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RIGHINI
manon.righini1@etu.univ-lorraine.fr
Année universitaire 2022-2023
Revue
bibliographique sur
l’étude du génie
génétique
Devoir de rattrapage
Professeur encadrant : M. Athanase Visvikis / athanase.visvikis@univ-lorraine.fr
Introduction :
A l’heure actuelle, la modification génétique est très controversée car elle soulève des
préoccupations éthiques, environnementales et de sécurité. Il est donc important de
réglementer à la fois l'utilisation mais aussi le type de modifications génétiques de façon à
garantir des risques réduits quant à l’utilisation de ces techniques. Par exemple, certains
organismes génétiquement modifiés peuvent se propager dans l'environnement et affecter la
biodiversité ou la santé des écosystèmes voire de l’Homme. En raison des préoccupations que
suscitent le génie génétique, une réglementation dans de nombreux pays et des normes strictes
sont de rigueur et doivent être respectées avant que les organismes génétiquement modifiés ne
soient autorisés à être produits et utilisés. La modification génétique est une technologie en
constante évolution qui est de plus en plus appliquée en laboratoire, avec de nouvelles
avancées et de nouveaux développements qui se produisent régulièrement2.
Au cours de cette revue, les techniques d’édition des génomes utilisant des éléments
transposables et des nucléases vont être décrits dans leur application pour la recherche
scientifique. Ces techniques sont principalement utilisées dans la médecine visant à une
application clinique sur des patients atteints de maladie génétique ou bien même de rétrovirus
ayant la capacité d’intégrer le génome de l’hôte infecté comme par exemple le Virus de
l'Immunodéficience Humaine (VIH). Dans un premier temps, c’est le mécanisme de Sleeping
Beauty, transposon ayant été reconstruit à partir d’élément inactif, qui sera abordé, décrivant
le mécanisme, les améliorations apportées au fil du temps et finalement les potentielles
applications cliniques qui pourraient être étudiées par la suite. Ensuite, une approche des
quatre différents types de nucléases va être décrite. En premier, ce sont les méganucléases qui
seront brièvement abordées. Par la suite, ce sont les nucléases dont il est possible de
programmer en fonction de la demande et générer grâce à des vecteurs d’expression qui
seront étudiées. Parmi ce type de nucléases, on retrouve les Zinc Finger nucleases, les
Transcription activator-like effector nucleases et enfin le mécanisme de Cluster Regularly
Interspaced Short Palindromic Repeats associé à des endonucléases. Pour chaque catégorie de
nucléases, le mécanisme ainsi que les potentielles applications sont décrites visant à mettre en
avant les avantages et l’évolution du génie génétique au cours du temps.
insertion se fait de manière régulée, stable et efficace mais dans une région imprécise du
génome souvent composé de nombreuses bases de thymine et adénine. (Figure 2b).
Les transposons fournissent une expression stable des gènes qu’ils comportent.
Cependant, pour appliquer cela à la recherche scientifique et dans le cas de grande
mutagenèse par exemple, des vecteurs porteurs de ces transposons ont été améliorés
permettant ainsi d’obtenir des clonages faciles et orientés mais aussi de suivre les cellules
transfectées par un traçage à partir de la protéine de fluorescence, la GFP, et de ces mutants
Figure 3 :
Deux variants de transposons issus de la reconstruction de Tc1/mariner ayant été transformés et présentant les
différentes possibilités de nomenclature pour leur application tel que différentes protéines de fluorescence
GFP (verte), RFP (rouge), ou encore BFP (bleu).
Eric Kowarz, Denise Löscher, Rolf Marschalek.Biotechnol. J. 2015, 10, 647–653
(Figure 3).
D’autres aspects du transposon d’origine ont été améliorés tel que la transposase dont
la totalité de ses acides aminés ont été mutés en vue de provoquer un changement de l’activité
catalytique. À la suite de cela, une SB de deuxième génération environ trois fois plus active a
été conçue et son application a été testée dans des essais cliniques. La version de la
transposase la plus hyperactive ayant été produite est la SBX100 qui, comme son nom
l’indique, présente cent fois plus d’activité par rapport à la transposase d’origine4. Cette
transposase a d’ailleurs la particularité de permettre la transgénèse au sein de lignées
germinales dans les modèles de mammifères tels que les souris ou les rats.
Figure 4 :
Les éléments d'ADN minicercle sont générés par recombinaison intramoléculaire à partir d'un plasmide
parental médié par une intégrase. La construction de mini cercle peu être un système inductible par arabinose
de façon à exprimer simultanément l'intégrase qui produit des molécules d'ADN de minicercle et
l'endonucléase qui dégrade ensuite l'épine dorsale de l'ADN parental empêchant ainsi une réponse
immunitaire.
https://www1.biocat.com/categories/cloning-expression/mammalian-expression/minicircle-technology
À la suite de toutes les améliorations qu’a subit le système SB, celui-ci est un candidat
idéal dans le cadre de transfert de gène. Contrairement au vecteur viraux, les vecteurs de
transposons peuvent être maintenus et propagés sous forme d’ADN plasmidique ce qui les
rend simples et peu coûteux à fabriquer. Cette méthode dispose également d’une spécificité de
sites qui se fait au niveau d’un dinucléotide TA dispersé dans la molécule d’ADN. En
revanche, l’un des facteurs de risque les plus importants pouvant être rencontrés à cet élément
est la génotoxicité, c’est-à-dire les dommages mutationnels qui peuvent être engendrés et
pouvant créer des pathologies.
De nombreuses applications à
cette méthode ont d’ors et déjà été
proposées telle que la détection de
cancer. Lors d’une étude, ce transposon a
été utilisé en tant qu’outil génétique chez
les souris afin de muter au hasard des
tumeurs induites chez les souris
permettant ainsi de comprendre quels
gènes sont à l’origine du cancer. Cela a
permis de prouver que certaines voies
devaient être inhibées dans le but «
d’apprivoiser » les cellules cancérigènes.
Figure 5 :
Une autre application possible ayant déjà
Schéma représentant un mode d’application du été citée dans cette revue est la thérapie
transposon SB dans la thérapie génique. Les génique (Figure 5) qui nécessite d’intégrer de
vecteurs de transpositions sont implantés dans des manière stable l’information génétique. La
cellules somatiques adultes par nucléofection et les dernière version de vecteur de SB répond à
cellules porteuses du transposons vont ensuite
cette exigence et les variants les plus actifs du
pouvoir être réintroduitent chez des souris ou même
chez des patients pour un traitement clinique. transposon dispose d’une fréquence
https://www.youtube.com/live/ d’intégration des gènes dans les cellules
zrDUtZyIOqc?feature=share humaines qui est comparable à celle des
vecteurs viraux6.
Bien que le transposon SB est actuellement le plus étudié pour des applications
cliniques, d’autres transposons ont également été découverts et reconstruits. Par exemple, les
éléments d'insectes PiggyBac et Minos qui catalysent une transposition efficace dans les
cellules de mammifères. Ou encore l'élément amphibien reconstruit FrogPrince ainsi que
l'élément Hsmar1 humain et le transposon de poisson zèbre Harbinger3_DR se sont avérés
également actifs chez les espèces de vertébrés4. Cependant, pour qu’un transposon soit
applicable dans un organe modèle donné, il lui faut une niveau suffisant d’activité de
transposition chez l’espèce donnée et des propriétés de sélection du site cible du transposon
pour apporter une spécificité. Ce n’est pas encore le cas pour la plupart de ces systèmes qui
sont toujours étudiés dans le but de s’en servir comme c’est déjà le cas pour SB, dans des
applications cliniques et dans la recherche scientifique7.
Les technologies d'édition du génome basées sur les nucléases permettent des
changements précis et directs dans l'ADN génomique de diverses espèces, des procaryotes
aux eucaryotes y compris les cellules humaines. Pour introduire les nucléases programmées, il
existe différentes méthodes toujours en recherche d’amélioration. Parmi celles-ci on retrouve
l'administration de nucléases par l'ARNm in vitro transcrit 13 (IVT). Cette méthode présente
plusieurs avantages, tels que l'expression transitoire avec une administration efficace in vivo
et in vitro sans pour autant avoir à intégrer génétiquement le gène de l’enzyme. De plus, pour
la plupart de ces enzymes de restriction programmées, les chercheurs constatent une efficacité
d'édition élevée couplée à une précision de reconnaissance des séquences d'ADN génomique
des cellules de plantes, d’animaux et de bactéries. A l’origine, la recombinaison homologue
(RH) était la principale méthode utilisée et connue en génétique pour l’insertion et/ou la
délétion de séquence en vue d'étudier les fonctions des gènes. Pour se faire, le mécanisme
nécessite d’introduire un vecteur porteur de séquences homologues et donc identiques aux
bornes de la région devant être modifiée. (Figure 6) Cependant, cette méthode s’avère être
faiblement efficace limitant son application9.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Édition_génomique#/media/
Fichier:Nuclease-cut-fr-text-to-path.svg
En revanche, les nucléases visant à l'édition du génome peuvent être conçues pour
reconnaître et couper en vue de produire des protéines non fonctionnelles et donc, par
conséquent, générer un knock out génique. De plus, il est possible d’utiliser le mécanisme de
jonction d'extrémités non homologues, en anglais Non-Homologous End-Joining (NHEJ) pour
restaurer partiellement la fonction des protéines10. Le mécanisme de NHEJ repose sur une
ligation directe des extrémités non homologues d’une cassure double brin. C’est un
mécanisme simple, rapidement mis en place par la cellule et qui dépend des protéines Ku70 et
Ku80 qui forment un hétérodimère se fixant sur les extrémités d’une cassure double brin.
Ainsi, l’hétérodimère lié à l’ADN va être reconnu par le complexe MRX (Mre11- Rad50-
Xrs2), et le complexe Ligase (Ligase4 et ses co-facteurs) qui permet le raboutage des
extrémités (Figure 7). Cependant, cette voie est sujette aux erreurs pouvant potentiellement
engendrer des mutations plus graves qu’à l’origine et c’est pourquoi, en général, c’est la voie
RH qui est employée.
Figure 7 :
Schéma représentatif du système de
jonctions d’extrémités non
homologues mis en place pour
réparer une cassure double brin à
partir des protéines Ku70 et Ku80 et
de la ligaseIV.
https://en.wikipedia.org/wiki/Non-
homologous_end_joining#/media/
File:1756-8935-5-4-3-l.jpg
Modifié par Manon RIGHINI
Figure 8 :
Schéma représentant les trois
dernières générations de
nucléases (Zinc Fingers, TALE et
CRISPR/Cas9) et leur potentielles
applications : perturbation
correction et insertion de gènes
https://www.researchgate.net/
figure/Genome-Editing-Mediated-
by-Site-Specific-Nucleases-The-
zinc-finger-nuclease-
ZFN_fig1_330664079
A) Méganucléases :
Identifiées dans les années 1990, les MNs sont des enzymes de restriction connues
pour leur longue séquence de reconnaissance pouvant aller jusqu’à 40 pb rendant ainsi la
séquence cible théoriquement unique. De plus ces enzymes présentent une faible cytotoxicité
permettant leur utilisation dans de nombreux de type de cellules. Les endonucléases de
homing sont les plus connues et appartiennent à la famille LAGLIDADG 8 (Figure 9) (dont le
nom représente une séquence en acide aminés conservée entre les différentes enzymes) 11.
Parmi celles-ci on peut citer I-SceI issue de mitochondries de Saccharomyces cerevisiae, I-
CreI issue des chloroplastes de l’algue verte Chlamydomonas reinhardtii ou encore I-DmoI
découverte dans l’archéobactérie Desulfurococcus mobilis, qui sont les endonucléases les
mieux caractérisées et donc les plus utilisées dans la recherche scientifique. Conformément à
ce qui peut être possible avec une seule MN, la modification génétique induite est limitée à un
répertoire. Bien qu’il en existe un très grand nombre de ces enzymes et que le site de
reconnaissance puisse subir quelques variations, il est très compliqué de trouver une MN
permettant de cibler spécifiquement une séquence.
Figure 10 :
Structure de la protéine du doigt de Zinc Cys2-His2
constitué d’une hélice alpha et d’un feuillet Beta
maintenue dans cette conformation grâce a un ou
plusieurs atomes Zinc jouant le rôle de composant
structurel .
Molecular Biology of the Cell. 4th edition.
Alberts B, Johnson A, Lewis J, et al.
New York: Garland Science; 2002.
Les Zinc Fingers Nucleases (ZFNs) ont été créés en fusionnant les domaines de liaison
à l'ADN du doigt de zinc des protéines Zinc Finger (ZF) avec le domaine de clivage de
l'endonucléase FokI. La spécificité de la séquence des ZFNs provient de la région de la
protéine du doigt de zinc qui contient de trois à six doigts Cys2-His2 (Figure 10a), dont
chacun reconnaît un code de trois nucléotides12.
Figure 11 :
Mécanisme des Zinc finger nuclease pour engendrer une cassure double brin et représentation du
repliement en forme de doigt des domaines de liaisons pour la reconnaissance de trois nucléotides selon
la séquence.
https://www.nature.com/articles/nrg2842
b. Étude clinique utilisant les ZFNs :
La méthode de l’édition de génome ZFN est une technique prometteuse dans le cas de
traitement de maladie monogénique. Une autre approche, consistant à l'édition de gènes,
utilisant les ZFNs in vivo est décrite dans le modèle de Murin du syndrome de Hurler
(MPS1H)12. MPS1H est la forme la plus sévère de mucopolysaccharidose, une maladie rare
mais grave caractérisée par une accumulation de l’acide mucopolysaccharide, plus connu sous
le nom de glycosaminoglycanes (GAG), due à un défaut d’assimilation par l’hydrolase
lysosomale – α – L – Iduronase (IDUA) ce qui induit la maladie dite systématique et
progressive. La durée de vie d’un patient atteint de MPS1H est courte. Cependant, par
l’application des ZFNs il est désormais possible d’allonger celle-ci en éditant le gène
défectueux. Pour se faire, une copie qui a pour but de corriger le gène de l’ IUAD est créé
puis mise en place au niveau du locus de l'albumine dans les cellules hématopoïétiques, locus
décrit comme très efficace. Cela entraine une expression enzymatique sécrétée dans la
circulation, pour ensuite être absorbée en quantité suffisante pour corriger la voie métabolique
et ainsi la maladie. Cependant, bien que les mutations W402X et Q70X du gène de l’IUAD
soient les plus fréquentes et à l’origine de la forme la plus sévère de la maladie, représentant
plus de 50% des mutations12. Celles-ci surviennent de façon aléatoire, et une grande
proportion d'allèles nécessite d'être étudiée dans le but de créer une enzyme corrective d'une
mutation en particulier ce qui demande beaucoup d'effort et de temps . De plus, bien que
plutôt efficace, dans le cas d’une perfusion de l’enzyme défaillante, celle-ci doit être faite de
façon hebdomadaire et bien que l’enzyme recombinante soit efficace, elle n’est pas capable de
passer la barrière cérébrale, où l’accumulation de GAG reste un problème pour les patients
atteints de cette maladie. Jusqu’à présent, la greffe de cellules souches hématopoïétiques était
utilisée comme traitement mais cette approche n’est que très peu fiable et conserve un fort
taux de mortalité. Des études sont toujours en cours pour potentiellement améliorer cette
approche mais les ZFNs nécessitent beaucoup d’efforts et de temps avant d’obtenir de
meilleurs résultats. Toutefois, les nucléases à doigts de Zinc restent prometteuses pour la
recherche clinique de nombreuses maladies où d’autres approchent sont envisagées comme
l’utilisation d’un ARNm de ZFNs visant à cibler un gène défectueux, comme c’est
actuellement en cours pour cibler le génome viral du VIH13.
La spécificité de liaison à l'ADN des TALENs est plus facile à concevoir et à utiliser
puisque les séquences répétées du domaine de liaison ne se lient qu’à un seul nucléotide
tandis que les ZFNs se lient à 3 nucléotides, ce qui explique que les TALENs peuvent être
appliqués plus largement aux sciences de la vie que les ZFNs. Cependant, dans un cas comme
dans l’autre, il est difficile de créer un plasmide et cela demande beaucoup d'effort et de temps
(comme par exemple le clonage c que l’on abordera par la suite) pour arriver au résultat
escompté. Le mécanisme d’application de ces enzymes est également très semblable à celui
des ZFNs. La séquence TALEN va être transcrite puis traduite et les protéines vont pénétrer
dans le noyau (si tenté qu’il y en ait un) et de la même façon que pour les ZFNs , la cassure à
bout franc permet soit un knock-in, soit un knock-out ou encore une correction de gène. Le
système TALE, y compris la TALE et la nucléase FokI, est ainsi devenu un outil puissant pour
les opérations du génome. En particulier, TALEN est une technologie de pointe pour le
traitement biomédical. Le système TALE a une capacité de ciblage élevée. Des produits
génétiquement modifiés TALEN ont montré des avantages significatifs et une étude clinique
basée sur des patients atteints de cancers et traités en 2015 sont encore complètement exempts
de cancer à ce jour8.
b. Golden Gate :
Figure 13 :
Séquence reconnue par l’enzyme de restriction et la localisation de la coupure sur chaque brin d’ADN.
https://international.neb.com/products
Cela permet, en utilisant des vecteurs de clonage porteurs des sites de restrictions de
ces enzymes, de créer des extrémités cohésives spécifiques pour permettre de cloner, par la
suite, dans un ordre précis différents fragments en une seule étape. Bien entendu, il faut
prendre en compte que la technique peut prendre du temps (généralement en 3h et 5h) de
manière à optimiser les résultats17. (Figure 14). Cette méthode est très utilisée dans le cas des
nucléases TALE ou bien même dans les nucléases ZF. Cependant, elle peut également être
appliquée à d’autres systèmes d’ingénierie génétique comme le mécanisme de type Cluster
Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats, CRISPR16.
Figure 14 :
Schéma représentant le clonage Golden Gate. Dans un premier temps, les séquences sont insérées dans le
vecteur ici appelé « destination vector » (DV) porteur des sites de restriction type BsaI. Les nucléotides
coupés (NNNN) sont prédéfinis au moment de la conception du DV et les extrémités cohésives résultantes
permettent d’ordonner l’assemblage des fragments dans le « vector assembled » (VA). Ce vecteur est le
résultat de l’étape de coupure et de ligation qui se fait simultanément et dont l’ordre dépend des nucléotides
NNNN.
D) CRISPR :
a. Découverte et mécanisme :
Les mécanismes CRISPR sont dérivés des procaryotes et ont été transformés dans le
but de manipuler, annoter et détecter des séquences d'ADN et d'ARN dans les cellules
vivantes de diverses espèces. Contrairement à d'autres méthodes, cette endonucléase n'a pas
de spécificité de séquence d'ADN. Après l'hybridation des séquences Spacers de l'ARNcr, une
séquence cible positionnée proche d'un motif Protospacer-Adjacent Motif (PAM), la nucléase
Cas va fendre l'ADN et ainsi cliver la séquence spécifique au niveau du locus PAM. L'édition
du génome par CRISPR/Cas, peut utiliser la jonction d'extrémités non homologues (Figure 6)
ou la réparation homologue dirigée (Figure 5) pour la réparation de l'ADN. Tous les types de
mécanisme CRISPR associés à des protéines Cas (CRISPR/Cas) s'appuient sur de l'ARN
CRISPR (ARNcr) ou dans certains systèmes, comme c’est le cas avec le système
CRISPR/Cas9, un ARN guide (ARNg) apportant une spécificité au système13.
Figure 16 :
Schématisation du mécanisme de CRISPR/Cas9
avec reconnaissance du motif PAM par l’enzyme et
hybridation de la séquence d’ARNg sur l’ADN
cible engendrant une cassure double brin.
https://www.cell.com/trends/genetics/fulltext/
S0168-9525%2820%2930098-6
Figure 17 :
Schématisation de l’enzyme Cas9 et des domaines de clivage RuvC1 et HNH coupant respectivement l’ADN
hybrider à l’ARNg et l’ADN complémentaire. Mise en évidence de la cassure double brin entre la séquence de
reconnaissance de 20 nucléotides et le motif PAM.
https://blog.hoelzel-biotech.com/2017/09/19/crispr-cas9-methode/
séquence 3’ – NGG – 5’ permettant la reconnaissance a été améliorée
vers d'autres motifs tels que GAA ou encore GAT. Ces variantes
permettent de devenir de plus en plus spécifiques et pour un plus grand
nombre de région20.
Au cours de la dernière décennie, la technologie CRISPR/Cas9 a transformé
l'ingénierie du génome. La découverte et le développement de cette méthode a permis
d’aboutir rapidement à un large éventail d'application d'ingénierie génétique qui est largement
utilisée de nos jours en raison de sa simplicité. Modifié et assimilé, le système Cas9 a été
conçu de telle façon qu'il soit possible de réaliser des délétions comme des insertions. Mais on
retrouve d’autres types de systèmes CRISPR dont l’utilisation est différente mais
l’aboutissement est, en règle générale, relativement similaire13.
c. CRISPR/Cas12a :
Figure 18 :
Schéma permettant de comparer, de mécanisme de type I : le système CRISPR/Cas9 et le système CRISPR/Cas12a. Pour
chaque cas, la position du clivage est exposé par rapport au site de reconnaissance PAM.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fa/Cas12a_vs_Cas9_cleavage_position.svg
Figure 19 :
Schéma représentant l’enzyme Cas 3 Cascade sa reconnaissance
et mode de coupure sur le brin d’ADN.
de CRISPR/Cas3 permettant la coupure sur un seul des brins est utilisé comme outil
antimicrobien dirigeant vers une dégradation du génome21.
ii. CRISPR/Cas13 :
Initialement appelé C2c2, le système
CRISPR/Cas13 est guidé par un ARN vers un ARN et non un ADN comme dans les cas vus
précédemment. CRISPR/Cas13 est un système de classe 2 type VI dans laquelle l’activation
de la protéine CRISPR est faite grâce à un ARN simple brin. La particularité principale du
type VI est la reconnaissance du motif permettant la fixation. En effet, dans la majorité des
cas, l’enzyme reconnaît non pas un motif PAM mais protospacer flanking sequence21 (PFS)
(Figure 20). Pour certaines Cas13, l’enzyme peut couper une seule base une fois que la
reconnaissance de l’ARN a eu lieu. Par exemple pour Cas13a, l'enzyme va couper les bases
de l’Uracile de l’ARN. Seulement, cette enzyme à ses limites et pour Cas13, le clivage des
ARN s'étend au ARN non ciblés à proximité une fois activé. Ce système a été utilisé dans des
cellules procaryotes, où l'effet de clivage des ARN proches a été observé, cependant cela n'a
pas été le cas dans les cellules eucaryotes. Le mécanisme d'activation n'est pour le moment
pas encore connu mais des pistes d’application de cette enzyme dans des cas cliniques
commencent à voir le jour comme pour les virus à ARN par exemple21.
Figure 20 :
Représentation schématique comparant le complexe CRISPR/Cas9 dont l’ADNg s’hybride à un ADN viral
double brin et le complexe de CRISPR/Cas13 s’hybridant à un ARN simple brin et reconnaissant un motif PFS.
https://link.springer.com/article/10.1007/s11248-021-00247-w/figures/2
Conclusion :
En somme, la méthode CRISPR/cas9 comme toutes les autres sont des technologies
prometteuses dans le domaine de la biologie moléculaire mais leur utilisation se doit d’être
réglementée. Malgré les questions éthiques soulevées, il est important de continuer d’étudier
les différents génomes retrouvés dans la nature pour, peut être un jour, disposer d’un outil
encore plus efficace que CRISPR/Cas9.
Bibliographie :