solutions de brûlés qui peut limiter l’incidence des infections nosocomiales
antiseptiques contaminées (ammoniums quaternaires, chlo- et prévenir les épidémies.
rhexidine).
L’intérêt du dépistage des porteurs de P.aeruginosa dans les ser- Prévention de l’infection pulmonaire chronique
vices de soins intensifs a donné lieu à de nombreux débats.
Selon les recommandations de la Société française d’hygiène
chez les patients atteints de mucoviscidose
hospitalière d’avril 2009, concernant la prévention de la transmis- Chez ces patients, la prévention de la contamination pul-
sion croisée [127] , ce dépistage, à l’admission, au cours du séjour monaire par P. aeruginosa est d’une importance majeure pour

14 EMC - Maladies infectieuses


Infections à Pseudomonas aeruginosa  8-025-B-50

améliorer l’évolution de la maladie. L’utilisation précoce des


traitements antibiotiques locaux et généraux dans les primo-
colonisations à P. aeruginosa permet de retarder le passage à
la chronicité de l’infection. Le respect des règles d’hygiène
“ Points essentiels
et de prévention ont pour objectif de limiter les infections
Pseudomonas aeruginosa est un bacille à Gram négatif
bactériennes et virales et de retarder le plus possible la pri-
mocolonisation : la contamination initiale trouve sa source caractérisé par une grande plasticité génétique qui pré-
dans l’environnement hospitalier, mais aussi communautaire sente de fortes capacités d’adaptation aux contraintes
(avec la contamination des nébulisateurs), ainsi que dans les environnementales et à la pression antibiotique.
contacts avec d’autres patients (transmission par gouttelettes Cette espèce, naturellement résistante à de nom-
ou manuportée). Ainsi, les moyens d’actions sont des règles breux antibiotiques, acquiert facilement de nouvelles
d’hygiène strictes à l’hôpital comme au domicile, notamment résistances aux antibiotiques anti-Pseudomonas. Ces résis-
avec un nettoyage protocolisé des nébulisateurs, une hygiène tances peuvent se cumuler dans le temps sous la pression
des mains, et la prévention de la transmission croisée, en évi- antibiotique pour aboutir à des souches multirésistantes,
tant les contacts des enfants avec d’autres patients porteurs de voire totorésistantes.
P. aeruginosa [111] .
P. aeruginosa est un pathogène opportuniste majeur
responsable d’infections communautaires et surtout
nosocomiales sévères sur un terrain favorable ou immuno-
Place de la vaccination
déprimé. Les infections à P. aeruginosa évoluent à l’hôpital
et de l’immunothérapie sous forme endémique et de petites épidémies.
L’élaboration de vaccins ou d’anticorps monoclonaux contre C’est le micro-organisme le plus souvent impliqué dans les
l’infection à P. aeruginosa présentent un double objectif : limiter infections nosocomiales dans les services de soins intensifs.
l’inflammation lente et inexorable du parenchyme pulmonaire Les PAVM sont les infections les plus fréquentes.
chez les patients souffrant de mucoviscidose et obtenir une acti- Les infections communautaires à P. aeruginosa atteignent
vité protectrice vis-à-vis des infections sévères à P. aeruginosa, en le plus souvent la peau, le conduit auditif externe, les voies
particulier chez les brûlés. Plusieurs vaccins, utilisant l’alginate, aériennes supérieures et l’œil. Elles doivent être évoquées
le LPS, l’exotoxine A, la flagelline, ont été testés par voie devant des présentations cliniques atypiques ou rapide-
orale, parentérale ou intranasale. Si beaucoup de vaccins expé- ment évolutives.
rimentaux ou d’anticorps monoclonaux ont été évalués avec,
Les colonisations chroniques des voies aériennes ponc-
pour certains, des résultats prometteurs dans des essais pré-
cliniques, très peu ont atteint le stade de l’essai clinique et tuées d’épisodes aigus de surinfection sont très fréquentes
aucun n’a obtenu d’AMM [128, 129] . En 2012, deux vaccins sont chez les patients atteints de mucoviscidose et contribuent
en phase d’essai clinique. Aucun vaccin n’a encore pu prou- à dégrader leur fonction respiratoire.
ver son efficacité en pratique clinique dans la prévention des La prise en charge thérapeutique est une urgence et asso-
infections chroniques à P. aeruginosa chez les patients atteints cie à fortes doses deux antibiotiques (le plus souvent une
de mucoviscidose [130] . L’utilisation d’un vaccin anti-Pseudomonas bêtalactamine et un aminoside) actifs et bactéricides sur
ou d’anticorps efficaces en pratique courante demandera encore P. aeruginosa. Un retard de mise en route ou un traite-
du temps. ment inadapté accroissent la mortalité dans les infections
sévères.
Le traitement doit être réévalué dès que la sensibilité de
 Conclusion la souche est connue. L’aminoside associé est générale-
ment arrêté au bout de 3 à 5 jours de traitement en cas
P. aeruginosa est une bactérie caractérisée par une grande plasti- d’évolution clinique favorable.
cité génétique, une capacité d’adaptation élevée à tous les types Une durée de traitement de 15 jours semble encore recom-
de conditions environnementales et naturellement résistante aux mandée dans les PAVM pour limiter le risque de récidive.
antibiotiques. Du fait de la production de multiples facteurs de Un traitement antibiotique local par aérosols (tobramycine
virulence, elle est un pathogène opportuniste majeur, respon-
ou colistine) peut être associé à l’antibiothérapie parenté-
sable d’infections graves sur des terrains favorables, fragilisés
ou immunodéprimés. Si P. aeruginosa est responsable d’infections rale.
communautaires, la très grande majorité des infections est ren- La colistine est un antibiotique peu maniable, qui présente
contrée en milieu hospitalier où P. aeruginosa est impliqué dans une toxicité rénale et neurologique. Son utilisation doit
environ 10 % des infections nosocomiales. Les infections à être limitée aux souches totorésistantes.
P. aeruginosa peuvent prendre un aspect endémique voire parfois Les antibiotiques doivent être dosés, chaque fois que leur
épidémique dans les établissements de soins. L’application insuf- métabolisme est soumis à des variations importantes : aug-
fisante des mesures d’hygiène hospitalière favorise la diffusion de mentation du volume de distribution, modification des
P. aeruginosa en milieu hospitalier. Les pneumopathies et les infec- voies d’élimination, sensibilité anormale des souches.
tions systémiques sont particulièrement sévères et sont grevées L’émergence et la diffusion des souches de P. aeruginosa
d’un taux élevé de létalité. Elles nécessitent une antibiothérapie
multirésistantes aux antibiotiques peuvent être limitées par
précoce et adaptée associant deux antibiotiques actifs, synergiques
et bactéricides sur P. aeruginosa et un traitement rapide de la porte une politique de diminution de la pression antibiotique et
d’entrée. La pression antibiotique alliée à la grande plasticité géné- de limitation de la transmission par des mesures d’hygiène
tique de P. aeruginosa favorise l’émergence dans cette espèce de hospitalière.
résistances acquises, souvent associées entre elles. Elles peuvent
aboutir à des souches multirésistantes voire totorésistantes aux
antibiotiques anti-Pseudomonas. La réévaluation d’une antibio-
thérapie initiale probabiliste doit être systématique et guidée par  Références
l’évolution clinique sous traitement et l’antibiogramme. Une sur-
veillance de l’épidémiologie locale des résistances acquises, un [1] Stover CK, Pham XQ, Erwin AL. Complete genome sequence of
usage raisonné et hiérarchisé des antibiotiques et l’application Pseudomonas aeruginosa PA01, an opportunistic pathogen. Nature
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A. Mérens, Professeur agrégé du Val-de-grâce.


Laboratoire de biologie médicale, Hôpital d’instruction des armées Bégin, 94163 Saint-Mandé cedex, France.
P. Jault, Praticien certifié en anesthésie-réanimation.
L. Bargues, Professeur agrégé du Val-de-grâce.
Service de santé des Armées, Centre de traitement des brûlés, Hôpital d’Instruction des armées Percy, 101, avenue Henri-Barbusse, 92140 Clamart, France.
J.-D. Cavallo, Professeur agrégé du Val-de-Grâce (jd.cavallo@wanadoo.fr).
École du Val-de-Grâce, 1, place Alphonse-Laveran, 75230 Paris cedex 05, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Mérens A, Jault P, Bargues L, Cavallo JD. Infections à Pseudomonas aeruginosa. EMC - Maladies infectieuses
2013;10(1):1-18 [Article 8-025-B-50].

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Investigation d'une épidémie.
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