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« Les défauts doubles » sont des défauts consécutifs qui apparaissent à la suite d’un court-circuit avec la terre.
Ils sont le résultat d’une rupture de l’isolement en mode commun d’un point du réseau soumis à une surtension
dynamique. Ils cumulent les propriétés des défauts monophasés et des défauts biphasés à la terre.
Ces anomalies affectent généralement les réseaux présentant un facteur de mise à la terre très supérieur à 3 dont
l’isolement en mode commun est dégradé ou insuffisant.
Déphasage (°)
50
250
J3
200 0
J2
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
150 -50
Jn
100 -90°
-100
Φ3
50
-150
0 Φn
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 -200
Rm1(Ω
Ω) Rm1(Ω
Ω)
200 200
Pn <0 Φn Qn= 0 Φn
150 150
ΦA ΦA
100 100
PAo<0 PAo>0 QAo>0
Déphasage (°)
Déphasage (°)
50 50
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
-50 -50
-90° PBo> PBo<0 -90° QBo<0
-100 -100
0
Φ3 Φ3
-150 -150
Φn Pn <0 Φn Qn=0
-200 -200
Rm1(Ω
Ω) Rm1(Ω
Ω)
L’argument de l’impédance homopolaire du réseau influe directement sur le signe des puissances homopolaires.
On constate que les protections à maximum de puissance homopolaire installées sur les deux départs ont peu de
chance de fonctionner en même temps du fait de leur argument respectif. En effet, on constate sur les graphiques
que les signes de ces puissances sont souvent opposés. Il s’ensuit que le deuxième défaut sera éliminé après
l’élimination du premier.
1.1.2 Evaluation des montées en potentiel des prises de terre aux lieux des défauts
Les doubles défauts monophasés provoquent, sur les prises de terre, des montées en potentiels dangereuses pour
les biens et les personnes. Ils sont parfois à l’origine de graves sinistres chez les clients alimentés en basse
tension.
1.1.2.1 Influence de l’impédance homopolaire sur les montées en potentiel des prises de
terre.
Le graphique ci dessous représente les valeurs des tensions apparaissant aux bornes des résistances de prise de
terre Rm1 et Rm2 pour différent régimes de neutre.
16000 V3
14000
12000
10000
8000
6000 V2
4000
2000
0
3j 12 12j 36 36j 36+36j 120 120j 120+120j 240 1800 2700
Zo ( Ω )
.
La surtension apparaissant sur la prise de terre la plus résistante dépend du régime de neutre.
Extrait de l’ouvrage « La pratique des régimes de neutre » lambert.michelp@wanadoo.fr
Evolution des montées en potentiel des prises de terre en fonction des résistances de défaut.
Si le courant dans le neutre est négligeable (cas du neutre isolé ou fortement impédant), on peut admettre que la
tension composée se répartit en fonction du rapport des résistances.
Montée en potentiel
14000
12000
10000
8000
Etudions la variation de Vm2 et Vm3 en
6000 Vm2
fonction des valeurs de Rm1 et Rm2 pour une 4000
impédance homopolaire de 120+120j Ω. On fait 2000
varier simultanément Rm1 de 0 Ω à 100 Ω et 0
0;100
10;90
20;80
30;70
40;60
50;50
60;40
70;30
80;20
90;10
100;0
Rm2 de 100 Ω à 0 Ω.
Rm1;Rm2
En pratique, on a coutume de calculer les montées en potentiel des prises de terre en négligeant le courant dans le
neutre (ce qui est une grossière approximation pour les faibles valeurs d’impédance homopolaire). On applique
alors la relation
Rm1
Vm2 = U
Rm1 + Rm2
10
Pour Rm1=10Ω, on obtient un résultat approximatif Vm2 = 20000 = 2000V et Vm3= 18000V.
100
HTA
Extrait de l’ouvrage « La pratique des régimes de neutre » lambert.michelp@wanadoo.fr
La tension Vm peut être transmise au neutre du réseau Basse Tension de deux façons:
Dans le cas d’un défaut double, la tension transmise au réseau Basse Tension peut atteindre plusieurs milliers de
volts et provoquer de graves sinistres chez les clients.
i j
V2 5809V
Pno = 0 i
Jn Qno > 0 206A V2 Pno < 0
292A PBo > 0 J2 2781V Qno = 0
QBo < 0 PBo > 0
PAo < 0 QBo < 0
QAo > 0 PAo < 0
J2 QAo > 0
429A
Tension V1-T
du défaut: 60 MVA 16000
15000
Défaut Ph2-Ph3-T
14500
14000
10 30 60
Résistance du défaut
Pour une faible résistance de défaut, un défaut double peut dégénérer en défaut triple. Cela peut être le cas pour
un réseau 10kV dont la tension de service est passée à 20 kV sans renforcement de l’isolement en mode
commun.
En conclusion
Les défauts doubles produisent sur les prises de terre des montées en potentiel qui dépendent essentiellement de
leur résistance respective. Les contraintes maximales sont obtenues lorsque l’une des prises de terre présente une
résistance négligeable par rapport l’autre (cas du réseau équipé d’un disjoncteur shunt).
En moyenne tension, on rencontre fréquemment le cas où la montée en potentiel d’une prise de terre est
transmise aux installations avoisinantes par couplage ou par transmission directe. Les défauts doubles sont alors
particulièrement dangereux et dévastateurs pour les biens et les personnes. L’ampleur des dégâts peut faire
penser à un coup de foudre direct. Il n’en n’est rien. Il est donc inutile d’installer des dispositifs (parafoudres,
parasurtenseurs) dont le rôle est de limiter les effets des surtensions d’origine atmosphérique. La seule protection
réside dans l’élimination des défauts doubles en respectant les règles suivantes.
Les équipements qui composent un réseau et les installations qui y sont raccordées doivent posséder un
isolement en mode commun supérieur aux surtensions dynamiques pouvant apparaître sur celui-ci (24 kV pour
un réseau 20 kV par exemple).
Cet isolement doit être pérennisé par la mise en oeuvre d’une politique de maintenance.
Les dispositifs de protections contre les surtensions d’origine atmosphérique doivent être protégés contre les
agressions qui pourraient réduire cet isolement (Ce n’est pas le cas des éclateurs).
Les parafoudres sont des appareils qui répondent à cette exigence, Ils présentent en outre l’intérêt de ne pas
laisser passer le «courant de suite »1.
1
« Le courant de suite » est le courant à la fréquence industrielle qui utilise l’arc électrique provoqué par une surtension d’origine
atmosphérique, comme chemin d’écoulement à la terre.