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Aristote, Alfredo Gomez-Muller, Éthique À Nicomaque (1992)
Aristote, Alfredo Gomez-Muller, Éthique À Nicomaque (1992)
ÉTHIQUE À NICOMAQUE
Paru dans Le Livre de Poche :
CONSTITUTION D'ATHÈNES
ÉTHIQUE À NICOMAQUE
(Livres VIII et IX)
POÉTIQUE
RHÉTORIQUE
ARISTOTE
Éthique à Nicomaque
TRADUCTION DE I BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE,
REVUE PAR ALFREDO GOMEZ-MULLER
LE LIVRE DE POCHE
Classiques de la philosophie
© Librairie Générale Française, 1992, pour la présente édition,
les notes et les commentaires.
ISBN : 978-2-253-05772-7 — I" publication LGF
INTRODUCTION
L'éthique d'Aristote
La notion d'« éthique » renvoie, dans l'esprit des
Grecs anciens, à une pratique spécifique qu'on ne
peut pas réduire à la représentation aujourd'hui
dominante de l'éthique. Elle provient du terme
ilOoç, qui signifie à l'origine les moeurs, la manière
d'être habituelle qui caractérise un homme ou, plus
précisément, les rapports qu'un homme entretient
avec soi-même et avec les hommes qui l'entourent.
Dans la perspective d'Aristote, l'éthique désigne un
savoir à la fois « théorique » et « pratique » ; elle
s'identifie à la politiquez, car la politique au sens
propre a pour objet la vertu générale. La recherche
de la vertu personnelle et de la vertu générale sont
en effet inséparables ; le sage doit, pour autant qu'il
est sage, participer à la recherche du bien commun.
La politique ne vient pas « compléter » l'éthique.
Aux antipodes de la dichotomie moderne qui sépare
radicalement la sphère du « privé » (qui serait le
domaine de l'« éthique ») de la sphère « publique »
1. Métaphysique, E, 1, 1026a 18.
2. Éthique à Nicomaque, I, 1, § 13, 1094b 11.
18 Éthique à Nicomaque
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
CHAPITRE X
CHAPITRE XI
Théorie de la vertu
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
CHAPITRE III
1. Fragment 85.
86 Éthique à Nicomaque
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
1. etecrinnç.
2. Cf. supra, I, chap. III, § 7 (1096b 5-6). Dans la tradition
pythagoro-platonicienne, l'illimité est une forme de l'in-défini et,
par conséquent, du mal. Cf la conception platonicienne de la
Dyade indêfinie du Grand et du Petit, appelée également l'Inêgal,
le Multiple, le Diffêrent, l'Autre, l'Excès et le Défaut, dans nos
Chemins d'Aristote, pp. 91 et suiv.
De la vertu 93
« On est bon d'un seul genre ; on est méchant de mille'. »
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
1. al.aericn.5.
LIVRE III
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
et Diomède :
« Un jour le fier Hector dirait à ses Troyens :
« J'ai fait fuir Diomède...2 »
ou bien :
« Il réveille en son sein sa force et sa colère3. »
ou bien encore :
CHAPITRE X
CHAPITRE XI
CHAPITRE XII
CHAPITRE XIII
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
1. pcyaloapiercta.
2. èv p.sysOet itpiitouca Saitavri Cariv. Barthêlemy Saint-Hilaire :
une dépense faite convenablement dans une grande occasion.
3. Octupla : ambassade chargée de représenter la citê dans
certaines fêtes religieuses (Olympie, Délos, etc.).
162 Éthique à Nicomaque
nom de magnifique, pas plus que celui qui peut
dire, comme le poète :
« J'ai pris souvent pitié de la misère errante'. »
non pas tant par amour pour le beau que pour faire
étalage de sa fortune, et se faire admirer, à ce qu'il
imagine. En un mot, il dépense très peu là où il
faudrait beaucoup dépenser ; et beaucoup, là où il
ne faudrait dépenser que très peu.
§ 19. Quant à l'homme mesquin, il pèche par
défaut à tous ces égards ; et après avoir dépensé
énormément, il fera perdre aux choses par une
certaine petitesse toute leur grandeur et toute leur
beauté. Dans tout ce qu'il fait, il retarde sans cesse
la dépense ; il cherche à dépenser le moins qu'il
peut ; il plaint tout ce qu'il dépense ; et il croit
toujours faire beaucoup plus qu'il ne faut. — § 20.
De tels modes d'être sont certainement des vices ;
et cependant ils ne suffisent pas à déshonorer un
homme, parce qu'ils ne nuisent point à autrui, et
qu'ils ne sont pas absolument dégradants.
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
Théorie de la justice
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
1. Stuttaxpityµa.
2. Stxctionia.
De la justice 219
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
c'est de savoir si, dans tous les cas, celui qui éprouve
quelque chose d'injuste est effectivement traité avec
injustice. Ou bien, il en est peut-être de l'injustice
qu'on souffre comme il en est de l'action juste que
l'on fait. Il se peut que ce soit accidentellement et
par l'effet du hasard que, dans l'un ou l'autre sens,
on ait une part de justice ; et cette remarque ne
s'applique pas moins évidemment à l'injustice et
avec les mêmes nuances ; car ce n'est pas du tout
une même chose de faire des actes d'injustice et
d'être injuste. Ce n'est pas davantage une même
chose de souffrir des actes d'injustice, ou de souffrir
une injustice réelle. Mêmes distinctions à faire pour
la justice que l'on rend aux autres ou qu'on reçoit
d'eux ; car il est impossible de souffrir une injustice,
sans qu'il y ait quelqu'un qui commette une injus-
tice, ni d'obtenir la justice qui vous est due, sans
qu'il y ait quelqu'un qui accomplisse un acte de
justice.
§ 4. Mais il suffit, avons-nous dit, pour être
absolument coupable d'une injustice, de faire volon-
tairement du mal à quelqu'un ; et faire volontaire-
ment c'est savoir contre qui, avec quoi, et comment
l'on agit. Il suit de là, semble-t-il, que l'intempérant,
qui, de sa pleine volonté se nuit à lui-même, éprouve
volontairement un dommage, et qu'on pourrait
ainsi être coupable envers soi-même et se faire un
tort personnel. Car c'est une question qu'on a élevée
aussi de savoir si l'on peut être coupable envers soi.
— § 5. On peut faire une autre hypothèse, et sup-
poser que par intempérance on en viendrait à
éprouver volontairement une injustice de la part
d'un autre qui la commettrait non moins volontai-
rement. Dans cette supposition encore, on souffri-
rait volontairement une injustice. Mais il vaut mieux
reconnaître que notre définition de l'injuste n'est
pas exacte et complète ; et il faut ajouter aux
conditions de savoir à qui, avec quoi, et comment
De la justice 225
CHAPITRE X
CHAPITRE XI
CHAPITRE PREMIER
1. Te) bnarinsomelv.
2. là loylonxôv.
3. ctio9hyri4, vS• bpgiç.
4. itetç.
5. gtç itpoatpenxii. Barthélemy Saint-Hilaire : disposition
gui préfère et choisit ; Voilquin: comportement précédé de
238 Éthique à Nicomaque
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
CHAPITRES X-XI
CHAPITRE Xl2
1. L'intellect.
LIVRE VII
Théorie de l'intempérance
et du plaisir
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
CHAPITRE X
CHAPITRE XI
CHAPITRE XII
CHAPITRE XIII
Théorie de l'amitié
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
CHAPITRE X
1. àvaffaixn.5.
342 Éthique à Nicomaque
CHAPITRE XI
CHAPITRE XII
CHAPITRE XIII
1. cpulda
De l'amitié 353
CHAPITRE XIV
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
1. 4itéèvottt.
2. Eu à l'unanimité par l'assemblée des citoyens de Mitylène,
qui lui donna les pleins pouvoirs, Pittacus gouverna avec sagesse
pendant dix ans. Au bout de ce temps, il décida, malgré les
supplications de ses concitoyens, de rentrer dans sa vie privée.
Pittacus est connu comme l'un des Sept Sages de la Grèce. Cf.
Politique, III, 14, 1285a 30.
De l'amitié 373
des Phéniciennes'. Car il ne suffit pas, pour qu'il y
ait concorde, que les deux partis pensent de la
même manière sur un certain objet quel qu'il soit.
Il faut en outre qu'ils aient le même sentiment dans
les mêmes circonstances : et, par exemple, que le
peuple et les hautes classes s'accordent à donner le
pouvoir aux plus éminents citoyens2 ; car alors
chacun obtient précisément ce qu'il désire. La
concorde ainsi comprise devient en quelque sorte
une amitié civile, ainsi que je l'ai dit ; car elle
s'adresse alors aux intérêts communs et à tous les
besoins de la vie sociale.
§ 3. Mais cette concorde suppose toujours des
coeurs honnêtes ; en effet ces coeurs-là sont d'accord
avec eux-mêmes d'abord, et ils y sont entre eux
réciproquement, parce qu'ils ne s'occupent, pour
ainsi dire, que des mêmes choses. Les volontés de
ces esprits bien faits demeurent inébranlables, et
n'ont pas de flux et de reflux comme l'Euripe3 ; ils
ne veulent que des choses justes et utiles, et ils les
désirent sincèrement dans l'intérêt commun. — § 4.
Loin de là, entre les méchants, la concorde n'est
pas possible, si ce n'est pour de bien courts instants,
pas plus qu'ils ne peuvent être longtemps amis,
parce qu'ils désirent une part exagérée dans les
profits, et qu'ils en prennent le moins qu'ils peuvent
dans les fatigues et dans les dépenses communes.
Chacun ne voulant que les avantages pour soi, épie
et entrave son voisin ; et comme l'intérêt commun
n'est le souci de personne, il périt bientôt sacrifié.
Alors, ils tombent dans la discorde en essayant de
1. Etéocle et Polynice. On sait que le sujet des Phéniciennes est
la haine et la lutte des deux fils d'Œdipe (note du traducteur).
2. toùç tipietouç.
3. On sait que le phénomène du flux et du reflux est très marqué
dans l'Euripe, entre l'Eubée et la Béotie, et que c'est à peu près le
seul lieu de la Méditerranée où il soit aussi sensible (note du
traducteur).
374 Éthique à Nicomaque
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
CHAPITRE X
CHAPITRE XI
CHAPITRE XII
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
1. Su vota.
2. alcreincrtç.
3. Fragment 9.
Du plaisir et du vrai bonheur 411
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
1. cutnetpxeut.
2. Ostoptetxfiv. Barthélemy Saint-Hilaire : vie intellectuelle et
contemplative.
3. acKpén.
4. Oscopeiv. Barthélemy Saint-Hilaire : à l'étude et à la contem-
plation.
5. mit &Ku the croeirrepoç Voilquin : et plus sa
sagesse est grande, mieux il s'y consacre ; Tricot: et il est même
d'autant plus sage qu'il contemple dans cet état davantage;
Gauthier-Jolif: et meilleur philosophe il est, plus il le peut.
6. airtapxéctatoç.
7. Occopilcrat. Barthélemy Saint-Hilaire : que la science et la
contemplation.
418 Éthique à Nicomaque
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
CHAPITRE X
Éditions courantes
Aristote, Éthique de Nicomaque, texte grec et traduction
présentés par Jean Voilquin, Librairie Garnier Frères,
Paris, s.d. [1940]. Réédités, sans le texte grec, aux éditions
G.F. Flammarion (1965, 1986).
Aristote, Éthique à Nicomaque, introduction', traduction
et commentaire par René Antoine Gauthier et Jean Yves
Jolif, 2 tomes, Publications universitaires (Louvain) et
Béatrice-Nauwelaerts (Paris), 1958. Deuxième édition avec
une introduction nouvelle : 1970.
Aristote, Éthique à Nicomaque, traduction de J. Tricot,
éditions Vrin, Paris, 1959. Septième tirage, 1990.
Œuvres d'Aristote
1. Logique : les Catégories, De l'interprétation, Premiers
analytiques, Seconds analytiques, Topiques et Réfutation
des sophismes. Cette collection d'écrits est connue sous
le nom d'Organon.
2. Physique et Métaphysique : De la génération et de la
corruption, De l'histoire des animaux, Des parties des
440 Éthique à Nicomaque
animaux, De la génération des animaux, Sur la marche
des animaux, Sur le mouvement des animaux, De l'âme,
De la sensation et des sensibles, De la mémoire et de la
réminiscence, Du sommeil et du réveil, Les songes, La
divination par les songes, Sur la longueur et la brièveté de
la vie, De la jeunesse et de la vieillesse, De la respiration,
Météorologiques, Du Ciel, Physique, Métaphysique.
3. Morale et politique : Éthique à Nicomaque, Éthique à
Eudème, Grande morale, Politique, Constitution d'Athènes.
4. Arts de la parole : Rhétorique, Poétique.
Traductions :
Aristote : La Politique (1837 ; 1848 ; 1874), De l'interpré-
tation (1848), La Morale (1856, Librairie philosophique
Lagrange, 2 tomes), La Métaphysique (1878).
Homère : Iliade (1868).
Marc Aurèle : Pensées (1876).
Table
Éthique à Nicomaque
LIVRE I
THÉORIE DU BIEN ET DU BONHEUR
LIVRE II
THÉORIE DE LA VERTU
LIVRE III
THÉORIE DE LA VERTU (suite)
DU COURAGE ET DE LA TEMPÉRANCE
LIVRE IV
ANALYSE DE DIFFÉRENTES VERTUS
LIVRE V
THÉORIE DE LA JUSTICE
LIVRE VI
THÉORIE DES VERTUS INTELLECTUELLES
LIVRE VII
THÉORIE DE L'INTEMPÉRANCE ET DU PLAISIR
LIVRE VIII
THÉORIE DE L'AMITIÉ
LIVRE IX
THÉORIE DE L'AMITIÉ (suite)
LIVRE X
DU PLAISIR ET DU VRAI BONHEUR
30/4611/7
Aristote
Livre
Éthique à Nicomaque
Poche
Œuvre de maturité, l'Éthique
à Nicomaque est le grand texte Révision
de la morale aristotélicienne. À partir de la traduction,
commentaires et notes
des notions de Vertu, de Courage,
par Alfredo
de Justice, de Plaisir, d'Amitié, etc.,
Gomez-Muller.
le philosophe définit l'architecture
d'une sagesse à « hauteur d'homme »
qui renoue avec l'esprit grec
dont Platon s'était partiellement détaché.
Le bonheur apparaît comme la «fin »
véritable de l'existence, l'action étant
alors le « moyen » propre à l'atteindre.
C'est pourquoi on peut dire
qu'avec Aristote la morale revient
dans le monde et fixe les normes
d'un savoir-vivre qui réunit
le plaisir et l'ascèse.
texte intégral
30 / 4611 / 7
www.livredepoche.com
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