Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Droit Législatives 2022
Droit Législatives 2022
Une majorité absolue envolée, deux partis contestataires consacrés comme premiers groupes
d’opposition, un président de l’Assemblée nationale défait… Au soir du second tour des
élections législatives, la logique du scrutin majoritaire a craqué de toute part sous la pression
de l’abstention et d’une campagne erratique entre coups d’éclat et invectives. Chose inédite
sous la Ve République et encore davantage depuis 2002 et la réforme du calendrier électoral,
l’Hémicycle va incarner la complexité d’un paysage politique fragmenté.
Ensemble ! obtient 246 sièges, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes),
142, le Rassemblement national (RN), 89, le parti Les Républicains (LR) et l’Union des
démocrates et indépendants (UDI), 64, la gauche hors Nupes, 13. Les députés élus dimanche
19 juin commenceront officiellement leur mandat mercredi, avant l’ouverture de la
16e législature, mardi 28 juin.
Entre ces deux échéances, sept jours sont alloués aux élus de la précédente mandature pour
vider leurs bureaux et laisser les nouveaux s’installer au Palais-Bourbon. Sept jours qui ne
seront pas de trop pour les différentes formations, qui vont devoir prendre leurs marques dans
cette nouvelle configuration politique et parlementaire. Quel positionnement vis-à-vis de la
majorité relative d’Emmanuel Macron ? Quel avenir pour les alliances électorales comme
Ensemble ! ou la Nupes ? Quelle présidence pour l’Assemblée nationale et les différents
groupes parlementaires ?
Les tractations qui auront lieu cette semaine autour de la composition de ces groupes
officialisés le 28 juin constituent le bras de fer ultime – après ce « troisième tour » – entre la
majorité et ses oppositions. Sous la précédente mandature, l’Hémicycle a compté jusqu’à
dix groupes parlementaires – un record – du fait des dissensions internes à La République en
marche (LRM), qui avait fini par perdre la majorité absolue – passant de 314 députés à 266
députés à la fin de la législature.
Ce nombre fatidique de dix entités à l’Assemblée nationale pourrait être de nouveau atteint et
poserait d’importants défis organisationnels pour l’institution. Sur la dizaine de groupes
parlementaires potentiels, sept seraient d’opposition, dont trois – LR, La France insoumise
(LFI) et le RN – seraient en mesure de déposer une motion de censure pour renverser le
gouvernement (qui nécessite 58 paraphes) et de recourir à une saisine du Conseil
constitutionnel après l’examen d’un texte (60 signatures au minimum).
Qui dit oppositions sous la Ve République dit afflux d’amendements et un travail légistique
soutenu pour les fonctionnaires de l’Assemblée nationale, qui devront traiter des demandes
abondantes de la part de la Nupes, là où, durant la précédente législature, les dix-sept députés
LFI avaient usé et parfois abusé des avalanches d’amendements pour contraindre leurs
adversaires.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les élections législatives brisent l’élan du second
mandat d’Emmanuel Macron
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La Nupes et le RN, deux fronts anti-Macron
totalement opposés
Les précédents sous la Ve République, notamment celui de 1986 avec l’arrivée d’un groupe de
trente-cinq députés du Front national dans une Assemblée élue à la proportionnelle, puis de
1988, avec une majorité relative pour François Mitterrand, ont permis de démontrer la
souplesse des institutions de la Ve République et leur grande capacité d’adaptation aux
contextes politiques, même les plus tumultueux, pour préserver la stabilité du pouvoir.
Test gratuit
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Législatives 2022 : Les Républicains divisés sur
l’attitude à adopter face à Emmanuel Macron
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le camp Macron craint une « paralysie totale »
après les législatives et évoque « une dissolution » de l’Assemblée dans un an
Mariama Darame