25/10/2022 10:51 Meurtre de Lola : l'inconcevable tragédie qui sidère la France

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Meurtre de Lola : l'inconcevable tragédie qui sidère

la France

Par Margaux d'Adhémar et Guillaume Poingt

Publié le 19/10/2022 à 19:32,
Mis à jour le 20/10/2022 à 00:34

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La résidence où vivait Lola avec ses parents, dans le 19e arrondissement de Paris, mercredi 19 octobre 2022.
Guillaume Poingt & Margaux d'Adhémar / Le Figaro.

GRAND RÉCIT - Dans le quartier de Paris où la fillette de 12 ans a été

tuée, comme dans tout le pays, l'onde de choc est immense.

«Police nationale, scellé, ne pas ouvrir», peut-on lire en lettres capitales sur la porte
d'un appartement. Juste là, derrière ces murs, la petite Lola a subi les pires sévices.
Personne dans l'immeuble n'a rien entendu. Et pour cause, la jeune fille, bâillonnée,
n'a pas pu crier. Une voisine de palier raconte même avoir appris l'atroce nouvelle sur
l'application TikTok.
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Dans la résidence, composée de plusieurs bâtiments, la stupeur et l'émotion

dominent. «Je la connais depuis qu'elle est toute petite, c'est comme si je l'avais vue
naître», confie un homme de ménage, qui remplace ce jour-là le père de Lola,
gardien de l'immeuble. «Les parents sont des gens simples, gentils comme tout. C'est
affreux ce qui s'est passé», ajoute-t-il. «Je connaissais bien la petite. Elle était
gentille, douce, timide et très proche de ses parents. Elle faisait partie d'un club de
gym et venait d'être médaillée. Ce qui s'est passé me brise le cœur», poursuit une
amie de la famille. À quelques pas de là, un peu plus loin, la petite loge de gardien
des parents de Lola est désespérément vide. Quelques bouquets de fleurs y ont été
déposés, accompagnés de mots de soutien.

La loge de gardien des parents de Lola, mercredi 19 octobre 2022. Guillaume Poingt & Margaux d'Adhémar / Le Figaro.

Peu après 15h, vendredi 14 octobre, la jeune fille quitte le collège Georges-Brassens,
situé juste en face du commissariat du 19e arrondissement de Paris. Moins de 200
mètres la séparent de son domicile. Après avoir traversé la verdoyante allée Darius
Milhaud, elle passe devant une supérette du quartier puis remonte la rue d'Hautpoul
jusqu'au numéro 40, où sera retrouvé son corps sans vie quelques heures plus tard.

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Sur les images de vidéosurveillance, auxquelles le père de la fillette a eu accès en

tant que gardien, on voit Lola pénétrer dans son immeuble à 15h15, «accompagnée
d'une jeune fille de type maghrébin âgée d'environ 20 ans», selon une source
policière. Cette dernière porte un legging clair et des baskets. À 17 heures, alors que
Lola devrait être rentrée depuis maintenant deux heures, ses parents commencent à
pressentir le pire. La peur au ventre, le père décide d'aller frapper à la porte de tous
les commerçants du quartier, photo de sa fille en main. On y voit un visage angélique,
yeux bleus et cheveux blonds, avec un petit air enjoué. Il se rend à l'auto-école, rue
Manin, chez le traiteur asiatique, à la pharmacie des Buttes-Chaumont, à la
boulangerie à l'angle de la rue… En vain. Aucune trace de Lola.

Une «caisse en plastique»

De son côté, la mère de l'enfant se rend au commissariat du 19e arrondissement vers
17h30. Les policiers enregistrent une «disparition inquiétante». Plus tard dans la
soirée, à 20h45, elle publie sur Facebook une photo de sa fille et une capture d'écran
de la vidéo-surveillance : «Alerte enlèvement de notre fille Lola vue pour la dernière
fois à 15h20 en compagnie d'une fille qu'on ne connaît pas dans notre résidence. Elle
est habillée avec un jeans blanc un pull blanc avec capuche ainsi que son sac à dos
gris».

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L'alerte enlèvement publiée sur Facebook par la mère de Lola vendredi 14 octobre dans la soirée. Capture d'écran sur
Facebook

Pendant ce temps-là, l'enquête progresse. Un homme explique aux enquêteurs

qu'une jeune femme - ressemblant à celle de la vidéo-surveillance -, l'a sollicité. Elle
voulait de l'aide pour charger «une grosse malle» dans une voiture de marque Dacia
Lodgy. À 23h20, un autre homme se manifeste auprès d'une patrouille de police : il
vient de trouver le corps d'une fillette dans une caisse en plastique à roulettes, dans
la cour intérieure du 40 rue d'Hautpoul. Un cadavre recroquevillé et ligoté, avec les
membres scotchés, est alors découvert par les policiers. Un «0» et un «1» sont
inscrits en rouge sous chaque pied de la victime. Il s'agit de la petite Lola. La famille
est prévenue à 2 heures du matin.

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Des bouquets de fleurs déposés au 40 rue d'Hautpoul, lundi 17 octobre 2022. Margaux d'Adhémar & Guillaume Poingt / Le
Figaro

Le lendemain, à l'aube, une Algérienne de 24 ans, Dhabia B., est interpellée à Bois-
Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Elle aurait été vue en train d'errer dans le
quartier à partir de 17 heures. «Elle hurlait qu'elle voulait des croissants, elle était
barbouillée de maquillage», rapporte une passante qui affirme travailler à la
boulangerie du coin. «Elle a pris un café au Rallye», complète un riverain. En début
de soirée, un homme de 43 ans l'aurait conduite à bord d'un véhicule jusqu'à
Asnières-sur-Seine. Dans le coffre se trouvait la caisse en plastique contenant le
corps de Lola ainsi que deux valises. Puis, deux heures après avoir accueilli la
principale suspecte chez lui, l'homme lui aurait commandé un chauffeur VTC afin
qu'elle retourne à Paris avec ses bagages.

L'absence d'empathie de Dahbia B.

La principale suspecte, Dahbia B., a été mise en examen lundi pour «meurtre et viol
avec acte de torture et de barbarie sur mineure de moins de 15 ans». Elle a été
incarcérée à la maison d'arrêt de Fresnes, dans le Val-de-Marne. De son côté,
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l'homme de 43 ans a été mis en examen pour «recel de cadavre».

Lors de sa garde à vue, la suspecte oscille entre reconnaissance et contestation des

faits. Elle aurait entraîné la jeune Lola dans l'appartement de sa sœur, qui vit dans le
même bâtiment que les parents de la fillette, avant de lui imposer de se doucher. Elle
aurait ensuite commis sur elle des atteintes sexuelles et d'autres violences ayant
entraîné sa mort.

L'appartement où le meurtre de Lola aurait eu lieu, mercredi 19 octobre 2022. Guillaume Poingt & Margaux d'Adhémar /
Le Figaro.

Elle aurait ensuite dissimulé le corps de la fillette, morte par asphyxie, dans la caisse.
Confrontée à des clichés du corps de Lola, Dahbia B. aurait répondu aux policiers :
«Cela ne me fait ni chaud, ni froid (...) Moi aussi, je me suis fait violer et j'ai vu mes
parents mourir devant moi». Les premiers éléments de l'enquête font ressortir une
«facilité inouïe dans le passage à l'acte» pour un motif «vain». Il pourrait y avoir eu un
différend, récent, entre la suspecte et la mère de Lola pour une histoire de badge
d'accès à la résidence.

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«Des propos incohérents»

Ce meurtre interroge sur le parcours de vie pour le moins chaotique de la principale
suspecte. Née en Algérie en 1998, elle est arrivée en France en 2016, légalement,
avec un titre de séjour étudiant. Deux ans plus tard, en 2018, elle se fait connaître
des services de police car elle est victime de violences conjugales. Titulaire d'un CAP
restauration, elle n'avait ni logement, ni emploi, ni ressources, au moment de son
interpellation, selon ses propres déclarations.

Domiciliée chez une connaissance habitant dans le Val-de-Marne, elle était

occasionnellement hébergée chez sa sœur dans le 19e arrondissement. Dahbia B.
aurait eu «des réveils nocturnes le mois passé au cours desquels elle tenait des
propos incohérents», selon sa sœur aînée de 26 ans. Un ancien petit ami de la
suspecte décrit une femme fragile sur le plan psychologique lors de sa dernière
rencontre avec elle, il y a une dizaine de jours. «Elle avait un peu perdu la boule,
dans le sens où elle parlait toute seule. Elle parlait entre ses lèvres. Je lui disais,
''qu'est-ce que tu dis?''. Elle ne répondait ''rien, rien, c'est entre moi et moi''», confie
cet homme à BFMTV.

«Je vais devoir défendre l'indéfendable», réagit l'avocat de la suspecte, Me Alexandre

Silva. Il est la cible de nombreux courriers malveillants depuis plusieurs jours. «On
me dit que je devrais avoir honte de défendre cette femme, mais il faut bien
comprendre que je fais mon métier», poursuit-il, ajoutant que son rôle est avant tout
de «comprendre ce qui s'est passé».

Une émotion nationale

La mort de Lola a suscité une profonde émotion dans toute la France. Au point de
faire réagir le chef l'État, Emmanuel Macron, qui a reçu ses parents à l'Élysée. Le
lundi suivant le meurtre, tous les élèves du collège Georges Brassens sont arrivés
vêtus de noir, avec l'interdiction de parler aux journalistes. «Nous sommes en deuil»,
justifie une responsable de l'établissement, fermant d'un coup sec la grande grille
d'entrée. À sa droite, une plaque avec le nom de l'école, «Georges Brassens». Au
feutre, un élève a ajouté une petite phrase : «Les copains d'abord».

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Le collège Georges-Brassens dans lequel Lola était scolarisé, lundi 17 octobre 2022. Margaux d'Adhémar & Guillaume
Poingt / Le Figaro

Devant le 119 rue Manin, des inconnus ont déposé des gerbes de fleurs. «C'est tout
un quartier qui est sous le choc. Nous avons peur à présent de laisser nos enfants
circuler dans la rue», glisse une mère de famille. «Ça aurait pu être ma fille», souffle
Philippe, 50 ans. Résidant dans le quartier depuis une quarantaine d'années, il
déplore la présence d'«une certaine population», notamment de «toxicos», qui
gangrène le 19e arrondissement. «Ce crime atroce est le symptôme de quelque
chose de beaucoup plus profond. On en a marre des marches blanches et des fleurs,
on veut du concret. Il faut que le fait divers devienne fait politique», insiste-t-il.

La mort de Lola provoque également de vifs débats dans la sphère politique,

notamment autour des obligations de quitter le territoire français (OQTF). La suspecte
était en effet sous le coup d'une OQTF depuis le 21 août. Interpellée la veille à
l'aéroport d'Orly, les services de police avaient constaté le défaut de son titre de
séjour. Une OQTF, sans rétention, lui avait été délivrée dans la foulée avec un délai
de départ volontaire de trente jours. Mais Dahbia B. n'a jamais regagné l'Algérie.
L'exécutif a reconnu mercredi qu'il devait «faire mieux» sur les expulsions d'immigrés
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irréguliers, après avoir été mis en cause par la droite et l'extrême droite. Les élus du
Rassemblement national et le parti d'Éric Zemmour, Reconquête!, défileront jeudi à
Paris, en hommage à Lola, dans deux rassemblements distincts.

Loin du tumulte politico-médiatique, les parents de la fillette sont de leur côté à

Fouquereuil, dans le Pas-de-Calais, d'où ils sont originaires, avec le grand frère de
Lola. «Ils sont entourés de leurs proches et leurs amis», confie sobrement une amie
de la mère de Lola. «Sa mère m'a dit qu'elle était dévastée et qu'elle ne comprenait
ce qui s'était passé. Je n'ose imaginer sa douleur, et je ne sais pas comment elle va
faire pour se relever». Et de conclure : «Sa fille, c'était tout pour elle».

Des bouquets de fleurs sur un banc, devant le collège de Lola, lundi 17 octobre 2022. Margaux d'Adhémar & Guillaume
Poingt / Le Figaro

À VOIR AUSSI - Lola, tuée parce qu'elle était française ? L'avocat de la suspecte
dément cette «rumeur»

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