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MNE – Histologie de l’axe hypothalamo-hypophysaire – P-P.

BRINGUIER

Histologie de l’axe hypothalamo-hypophysaire


I) Généralités

1) Rappels anatomiques
L’hypothalamus est la partie ventrale (plancher) du diencéphale. Au niveau de l’éminence médiane, il est
en continuité avec la neurohypophyse. C’est une structure nerveuse, originaire du tube neural.

L’hypophyse (situé dans la selle turcique) peut


être séparée en neurohypophyse (postérieur), qui est
une expansion nerveuse du diencéphale, et
adénohypophyse (antérieur) qui se compose de tissu
sécrétoire glandulaire épithélial.

La neurohypophyse (structure nerveuse) qui


comprend :
● L’éminence médiane (ou infundibulum)
● La tige hypophysaire (ou pituitaire).
● La posthypophyse (ou lobe postérieur).

L’adénohypophyse (structure glandulaire épithéliale)


comprend :
● Le lobe tubéral (au niveau de la tige pituitaire)
● Le lobe intermédiaire ou lobe moyen qui est peu développé chez l’Homme.
● Le lobe antérieur.

2) Développement
Les deux parties de l’hypophyse diffèrent par leur origine embryologique :

- La neurohypophyse est d’origine neurectodermique et se développe comme un diverticule du plancher de la


vésicule diencéphalique. Elle est en continuité embryologique avec l’hypothalamus.

- L’adénohypophyse se développe à partir d’un diverticule creux ectodermique du plafond du stomodeum


(bouche embryonnaire). Ce diverticule se referme sur lui-même pour donner la poche de Rathke qui migre
vers le diencéphale pour s’accoler à la neurohypophyse en formation et qui s’isole de son épithélium d’origine.

Neurohypophyse → neurectodermique ; Adénohypophyse → ectodermique ♥♥

Le feuillet antérieur de la poche de Rathke prolifère pour donner principalement le lobe antérieur. Le feuillet
postérieur (accolé à la posthypophyse) est le siège d’une activité mitotique limitée chez l’Homme et évolue vers
un lobe intermédiaire peu développé.
On retrouve aussi des petits kystes au niveau de l’adénohypophyse qui sont des ouvertures sur la lumière
des restes embryologiques de la poche de Rathke (trait sur le schéma qui sépare le lobe intermédiaire du lobe
antérieur).

3) Vascularisation
Les artères hypophysaires supérieures forment un système porte ♥. Le premier réseau capillaire se
trouve dans la tige hypophysaire (ou pituitaire). Les vaisseaux portes cheminent ensuite dans le lobe tubéral, en
direction de l’adénohypophyse où ils forment le deuxième réseau capillaire avec le système veineux.
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Les artères hypophysaires inférieures irriguent la partie postérieure de l’hypophyse ♥, la


neurohypophyse. Elles forment un système classique, drainé lui aussi par un système veineux.

La vascularisation entre l’adénohypophyse et la neurohypophyse est donc différente. Elle est


extrêmement dense, comme dans toutes les glandes. Les capillaires sont fenêtrés, ce qui permet le passage des
hormones, il n’y a pas de barrière hémato-encéphalique.

4) Fonctionnement général
D’un point de vue fonctionnel, l’axe hypothalamo-hypophysaire peut être divisé en deux ensembles.

L’un, responsable de la sécrétion de vasopressine et d’ocytocine, est constitué par les noyaux
magnocellulaires vers la neurohypophyse. Ces hormones sont produites au niveau de l’hypothalamus, transitent
à travers les axones constituant la neurohypophyse et seront déversées dans les capillaires de la loge postérieure.

L’autre est constitué par l’adénohypophyse dont les sécrétions sont régulées par les noyaux
parvicellulaires (on parle aussi d’aire hypophysiotrope) de l’hypothalamus dont les produits de contrôle sont
sécrétés au niveau du premier réseau capillaire, puis libérées au niveau du deuxième réseau capillaire ♥ du
système porte hypophysaire, pour réguler le fonctionnement de l’adénohypophyse.
L’adénohypophyse est donc vascularisée par le deuxième réseau capillaire du système porte hypophysaire.

♥♥♥
Posthypophyse : ADH + ocytocine (capillaires de l’artère hypophysaire inf.)
Antéhypophyse : cellules endocrines (GH, prolactine, ACTH, FSH, LH, TSH…) (2eme réseau capillaire)

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II) Noyaux magnocellulaires et posthypophyse

1) Structure
Les noyaux magnocellulaires (formés de grandes cellules) sont les noyaux supra-optiques et para
ventriculaires situés dans l’hypothalamus et ont des prolongements (axones) vers la posthypophyse. Leurs
neurones ont de gros corps cellulaire et synthétisent soit de l’ocytocine, soit de la vasopressine (ADH). Ces
hormones se trouvent dans des granules de sécrétion♥

Les axones transitent par l’éminence médiane et la tige hypophysaire jusqu’au lobe postérieur de
l’hypophyse près des capillaires sanguins où sont libérées les hormones (action au niveau du premier réseau
capillaire du système porte hypophysaire).
Ce lobe est constitué des axones des noyaux magnocellulaires et de cellules gliales appelées pituicytes♥
(cellules de soutien sans rôle endocrine) qui se situent entre les axones et de nombreux capillaires fenestrés.

Les axones se terminent au niveau d’un riche réseau de capillaires fenestrés (pas de barrière hémato-
encéphalique à ce niveau) au niveau de la posthypophyse. Les vésicules peuvent s’accumuler à ce niveau et
forment les corps de Herring ♥ (ils correspondent à la terminaison nerveuse de l’axone) (contiennent de
l’ocytocine ou de la vasopressine) : l’axone est dilaté et renferme des vésicules de sécrétion. Ils ne forment pas de
synapse, c’est une libération endocrine. Comme il n’y a pas de barrière hémato-encéphalique, les sécrétions vont
directement dans la circulation générale.

2) Fonctionnement
La vasopressine ou ADH (9 aa) provoque la réabsorption d’eau par les tubes collecteurs du rein et les
tubes contournés distaux (récepteurs V2) et la contraction des vaisseaux sanguins (récepteurs V1 dans la média
des vaisseaux). Elle augmente la volémie en réabsorbant l’eau, et dilue le contenant des vaisseaux et permet donc
de remonter la pression artérielle.
Sa sécrétion est stimulée dans 2 situations :
- Quand l’osmolarité du plasma augmente (stimulation noyaux supra-optique et paraventriculaire + afférences
d’autres zones de l’hypothalamus)
- Quand la pression sanguine baisse (lorsque la PA augmente, il y a inhibition de la sécrétion par stimulation
des barorécepteurs carotidiens donc une baisse de la PA entraine une baisse de cette inhibition).

(Non-traité mais présent sur le fichier Word du prof) : Le défaut de sécrétion d’ADH (lors de pathologies de
la post-hypophyse notamment) entraîne un diabète insipide : le patient boit et urine beaucoup, l’urine ne contient
pas de sucres. Il peut être d’origine centrale (niveau de l’axe HH) ou périphérique (au niveau du rein). La principale
cause est une destruction de l’hypophyse par des adénomes. Il peut y avoir une cause génétique par anomalie des
récepteurs du rein par exemple.

L’ocytocine (9 aa) provoque des contractions utérines du myomètre et l’éjection du lait. Sa sécrétion est
contrôlée par un réflexe (voie nerveuse) dont le point de départ est une distension du col utérin (accouchement)
ou une succion du mamelon (éjection du lait par les cellules myoépithéliales - allaitement). Elle agirait aussi au
moment des rapports sexuels (orgasme) chez les deux sexes par le même mécanisme réflexe.

(Question en amphi : les deux noyaux produisent les deux substances).

III) Noyaux parvicellulaires et adénohypophyse


1) Structure de l’adénohypophyse

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Les cellules parvicellulaires de l’hypothalamus vont sécréter des hormones au niveau du premier réseau
capillaire du système porte hypophysaire. Ces hormones iront donc jusqu’à l’adénohypophyse pour y réguler ses
productions hormonales qui elles seront sécrétées au niveau du deuxième réseau capillaire.
L’adénohypophyse est formée d’amas (ou cordons) de cellules sécrétrices épithéliales entourés par une
basale. Entre ces amas, on trouve de nombreux capillaires fenêtrés (ceux du 2e réseau capillaire du système porte).

On distingue 5 types de cellules sécrétrices et des cellules folliculo-stellaires, non sécrétrices, On met en
évidence cette hétérogénéité morphologique en HES, ou par un tétrachrome d’Herlant. On la voit aussi en ME :
les vésicules de sécrétion ont des tailles et des formes différentes. Actuellement, on utilise l’immunohistochimie
avec des Ac spécifiques de l’hormone recherchée pour mettre en évidence les cellules sécrétrices associées.
Cette hétérogénéité correspond aussi à une hétérogénéité fonctionnelle : les différents types cellulaires
sont spécialisés dans la sécrétion d’une hormone (ou 2 pour les cellules gonadotropes)

On a récemment mis en évidence des cellules souches ou progéniteurs qui permettraient non seulement
le renouvellement des cellules mais aussi une certaine plasticité de la glande (changement de type cellulaire lors
de puberté, grossesse). Elles sont nombreuses au niveau des restes de la poche de Rathke (qui sont sous forme de
petits kystes).

Les différents types de cellules ne sont pas organisées au hasard : on pense que les cellules d’un même
type sont en contact les unes avec les autres par des jonctions communicantes, ce qui permet d’adapter le
fonctionnement et la sécrétion de chaque hormone.

1 type cellulaire = 1 type d’hormone (sauf cellules gonadotropes : FSH+LH)

a. Cellules somatotropes

Elles sécrètent l’hormone de croissance ♥ ou hormone somatotrope (car elle a un tropisme pour le corps
« soma »), la GH (= Growth Hormone) est un polypeptide qui présente une spécificité zoologique assez stricte :
seule la GH humaine peut être utilisée pour les traitements substitutifs sinon il y a un risque de contamination par
un agent pathogène (Scandale de l’hormone de croissance avec la transmission de la maladie à prions de Creutzfeld
Jacob car elle était extraite d’hypophyses humaines. Aujourd’hui elles sont produites par génie génétique).
NB : un prion est une protéine à 2 conformations, avec une conformation physiologique et une
pathologique (qui a des zones hydrophobes exposées à l’extérieur provoquant un phénomène d’agrégation). La
conformation pathologique catalyse la transformation des protéines physiologiques en pathologiques.

Elle agit en stimulant la croissance par l’intermédiaire de facteurs de croissances qui sont les IGF (Insuline
Like Growth Factor) = somatomédines (car elle « médie » l’effet sur le « soma », le corps).

Contrôle de la sécrétion : inhibition par la somatostatine et activation par le G(H)RF ou G(H)RH (Growth Releasing
Factor/ Hormone) d’origine hypothalamique.

b. Cellules à prolactine (lactotropes)

La prolactine est une protéine qui stimule le développement et la différenciation de la glande mammaire
(pendant la puberté et la grossesse) et la synthèse des constituants du lait (à partir de l’accouchement).

Contrôle de la sécrétion : principalement inhibition par la dopamine (également un neuromédiateur) = PIF


(Prolactine Inhibiting Factor) et activation par l’intermédiaire de PRF (Prolactine Releasing Factor) de façon
physiologiquement négligeable par rapport à l’inhibition par le PIF. En cas de synthèse inappropriée de prolactine,
on peut utiliser des analogues de la dopamine pour diminuer sa sécrétion.

c. Cellules à POMC ou cellules corticotropes

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Situées dans le lobe antérieur et intermédiaire, elles synthétisent un peptide assez long, la
proopiomélanocortine (POMC), qui est le précurseur de différents peptides à activité hormonale. “Pro” car la
molécule commence par un signal peptide. En fonction du clivage, il va y avoir formation de molécules
d’endorphine ou d’ACTH. Le clivage de la POMC est différent entre le lobe antérieur et intermédiaire du fait de la
différence de protéases entre ces deux lobes.
Dans les cellules du lobe antérieur la POMC est clivée pour former de manière prépondérante :

- De l’ACTH (Adreno-CorticoTropic Hormone), aussi appelée corticotropine qui stimule la sécrétion de


glucocorticoïdes (cortisol) par l’intermédiaire de la glande corticosurrénale (d’où la dénomination des cellules
du lobe antérieur comme « corticotrope »). Elle stimule aussi la sécrétion d’androgènes en moindre quantité.
- De la β-lipotropine qui stimule la lipolyse seulement à dose pharmacologique.

- De la bêta-endorphine (un opioïde endogène) qui peut se fixer sur les mêmes récepteurs que la morphine.
Au niveau nerveux, ces endorphines ont un rôle dans le contrôle de la douleur. Au niveau périphérique, leur
rôle est mal connu.

Contrôle de la sécrétion : la sécrétion d’ACTH est stimulée par le CRF (= corticolibérine) d’origine hypothalamique.
(Non-dit mais présent ds le Word : Il y a un pic de sécrétion de CRF donc d’ACTH et de cortisol le matin.)

Dans les cellules du lobe intermédiaire, la POMC subit un clivage plus poussé :
- L’ACTH est clivée en MSH (Mélanocyte Stimulating Hormone). Elle agit sur les mélanocytes et augmenterait
la pigmentation cutanée. (Rôle en pathologie : maladie d’Addison (hyperpigmentation) cf cours sur les
surrénales)
- De la bêta-endorphine (produite de manière beaucoup plus importante que dans le lobe antérieur), dont on
ignore le rôle au niveau périphérique.
- Des lipotropines

d. Cellules gonadotropes
Elles ont la particularité de synthétiser 2 hormones relativement proches.
Elles sécrètent deux types d’hormones la LH et la FSH (gonadotropines), qui sont des glycoprotéines
formées de deux chaînes. La chaîne α est commune aux deux hormones, tandis que la sous unité β est spécifique
de la FSH. Elles agissent sur les gonades (gonadotrope).

- Chez le mâle :
● La LH stimule les cellules interstitielles sécrétrices de testostérone (cellules de Leydig)
● La FSH agit sur le tube séminifère (cellules de Sertoli) pour stimuler la production de spermatozoïdes.
- Chez la femelle :
● La LH (Luteinizing Hormone) provoque l’ovulation (en synergie avec FSH) et la transformation du
follicule en corps jaune qui va sécréter de la progestérone
● La FSH (Folliculo Stimulating Hormone) stimule la production d’œstrogènes et la croissance
folliculaire.
Contrôle de la sécrétion : elle est stimulée par le GnRH (Gonadotropine Releasing Hormon) hypothalamique (=
gonadolibérine).

e. Les cellules thyréotropes


Elles sécrètent la TSH (Thyréo Stimulating Hormon = thyréotropine), glycoprotéine formée de deux
chaînes alpha et beta qui stimule la sécrétion d’hormones thyroïdiennes, par la glande thyroïde.

Contrôle de la sécrétion : stimulé par un tri-peptide hypothalamique, le TRH ou TRF (Thyreotropine Releasing
Hormone/Factor).

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TABLEAU DE SYNTHESE : ♥♥♥


Ce sont toutes des hormones polypeptidiques sauf le PIF.
Hormones GH ACTH LH / FSH TSH
Prolactine
hypophysaires (somatotropine) (corticotropine) (Gonadotropines) (thyrotropine)
INHIBITION : PIF
Somatostatine
Statine – IF - IH (dopamine)
ACTIVATION : PRF (effet Corticolibérine Gonadolibérine
GRF TRF/TRH
Libérine - RF - RH négligeable) CRF GnRH
2) Contrôle des sécrétions de l’adénohypophyse
a. Contrôle hypothalamique

Certains stimulent une sécrétion, ce sont les libérines ou « Releasing Factors » (dénomination -RF).
D’autres inhibent une sécrétion, ce sont des statines ou « Inhibiting Factors » (dénomination -IF).

b. Rétrocontrôles

On distingue deux types de rétrocontrôle :


- Les hormones hypophysaires inhibent la production de leur
releasing factor (hormone hypothalamique), c’est le
rétrocontrôle court.
- D’autre part, les hormones hypophysaires contrôlent souvent la
sécrétion d’hormones secondaires périphériques par d’autres
glandes. Ces sécrétions exercent aussi un rétrocontrôle à la fois
sur l’hypothalamus et l’hypophyse, c’est le rétrocontrôle long.
On peut prendre pour exemple la testostérone qui a un
rétrocontrôle négatif sur la GnRH

3) Les adénomes hypophysaires


L’adénome hypophysaire (adenos = glande, donc adénome = tumeur de glande ou de tissu sécrétant) est
la principale pathologie hypophysaire, c’est une tumeur bégnine (peut parfois être invasif -> adénocarcinome),
c’est une prolifération clonale c‘est-à-dire d’un seul type cellulaire. Ils peuvent concerner tous les types cellulaires
de l’antéhypophyse et ne font pas de métastases.

On classe les adénomes selon les cellules d’origine et la sécrétion éventuellement maintenue (on parlera par
exemple d’adénomes lactotropes, gonadotropes, …)

Ils peuvent être sécrétants et donnent alors des signes endocriniens variables en fonction du type
cellulaire concerné : adénome corticotrope → hypersécrétion ACTH → hypersécrétion de cortisol (Syndrome de
Cushing), stérilité (Prolactinome), gigantisme ou acromégalie (GH). Ils ont une symptomatologie
hormonale/endocrinienne.

Ils peuvent ne pas être sécrétant mais compressant. Ils peuvent alors compresser le contenu de la selle
turcique : les autres types de cellules glandulaires et sécrétrices sont comprimées et donc sécrètent moins leurs
hormones (=hypopituitarisme). Si l’adénome est assez gros pour sortir de la selle turcique, il y aura une possible
compression du chiasma optique (engendrant des troubles oculaires). Ces adénomes ont alors une
symptomatologie neurologique et/ou endocrinienne. Le traitement est principalement chirurgical par ablation de
la tumeur.

Les adénomes peuvent se développer chez des patients présentant une prédisposition génétique. Il est
donc intéressant d’interroger le patient sur de potentiels antécédents familiaux.

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Histologie de l’épiphyse (ou glande pinéale)

I) Structure

C’est une évagination/excroissance conique (en forme de pomme de pin) constituée de tissu nerveux (d’où le
terme « Pinéal ») de l’extrémité postérieure du toit du diencéphale. Elle est constituée de tissu nerveux modifié
et elle est recouverte par les méninges (pie-mère et arachnoïde). La capsule conjonctive envoie des travées de tissu
conjonctif vers le centre de l’organe, qui séparent des lobules glandulaires. Ces lobules conjonctifs sont des amas
de cellules d’origine nerveuse, par le tube neural qui fait une évagination.

Ces lobules sont principalement formés de deux populations cellulaires :


- Les cellules interstitielles, qui sont des cellules gliales modifiées
- Les cellules glandulaires ou pinéalocytes, qui sont des cellules sécrétrices.

Les pinéalocytes seraient des neurones


modifiés, semblables aux neurones de la rétine mais
présentant un cil extrêmement modifié. Ces cellules
dérivent probablement de précurseurs neuronaux. Elles
présentent des prolongements courts qui se terminent
au contact des vaisseaux. Ces prolongements sont riches
en vésicules membranaires renfermant de la sérotonine
(précurseur de l’hormone mélatonine qui dérive du
tryptophane et qui n’est pas produit par l’épiphyse elle-
même). Cette sérotonine ne sera cependant pas libérée
directement au niveau de l’axone mais transformée par
deux enzymes en une seconde molécule, la mélatonine,
qui sera libérée facilement par passage direct à travers la
membrane (pas d’exocytose).

On trouve souvent des concrétions calciques de manière totalement physiologique (désigné comme
« le sable pinéal ») au niveau de l’épiphyse visibles non seulement en histologie mais aussi sur des clichés
radiologiques (point de repère).
Les pinéalocytes sont variables en fonction de l’espèce à laquelle on s’intéresse. Chez les vertébrés
inférieurs, les pinéalocytes ressemblent aux cellules photoréceptrices d’où le nom d’œil pinéal. Ces dernières
possèdent un cil renfermant des disques membranaires où un photorécepteur s’isomérise selon la luminosité
et permet l’envoi d’un PA.
Le cil s’atrophie au cours de l’évolution pour donner un petit résidu chez l’homme. La régulation se
fait donc indirectement par l’éclairement. Les capillaires sont fenêtrés.

II) Fonction
1) Synthèse de mélatonine
La synthèse de mélatonine se fait uniquement à l’obscurité. Le contrôle chez les vertébrés inférieurs
se fait directement par l’éclairement alors que pour les vertébrés supérieurs le contrôle se fait par les
photorécepteurs oculaires et des connections synaptiques qui vont permettre de stimuler la noradrénaline
qui stimule la synthèse de mélatonine. Elle se fait donc indirectement par l’éclairement.

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Les pinéalocytes synthétisent la mélatonine, qui dérive de la sérotonine (dérivée elle-même du


Tryptophane). La conversion de la sérotonine et donc la libération de mélatonine dépend du rythme
nycthéméral (jour/nuit).
Elle se fait surtout la nuit car elle est stimulée par la noradrénaline libérée par les terminaisons Sympathiques et
la noradrénaline favorise la synthèse et libération de la mélatonine.

2) Rôle physiologique de l’épiphyse


Le rôle physiologique de l’épiphyse n’est pas encore clairement compris.
La mélatonine va permettre la synchronisation de notre rythme biologique au rythme “cosmique” (des
planètes). Elle jouerait un rôle dans la synchronisation des rythmes nycthéméraux, correspondant à
l’alternance jour/nuit. Elle a aussi une action anti-gonadotrope. Chez les animaux elle régule l’activité
sexuelle saisonnière.
NB : Spontanément on aurait un rythme un peu plus long que 24h qui nous décalerait sans la sécrétion de
mélatonine.

Chez les vertébrés inférieurs, elle contrôle la répartition des mélanosomes dans les mélanocytes d’où
son nom : quand il y éclairement, les mélanosomes se regroupent autour du noyau, l’animal apparaît clair,
inversement sans éclairement. Exemple : le caméléon. (Pas de qcm sur ça)

D’un point de vue pharmacologique, on utilise la mélatonine (et certains de ses agonistes) dans les
Troubles du sommeil, et pour les patients souffrant de décalage horaire.
A côté de cette action hormonale, la mélatonine est l’anti-oxydant le pus puissance que l’on
connaisse. Par ses propriétés anti-oxydants très puissantes, la mélatonine pourrait aussi jouer un rôle
protecteur vis-à-vis du développement de certains cancers et de certaines pathologies liées au
développement. Sans qu’un lien de cause à effet soit établi, on remarque que le travail de nuit augmente le
risque de cancers.

De plus, certaines études ont démontré la présence d’une corrélation entre le fait de travailler la nuit
et le rythme d’apparition des cancers. Ceci montre bien que la mélatonine joue un rôle important dans la
protection contre certains cancers via son effet anti-oxydant.

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Histologie du pancréas

I) Structure
Les ilots de Langerhans sont des groupes de cellules endocrines dispersés dans le tissu exocrine du
pancréas. Ils sont simplement séparés des acini par une fine couche de tissu conjonctif (comme les lobules
du tissu pancréatique exocrine).
On compte environ un million d’îlots. Leur répartition n’est pas homogène : leur densité est plus
importante au niveau de la queue du pancréas qu’au niveau de la tête. Ils sont formés d’amas de cellules
épithéliales endocrines limités par une basale, sans polarité ; entre les amas se trouvent des capillaires
fenêtrés (ils permettent le passage des hormones depuis les cellules vers la circulation sanguine). La
vascularisation ainsi que l’innervation sont extrêmement importantes. On estime qu’un ilot de Langerhans
reçoit 10 fois plus de sang par rapport à la moyenne du sang dans tous les organes.

Le réseau capillaire de chaque îlot est distinct de la vascularisation du reste du pancréas : la


vascularisation de l’îlot provient d’un peloton de capillaires, elle se fait du centre vers la périphérie, et est
beaucoup plus importante que pour le reste du pancréas.
En histologie, on peut voir cette vascularisation propre des îlots en faisant une immunofluorescence,
ou un moulage (plus démonstratif).

Les cellules sont classées selon leur produit de sécrétion. Ce sont toutes des cellules épithéliales. On
distingue principalement deux types de cellules. Tant d’un point de vue quantitatif que physiologique :
• les cellules les plus importantes sont les cellules β (50-60%, plutôt en périphérie, reliées entre elles par
des jonctions GAP), sécrétrices d’insuline (seule hormone hypoglycémiante), visibles en ME et en
immunohistochimie.
• Ensuite il y a les cellules α (30-40%) sécrétrices de glucagon (hyperglycémiant).
On trouve aussi de manière moins importante des cellules delta sécrétrices de somatostatine et des cellules
sécrétant du PP (pancreatic polypeptide) ou de la ghréline (hormone orexigène). Ces hormones jouent un
rôle dans la régulation de l’appareil digestif (somatostatine, PP), du métabolisme et du comportement
notamment alimentaire (ghréline, qui stimule l’appétit).

II) Fonction
Le principal régulateur de la sécrétion d’insuline est
la glycémie (hyperglycémie → sécrétion augmentée
d’insuline). Le glucose doit être métabolisé dans la cellule β
pour agir sur la sécrétion d’insuline. La voie la mieux connue
est celle du canal potassique inhibé par l’ATP. Quand il y a
beaucoup de glucose, il y a beaucoup d’ATP, la sortie de K+ est
inhibée : on a donc une dépolarisation, ce qui provoque
l’entrée de calcium et donc l’exocytose de l’insuline.

Ce mécanisme peut être modulé par l’adrénaline ou la noradrénaline, qui inhibent la sécrétion
d’insuline. Il existe aussi des polypeptides libérés par le tube digestif : les incrétines. Elles sont synthétisées
par l’intestin au moment de l’absorption du glucose et potentialisent l’effet du glucose, c’est-à-dire qu’elles
permettent d’avoir une meilleure réponse par rapport à une hyperglycémie sans incrétines. Ainsi, on a une
meilleure réponse insulinique quand on utilise la voie orale par rapport à la parentérale (sans incrétine)
De plus, le système parasympathique peut également favoriser la sécrétion d’insuline

La sécrétion de glucagon est provoquée par l’hypoglycémie. L’hyperglycémie inhibe donc la sécrétion
de glucagon. Il y a une action directe par le glucose dont on ne connait pas le mécanisme précis. Il y a aussi une
inhibition paracrine : l’hyperglycémie entraine la sécrétion d’insuline qui inhibe la sécrétion du glucagon.
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III) Pathologies
On distingue deux types de diabètes sucrés : le diabète de type I et le diabète de type II.

D’un point de vue pathologique, les îlots de Langerhans sont impliqués dans le diabète de type I. Il
y a une destruction auto-immune des cellules β (elles deviennent des auto-antigènes) et inflammation des
îlots : insulite auto-immune (= infiltration de lymphocytes à la place des cellules β détruites). C’est le diabète
insulino- dépendant : le diabète du jeune.
Traitement : thérapie substitutive par injection d’insuline

Le diabète de type II (ou les diabètes de type II), le plus fréquent (90% des cas) mais très hétérogène,
associe 2 facteurs : une résistance périphérique à l’insuline des organes cibles et un dysfonctionnement des
cellules β (donc un défaut de sécrétion d’insuline). Il touche plutôt les adultes. On parle d’insulino-résistance
non compensée : les cellules répondent mal à l’insuline, il n’y a pas normalisation de la glycémie
(hyperglycémie). De plus, les cellules β n’arrivent pas à compenser ce phénomène. Le défaut primitif n’est
donc pas au niveau des îlots de Langerhans mais au niveau des cibles.

Les tumeurs des îlots de Langerhans sont rares. On parle de tumeurs endocrines du pancréas, qui
peuvent être bénignes ou malignes et qui se développent parfois chez des patients présentant une
prédisposition génétique (bien questionner le patient pour savoir s’il faut l’orienter vers un service
d’oncogénétique). Leur évolution est variable. Ces tumeurs peuvent être sécrétantes et entrainer des
troubles endocriniens, notamment des troubles de la glycémie. Elles ont un pronostic variable. Elles ne
doivent pas être confondues avec les adénocarcinomes pancréatiques, qui se développent à partir du
pancréas exocrine (de pronostic bien plus sombre car le diagnostic est tardif) et sont plus fréquents.

FGSM2 - Lyon Est Histologie de l’axe hypothalamo-hypophysaire - endocrinologie P a g e 10 |


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