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Les glandes endocrines

1. Le complexe hypothalamo-hypophysaire
1.1. Microanatomie

Le complexe hypothalamo-hypophysaire est situé à la base du cerveau. Les parois du


troisième ventricule forment l'hypothalamus (1). De sa partie inférieure, se détache la tige
pituitaire (2) qui rejoint l'hypophyse (3).

L'hypophyse est une glande ovoïde, dont la taille est comprise entre 1,2 et 1,4 cm chez
l'homme. Elle est située dans la selle turcique, petite fossette de la face supérieure du
sphénoïde, incomplètement fermée par un diaphragme méningé (4).
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Voici, en coupe sagittale, les différentes parties du complexe hypothalamo-hypophysaire. A la


partie inférieure du troisième ventricule cérébral, les parois de l'hypothalamus fusionnent pour
former l'éminence médiane (1). Celle-ci se prolonge par le tuber cinereum ou tige pituitaire
(2); son extrémité inférieure dilatée est l'hypophyse postérieure ou posthypophyse (3).

L'antéhypophyse a la forme d'un fer à cheval, elle entoure la posthypophyse. Son bord
supérieur est prolongé jusqu'à l'éminence médiane par la pars tuberalis (4). Entre les lobes
postérieur (3) et antérieur (5), se trouve le lobe médian (6).

La proximité du chiasma optique (C.O.), situé en avant et au-dessus de l'hypophyse, explique


la fréquence des troubles oculaires qui accompagnent les tumeurs hypophysaires.

Le lobe antérieur, sa pars tuberalis et le lobe médian forment l'adénohypophyse.

L'éminence médiane, la tige pituitaire et l'hypophyse postérieure forment ensemble la


neurohypophyse.
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1.2. Embryogenèse

L'origine embryonnaire du complexe hypothalamo-hypophysaire est double. L'hypothalamus


et la neurohypophyse dérivent du neurectoblaste, coloré en bleu. L'adénohypophyse provient
de l'entoblaste, coloré en rouge (1). Le diencéphale émet une évagination qui migre
caudalement dans le mésenchyme sous-jacent. En même temps, l'entoblaste stomodéal forme
une vésicule, la poche de Rathke, qui migre cranialement et s'accole à l'ébauche nerveuse
(2). Après s'être détachée de son épithélium d'origine (3), l'ébauche entoblastique forme
l'adénohypophyse. Elle entoure partiellement l'ébauche neurectoblastique, devenue la
posthypophyse (4). La paroi antérieure de la poche de Rathke forme le lobe antérieur. Sa paroi
postérieure forme le lobe médian et sa cavité persiste sous forme d'une mince fente ou de
kystes selon les espèces. Ce stade terminal est représenté en vue (5) et en coupe (6) dans ce
schéma.
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Voici, en coupe transversale oblique, une hypophyse de chien à très faible grossissement. La
partie centrale, bleue est la neurohypophyse; elle est prolongée par la tige pituitaire.
L'antéhypophyse est un fer à cheval qui entoure presque complètement la neurohypophyse.
Une mince fente persiste entre les deux parties principales. Elle est limitée du côté
neurohypophysaire par une couche épithéliale où les cellules semblent rangées régulièrement;
c'est le lobe intermédiaire.
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Dans une coupe transversale d'hypophyse humaine prélevée à l'autopsie, les dilatations
kystiques du lobe médian sont nombreuses et volumineuses, elles contiennent une substance
amorphe, plissée lors de la section de la coupe. Le tissu conjonctif y est important. Le lobe
antérieur (A) est formé de cellules groupées en amas, tandis que le lobe postérieur (P) semble
essentiellement composé de matériel fibrillaire.
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1.3. Vascularisation du complexe

La vascularisation du complexe hypothalamo-hypophysaire est hautement spécialisée et


adaptée à la régulation de l'hypophyse par l'hypothalamus. Il existe trois réseaux vasculaires
différents: un réseau hypothalamique pur (A), un réseau hypothalamo-tubéro-
antéhypophysaire (B) et un réseau post-hypophysaire (C) en relation avec le précédent.

Le réseau hypothalamique (A) vascularise l'hypothalamus. Il provient de petites artères


issues directement des branches du polygone de Willis. Ses capillaires sont drainés par des
veines qui se jettent dans le sinus caverneux.

Le réseau hypothalamo-tubéro-antéhypophysaire (B) vascularise l'éminence médiane, la


tige pituitaire et l'antéhypophyse. Il provient des artères hypophysaires supérieures (1),
collatérales des carotides ou des artères communicantes postérieures. Les artères
hypophysaires supérieures se divisent en deux branches; l'antérieure (2 ), et la postérieure (3)
qui se ramifient en un réseau capillaire très dense dans l'éminence médiane et la partie
supérieure de la tige pituitaire: le plexus primaire du système porte long (4). La branche
antérieure émet aussi l'artère trabéculaire (5) qui descend à la face antérieure de la tige
pituitaire, s'enfonce dans l'adénohypophyse et s'anastomose avec une branche de l'artère
hypophysaire inférieure (6) pour former le plexus primaire du système porte court (7) dans la
7

partie inférieure de la tige pituitaire. Le plexus primaire du système porte long est drainé par
les veines portales longues (8) qui atteignent l'antéhypophyse; les capillaires qui en
proviennent forment le plexus antéhypophysaire secondaire (9). Le plexus primaire du
système porte court (7) est drainé par les veines portales courtes (10) qui rejoignent le plexus
secondaire antéhypophysaire. Celui-ci est drainé à son tour par des veines efférentes (11) qui
se jettent dans les sinus de la dure-mère.

Le réseau post-hypophysaire (C) vascularise la neurohypophyse. Il provient de l'artère


hypophysaire inférieure (6) qui se divise en plusieurs branches pour former un réseau
capillaire dans la neurohypophyse. L'une de ses branches - nous l'avons mentionné -
s'anastomose avec l'artère trabéculaire. Les capillaires de la neurohypophyse sont drainés par
des veines efférentes (12) qui se jettent également dans les sinus de la dure-mère.

1.4. L'hypothalamus endocrine


1.4.1. Microanatomie

L'hypothalamus est limité en avant et de haut en bas par la commissure antérieure (1), la
lame terminale (2) et le chiasma optique (3). Sa limite postérieure est la fosse
interpédonculaire (4). La description complète de l'hypothalamus n'est pas du ressort de ce
cours. Nous nous limiterons à décrire l'un ou l'autre groupe cellulaire ou noyau et leurs
connexions nerveuses, directement impliqués dans le fonctionnement du système endocrinien.

Nous en avons schématiquement représenté deux: le noyau supraoptique, coloré en orange,


et le noyau paraventriculaire coloré en bleu. Chacun a des connexions et un rôle propre.

Les neurones hypothalamiques possédant une fonction endocrine peuvent être divisés en deux
systèmes.
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Le système magnocellulaire est composé de grandes cellules en relation avec la


neurohypophyse.

Le système parvocellulaire est composé de cellules plus petites, en relation avec


l'adénohypophyse.

1.4.2. Aspect histologique

Les cellules du système magnocellulaire sont localisées dans des noyaux bien définis; ce sont
les noyaux supraoptiques, situés latéralement au-dessus du chiasma optique et les noyaux
paraventriculaires, situés plus dorsalement, de chaque côté du troisième ventricule. Les
cellules sont grandes, ont un noyau volumineux et un cytoplasme intensément coloré dans
cette préparation traitée par la méthode de Gomori. Il l'est aussi par l'aldéhyde fuchsine. Ces
cellules sont neurosécrétrices: leurs produits de sécrétion sont contenus dans des grains et
associés à des protéines vectrices, les neurophysines. Ces grains sont transportés par flux
axonal le long de la tige pituitaire depuis les noyaux hypothalamiques où ils sont formés,
jusqu'à la neurohypophyse où ils sont stockés, puis sécrétés.

Ces produits de sécrétion sont l'ocytocine (OCT), liée à la neurophysine I ou A et la


vasopressine ou hormone antidiurétique (ADH) liée à la neurophysine II ou B. Par
immunofluorescence, on a montré que les noyaux supraoptiques et paraventriculaires
participent conjointement à l'élaboration des deux hormones.
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Les neurones du système parvocellulaire sont regroupés en noyaux bien définis ou disséminés
dans la partie latérale de l'hypothalamus. Ils sont petits, multipolaires ou fusiformes et
possèdent de nombreuses connexions entre eux. Leur cytoplasme n'est colorable ni par la
méthode de Gomori, ni par l'aldéhyde fuchsine. Leurs axones sont courts: la plupart se
terminent à proximité du très riche réseau vasculaire de l'éminence médiane; les autres
aboutissent à la paroi du troisième ventricule.
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Ces cellules synthétisent de nombreux petits neuropeptides dont la fonction principale est la
régulation de l'adénohypophyse. La localisation de leur production a été étudiée par
immunofluorescence. Voici à titre d'exemple, celle de la FSH-RH (follicle stimulating
hormone-releasing hormone), de la LH-RH, (luteotropic hormone-releasing hormone) et de la
TRH (thyrotropin releasing hormone). Les deux premiers neuropeptides stimulent la sécrétion
hypophysaire d'hormones gonadotropes, le troisième stimule la libération d'hormone
thyréotrope.

Les neuropeptides sont sécrétés dans les capillaires ou dans le troisième ventricule. Leur
présence dans le liquide céphalo-rachidien, leur captation par les cellules épendymaires et leur
rapide passage dans les vaisseaux sanguins ont été démontrés. Il est donc possible que le
troisième ventricule soit en quelque sorte un lieu de stockage extracellulaire.

Notons que ces neuropeptides ont été retrouvés en très petites quantités dans d'autres organes
tels que les hémisphères cérébraux, le tube digestif et même la peau; leur rôle en dehors de la
régulation hypophysaire n'est pas connu.

1.4.3. Histophysiologie

Les neuropeptides, actuellement isolés ou très probablement présents dans l'hypothalamus,


sont groupés en quatre classes. Les deux premières classes règlent l'adénohypophyse, soit en
stimulant sa sécrétion (classe 1), soit en l'inhibant (classe 2). Le rôle des deux dernières
classes est très mal connu. Certains peptides qui les composent semblent localisés uniquement
au niveau du système nerveux central (classe 3), d'autres ont également été retrouvés ailleurs
(classe 4). La somatostatine, par exemple, existe aussi dans le pancréas et la thyroïde.
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La sécrétion endocrine de l'hypothalamus est principalement réglée par inhibition en retour


(feedback) à partir de l'hypophyse ou de glandes périphériques. Elle l'est en outre par le
système monoaminergique et le système limbique.

Le système monoaminergique agit sur les systèmes magno et parvocellulaires par des
médiateurs libérés dans plusieurs régions hypothalamiques mais surtout dans l'éminence
médiane: la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine. Ces médiateurs agiraient aussi
directement sur l'hypophyse après avoir été libérés dans le système porte hypophysaire. La
sécrétion de prolactine serait ainsi inhibée par la dopamine.

Le système limbique intervient surtout sur le système parvocellulaire; cette régulation est très
mal connue.
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1.5. Hypophyse
1.5.1. Microanatomie

La neurohypophyse comprend l'éminence médiane (1), considérée par certains comme une
part de l'hypothalamus, la tige pituitaire (2) et la posthypophyse (3).

L'adénohypophyse est formée du lobe tubéral ou pars tuberalis (4), du lobe antérieur ou pars
distalis (5), le plus important en volume, et du lobe médian (6). Elle est composée de cellules
épithéliales endocrines à sécrétion protéique. Il en existe plusieurs types, répartis en
proportions inégales dans les différentes régions.
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1.5.2. Adénohypophyse

1.5.2.1. Histologie

Les cellules épithéliales des lobes antérieur et tubéral sont disposées en îlots ou en cordons
séparés par des capillaires; leur noyau est arrondi, il contient 1 à 2 nucléoles. Leur
cytoplasme est granulaire. Dans cette préparation, le cytoplasme de certaines cellules est
acidophile et donc coloré en rouge; le cytoplasme d'autres cellules est basophile et coloré en
bleu. De rares cellules de petite taille, dites chromophobes ont un cytoplasme incolore qui
apparaît comme un halo clair autour du noyau. L'une d'elles est indiquée par une flèche.

Chez l'homme, la disposition en îlots est plus marquée parce que le tissu conjonctif est plus
développé.
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Il est possible d'établir une corrélation entre l'aspect histologique habituel des cellules et la
nature de leur sécrétion. Les cellules acidophiles sécrètent soit l'hormone de croissance ou
GH, soit la prolactine. Les cellules basophiles sécrètent soit l'hormone thyréotrope ou
TSH, soit les gonadotrophines LH et FSH, soit l'hormone corticotrope ou ACTH. Le rôle
des cellules chromophobes n'est pas clair: il semble qu'elles soient, chez l'homme en tout cas,
des cellules indifférenciées ou dégranulées.

Des colorations plus spécifiques permettent de différencier les cellules à GH et à prolactine.


Ainsi, dans une coupe colorée selon la méthode tétrachromique de Herlant, les cellules à GH
sont oranges et les cellules à prolactine sont rouges; les cellules basophiles, elles, restent
bleues. Il faut cependant admettre que la distinction entre les teintes cytoplasmiques n'est pas
toujours chose aisée.

Avec l'aldéhyde fuchsine, le cytoplasme des cellules à TSH (T) est coloré en mauve tandis
que celui des cellules à gonadotrophines (G) est coloré en rouge.
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Pour localiser une hormone de façon précise dans un type cellulaire déterminé, il faut utiliser
des techniques immunologiques. Voici à titre d'exemple, la détection des cellules sécrétant
de la GH révélée par double immunofluorescence dans l'hypophyse d'une souris très jeune.

Et voici la localisation des cellules à ACTH chez le même animal.


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L'ultrastructure cellulaire et surtout l'aspect des grains permet aussi d'identifier les cellules
et leur sécrétion. La cellule qui sécrète l'hormone de croissance est ronde; son réticulum
endoplasmique rugueux est bien développé, les grains de sécrétion sont ronds et nombreux,
leur taille est comprise entre 350 et 400 nanomètres.

Les grains de la cellule qui sécrète la prolactine sont différents. Leur forme est irrégulière,
leur taille varie de 550 à 600 nanomètres.
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La cellule qui sécrète l'ACTH est la plus typique. Elle est allongée; ses grains sont peu
nombreux, ont un diamètre variant entre 200 et 250 nanomètres, et sont disposés
régulièrement le long de la membrane plasmique.

1.5.2.2. Histophysiologie

Voici un résumé des caractères morphologiques et de la fonction des cellules


antéhypophysaires.

Les cellules acidophiles sécrétant la GH sont colorables à l'orange G qui masque leur
affinité pour l'érythrosine. Elles sont rondes, leur réticulum endoplasmique rugueux est très
développé. Les grains de sécrétion sont très nombreux, modérément denses, ronds et leur
diamètre est compris entre 350 et 400 nanomètres. Elles représentent 50% du nombre total des
cellules antéhypophysaires chez l'adulte. Leur proportion est plus grande chez l'enfant. Un
facteur hypothalamique, le GH-RH, l'hypoglycémie et le stress augmentent leur sécrétion. La
somatostatine l'inhibe. L'effet de l'hormone de croissance se résume en trois mots: elle est
anabolisante, hyperglycémiante et lipotrope.

Les cellules acidophiles sécrétant la prolactine sont colorables en rouge par l'érythrosine
mais pas à l'orange G. Leur cytoplasme est riche en réticulum endoplasmique rugueux; leurs
grains sont irréguliers, très denses et ont un diamètre compris entre 550 et 600 nanomètres.
Elles représentent 10 à 20% des cellules antéhypophysaires. Au cours de la grossesse, elles
augmentent en nombre et en taille. La sérotonine, les catécholamines et l'acide gamma-amino-
butyrique stimulent leur sécrétion. Le PIF et la dopamine l'inhibent.

La prolactine stimule le développement de la glande mammaire pendant la grossesse,


entretient la sécrétion lactée pendant l'allaitement et intervient dans le cycle menstruel.
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Quatre hormones, la TSH, la LH, la FSH et l'ACTH sont sécrétées par les cellules basophiles.
La TSH, la LH et la FSH ont toutes les trois la même chaîne alpha et chacune une chaîne bêta
spécifique.

Les cellules basophiles qui sécrètent la TSH sont PAS positives et colorables à l'aldéhyde
fuchsine. Elles sont polygonales, leur réticulum endoplasmique rugueux est réduit, leurs
grains, ronds et peu denses, sont les plus petits de l'adénohypophyse (150 nanomètres). Elles
représentent 5% des cellules antéhypophysaires; l'hypothyroïdie augmente leur taille et leur
nombre. La TRH ou thyrolibérine stimule leur sécrétion tandis que les hormones
thyroïdiennes l'inhibent. La TSH a un effet tonique et trophique sur la thyroïde.

Les cellules basophiles qui sécrètent les gonadotrophines sont PAS négatives et ne sont pas
colorées en mauve par l'aldéhyde fuchsine. Elles sont volumineuses, riches en réticulum
endoplasmique rugueux aux citernes dilatées. Leurs grains sont peu nombreux et leur
diamètre varie entre 100 à 300 nanomètres. Selon certains, la LH et la FSH seraient sécrétées
par des cellules différentes, mais l'immunohistochimie a démontré la présence des deux
hormones dans une même cellule. La sécrétion de LH est contrôlée par la LH-RH; celle de
FSH par la FSH-RH. Les stéroïdes sexuels exercent sur cette sécrétion une régulation très
complexe.

Chez le mâle, la FSH stimule la spermatogenèse; la LH stimule la synthèse de la testostérone


par les cellules interstitielles du testicule.

Chez la femelle, la FSH stimule la croissance du follicule ovarien tandis que la LH contrôle
l'ovulation et la lutéinisation.

Les cellules basophiles qui sécrètent l'ACTH sont PAS positives mais ne sont pas
colorables à l'aldéhyde fuchsine. Elles sont allongées; leurs grains ronds dont le diamètre
varie entre 200 et 250 nanomètres sont disposés de manière caractéristique le long de la
membrane plasmique. Elles forment 20% des cellules adénohypophysaires, mais sont surtout
concentrées dans le lobe tubéral. Le CRH hypothalamique stimule la sécrétion d'ACTH; les
glucocorticoïdes surrénaliens l'inhibent. L'ACTH contrôle les zones fasciculaire et réticulaire
de la surrénale. Elle présente de nombreuses similitudes avec la MSH.

1.5.3. Lobe médian


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La taille du lobe médian varie selon les espèces et l'age. Chez l'enfant, il est volumineux; chez
l'adulte, il ne représente que 2% de l'hypophyse et est formée de kystes et de quelques
cellules basophiles, sécrétant la MSH.

Les similitudes morphologiques entre les cellules à ACTH et à MSH s'expliquent par la façon
dont ces hormones sont synthétisées. Toutes deux dérivent d'un précurseur commun. En
suivant dans ce schéma, depuis son extrémité N terminale jusqu'à son extrémité C terminale,
on retrouve successivement le signal de sécrétion, puis un peptide de 16.000 daltons dont le
rôle est inconnu, puis l'ACTH (39 acides aminés) et enfin la bêta lipotrophine (91 acides
aminés). L'ACTH peut être scindé en alpha-MSH (13 acides aminés) et en CLIP (11 acides
aminés). La bêta lipotrophine peut être scindée en gamma lipotrophine (58 acides aminés) et
en bêta endorphine (30 acides aminés). Les acides aminés 41 à 55 de la gamma lipotrophine
forment la bêta-MSH et les acides aminés 63 à 67 la métenképhaline. Alpha et bêta-MSH ont
un effet stimulant sur les mélanocytes cutanés et provoquent l'apparition d'une pigmentation
brunâtre. L'ACTH a le même effet puisque ses 13 premiers acides aminés correspondent à
l'alpha-MSH.

1.5.4. Neurohypophyse
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Réexaminons la coupe d'hypophyse de chien à faible grossissement. La partie bleue est la


neurohypophyse. Dans celle-ci et de gauche à droite, se retrouvent une partie globuleuse,
l'hypophyse postérieure, une région étroite, située entre les deux extrémités de l'hypophyse
antérieure, la tige pituitaire et l'éminence médiane. Celle-ci est bifide dans sa partie
supérieure; sa fente est le troisième ventricule, limité par un épithélium cubique, l'épithélium
épendymaire.

1.5.4.1. Corps de Hering

Examinons cette coupe au grossissement moyen. La neurohypophyse est composée d'un


matériel fibrillaire de densité variable. Quelques vaisseaux, reconnaissables aux globules
rouges colorés en orange, sont disséminés dans le tissu. Seuls les noyaux brunâtres des
cellules tranchent nettement sur le fond bleu. Plusieurs taches rondes de forme et de taille
variables sont dispersées dans le matériel fibrillaire: ce sont les corps de Hering.
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A fort grossissement, les corps de Hering sont aisément reconnaissables dans une coloration
trichromique à droite, ou tétrachromique à gauche. Ils sont ronds ou ovalaires, coloriés en
brun ou en bleu. Leur contenu est finement granulaire.

Les corps de Hering résultent de l'accumulation des produits de sécrétion dans les
terminaisons dilatées des axones hypothalamiques. La vasopressine et l'ocytocine y sont
contenues dans des grains enveloppés par une membrane, leur diamètre mesure environ 150
nanomètres.

La terminaison axonique est enveloppée par les expansions cytoplasmiques de cellules gliales
spécialisées.
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Le produit de sécrétion de la neurohypophyse, élaboré par les neurones hypothalamiques du


système magnocellulaire, est transporté dans le corps de Hering par flux axonal, à la vitesse
de 1 à 2 cm à l'heure. Dans cette micrographie, les axones ont été coupés longitudinalement.
Les grains de sécrétion y sont disposés le long de microtubules qui sont impliqués dans leur
transport.

1.5.4.2. Les cellules de la posthypophyse

Les cellules endothéliales sont reconnaissables à leur noyau dense, allongé en coupe
longitudinale, petit et rond en coupe transversale. Leur cytoplasme limite la lumière des
vaisseaux visible lorsqu'elle contient des globules rouges colorés en orange. Lorsque la
lumière vasculaire est collabée, la cellule endothéliale est une fine ligne bleue plus foncée.
Ces capillaires sont fenestrés.
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La cellule gliale est la cellule la plus fréquente de la neurohypohyse. En microscopie optique,


on la reconnaît à son noyau volumineux dont l'euchromatine est importante. En microscopie
électronique, on peut observer ses expansions entourant incomplètement le corps de Hering.
Une mince fente persiste entre les deux membranes plasmiques. On ignore si la cellule gliale
joue un rôle actif dans la régulation de la sécrétion des hormones à partir des corps de Hering.

Les cellules de la microglie sont petites, leur noyau est dense, arrondi ou ovalaire. Dans les
coupes classiques, on les repère difficilement; leur petit noyau est enveloppé d'une fine bande
cytoplasmique, plus foncée que les corps de Hering. En microscopie électronique, elles sont
reconnaissables parce qu'elles possèdent de nombreux et volumineux lysosomes. Les cellules
de la microglie sont l'équivalent dans le système nerveux central des macrophages trouvés
dans les autres tissus.
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1.5.4.3. Histophysiologie

Les deux produits de la neurohypohyse sont l'ocytocine et la vasopressine, peptides de neuf


acides aminés dont deux seulement diffèrent; ceci explique leur activité biologique croisée.

L'ocytocine provoque les contractions du muscle utérin au cours de l'accouchement et


l'injection du lait au cours de la lactation. Sa sécrétion est stimulée par un réflexe
neurohormonal dont l'origine se trouve dans les terminaisons nerveuses sensitives du vagin,
du col utérin et de l'aréole mammaire.

La vasopressine agit sur le muscle lisse des vaisseaux et réduit la diurèse en augmentant la
perméabilité des canaux collecteurs des reins. La sécrétion de l'ADH est stimulée par
l'hypertonicité du plasma qui active des cellules hypothalamiques spécialisées, dites
osmoréceptrices. L'absence d'ADH provoque une diurèse importante, appelée diabète
insipide, que celui qui en souffre compense par une boisson abondante.
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2. Thyroïde
Cette leçon-ci est consacrée aux glandes hypophyso-dépendantes: la thyroïde, les surrénales
et les parties endocrines des gonades. Nous débutons par l'étude de la thyroïde.

2.1. Anatomie

La glande thyroïde est située dans la partie antérieure du cou. Elle comprend deux lobes
latéraux de forme allongée reliés par un isthme. Ces lobes sont accolés aux faces latérales du
larynx et de la trachée; ils sont enveloppés d'une capsule conjonctive dépendant des
aponévroses cervicales. Un troisième lobe est inconstant, il est localisé à la face antérieure de
la trachée. On l'appelle la pyramide de Lalouette.
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2.2. Microanatomie

Examinons une coupe de thyroïde à faible grossissement. Le lobe est entouré d'une fine
capsule conjonctive; des septa conjonctifs s'en détachent et s'y enfoncent. Ils le divisent en
lobules. Des vaisseaux sanguins parcourent les septas. Les lobules sont composés de
vésicules qui en coupe apparaissent circulaires ou ovalaires: les follicules thyroïdiens. Ce
sont les unités fonctionnelles de la glande.

Les follicules thyroïdiens possèdent une assise unique de cellules cubiques, pavimenteuses ou
cylindriques selon l'état fonctionnel de la glande, et une lumière remplie d'un liquide
visqueux, le colloïde.

Lorsque les préparations sont enrobées en paraffine, le colloïde se rétracte; ces artéfacts de
rétraction qui ont l'aspect de taches claires en périphérie des lumières, n'existent pas lorsqu'on
utilise d'autres techniques de préparation. Quelques nodules cellulaires compacts sont répartis
entre les follicules. Leurs cellules ne diffèrent pas des cellules folliculaires et interviendraient
dans la genèse de nouveaux follicules. Le plus souvent, ces nodules sont des coupes polaires
de follicules thyroïdiens.
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L'épithélium thyroïdien repose, par l'intermédiaire d'une membrane basale, sur un chorion
riche en capillaires. Les noyaux de leurs cellules endothéliales sont ici bien visibles.
L'épithélium contient en outre des cellules volumineuses et claires, indiquées par des flèches.
Ce sont les cellules C qui produisent la calcitonine et seront étudiées avec les glandes
impliquées dans la régulation du métabolisme phosphocalcique.

Dans plusieurs espèces, notamment chez les petits rongeurs, on trouve dans le stroma de
larges structures bordées par un épithélium très aplati. Ce sont des kystes ultimobranchiaux
dont la lumière contient une substance protéique dont on ne connaît pas la nature et qui est
moins dense que le colloïde. Leur épithélium est composé de plusieurs types cellulaires et
notamment de cellules ciliées. Les cils sont visibles en coupe transversale à gauche (flèches)
et en microscopie en balayage à droite. Ces kystes sont les vestiges des corps
ultimobranchiaux.

Chez l'homme, il existe en outre de petits kystes différents limités par des cellules cubiques,
restes du canal thyréoglosse. Ils sont rares et ne sont pas représentés dans cette image.
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2.3. Embryogenèse

La thyroïde provient de trois ébauches, représentées en A dans une vue ventrale du pharynx
embryonnaire. L'ébauche la plus importante, colorée en violet, est médiane; elle provient
du plancher pharyngien.

Elle est à l'origine des follicules et est située en avant de l'ébauche de la trachée (T) et des
poumons.

Les ébauches latérales, colorées en gris, sont les corps ultimo-branchiaux, qui proviennent
des quatrièmes fentes branchiales. Les fentes branchiales, numérotées de 1 à 4, sont des
excroissances tubulaires latérales du pharynx primitif.

Le schéma B représente un stade plus avancé du développement. L'ébauche principale s'est


détachée du plancher pharyngien, a migré caudalement puis a fusionné avec les ébauches
latérales en prenant sa forme bilobée définitive (1). Les cellules C, d'origine
neurectoblastique, colonisent les corps ultimo-branchiaux, puis migrent avec eux. Lorsque
ceux-ci fusionnent avec l'ébauche médiane, elles envahissent toute la thyroïde. Les
parathyroïdes (2), et l'ébauche endoblastique du thymus (3) se développent également à partir
des fentes branchiales. Les ébauches du larynx (4) et de la langue (6) sont situées plus haut.
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Au niveau de l'ébauche médiane, l'épithélium pharyngien s'épaissit (1), s' enfonce dans le tissu
mésenchymateux sous-jacent puis se dilate en une vésicule creuse (2) qui reste en rapport
avec l'épithélium d'origine par le canal thyréoglosse. Plus tard, ce canal régresse; la vésicule
perd son contact avec l'épithélium pharyngien et se comble rapidement (3). La masse
compacte est ensuite dissociée par des cellules mésenchymateuses et des vaisseaux (4). Des
cavités contenant le colloïde, apparaissent au sein des cordons cellulaires (5). Deux
mécanismes ont été proposés pour expliquer leur formation. Pour les uns, elle serait
intracellulaire et due à la fusion de vésicules d'exocytose. Pour d'autres, elle serait
extracellulaire et due à l'accumulation de la sécrétion à des endroits spécialisés de l'espace
intercellulaire. Quelle que soit leur origine, ces petites cavités fusionnent et croissent pour
donner naissance aux follicules thyroïdiens (6,7).
30

2.4. Aspect des cellules folliculaires

Les cellules folliculaires sont attachées les unes aux autres par des systèmes de jonction,
localisés près du pôle apical et bien visibles dans cette micrographie électronique à faible
grossissement (flèche). Le noyau est central et possède quelques blocs d'hétérochromatine
périphériques et un ou plusieurs nucléoles qui ne sont pas visibles dans cette coupe. Le
réticulum endoplasmique rugueux, bien développé est surtout basal; l'appareil de Golgi est
apical et les lysosomes sont répartis dans tout le cytoplasme. Les vésicules d'exocytose sont
sous la membrane apicale dont les microvillosités, qui plongent dans le colloïde (C), sont une
des particularités des cellules thyroïdiennes. Le pôle cellulaire basal est en rapport avec un
capillaire fenestré (V) par l'intermédiaire d'une double membrane basale.
31

Voici des microvillosités dans un follicule thyroïdien ouvert, lavé de son colloïde et observé
au microscope à balayage. Le pôle apical des cellules bombe dans la lumière; il est garni de
nombreux petits diverticules qui ont l'aspect de points blancs dans cette micrographie. Les
systèmes de jonction forment un réseau de gouttières entre les cellules.
32

2.5. Histophysiologie
Les hormones thyroïdiennes ont la particularité d'être iodées, c'est pourquoi leur synthèse est
complexe; on peut la décomposer en trois étapes :

1. l'élaboration du précurseur hormonal, la thyroglobuline;


2. l'incorporation de l'iode dans ce précurseur puis son stockage dans la lumière du
follicule;
3. l'endocytose du précurseur et sa dégradation lysosomiale qui aboutit à la
libération des hormones.

La synthèse de la thyroglobuline, macromolécule de 660.000 daltons, est classique:


élaboration de la chaîne peptidique dans le RER à partir d'un ARN messager provenant du
33

noyau, passage dans l'appareil de Golgi où se continue la glycosylation, puis transfert dans la
lumière après exocytose par de petites vésicules.

La seconde étape est extracellulaire. L'iodure, pompé activement au pôle basal de la cellule,
est oxydé en iode moléculaire par une peroxydase de la membrane plasmique apicale. Cette
réaction nécessite de l'eau oxygénée dont la production est induite par une NAD(P)H-
oxydase. L'iode est fixé sur les cycles aromatiques des radicaux tyrosine de la thyroglobuline
qui deviennent des mono- ou diiodotyrosines (MIT ou DIT). Ceux-ci se couplent pour former
de la triiodo-thyronine (T3) ou de la thyroxine (T4). Les futures hormones sont ainsi
stockées dans la lumière folliculaire, au sein même de la molécule de thyroglobuline.

La thyroglobuline iodée est endocytée par des pseudopodes de la membrane apicale qui
englobent une gouttelette de colloïde. Celle-ci s'enfonce dans le cytoplasme et fusionne avec
des lysosomes. L'hydrolyse de la thyroglobuline, dans le phagolysosome ainsi formé, libère
les hormones T3 et T4, et un isomère inactif de la T3, la "reverse T3". Toutes diffusent vers le
sang tandis que les radicaux MIT et DIT non couplés sont désiodés.

Les acides aminés et l'iodure libérés par la lyse de la thyroglobuline sont réutilisés.
L'endocytose de la thyroglobuline s'effectue également par de petites vésicules dont la paroi
est lisse ou tapissée de spicules et qui fusionnent avec des gouttelettes de colloïde ou avec des
lysosomes.

L'accumulation de l'iode dans la lumière du follicule peut être démontrée par une
autoradiographie, comme celle-ci, obtenue après injection d'iodure radioactif. L'isotope est
localisé grâce au dépôt d'argent qui est noir dans la préparation. Notez l'hétérogénéité du
marquage qui traduit l'hétérogénéité fonctionnelle des follicules.
34

Cette préparation provient d'une glande prélevée une demi-heure après injection d'hormone
thyréotrope. Les gouttelettes de colloide (GC) sont importantes, limitées par une membrane
et remplies d'une substance dont la densité peut être moindre que celle du colloïde lui-même.
Les larges expansions cytoplasmiques du pôle apical sont des pseudopodes (P).
35

La sécrétion des hormones thyroïdiennes est sous l'influence de la TSH, à son tour stimulée
par le TRF hypothalamique. Les hormones thyroïdiennes libres exercent un feed-back
négatif sur l'hypophyse et sur l'hypothalamus. Une grande variété de stimuli corticaux tels
que le stress, ou sous-corticaux comme la fièvre, augmentent la sécrétion de TRF en agissant
directement sur les neurones du système parvocellulaire ou par l'intermédiaire d'un neurone
qui sécrète la dopamine. Le système nerveux autonomique influence également la sécrétion
thyroïdienne: le système orthosympathique la stimule tandis que le parasympathique l'inhibe.

Les hormones thyroïdiennes ont deux grands types d'effets. D'une part, elles stimulent la
croissance du système nerveux central et du squelette. D'autre part, elles assurent la régulation
du métabolisme énergétique. Un excès d'hormones entraîne une consommation accrue
d'oxygène et la production de chaleur parce qu'elles accroissent le catabolisme des protéines,
des sucres et des graisses. Cet effet hormonal s'effectue principalement par une régulation des
enzymes respiratoires mitochondriales.

3. Surrénales
3.1. Anatomie
36

Les glandes surrénales sont constituées de deux organes différents : le cortex, en partie
sous contrôle de l'adénohypohyse, et la médullaire.

Les glandes surrénales sont deux organes de couleur jaune, localisés au pôle supérieur du rein,
dans sa capsule graisseuse. Elles mesurent, chez l'adulte, 5 cm de long, 4 cm de large et 2 à 3
cm de haut. Elles sont cependant proportionnellement beaucoup plus grandes chez le jeune
enfant. La vascularisation artérielle est assurée par trois groupes d'artérioles: les
surrénaliennes inférieures (1), moyennes (2) et supérieures (3). La veine surrénalienne
droite (4) aboutit dans la veine cave inférieure (5); la veine surrénalienne gauche (6) se jette
dans la veine rénale gauche (7).

3.2. Microanatomie
37

Voici une tranche de surrénale de rat perfusé avec une solution physiologique. L'organe est
jaune paille; la corticale, plus claire et plus épaisse entoure la médullaire, plus sombre. La
limite entre ces deux régions est déchiquetée. Au centre de la médullaire se trouvent des lacs
sanguins qui sont ici des taches blanches parce qu'ils ont été vidés de leur sang.

La glande est entourée d'une capsule de tissu conjonctif dense. Sa corticale forme une large
bande qui paraît striée radiairement et dont la partie externe est plus claire. Sa médullaire est
centrale et contient de nombreux espaces clairs, avec ici et là des plages rougeâtres qui sont
des amas de globules rouges. La limite entre les deux régions est très irrégulière et parfois
difficilement perceptible.
38

La corticale est composée de trois couches. La plus externe ou couche glomérulaire est
formée de cellules de taille moyenne, groupées en îlots, séparés les uns des autres par de fins
septa conjonctifs.

La partie moyenne ou couche fasciculaire, la plus épaisse, est formée de cordons parallèles
qui s'enfoncent radiairement vers la profondeur. L'aspect clair de leur volumineuses cellules
est dû aux nombreuses vacuoles lipidiques qu'elles contiennent.

La partie la plus profonde ou couche réticulaire, moins épaisse, est formée de petites cellules
disposées en réseau.
39

La médullaire est formée de grandes cellules disposées en îlots, séparés par de larges espaces
vasculaires, reconnaissables aux globules rouges qui s'y trouvent et à l'endothélium qui les
borde.

Comme toutes les glandes endocrines, les surrénales sont fortement vascularisées. Les artères
surrénaliennes forment d'abord un plexus capsulaire (1). Celui-ci est drainé par un réseau
capillaire qui irrigue toute la corticale. Sa conformation épouse celle de la glande. Au niveau
de la glomérulaire, le réseau enveloppe les îlots cellulaires (2). Dans la fasciculaire, il est
composé de fins capillaires rectilignes et parallèles qui tapissent les faces latérales des
cordons et s'enfoncent avec eux (3). Au niveau de la réticulaire, il reforme un réseau (4) avant
de s'aboucher aux sinusoïdes de la médullaire ou à de petites veinules (5) qui se jettent dans
la veine centrale (6).

Quelques artérioles du plexus capsulaire atteignent directement la médullaire (7). Le réseau


capillaire de la médullaire est drainé par des veines qui toutes se jettent dans la veine centrale.
Celle-ci quitte la glande pour rejoindre la veine cave inférieure à droite et la veine rénale à
gauche.

La vascularisation de la surrénale assure donc une relation très étroite entre corticale et
médullaire. Le sang d'origine corticale transporte les hormones corticales et les met en contact
étroit avec les cellules médullaires.

3.3. Embryogenèse
L'origine embryonnaire de la surrénale est double. La corticale dérive de l'épithélium
des cavités coelomiques: l'origine est donc mésoblastique. La médullaire dérive des
crêtes neurales: l'origine est donc neurectoblastique.
40

Ces différents schémas expliquent cette embryogénèse. Les premiers bourgeons naissent de
part et d'autre du mesentère dorsal (1). L'épithélium coelomique forme une masse pleine (2)
qui rapidement s'en détache (3). C'est l'ébauche du cortex foetal, formé de grandes cellules au
cytoplasme acidophile.

Peu après, une seconde ébauche provenant du même épithélium, forme un fin feuillet de
petites cellules qui entourent incomplètement la masse primitive (4) et perd son contact avec
1'épithélium coelomique (5). C'est l'ébauche du cortex permanent.
41

Les cellules de la médullaire dérivent des ganglions nerveux préaortiques embryonnaires,


eux-mêmes provenant des crêtes neurales. La plupart s'accolent au cortex foetal là où il n'est
pas recouvert par l'ébauche du cortex permanent (6). Le cortex foetal s'invagine et les cellules
colonisent la poche ainsi formée (7). Progressivement, l'invagination se referme et les deux
cortex entourent complètement l'ébauche médullaire, le cortex permanent se différenciant déjà
en glomérulaire et fasciculaire (8). Quelques cellules s'accolent à la périphérie de l'ébauche;
elles donneront naissance aux ganglions sympathiques de la capsule.

L'évolution des différentes régions de la surrénale diffère au cours de l'embryogenèse. Le


cortex foetal, qui participe avec le placenta à la production d'oestrogènes, est très important
durant la vie in utero et disparaît dans les mois qui suivent la naissance (9), ce qui réduit le
poids glandulaire de 30%. La glande corticale définitive croît progressivement jusqu'à l'âge de
deux ans.

3.4. Cortex surrénalien

Glomérulaire, fasciculaire et réticulaire ne sont en fait que les trois parties des mêmes
cordons. La partie externe est enroulée sur elle-même et formée de petites cellules; la partie
centrale est rectiligne et formée de volumineuses cellules; la partie interne est divisée en petits
rameaux formés de cellules de taille réduite.
42

3.4.1. Glomérulaire

La glomérulaire est la seule zone où les cellules se divisent. Les divisions provoquent une
lente migration cellulaire de la périphérie vers le centre de la glande. Chaque cellule est donc
successivement localisée dans la glomérulaire, puis dans la fasciculaire et enfin dans la
réticulaire qui seraient pour cette raison respectivement une zone de différenciation, puis de
maturation et enfin de vieillissement.

Les cellules de la glomérulaire sont petites et ont un noyau rond; leur cytoplasme est
acidophile. Elles sont associées en nodule et chaque nodule est entouré de capillaires. Les
gouttelettes lipidiques sont petites et peu nombreuses.

L'abondance de leurs mitochondries explique leur acidophilie. La richesse en réticulum


endoplasmique lisse, ici vésiculaire, l'aspect tubulaire des crètes mitochondriales, la structure
spongieuse du nucléole et les gouttelettes lipidiques doivent être reliés à la fonction cellulaire.

Les cellules de la glomérulaire sécrètent les minéralocorticoïdes (aldostérone et


désoxycorticostérone), hormones qui participent à la régulation de la volémie en stimulant
l'absorption ou la réabsorption du sodium au niveau du rein, de l'intestin, des glandes
salivaires et des glandes sudoripares. La sécrétion des minéralocorticoïdes est contrôlée par le
système rénine-angiotensine.
43

3.4.2. Fasciculaire

Les cellules de la fasciculaire sont les plus grandes. Leurs très nombreuses gouttelettes
lipidiques sont responsables de leur aspect vacuolaire et expliquent pourquoi elles sont
appelées spongiocytes. Leur noyau est rond, le nucléole est généralement bien visible.

Les caractères les plus évidents sont la taille et le nombre des gouttelettes lipidiques qui
remplissent le cytoplasme. Les autres organites, en particulier les petites vésicules du
réticulum endoplasmique lisse et les grandes mitochondries sont regroupés en petits amas
entre les gouttelettes lipidiques.
44

Les cellules de la fasciculaire sécrètent les glucocorticoïdes (cortisol, hydrocortisone,


corticostérone), hormones stéroïdes dont les effets sont multiples. Celles-ci sont
principalement hyperglycémiantes et anti-inflammatoires. La sécrétion des
glucocorticoïdes est contrôlée par l'ACTH adénohypophysaire.

3.4.3. Réticulaire

Les cellules de la réticulaire sont disposées en cordons. La taille des cellules, le nombre et la
densité des vacuoles lipidiques sont moindres que dans les deux autres régions. Par contre, les
capillaires disposés en réseau, sont beaucoup plus distendus.
45

La microscopie électronique révèle une autre particularité des cellules de cette région: la
présence dans le cytoplasme de corps résiduels au contenu hétérogène. Ces corps résiduels
sont d'anciens phagolysosomes et contiennent des lipofuscines. Leur nombre augmente avec
l'âge et, lorsqu'ils sont suffisamment nombreux, ils deviennent visibles en microscopie
optique.

Les cellules de la réticulaire sécrètent les glucocorticoïdes et des stéroïdes sexuels mâles et
femelles.

Chez la femme, ces cellules produisent une quantité réduite d'hormones mâles qui ont un rôle
dans l'établissement de certains caractères sexuels secondaires. On ignore cependant leur
importance relative par rapport aux androgènes d'origine ovarienne et comment se fait la
régulation de leur sécrétion.

3.5. Médullo-surrénale
3.5.1. Aspects cellulaires

Les cellules de la médullosurrénale sont appelées cellules chromaffines parce que leur
cytoplasme est colorable par les sels de chrome. Dans cette coloration trichromique, elles ont
un aspect granulaire finement poudreux et sont rassemblées en petits îlots entre les larges
veines centromédullaires.
46

Une coloration à l'argent sur coupe semifine permet de distinguer deux types de cellules. Dans
l'un, les grains sont colorés en noir, dans l'autre, ils ne le sont pas.

Dans les cellules du premier type, représentées à gauche, les grains ont un contenu dense,
séparé de la membrane par une zone claire. Elles sécrètent la noradrénaline. Dans les autres,
les grains ont un contenu moins dense et qui n'est pas séparé de la membrane par un halo
clair. Elles sécrètent l'adrénaline. Cette subdivision en deux types de cellules, quoique
classique, n'est pas acceptée par tous.
47

3.5.2. Histophysiologie

La composition chimique du contenu des granules est complexe. Les hormones, adrénaline ou
noradrénaline sont des bioamines, petites molécules dérivées de la tyrosine. Elles sont
associées à une protéine porteuse, la chromogranine, à de l'ATP et à une enzyme, la dopamine
-hydroxylase. Après exocytose, les hormones sont scindées de la chromogranine et
emportées par le sang.

Les effets de la noradrénaline et de l'adrénaline diffèrent surtout quantitativement. On peut


schématiquement les classer en quatre groupes: effets sur le système cardiovasculaire, sur la
musculature lisse, sur le système nerveux central, et sur le métabolisme général.

Ces actions s'effectuent via les récepteurs alpha et bêta. La noradrénaline stimule surtout les
récepteurs alpha tandis que l'adrénaline agit surtout sur les récepteurs bêta.

La description complète de leurs effets n'entre pas dans le cadre de ce cours; retenons
simplement que les catécholamines sont, par excellence, les hormones de mise en alerte:
augmentation du débit cardiaque et de la pression artérielle, mise au repos des musculatures
digestive, bronchique et urinaire, stimulation du système nerveux central et augmentation du
métabolisme général.

La médullosurrénale est l'analogue d'un ganglion orthosympathique, tant du point de vue


développement que du point de vue fonctionnel. Elle est avant tout contrôlée par le système
orthosympathique grâce aux nerfs splanchniques dont certaines fibres font relais dans les
ganglions préaortiques. Il y a en outre une synergie entre cortex et médullaire, due à la
structure particulière de la vascularisation. Les corticoïdes stimulent la synthèse des hormones
dans la médullaire.
48

4. Cellules endocrines des gonades


Les gonades sont, rappelons-le, des glandes mixtes à la fois exocrines et endocrines. La
sécrétion exocrine est holocrine, composée de cellules vivantes, les gamètes. La sécrétion
endocrine est de type lipidique, ce sont les stéroïdes sexuels. Mais les deux parties de la
glande, exocrine et endocrine sont en étroite relation structurelle et fonctionnelle et dépendent
de l'hypophyse. La structure histologique des gonades sera vue en détail lors de l'étude du
système génital. Nous nous limiterons ici aux cellules endocrines.

4.1. Testicule

Les cellules endocrines du testicule sont appelées les cellules interstitielles de Leydig. Elles
dérivent du mésoblaste embryonnaire et forment des amas entre les tubes séminifères. Leur
cytoplasme est bourré de gouttelettes lipidiques.

Ces lipides sont les précurseurs des stéroïdes sexuels mâles, la testostérone et
l'androstènedione. La sécrétion des stéroïdes testiculaires est contrôlée par la sécrétion
hypophysaire de LH.

4.2. Ovaire
L'ovaire produit trois types de stéroïdes: les oestrogènes, sécrétées par la thèque interne des
follicules ovariens en maturation, les progestagènes, sécrétés par le corps jaune et des
androgènes, en petites quantités, sécrétés par les cellules de Berger, localisées dans le hile
ovarien. La sécrétion ovarienne est contrôlée par l'adénohypophyse, via la LH et la FSH,
selon un mécanisme très complexe qui règle 1'évolution des follicules et qui sera détaillé
ailleurs.
49

5. Les glandes endocrines du système


digestif
Après avoir étudié les principaux organes endocrines, nous abordons un domaine plus
complexe et en pleine expansion: les cellules endocrines du système digestif. Certaines
cellules endocrines du pancréas et celles du tube digestif présentent des particularités
communes et sont généralement regroupées dans un système plus général, parfois dénommé
système APUD, qui comprend également des cellules endocrines en dehors du tube digestif.

5.1. Pancréas endocrine


5.1.1. Morphologie des îlots de Langerhans

Les îlots de Langerhans sont répartis dans la masse exocrine du pancréas. En coupe, ce sont
des plages claires, rondes ou ovales constitués d'un lacis cellulaire anastomosé et d'un riche
réseau de capillaires. Le diamètre des îlots est compris entre 30 et 300 micromètres. Leur
nombre, très élevé, peut varier chez l'homme entre 200.000 et 2.300.000 .
50

Voici un îlot de Langerhans, à plus fort grossissement, dans une coupe colorée selon la
méthode trichromique classique. Les cellules présentent les caractéristiques des cellules
endocrines à sécrétion protéique. Leur noyau central est riche en euchromatine et le
nucléole est bien apparent. Leur cytoplasme à ce grossissement paraît homogène, parce que
les grains sont très petits. Les cellules sont en relation étroite avec des capillaires, dont on voit
la lumière et l'endothélium.

Certaines colorations, notamment celle de Gomori, permettent de distinguer deux types


cellulaires: les cellules A, sécrétrices de glucagon qui représentent 15 à 20% de la population
cellulaire et les cellules B, sécrétrices d'insuline qui représentent 60 à 80 % de la population
cellulaire. Les granules des cellules A ont une affinité élective pour les colorants acides et
sont colorés en rouge. Les granules des cellules B sont sélectivement colorés en bleu.
51

En microscopie électronique, les cellules A et B se reconnaissent uniquement à l'aspect de


leurs grains. Les grains des cellules A sont très denses et leur diamètre varie entre 190 et 310
nm. Les grains des cellules B ont un diamètre variant entre 225 et 375 nm. Ils contiennent une
masse centrale très dense aux électrons, qui est séparée de la membrane par un large espace
clair et leur aspect varie selon les espèces. Ils peuvent être homogènes, de densité moyenne,
ou même contenir un ou plusieurs cristaux denses. Hormis l'aspect des granules, les cellules A
et B ont 1'ultrastructure typique des cellules endocrines à sécrétion protéique: large noyau
riche en euchromatine, nucléole bien apparent, complexe de Golgi développé.

Les grains des cellules A contiennent le glucagon et sa préhormone, la glicentine; les grains
des cellules B contiennent de l'insuline. Cependant l'insuline n'est pas stockée telle quelle;
elle forme un complexe avec le zinc, ce qui diminue sa solubilité et explique la formation
occasionnelle de cristaux. Le rôle du zinc est d'assurer une plus grande stabilité aux
complexes.
52

Outre les cellules A et B, le pancréas endocrine comprend également des cellules D, qui
sécrètent la somatostatine. Voici leur aspect en microscopie électronique. Les granules sont
ronds et leur densité aux électrons est plus faible que celle des granules A et B.

Les cellules endocrines du pancréas sont en relation étroite avec des capillaires fenestrés.
Cette cellule endocrine n'est séparée du capillaire que par une double membrane basale, l'une
épithéliale, l'autre endothéliale. Les fenestrations des capillaires sont bien visibles en coupe
transversale.

La répartition des cellules A, B et D au sein de l'îlot peut varier d'une espèce à l'autre. Dans
beaucoup d'espèces, dont l'homme, les cellules A et D forment une couronne périphérique
autour des cellules B. La coexistence de ces trois types cellulaires dans les îlots laisse
supposer qu'il existe entre eux une relation fonctionnelle. Il est, en effet, prouvé que la
somatostatine inhibe la sécrétion d'insuline et de glucagon.
53

Outre les cellules A, B et D, six autres types cellulaires ont été décrits dans le pancréas
endocrine. Ce sont les cellules PP, qui produisent le polypeptide pancréatique, les cellules S
qui produisent la sécrétine, les cellules G sécrétant la gastrine, les cellules P sécrétant la
bombésine, les cellules EC qui contiendraient des amines biogènes et les cellules Dl, dont le
produit est inconnu. Ces cellules ont été identifiées principalement par des techniques
d'immunofluorescence, mais la relation entre l'ultrastructure et la nature du produit de
sécrétion n'est bien établie que pour les cellules A, B, D et PP.

5.1.2. Histophysiologie

La sécrétion du glucagon est stimulée par toute baisse de la glycémie, qu'elle soit provoquée
par le jeûne ou par une décharge d'hydrates de carbone.

Le glucagon agit principalement sur les cellules hépatiques. Sa liaison à leurs récepteurs
active l'adénylcyclase et augmente donc la formation d'AMP cyclique. Le glucagon stimule
la glycogénolyse et la gluconéogenèse dans le foie et provoque ainsi une hausse de la
glycémie.

L'insuline agit principalement sur les hépatocytes, les adipocytes et les cellules
musculaires. Elle a des effets rapides et des effets tardifs.

Elle stimule rapidement le transport membranaire du glucose et des acides aminés dans la
cellule, en se liant à des récepteurs membranaires spécifiques. L'effet majeur de cette liaison
est de faciliter la pénétration du glucose. En soustrayant le glucose du sang, elle se comporte
donc comme une hormone hypoglycémiante, et en facilitant la pénétration de glucose dans le
foie, elle stimule indirectement la synthèse de glycogène.

Plus tardivement, l'insuline active la synthèse d'ADN, d'ARN et de protéines. Ces effets
sont déclenchés par la liaison de l'insuline à son récepteur, qui est une tyrosine kinase qui
phosphoryle diverses protéines.
54

La sécrétion d'insuline est stimulée par toute élévation de la glycémie, mais on ignore
comment. Il est possible qu'un métabolite du glucose ou un acide aminé induise une
accumulation intracellulaire de calcium ionisé, qui en agissant sur les microtubules,
stimulerait l'exocytose et la sécrétion d'insuline. Le rôle des microtubules est évident lorsqu'on
étudie la sécrétion d'insuline apres une stimulation par le glucose. En effet, cette sécrétion est
biphasique. Elle augmente rapidement endéans les deux minutes qui suivent l'administration
de glucose, puis diminue. Une seconde augmentation survient après huit minutes et atteint un
plateau après cinquante minutes.

L'administration de vinblastine, inhibiteur des microtubules, empêche la seconde phase de


la sécrétion. Donc, lors de la phase rapide, des grains de sécrétion situés à proximité des
membranes, libèreraient rapidement leur insuline. Par contre, lors de la deuxième phase, des
grains de sécrétion devraient atteindre les membranes et leur transport nécessiterait
l'intervention de microtubules.

En résumé, les cellules A et B du pancréas ont des fonctions opposées. Les cellules A
sécrètent le glucagon dont les effets sont hyperglycémiants et les cellules B sécrètent
l'insuline dont les effets sont hypoglycémiants. En fait, les cellules A et B fonctionnent de
manière synergique pour maintenir la glycémie constante.
55

5.2. Cellules endocrines isolées du tube digestif

Les cellules endocrines isolées du tube digestif sont dispersées dans la muqueuse depuis le
cardia jusqu'au rectum. Elles sont plus nombreuses dans les régions pylorique et duodénale.
Voici une cellule endocrine dans une coupe de 1 micromètre, colorée au bleu de toluidine.
Elle est insérée entre les cellules exocrines d'une glande de Lieberkuhn et se distingue de ses
voisines par la position des grains de sécrétion. Ceux-ci, très colorés sont situés surtout au
pôle orienté vers les capillaires du chorion.

Certaines colorations spécifiques permettent de distinguer ces cellules entre elles. Ce sont
essentiellement les colorations à l'argent, parmi lesquelles on distingue les réactions
argentaffines et les réactions argyrophiles.

La réaction argentaffine ne se produit que dans les cellules endocrines contenant de la


sérotonine; elles réduisent directement l'argent ammoniacal en argent métallique. Toutes les
autres cellules endocrines de la muqueuse digestive sont argyrophiles; elles fixent les ions
argent dont la réduction n'est possible qu'après addition d'agents réducteurs. Les cellules
endocrines du pancréas, hormis les cellules B, le sont également.
56

Voici l'aspect de cellules argyrophiles dont le pôle basal est coloré en noir.

On peut également différencier les cellules endocrines isolées en fonction de leur rapport avec
le milieu extérieur.

Dans le type fermé, la cellule n'est pas en contact avec la lumière intestinale. Elle est
enchâssée entre les cellules exocrines, du côté basal de l'épithélium digestif. Dans le type
ouvert, la cellule est en rapport avec la lumière. Elle est unie aux cellules exocrines par des
systèmes de jonctions.

Voici une cellule de type fermé. Elle est piriforme. Son noyau rond est central. Les grains de
sécrétion de forme et de taille variables, sont très denses et tous groupés du côté du chorion.
Les autres organites sont situés du côté opposé. Ce type de cellule se retrouve surtout dans le
fond de l'estomac.
57

Voici une cellule de type ouvert. Sa membrane apicale est garnie de microvillosités en
contact avec la lumière. La plupart des grains de sécrétion sont rassemblés du côté du chorion.
Ils sont plus petits et leur forme est plus régulière que dans le cas précédent, leur contenu est
dense. Les autres organites sont situés du côté de la lumière.

5.3. Histophysiologie
Indépendamment de leur aspect morphologique, les cellules endocrines du tube digestif
peuvent encore être groupées selon leur fonction. En effet, certaines sont purement
endocrines; leurs hormones gagnent directement la circulation sanguine et agissent sur des
organes cibles situés à distance. D'autres, par contre, sont paracrines; leurs hormones
exercent une action purement locale, sans être véhiculées par le sang. Certaines cellules sont
à la fois endocrines et paracrines.
58

La cellule I est l'exemple d'une cellule purement endocrine. Elle est située principalement
dans l'intestin grêle et sécrète la cholécystokinine qui est libérée dans le sang et stimule la
contraction de la vésicule biliaire. La cellule I est de type ouvert.

L'exemple le mieux connu de cellule paracrine est la cellule D, de type fermé dans le pancréas
et le fond de l'estomac, et de type ouvert dans l'intestin. Elle sécrète la somatostatine qui
n'entre pas dans la circulation sanguine mais agit directement sur des cellules voisines. Dans
le tube digestif, elle inhibe notamment les sécrétions endocrines de gastrine, d'entéroglucagon
et de cholécystokinine.
59

Les cellules endocrines du tube digestif sont stimulées de manière différente selon leur type.

Dans le type fermé, la stimulation est soit humorale, soit nerveuse. Par contre, les cellules
de type ouvert, de loin les plus nombreuses surtout dans l'intestin, sont stimulées par des
substances de la lumière intestinale. Celles-ci se fixent sur les microvillosités ou pénètrent
dans la cellule via des vésicules de pinocytose.

Les cellules du type ouvert sont donc sensibles à toute variation du contenu de la lumière
intestinale. Les cellules S du bulbe duodénal, par exemple, détectent rapidement une
acidification du contenu intestinal et libèrent alors de la sécrétine qui stimule la production de
60

substances alcalines par les glandes intestinales, le foie et le pancréas. L'alcalinisation, par
l'ingestion de viande ou de bicarbonate stimule la production de gastrine qui augmente la
sécrétion d'acide par l'estomac.

D'autres cellules de type ouvert sont sensibles à une augmentation du contenu intestinal en
glucose ou en acides gras. Elles sécrètent alors un peptide appelé GIP ou "gastric inhibitory
peptide" qui inhibe la sécrétion de suc gastrique et stimule la libération d'insuline.

Puisque les cellules de type ouvert sont à la fois sensorielles et sécrétrices, certains les
considèrent comme des paraneurones. En effet, elles ressemblent à des neurones car, comme
eux, elles possèdent une zone sensorielle spécialisée. Elles s'en différencient par l'absence de
connexion synaptique, leur produit étant libéré dans le milieu intérieur.

Si certaines hormones produites dans la paroi du tube digestif influencent la sécrétion de ses
cellules exocrines, d'autres ont comme fonction de régler sa motilité. Toute perturbation dans
leur sécrétion s'accompagne d'un trouble. Ainsi l'hypersécrétion du facteur appelé "vasoactive
intestinal peptide" ou VIP induit un relâchement des muscles lisses et une accélération du
transit intestinal, se traduisant par de la diarrhée.

En résumé, les cellules endocrines du tube digestif peuvent présenter deux aspects
morphologiques: elles peuvent être de type fermé ou de type ouvert . Elles sont caractérisées
par leurs nombreux grains de sécrétion, de taille, forme et densité variables. Leur sécrétion
peut être endocrine ou paracrine et la plupart semblent à la fois sensorielles et sécrétrices.
Avec le système nerveux, elles règlent la digestion.

L'endocrinologie du tube digestif est cependant plus compliquée que ne le laisse supposer ce
bref aperçu. En effet, depuis ces dix dernières années, les découvertes se succèdent à un
rythme rapide. A présent, de multiples hormones ou parahormones ont déjà été extraites et
purifiées; les cellules qui les produisent n'ont été identifiées que dans certains cas.

Les cellules endocrines du tube digestif sont parfois considérées comme faisant partie d'un
système plus général dénommé APUD. Ce terme est formé des initiales des mots anglais
"Amine content or Precursor Uptake and Decarboxylation" qui définissent les propriétés des
cellules de ce système. Celles-ci peuvent, en effet, contenir ou capter des précurseurs d'amines
et les décarboxyler. Ces précurseurs sont généralement la dihydroxyphénylalanine ou le 5-
hydroxytryptophane; la dopamine, la sérotonine et l'histamine sont les trois amines qui ont pu
être détectées. Ces amines sont stockées dans les mêmes grains de sécrétion que les hormones
peptidiques.

Les cellules APUD ont toutes une même origine embryologique. Elles dérivent des crêtes
neurales et colonisent le tube digestif et de nombreux autres organes comme la thyroïde, le
poumon, la trachée, les canaux biliaires, la prostate, et l'urèthre.
61

6. Cellules et glandes du métabolisme


phosphocalcique
Les glandes impliquées dans la régulation du métabolisme phosphocalcique sont l'ensemble
des cellules claires ou parafolliculaires de la thyroïde, et les parathyroïdes.

6.1. Cellules claires de la thyroïde

Les cellules C ou claires ou parafolliculaires sont volumineuses, leur cytoplasme est plus clair
que celui des cellules folliculaires, d'où leur nom. Leur noyau est pâle et ovoïde. Elles sont
enchâssées dans l'épithélium folliculaire, mais ne viennent jamais en contact avec le colloïde.
Elles peuvent aussi former des amas dans le chorion.

Dans une coupe semi-fine, on les reconnaît aisément. En voici quelques-unes indiquées par
des flèches.
62

Dans les préparations histologiques habituelles, les cellules C sont difficilement


reconnaissables. Ici, chez ce jeune chien, elles sont plus volumineuses et leur cytoplasme
n'est pas coloré. Une d'entre elles est indiquée par une flèche.

Les grains de sécrétion sont petits et distribués dans tout le cytoplasme. Ils sont ronds ou
ovoïdes, et leur matrice est dense.
63

Comme nous l'avons déjà mentionné, les cellules C dérivent des crêtes neurales
rhombencéphaliques et migrent avec les corps ultimobranchiaux avant de coloniser la
thyroïde. Leur origine embryonnaire et leurs propriétés histochimiques les classent dans les
cellules du système APUD. Leurs grains contiennent surtout de la calcitonine, peptide de 32
acides aminés, mais aussi de la sérotonine et de la somatostatine. Le rôle de la calcitonine
est de diminuer la calcémie en stimulant les ostéoblastes, et donc l'ostéosynthèse, et en
favorisant l'excrétion rénale des ions calcium et phosphates. L'action de la calcitonine sur
l'absorption intestinale du calcium ionisé est complexe et mal connue.

6.2. Parathyroïdes

Les parathyroïdes, chez l'homme, sont habituellement au nombre de quatre. Leur taille
normale varie entre 3 et 8 mm en longueur, entre 2 et 5 mm en largeur et entre 0,5 et 2 mm en
épaisseur. Le poids total du parenchyme parathyroïdien est inférieur à 1 g. Elles sont situées
dans la capsule de la thyroïde ou en sont séparées par du tissu conjonctif lâche. Sur ce
schéma, cette localisation normale a été représentée en traits pleins. Les localisations
ectopiques, dues à un trouble de leur migration embryonnaire, ont été représentées en
pointillé. En outre, des variations de taille et de nombre sont fréquentes.
64

La parathyroïde est limitée par une capsule conjonctive. Chez le jeune individu, son
parenchyme est composé d'un type unique de petites cellules disposées en cordons
anastomosés, entre lesquels se trouvent des vaisseaux et quelques adipocytes. Les cellules
glandulaires, dites cellules principales, ont un cytoplasme clair ou granulaire.

Chez l'adulte, la glande est fort différente, parce qu'elle a subi une involution adipeuse. Le
parenchyme est réduit et le volume du tissu adipeux peut atteindre 60 à 70% de l'organe.
Outre les cellules principales, un autre type cellulaire se développe dès la puberté: les cellules
oxyphiles; elles sont plus volumineuses et leur cytoplasme est éosinophile.
65

Voici, à fort grossissement la différence entre les cellules principales et une cellule oxyphile
indiquée par une flèche, dans une coupe de parathyroïde humaine colorée à l'hémalun-éosine-
safran. La cellule principale est petite, de 4 à 8 µm de diamètre; son noyau est rond. Son
cytoplasme est clair, il peut même paraître vacuolaire à cause des larges plages de glycogène
qu'il contient parfois et qui ont été extraites au cours de la préparation. Elle sécrète la
parathormone.

La cellule oxyphile est plus volumineuse, de 8 à 10 µm de diamètre, son noyau est petit,
dense et central, parfois en voie de pycnose. Le cytoplasme est acidophile et granulaire, à
cause de ses très nombreuses mitochondries. Le rôle de ces cellules n'est pas connu. Pour
certains, elles seraient en voie de dégénérescence; cependant, leur très grand nombre dans
l'adénome parathyroïdien suggère qu'elles ont un rôle dans la synthèse de la parathormone ou
dans la régulation de sa sécrétion.

Le cycle de sécrétion dans la cellule principale est bien particulier. Lorsque la cellule est au
repos, son cytoplasme est clair et contient de larges plages de glycogène, très peu de réticulum
endoplasmique rugueux et un appareil de Golgi fortement réduit. Lorsque la cellule est en
phase sécrétoire, son cytoplasme est plus foncé, le glycogène ayant disparu, puis le réticulum
et l'appareil de Golgi se développant progressivement. Enfin, des vésicules de condensation et
des grains immatures, au contenu peu dense, se forment dans le cytoplasme.
66

Voici les cellules principales à des stades différents de leur activité. Les unes sont au repos et
leur cytoplasme semble pratiquement vide. D'autres, indiquées par des flèches, sont en phase
sécrétoire et leur cytoplasme est plus développé et granulaire.

Au début de la phase sécrétoire, le réticulum endoplasmique rugueux est développé et prend


fréquemment un aspect spiralé, l'appareil de Golgi est composé de nombreux saccules dont
certains contiennent un matériel granulaire qui est le précurseur des hormones. Des vésicules
de condensation, reconnaissables à leur grande taille et à leur contenu modérément dense, sont
également visibles et indiquées par des flèches.
67

Les parathyroïdes dérivent de l'endoderme des troisièmes et quatrièmes fentes branchiales.


Elles sécrètent la parathormone, peptide de 84 acides aminés dont les 34 premiers possèdent
une activité biologique comparable à la molécule entière. Son action est hypercalcémiante.

Ce schéma résume les rôles respectifs de la calcitonine (flèches rouges) et de la


parathormone (flèches bleues) dans le métabolisme phosphocalcique.

La concentration du calcium, et en particulier celle du calcium ionisé, dans le milieu


extracellulaire ne peut varier que dans des limites très étroites. Plusieurs contrôles concourent
à l'y maintenir.

L'absorption du calcium au niveau du tube digestif augmente sous l'influence de la


parathormone, dont l'activité dépend en partie de la vitamine D. Le squelette représente une
réserve énorme de calcium, qui y est essentiellement sous forme de phosphates. Selon les
besoins, les os incorporent du calcium sous l'effet de la calcitonine qui stimule les
ostéoblastes et donc l'ostéogenèse. Le squelette en libère sous l'effet de la parathormone
qui stimule l'activité des ostéoclastes et augmente leur nombre. Les deux hormones, enfin,
agissent sur les reins qui participent à la régulation de la calcémie. La calcitonine augmente
la perte urinaire en ions calcium et phosphates tandis que la parathormone favorise la
réabsorption tubulaire du calcium ionisé.
68

7. L'épiphyse
7.1. Localisation

Chez l'homme, l'épiphyse ou glande pinéale est un petit organe conique, de 7 à 10 mm de


haut et pesant 100 à 200 mg. Elle est située dans le toit du troisième ventricule, sous la portion
postérieure du corps calleux et dans la gouttière formée par les tubercules quadrijumeaux
antérieurs.
69

Chez le rat, le corps calleux et les hémisphères cérébraux sont moins développés, l'épiphyse
est donc située immédiatement en arrière du lobe occipital et en avant du cervelet. A ce faible
grossissement, l'épiphyse a l'aspect d'une masse cellulaire compacte, enveloppée d'une fine
capsule contenant des vaisseaux.

7.2. Microanatomie

Cette capsule est fibreuse, elle provient d'un épaississement de la pie-mère. Des septa s'en
détachent et dissocient le parenchyme glandulaire; ils contiennent des fibres nerveuses et des
vaisseaux. La base de l'épiphyse est dirigée vers le troisième ventricule.
70

Pour comprendre la structure et la fonction des cellules de la glande pinéale, il est nécessaire
de revoir rapidement l'histologie et la fonction de cet organe chez des animaux inférieurs.
Chez le lézard, l'épiphyse a la forme d'un sac et est reliée par un nerf à un oeil rudimentaire
et médian qui possède un segment antérieur, translucide et un segment postérieur,
photorécepteur. Les informations lumineuses recueillies par cet organe médian sont
transmises à l'épiphyse par le nerf pinéal.

7.3. Ultrastructure du pinéalocyte

Chez la grenouille, l'épiphyse a toujours la forme d'un sac. Sa paroi comprend des cellules de
soutien, des cellules ganglionnaires, dont le rôle n'est pas connu, et des pinéalocytes,
analogues aux cellules photosensibles de l'organe médian des lézards. Les pinéalocytes ont un
71

corps cellulaire globuleux et deux prolongements: l'un, photosensible, est l'équivalent du


bâtonnet de la rétine. Son ultrastructure complexe n'a pas été représentée sur cette image. Sa
portion proximale est remplie de petites vésicules et de mitochondries et sa portion distale est
constituée de très nombreux replis de la membrane plasmique se disposant comme les dents
d'un peigne. L'autre prolongement est l'équivalent de l'axone d'une cellule rétinienne, mais,
au lieu de faire synapse avec une autre cellule nerveuse, il se termine par une dilatation
ampullaire à proximité de petits capillaires fenestrés. Comme les neurites des cellules
nerveuses, les prolongements des pinéalocytes contiennent de très nombreux microtubules.

Les pinéalocytes des mammifères dérivent directement des cellules photoréceptrices des
animaux inférieurs. Ils possèdent également deux prolongements. Celui qui correspond au
prolongement photosensible est devenu atrophique et ne contient que des petites vésicules et
de nombreuses mitochondries. Par contre l'autre prolongement s'est développé et est devenu
neurosécréteur: son extrémité distale est remplie de vésicules ou de grains de sécrétion. Il
contient parfois des gouttelettes lipidiques.
72

Le corps cellulaire est globuleux, le noyau est échancré et le cytoplasme abondant contient
tous les organites nécessaires à une synthèse hormonale de type protéique. On y trouve en
outre la bandelette synaptique qui n'existe que dans un seul autre type cellulaire: le bâtonnet
de la rétine. Elle est composée d'une association de microtubules entourés de petites vésicules.
Des fibres nerveuses nues, originaires du système sympathique cervical courent le long des
pinéalocytes. Enfin, des cellules allongées, dites de soutien, sont accolées au corps et aux
prolongements des pinéalocytes.
73

Voici une épiphyse de rat en coupe semi-fine. L'animal a été perfusé pour mieux séparer les
différents constituants glandulaires. Les pinéalocytes ont un volumineux noyau pâle. Leur
cytoplasme contient des gouttelettes lipidiques colorées en vert. Les cellules s'associent en
îlots séparés par des septa contenant quelques cellules de soutien, des fibroblastes et des
capillaires. Au sein de ces îlots se trouvent de petits espaces intercellulaires qui ne contiennent
pas de vaisseaux mais parfois des prolongements de pinéalocytes (flèche).

Le prolongement non sécréteur du pinéalocyte contient des mitochondries allongées et tassées


les unes contre les autres, quelques vésicules et de nombreux microtubules.
74

La terminaison sécrétrice d'un pinéalocyte est ici accolée à une autre cellule et contient de
nombreux grains denses, des mitochondries et quelques gouttelettes lipidiques.

Voici une cellule de soutien; elle est grêle et son noyau est ovoïde. Le cytoplasme émet de
fins prolongements qui longent les cellules.
75

L'épiphyse humaine contient aussi des psammomes, masses arrondies ou polycycliques


calcifiées qui, colorées à l'hémalun-éosine-safran, ont une couleur rouge pourpre. Ces
calcifications apparaissent à la puberté; leur nombre et leur taille augmentent avec l'âge. Leur
origine et leur rôle sont inconnus. Encore récemment, on utilisait ces calcifications comme
repères en radiologie: leur déplacement latéral, visible sur une radiographie de face, est le
signe d'un processus expansif localisé du côté opposé au déplacement.

7.4. Fonction.
L'épiphyse sécrète une hormone aminée, la mélatonine ou 5-méthoxy-N-acétyl-sérotonine,
synthétisée à partir de la sérotonine. Son effet sur la régulation du développement et du
fonctionnement des gonades est le mieux connu. La mélatonine induit une régression de
celles-ci, en inhibant la sécrétion de la LH et de la FSH et en réduisant la sécrétion de la
prolactine. La mélatonine a aussi un effet anti-MSH évident sur la peau des batraciens, ce qui
explique son nom. Elle intervient également dans la mue de nombreux animaux.

L'épiphyse sécrète aussi d'autres substances aminées et de petites protéines dont les fonctions
sont mal connues: elles interviendraient, entre autre, dans la régulation de la motricité et du
sommeil.

L'aspect le plus remarquable de la physiologie épiphysaire est le rythme de sa sécrétion et la


régulation de ce rythme par la lumière. La sécrétion de la mélatonine est stimulée par le
système orthosympathique à partir d'une "horloge biologique interne" située dans
l'hypothalamus. Cette horloge transmet ses stimuli à l'épiphyse via le mésencéphale, la corne
intermédio-latérale de la moelle cervicale, le ganglion cervical supérieur et un nerf.

La lumière est perçue chez les lézards par l'oeil rudimentaire médian et les stimuli qu'elle
provoque aboutissent directement par le nerf pinéal à l'épiphyse, siège de l'"horloge
biologique".
76

Chez les mammifères, la lumière est perçue par les yeux et les stimuli qu'elle provoque
aboutissent à l'hypothalamus et bloquent l'effet stimulant de l'"horloge biologique".

L'horloge biologique interne modulée par la lumière règle la sécrétion de mélatonine en


fonction d'un rythme circadien et d'un rythme saisonnier. En effet, le raccourcissement de
la journée induit une augmentation de la sécrétion nocturne de la mélatonine, qui provoque la
régression des organes génitaux, une modification du comportement sexuel et la mue
saisonnière chez de nombreux animaux. Chez l'homme, la régulation est plus complexe, mais
la présence des rythmes circadien et saisonnier a été démontrée.
77

8. Glandes de la gestation

Au cours de la gestation, l'équilibre endocrinien maternel est profondément modifié par de


nouvelles structures endocrines: le corps jaune de grossesse, le cortex foetal surrénalien et
le placenta. Leur description détaillée sera vue avec le système génital; nous nous limiterons
à la description des cellules dont les caractères généraux sont ceux des cellules endocrines
sécrétant des protéines ou des lipides.

Le corps jaune de grossesse, représenté à faible grossissement dans l'image de gauche, est
beaucoup plus volumineux que le corps jaune qui se développe au cours de la seconde partie
d'un cycle sans fécondation. Il dérive cependant de celui-ci. Il est formé de grandes cellules au
cytoplasme rempli de vésicules lipidiques, mais, chose particulière, les gouttelettes d'une
même cellule sont de taille variable, contrairement à ce que l'on voit dans les autres glandes
qui sécrètent des stéroïdes. Le corps jaune de grossesse sécrète surtout de la progestérone.

Le cortex foetal surrénalien, improprement appelé zone X, participe à la synthèse des


oestrogènes. Le cholestérol y subit une première transformation; le produit de cette
transformation est sécrété dans le sang foetal et arrive au placenta où la synthèse hormonale se
termine.

L'étude du rôle respectif de la progestérone et des oestrogènes au cours de la gestation relève


de la physiologie.
78

Certaines cellules placentaires synthétisent des hormones de nature protéique dont les
principales sont l'HCG (Human Chorionic Gonadotrophin) et l'HPL (Human Placental
Lactogen) . Elles possèdent donc l'ultrastructure caractéristique des cellules sécrétant des
peptides dont la détection se fait en utilisant des techniques immunocytochimiques. Voici à
titre d'exemple, la détection de l'HCG dans une villosité placentaire, selon la technique
peroxydase anti-peroxydase décrite dans la première leçon. Les cellules qui contiennent cette
hormone sont remplies d'une substance brunâtre, produit de la réaction histochimique.
79

9. Rein endocrine
Les reins produisent de nombreuses hormones dont la principale est la rénine qui, avec
l'angiotensine forme le système rénine-angiotensine. Il sécrète en outre l'érythropoïétine et
certaines prostaglandines. La microanatomie, l'ultrastructure et l'embryogenèse des reins
sont vus avec le système urinaire.

La rénine est synthétisée et sécrétée par les cellules de l'appareil juxta-glomérulaire. Celui-ci
est composé des cellules de la paroi de l'artériole afférente du néphron (1), de la macula
densa, portion spécialisée du tube contourné distal (2) et du coussinet polaire (3). Ce dernier
est situé dans l'espace limité par les artérioles afférente et efférente (4), la macula densa (2) et
le glomérule (5).

Les cellules du coussinet polaire sont de deux types. Les unes sont des cellules mésangiales
extra-glomérulaires, dont le cytoplasme est clair. Les autres, responsables de la sécrétion de
rénine, sont des cellules musculaires lisses très spécialisées de l'artériole afférente: elles
sont polygonales, contiennent des grains de sécrétion et sont en étroite relation avec l'intima
de l'artère d'une part, et avec la macula densa d'autre part. Les cellules de la macula densa ont
une polarité inversée et dirigée vers les cellules du coussinet polaire. Les relations exactes
entre ces deux cellules ne sont pas connues mais à cet endroit, la membrane basale du tube
contourné est plus mince qu'ailleurs. Des terminaisons adrénergiques (6) sont en contact
étroit avec l'artériole afférente.
80

Voici la coupe d'un corpuscule rénal. On reconnaît dans la partie centrale la masse des
capillaires appartenant au glomérule et séparée du feuillet pariétal de la capsule de Bowman
par un espace clair. Au-dessus du glomérule se trouve la portion différentiée du tube
contourné distal. Les cellules de ce tube en rapport avec les capillaires sont cylindriques;
ensemble, elles constituent la macula densa. A droite du corpuscule, on reconnaît l'artériole
afférente dont la lumière est limitée par un endothélium. Les cellules musculaires de sa média
sont modifiées au voisinage de la macula densa. Ces cellules appartiennent au coussinet
polaire qui s'insinue en formant un coin entre le corpuscule et le tube contourné.

La rénine n'est pas une hormone au sens propre du terme parce qu'elle n'agit pas sur une
cellule cible. Elle est une enzyme protéolytique qui agit dans le rein et dans le plasma sur
l'angiotensinogène, globuline synthétisée par le foie. La rénine libère, à partir de
l'angiotensinogène, un décapeptide, l'angiotensine I qui ne devient actif qu'après sa
transformation en un octapeptide, l'angiotensine II, sous l'influence d'une enzyme de
conversion, présente dans le plasma. L'angiotensine II est essentiellement hypertensive. Son
métabolisme est très rapide et sa 1/2 vie plasmatique est de 90 secondes. Elle est transformée
en résidus peptidiques inactifs sous l'effet d'aminopeptidases plasmatiques.

La sécrétion de la rénine est réglée par les variations de la tension intramurale dans
l'artériole afférente et par les modifications dans la composition ionique de l'urine primitive,
perçues au niveau de la macula densa.

La sécrétion de rénine augmente lorsque la pression artérielle diminue dans l'artère rénale -
par exemple lorsqu'il y a sténose de l'artère, hypovolémie ou passage de la position couchée à
la position debout - ou lorsque la concentration de sodium baisse dans la lumière du tube
distal. On peut donc dire que les cellules de la paroi artérielle sont des barorécepteurs et que
les cellules de la macula densa sont des chémorécepteurs.

L'augmentation de la sécrétion de la rénine par les cellules du coussinet induit une


augmentation de l'angiotensine II.
81

L'angiotensine II a des effets multiples qui ensemble concourent à augmenter la pression


artérielle. En contractant les fibres musculaires lisses des vaisseaux et en stimulant le
système nerveux adrénergique, elle réduit le volume du lit vasculaire. En provoquant la
sécrétion d'aldostérone par les cellules glomérulaires du cortex surrénalien, et celle d'ADH par
la neurohypophyse, elle entraîne une rétention de sodium et d'eau et donc une augmentation
du volume plasmatique. Par son effet sur le centre hypothalamique de la soif, elle contribue
également à l'augmentation de ce volume.

Le rein sécrète également l'érythropoïétine, mais on ignore de quelles cellules rénales


provient cette sécrétion.

L'érythropoïétine est essentielle pour maintenir un niveau normal d'érythropoïèse: elle stimule
la maturation des érythroblastes et sa production dépend des variations de la teneur en
oxygène des tissus.

Le rôle des reins dans la régulation de l'érythropoïèse est démontré parce qu'une anémie est
fréquemment associée à de l'insuffisance rénale chronique et que certaines tumeurs rénales
provoquent de la polyglobulie.

10. Thymus endocrine


Le thymus est essentiellement composé de lymphocytes et assure un rôle important dans
l'immunité tissulaire. Nous ne reviendrons pas sur sa structure ou sa fonction; nous reverrons
simplement le rôle des cellules épithéliales.

Les cellules épithéliales thymiques ont trois fonctions: elles forment le squelette de l'organe,
elles assurent un microenvironnement induisant la maturation des thymocytes, elles libèrent
des substances participant cette maturation.

A ce jour, quatre facteurs thymiques principaux, le facteur sérique, la thymosine, la


thymopoïétine et le facteur thymique humoral ont été purifiés. Leur origine exacte et leur
rôle précis ne sont pas encore connus. Il est possible que ces quatre facteurs agissent sur les
thymocytes à proximité des cellules qui les ont synthétisés, il faudrait alors les considérer
plutôt comme des parahormones. Il est aussi possible qu'ils agissent à distance sur les
lymphocytes du sang et sur les zones thymodépendantes des organes lymphoïdes
périphériques.

Le nom de prostaglandine a été donné en 1930, par le physiologiste suédois Von Euler, à une
substance acide, liposoluble, présente dans la vésicule séminale, le sperme et la prostate.
Aujourd'hui, ce terme recouvre un groupe d'acides gras, présents dans de très nombreux
organes. Le plus souvent, les prostaglandines sont utilisées par la cellule qui les synthétise ou
par les cellules voisines. Elles peuvent donc être considérées comme des parahormones.
Leur production est difficile à évaluer et leur concentration sanguine est très faible.

Les prostaglandines dérivent de l'acide arachidonique. Elles ont toutes 20 atomes de carbone
et un noyau cyclopentane à deux chaînes latérales. Elles sont classées en séries A, B, E, et F,
en fonction des variations de leur cycle. On les classe également en sous-séries en fonction du
nombre de doubles liaisons dans les chaînes latérales et de la position du groupement
hydroxyle du carbone 9.
82

Voici, à titre d'exemple, la structure de deux prostaglandines de séries différentes.

L'acide arachidonique est un acide gras poly-insaturé indispensable, présent dans les
phospholipides des membranes cellulaires et dont il est libéré par une phospholipase. Les
enzymes regroupées sous le nom de prostaglandine-synthétase ou cyclo-oxygénase,
permettent la conversion de l'acide arachidonique en endoperoxydes. Ces derniers sont des
corps instables à partir desquels se forment soit les prostaglandines proprement dites, soit
d'autres dérivés, les thromboxanes dans les plaquettes, et les prostacyclines dans les
vaisseaux.

Certaines prostaglandines ont un effet local et général dans les processus inflammatoires.
Leur concentration est accrue dans les zones enflammées où elles provoquent une
vasodilatation et une augmentation de la perméabilité capillaire. Leur injection induit un
accroissement de la température corporelle, en agissant sur l'hypothalamus. L'action anti-
inflammatoire de certains médicaments comme les glucocorticoïdes et l'aspirine peut, en
partie au moins, s'expliquer par leur action inhibitrice sur la synthèse des prostaglandines.

D'autres, et notamment les prostaglandines El, E2 et F2 provoquent la contraction du


myomètre et ont été utilisées pour induire l'accouchement. D'autres, par contre, provoquent le
relâchement des muscles lisses, notament dans les bronches et les vaisseaux.

Les prostaglandines synthétisées par les reins augmentent le débit sanguin rénal et le débit
urinaire, en provoquant une vasodilatation. Elles s'opposent donc à l'angiotensine II qui induit
une vasoconstriction rénale. Les prostaglandines, thromboxanes et prostacyclines participent
ensemble à la régulation de la formation du clou plaquettaire. Les prostaglandines et les
prostacyclines l'inhibent tandis que les thromboxanes la favorisent et induisent en outre une
vasoconstriction localisée à l'endroit du thrombus.

Enfin, les prostaglandines modulent l'action de nombreuses autres hormones, mais on ignore
encore comment.
83

 1. Le complexe hypothalamo-hypophysaire
o 1.1. Microanatomie
o 1.2. Embryogenèse
o 1.3. Vascularisation du complexe
o 1.4. L'hypothalamus endocrine
 1.4.1. Microanatomie
 1.4.2. Aspect histologique
 1.4.3. Histophysiologie
o 1.5. Hypophyse
 1.5.1. Microanatomie
 1.5.2. Adénohypophyse
 1.5.2.1. Histologie
 1.5.2.2. Histophysiologie
 1.5.3. Lobe médian
 1.5.4. Neurohypophyse
 1.5.4.1. Corps de Hering
 1.5.4.2. Les cellules de la posthypophyse
 1.5.4.3. Histophysiologie
 2. Thyroïde
o 2.1. Anatomie
o 2.2. Microanatomie
o 2.3. Embryogenèse
o 2.4. Aspect des cellules folliculaires
o 2.5. Histophysiologie
 3. Surrénales
o 3.1. Anatomie
o 3.2. Microanatomie
o 3.3. Embryogenèse
o 3.4. Cortex surrénalien
 3.4.1. Glomérulaire
 3.4.2. Fasciculaire
 3.4.3. Réticulaire
o 3.5. Médullo-surrénale
 3.5.1. Aspects cellulaires
 3.5.2. Histophysiologie
 4. Cellules endocrines des gonades
o 4.1. Testicule
o 4.2. Ovaire
 5. Les glandes endocrines du système digestif
o 5.1. Pancréas endocrine
 5.1.1. Morphologie des îlots de Langerhans
 5.1.2. Histophysiologie
o 5.2. Cellules endocrines isolées du tube digestif
o 5.3. Histophysiologie
 6. Cellules et glandes du métabolisme phosphocalcique
o 6.1. Cellules claires de la thyroïde
o 6.2. Parathyroïdes
 7. L'épiphyse
o 7.1. Localisation
o 7.2. Microanatomie
o 7.3. Ultrastructure du pinéalocyte
o 7.4. Fonction
 8. Glandes de la gestation
 9. Rein endocrine 10. Thymus endocrine

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