La souris voyageuse

Pipistrelle à Venise

Annick et Jacques Laban

Novembre 2001
2001

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Dans la gare de Nice, sous une grosse
traverse en bois vivait une famille de souris.
La demeure était certes un peu bruyante,
toutefois cela ne troublait pas le bonheur de
ce petit monde.

Mais quand les trains

quittaient la gare, l’aînée
des enfants, la la petite
Pipistrelle, ne pouvait
s’empêcher de rêver aux
merveilles qu’elle
pourrait découvrir si elle
osait y monter. Comment
faire ?
Les marches étaient bien
hautes pour une si petite souris.
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Un jour, elle trouva la solution. Un sac de
voyage était posé
posé sur le quai : elle s’y
engouffra. Une soudaine secousse lui fit
sortir le museau. Elle s’aperçut alors qu’elle
embarquait dans le train avec deux jeunes
filles bavardes et rieuses.

Elle entendit le haut-

haut-parleur annoncer :
« les voyageurs à destination
destination de Venise, en
voiture, attention au départ ».
Venise ! Elle avait toujours rêvé de visiter
cette ville magique. Quelle chance !

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Profitant de la nuit, Pipistrelle fit le tour du
compartiment. Elle trouva
dans une poubelle un
morceau de fromage : quel
festin, mes amis ! La petite
souris se dit qu’elle adorait
vraiment voyager.
Au matin, elle courut se réfugier au fond du
sac de la passagère. Lorsqu’elle osa sortir
de sa cachette elle réalisa qu’elle avait
embarqué sur un vaporetto, un de ces
bateaux qui
qui servent d’autobus sur les
canaux de Venise.

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Elle regarda vers l’extérieur et n’en crut pas
ses yeux de petite souris : le bateau
naviguait sur un canal très large bordé de
palais resplendissants dans la lumière du
matin. De part et d’autre, calée
calées par des
pieux alignés, d’étranges barques d’un noir
brillant, dont l’avant se dressait fièrement
vers le ciel, semblaient attendre leurs
passagers. Une petite voix d’enfant s’éleva.
- Maman, tu as vu les gondoles ?

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 Pipistrelle décida d’aller voir ces
ces fameuses
gondoles de plus près. Quand le vaporetto
s’arrêta, elle se glissa entre les pieds des
voyageurs et sauta sur le quai. En traversant
un pont, elle aperçut la hampe noire d’une
gondole qui glissait doucement sur l’eau
calme.

Elle attendit que le bateau soit presque

entièrement passé, puis se laissa tomber tout
près du gondolier qui ne prit pas garde à
une si petite chose. Se dissimulant sous le
tapis qui ornait l’arrière, elle se laissa
délicieusement bercer par le clapotis de l’eau
sur la coque.
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 La gondole avançait
doucement sur les
eaux vertes, quittant
un canal très étroit
pour un autre encore
plus rétréci. Le
gondolier maniait sa
longue rame avec
adresse et s’aidait
parfois du pied
pour s’éloigner d’un
mur. Il devait
baisser la tête pour
franchir les petits ponts arqués.
Enfin, vers le soir, il rejoignit son
embarcadère formé de piquets plantés au
bord d’un quai, dans la vase de la lagune.

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Pipistrelle sauta à terre et se faufila parmi
la foule des promeneurs,
promeneurs, sur une immense
place dominée par une basilique toute dorée.
Sur le sol, des
pigeons par milliers
picoraient du maïs
offert par les
touristes.
Quelle aubaine !
Pipistrelle s’empara
de trois grains qu’elle
alla grignoter bien à
l’abri sous l’étal
l’étal de
la marchande. Il
était temps, la petite souris avait très faim !

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Puis elle se demanda où elle pourrait passer
la nuit. Elle quitta la piazza San Marco
(c’est le nom de cette grande place) et se
laissa couler par un soupirail dans la cave
d’un restaurant,
restaurant, attirée par une délicieuse
odeur de fromage fondu. Dès qu’elle atterrit
sur le sol carrelé, un cri redoutable lui glaça
le sang :

Miaaaou !
Elle était enfermée
dans la cave avec
une troupe de chats !
Des yeux jaune-
jaune-fluo
luisaient dans
l’obscurité.
Une
Une patte faillit la
happer quand elle
tenta de gagner le
soupirail pour se
retrouver dehors.
Impossible de passer par là.
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Tout à coup, elle entendit un sifflement.
- Tuuuit ! Viens par ici, il y a un trou dans
le mur, l’avertit une petite voix.
Elle fila comme
comme l’éclair vers le coin de la
pièce d’où venait l’avertissement. Il y avait
là un jeune souriceau. Il l’entraîna vers un
orifice très étroit où il se faufila. Pipistrelle
en fit autant. De l’autre côté du mur, une
marche glissante dominait à peine l’eau noire
noire
d’un petit canal malodorant.

Le souriceau l’y attendait. Il l’accueillit

d’une voix chantante :
- Bongiorno bella signorina. Je crois que les
Raminagrobis ont bien failli t’attraper !

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 Heureusement que j’étais là. Je m’appelle
Niccolo, et toi ?
- Je suis Pipistrelle. J’arrive de Nice et je ne
connais pas bien Venise. Pourrais-
Pourrais-tu
m’indiquer un endroit tranquille pour
passer la nuit ?
- Bien sûr, beauté. Seulement, il va falloir
traverser le canal. J’ai une bonne adresse
mais c’est de l’autre côté, dans le chantier
de gondoles que tu vois là-
là-bas.

Pipistrelle n’était pas sûre de savoir nager.

Elle n’avait jamais essayé. Cependant elle se
mit à l’eau pour suivre Niccolo et se rendit
compte qu’elle arrivait à flotter.
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Les jours suivants Niccolo fit visiter
visiter à sa
nouvelle amie tous les quartiers de la ville.
Ils embarquèrent dans toutes sortes de
bateaux et visitèrent de nombreux palais. Ce
fut fabuleux.
Puis, Pipistrelle interrogea :
- Connais-
Connais-tu Rome, Niccolo ?
- Non, je suis toujours resté ici.
- Et si on y al allait
lait ? C’est tellement
tellement
passionnant de voyager…
C’est ainsi qu’un vieux routard en partance
pour Rome embarqua sans le savoir deux
petites souris dans son sac à dos.

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 Arrivederci
!

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