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Yvain, le Chevalier au Lion

Mots-clés : Moyen-Âge ; Histoire des Arts ; Enluminures ; Dragons ; Graoully ; CM1 ;


Lecture ; Arts visuels ;

Littérature
La lecture comparative des deux textes par des groupes distincts met en évidence deux
écritures différentes du même récit.
Le décryptage du troisième (découverte des mots transparents, reconnaissance de formes
anciennes, …) amène les élèves à comprendre qu’ils sont en présence de deux traductions
d’un texte ancien, écrit en vieux français.

TEXTE 1

LE LION RECONNAISSANT

Plongé dans ses pensées, monseigneur Yvain cheminait à travers une forêt profonde
lorsqu’il entendit, dans les fourrés, un grand cri de douleur. Il se dirigea aussitôt vers l’endroit
d’où provenait ce cri. Quand il y fut parvenu, il découvrit, dans un essart, un lion et un
serpent qui le tenait par la queue et lui brûlait l’échine d’une flamme ardente. Monsieur Yvain
ne s’attarda pas longtemps à contempler cet étonnant spectacle. Il se demanda en lui-même
auquel des deux il viendrait en aide et décida de prendre le parti du lion car on n’a pas le
droit de faire du bien aux créatures venimeuses et félonnes. Or le serpent est venimeux : sa
gueule vomit des flammes tant il est plein de malignité. C’est pour cela qu’Yvain décida de le
tuer en premier.
Il tire son épée et s’avance, l’écu devant son visage pour le protéger des flammes que le
monstre recrache par sa gueule plus large qu’une marmite. Si le lion l’attaque ensuite, Yvain
ne manquera pas de se défendre. Mais qu’importe ce qu’il adviendra ! Il a pitié de la noble
bête et c’est elle qu’il va d’abord secourir.
Avec son épée bien tranchante, il attaque le serpent félon et le coupe en deux puis le frappe
tant et si bien qu’il le taille en pièces et le hache menu. Le voilà obligé de couper un morceau
de la queue du lion que tenaient toujours les mâchoires raidies du monstre. Il prend bien soin
d’en couper le moins possible.
Yvain s’attendait à ce que le lion une fois délivré vienne l’attaquer. Cette idée n’effleura pas
l’esprit de l’animal. Écoutez plutôt comment le lion se comporta en être noble et généreux. Il
fit comme s’il se rendait au chevalier : dressé sur ses pattes de derrière, il lui tendait ses
pattes avant jointes et baissait la tête vers le sol. Ensuite, il s’agenouillait et pleurait à
chaudes larmes en signe de grande humilité. Monseigneur Yvain comprit, sans l’ombre d’un
doute, que le lion le remerciait de cette façon d’avoir tué le serpent et de l’avoir sauvé de la
mort. La tournure que prenait l’aventure lui parut fort plaisante.
Ayant essuyé son épée souillée par le venin du monstre, Yvain la remet au fourreau puis
reprend son chemin. Le lion marche à ses côtés. Il le suivra partout désormais et ne le
quittera plus jamais car il veut le servir et veiller sur lui.

Chrétien de Troyes
Yvain, le Chevalier au Lion
Classiques - L’école des loisirs, 1993

TEXTE 2

YVAIN AU SECOURS D’UN LION

Monseigneur Yvain cheminait, pensif, à travers une épaisse forêt. Soudain, au milieu des
fourrés, il entendit un cri perçant et douloureux. Il se dirigea vers ce cri et, quand il parvint
sur les lieux, il aperçut un lion dans un essart. Un serpent lui mordait la queue et lui brûlait la
croupe en lui jetant des flammes. Monseigneur Yvain ne contempla pas longtemps ce
prodige. Il se demanda en lui-même à qui il porterait secours. Il décida d’aider le lion car une
créature venimeuse et félonne ne mérite que d’être maltraitée ; or, le serpent est venimeux ;
le feu lui sort de la bouche tellement il regorge de félonie. C’est pourquoi monseigneur Yvain
pensa d’abord le tuer. Il dégaina son épée, s’avança en protégeant son visage avec son écu
pour éviter les flammes qui sortaient de la gueule plus large qu’une marmite. Si le lion
l’attaquait par la suite, la bataille se poursuivrait de plus belle mais, quoi qu’il advint, il voulut
aider le lion car Pitié l’implore de porter secours et assistance à l’animal noble par
excellence. Avec son épée bien affûtée, il attaqua le serpent. Il coupa en deux la bête à terre
et tronçonna encore les deux moitiés. Il frappa et frappa encore, donna tellement de coups
qu’il découpa le serpent en petits morceaux et le dépeça intégralement. Il devait encore
trancher un morceau de la queue du lion où restait attachée la tête du serpent félon. Il en
trancha autant qu’il fallut, mais le moins possible. Après avoir délivré le lion, Yvain pensait
qu’il lui faudrait aussi le combattre et que la bête l’attaquerait. Mais jamais une telle idée
n’effleura l’animal. Ecoutez plutôt ce que fit le lion, écoutez comme il se comporta avec
noblesse et générosité ! Il manifesta sa soumission en étendant vers Yvain ses deux pattes
jointes, puis, inclinant la tête au sol, il se dressa sur ses pattes de derrière et s’agenouilla ;
toute sa face était mouillée de larmes d’humilité. Monseigneur Yvain devina véritablement
que le lion le remerciait et qu’il se prosternait devant lui pour l’avoir délivré de l’étreinte
mortelle du serpent. Cette aventure lui plut beaucoup. Yvain essuya son épée salie par le
venin et l’ordure du serpent, puis il la glissa dans son fourreau. Il se remit en route et le lion
l’accompagna. Désormais, il ne le quittera plus jamais et restera toujours à ses côtés,
désireux de le servir et de le protéger.

Œuvres complètes
Chrétien de Troyes
Éditions Gallimard, 1994

TEXTE 3
YVAIN AU SECOURS D’UN LION

Messire Yvains pansis Et les deus mitiez retronçone,


334
4 chemine Par une parfonde Fiert et refiert, et tant l’en
gaudine Tant qu’il oï enmi le done Que tot le demince et
338
gaut 4 depiece. Mes il li covient une
Un cri mout dolereus et piece Tranchier de la coe au
334 haut. Si s’adreça lors vers le lion
8 cri Cele part ou il l’ot oï, Por la teste au serpant
Et, quant il parvint cele 338 felon Qui par la coe le
part, Vit un lyon, en un 8 tenoit ;
essart, Tant con tranchier an covenoit
335
2
Et un serpant qui le En trancha, c’onques moins ne
tenoit Par la coe, et si li pot. Quant le lyon delivré ot,
ardoit 339
2
Si cuida qu’il l’i covenist
Trestoz les rains de flame Conbatre, et que sus li venist ;
335
ardant. N’ala mie mout Mes il ne le se pansa onques.
6 regardant Messire Yvains cele Öez que fist li lyons donques,
mervoille ; A lui meïsmes se 339
Con fist que preuz et
consoille Auquel d’aus deus il 6 deboneire, Com il li comança a
aidera. feire Sanblant que a lui se
336 Lors dit qu’au lyon se randoit, Que ses piez joinz li
0
tanra, Qu’a venimeus ne a estandoit Et vers terre encline
felon Ne doit an feire se 340 sa chiere ; Si s’estut sor ses
0
mal non, Et li serpanz est piez derriere Et puis si se
venimeus, Si li saut par la ragenoilloit,
336
4 boche feus, Tant est de Et tote sa face moilloit
felenie plains. De lermes, par
340
Por ce panse messire 4 humilité.
Yvains Qu’il l’ocirra Messire Yvains, por
336 premieremant. S’espee tret verité, Set que li lyons le
8
et vint avant mercie Et que devant lui
Et met l’escu devant sa 340 s’umilie Por le serpant
face, Que la flame mal ne li 8
que il a mort Et lui delivré
face Que il gitoit parmi la de la mort ;
337
2 gole, Qui plus estoit lee Si li plest mout ceste
d’une ole. Se li lyons aprés aventure. Por le venin et por
l’asaut, 341
2
l’ordure Del serpant, essuie
La bataille pas ne li faut, s’espee,
337
Mes que qu’il l’en aveingne Si l’a el fuerre rebotee,
6 aprés, Eidier li voldra il adés, Puis si se remet a la voie.
Que pitiez li semont et 341
Et li lyons lez lui costoie
prie Qu’il face secors et 6 Que ja mes ne s’an
aïe partira, Toz jorz mes
338 A la beste gentil et franche. avoec lui ira
0
A s’espee, qui söef tranche, Que servir et garder le vialt.
Va le felon serpant requerre
; Si le tranche jusqu’an la
terre
Oeuvres complètes
Chrétien de Troyes
Éditions Gallimard, 1994
ARTS VISUELS

Après l’étude des textes, plusieurs pistes :

Dessiner la scène …, des dragons …, un tournoi, etc. en s’appuyant sur des documents. Poser
des questions pour faire remarquer les détails : lettrines, forme des lettres, trouver un dragon
dans Les Très Riches Heures du Duc de Berry …

■ l’enluminure

■ les dragons

■ les tournois

■ le Graoully

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