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O'WOLF
Dans le miroir
THRILLER
1
Al.
O'WOLF
Dans le miroir
THRILLER
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« Le miroir garde des secrets
Que seul le monstre qui regarde connait »
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Sous le drap, un corps est allongé. Il se met
subtilement à bouger. Des doigts cherchent
frénétiquement le bout du tissu pour le retirer. Une
dame en robe de nuit se lève subitement. Ses traits sont
tirés dans tous les sens et ses cheveux sont dressés
comme des antennes-relais. Une panique curieuse
envahit son être. Son visage est perlé de sueur. Ses nerfs
semblent à vif car ses membres sont crispés, tendues
comme les câbles d’acier du pont de Manhattan. Elle
garde ses mains contre son thorax. Son cœur bat à la
chamade. Des frissonnements dansent sur sa peau.
Dans les ténèbres de sa chambre, elle palpe les alentours
de son lit. Ainsi, elle parvient à allumer une lampe qui
est sur un meuble à sa gauche. Une fois cette tâche
accomplie, elle retire l’oreiller sous la tête de l’homme
qui dort à ses côtés. Elle le secoue vivement comme un
sac de patates. Elle va jusqu’à le taper sans autre forme
de procès. L’individu ne semble rien sentir, il semble loin
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du monde réel. La mère des rêves, Morphée, l’a emporté
sur les rives où il côtoie des fantaisies qu’il sait ne pas
posséder dans la vraie vie. Un sourire est au bord de ses
lèvres. Il nage dans un bonheur rare que la dame à côté
veut lui enlever. Au départ, toutes les actions de la
femme en robe de nuit sont vaines. Mais, ses gestes
violents et insistants finissent par le tirer de ses rêveries.
– Lève-toi chéri.
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Il n’apprécie pas que son épouse le dérange en pleine
nuit pour des bruits que lui ne perçoit pas. La dame en
robe de nuit compte bien se faire entendre.
– Mais chéri…
BAMM !!!
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L’homme se redresse d’un coup. Il n’a plus son air
somnolent.
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– Tu n’as aucune arme pour te défendre, ma
Nina. Je ne veux pas t’emmener avec moi, cela pourrait
être dangereux pour...
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moment et par endroit, les ténèbres qui couvrent tout.
Il l’éteint et la rallume par instantanément pour éclairer
son chemin. Chaque fois que son épouse heurte une
chaise ou un vase, il se retourne pour lui jeter un regard
furibond.
BAMM !!!
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– Oui, répond immédiatement son époux. Je
vois. Parle moins fort. Tu pourrais alerter les brigands.
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jette un dernier regard à son épouse pétrifiée comme
une statue grecque. Son arme est contre sa poitrine. Sa
respiration s’accélère, il vient de faire un choix. Sans plus
d’hésitation, il fait un demi-tour sur lui-même et entre
dans la chambre, la carabine prête à œuvrer. Dix
secondes passent, puis vingt. La femme s’inquiète. Elle
approche à pas de chat vers la chambre d’où ne ressort
pas son mari.
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se révulsent et elle tombe évanouie. Sur le lit, il y a deux
corps maculés de sang.
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CHAPITRE I
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sont pas aussi pointues car on attend que les experts
viennent pour faire le travail comme il faut. Les policiers
de la ville de Jonatany se contentent de recenser les
noms et prénoms de tous les habitants du manoir.
Aucun d’eux n’est autorisé à s’approcher de l’aile où a
eu lieu les crimes horribles. Le froid de la nuit est encore
mordant mais l’abominable nouvelle arrache tout le
monde aux bras de Morphée. Les adultes sont séparés
des plus jeunes. Des ambulances envahissent le vaste
parking du manoir encadrées par des voitures de police.
La tension est à son comble car le couple qui a été tué
est l’un des plus puissants de Jonatany. Les urgentistes
qui arrivent sur place se pressent pour vérifier que
chaque individu est au mieux de sa forme. Les policiers,
de leur côté, continuent de prendre les empreintes de
tous les résidents du manoir. La procédure est
curieusement accélérée ce fameux jour. Les cœurs
balancent. La peur, la rage et l’incompréhension se lisent
sur le visage de chaque membre de la grande famille des
De Domini. Des larmes silencieuses glissent sur le
visage de certains résidents, les autres ne réalisent pas
encore le malheur qui vient de les frapper.
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C’est dans cette atmosphère douloureuse que le
manoir des De Domini se trouve. Au loin, à l’entrée
principale, aux environs de trois heures, le grand portail
du manoir s’ouvre. Quelques vérifications sont
effectuées avant de laisser passer une voiture que les
agents de la région ne connaissent que trop bien dans
leur grande majorité. Le véhicule gris se gare dans
l’immense parking des De Domini. Un homme descend
rapidement. Il se dirige vers l’autre portière qu’il ouvre
avec révérence. C’est l’enquêteur Dan Grecis qui salue
comme une princesse sa collègue Janet Elech. Elle sort
du véhicule non sans une grâce vénusienne. Elle sourit
délicatement à son collègue quand elle pose son pied
dans les graviers du parking.
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– Oh que si. Je suis tellement maladroit avec les
femmes qu’elles me fuient toutes. Sauf toi bien sûr.
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– Je trouve curieux que le patron nous ait fait
quitter Tooth Mountain pour nous envoyer dans la
dernière ville de la région. Cela aurait pu atteindre le
matin.
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– De pauvres gens, je n’en ai pas l’impression.
Pour bâtir un manoir pareil, il faut être riche comme
Crésus. Toutes les façades de la maison sont couvertes
de marbre. C’est rare de trouver des constructions de ce
style.
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passionné par les choses du Moyen-âge, comme s’il y
avait vécu. Je dois avouer que je n’aimais pas cette vie,
exceptés les voyages. Janet soupire avant de poursuivre.
Le maître des lieux doit avoir un goût exquis et une
passion féroce pour les œuvres du Moyen-âge.
– Humm…
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– Effectivement, dit Dan.
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L’agent inspire et expire lentement.
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l’air. Les draps visiblement blancs ont changé
d’apparence pour devenir pourpre. Le sang des victimes
a tout éclaboussé. Du sol au plafond, c’est une vraie
boucherie qui s’étale devant les enquêteurs. Dan retient
une remontée acide. Il se tient la bouche pour ne pas
vomir. Pour lui, il semble que c’est la première fois de
voir une aussi grande quantité de sang répandue dans
une pièce aussi vaste.
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désagréables. Dan se crispe un peu avant de sortir la tête
pour inspirer de l’air frais.
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– Bon sang Janet, reprend Dan en gardant sa
main sur sa poitrine. Tu as vu tout ce sang. Le tueur n’a
pas utilisé un fusil conventionnel pour commettre son
forfait.
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– Pourquoi donc ? S’empresse de demander
Dan.
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– C’est quand même dingue que rien ne soit
remué dans cette chambre. Dan parcourt la chambre du
regard. Tout est en place. Les bijoux et l’argent n’ont pas
été touchés alors qu’ils sont en quantité suffisante. C’est
impossible de les rater en entrant dans la pièce. Je trouve
ça louche pour un cambriolage qui aurait mal tourné.
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– Les miroirs de cette taille, possédant de tels
ornements ne se font plus de nos jours. De tels détails
ne peuvent être que l’œuvre d’un artisan à la dextérité
divine. Rien qu’en l’observant, je sens qu’il a dû capter
de nombreux visages, dont celui des De Domini.
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Janet marque une pause. Elle écoute attentivement Dan
et prend note dans son carnet. Elle est toujours arrêtée
face au grand miroir circulaire.
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homicide. Je dois admettre que certaines de tes
suggestions me semblent plausibles.
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– Oui Miss Elech, s’empresse de dire l’agent
Brunard. Je vais veiller à les emmener dans un endroit
paisible afin que vous puissiez les questionner.
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– Je n’ai pas vomi, mais j’ai failli. Je sens
tellement de rage dans ces meurtres. D’où peut bien
venir toute cette colère.
– Dan !
– Oui Janet.
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– Il jettera un peu de brume dans leurs esprits
mais les points les plus marquants leur reviendront
systématiquement.
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CHAPITRE II
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blond divin. Ses lèvres subtilement pulpeuses éveillent
un volcan en Dan. Par moment, Dame Nina ramène ses
cheveux derrière son oreille droite. La finesse de son
geste n’a d’égale que la tendresse apparente de sa peau.
N’importe quel homme se serait donné tous les
prétextes pour effleurer seulement ses doigts.
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Janet jauge le couple Frakel. Son collègue n’y
voit que du feu. Pour lui, la douleur de perdre quelqu’un
d’aussi important et de surcroit la découverte de leurs
cadavres ruinera toutes leurs chances de tirer de bons
détails du couple Frakel. Le déferlement d’émotions
auquel ils ont été en proie les rend probablement inaptes
à fournir de bons renseignements.
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M. Hubert prend une position plus décontractée mais
tout aussi grave. L’argument de Janet l’a achevé. Il prend
une grande inspiration et clôt ses paupières. Hubert
semble chercher dans un coin de sa tête des souvenirs
qu’il sait douloureux.
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– Depuis combien de temps êtes-vous ici, à
Jonatany ?
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– J’avais du mal à trouver le sommeil. J’avais pris
des somnifères mais l’habitude a fait que mon corps ne
réagit plus favorablement à leurs effets. Après avoir lu
un livre, j’ai éteint la lampe du chevet pour me coucher.
Ce n’est que quelques instants après que j’ai entendu une
détonation.
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– Oui nous n’en savions rien, dit-elle.
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– Ah oui ! Her Frakel fait un geste qui indique
qu’il vient de se souvenir.
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– Tu manques de citer le dernier enfant présent
dans la maison, s’empresse de dire Hubert Frakel. Il
s’agit de la dernière Bénédicte. Je crois qu’elle a fait un
malaise quand on lui a annoncé la mort de ses parents.
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Nina revient et s’assied après avoir tendu le téléphone à
son époux. Janet et Dan congédient quelques minutes
après le couple Frakel. Janet note certaines de ses
impressions mais le regard interrogateur de son collège
la sort de sa concentration. Dan est pressé de demander
quelque chose à Janet et celle-ci le sait.
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– Non, la vérité est ailleurs. Je veux bien
effectuer un voyage et surfer sur les vagues des plages
d’Australie.
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est équipée de combiné relié au poste de surveillance du
domaine.
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– Eh bien, poursuit Janet, c’est un fétichiste des
chiffres. OK, je reformule, c’est un joueur de poker.
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Son mari garde sous leur lit une vieille carabine. Elle
devait être habituée au son des armes.
– Excellente idée
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CHAPITRE III
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est simplement spectaculaire. Le vent ne rencontre
aucun obstacle et sa puissance semble sans limite. Janet
prend une grande bouffée d’air. Elle se rend compte que
la forme de la maison s’apparente fort à celle d’une
abbaye. Une quinzaine de minutes s’écoule avant que
Janet ne décide de redescendre. Elle tourne les talons et
s’engage à retourner dans la salle où se trouve son
collègue. Sur le chemin du retour, elle surprend une
conversation entre un homme et une femme dans une
pièce.
– Oui je sais…
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S’apercevant qu’ils ne sont pas seuls, les deux individus
cessent de parler.
– Bonsoir madame, M…
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existence en prison. Le visage de l’épouse de Mauricio,
la belle Amy, se froisse subrepticement.
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– Nous sommes vraiment navrés pour vos
parents, dit Janet.
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toute urgence au centre hospitalier de notre ville. Je suis
très inquiet pour sa santé. Je ne pense pas que vous
pourrez la questionner cette nuit.
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impeccablement coupés lui donnent l’allure de prince
espagnol. Ses yeux intelligents font tout de suite vibrer
Janet. Il possède des sourcils épais mais bien ordonnés.
Une magnifique couronne de barbe et moustaches
encadre ses lèvres et aggrave par là même son charme.
Les lumières parviennent à mettre en valeur son teint
bronzé à point. Son corps est structuré comme celui
d’un athlète de haut niveau. Ses vêtements ne
parviennent pas à masquer ses muscles travaillés avec
tact. Tout en lui respire l’homme virile. C’est sans nul
doute le style de personne que toute femme espère
découvrir dans son lit le matin, à son réveil.
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Son collègue Achan est tout son opposé. Il a un corps
rond comme celui d’un éléphant de mer. Sa tête est
épaisse et les plis qui se trouvent derrière ressemblent
aux ondulations d’une mer instable. Ses yeux ne vont
pas dans la même direction. Il souffre d’un strabisme et
son air de mafieux n’arrange en rien les choses. Une
petite moustache supplante ses lèvres d’un volume
inquiétant. Il porte un anneau dans le nez qui lui donne
l’air d’un buffle de Torero. Lorenzo et lui travaillent
dans la même section de surveillance du domaine des
De Domini. Cependant, les agents Janet et Dan décident
d’interroger Lorenzo en premier. Ils débutent leur
opération, quand Achan quitte la salle.
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Dan n’aime pas les allusions de Lorenzo. Il renifle la
séduction dans l’air. Il s’avance et passe devant Janet qui
est en train de renvoyer son sourire à Lorenzo.
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– Depuis plus de quinze ans.
– Avez-vous vu l’agresseur ?
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– Dan, je vais prendre le relais.
– Je vais me gêner.
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Dan part sur un coup de tête laissant sa collègue seule
avec Lorenzo. Cependant, il ne claque pas la porte en
sortant. Il la laisse grande ouverte.
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– Je suis profondément navrée pour vous, dit
Janet l’air confuse.
61
– Merci pour votre coopération. Je pense que je
vais vous laisser. Si jamais certains éléments vous
reviennent en tête, n’hésitez pas à me contacter. Janet lui
tend sa carte de visite.
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– J’allais le dire, ajoute Dan.
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CHAPITRE IV
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chatoyante que celle d’un félin. Soudain, son téléphone
se met à vibrer. Elle enfonce sa main dans sa poche le
sort délicatement. Elle ôte ses lunettes de soleil pour
considérer avec plus de netteté le nom qui s’affiche sur
l’écran. Elle semble surprise mais ne laisse pas son
collègue le remarquer.
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– Bonjour, Miss Elech ! Répond une voix
d’homme de l’autre côté du fil. J’espère que je ne vous
ai pas dérangée pendant un moment critique.
– Loin de là Patron.
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– Vous étiez proches de Ronaldo De Domini, je
suppose ?
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– Il y a-t-il autre chose que vous ne me dites pas ?
Vous insistez particulièrement sur le conflit d’intérêts,
d’où ma question.
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de mon vieil ami entre ses descendants ingrats et
insouciants.
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– Ronaldo est passé à mon bureau récemment.
Si mes souvenirs sont justes, nous avons eu une
entrevue le lundi dernier. Il avait l’air inquiet. Je lui ai
posé plusieurs questions, mais il n’a pas daigné
m’éclairer davantage sur l’objet de son trouble.
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– A bientôt Patron.
– C’était le Patron.
– C’est cela.
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– J’ai un creux très profond à l’estomac. Tu veux
qu’on aille manger ?
– Et pourquoi cela ?
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Une fois qu’ils atteignent le manoir, Dan gare à
nouveau son beau carrosse dans le vaste parking. Sa
voiture fait tâche à côté de celles des enfants De
Domini. Bugatti, Audi, Maserati et Laguna se côtoient
amoureusement dans cet espace. Les gros calibres de
l’industrie automobile semblent avoir trouvé des clients
attachants. Au nombre de quinze, en les voyant on se dit
clairement que le garage souterrain doit en contenir une
bonne vingtaine.
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blanche, un homme armé de son épée assis sur un cheval
sur le pied de guerre.
74
– Ah oui, j’avais complètement oublié que c’est
aux environs de trois heures du matin de ce jeudi que
nous sommes arrivés.
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l’annonce de la mort de leur patron, les hommes et
femmes de maison des De Domini continuent de
remplir leurs fonctions. Et ce, avec le plus grand
dévouement.
– Tout à fait.
– C’est…
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Janet ne répond pas tout de suite. Elle ôte ses paires de
lunettes noires et se met à examiner avec une attention
soutenue les pas sur le tapis.
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C’est comme s’il serrait capable de m’absorber et me
garder dans un monde monstrueux. Rien que d’en
parler, j’en ai des frissons.
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C’est tout pareil. Janet se penche un peu plus sur le
miroir. Elle s’empresse de mettre des gants. Elle glisse
son doigt ganté sur la surface de l’objet.
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– Ô misère ! Je perds pied.
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rentrées au petit matin, car la Dame qui veille sur leur
sœur s’est engagée à prendre le relais.
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il s’agit. Son regard est livide. Dan, commençant à
fatiguer, permet à la jeune demoiselle de se retirer.
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respect, ça peut rendre fou. Mais n’allez pas croire que
j’étais en colère au point de leur tirer dessus. C’étaient
quand-même mes parents.
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– Je le suis, mais au-dedans de moi. Je prierai
pour que son âme repose en paix.
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pour aider les hommes à bâtir des édifices et aplanir les
montagnes. Ce qui pose le problème dans ce monde, ce
ne sont pas les armes, elles n’ont aucune volonté propre.
Ce sont plutôt les hommes qui les tiennent qui
constituent le vrai danger.
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– C’est clair, pour moi. Cette fille est un monstre
sans cœur. Je l’imagine bien entrain de cribler de balles
son père. On peut détester un parent, mais une mort
aussi violente ça émeut au minimum.
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CHAPITRE V
– Si tu le dis…
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– Je dirai… à toi, articule avec minutie Dan.
– Je le souhaite aussi.
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– Tu réussis toujours à démasquer le coupable.
Je ne suis pas inquiet. Tu auras certainement une
solution très vite.
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– Mais revenons-en aux faits, ajoute Janet. Les
indices que nous avons relevés hier indiquaient deux
directions. Tout tend à prouver que le meurtrier s’est
probablement échappé par la porte-fenêtre. La tondeuse
à gazon… Les traces ont dû disparaître.
– Je le pense aussi.
– L’ont-ils appréhendé ?
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Mais ils ont pu me donner une description sommaire de
l’individu. Il n’était pas très grand. Il faisait dans le mètre
soixante-neuf. J’oubliais, il avait des lunettes de soleil et
les cheveux courts.
– Que dis-tu ?
91
– La vérité est ailleurs, mon très cher. Le
jardinier, prétendu tueur des De Domini, n’est pas entré
dans la maison. Il y vit déjà.
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se laissent guider par les traces et prennent des couloirs
inquiétants du labyrinthe de fleurs. Dan est anxieux car
il ne maitrise pas le chemin qui peut les mener à la sortie.
Il essaie tant bien que mal de retenir chaque détour qu’ils
empruntent, à gauche, à droite. A un moment, il perd
ses repères, son cerveau le lâche dans un moment
d’inattention. Un papillon passe sous ses yeux. Quelques
secondes à admirer le papillon monarque suffisent à
corrompre les données qu’il a accumulées pour espérer
quitter le labyrinthe. Il continue avec Janet d’avancer
jusqu’à ce qu’ils rencontrent un obstacle. Il est tout
peinard et n’ose pas dire à sa collègue son grave oubli.
Les traces de pas disparaissent alors qu’en face il y a un
mur épais de roses épineuses haut de deux mètres.
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– Attends Dan. Il y a un problème.
– Lequel ?
94
– Où veux-tu en venir ? Je ne comprends pas ce
que tu veux me dire.
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– Les balles sont tirées depuis un point en
hauteur. Le toit de la bâtisse. C’est le seul endroit d’où
on peut voir tout ce qui se trouve à l’intérieur du
domaine.
– Comment le sais-tu ?
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– Calme-toi. On a certainement affaire à un
tireur d’élite. Tu auras à peine le temps de viser qu’il
enverra balader ton cerveau sur les violettes. Dan se
ravise et se courbe pour essayer d’éviter les balles qui
pleuvent.
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Six minutes d’après, les tirs s’estompent. Plus de balles
et de sifflements inquiétants, plus de feuilles qui volent
dans tous les sens. La pression commence à
redescendre. La radio se rallume.
– Oui chef.
98
– Le jardinier nous a tendu un piège pour nous
tuer. Cela étant dit, le timing est serré si l’on prend en
compte son passage dans le jardin et son
positionnement sur le bâtiment.
99
Tu sais bien qu’avec les meurtriers tout devient plus
complexe.
100
– Les marques que nous avons suivies ne
ressemblent à aucune des traces repérées dans la
chambre des victimes. Vérifie par toi-même.
– Ah bon.
101
Les agents s’engouffrent dans le manoir et
prennent les escaliers qui les guident jusqu’au toit.
Quelques instants à scruter les graviers leur offrent ce
qu’ils désirent, Janet la première. Janet repère les traces
du sniper à l’endroit où il s’est vraisemblablement placé
pour les canarder. Elles ne sont pas très précises.
Cependant, les traits caractéristiques des chaussures
sont remarquables. De cette position, les agents
s’aperçoivent que le tireur voyait toute cette zone
jusqu’au grand portail.
102
– Puisque tu ne veux pas te donner plus de mal,
je vais tout te dire. Celui qui a abattu le couple De
Domini est aussi celui qui a tenté de nous éliminer.
103
– En effet, Miss Elech. Comme vous le savez,
elle a fait une crise d’asthme associée avec sa greffe, il lui
a fallu du repos. Elle est encore à l’hôpital. Elle sera en
meilleure forme le lundi d’après ce que les médecins ont
dit.
104
longuement décrit. Dan se dit en lui-même que la vie de
cette fille doit être difficile. Malgré toute la richesse de
ses parents, à cause de sa santé, elle était obligée de rester
dans sa chambre comme une prisonnière. Malgré le
sourire de la jeune fille sur les photos, on lit sans trop de
difficultés un mal être profond.
105
CHAPITRE VI
107
composé est placé sur une tablette. L’objet est
commandé à partir d’un bouton que tient une dame au
chevet de la jeune fille.
108
couleur laisse comprendre qu’ils sont en proie à la plus
grave des décolorations. Ses vêtements encadrent juste
ce qu’elle a de formes. Elle n’est pas grasse mais la
confusion de ses formes suppose un arrière-goût de pâte
à modeler.
109
Bénédicte rentrera le soir au manoir. Et à cet effet un
dîner se tiendra en son nom. Leur présence est sollicitée.
110
subit incessamment des opérations pour changer ses
organes. Mais vous savez comme moi qu’il y a un organe
vital qu’on ne peut pas changer.
111
– Eh bien, reprend de plus belle le médecin, j’ai
eu l’impression qu’on se donnait du mal pour abîmer
davantage sa santé. Toute la famille a connaissance des
allergies de la jeune fille. Ce qui fait qu’il est
presqu’impossible de savoir qui lui fait ces mauvais
coups.
112
effectivement des dettes de jeu. Des mouvements
bancaires indiquent qu’ils recevaient de l’argent chaque
fois qu’ils quittaient le manoir des De Domini. Je peux
te dire que ce sont des sommes colossales. Mais
actuellement, leurs comptes sont quasiment vides et ils
ont perdu la majorité de leurs biens tout récemment. Il
y a une hypothèque qui a été mise sur leur maison.
Quant à Clémencia, le couvant que j’ai contacté m’a
affirmé avoir reçu une lettre manuscrite signée de son
père Ronaldo De Domini. Cette lettre autorise sans
concession sa fille à se présenter comme aspirante.
Attends que je vérifie la date… Oui, la lettre date du 16
juillet.
113
– Camille a confirmé certains de mes soupçons.
– Exactement.
114
Le soir, Dan et Janet se rendent au dîner des De
Domini comme prévu. Toute la famille se retrouve
autour de la grande table de cérémonie. Vins et
champagnes sont au rendez-vous. Toutes sortes de
volailles ont séjourné dans le four ou sur le gril pour
offrir des odeurs succulentes aux narines des convives.
Les lustres aux motifs les plus saisissants sont sortis
pour fêter l’évènement. L’aîné de la famille De Domini,
Mauricio préside le dîner en l’honneur d un retour de sa
sœur Bénédicte. Sa présence plonge la maison dans une
bonne humeur, approximative. Mauricio se lève et
prend la parole.
115
– Quelle idiote ! Je ne me suis pas présentée. Je
suis Angelina, cousine des De Domini.
116
ils savaient le faire, mon oncle et sa femme ont fini par
se mettre d’accord.
– Je vois.
117
– Qu’est-ce qu’elle a ? Demande son frère. Ilda
saisît l’assiette de Bénédicte et la renifle.
118
paraître fragile à leurs yeux. Pourtant, il est évident que
sa vie a été menacée.
– Tu m’étonneras toujours.
119
EPILOGUE
121
personne qui a une parfaite connaissance de
l’agencement des pièces du manoir des De Domini, du
vôtre.
122
– C’est exact Miss Elech. Comment l’avez-vous
su ?
123
Dan, une fois de plus, vient de parler à voix haute. Janet
lui lance un regard de reproche et il ravale ses derniers
mots.
124
L’émoi s’empare de la salle. Les individus se jettent des
regards interrogateurs comme pour lire sur les visages
de n’importe qui, un brin de culpabilité.
125
Janet la connait que trop bien. Les gens de leur pays ont
la réputation ne jamais laisser paraître leurs émotions.
126
– COMMENT OSEZ-VOUS PORTER DE
TELLES ACCUSATIONS CONTRE MA SŒUR ? Le
frère de Bénédicte s’enflamme.
127
– Veuillez me pardonner, M. Hubert.
128
dans sa chambre sous d’épais draps pour faire croire
qu’elle est à l’agonie. Son ton et son attitude fragiles ont
failli nous perdre. Votre sœur a toujours rêvé de vivre
sous le soleil de l’Australie, je l’ai compris en voyant les
nombreux posters des plages australiennes plaqués sur
les murs de sa chambre. Mais comme on le dit, que vaut
un rêve si on est seul à le vivre, sinon la folie. Tout cela
pour dire que votre sœur a un amoureux. C’est ce
dernier qui l’a aidée à accomplir son plan machiavélique.
C’est cet amant qui a tué Ronaldo et Rebecca. C’est aussi
lui qui nous asséner de balles mon collègue et moi
dans le labyrinthe de fleurs. Le tireur a reçu pour
instruction de tuer le Patron de la police de Tooth
Mountain car c’est lui qui est en charge de la succession.
Il s’est trompé à cause de mes vêtements qu’il a
confondus avec ceux que portent habituellement le
Patron. Si le Patron avait été tué, la succession passerait
par un autre notaire que vraisemblablement Bénédicte
aurait acheté.
129
– Pour en revenir à l’évènement du jardin.
M. Mauricio, c’est votre sœur qui s’est avancée dans le
labyrinthe pour nous piéger, mon collègue et moi. Elle
est dans une chaise roulante mais elle n’a pas pour autant
perdu l’usage de ses jambes. Elle connait ce lieu aussi
bien que vous. Maintenant vous savez le pourquoi.
Alors qui l’a aidé et comment ?
130
Ronaldo avec des cartouches prises chez les Frakel.
Vous avez ensuite quitté la chambre par l’endroit par
lequel vous êtes arrivés. Mais Bénédicte était cachée
dans le miroir. Elle est sortie pour vérifier que les deux
parents étaient bien morts. Vous avez pris son pouls et
vous avez compris, ajoute Janet en s’approchant de la
demoiselle.
131
Papa nous a toujours tout imposé. De nos études à nos
conduites de vie et même nos amitiés. Il contrôlait tout
et c’est à peine si on pouvait profiter de son argent en
contrepartie de son courroux. Je nous ai tous libérés
d’un gourou infâme. Et sa femme… Mama ne s’est
jamais opposée à son avis. Elle me débecte encore celle-
là. Une femme trop faible pour exister par ses propres
moyens.
132
vous avait mise sur l’affaire, j’ai compris que tout était
joué d’avance.
133
deux se livrent à un baiser langoureux et passionné. Ils
semblent seuls au monde, emportés dans une rêverie
sans pareille. Les policiers viennent les séparer avec
toute la boule au ventre. C’est là que Bénédicte rompt le
silence.
– Je t’aime Lorenzo.
134
En somme, toutes les preuves médico-légales et
les différents indices récoltés sur le tas ne laissent aucun
doute. Ils vont moisir en prison. Mauricio ainsi que ses
frères et sœurs sont grandement affectés par la tournure
qu’ont pris les évènements. Pourtant, le grand frère ne
compte pas s’opposer aux déductions de l’agent Elech.
Il demeure longtemps dans le plus grand émoi.
135
Janet Elech et Dan Grecis quittent Jonatany
satisfaits mais aussi tristes du dénouement de l’enquête.
Dans le véhicule, Dan semble tourner en boucle des
idées dans sa tête. Janet s’en rend compte mais ne lui
pose aucune question. A bout de patience, Dan se lance.
– Où veux-tu en venir ?
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tires pas dans le poumon droit. Je crois qu’il a fait exprès
de mal placer son premier tir.
– Tu crois ?
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Miss Elech,
Mister.
138
Janet est toujours à l’entrée de son immeuble.
Elle est intérieurement perturbée par la lettre qu’elle
vient de lire. Elle se souvient du fameux individu qui
l’avait accostée lors de sa dernière enquête au Château
Bleu de Great City. La signature de la lettre ne fait aucun
doute, il s’agit bien de Mister. Soudain, elle froisse le
papier qu’elle tient dans ses mains. Elle tourne les talons
et se dirige vers la porte d’entrée de son immeuble. Elle
entrouvre les lèvres pour parler dans l’interphone quant
au même moment, elle entend un véhicule qui approche.
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Du même auteur
Roman
Recueils de poèmes
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LES VERTIGES DU CŒUR, Al. O’WOLF, 09 août
2021
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