Vous êtes sur la page 1sur 2

Le Lit…

Il y a une semaine, je m'étais résolu à randonner dans les Cévennes lors de mes
congés, m’étant dit que cela me changerait de la ville.

Je marche ardemment lorsque, sans crier gare, un amoncellement de nuages gris se


forme. Je presse le pas vers l’auberge, lorsque le tonnerre retentit. Une fois arrivé dans le
refuge, je m’accoude au comptoir et demande l'aubergiste. Un brave monsieur bien en chair
s’approche du comptoir et s’y appuie avec ses gros bras. Je lui dis :

« -Bonsoir monsieur, pourriez-vous me servir le dîner et me louer une chambre ?


-Il m'en reste bien une, mais c’est la chambre 13 !
-Qu'est-ce que cela fait donc ?» demande-je.
Une voix enrouée s'élève dans la pénombre d’un coin de la pièce :
« -Faut jamais donner la chambre 13, mon fils ! Souviens-toi, il y a un demi-siècle !»
Agacé de ces superstitions, je rétorque :
« -Je vous donnerai le double pour dormir au chaud. »
L’aubergiste, après une courte hésitation, me lance les clés, alléché par l’argent.

Après un dîner trop copieux, je monte, l’estomac barbouillé, dans ma chambre et


traverse le couloir, aux murs jaunâtres et au plancher grinçant. Une fuite émanant du plafond
participe à l’atmosphère installée par l’orage. Alors que j’insère la clé dans la serrure de la
porte délabrée de ma chambre, un violent coup de tonnerre me fait sursauter. J’entre dans une
chambre qui semble ne pas avoir servi depuis 50 ans. J’appuie sur l’interrupteur, et la lampe
s’allume en grésillant pendant d’interminables secondes. Exténué, je me dirige vers mon lit
aux draps immaculés, qui dégagent une odeur étrange et enivrante. Je m’affale aussitôt sur le
lit. Au même moment, la porte de la chambre claque violemment. Je me retourne
brusquement vers les fenêtres pour constater avec appréhension qu’elles sont closes. Je
m’approche pour passer mon doigt sur les interstices entre le battant et le chambranle et
constate qu’elles sont parfaitement bien isolées. Pourtant, des frissons me parcourent le dos.
Soudain, dans un bain de lumière blanche, la foudre met le feu à un arbre à une trentaine de
mètres de l’auberge. Quel spectacle dramatique !

Malgré la pluie qui martèle les fenêtres, je me glisse dans mon lit et m'enveloppe de la
couverture. Étonnamment, je parviens à m’assoupir malgré le vacarme des éléments.

Je me fais courser par des corbeaux aux yeux rouges qui fondent sur moi pour me
dévorer le foi. Je cours pieds nus, et les graviers m’écorchent les pieds. Un caillou me fait
trébucher, et les corbeaux me rattrapent. Ils me déchirent ma chemise et commencent à me
dévorer le foi.

Je me réveille en sursaut, le cœur battant. Je tente de regarder l’heure, mais, lorsque je


tourne la tête, le drap dans lequel je me suis enroulé se resserre violemment. Je me débats,
mais mon Dieu ! Plus je me débats, plus l’étreinte se resserre. Sûrement un mauvais farceur
qui a installé un jeu de ficelles ! J’arrête un instant ces mouvements contre-productifs et je
raisonne en bon notaire. Voilà ma conclusion, évidente : Je rêve ou bien je suis fou. Je me
remets à me contorsionner, quand je me sens devenir lourd.  Je remarque que ma peau suinte
et des nausées me saisissent. De telles sensations n’arrive pas dans un rêve ! Je suis donc fou !
Je hurle, enfin j’essaie, mais voilà que la taie d’oreiller m’étrangle ! Je n’arrive plus à
raisonner, ma vue se trouble, ma peau picote, ma respiration s’emballe, mon asthme prend le
dessus. Un sifflement suraigu me déchire les tympans, puis plus rien…
« -Voilà qu’il est 11 heures et le citadin n’est toujours pas réveillé !
-C’est le lit, la chambre. Ils l’ont tué !
-C’est qu’il a une note à me payer, dis !
-Allons voir ! »

         Il gît sur le lit, les mains sur son cou, comme s’il s’était étranglé. C’est un spectacle
terrifiant. Ses yeux sont grand ouverts mais vides de toute expression. Ses cheveux sont en
bataille et on voit sur sa bouche béante que des cris ont été poussés. A ce même moment, le
crissement de la porte trouble le silence du cadavre. Une tête timide entre dans la chambre.
Elle en ressort et dit : « Il s’est suicidé en s’étranglant, Papa ! Ou alors il est fou ! »

Le père balaie cette suggestion d’un geste de la main et rétorque : « -J’en étais sûr !
Cette chambre est hantée, je vous l’avais dit ! »

https://www.youtube.com/watch?v=xWpnTGmS8-Q

https://www.youtube.com/watch?v=K3gNzlASrEM

Bleu : Xavier

Rouge : Alex

Vert : Émile

Vous aimerez peut-être aussi