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de
Colin Richard
INT.JOUR/GRAND HOTEL/CHAMBRE/SÉJOUR
Plongée dans la pénombre, une magnifique chambre d’hôtel
délicieusement décorée...
Vide.
Posé sur une massive console marbrée, juste sous un miroir,
un téléphone déjà ancien se met à sonner - le son cristallin
résonne à travers la pièce.
LAURA.
La jeune femme, dont on ne perçoit encore que les contours,
est accrochée au bras du steward: étrangement masqué, ce
dernier ne laisse entrevoir aucune émotion, ni même aucune
humanité.
Tous deux progressent dans la pièce, à peine éclairée par la
lumière qui perce depuis la porte encore ouverte, et se
séparent enfin.
(CONTINUED)
CONTINUED: 2.
LAURA
Éteignez, s’il vous plait.
Pour la première fois, le steward trahit une émotion:
légèrement surpris, lui qui jusque là semblait d’un
professionnalisme sans faille met un instant à s’exécuter...
le genre d’étonnement qu’aucun masque ne peut dissimuler.
Il s’exécute tout de même, et prend le chemin de la sortie,
toujours sans un mot, laissant son invitée à la pénombre.
20h40.
Visiblement soulagée, Laura jette le petit papier sur son
manteau, s’allonge sur le lit et allume sa cigarette.
(CONTINUED)
CONTINUED: 3.
INT.SOIR/GRAND HOTEL/CHAMBRE/SÉJOUR
(CONTINUED)
CONTINUED: 4.
*DRIING*
Le téléphone se met à sonner, provoquant un nouveau sursaut.
(CONTINUED)
CONTINUED: 5.
Un instant passe.
À mi chemin entre la terreur et la curiosité, Laura prend la
parole.
LAURA
... Allo ?
ROMERO (TELEPHONE)
Bonsoir, Laura.
LAURA
... Qui êtes-vous ?
ROMERO (TELEPHONE)
C’est... C’est gentil d’être venue.
LAURA
Ça... Ça ne me fait pas rire !
Qu’est-ce que vous voulez ?
Laura est submergée par l’émotion. Colère, peur,
desespoir... Peut-être aurait-elle dû partir il y a
longtemps. Peut-être le peut-elle encore ? Elle regarde une
nouvelle fois la porte d’entrée.
ROMERO (TELEPHONE)
... J’avais hâte de voir votre
visage. Merci de me l’avoir montré.
LAURA
Écoutez... Je ne sais pas qui vous
êtes, mais je...
ROMERO (TELEPHONE)
Je comprend votre désarroi. Vous
désirez probablement partir,
maintenant... Mais... Peut-être
pourriez vous me le montrer encore
une fois ?
LAURA
Qu’est-ce que...
ROMERO (TELEPHONE)
Si vous êtes d’accord, je n’ai pas
bougé.
(CONTINUED)
CONTINUED: 6.
LAURA
Je... Je ne comprends pas. Où êtes
vous ?
ROMERO (TELEPHONE)
À la salle de bain. Je vous l’ai
dit: je n’ai pas bougé.
Laura commence à comprendre. Hésitante, elle regarde une
dernière fois vers la porte d’entrée... Mais son attention
se porte définitivement vers la salle de bain.
LAURA
Impossible... Il y a...
ROMERO (TELEPHONE)
Prenez le téléphone avec vous. J’en
ai besoin pour vous parler.
Toujours hésitante, Laura finit par attraper le boitier
téléphonique.
Elle ne se dirige pas tout de suite vers la salle de bain: à
pas feutrés, elle regagne discrètement son sac, toujours
posé sur le lit, d’où elle sort un petit revolver.
Le téléphone dans une main, l’autre fermement serrée sur son
arme et le combiné coincé entre l’oreille et l’épaule, Laura
avance avec précaution en direction de la salle de bain,
biend écidée à faire la lumière sur toute cette histoire.
Malgré la rassurante présence de son revolver, elle fait
tout de fois preuve de prudence : l’adrénaline et l’angoisse
font un dangereux mélange, et qui sait ce qui l’attend
réellement derrière cette porte ?
(CONTINUED)
CONTINUED: 7.
ROMERO (TELEPHONE)
Mon nom est Romero.
Ses lèvres n’ont pas bougé. Pourtant, Laura en est persuadée
: c’est bien de cet "homme" que provient la voix.
ROMERO (TELEPHONE)
Mais je ne crois pas qu’il manque
de trous.
En effet, l’œil averti aura remarqué les quelques impacts de
balles, à l’origine tes tâches de sang sur son torse.
Laura n’est pas amusée. Peu à peu, l’agacement prend le pas
sur la peur. Elle abaisse le chien de son arme.
Romero, remarquant que son petit trait d’humour n’a pas fait
mouche, se passe lui aussi de commentaire. Depuis longtemps
résolu, il ne peut pourtant pas s’empêcher de trahir une
légère déception.
Un instant passe.
(CONTINUED)
CONTINUED: 8.
ROMERO (TELEPHONE)
voulez-vous bien m’aider ? Mon
équilibre laisse à désirer, j’en ai
peur.
LAURA
Est-ce que... Est-ce que c’est vous
qui...
ROMERO (TELEPHONE)
Oui. J’espère que c’était assez.
Une vague de dégout parcourt le visage de Laura.
LAURA
Je ne pense pas que...
(CONTINUED)
CONTINUED: 9.
ROMERO (TELEPHONE)
Je ne veux que danser.
INT.MATINÉE/GRAND HOTEL/CHAMBRE/SÉJOUR
Rien.
Et alors que, désespérée, elle contemple ses affaires posées
sur le lit, relisant le bout de papier...
(CONTINUED)
CONTINUED: 10.
Le téléphone sonne.
Elle se précipite : sa main se tend vers le combiné, mais
elle s’arrête avant de décrocher.
Et si ça n’était pas lui ?
Elle décroche.
LAURA
... Allo?
FIN.