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Cours de Physiologie FSS Le système nerveux

PHYSIOLOGIE DE LA MOELLE EPINIERE

Objectifs :

Objectif général : comprendre l’organisation structurale et fonctionnelle se la moelle


épinière

Objectifs spécifiques :

1- Comprendre l’organisation générale de la moelle épinière

2- Comprendre le rôle de transit de la moelle épinière à travers la description des


grandes voies nerveuses qui la traversent

3- Comprendre le rôle de centre nerveux de la moelle épinière à travers la description


des éléments d’un arc réflexe

4- Décrire le mécanisme des principaux réflexes médullaires

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I- INTRODUCTION

La moelle épinière constitue la partie du névraxe située dans le canal rachidien, allant
du trou occipital où elle fait suite au canal rachidien, jusqu’à la 2 ème vertèbre lombaire. La
moelle épinière joue un rôle de centre neveux en présidant aux réflexes et un rôle de
conducteur reliant la périphérie aux centres supérieurs. La moelle épinière et les nerfs
spinaux contiennent des réseaux de neurones qui gouvernent des réactions plus rapides
aux variations du milieu extérieur.

II – RAPPELS ANATOMIQUES

1- Structures protectrices

La moelle épinière est entourée et protégée par les méninges et les vertèbres, ainsi qu’un
cousin de liquide cérébro-spinal (produit dans l’encéphale).

1-1 Les méninges

Les méninges sont des membranes de tissu conjonctif qui recouvrent la moelle
épinière et l’encéphale.

- La dure-mère : c’est la méninge externe ; elle est composée de tissu conjonctif


dense irrégulier. Elle forme un sac fermé qui s’étend entre le foramen magnum percé
dans l’os occipital (ou elle s’unit à la dure-mère crânienne) et la deuxième vertèbre
sacrale. La moelle épinière est aussi protégée par un cousin de tissu adipeux et de tissu
conjonctif situé dans l’espace épidural, espace entre la dure-mère et la paroi du canal
vertébral.
- L’arachnoïde : méninge intermédiaire, elle est une enveloppe avasculaire. Elle
est située en dessous de la dure-mère et est en continuité avec l’arachnoïde crânienne. La
dure-mère et l’arachnoïde sont séparées par le mince espace sous-dural, qui contient du
liquide interstitiel.

- La pie-mère : c’est la méninge la plus profonde ; elle est faite d’une couche
mince et transparente de tissu conjonctif qui adhère à la moelle épinière. Elle est
composée de faisceaux entrelacés de fibres collagènes et de délicates fibres élastiques ;

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elle contient un grand nombre de vaisseaux sanguins qui fournissent de l’oxygène et des
nutriments à la moelle épinière. L’arachnoïde et la pie-mère délimitent l’espace sous-
arachnoïdien, qui contient du liquide cérébro-spinal.

1-2 La colonne vertébrale

La moelle épinière est située à l’intérieur du canal vertébral de la colonne


vertébrale. Ce canal est formé par la superposition de tous les foramens vertébraux. Les
vertèbres constituent une armure solide pour la moelle épinière. Les ligaments vertébraux,
les méninges et le liquide cérébro-spinal lui confèrent une protection supplémentaire.

2- Anatomie externe

La moelle épinière se présente sous forme d’un long cordon arrondi mais aplati
légèrement à l’avant et à l’arrière. Chez l’adulte, elle s’étend du bulbe rachidien, la partie
inférieure de l’encéphale, jusqu’au bord supérieur de la deuxième vertèbre lombaire. La
longueur de la moelle épinière adulte varie entre 42 et 45 cm continuée par les 25 cm du
filum terminale. Son diamètre moyen est d’environ 1 cm, section bien inférieure au
diamètre du canal rachidien, ce qui lui donne de « l’aisance » dans son contenant. Elle est
de consistance friable et pèse 30 g. Vue de l’extérieur, la moelle épinière parcourue par
des sillons verticaux et présente deux renflements notables.
Le renflement supérieur, renflement cervical, s’étend de la quatrième vertèbre
cervicale à la première vertèbre thoracique. C’est de là qu’émergent les nerfs qui
s’étendent jusqu’aux membres supérieurs. Le renflement inférieur, appelé renflement
lombaire, s’étend de la neuvième à la douzième vertèbre thoracique. C’est de là
qu’émergent les nerfs qui desservent les membres inférieurs. En dessous du renflement
lombaire, la moelle épinière se termine par une structure conique, le cône médullaire, qui
s’étend jusqu’à la hauteur du disque intervertébral situé entre la première et la deuxième
vertèbre lombaire chez l’adulte. Rattaché au cône médullaire, le filum terminale est un
prolongement de la pie-mère qui ancre la moelle épinière au coccyx.
Les sillons sont au nombre de 6:
- 1 sillon dorsal peu profond
- 2 sillons collatéraux de chaque côté ; ce sont les sillons collatéraux
antérieurs et postérieurs

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- 1 sillon antérieur profond où se loge l’artère principale.


Ces sillons délimitent les cordons ; il existe donc des cordons antérieurs, latéraux et
postérieurs de chaque côté.
Les fibres radiculaires sortent des sillons collatéraux : sillon collatéral antérieur
pour la racine antérieure et sillon collatéral postérieure pour la racine postérieure. Ces
racines sortent de chaque métamère. En effet, la moelle épinière est dite métamérisée
parce qu’elle paraît segmentée et constituée d’une superposition de 31 métamères ou
myélomères. Il y a 31 paires de racines rachidiennes qui émergent à intervalles réguliers.
On dit que chaque paire de nerfs spinaux émerge d’un segment médullaire. Les noms des
nerfs spinaux et des segments médullaires dénotent de leur situation. On compte 8 paires
de nerfs cervicaux (C1 à C8), 12 paires de nerfs thoraciques (T1 à T12), 5 paires de nerfs
lombaires (L1 à L5), 5 paires de nerfs sacraux (S1 à S5) et 1 paire de nerfs coccygiens.
Les racines issues de la partie inférieure de la moelle épinière sortent de la colonne
vertébrale par un foramen situé plus bas que leur point d’émergence dans la moelle
épinière. Leurs racines s’infléchissent dans le canal vertébral et prennent l’aspect de
mèches de cheveux. L’ensemble de ces racines porte le nom de queue de cheval.
Les racines, relient chaque nerf spinal à un segment de la moelle épinière. La racine
dorsale contient seulement des fibres sensitives, lesquelles transmettent les influx nerveux
de la périphérie du corps au système nerveux central. Chaque racine dorsale présente un
renflement, le ganglion spinal, qui contient les corps cellulaires des neurones sensitifs. La
racine ventrale contient les axones des neurones moteurs, lesquels transmettent les influx
nerveux du SNC aux cellules et organes effecteurs.

3- Anatomie interne

La moelle épinière est faite d’une substance blanche constituée de fibres nerveuses
(axones endogènes et exogènes) et d’une substance grise constituée de corps cellulaires et
d’interneurones.

 La substance blanche de la moelle épinière est située à la périphérie et est


parcourue par deux dépressions linéaires qui la divisent en un côté droit et un côté gauche.
La dépression médiane ventrale, située sur la face antérieure, est large et profonde, tandis
que le sillon médian dorsal, situé sur la face postérieure est étroit et superficiel.

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La substance blanche contient des faisceaux d’axones myélinisés et amyélinisés de


neurones sensitifs, d’interneurones et de neurones moteurs.
Elle est divisée en 3 grandes régions appelées cordons: le cordon ventral, le cordon
dorsal et le cordon latéral. Chaque cordon contient des groupes d’axones ayant la même
origine ou la même destination et transmettant le même genre d’information. Ces groupes
d’axones peuvent monter ou descendre sur de grandes distances le long de la moelle
épinière et sont appelés faisceaux, ou tractus. Les faisceaux moteurs (descendants) sont
composés d’axones qui transmettent les influx nerveux vers la périphérie et les faisceaux
sensitifs (ascendants) sont faits d’axones qui transmettent l’information de la périphérie
vers les centres nerveux.

 La substance grise de la moelle épinière a grossièrement la forme d’un H ou d’un


papillon et est entourée de substance blanche. Son aspect caractéristique est observé sur
une coupe horizontale.
- En son centre se trouve un petit espace, le canal central ou canal épendymaire, qui
s’étend sur toute la longueur de la moelle épinière. A son extrémité supérieure, le canal
central s’unit au quatrième ventricule dans le bulbe rachidien.
- Les jambages latéraux forment les cornes et la barre transversale forme la
substance grise périépendymaire.
La substance grise contient principalement des corps cellulaires de neurones, des cellules
gliales, des axones amyélinisés et des dendrites d’interneurones et de neurones moteurs.
Dans la substance grise de la moelle épinière, des amas de corps cellulaires de neurones
forment des groupes fonctionnels appelés noyaux. Ces noyaux commandent la sensibilité
et la motricité. Les noyaux sensitifs reçoivent les informations d’entrée provenant des
récepteurs par l’intermédiaire des neurones sensitifs ; les noyaux moteurs envoient des
informations de sortie aux tissus effecteurs par l’entremise de neurones moteurs. La
substance grise située de chaque côté de la moelle épinière se divise en régions appelées
cornes. Les cornes ventrales présentent une base et une tête volumineuse d’aspect
dentelé : c’est la zone somato-motrice. Elle contient des corps cellulaires de neurones
moteurs somatiques et des noyaux moteurs, qui émettent des influx nerveux entraînant la
contraction des muscles squelettiques.
Les cornes dorsales constituent la zone somato-sensible. Ces zones contiennent des
noyaux sensitifs somatiques et autonomes.
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Dans les segments thoracique, lombaire supérieur et sacral se la moelle épinière, les
cornes dorsales et ventrales sont séparées par des cornes latérales qui forment la zone
périépendymaire viscéro-sensible en arrière et viscéro-motrice en avant. Celles-ci abritent
les corps cellulaires de neurones moteurs autonomes qui régissent l’activité des muscles
lisses, du muscle cardiaque et des glandes.

III - FONCTIONS DE LA MOELLE EPINIERE

La moelle épinière remplit deux grandes fonctions dans le maintien de l’homéostasie :


la propagation des influx nerveux (rôle de transit) et l’intégration de l’information (rôle de
centre nerveux). Les faisceaux de substance blanche constituent en quelque sorte les
autoroutes qu’empruntent les influx sensitifs pour aller de la périphérie vers l’encéphale et
les commandes motrices pour se rendre de l’encéphale à la périphérie. La substance grise
de la moelle épinière reçoit et intègre les influx afférents et les influx efférents.

1- Rôle de transit
Une section transversale de la moelle rend insensibles les parties du corps situées en
arrière de cette section : on dit que l’animal est anesthésié. Cette section abolit également
la motricité volontaire au niveau de ces parties : on dit que l’animal est paralysé. En effet,
la première des fonctions de la moelle épinière dans le maintien de l’homéostasie est la
propagation des influx nerveux dans des faisceaux vers les centres supérieurs. On

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distingue 2 types de faisceaux : les voies ascendantes et les voies descendantes. Le nom
d’un faisceau révèle son origine et sa terminaison (et, par le fait même, la direction des
influx nerveux) ainsi que sa situation dans la substance blanche. Ce nom indique
généralement d’abord la situation des corps cellulaires des neurones et celle des dendrites,
puis celle des terminaisons axonales.

1-1 Les voies ascendantes


L’information sensitivo-sensorielle provenant des récepteurs parcourt la moelle
épinière jusqu’à l’encéphale en empruntant deux voies principales de part et d’autres de la
moelle épinière ; les faisceaux spino-thalamiques et les faisceaux gracile et cunéiforme.
 Le faisceau spino-thalamique dorsal véhicule la sensibilité thermo-algésique
(température et douleur lente). Ses fibres font relais dans la tête de la corne postérieure et
le 2ème neurone décusse dans le cordon antéro-latéral opposé.
 Le faisceau spino-thalamique ventral transmet les informations provenant de la
sensibilité tactile prothopathique (sensibilité grossière ou diffuse). Ses fibres font
également relais dans la corne postérieure comme les précédentes.
 Le faisceau de GOLL et BURDACH conduit la sensibilité tactile épicritique (les
influx nerveux provenant des récepteurs du toucher discriminant, qui permettent de
déterminer avec exactitude le siège d’une stimulation tactile et aussi d’éprouver de
sensations distincts lors de la stimulation de deux points très rapprochés sur la peau) et de
la douleur rapide. Ce faisceau est fait de fibres de gros calibre à conduction rapide, ne
faisant pas relais dans la corne postérieure ; elles gagnent directement le cordon postérieur
du même côté.
 Le faisceau spino-cérébelleux qui renseigne les centres nerveux sur l’état de
contraction musculaire, les attitudes posturales et intervient, de ce fait dans la statique, la
coordination du mouvement et la régulation du tonus musculaire (sensibilité profonde
inconsciente). Le 1er neurone a son corps cellulaire dans une cellule en T du ganglion
rachidien et 2 contingents vont se constituer :

- un contingent de fibres rapides fortement myélinisées qui proviennent des


fuseaux neuro-musculaires et conduisant la sensibilité profonde inconsciente,
gagne la colonne de CLARKE et le noyau de BETCHEREW. De là, un 2ème
neurone constitue 2 faisceaux :

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- l’un du même côté dans le cordon latéral : le faisceau de


FLECHSIG ou faisceau spino-cérébelleux direct.
- l’autre décusse et forme dans le cordon latéral du côté opposé en
avant du FLEHCSIG, le faisceau spino-cérébelleux croisé ou faisceau de
GOWERS.
- un contingent à fibres larges mais moins rapides rejoint le faisceau de GOLL et
BURDACH et conduit la sensibilité profonde consciente (donc ce faisceau rejoint
celui de la sensibilité tactile épicritique et de la douleur rapide.

Le système sensoriel informe sans relâche le SNC des variations des milieux intérieur et
extérieur. Les réponses apportées à cette information sont déclenchées par les systèmes
moteurs et permettent de déplacer et de modifier la relation physique avec l’extérieur.

1-3 Les voies descendantes


Les commandes motrices destinées aux muscles squelettiques parcourent la moelle
épinière en empruntant des voies qui s’articulent avec les dynamoneures des cornes
antérieures ; on a deux types de voies descendantes : la voie pyramidale et la voie
extrapyramidale.
 La voie pyramidale
Elle provient de la circonvolution frontale ascendante et conduit la motricité volontaire
(motricité idiocinétique c'est-à-dire motricité qui porte sur les gestes délicats et précis des
petites masses musculaires, des extrémités des membres ou des muscles de la mimique, de la
langue et du larynx). De cette origine ce faisceau se réparti en 2 contingents à la partie
inférieure du tronc cérébral qui cheminent dans la moelle épinière :
- le faisceau pyramidal croisé qui provient du contingent ayant décussé en
bloc au niveau du bulbe
- le faisceau pyramidal direct qui est le contingent mineur n’ayant pas
décussé. En fait, ce faisceau aussi décusse progressivement le long de son
trajet au niveau de chaque métamère.
 La voie extrapyramidale
Elle est faite de plusieurs faisceaux partant du cortex mais également des noyaux gris
centraux. Ces faisceaux effectuent plusieurs relais avant d’atteindre la moelle. Cette voie
conduit la motricité involontaire et porte sur les mouvements associés des grosses masses

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musculaires de la raine des membres, des mouvements rythmiques et des mouvements


d’accompagnement (motricité holocinétique). Elle comprend :
- le faisceau rubro-spinal qui provient du noyau rouge (centre appartenant au
système de régulation du tonus musculaire)
- les faisceaux tecto-spinaux (ventral et dorsal) qui prennent leur origine dans
les tubercules quadrijumeaux (centre des réflexes visuels et auditifs)
- les faisceaux vestibulo-spinaux (dorsal et ventral) provenant des noyaux
vestibulaires (noyaux appartenant au système de l’équilibration).

2- Rôle de centre nerveux


La deuxième fonction que remplit la moelle épinière dans le maintien de
l’homéostasie est de servir de centre d’intégration pour les réflexes spinaux ou réflexes
médullaires. L’intégration a lieu dans la substance grise de la moelle épinière. Les réflexes
sont des réponses rapides, prévisibles et automatiques aux variations du milieu. En effet,
l’arc réflexe s’organise dans le cadre d’un métamère avec sa paire de racines rachidiennes.
Un arc réflexe est composé des cinq éléments fonctionnels suivants :

1- Le récepteur sensoriel (extrémité distale d’un neurone sensitif ou une structure


sensitive associée) qui réagit à un stimulus particulier en produisant un potentiel gradué
appelé potentiel générateur ou potentiel récepteur selon le type de récepteur. Si un
potentiel générateur atteint le seuil d’excitation, il déclenche un ou plusieurs influx
nerveux dans le neurone sensitif.

2- Le neurone sensitif : l’influx nerveux se propage le long de l’axone du neurone sensitif


depuis le récepteur jusqu’aux terminaisons axonales, qui sont situées dans la substance
grise de la moelle épinière.

3- Le centre d’intégration : une ou plusieurs régions de la substance grise, dans la moelle,


servent de centre d’intégration. Dans le type de réflexion le plus simple, le centre
d’intégration est constitué par une seule synapse entre un neurone sensitif et un neurone
moteur. Une voie réflexe qui ne comporte qu’une synapse dans le SNC est un arc réflexe
monosynaptique. Le plus souvent, le centre d’intégration est constitué d’un ou plusieurs
interneurones, qui peuvent relayer l’influx nerveux à d’autres interneurones ou à un
neurone moteur. Une voix réflexe qui comprend plus de deux types de neurones et plus
d’une synapse dans le SNC est un arc réflexe polysynaptique.

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4- Le neurone moteur : les influx nerveux déclenchés par le centre d’intégration se


propagent le long d’un neurone moteur rachidien jusqu’à la partie du corps qui y réagira.

5- L’effecteur : c’est la partie du corps (muscle ou glande) qui obéit à la commande


motrice. L’action de l’effecteur est appelée réflexe. Si l’effecteur est un muscle
squelettique, il s’agit d’un réflexe somatique. Si l’effecteur est un muscle lisse, le muscle
cardiaque ou une glande, il s’agit d’un réflexe autonome ou viscéral.

Les réflexes permettent à l’organisme de s’ajuster aux déséquilibres homéostatiques de


manière extrêmement rapide. L’absence ou l’anomalie d’un réflexe révèle une lésion
située dans une voie particulière.

2-1 Les réflexes

a- Réflexe d’étirement

Le réflexe d’étirement ou réflexe myotatique, est un arc réflexe monosynaptique. Il


sollicite deux types seulement de neurones (un sensitif et un moteur) et ne fait intervenir
qu’une synapse dans la moelle. Il entraîne la contraction d’un muscle (effecteur) par suite
de son étirement. On peut provoquer le réflexe d’étirement dans les articulations du
coude, du poignet, du genou et de la cheville.
Un réflexe d’étirement se déroule comme suit :

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1- un léger étirement d’un muscle stimule dans ce muscle des récepteurs sensoriels
appelés fuseaux neuromusculaires

2- Sous l’effet de l’étirement, un fuseau neuromusculaire génère un ou plusieurs influx


nerveux qui se propagent dans un neurone sensitif somatique jusqu’à la racine dorsale du
nerf spinal et aboutissent dans la moelle épinière.

3- Dans la moelle épinière (centre d’intégration), le neurone sensitif stimule au moyen


d’une synapse excitatrice un neurone moteur situé dans la corne ventrale.

4- si l’excitation est assez intense, un ou plusieurs influx nerveux prennent naissance dans
le neurone moteur et se propagent le long de son axone. Ces influx nerveux partent donc à
la moelle épinière, traversent une racine ventrale et parcourent des nerfs périphériques
avant de stimuler le muscle. Les terminaisons axonales du neurone moteur forment des
jonctions neuromusculaires avec les myocytes squelettiques du muscle étiré.
5- L’acétylcholine libérée au niveau de la jonction neuromusculaire en réponse aux influx
nerveux, déclenche un ou plusieurs potentiels d’action musculaires dans le muscle étiré
(effecteur), et celui-ci se contracte.

Pendant un réflexe d’étirement, par conséquent, la contraction du muscle étiré


s’accompagne du relâchement du muscle antagoniste qui s’oppose à la contraction. Le
mécanisme nerveux qui, comme dans ce cas-ci, entraîne simultanément la contraction
d’un muscle et le relâchement de ses antagonistes est appelé innervation réciproque. Il
prévient les conflits entre les muscles opposés et est essentiel à la coordination des
mouvements.

b- Réflexe tendineux

Le réflexe d’étirement fonctionne comme un mécanisme de rétroaction pour régir la


longueur d’un muscle en suscitant sa contraction. Le réflexe tendineux, au contraire,
fonctionne comme un mécanisme de rétroaction pour régir la tension musculaire en
entraînant le relâchement d’un muscle avant que la force de la contraction provoque une
rupture des tendons. A l’instar du réflexe d’étirement, le réflexe tendineux – aussi appelé
réflexe myotatique inverse ou réflexe en lame de canif – est ipsilatéral.
Un réflexe tendineux se déroule comme suit :

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1- l’augmentation de la tension appliquée au tendon stimule l’organe tendineux de Golgi


(récepteur sensoriel) et y entraîne une dépolarisation (atteinte du seuil d’excitation).
2- Le récepteur sensoriel génère des influx nerveux qui se propagent jusque dans la moelle
épinière par l’intermédiaire d’un neurone sensitif.

3- dans la moelle épinière centre d’intégration), le neurone sensitif active un interneurone


inhibiteur qui fait synapse avec un neurone moteur.

4- inhibé par le neurotransmetteur inhibiteur (qui cause une hyperpolarisation), le neurone


moteur génère de moins en moins d’influx nerveux.

5- Le muscle rattaché au tendon étiré se relâche et réduit le tendon.

c- Réflexe de flexion et réflexe d’extension croisée

 Si un sujet marche sur une punaise, il soulève automatiquement la jambe en


réponse au stimulus douloureux. Cet autre réflexe polysynaptique, appelé réflexe de
flexion ou réflexion de retrait, se découle comme suit :

1- La pointe de la punaise stimule les dendrites (récepteurs sensoriels) d’un neurone


sensible à la douleur.

2- Ce neurone sensitif génère des influx nerveux qui se propagent jusque dans la moelle
épinière.

3- Dans la moelle épinière (centre d’intégration), le neurone sensitif active des


interneurones qui parcourent plusieurs segments médullaires.

4- Les interneurones activent des neurones moteurs situés dans différents segments
médullaires. Ces neurones moteurs génèrent des influx nerveux qui se propagent jusque
dans les terminaisons axonales.

5- l’acétylcholine libérée par les neurones moteurs entraîne la contraction des muscles
fléchisseurs de la cuisse (effecteur), produisant ainsi le retrait de la jambe. Il s’agit d’un
réflexe de protection, car la contraction des muscles fléchisseurs éloigne le membre de la
source du stimulus douloureux.

Le réflexe de flexion à l’instar du réflexe d’étirement est ipsilatéral, c'est-à-dire que


les influx descendants sortent de la moelle épinière du côté où les influx ascendants y sont
entrés. Le réflexe de flexion emprunte un arc dit arc réflexe intersegmentaire, parce que
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plusieurs neurones moteurs doivent acheminer simultanément des influx nerveux vers
plusieurs muscles du membre inférieur ou supérieur, afin d’éloigner un membre entier
d’un stimulus douloureux.

 Dès que le sujet marche sur la punaise, il peut perdre l’équilibre lorsqu’il transfère
son poids sur l’autre pied. En ce moment, les influx douloureux déclenchent aussi un
réflexe destiné à maintenir l’équilibre appelé réflexe d’extension croisée, qui se déroule
comme suit :

1- le contact de la pointe de la punaise avec la peau stimule le récepteur sensoriel d’un


neurone sensible à la douleur, dans le pied droit par exemple.
2- Ce neurone sensitif génère des influx nerveux qui se propagent jusque dans la moelle
épinière.

3- Dans la moelle épinière (centre d’intégration), le neurone sensitif active plusieurs


interneurones qui font synapse avec des neurones moteurs situés dans différents segments
médullaires, du côté gauche. Par conséquent, les influx douloureux ascendants croisent la
ligne médiane dans des interneurones situés au même niveau ainsi qu’à plusieurs niveaux
au dessus et au-dessous du point d’entrée dans la moelle épinière.

4- Les interneurones stimulent les neurones moteurs qui, situés dans plusieurs segments
médullaires, innervent les muscles extenseurs. Ces neurones moteurs génèrent des influx
nerveux qui ne propagent jusque dans les terminaisons axonales.

5-L’acétylcholine libérée par les neurones moteurs entraîne la contraction des muscles
extenseurs de la cuisse (effecteur) dans le membre gauche non stimulé, produisant ainsi
l’extension de la jambe gauche. Le poids peut alors être transféré sur cette jambe ; qui
soutiendra le corps entier. Un réflexe semblable se produit à la suite d’une stimulation
douloureuse du membre inférieur gauche ou de l’un des deux membres supérieurs.

Contrairement au réflexe de flexion, qui est ipsilatéral, le réflexe d’extension


croisée est controlatéral, c'est-à-dire que les influx sensitifs entrent d’un côté de la moelle
épinière et que les commandes motrices sortent de l’autre. C’est ainsi que le réflexe
d’extension croisée synchronise l’extension du membre controlatéral avec la flexion
(retrait) du membre stimulé. Le réflexe de flexion et d’extension croisée supposent tous
deux une innervation réciproque.

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