Kinesither Rev 2016;16(178):5–17

Savoirs / Contribution originale

Effets du taping McConnell et du

Kinesio-Taping sur la douleur chez
les patients souffrant d'un syndrome
fémoro-patellaire : revue
systématique de la littérature
Effects of McConnell taping and Kinesio-Taping on pain
in patients with patellofemoral pain syndrome:
A systematic review

Johnny Afonso 31, rue de la commanderie, 54000 Nancy, France

Reçu le 7 avril 2016 ; accepté le 22 mai 2016

RÉSUMÉ MOTS CLÉS

Contexte. – Différentes techniques sont à la disposition du kinésithérapeute dans la prise en Douleur
charge des syndromes fémoro-patellaires (SFP). Le taping propose une solution à l'efficacité Kinesio-Taping
controversée. Le choix d'intégrer cet outil à son arsenal thérapeutique doit passer par une McConnell
démarche d'évaluation pour ne pas succomber aux effets de mode. Patella
Objectif. – Évaluer et comparer les bénéfices du Kinesio-Taping (KT) et du taping McConnell
(MT) sur la douleur dans le cadre du syndrome fémoro-patellaire. KEYWORDS
Méthode. – Des articles évaluant chaque type de taping ont été recherchés via MEDLINE, Pain
Cochrane Library, CINAHL, Science Direct, SPORTDiscus et PEDro. Les études devaient Kinesio-taping
évaluer la douleur et respecter des critères d'inclusion précis. Leur qualité méthodologique a McConnell taping
été évaluée par l'échelle PEDro, et leur résultats ont été extraits et analysés. Patella
Résultats. – Dix-neuf articles respectent les critères d'inclusion et de qualité. Le MT apparaît
comme un meilleur choix dans la recherche d'un effet antalgique, à condition que la correction
soit adaptée à la mesure de l'alignement de la patella du sujet. Le KT présente des résultats
positifs sur la douleur lors de comparaisons avant et après son application. Ces résultats sont en
revanche trop peu significatifs quand il est comparé à un groupe contrôle. Les études disponibles
sont globalement de qualité assez faible et les mécanismes d'action de chacune des techniques
restent peu démontrés.
Conclusion. – Le taping McConnell permet une diminution des phénomènes douloureux chez
les patients présentant un SFP. Le Kinesio-Taping souffre d'un manque d'études de bonne
qualité pour permettre d'arriver aux mêmes conclusions. La douleur ne constitue cependant
qu'un critère parmi d'autres dans le choix du kinésithérapeute.
Niveau de preuves. – 1.
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SUMMARY
Background. – Various techniques are available for physiotherapy treatment of patellofemoral
pain syndrome. Taping is one, but its efficacy is controversial. Critical assessment must guide the
physiotherapist in choosing whether or not to use this technique, without being swayed by
fashion.
Objective. – To evaluate and compare pain-relieving effects in the McConnell and Kinesio-taping Adresse e-mail :
techniques in the management of patellofemoral pain syndrome. afonso.johnny@gmail.com

http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2016.05.017
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Method. – Studies assessing either type of taping were retrieved from the MEDLINE, Cochrane Library, CINAHL, Science Direct,
SPORTDiscus and PEDro databases. Those assessing pain, with precise inclusion criteria, were included. Internal validity was
assessed using the PEDro scale. Results were extracted and analyzed.
Results. – Nineteen studies fulfilled inclusion and quality criteria. McConnell taping appeared to be the better choice in relieving
pain, providing that baseline patellar malalignment is assessed and corrected using a tailored tape. Kinesio-taping provided
positive effects on pain in pretest-posttest designs, but results were poorly significant when compared against control groups.
Few high-quality studies were retrieved, and underlying mechanisms remain unclear.
Conclusion. – McConnell taping provides positive pain reduction in patients with patellofemoral pain syndrome; studies with
adequate level of evidence are lacking to demonstrate efficacy in Kinesio-taping. However, outcomes other than pain relief are
also relevant to the physiotherapist's choices.
Level of evidence. – 1.
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réserves sont à émettre sur ces interprétations. Des défauts

INTRODUCTION
Le syndrome fémoro-patellaire (SFP) est fréquemment ren-
contré en rééducation, et touche principalement l'adolescent et
le jeune adulte. Il s'agit de la pathologie du genou générant le
plus de consultations en médecine générale ainsi qu'en méde-
cine du sport, où elle se développe volontiers chez les cou-
reurs [1]. Les patients atteints de SFP décrivent des douleurs
diffuses en regard de l'articulation fémoro-patellaire, aggra-
vées lors d'activités telles que la montée et la descente d'esca-
liers, la course, ainsi que lors de la position assise prolongée.
Le mécanisme de cette pathologie est complexe et multifac-
toriel. Il se traduirait notamment par un mauvais engagement
de la patella dans la trochlée fémorale, augmentant la pression
sur les facettes articulaires latérales [2,3]. Ce défaut d'enga-
gement peut résulter d'une association de différents facteurs.
Une augmentation de l'angle Q du genou favorise la traction
latérale de la patella par les structures actives et passives qui
l'entourent [2]. Le déséquilibre musculaire entre vaste médial
(VM) et vaste latéral (VL) est lui aussi souvent mis en cause.
Ce déséquilibre peut se traduire soit par une diminution de la
force du VM, soit par une augmentation de son délai d'activa-
tion [4]. Les troubles de la statique des articulations sus- et
sous-jacentes peuvent être également recherchés, en parti-
culier un valgus de cheville prononcé ou la tendance à l'adduc-
tion et à la rotation interne excessive de la hanche [3]. Des
d'alignement ne sont pas systématiquement retrouvés chez
les patients souffrant d'un SFP, mais ces mesures évaluées en
statique ne nous renseignent pas assez sur la cinétique de la
patella lors du mouvement [2].
Le SFP touchant particulièrement les sujets jeunes et sportifs,
on retrouve fréquemment l'utilisation du taping dans la prise en
charge de ces patients. Deux d'entre eux sont communément
rencontrés dans l'arsenal thérapeutique à disposition du kiné-
sithérapeute. Le taping décrit par Jenny McConnell et le Kine-
sio-Taping décrit par Kenzo Kase.
Le taping McConnell (MT) est apparu au début des années
1980, et comprend l'examen de la position de la patella et sa
correction par un tape rigide [5]. Son auteur décrit trois types de
positions pathologiques de la patella : Une composante de
« glide » (translation latérale), une composante de « tilt » (incli-
naison), ainsi qu'une composante correspondant à la rotation
de la patella dans son plan frontal. La correction de ces défauts
d'alignement par la pose d'un tape implique une première
bande de protection cutanée en regard de la face antérieure
du genou, suivi par une bande adhésive non élastique appli-
quée en regard de la patella. Le thérapeute y applique une
tension dans le sens de la correction désirée (Fig. 1).
Le Kinesio-Taping (KT) a été créé dans les années 1970 par
Kenzo Kase, et utilise des bandes adhésives élastiques dont
l'orientation des fibres permettrait d'avoir un impact sur l'activité

Figure 1. Application du tape selon McConnell pour une correction en glide médial (a), en tilt (b), et en rotation (c).

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douleur chez les patients souffrant d'un syndrome fémoro-
patellaire : revue systématique de la littérature
Figure 2. Exemple d'application du Kinesio-Taping en regard du
quadriceps.
et l'extensibilité musculaire, la proprioception et la circulation
sanguine et lymphatique [6]. La traction exercée dépend de
l'effet recherché, et provoqueraient des stimuli des mécanoré-
cepteurs sous-cutanés, ainsi qu'une « libération » et une réor-
ientation des structures fasciales sous-jacentes. L'engouement
pour cette technique est relativement récent, d'où un nombre
limité d'études, rarement comparables entre elles du fait des
variations des techniques de pose et des pathologies visées
par celles-ci. Dans le cadre du SFP, son application est fré-
quemment retrouvée en regard du quadriceps (Fig. 2).
Face aux différentes techniques à sa disposition, le masseur-
kinésithérapeute se doit d'adopter une démarche scientifique
pour faire un choix basé sur l'efficacité et non sur les
« modes » que peuvent créer l'industrie de la santé. Cette
démarche d'« Evidence Based Practice » (EBP) se distingue
ainsi d'une pratique empirique basée uniquement sur les
expériences du thérapeute ou sur ses croyances [7]. L'objectif
de cette revue est d'explorer la littérature de façon méthodo-
logique et scientifique pour justifier l'utilisation du MT ou du KT
chez des patients souffrants d'un syndrome fémoro-patellaire.
Des revues semblables ont déjà étudié séparément chacune
de ces techniques, mais aucune n'a visé à les confronter [8–
12]. Les deux techniques ayant des modes d'actions diffé-
rents, nous avons choisi d'utiliser la douleur comme variable
de comparaison.
MÉTHODE
Stratégie de recherche bibliographique
Des études évaluant les effets de chaque type de taping
individuellement ou en les comparant entre eux ont été recher-
chées dans des bases de données électroniques. La recher-
che via MEDLINE, Cochrane Library, CINAHL, Science Direct
et SPORTDiscus a été réalisée en utilisant une combinaison
de mots clés : « (knee* OR patell*) AND (tape OR taping OR
kinesio* OR mcconnell) AND pain ». Les recherches sur la
base de donnée PEDro s'est faite en cherchant le terme
« patell* » dans les rubriques « taping », « pain » et « knee ».
La dernière recherche est datée du 24 août 2015. Afin d'éviter
les biais de publication, des experts ont été contactés par
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e-mail pour recenser des articles non publiés ou issus de la
littérature grise. Une recherche complémentaire d'articles a été
réalisée dans un second temps via les bibliographies ou les
citations présentes dans la littérature.
Sélection des articles
Seuls les articles sous forme d'études contrôlées et d'études
croisées sont éligibles dans ce protocole de sélection, les cas
cliniques et autres rapports de congrès présentant peu de
niveaux de preuves. Des contraintes linguistiques ont été
appliquées, et n'ont été retenus que les articles rédigés en
français, en anglais ou en espagnol. Cette première étape de
sélection des articles a été réalisée sur lecture du titre et du
résumé. La deuxième étape de sélection s'est appuyée sur
une lecture complète. Elle a pour objectif de ne conserver que
les études répondant à des critères d'inclusion précis. Les
critères suivants ont été imposés :
 population : Sujets adultes avec diagnostic de SFP ou de
douleur antérieure de genou sans lésions structurelles mani-
festes (gonarthrose, tendinopathie, antécédents d'entorse
ou de luxation, antécédents chirurgicaux. . .). Les études
évaluant uniquement des sujets sains sont exclues ;
 critère d'évaluation : Douleur mesurée en tant que critère
principal ou secondaire. L'outil d'évaluation de la douleur
doit fournir une mesure quantitative, à l'aide par exemple
d'une échelle visuelle analogique (EVA) ou d'une échelle
numérique (EN) ;
 interventions :
 pour les études évaluant le KT, c'est l'application en regard
de la patella et du quadriceps qui a été retenue. Aucune
technique de pose propre au SFP n'a fait état d'un consen-
sus. Les variations dans les techniques de pose ont donc
été acceptées pour éviter une inclusion trop restrictive,
tant que celles-ci présentait une application en regard du
quadriceps,
 pour les études évaluant le taping type McConnell, la
correction systématique par un glide médial sans évalua-
tion préalable de la position de la patella a été acceptée.
Cette simplification est souvent retrouvée dans la littéra-
ture, mais les données seront évaluées séparément du
protocole standard par soucis de qualité méthodologique.
Évaluation de la qualité des articles
L'échelle PEDro a été utilisée pour l'évaluation de la qualité
méthodologique des articles respectant les critères d'inclu-
sion. Il s'agit d'une échelle de 11 critères permettant de juger
la validité interne d'une étude et de mettre en évidence les
éventuels biais présents dans celle-ci. Les items recherchés
concernent notamment l'éligibilité des sujets, la randomisa-
tion, la similarité des groupes en début d'étude, le caractère
« aveugle » des sujets, des thérapeutes et des examinateurs,
le suivi, ou encore la comparaison des groupes. Pour chaque
critère respecté, un point est accordé et une note totale sur
10 est attribuée (le premier item ne rentre pas dans le calcul
final). Plus le score obtenu est élevé, plus l'étude est de bonne
qualité.
Nous avons choisi de conserver les articles présentant un
score modéré (4 à 5) à fort (supérieur à 5), et de ne pas retenir
les articles bénéficiant d'un score inférieur à 4. Les résultats
des articles retenus ont été extraits, interprétés et classés sous
forme de tableaux. Pour faciliter leur analyse, ils ont été divisés
en trois groupes, selon qu'ils traitent du Kinesio-Taping, du
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taping McConnell, ou du taping McConnell modifié (avec une
correction en glide médial systématique).
RÉSULTATS
Résultats de la recherche
Le détail des résultats de la recherche est disponible en
Tableau I. La recherche dans les bases de données a fourni
1280 résultats (la présence de nombreux doublons entre les
bases de données n'a pas pu être comptabilisée à ce stade et
explique ce chiffre élevé). Il est intéressant de noter qu'aucun
article en français n'a été retrouvé.
Après sélection préliminaire basée sur le titre et le résumé,
87 articles ont été retenus, soit 40 après retrait des doublons.
4 articles supplémentaires ont été intégrés via la littérature
grise ou suite à leur présence dans les bibliographies des
articles précédents. La lecture des 44 articles a permis l'exclu-
sion de 17 d'entre eux par non respect des critères
d'éligibilité :
 2 ne respectaient pas le critère linguistique (articles en
chinois et en turc) ;
 3 n'étaient pas disponibles en version complète ;
 4 étaient sous forme de compte rendu de congrès ou d'arti-
cle narratif ;
 1 était une revue de littérature ;
 3 n'appliquaient pas le tape de façon standardisée ;
 4 n'évaluaient pas la douleur ou n'utilisaient pas d'outil de
mesure correct.
Au final, 27 articles ont été retenus pour l'évaluation de leur
validité interne.
technique de pose. Seulement deux études valident le critère
d'assignation secrète [13,14]. Globalement, les résultats obte-
nus mettent en évidence un faible nombre d'études présentant
une qualité méthodologique satisfaisante. La validité externe,
non évaluée par l'échelle PEDro, souffre de la faible taille des
échantillons étudiés. Onze études ont une population infé-
rieure ou égale à 20 patients. L'échantillon le plus élevé est
retrouvé dans l'étude de Clark, avec 81 sujets [15]. Ces échan-
tillons sont dans certaines études peu représentatives repré-
sentatifs. Quatre articles n'étudient que des sujets femmes
[6,16,17,4], 1 évalue une population uniquement militaire [18],
et 2 études imposent un critère d'activité physique minimum
dans la sélection de leurs patients [16,19].
Une vue d'ensemble des articles retenus met en avant un
nombre très important d'études évaluant le taping McConnell
par rapport au Kinesio-Taping. Cette différence vient du fait
que cette dernière est une technique qui s'est développée plus
récemment, et que ses champs d'application sont beaucoup
plus larges que le simple traitement du SFP. Au total, ce sont
donc 6 études concernant le KT qui ont été analysées.
Les études évaluant le taping McConnell par une simple cor-
rection en glide médial ont été regroupées dans un groupe
distinct, pour permettre de pondérer les conclusions selon la
présence ou non d'une évaluation préalable de l'alignement de
la patella. Ainsi, 8 articles concernent le taping par simple
médialisation de la patella, et 7 articles étudient le taping

Qualité méthodologique des études.

Les 27 articles ont été évalués et présentent un score moyen
de 4,40, avec un écart-type de 1,72 (Tableau II). 19 d'entre
elles ont présenté un score PEDro supérieur ou égal à 4 et ont
intégré la liste définitive (Fig. 3). À noter qu'aucune étude ne
valide le critère « thérapeute en aveugle », puisque l'applica-
tion des deux types de tape nécessite une connaissance de la

Tableau I. Résultats de la recherche bibliographique.

Base de donnée Nombre Nombre d'articles
d'articles sélectionnés
trouvés (sur lecture du
titre et du résumé)
Pubmed 370 28
Cochrane 161 11
Science Direct 68 8
CINAHL 230 16
PEDro 87 9
SPORTDISCUS 364 15
Total doublons inclus 87
Total doublons exclus 40
Articles hors BDD 4
Total 44
Figure 3. Étapes de la sélection des études.

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douleur chez les patients souffrant d'un syndrome fémoro-
Savoirs / Contribution originale
patellaire : revue systématique de la littérature

Tableau II. Score PEDro des 27 articles respectant les critères d'inclusion (le premier item ne rentre pas dans le calcul
du score).
Auteurs Items Score total
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Akbas et al., 2011 [17] x x x X 4
Aminaka et Gribble, 2008 [24] x x x x x X 5
Aytar, 2011 [6] x x x x x x X 6
Bockrath et al., 1993 [26] x x x X 4
Campolo et al., 2013 [22] x x x x x X 6
Christou, 2004 [4] x x x x x X 6
Clark et al., 2000 [15] x x x x x x x X 7
Clifford et Harrington, 2013 [25] x x x X 4
Conway, 1992 [37] x x 2
Cowan, 2002 [38] x x x X 3
Eburne, 1996 [39] x x 2
Freedman et al., 2014 [21] x x X x x X 5
Gerrard, 1989 [40] x x 2
Herrington et Payton, 1997 [27] x x x x x 4
Herrington, 2001 [16] x x x x X 5
Kaya, 2010 [41] x x 1
Keet et al., 2007 [19] x x x x x x x x 7
Kowall et al., 1996 [29] x x x x 4
Kuru et al., 2012 [23] x x x x x 5
Lee, 2012 [42] x x x 3
Ng et al., 2002 [14] x x x x x x 5
Osorio et al., 2013 [20] x x x x x x 5
Paoloni, 2012 [43] x x x 3
Powers, 1997 [44] x x x 3
Salsich et al., 2002 [28] x x x x x 4
Whittingham et al., 2004 [18] x x x x x x x x x 8
Wilson et al., 2003 [13] x x x x x x x x 7

McConnell tel qu'il a été originalement décrit, avec correction
en fonction de la position de la patella.
Kinesio-Taping
Les données extraites des articles traitant du KT sont expo-
sées en Tableau III.
Six études évaluent le KT pour un total de 172 participants
inclus. Les échantillons regroupent de 20 à 49 sujets, avec
des différences dans la chronicité du SFP. Trois des six études
mettent en évidence une amélioration significative de la dou-
leur par rapport à un groupe placebo ou un groupe sans tape
[20–22].
Campolo met en évidence une diminution de la douleur pen-
dant la montée d'escaliers par rapport à un groupe sans tape
(p = 0,0339) [22], mais pas par rapport à un tape en glide
médial. Face à un groupe avec tape placebo, Freedman
[21] trouve une amélioration significative (p = 0,025) mais
pas Aytar [6] (p = 0,932). Cette amélioration retrouvée chez
Freedman n'est pas significative pendant le squat.
Lors d'un test de triple saut unipodal, la douleur est significa-
tivement diminuée par rapport à un tape placebo (p < 0,001)
[21]. Cette amélioration est également retrouvée pendant un
test isocinétique (p = 0,001) par rapport au groupe sans tape
[20]. Ici encore, cette différence n'est pas significative en
comparaison avec un tape en glide médial.
Kuru [23] trouve une diminution des scores à l'EVA lors de la
pose de KT, mais sans différence en comparaison avec un
protocole d'électrothérapie.
Akbas [17] ne parvient pas à mettre en évidence un bénéfice
du KT sur la douleur par rapport à un groupe contrôle sans
tape, contrairement à Campolo [22].
McConnell par glissement médial
L'extraction des données des articles traitant du tape par glide
médial est disponible en Tableau IV.
Huit études évaluent les effets du taping McConnell unique-
ment dans sa composante de correction en glide médial, avec
des tailles d'échantillons très variables allant de 10 à

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Tableau III. Données principales des articles évaluant le Kinesio-Taping. Sauf mention contraire, les populations sont
atteintes d'un syndrome fémoro-patellaire (SFP).
Auteurs
Akbas et al., 2011
(Étude contrôlée
randomisée) [17]
Aytar, 2011
(Étude contrôlée
randomisée) [6]
Campolo et al., 2013
(Étude croisée) [22]
Freedman et al., 2014
(Étude croisée) [21]
Kuru et al., 2012
(Étude contrôlée) [23]
Osorio et al., 2013
(Étude croisée) [20]
NoT : groupe sans tape ; AKPS : Anterior Knee Pain Scale ; STJT : Single-leg Triple Jump Test.
Population Interventions Variables mesurées (outil) Résultats sur la douleur
(âge moyen W
écart-type)
31 femmes KT + exercices vs Douleur (EVA) Amélioration des deux
(44,88 ans) exercices Protocole Alignement patellaire groupes pour la douleur
de 6 semaines (pied à coulisse) (p < 0,05), sans différence
Extensibilité musculaire significative entre les groupes
(Test d'Ober et goniométrie)
Fonction (AKPS, Kujala)
22 femmes KT vs Placebo Douleur (EVA) Pas de différence significative
(24,1  3,2 ans) Mesures immédiates Force (Isocinétisme) entre les groupes pendant
avant/après Proprioception (Isocinétisme) la marche et la montée et
Equilibre (KAT 3000) descente d'escaliers
15 femmes, KT vs MT vs NoT Douleur (EN) Pas de différence significative
5 hommes Mesures immédiates entre les techniques pendant
(24  3 ans) avant/après le squat (p = 0,275), mais
significatif entre NoT et KT
pendant la montée d'escaliers
(p = 0,0339). Différence non
significative entre NoT et
MT (p = 0,1053)
41 femmes, KT vs Placebo Douleur (EN) Différence significative
8 hommes Mesures immédiates Fonction (STJT) pendant le triple saut
(15,3  3,4 ans) avant/après unipodal, la montée et la
descente d'escaliers.
Pas de différence pendant
le squat. Effet qualifié de
faible à modéré
26 femmes, KT + exercices vs Douleur (EVA) Les 2 techniques sont
4 hommes électrothérapie + exercices Amplitudes articulaires efficaces (p < 0,05) mais
(32,9  12,2 ans) Protocole de 6 semaines (goniométrie) pas de différence
Fonction (Kujala, SF-36, significative entre les deux
Step test, STJT)
Force (mesure manuelle)
13 femmes, KT vs MT médial vs NoT Douleur (EVA) Diminution significative
7 hommes Mesures immédiates Force (isocinétisme) (p = 0,001) de la douleur
(21,2  2,9 ans) avant/après Endurance (isocinétisme) pendant isocinetisme à
608/s et à 2408/s avec les
tapes, sans différence
entre eux

81 participants (246 sujets souffrant de SFP au total). Six
d'entre elles mettent en évidence une amélioration significative
de la douleur par rapport à une intervention placebo ou à l'ab-
sence de tape [4,13,16,20,24,25].
La correction en glide médial semble plus efficace que
l'absence de tape lors de la descente d'une marche
(p < 0,001) [13], ainsi que pendant un squat unipodal
[24,25]. Cet effet antalgique est retrouvé pendant un test
isocinétique en chaîne ouverte à vitesse lente et rapide
[16,20] ainsi que pendant un test isocinétique sur presse
[4]. Cette amélioration est retrouvée en comparaison à un tape
placebo chez Clifford uniquement.
Christou démontre un effet bénéfique et significatif du tape
médial par rapport à un tape en glide latéral, mais pas par
rapport à un tape neutre placé sans réorientation de la patella
[4].
Wilson [13] trouve une amélioration significative des douleurs
chez les sujets étudiés lors de 3 poses différentes du tape (en
glide médial, latéral, et sans direction). Cependant, c'est la
correction en latéralisation de la patella qui a présenté les
meilleurs résultats (douleur diminuée de 33,2 %).
Clark [15] ne montre pas de bénéfices du tape médial sur la
douleur par rapport à des interventions associant exercices et
éducation thérapeutique.
Keet [19] ne trouve pas de différence significative entre tape
médial, tape placebo et absence de tape lors de différentes
tâches (montée et descente d'escaliers, contractions isomé-
triques et dynamiques).

10

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douleur chez les patients souffrant d'un syndrome fémoro-
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patellaire : revue systématique de la littérature

Tableau IV. Données principales des articles évaluant le taping McConnell dans sa composante de glide médial. Sauf
mention contraire, les populations sont atteintes d'un syndrome fémoro-patellaire (SFP).
Auteurs Population (âge Interventions Variables Résultats sur la douleur
moyen W écart-type) mesurées (outil)
Aminaka et Gribble, 2008 SFP : 12 femmes, MT médial vs NoT Douleur (EVA) Diminution significative de la
(Étude croisée) [24] 8 hommes (20,3 Mesures Fonction (SEBT) douleur entre MT médial et NoT
 1,87 ans) immédiates avant/ pendant le test fonctionnel
Sains : 12 femmes, après
8 hommes (21,25
 2,67 ans)
Christou, 2004 30 femmes (27,3 MT médial vs MT Douleur (EVA) Diminution significative avec les
(Étude croisée) [4]  1,53 ans) latéral vs placebo Force tapes médial et placebo (p < 0,01),
vs NoT (isocinétisme) pas avec le latéral (p = 0,06). Plus
Mesures Recrutement d'antalgie avec le tape médial
immédiates avant/ musculaire (EMG) ( 86 %), sans différence statistique
après avec le placebo
Clark et al., 2000 36 femmes, 45 hommes MT médial vs MT Douleur (EVA) Amélioration significative dans les
(Étude contrôlée médial + exercices Satisfaction 4 groupes, sans différence
randomisée) [15] vs exercices vs (questionnaire) significative entre les groupes
contrôle Fonction « tape » et les groupes sans tape,
Protocole de (questionnaire) ni entre les groupes « exercice » et
3 mois Force sans exercice. À 1 an, amélioration
(isocinétisme) significative pour les groupes
« exercice »
Clifford et Harrington, 4 femmes, 6 hommes MT médial vs Douleur (EN) Diminution de la douleur par rapport
2013 (Étude croisée) (36,93  15,04 ans) Placebo vs NoT Analyse du au tape placebo et sans tape
[25] Mesures mouvement pendant le squat unipodal
immédiates avant/ (analyse 3D) (p < 0,001)
après
Herrington, 2001 14 femmes (23,1 MT médial vs NoT Douleur (EVA) Diminution de la douleur avec le
(Étude croisée) [16]  4,3 ans) Mesures Moment de force tape a vitesse lente ( 69,5 %) et
immédiates avant/ max (isocinétisme) rapide ( 76,9 %)
après
Keet et al., 2007 SFP : 11 femmes, MT médial vs Douleur (EVA) Pas de différence significative sur la
(Étude croisée) [19] 4 hommes (29,1 Placebo vs NoT Force douleur entre les 3 interventions
 5,1 ans) Mesures (isocinétisme)
Sains : 13 femmes, immédiates avant/ Recrutement
7 hommes (29,4 après musculaire (EMG)
 4,6 ans)
Osorio et al., 2013 13 femmes, 7 hommes MT médial vs KT Douleur (EVA) Diminution significative (p = 0,001)
(Étude croisée) [20] (21,2  2,9 ans) vs NoT Force de la douleur pendant isocinétisme
Mesures (isocinétisme) à 608/s et à 2408/s avec les tapes,
immédiates avant/ Endurance sans différence entre eux
après (isocinétisme)
Wilson et al., 2003 32 femmes, 39 hommes MT médial vs MT Douleur (EN) Différence significative des
(Étude croisée) [13] (34  10 ans) latéral vs MT 3 techniques par rapport au NoT
neutre vs NoT (p < 0,001), mais meilleure efficacité
Mesures du tape latéral ( 33,2 %) et neutre
immédiates avant/ ( 34,9 %) par rapport au tape
après médial ( 15,9 %) pendant la
descente d'une marche
NoT : groupe sans tape ; SEBT : Star Excursion Balance Test.

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 Savoirs / Contribution originale J. Afonso

McConnell adapté [14,18,22,26–28] par rapport à un groupe contrôle sans appli-

cation de tape.
Le Tableau V présente un résumé des données extraites des
Le MT permet une diminution de la douleur pendant la montée
articles concernant le taping McConnell.
et la descente d'escalier comparativement à l'absence de tape
Sept études évaluent les effets du MT dans son protocole
( 92,6 % chez Salsich [28], 54 % chez Bockrath [26], et
original, avec évaluation préalable de l'alignement de la rotule
47 % chez Whittingham [18]). Campolo [22] tient les mêmes
pour permettre la correction d'un glide, d'un tilt ou d'une rota-
conclusions, bien que les résultats ne soient qu'à la limite du
tion. Il s'agit du groupe d'étude qui rassemble le moins de
statistiquement significatif (p = 0,1053). Seul Whittingham
sujets, avec 132 patients inclus au total, sans grande dispa-
intègre un groupe placebo, avec là aussi une amélioration
rités entre les études concernant la taille des échantillons.
significative du groupe MT.
6 d'entre elles concluent sur une amélioration de la douleur

Tableau V. Données principales des articles évaluant le taping McConnell. Sauf mention contraire, les populations
sont atteintes d'un syndrome fémoro-patellaire (SFP).
Auteurs Population (âge Interventions Variables mesurées Résultats sur la douleur
moyen W écart-type) (outil)
Campolo et al., 2013 15 femmes, 5 hommes KT vs MT vs NoT Douleur (EN) Pas de différence significative entre
(Étude croisée) [22] (24  3 ans) Mesures immédiates les techniques pendant le squat
avant/après (p = 0,275), mais significatif entre
NoT et KT pendant la montée
d'escaliers (p = 0,0339). Différence
non significative entre NoT et MT
(p = 0,1053)
Bockrath et al., 1993 7 femmes, 5 hommes MT vs NoT Douleur (EVA) Différence significative sur la
(Étude croisée) [26] (29  9 ans) Mesures immédiates Alignement patellaire douleur (p < 0,0005) lors de la
avant/après (radiographies) descente d'une marche (réduction
de 50 % en moyenne)
Whittingham et al., 2004 6 femmes, 24 hommes MT + exercices vs Douleur (EVA) Différence significative entre MT et
(Étude contrôlée (18,7  1,2 ans) Placebo + exercices vs Fonction les deux autres groupes à partir de
randomisée) [18] NoT + exercices (questionnaire) la 2e semaine (p < 0,01) sur les
Protocole de 4 semaines douleurs des 24 h précédentes.
Différence significative du groupe
MT même sans port du tape dès la
1ere semaine lors de la montée/
descente de marche (en moyenne
47 % de réduction, 10 % avec le
placebo). Pas de différence entre
placebo et NoT
Kowall et al., 1996 17 femmes 8 hommes MT + exercices vs Douleur (EVA) Diminution significative de la
(Étude contrôlée (29 ans) exercices Force (isocinétisme) douleur dans les deux groupes
randomisée) [29] Protocole de 4 semaines Recrutement (p < 0,05) pendant le sport et les
musculaire (EMG) activités quotidiennes, sans
différence significative entre les
groupes
Herrington et Payton, 10 femmes, 10 hommes MT vs NoT Douleur (EVA) Diminution significative (p < 0,01)
1997 (Étude croisée) Mesures immédiates Recrutement sur la douleur pendant la
[27] avant/après musculaire (EMG) contraction maximale du
quadriceps, notamment entre 0 et
308 de flexion
Salsich et al., 2002 5 femmes, 5 hommes MT vs NoT Douleur (EVA) Diminution significative de la
(Étude croisée) [28] (36,5  11,1 ans) Mesures immédiates Recrutement douleur ( 92,6 %) pendant la
avant/après musculaire (EMG) montée et la descente d'escaliers
Fonction (analyse 3D)
Ng et al., 2002 7 femmes, 8 hommes MT vs NoT Douleur (EVA) Diminution significative de la
(Étude croisée) [14] (32  6,6 ans) Mesures immédiates Recrutement douleur (p < 0,001) pendant le squat
avant/après musculaire (EMG) unipodal
NoT : groupe sans tape.

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 Effets du taping McConnell et du Kinesio-Taping sur la
douleur chez les patients souffrant d'un syndrome fémoro-
patellaire : revue systématique de la littérature
Le MTsemble avoir un effet antalgique lors d'un squat unipodal
( 48 % chez Ng [14]) ainsi que pendant une contraction
isométrique maximum du quadriceps ( 13 % chez Herrington
[27]).
Kowall [29] est le seul auteur à conclure sur l'absence de
bénéfices du MT sur la douleur. En comparant un groupe
associant taping et exercices par rapport à un groupe béné-
ficiant uniquement d'exercices, il trouve une amélioration signi-
ficative dans les deux groupes, sans différences entre eux.
DISCUSSION
Validité des études
Les résultats de cette revue de littérature tendent en faveur du
taping décrit par McConnell, selon un critère de jugement
uniquement basé sur l'amélioration de la douleur. Le taping
McConnell semble plus efficace s'il est accompagné d'une
évaluation de la position de la patella et d'une correction
adaptée à celle-ci. Nos conclusions auraient été plus modé-
rées si nous n'avions pas distingué ces deux variantes d'uti-
lisation. Concernant le KT, des résultats positifs sur la douleur
apparaissent lors de comparaisons avant et après son appli-
cation. Ces résultats sont en revanche trop peu significatifs
quand il est comparé à un groupe contrôle [23].
Il convient de prendre en compte la faible présence d'études
de bonne qualité ou de référence. En dehors de leur validité
interne et externe, elles se présentent pour la grande majorité
sous forme d'essais croisés. Le taping se prête bien à ce type
d'étude, puisqu'il est possible d'effectuer cette intervention
ainsi qu'une intervention contrôle à un sujet pendant une faible
durée et dans un ordre randomisé avec peu de risques de biais
de rémanence. Ce type d'étude possède en revanche un
niveau de preuve plus faible qu'une étude randomisée et
contrôlée.
Les variations sont également nombreuses dans le contexte
d'évaluation de la douleur. La montée et la descente de mar-
ches est la situation la plus souvent utilisée, puisqu'il s'agit
d'une situation fonctionnelle dans laquelle la douleur du SFP
s'exprime volontiers. D'autres études évaluent la douleur au
cours de contractions maximales volontaires [19,27], mais
cette méthode ne reflète pas la douleur ressentie au quotidien
par les patients. La durée d'exposition des sujets au SFP
diffère aussi, correspondant parfois à un stade aigu, parfois
à un stade chronique, avec peu de conséquences visibles
dans l'efficacité des tapes.
Des lacunes identiques sont retrouvées de manière fréquente
dans les échantillons de sujets et dans leur randomisation.
Bockrath [26] a recruté des participants déjà en cours de
traitement avec une pose de tape McConnell. Whittingham
[18] et Kuru [23] n'ont pas randomisé les groupes, et 6 autres
études n'ont pas randomisé l'ordre des interventions dans
leurs essais croisés [13,16,25–28].
Nous pouvons émettre des doutes sur les protocoles
d'application des tapes.
Toutes les études évaluant le KT présentent des variations
dans sa pose. Ainsi, Kuru [23] rajoute une bande spécifique-
ment en regard du vaste médial ; Aytar [6] recouvre une très
large partie de la face antérieure de la cuisse ; Freedman [21]
l'applique jusqu'aux deux tiers supérieurs du tibia ; Akbas [17]
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Savoirs / Contribution originale
inclut un taping des ischio-jambiers et du tenseur du fascia
latta ; Campolo [22] ne décrit pas sa technique et Osorio [20]
utilise un tape « Spider » prédécoupé destiné aux problèmes
de genoux. Le taping selon McConnell étant décrit originale-
ment avec plus de précision, il est moins concerné par ces
variations. Seul Christou [4] applique son tape médial depuis la
tête du péroné, induisant une traction potentiellement plus
faible de la patella.
Mécanismes d'action du taping McConnell
Hypothèse du réalignement patellaire
Le repositionnement de la patella dans la trochlée fémorale est
l'explication de base formulée par Jenny McConnell pour jus-
tifier l'utilisation de sa technique [5], mais cette affirmation
reste peu démontrée dans la littérature malgré des contrôles
radiographiques ou via IRM [26,30]. Wilson [13] s'appuie sur
ce doute pour expliquer ses résultats positifs retrouvés lors de
l'utilisation d'un tape en glide latéral ou neutre, en comparaison
avec un glide médial. Le mécanisme antalgique du taping
McConnell ne viendrait donc pas du réalignement puisqu'une
diminution de la douleur intervient également en cas de laté-
ralisation de la patella. Bockrath [26] ne retrouve pas de
différence significative sur la position de celle-ci avec et sans
taping lors d'un contrôle radiologique. Le contexte de cette
mesure statique en décharge et à 458 de flexion est cependant
peu physiologique. Des doutes persistent donc sur le possible
réalignement dynamique du tape lors du mouvement. Les
auteurs ayant trouvé une amélioration de la douleur par rap-
port à un tape placebo n'excluent pas cette hypothèse
[18,19,25], sans qu'aucun d'entre eux n'aient mesuré l'aligne-
ment de la patella a posteriori.
Hypothèse de la stimulation des
mécanorécepteurs
L'hypothèse alternative au réalignement la plus fréquem-
ment rencontrée est celle d'un effet « gate control » du
taping. La stimulation des mécanorécepteurs cutanés inhi-
berait l'afférence nociceptive et serait responsable de l'effet
antalgique. Wilson [13] évoque cette hypothèse bien qu'elle
n'explique pas pourquoi le taping latéral serait plus efficace
que le taping médial. L'étude d'Osorio [20] la soutient éga-
lement, puisque le KT et le MT présentent des résultats
semblables par rapport à l'absence de tape alors que leurs
principes d'action diffèrent grandement. La taille de l'effet
légèrement plus élevé lors de la pose du KT par rapport au
MT pourrait donc s'expliquer par une plus grande surface de
peau couverte par le KT. La présence d'un groupe placebo
présentant les mêmes résultats aurait pu contribuer à valider
cette hypothèse. La tension cutanée lors de la pose du MT
pourrait déclencher l'activation d'un plus grand nombre de
mécano-récepteurs, et expliquer pourquoi un tape placebo,
placé sans tension cutanée, présenterait de plus faibles
résultats [18,25]. Cette théorie d'inhibition du signal doulou-
reux pourrait expliquer en partie les effets bénéfiques des
deux tapes.
Hypothèse de l'activation et du renforcement du
vaste médial
L'augmentation de la force et la diminution du délai d'activation
du vaste médial est également proposé comme mécanisme
13
 Savoirs / Contribution originale
d'action du taping McConnell [5,16,4]. Une diminution de
l'activité EMG et un délai d'activation plus long de ce muscle
chez les patients souffrant d'un SFP sont en effet fréquemment
rencontrés dans la littérature [11,31]. C'est le reflexe d'inhibition
du quadriceps en présence d'une douleur du genou qui serait
à l'origine de cette moindre activation. Chez Keet [19], les
patients présentent une diminution de force du quadriceps
par rapport aux sujets sains de 15 à 25 %. Dans son étude,
l'absence d'effet du taping sur la force peut s'expliquer par
l'absence de diminution de la douleur par le tape qui ne corri-
gerait donc pas le reflexe d'inhibition du quadriceps. En revan-
che, il trouve une diminution significative de l'activation du VM
pendant la montée et la descente d'escalier lors du port du tape.
Cette diminution lors d'une tâche fonctionnelle ne doit cepen-
dant pas être forcément interprétée comme un effet délétère du
taping. Elle peut montrer au contraire que le port du tape facilite
le travail de ce muscle en exigeant un moindre recrutement des
fibres musculaires pour l'accomplissement d'une même tâche.
Cela peut donc être un bon outil en rééducation pour améliorer
le contrôle moteur, mais ne corrige pas à long terme le déficit de
force musculaire du fait de la diminution du ratio d'activation
VM/VL qu'il entraîne. Ng [14] constate lui aussi cette diminution
lors de la station unipodale à 308 de flexion. Il est intéressant de
noter que Christou [4] trouve des résultats opposés lors de la
pose d'un tape, qu'il soit en glide médial ou en glide latéral. Il
constate une augmentation du ratio VM/VL chez les sujets
présentant un SFP, mais trouve au contraire une diminution
de ce ratio chez les sujets sains. L'effet du tape chez des sujets
sains peut montrer qu'il n'a pas qu'un effet « gate control »
puisque cela influence les EMG de genoux non douloureux,
impliquant potentiellement une action mécanique.
Mécanismes d'action du Kinesio-Taping
Le KT fait face à un manque de publications de qualité pour
justifier ses modes d'action. Kuru [23] met en évidence une
amélioration de la douleur, de la force et des tests fonctionnels.
Il l'explique par une meilleure activation du quadriceps stabi-
lisant la patella, facilité par l'étirement des structures péri-
patellaires. Cependant, l'absence de différence statistique-
ment significative avec le groupe ayant suivi un simple pro-
tocole d'électrothérapie limite ces conclusions. Tout comme
chez Akbas [17], le protocole de renforcement et d'étirement
est commun aux deux groupes, on peut donc supposer qu'il
est à l'origine de ces améliorations dans ces deux études.
En dehors de la mesure de la douleur, Akbas met en évidence
une amélioration de l'extensibilité des ischios-jambiers au bout
de 3 semaines de traitement. L'auteur justifie cela par une
augmentation de la circulation sanguine et la stimulation des
mécanorécepteurs. Aytar [6] ne trouve pas de différence sur la
proprioception et la force musculaire par rapport à un tape
placebo. Suite à ces résultats, l'auteur suppose que la mise en
tension des tissus par le KT n'est pas suffisante pour avoir un
effet proprioceptif, et que les EVA initiales des sujets étaient
déjà trop basses pour espérer une amélioration.
Les résultats de Freedman [21] montrent un léger bénéfice du
Kinesio-tape sur la distance parcourue lors de trois sauts en
unipodal, évaluant ainsi le couple force/contrôle moteur. Cette
amélioration n'est pas statistiquement significative et peut être
attribuée à la diminution de la douleur observée chez le groupe
ayant bénéficié du KT. Cela prouve à nouveau la difficulté
à isoler et à identifier les différentes causes et conséquences
de l'application de ce tape.
14
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J. Afonso
Il est intéressant de noter la présence de KT en regard des
fessiers dans un des articles retrouvés dans les bases de
données [32]. Cette application étant bien trop éloignée du
protocole standard du KT, elle n'a donc pas été retenue. Pour
autant, stimuler l'activation des muscles de la hanche parait
judicieux. Une autre de ces études exclues utilise le KT en
traction pour provoquer une rotation externe du fémur [33],
sans effets sur la douleur comparativement à un tape pla-
cebo, mais avec un effet positif sur le contrôle moteur du
genou et une diminution du valgus dynamique pendant le
squat unipodal.
En dehors du réalignement de la patella, le Kinesio-Taping et le
taping McConnell partagent donc des hypothèses communes
concernant leurs mécanismes d'action. La littérature est
cependant plus fournie chez McConnell concernant la recher-
che de ces mécanismes, du fait que cette technique est
étudiée depuis plus longtemps.
Renforcement et étirements musculaires
Des protocoles de renforcement musculaire et d'étirements
sont fréquemment inclus dans les groupes expérimentaux
des études que nous avons regroupées. En dehors du clas-
sique renforcement du vaste médial, des études incluent un
renforcement des abducteurs et des rotateurs latéraux de
hanche [15,17,18,23]. L'implication des muscles de la hanche
et l'intérêt de leur renforcement dans le cadre du SFP fait
consensus depuis quelques années, et met fin à une époque
de « monopole » du renforcement du vaste médial [34].
L'influence des muscles de la hanche nous rappelle également
que la prise en charge de cette pathologie ne se limite pas à la
rééducation du genou, mais qu'elle doit aussi prendre en
compte l'ensemble du membre inférieur et de ses troubles
statiques et dynamiques [3]. Notons que toutes les études
sélectionnées dans cette revue et incluant des exercices de
renforcement musculaire montrent une amélioration dans le
groupe concerné. Une amélioration significative à 1 an est
même retrouvée chez Clark [15] pour les groupes incluant
ces exercices. Les conclusions des auteurs sont globalement
unanimes sur l'intérêt de ce type de protocole, et proposent
bien souvent le taping comme une technique adjuvante ne se
suffisant pas à elle-même.
Apport des données actuelles de la littérature
La réalisation de cette étude fait suite à l'absence de revue de
littérature comparant le Kinesio-Taping et le taping McConnell.
Des revues évaluent cependant chacune de ces techniques
de manière individuelle.
L'une d'entre elles est la seule à notre connaissance à évaluer
les effets du KT spécifiquement sur des patients souffrant d'un
syndrome fémoro-patellaire [8]. L'auteur regroupe en partie les
mêmes articles que ceux de notre revue, tout en incluant des
études supplémentaires dans le but d'analyser des critères de
jugement autres que la douleur. Il parvient à des conclusions
semblables aux nôtres quant à l'effet antalgique du KT, à savoir
une tendance à la diminution significative des douleurs dans
les comparaisons avant et après application, mais sans diffé-
rence significative par rapport à une intervention contrôle.
L'auteur conclue sur le manque de preuves scientifiques du
KT et ne peut donc pas justifier son utilisation. D'autres revues
de littérature ciblent l'action du KT dans des contextes autres
que celui du SFP, avec une fois encore des conclusions
limitées quant à ses effets [35].
 Effets du taping McConnell et du Kinesio-Taping sur la
douleur chez les patients souffrant d'un syndrome fémoro-
patellaire : revue systématique de la littérature
Le nombre d'essais contrôlés et d'essais croisés évaluant le
taping McConnell étant plus nombreux, nous retrouvons logi-
quement davantage de revues de littérature et de méta-ana-
lyses traitant de ce sujet. Leurs auteurs semblent être d'accord
sur les effets bénéfiques du MT sur la diminution de la douleur
à court terme [9–11]. Pour Barton [11], ces résultats positifs
sont conditionnés par une correction adaptée de l'alignement
de la patella en fonction de l'évaluation de sa position. Il pointe
du doigt l'absence d'étude comparant le protocole original de
McConnell avec le taping médial systématique. Seul Calla-
ghan [12] est très réservé et ne conclue pas sur l'intérêt de
cette technique dans la pratique. Les preuves concernant les
critères de jugements autres que la douleur sont plus limitées.
Tous sont cependant prudents sur la théorie du réalignement
patellaire et évoquent la possibilité de l'action du MT sur les
mécanorécepteurs cutanés ou sur la proprioception.
L'ensemble des conclusions met en évidence le manque
d'études de qualité pour vérifier ces hypothèses.
Peu avant la fin de l'élaboration de cette revue, une étude
proche de la nôtre est parue, évaluant le Kinesio-Taping et le
taping McConnell et leurs effets sur la douleur, la fonction
motrice et l'activité musculaire [36]. Les études sélectionnées
diffèrent des nôtres du fait d'une plus large sélection des
critères de jugement, mais aussi du fait d'une méthode d'éva-
luation différente de la qualité des articles. Notre revue a choisi
d'utiliser l'échelle PEDro, tout comme 4 des 5 revues précé-
demment décrites, alors que celle de Chang et al. a utilisé
l'échelle de Jadad, ce qui peut expliquer l'inclusion d'articles
non retenus dans notre revue. Les conclusions des auteurs
divergent des nôtres et de celles des revues de littératures
mentionnées plus haut. Ils estiment ainsi que les deux techni-
ques sont efficaces sur la douleur, l'activité musculaire et les
tests fonctionnels. Ils mettent eux aussi l'accent sur le manque
d'études évaluant le mécanisme d'action des deux tapes, mais
privilégient l'hypothèse du réalignement patellaire du MT plutôt
qu'un effet sur le contrôle moteur.
Limites de cette étude
Cette étude avait pour objectif d'aiguiller le kinésithérapeute
dans le choix du Kinesio-Taping ou du taping McConnell pour
traiter une pathologie fréquemment rencontrée. La douleur a
été choisie comme critère de jugement car c'est la variable la
plus souvent retrouvée dans les études contrôlées, et que sa
diminution est un objectif commun aux deux techniques. Il
aurait été en effet peu judicieux de comparer entre elles le
réalignement patellaire, puisque cela n'est pas un des objectifs
du KT. Néanmoins, il s'avère que le choix entre les deux types
de taping ne se résume pas à comparer leur effets antalgiques,
mais est co-dépendant du reste du protocole de rééducation.
Deux auteurs mentionnent en particulier les effets du MT sur la
diminution de l'activation du vaste médial et estiment que cette
technique ne facilite pas le renforcement de ce muscle [19],
malgré la diminution de la douleur qu'il entraîne dans une de
ces études [14].
Il est important de rapporter les résultats de cette revue à la
pratique clinique. En particulier chez le kinésithérapeute inter-
venant en milieu sportif, le choix de l'un des tapes dépendra en
partie du sport en lui-même. Le MT aura ainsi potentiellement
moins d'impact chez les sujets dont les douleurs fémoro-patel-
laires apparaissent à haut degré de flexion de genou (haltéro-
philie, ski. . .). Dans ces amplitudes, en dehors d'une plus
grande fragilité du tape, son effet théorique de réalignement
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Savoirs / Contribution originale
serait moins efficace [19]. La tolérance cutanée est elle aussi
à prendre compte. De ce point de vue, le KT présente l'avantage
de développer moins d'irritations, et peut se conserver plusieurs
jours. Ce confort d'utilisation est non négligeable chez des
sportifs en cours de compétition ou en phase d'entraînement
intense. Enfin, le vécu du patient et ses croyances vis-à-vis de
chacune des techniques peut influencer ce choix. Le possible
impact de l'effet placebo implique de prendre en compte les
préférences du patient sportif. Les deux techniques peuvent en
fait être très complémentaires dans cette population. Le MTsera
volontiers compatible avec une phase de rééducation pure ou
de manifestation aiguë du SFP, alors que le KT s'intégrera de
manière pratique à une phase de réathlétisation ou de renfor-
cement, sans risques délétères sur l'activité musculaire.
Certaines limites méthodologiques viennent modérer les
conclusions de cette revue de littérature. Ainsi, l'absence
d'un ou de plusieurs évaluateurs externes à l'étude constitue
un biais dans la sélection finale des articles. La validité de ces
résultats aurait pu être améliorée si l'extraction des données
avait donné lieu à une méta-analyse.
CONCLUSION
Cette revue systématique de la littérature montre une amélio-
ration de la douleur chez les patients souffrant d'un syndrome
fémoro-patellaire lors de l'application d'un taping type McCon-
nell. Ce bénéfice est moins prononcé lors de l'utilisation du
Kinesio-Taping. Ces résultats sont cependant démontrés
essentiellement à court terme, et ils sont conditionnés, dans
le cadre du MT, à une évaluation préalable de l'alignement de
la patella et à une correction de celui-ci. Cette hypothèse du
réalignement est malgré tout peu démontrée. Des doutes
subsistent concernant les mécanismes physiologiques de
chacune des techniques. Des études complémentaires de
bonne qualité sont nécessaires pour démontrer leurs effets
sur l'activité musculaire.
Le kinésithérapeute doit être amené à prendre en compte ces
résultats tout en les adaptant aux spécificités du patient, de son
éventuelle pratique sportive, ainsi qu'aux étapes de la prise en
charge dans laquelle il se trouve. Quelle que soit sa forme, le
taping reste avant tout une technique complémentaire à un
protocole de renforcement et d'étirements, qui reste à ce jour le
seul traitement proposé unanimement par la littérature.
Déclaration de liens d'intérêts
L'auteur déclare ne pas avoir de liens d'intérêts.
Points à retenir
 La littérature admet une bonne efficacité du taping
McConnell, mais ses mécanismes d'action restent
peu expliqués.
 Le Kinesio-Taping souffre d'un manque d'études de
qualité et de standardisation de sa technique de pose.
 Le taping reste une technique adjuvante, et un pro-
tocole de renforcement musculaire reste
indispensable.
15
 Savoirs / Contribution originale
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