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de
Bordeaux
L’intertexte à l’œuvre dans les littératures
francophones | Martine Mathieu-Job
Dynamique
intertextuelle et
production du
sujet : La Mémoire
tatouée et Le Livre
du sang
d’Abdelkebir
Khatibi
Nafa Kamal
p. 83-129
Texte intégral
1 Entendu comme un processus intertextuel, l’univers de la
fiction relève dans ce cas d’une absorption par le texte
littéraire de discours passés et contemporains à caractère
fictionnel, théorique, politique ou religieux. L’analyse
intertextuelle relève donc d’une lecture/écriture dépliant le
tissu textuel dans un contexte dialogique, c’est à dire par
rapport à une productivité issue de la force captivante
exercée sur le sujet par des discours que le texte absorbe et
transforme en même temps qu’ils le travaillent. Cette
perspective se retrouve dans les propos de Kristeva
lorsqu’elle remarque que « Bakhtine situe le texte dans
l’histoire et dans la société envisagées elles-mêmes comme
textes que l’écrivain lit et dans lesquels il s’insère en les
écrivant ».1 Une telle étude consistera donc en la mise en
évidence de la dimension signifiante qui rattache le texte au
processus d’individuation engendré par les discours qui sans
cesse interpellent l’individu et conditionnent sa socialité :
« L’intertextualité, condition de tout texte, quel qu’il soit, ne
se réduit évidemment pas à un problème de sources ou
d’influences ; l’intertexte est un champ général de formules
anonymes, dont l’origine est rarement repérable, de citations
inconscientes ou automatiques, données sans guillemets.
Epistémologiquement, le concept d’intertexte est ce qui
apporte à la théorie du texte le volume de la socialité : c’est
tout le langage, antérieur et contemporain, qui vient au texte,
non selon la voie d’une filiation repérable, d’une imitation
volontaire, mais selon celle d’une dissémination - image qui
assure au texte le statut, non d’une reproduction, mais d’une
productivité. »2
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I – L’intertexte dans La Mémoire tatouée
4 La Mémoire tatouée, séduit et force l’écoute. Un « je »
multiforme à plusieurs voix se raconte. Cette polyphonie
affiche une tension constante entre le passé et le présent.
Elle se combine à l’attention portée à la sonorité des mots et
s’affirme comme le principe générateur de l’œuvre. À cette
dimension dialogique du texte correspond l’intrusion d’une
problématique de l’écriture :
« Est-ce possible le portrait d’un enfant ? Car le passé que je
choisis maintenant comme motif entre mon être et ses
évanescences se dépose au gré de ma célébration
incantatoire, elle-même prétexte de ma violence rêvée
jusqu’au dérangement ou d’une quelconque idée circulaire.
Qui écrira son silence, mémoire à la moindre rature ?
Qui dira mon passé dans l’effacement d’une page, qui saura
varier l’obscurité au seul arrachement d’ailes ? Plus que mon
vouloir, le voici, le souvenir plaintif, le voici libre de sa
figure ! Durée de lierre qui ne trahisse pas l’enfant que
j’étais, l’enfant fertile qui n’est pas mort en moi !
lectures
souvenir Présent de l’écriture
antérieures
Les Fleurs du
Œuvres rapprochées La Mémoire tatouée
mal
Enfant
Enfant
Signifiants communs
Vouloir Volonté
Plus que mon vouloir (Déni de la
Différences À volonté
volonté)
Songe à la douceur
T V G/V G T
VTG
T V G/V G T
Auteur
Nafa Kamal
Université d’Alger
© Presses Universitaires de Bordeaux, 2003