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Nadia Duchêne
Université de Huelva
Traduction et littérature beure: nous nous proposons dans ces quelques lignes de
nous interroger tout d’abord sur l’opération traduisante puis de nous intéresser
plus particulièrement à la traduction en espagnol de l’œuvre autobiographique
d’Azouz Begag intitulée Le gone du Chaâba, publiée aux Éditions Del Bronce en
2001. Nous ne prétendons en aucun cas présenter une étude prescriptive mais plu-
tôt une analyse descriptive illustrée par des binômes textuels. Les exemples ont été
sélectionnés de façon aléatoire; il s’agit donc d’une étude synchronique et limitée.
Avant tout et afin de clarifier notre propos, il nous semble important de présen-
ter les grands traits de l’intrigue. L’action se déroule dans un bidonville, le Chaâ-
ba, situé sur les bords du Rhône à la périphérie de Lyon. Le jeune Azouz nous in-
vite à partager le quotidien d’un groupe d’origine algérienne issu de l’immigration
d’Afrique du nord. Comme dans de nombreuses œuvres de Begag, le personnage
central est un enfant qui nous amènera à réfléchir sur la question de l’immigration
et des difficultés que rencontrent les maghrébins et leurs enfants nés en France à
s’intégrer dans le pays d’accueil, la société française.
L’œuvre choisie s’inscrit dans la littérature beure (du mot arabe en verlan) qui
connut ses débuts dans les années quatre-vingts. D’aucuns diront qu’il s’agit d’une
littérature de revendication, d’une réaction à leur exclusion; nous n’entrerons pas
dans ces considérations qui dépasseraient les limites de cet article. Toujours est-il
que nous sommes immergés dans le discours de l’altérité, dans un texte qui s’adres-
se à l’Autre et nous sommes d’accord avec Hargreaves (1989) pour parler de dimen-
sion ethnographique. L’ensemble de cette littérature est en effet empreint de réfé-
rences historiques et sociales dans le cadre de la banlieue française. Le passé, les
origines familiales (donc la mémoire), le tiraillement entre tradition et modernité,
le désir d’intégration, le racisme, l’errance, le chômage, la délinquance, l’éducation
comme voie d’insertion et le poids de la religion sont manifestement des théma-
tiques récurrentes. La littérature beure dépeind avec une grande acuité le « plura-
lisme », le dédoublement des personnages en raison de leur appartenance à deux
En tant qu’étranger, le sujet écarte, sépare, différencie en même temps qu’il tâche
de rencontrer, rejoindre, communiquer. Il incarne l’abjection en ce qu’il repousse
ce qui à la fois le menace et l’attire, ce qui pour lui représente une source de dan-
ger, d’où provient cette capacité de “diviser, rejeter, répéter” (1980: 20).
Grâce à leur scolarisation, les enfants d’immigrés deviennent les interprètes et les
scribes de leurs parents face à la bureaucratie française. Dans leurs pratiques litté-
raires, cependant, la langue parlée, apprise dans la rue, nous paraît au moins aussi
importante que le “français scolaire” […]. Un des traits les plus marqués du corpus
beur est en effet la profonde empreinte du français familier (1991: 171).
Cependant, derrière cette apparente simplicité et le ton familier se cachent des ré-
flexions sur les différences culturelles et bien entendu sur l’importance de la lan-
gue. La question sous-jacente et fort complexe de la problématique culturelle n’en
est que davantage soulignée, d’autant plus, qu’elle va de pair avec une grande dose
d’humour alliée à un style léger et fluide. Le fait d’insérer dans le texte le registre
argotique et de donner la parole aux parents pour qui le maniement de la langue
française demeure approximatif et compliqué, permet à notre sens de synthétiser
deux modes culturels distincts, deux formes de communication, en d’autres ter-
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mes deux sociétés: tradition orale et tradition écrite. De surcroît, le fait que le récit
soit celui d’un enfant, permet de mettre en relief cette transposition de l’oral dans
l’écrit et d’autre part, d’instaurer une sorte de complicité entre le narrateur, les per-
sonnages dont il parle et le lecteur. Cette technique narrative, à un second plan,
nous amène à constater la double appartenance culturelle d’Azouz puisqu’il est ca-
pable de s’intégrer dans les deux milieux: la France et la culture algérienne dont
sont porteurs ses parents.
Ce genre littéraire qui a eu un certain mal à obtenir une reconnaissance légiti-
me dans le canon littéraire national, pour des raisons de classification et d’écriture
entre autres, s’est doté malgré tout d’une spécificité et commence à s’imposer. Nous
avons tenu à signaler ces particularismes dans la mesure où il nous semble évident
que le traducteur qui est confronté à ce type de texte, doit connaître non seulement
l’œuvre de l’auteur mais aussi celle d’autres auteurs avec lesquels elle entre en réso-
nance: il s’avère impossible d’être à même de traduire sans connaître la culture, le
discours et les normes d’un genre littéraire.
C’est pourquoi, nous rappelerons certaines problématiques se posant à l’heure
de traduire et nous soulignerons certaines difficultés inhérentes aux aspects pro-
prement culturels du texte. Au sens de Cordonnier:
[…] c’est que la traduction n’est pas seulement une opération linguistique mais
qu’elle est toute entière prise dans un ensemble d’interrelations sociales et culturel-
les, d’abord au sein de sa propre culture et ensuite entre les cultures étrangères en
présence. Les paramètres culturels sont à même de jouer par conséquent un grand
rôle dans la traduction en général […] (2002: 38).
Le texte littéraire est, par définition, linguistique et sa traduction renferme les mê-
mes particularités que les autres types de traduction. Cependant, et également par
définition tout texte littéraire est un produit esthétique et idéologique lequel parti-
cipe de la stratégie globale d’une culture. Le langage, aujourd’hui, n’est plus consi-
déré seulement comme une simple représentation de la réalité mais aussi comme
un code culturel et un véhicule de communication. Érigé en pratique sociale, ses
composants sociaux – un énonciateur particulier et situé historiquement, la situa-
tion de communication, la structure sociale, le contexte et leurs rapports au texte
– doivent être pris en considération. En somme, il n’est plus possible d’envisager
le langage comme un simple code, isolé de son usage et de ses orateurs: le messa-
ge et sa signification dépendent de diverses variables telles que le temps, l’environ-
nement, la culture, l’idéologie et l’énonciateur. Précisons que nous entendons le
concept de culture dans son acception la plus large, à savoir les modes de vie et de
pensée communs à une communauté spécifique, lesquels, amènent les individus
de cette communauté à agir de façon commune. C’est alors que la notion d’altérité
entre en scène; nous reprenons de nouveau les propos de Cordonnier:
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la langue. Comme nous l’avons souligné plus haut, cette langue qui sert d’ancrage
aux personnages contient de nombreuses expressions familières, argotiques pro-
pres au discours des jeunes protagonistes du roman. À cela s’ajoute le parler des
parents teinté de formes orthographiques et phonétiques approximatives, lesquel-
les permettent à l’écrivain de les situer dans le tissu social français et donc de les
décrire. Nous sommes en présence d’une mixité linguistique reflétant les diverses
voix qui s’expriment: cohabitation du parler populaire et d’une expression stan-
dard. Une autre difficulté inhérente en partie aux remarques précédentes est celle
de la transposition de l’humour qui consiste à activer les mécanismes du rire dans
la langue cible. L’humour de Begag se manifeste donc de différentes manières al-
lant de la graphie « pseudo-phonétique » jusqu’aux alternances vocaliques et aux lo-
cutions familières.
Passons maintenant aux observations sur le texte cible (TC). Les exemples pré-
sentés ci-dessous sont tirés de l’édition française de 1986 et de la version espagnole
de 2001.
1. Les omissions
e jeune Azouz vivant dans des conditions matérielles précaires, le bidonville qu’il
L
occupe avec sa famille ne dispose pas d’installations sanitaires. La toilette du matin
se limite donc à se laver le visage, le bain ayant lieu une fois par semaine dans une
immense bassine. Il suffit d’ajouter le terme cara de sorte à restituer le TO:
(2) Non mais dis donc la mémé, tu crois p’têt que tu vas nous faire peur avec ta
bande de moukères bariolées? (52)
– ¡Lo que nos faltaba, la abuela está! ¿Te crees que nos dais miedo, tú y tu ban-
da de moras? (40)
À notre sens, le terme espagnol manquant serait abigarradas étant donné qu’il tra-
duit parfaitement l’idée d’un tissu aux couleurs vives, variées et souvent s’harmo-
nisant mal entre elles. Il nous semble dommage de l’omettre puisque le passage
dans lequel il apparaît, décrit une dispute entre Louise et les prostituées du quar-
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tier. La plus âgée de ces dernières cherche à ridiculiser les femmes arabes. Nous
proposons donc:
– ¡ Lo que nos faltaba, la abuela está! ¿Te crees que nos dais miedo, tú y tu banda
de moras abigarradas?
(3) Rabah est là, une Gauloise coincée entre les lèvres comme tous ceux du certif.
(85)
– Rabah y los otros compañeros están allí con un Gauloise entre los labios.
(64)
Pour conclure ces quelques exemples d’omissions, signalons le fait que dans le TO,
le prénom du personnage dénommé Louise est toujours précédé de l’article « LA»
afin de souligner cet usage propre aux milieux populaires. Dans le TC, l’article a
été omis alors que le même phénomène existe en espagnol.
sions se rapportant à des traits culturels ou sociaux précis (la façon de se vêtir des
maghrébines, le niveau scolaire des jeunes protagonistes — le Certificat d’Études —
l’expression du racisme et le caractère populaire des personnages) lourds de sens
dans le contexte de l’œuvre, ces « détails » omis ont une importance dans la mesure
où ils prolongent et entourent la mise en scène des personnages.
La langue arabe occupe une place particulière dans le roman de Begag. Les ter-
mes arabes parsèment la narration selon trois procédés: l’interférence, l’alternan-
ce et l’emprunt. Ils reflètent des idées, des pratiques et des concepts renvoyant à
une autre réalité sociale. Parfois, ils n’ont d’équivalence ni en français ni en espa-
gnol, ils n’ont donc pas été “naturalisés”. Azouz, racontant des scènes réelles de son
enfance, les emploie afin de recréer le décor authentique, c’est-à-dire son véritable
discours. La traductrice a opté pour l’adaptation aux systèmes phonologique et or-
thographique espagnols. C’est le cas, par exemple de « binouar » qui devient binuar,
de « djoun » qui se transforme en djun, « hallouf » en haluf, « guittoun » en guitún,
« roumi » en rumi, « chritte » en shrit, « kaissa » en kaisa2. Cette stratégie nous paraît
pertinente dans le sens où elle facilite la lecture du public cible, d’autant plus que le
glossaire existant dans le TO et traduit dans le TC, explicitent le sens de ces termes.
Notons également qu’ils sont présentés en caractères italiques dans le TC; s’agissant
de termes étrangers non-traduits, il semble normal qu’une traduction confrontée à
ce problème y ait recours de façon quasi-systématique. Le fait de les avoir adaptés
dans la culture cible a permis de conserver la coloration du TO.
Il existe bien entendu des différences entre les deux codes linguistiques que sont
l’arabe et le français. L’arabe est une langue consonantique alors que le français est
une langue vocalique. En ce sens, l’espagnol s’apparente à la langue française. Les
adultes du Chaâba et en particulier les parents d’Azouz doivent affronter en fran-
çais des difficultés, entre autres, articulatoires. Lorsque le mot français contient
un phonème qui n’existe pas dans la langue arabe, le locuteur arabe recherche un
équivalent, un phonème situé au même point d’articulation dans sa langue. C’est
le cas par exemple du phonème [p] qui n’existe pas dans le système phonologi-
que arabe; il est, par conséquent, remplacé par le phonème [b] et tout arabophone
tend à prononcer [b] les [p]. Il en va de même pour le phonème [v] qui se trans-
forme en [f]. Par ailleurs, en ce qui concerne les voyelles, le [e] par exemple, est
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s ubstitué par [i]. Les interventions des parents d’Azouz ou de leurs proches repro-
duites comme nous l’avons signalé dans une graphie permettant de transcrire leur
parler, sont légion et provoquent une démarcation du texte. La traductrice a op-
té, quand cela était possible, pour une adaptation à la phonétique espagnole, re-
flétant ainsi le parler des immigrés maghrébins en Espagne. Nous signalons quel-
ques exemples:
(5) Tan a rizou, Louisa. Fou li fire digage di là, zi zalouprix li bitaines, zi ba bou
bour li zafas! (50) (Tu as raison Louisa. Il faut les faire dégager de là, les pu-
tains c’est pas bon pour les enfants).
– Tienes razún, Louise. Hay que echarlas de aquí, a estas butas. No es bueno
bara los niñus. (39)
(8) Ci Allah qui dicide ça. Bi titre, j’va bartir l’anni brouchaine, bi titre li mois
brouchain. (240)
– Alá diside. Buede que el añu que fiene o el mes que fiene. (180)
Si nous portons maintenant notre attention sur l’argot et le langage familier em-
ployés dans le TO, nous observons qu’il n’a pas été traité uniformément dans le TC,
ce qui entraîne une perte du registre. Le « contrat linguistique » n’a pas toujours été
respecté dans la mesure où parfois l’argot est traduit dans un registre littéraire, ce
qui entraîne la perte de connotations humouristiques et du langage familier que
renferme le TO. En revanche, certaines expressions littéraires ont été importées
dans le TC en argot. Voyons quelques exemples:
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(10) […] j’ai attendu qu’elle soit sortie vers l’bomba pour subtiliser mon vélo.
(115)
– […] esperé a que saliese hacia la bomba para birlar la bici. (87)
e terme orina (urine), à notre sens, pourrait être traduit par pis puisqu’il existe
L
en espagnol:
– Esto huele a pis. ¡Es pis!
(12) Heureusement qu’il y a la vogue, les manèges, les barbes à papa que je vais
pouvoir m’envoyer au palais […] (23)
– Menos mal que ahí está la feria, las atracciones, el tiovivo, esos algodones de
azúcar con los que me voy a deleitar […] (19)
La traduction efface le registre familier propre aux adolescents. Les verbes engul-
lir ou zampar traduisent parfaitement l’idée de « s’envoyer » en français dans ce con
texte. Nous suggérons:
– M
enos mal que ahí está la feria, las atracciones, el tiovivo, esos algodones de
azúcar que me voy a zampar.
ans ce cas l’espagnol dispose de l’expression familière no decir ni pío qui nous
D
semble congruente; nous proposons:
– Rabah y Moustaf no dicen ni pío.
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(15) Le directeur? Je le nique […] Et d’abord je vous nique tous ici […] (102)
– ¡Me río yo del director! […] Y me río de todos los que estáis aquí […] (77)
(17) […] ma main s’écorche sur une boîte de conserve éventrée. (38)
– […] me lastimo la mano con una lata de cerveza abierta. (30)
La « boîte de conserve » devient une « canette de bière ». Le terme lata eut été suf-
fisant.
(18) Alors quoi? Fais-je, sans me douter le moins du monde de ce qu’il peut bien
me vouloir. (94)
– ¿Qué pasa con qué? –respondo sin tener ninguna duda de lo que quiere de mí.
(71)
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L’expression sin tener ninguna duda signifie littéralement « sans avoir aucun dou-
te » dans le sens de « savoir »; il s’agit donc d’un contre-sens qui pourrait se corriger
par l’emploi de l’expression sin tener ninguna idea:
¿Qué pasa con qué? –respondo sin tener ninguna idea de lo que quiere de mí.
(19) C’est parce qu’on est des Arabes que vous pouvez pas nous sentir. (103)
– No nos queréis ni oler porque somos árabes. (78)
Nous observons ici la traduction littérale du verbe « sentir » transposé en oler qui
a effectivement le sens de « sentir une odeur » par exemple. Cependant, la locution
familière française « ne pas sentir quelqu’un » a le sens de « ne pas supporter », « dé-
tester ». L’espagnol emploie dans ce cas le verbe ver dans le sens français de « ne pas
pouvoir voir quelqu’un ». Nous proposons ainsi:
– No nos podéis ni ver porque somos árabes.
(20) […] elle m’a donné des chaussettes toutes neuves ce matin… (105)
– […] me ha puesto calcetines limpios esta mañana. (79)
Les chaussettes deviennent « propres » dans le TC alors qu’elles sont « neuves » dans
le TO. Limpios devrait être substitué par nuevos ou recién estrenados.
(21) Qu’est-ce qu’il en a de la chance, mon petit agneau! (108)
– ¡Qué suerte tiene mi corderito! (81)
L’expression « mon petit agneau » employée dans un sens affectueux, est traduite
littéralement. L’espagnol dispose du terme affectif chiquillo, par exemple:
¡Qué suerte tiene chiquillo!
(22) Elle se passait le mouchoir sur le front et sur les yeux pour éponger la chaleur
et la douleur. (112)
– Se pasaba el pañuelo por la frente y por los ojos para enjuagarse el calor y el
dolor. (85)
Conclusion
Au terme de ces observations, nous constatons que le TC est une traduction hy-
bride. Il est difficile de dire si nous avons affaire à une adéquation ou à une adap-
tation car les deux stratégies alternent. Cela dit, le contexte est généralement res-
pecté et permet de cerner la problématique culturelle exposée par l’auteur. Nous
sommes pleinement conscients que toute traduction implique transformation et
par conséquent, l’idée de transparence serait illusoire. Le processus de reformu-
lation au sein d’une même langue entraîne déjà une interprétation inhérente à la
lecture en tant qu’acte personnel. Dans l’opération traduisante, vient se superposer
la tâche supplémentaire du choix des équivalences dans une autre langue, qui per-
mettront de réapproprier le TO et le transmettre à la société réceptrice. La difficul-
té réside dans la capacité à se situer sur l’axe du public cible dont les expectatives
sont multiples et variées (TC familier vs. TC exotique, étrange(r)). La double fonc-
tion de la traduction consiste à promouvoir et faire connaître l’œuvre d’un auteur
d’où, l’immense responsabilité du traducteur. Nous terminerons en citant Steiner
s’exprimant sur l’acte de traduction:
La quadruple démarche depuis la rencontre, du pari sur la signification à l’acte fi-
nal de restauration, est donc, au fond, une dialectique de la confiance, une prise et
une restitution. Où elle s’accomplit entièrement, les grandes traductions étant plus
rares que la grande littérature, la traduction n’est pas moins qu’un discours senti
entre deux êtres humains, l’éthique en action. Cela fait aussi partie de la moisson
de Babel (1998: 166).
Notes
1. Désormais, nous soulignons les expressions ou termes auxquels nous faisons référence.
2. Nous ne précisons pas les pages ici étant donné que ces termes sont repris à multiples occa-
sions tout au long du roman.
Bibliographie
Begag, Azouz. 1986. Le gone du Chaâba, Paris: Éditions du Seuil, 186 pp.
Begag, Azouz. 2001. El niño del Chaâba, Madrid: Ediciones del Bronce, traduction de María
Dolores Mira, 182 pp.
Begag, Azouz et Chaouite, Abdellatif. 1990. Écarts d’identité, Paris: Seuil, 128 pp.
Ballard, Michel. 1993. La traduction à l’université. Recherche et propositions didactiques,
Presses Universitaires du Septentrion, 264 pp.
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Né en 1957 à Villeurbanne, Azouz Begag, fils d’immigrés algériens, a passé son enfan-
ce dans un bidonville puis dans la Cité de la Duchère à Lyon. Les difficultés inhérentes à
un milieu défavorisé n’ont point empêché Azouz Begag de poursuivre de brillantes études
jusq’à l’obtention d’un Doctorat en Économie. Il est actuellement chercheur au Centre Na-
tional de Recherche Scientifique (CNRS) et exerce également en qualité de spécialiste en
socio-économie urbaine à la Maison des Sciences Sociales et Humaines de Lyon. Parallèle-
ment à ses activités professionnelles, Azouz Begag mène une carrière d’écrivain. Il est ain-
si l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages incluant romans, littérature pour la jeunesse et essais
dont la thématique principale s’articule autour de l’intégration des populations maghrébi-
nes dans la société française. Avec son premier roman, Le gone du Chaâba (1986) qui adap-
té au grand écran onze ans plus tard par Christophe Ruggia, il obtient le Prix Sorcières et le
Prix Bobigneries en 1987. Son œuvre intitulée La force du berger (1991) recevra la distinc-
tion du Prix Européen de Littérature Infantile.
Résumé
Partant d’une remarque liminaire, maintes fois réitérée, qui consiste à dire que la traduc-
tion n’est pas exclusivement un exercice linguistique, puisqu’elle intègre un ensemble de cor
rélations sociales et culturelles, nous nous proposons de présenter une vue synthétique mais
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Abstract
This study starts from a well-known premise, which states that translation is not exclusi-
vely a linguistic practice; rather, it should integrate a set of social and cultural interrelations.
Once accepted that premise, we propose a synthetic case study of the French work Le gone
du Chaâba, by Azouz Begag, published in Spanish in 2001 by Ediciones del Bronce.
Our case study is focused on the translating difficulties found in this particular work
when dealing with the peculiar linguistic and cultural specificities of the Arab population
living in France, the real “protagonists” of the novel.
The study does not intend to be prescriptive; rather, it is an illustrated descriptive analy
sis based on textual pairs (French and Spanish), selected almost at random throughout the
text. Thus, we propose a synchronic and well-limited analysis, which deals basically with:
(i) the omissions found in the target text; (ii) the Spanish rendering of Arab colloquialisms,
fairly frequent in the source text; (iii) the translator´s strategies when rendering the orality
of the source text; (iv) the translation of the different linguistic registers; and (v) the contre-
sens, along with the potential semantic misrenderings.
Sur l’auteur