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Le Figaro - mardi 25 octobre 2022

Politique

Les élus RN se joignent aux voix de la Nupes

Pierre Lepelletier Marylou Magal

« Le groupe que j’ai l’honneur de présider votera également la motion de censure présentée en des termes acceptables
de l’autre côté de l’Hémicycle », a déclaré Marine Le Pen, lundi, à la tribune de l’Assemblée.

ENFIN un coup de théâtre à l’Assemblée nationale. Ce lundi, à l’occasion des discussions sur
le budget, le Rassemblement national a changé son fusil d’épaule en annonçant voter la motion
de censure de la Nupes. « Le groupe que j’ai l’honneur de présider votera également la motion
de censure présentée en des termes acceptables de l’autre côté de l’Hémicycle », a déclaré
contre toute attente Marine Le Pen à la tribune. Standing ovation à droite de l’Hémicycle, où
sont installés les 89 députés frontistes.

De l’autre côté de l’Assemblée, c’est la stupeur. Personne ne s’y attendait. « C’est le baiser de
Judas », raille une députée Nupes. « C’est de la posture », soupire une autre. « Ce qui est
certain, c’est que cette volte-face brouille le discours du RN qui disait il y a cinq jours que s’ils
avaient leur propre motion, ils ne voteraient pas la nôtre. D’autant que ­notre texte vise la justice
écologique et sociale quand le RN a voté contre la taxation des superprofits, contre la hausse
du smic », estime le député ­socialiste Arthur Delaporte.

À ce sujet, Marine Le Pen coupe court. « Le texte de cette motion de censure porte sur le
dysfonctionnement démocratique et ne porte pas des axes politiques en désaccord avec les
nôtres », assure-t-elle, précisant que la motion du RN sera maintenue. Les réactions sont
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partagées au sein de la Nupes. Certains Insoumis se frottent les mains. « Marine Le Pen est à
la ramasse. Elle veut éviter de se retrouver avec une motion moins forte que la nôtre. Du coup
elle est obligée de voter la nôtre et se retrouve à reconnaître notre rôle de premier opposant »,
souligne la députée LFI Sarah Legrain. « Si le RN vote notre motion en nous plaçant dans le
rôle de premier opposant capable de faire tomber le gouvernement sur nos bases, tant mieux.
C’est la reconnaissance que nous sommes l’alternative », savoure l’Insoumis Éric Coquerel.
Lors de l’écriture du texte, certains députés de LFI avaient d’ailleurs poussé pour des formules
consensuelles, afin qu’elle « soit plus facilement votée par les autres d
­ éputés », y compris ceux
du RN.

Au RN, la décision a été prise dans les derniers jours. Ce dimanche, déjà, il était prévu que
Marine Le Pen se montre « plus ouverte » sur un possible vote, lors de son intervention au JT
de TF1. La question ne lui a toutefois pas été posée. Réunis en réunion exceptionnelle, avant la
séance lundi, les députés RN ont « unanimement » accepté cette nouvelle ligne stratégique. Si
les élus du parti à la flamme nient un changement d’avis, ils revendiquent leur « droit d’être
ambigus ». En réalité, la demande commençait à monter du ­terrain. ­Plusieurs électeurs avaient
récemment interpellé des députés, leur demandant pourquoi ils ne votaient pas toutes les
motions contre le gouvernement. « Cela prouve que le RN est le seul groupe libre de tout
sectarisme, quivoteselon l’intérêt national », justifie le ­député de la Somme Jean-Philippe
Tanguy, mettant en avant la « liberté » censée caractériser le groupe.

Façon aussi pour les frontistes, qui ­revendiquent leur rôle de premier opposant, de faire porter
le chapeau de l’opposition complaisante à la droite, alors que les députés LR viennent de
publier une tribune dans le JDD indiquant qu’ils soutiendraient le budget du gouvernement. En
effet, sans les voix de la droite, aucune motion de censure ne pourrait faire tomber le
gouvernement. « Ce sont Les Républicains qui choisissent de sauver le gouvernement et ne
représentent plus l’opposition, le but est de les confronter à leurs contradictions », continue
Jean-Philippe Tanguy. Une forme de pression, donc, envers les élus de droite, que Marine
Le Pen a qualifiés de « parc à huîtres ».

Quant à la Nupes, elle refuse aujourd’hui de voter toute motion de censure de leurs adversaires
du RN. Le débat a pourtant existé au sein de l’intergroupe. Contrairement aux socialistes, aux
écologistes et aux communistes, certains Insoumis ne souhaitaient pas en faire un tabou. Eux
aussi ont des remontées de terrain d’électeurs les priant de tout faire pour « se débarrasser »
de ce gouvernement.

Le débat était censé être clos lorsque Marine Le Pen avait annoncé la semaine dernière que le
RN ne soutiendrait pas ses adversaires de gauche. « Nul ne votera la motion de censure RN à
la Nupes puisque le RN a déjà dit qu’il ne voterait pas celle de la Nupes », avait même ­expliqué
Jean-Luc Mélenchon sur Twitter, mercredi dernier. La porte de sortie s’est refermée ce lundi. Et
Élisabeth Borne s’est engouffrée dans la brèche dénonçant l’alliance « contre nature » des

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« excès et contre-vérités » de la Nupes, associés au « simplisme et à l’outrance » de la motion

défendue par le RN.

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