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BILINGUISME ET DIGLOSSIE :
COMMENT PENSER LA DIFFÉRENCE
LINGUISTIQUE DANS LES LITTÉRATURES
FRANCOPHONES1 ?

Rainier GRUTMAN
Université d’Ottawa

i, en tant que structure politique, la francophonie est basée sur

S la communauté de langue, en tant que système littéraire, elle est


traversée de part en part par la problématique de la différence
linguistique. L’unité revendiquée cache une diversité latente, puisque les pays
où ont pris leur essor les littératures francophones se caractérisent presque
tous par un contexte bi- voire plurilingue. Cela est particulièrement évident
dans les anciennes colonies et dans les départements et territoires d’outre-mer,
où le français interagit systématiquement avec des langues indigènes ou des
créoles. Il en va autrement, certes, en Belgique, en Suisse, au Canada, où le
francophone peut se mettre à l’abri du contact linguistique, quoique sans
doute plus facilement à Namur qu’à Genève ou à Québec. Dans aucune de
ces trois communautés cependant, que ce soit la wallonne, la romande ou la
québécoise, il ne peut faire totalement abstraction de l’autre langue et du
« voisin étranger » (Laurent Mailhot) qui la parle.
Afin de penser cette différence linguistique spécifique aux littératures
francophones, et en particulier aux littératures postcoloniales parmi elles, je
partirai de deux concepts assez courants, mais qu’entoure encore un certain
flou dans les études littéraires. Ce sont, dans l’ordre chronologique de
leur apparition2, le bilinguisme et la diglossie. Après en avoir rappelé les prin-

1 Communication préparée pendant un séjour comme Senior Research Fellow à la Katholieke


Universiteit Leuven, qu’il m’est un plaisir de remercier de sa générosité.
2 Tant le Trésor de la langue française que Le dictionnaire historique de la langue française
des éditions Le Robert donnent 1918 comme date de la première attestation du mot
« bilinguisme » en français (sous la plume d’Antoine Meillet). Sous « diglossie », le premier
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cipales caractéristiques, je verrai quels services ils peuvent rendre à l’étude


de la littérature dans sa double dimension institutionnelle et scripturale.

Le bilinguisme : un mot galvaudé ?


Le mot « bilinguisme » apparaît d’abord avec une certaine fréquence dans
le jargon des psychologues et pédagogues. Règle générale, ceux-ci y voyaient
un problème à résoudre, une plaie qu’il fallait enrayer. Ainsi, dans son
ouvrage sur La pensée et la polyglossie, Isaac Epstein (1915, p. 211)
n’accepte cette dernière que sur le plan de la réception. S’il sied à l’homme
cultivé de lire et de comprendre plusieurs langues (« polyglossie passive »),
dit-il en substance, une seule langue suffit pour exprimer sa pensée
(« monoglossie active ») – ce qui est, au demeurant, la principale fonction du
langage selon Epstein. Certains pédagogues sont allés jusqu’à prétendre que
le bilinguisme pouvait avoir un effet négatif sur le développement intellectuel.
Telle est la thèse présentée par deux délégués belges, Verheyen et Toussaint,
à la Conférence internationale sur le bilinguisme tenue à Luxembourg en 1928
(Swing, 1981, p. 217). Leur collègue Ovide Decroly avait beau leur opposer
qu’il fallait faire entrer en ligne de compte les origines sociales des enfants
étudiés v les participants à l’enquête de Toussaint provenaient des Marolles,
un quartier très populaire de Bruxelles et avaient donc moins de chances de
réussite – ; il prêchait dans le désert. L’opinion publique n’était pas encore
mûre pour ce type d’argument.
La même myopie s’observe parfois dans le domaine politique. On ne se
rend pas suffisamment compte, en effet, que le bilinguisme officiel a souvent
été instauré, non pas pour encourager les connaissances linguistiques, mais
plutôt « pour assurer le droit [des citoyens] à l’unilinguisme individuel »
(Mackey, 1976b, p. 13). La Belgique fournit une belle illustration de ce
paradoxe. Conçue comme un État unilingue par la bourgeoisie francophone
« trans-ethnique » (Aristide Zolberg) portée au pouvoir après la révolution de
1830, elle devait le rester pendant près d’un siècle, ignorant par là la diversité
réelle des langues parlées sur son territoire. Dans la Belgique actuelle, basée
sur le principe de l’unilinguisme régional, des communautés officiellement
unilingues vivent côte à côte, dans l’ignorance la plus complète l’une de
l’autre. Au Canada, par contre, le bilinguisme officiel a été promu d’un océan
à l’autre (a mari usque ad marem, dit la devise nationale). Cette politique du
gouvernement fédéral rencontre une résistance farouche au Québec, province
très majoritairement francophone, où artistes et intellectuels dénoncent
régulièrement le bilinguisme franco-anglais. Fernand Ouellette le qualifiait
ainsi de « canal de l’assimilation » et « de lavage de cerveau » collectif (1964,
pp. 105-107), tandis que Gaston Miron voulait « décoloniser » une langue
française à ce point contaminée par l’anglais qu’elle est devenue un signe de
déchéance culturelle. « Quand je lisais : Glissant si humide, je croyais que

ouvrage renvoie à l’article politiquement engagé de l’helléniste Jean Psichari (1928 ; voir
Fernández, 1995).
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c’était du français, je comprenais parce qu’en même temps je lisais Slippery


when wet, alors que c’est de l’anglais en français, c’est l’altérité » (1993
[1973], p. 208).
Le bilinguisme soulève tant de passions parce qu’il va à l’encontre de
plusieurs idées sacro-saintes (concernant la langue maternelle, le génie des
langues nationales et leur Weltanschauung...) tout en constituant une donnée
fondamentale de nos sociétés modernes. À vrai dire, la confusion est
tellement grande que l’on a presque envie d’abandonner la partie. Ce
serait pourtant jeter le bébé avec l’eau du bain, car à certaines conditions, le
« bilinguisme » peut servir d’outil descriptif. D’abord, il faut abandonner le
critère, trop subjectif, de la maîtrise totale d’une langue : il n’y a pas plus de
parfaits bilingues qu’il n’y a de parfaits unilingues. Ensuite, il faut limiter
l’usage du mot à la dimension individuelle, dimension chère aux études
littéraires, où l’on étudie tel écrivain, tel texte, dans ce qu’ils ont d’unique,
d’irréductible.

Bilinguisme et littératures francophones


Le bilinguisme littéraire désigne l’emploi, successif ou simultané, de deux
langues d’écriture de la part d’un même auteur. Par langue d’écriture, on
entend l’outil que l’écrivain s’est choisi (ou que les circonstances lui ont
imposé) pour écrire ses œuvres de création et s’inscrire dans une tradition
littéraire. Ce terme ne comprend donc pas les langues que l’auteur pourra
éventuellement convoquer à l’intérieur de ses œuvres (pour des raisons de
vraisemblance, de couleur locale, d’érudition).
Il faut également faire une distinction entre les différentes catégories
d’auteurs issus d’une situation de contact linguistique, car ils ne sont pas
tous des bilingues littéraires. Soit les cinq catégories suivantes (la liste a été
adaptée pour la francophonie à partir de Vallverdú, 1971, p. 87) :
a) l’écrivain qui écrit alternativement en français et dans une autre langue ;
b) l’écrivain francophone qui écrit dans une autre langue ;
c) l’écrivain allophone qui écrit en français ;
d) l’écrivain qui écrit en français mais se sert (également) d’une autre langue
pour des textes non-littéraires : prose d’idées, essais scientifiques, articles
de journaux ;
e) l’écrivain qui a écrit successivement en français et dans une autre langue
(ou l’inverse), mais jamais en même temps.

Le cas le plus rare est sans conteste celui de l’écrivain qui publie
simultanément en deux langues (cat. a). Règle générale, il n’y a pas
d’équilibre harmonieux entre les deux versants de son œuvre. Chez Samuel
Beckett, il est vrai, la distribution des langues avait progressivement pris
la forme d’un véritable dédoublement, grâce au recours systématique à
l’autotraduction. Mais Beckett forme l’exception qui confirme la règle, tant
sont rares les équilibristes de sa trempe. Dans la Belgique des années 1930 et
1940, il y a bien eu le cas de Raymond De Kremer, menant de front une
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double carrière d’auteur fantastique : sous le nom de Jean Ray en français,


sous celui de John Flanders en flamand. Au Maghreb, la démarche d’un
Rachid Boudjedra, traduisant lui-même en français des romans écrits
auparavant en arabe, rappelle apparemment celle de Beckett. Ce n’est qu’une
apparence toutefois, car les valeurs et la signification sociales accordées
aux langues que manie Boudjedra traduisent des enjeux très différents de
ceux, ontologiques, du bilinguisme beckettien.
C’est précisément à cause de cette corrélation entre l’usage littéraire
et l’usage social des langues qu’on voit apparaître une division du travail
discursif dans laquelle chaque langue est assignée à un domaine donné.
Souvent, cette ligne de partage coïncide avec la différence entre la création
esthétique et l’écriture utilitaire, à visée purement communicative (cat. d).
Dans l’état actuel des systèmes littéraires, où la Littérature s’est détachée de
l’ensemble des Belles-Lettres et où « écrire est [devenu] un verbe intransitif »
(Roland Barthes), ce cas ne relève plus, strictement parlant, du bilinguisme
littéraire. (Pourtant, l’existence, pendant plusieurs siècles, d’une importante
littérature néolatine à côté des littératures en langues modernes nous rappelle
qu’il n’en fut pas toujours ainsi).
Parfois, la frontière linguistique correspond à une frontière interne au
champ littéraire, celle entre les genres par exemple. Au Moyen Age, il pouvait
arriver que les mêmes jongleurs récitaient des poèmes lyriques en occitan
et une chanson de geste en langue d’oïl. Dans les littératures francophones
d’aujourd’hui, ce type de distribution tend à se superposer à la frontière entre
production orale et production écrite. Ainsi, en Afrique subsaharienne et
au Maghreb, le théâtre a plus facilement recours aux langues autochtones
qu’à la langue coloniale. C’est vrai également pour le cinéma : la romancière
francophone Assia Djebar tourne ses films en arabe, tout comme le
Sénégalais Ousmane Sembène s’est rapproché du public africain en faisant
des films en wolof (Moura, 1999, p. 104). On voit déjà par ces quelques
indications que l’alternance entre les langues se fait en fonction de facteurs
sociolinguistiques tels que l’alphabétisation ; de ce fait, elle relèverait de la
diglossie plutôt que du bilinguisme littéraire (cf. infra).
Le bilinguisme successif (cat. e), quant à lui, se traduit par une suite de
périodes unilingues : russe et américaine dans l’œuvre de Vladimir Nabokov,
polonaise et anglaise dans celle de Joseph Conrad, tchèque et française
chez Milan Kundera. Une fois effectué le changement de langue, ces auteurs
hésitent souvent à revenir à leur ancienne langue d’écriture, comme s’il
s’agissait d’un tabou. C’est là un sentiment de culpabilité typique des
écrivains bilingues, qui ont tendance à comparer le commerce de deux langues
au concubinage (Grutman, 2000). Soit cet entrefilet annonçant la remise
récente du prix Max-Jacob de poésie au Tunisien Abdelwahab Meddeb. Dans
sa présentation du lauréat, la romancière libanaise Vénus Khoury-Ghata
met l’accent sur « les écrivains francophones qui quittent une langue qu’ils
habitent pour une langue qui les habite, vivent au grand jour avec la langue
française et clandestinement avec leur langue maternelle et qui sont atteints
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de strabisme culturel, étant donné qu’ils regardent une langue et louchent


vers une autre »3.
Les écrivains auxquels elle fait allusion ne sont pas tous, beaucoup s’en
faut, des auteurs bilingues au sens strict. Il y en a bien sûr, tel Rachid
Boudjedra. Après une carrière remarquée en français, il décide au début des
années 1980 d’écrire en arabe, langue interdite dans son Algérie natale mais
apprise au Collège Sadiki de Tunis. En sens inverse, le Martiniquais Raphaël
Confiant a publié en créole pendant une dizaine d’années (1977-1987) avant
de se consacrer à l’écriture française, choix qui lui apporterait la consécration
internationale : son œuvre en français s’est mérité une demi-douzaine de
récompenses littéraires, dont le prestigieux prix Casa de las Américas en
1993. Curieusement, alors même qu’il s’oriente vers le français et vers un
public francophone, en 1989, Confiant fait l’Éloge de la créolité avec Jean
Bernabé et Patrick Chamoiseau... Depuis quelques années, Confiant traduit
en outre certains de ses textes écrits en créole dix ou vingt ans plus tôt. Il
ressemble donc à ceux qui, selon la formule de Vénus Khoury-Ghata, « vivent
au grand jour avec la langue française et clandestinement avec leur langue
maternelle » (cat. c). Faisant carrière dans une seule langue, les Confiant
et Chamoiseau fonctionnent comme des auteurs unilingues. Le système
reconnaît leur différence sans l’indexer d’un coefficient de bilinguisme. S’ils
consentent à jouer la carte de l’exotisme, ils seront même récompensés. « Ils
sont passés des Éditions caribéennes aux éditeurs les plus prestigieux de Paris,
et ont adopté un français créolisé lisible par tous les francophones »
(Casanova, 1999, p. 409).
On trouve ces écrivains, que j’appellerais « translingues » plutôt que
bilingues, dans toutes les communautés dont le français n’est pas la langue
première. Concrètement, cela veut dire toute la francophonie sauf la Belgique
francophone, la Suisse romande et le Canada français. Mais il n’y a pas si
longtemps, on les trouvait encore parmi les allophones occitans, alsaciens,
basques, bretons, etc. de la province française. On ne sera pas très étonné
d’apprendre que la Belgique de l’époque fonctionnait de ce point de vue
comme une province française : Maurice Maeterlinck et Émile Verhaeren
réservaient leur flamand ancestral au domaine de l’oralité, pour les rapports
avec les domestiques. Aujourd’hui, la littérature française accueille toujours
des écrivains venus d’horizons divers (l’Irlandais Beckett, le Tchèque
Kundera, la Canadienne Nancy Huston, l’Argentin Hector Bianciotti, le
Russe Andreï Makine, le Grec Vassilis Alexakis), mais leur intégration se fait
maintenant au compte-gouttes. Contrairement aux auteurs provinciaux de
jadis, francisés par le système scolaire, ils ont délibérément choisi le français.
Malgré leurs qualités littéraires réelles, ces « convertis » (Pierre Halen)
confirment la règle de l’unilinguisme, dont le discours sur l’universalisme
français ne constitue qu’un avatar. Ils relèvent davantage, fût-ce à titre
d’excroissances, du « champ littéraire franco-parisien » que du « système
littéraire francophone » (Halen, 2001a, pp. 62-65).

3 Le Figaro littéraire du 7 mars 2002, p. 2.


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À cause de la variété des cas de figure, au sujet desquels règne souvent la


plus grande confusion dans les études francophones, il devient malaisé de
découvrir des tendances, de déduire des lignes de force. Les modalités du
bilinguisme en littérature ne sont pas infinies – j’ai indiqué cinq grandes
catégories – mais elles restent suffisamment variées pour qu’aucune
trajectoire ne les réunisse, pour qu’aucun cadre n’en rende compte avec toute
la précision souhaitée. Apte à décrire des cas individuels voire à les réunir
dans une typologie a-temporelle, le concept de bilinguisme ne peut faire
apparaître la dynamique historique qui sous-tend le contact linguistique.

Diglossie et littératures francophones


Tout en donnant accès aux représentations symboliques que se font les
écrivains des langues qu’ils cultivent, le « bilinguisme » a le défaut de faire
partie du discours que ces derniers tiennent sur eux-mêmes. Autrement dit :
il permet de décrire de l’extérieur ni leur pratique langagière ni leur attitude
linguistique (si tant est que ces deux aspects puissent être aussi nettement
distingués). Le concept de diglossie, par contre, permet l’un et l’autre, à
condition d’en bien cerner les spécificités mais aussi de respecter la situation
des écrivains, qui n’est pas celle des locuteurs ordinaires.
Par « diglossie », on entend tantôt la répartition fonctionnelle de deux
variétés linguistiques dans une société donnée, tantôt leur superposition
conflictuelle. Selon les uns, dont le propagateur du terme, Charles Ferguson
(1959), la diglossie serait un modus vivendi plutôt stable, tandis que
d’autres estiment qu’elle favorise les tendances assimilatrices. C’est le cas des
spécialistes du catalan (Ninyoles, 1976 ; Kremnitz, 1987) et de l’occitan
(Lafont, 1985 ; Garavini & Gardy, 1985 ; Casanova, 1992), mais également
celui d’un créoliste comme Robert Chaudenson, dont je retiens la définition
de la diglossie comme « coexistence inégalitaire de deux langues au sein
d’une même communauté linguistique » (1984, pp. 21-22). La répartition,
en effet, ne se fait pas de manière aléatoire mais va souvent de pair avec
une distribution sociale des valeurs accordées aux langues respectives. Se
développe alors un parallélisme entre une fraction de la société et sa pratique
langagière, de telle sorte que la diglossie peut devenir une source de conflits.
Le premier à parler de « diglossie littéraire » fut, à ma connaissance, le
Canadien William Francis Mackey, dans un article de 1976 :
En somme, on peut avoir diglossie formelle, la langue parlée étant une
langue et la langue écrite en étant une autre ; ou diglossie fonctionnelle,
chaque langue possédant son ensemble de fonctions. Lorsque cette répartition
fonctionnelle s’applique à la langue écrite, il peut y avoir de la diglossie
littéraire (1976a, p. 42).

Dans ce contexte, le choix d’une langue d’écriture ne saurait être une


décision individuelle au même titre qu’il a pu l’être pour Beckett, Kundera ou
Makine. Les langues entre lesquelles le sujet diglossique (Boudjedra,
Confiant) croit avoir le choix ne sont pas de simples outils de communication,
mais des formes d’expression indexées de valeurs symboliques. En
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choisissant sa langue, l’écrivain choisit ses armes. En littérature, ce choix


renvoie souvent à une tradition littéraire et à un type d’intertextualité. C’est ce
que rappelle Abdelwahab Meddeb au sujet des fréquentes allusions à l’Islam
dans ses textes écrits en français :
Si j’écrivais en arabe, l’enjeu de mon discours ne changerait-il pas ? Dans une
langue, il y a une logique propre, inhérente à sa structure et à son corpus. La
restauration de la trace islamique comme valeur culturelle n’interviendrait pas
si j’écrivais en arabe. Si j’écrivais en arabe, j’aurais privilégié la référence
occidentale [...]. La langue d’écriture en ce cas détermine l’enjeu et la visée
de l’inspiration (Meddeb, dans la discussion qui suit Todorov, 1985, p. 30).

En effet, un roman écrit en arabe et un roman écrit en français sont


différents non seulement à cause de propriétés inhérentes aux systèmes
linguistiques, mais encore à cause de normes proprement littéraires : je songe
aux conventions régissant l’emploi des figures de style et surtout à la place
qu’occupe le roman dans les traditions européenne et arabe. Dans ce cas, le
bilinguisme se double d’un biculturalisme qui, dans la mesure même où il
repose sur des structures sociales, est un signe de diglossie.
C’est ici qu’il faut faire intervenir une autre dimension : le public. J’ai déjà
signalé que dans certaines régions de la francophonie, les auteurs dramatiques
préfèrent les langues locales au français, préférence liée autant à la commu-
nication immédiate que permet l’événement théâtral, en comparaison avec
l’imprimé, qu’à la distribution sociale des langues en Afrique. Que toutes les
langues n’y soient pas également accessibles aux différentes couches de la
société ne signifie pas pour autant qu’il y aurait un cloisonnement absolu.
Une société diglossique comprend une minorité d’individus à même de
fonctionner dans plus d’un code linguistique4. C’est ce qui rend ces sociétés
si riches du point de vue sociolinguistique. C’est aussi ce qui donne aux
auteurs et aux œuvres qui en sont issus cette ambivalence langagière si prisée
de la critique postcoloniale.
Le propre de l’auteur diglossique est de jouer sur les deux tableaux, en
favorisant à la fois une lecture bilingue, source de connivence, et une lecture
unilingue, source d’exotisme, de ses œuvres. C’est ce qui le distingue de
l’auteur bilingue, lequel s’adresse à deux publics unilingues parce qu’il (tente

4 Autrement dit, s’il peut y avoir bilinguisme sans diglossie, le contraire semble relever
davantage de la spéculation théorique que de la réalité empirique. Je fais allusion à un schéma
célèbre où Joshua Fishman combine les concepts de bilinguisme (B) et de diglossie (D) pour
obtenir quatre possibilités : ni B ni D, B et D, B sans D, D sans B (repris dans Fishman, 1979,
pp. 91-106). C’est ce qui amène Alain Ricard à affirmer que la diglossie « peut exister sans
bilinguisme [...], c’est-à-dire sans la pratique effective, au niveau individuel, d’autres langues,
dans la mesure, par exemple, où les échanges entre classes sociales sont très réduits » (1976,
p. 14). Ralph Fasold parle plus vaguement de groupes séparés : « In order to have diglossia
without bilingualism, two disjunct groups within a single political, religious, and/or economic
entity are required » (1984, p. 41). On aurait aimé qu’ils donnent des exemples toutefois. En
Flandre, au Québec et en Catalogne, pour ne parler que des sociétés dont j’ai une connaissance
personnelle, les contacts, même réduits, entre les groupes linguistiques ont fait apparaître
plusieurs formes de bilinguisme.
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de) fonctionne(r) dans deux systèmes littéraires différents (Grutman, 1990).


Beckett a eu une réception tellement différente en France et en Angleterre
parce qu’il changeait de destinataire quand il passait du français à l’anglais.
Telle n’est pas la situation de l’écrivain diglossique, qui ne change pas
forcément de public quand il change de langue, mais s’adresse toujours aussi
à un public qui maîtrise les deux mêmes codes que lui et qui sache lire la trace
de l’autre langue dans le style français.
Le texte diglossique aussi se distingue du texte bilingue. Dans ce dernier,
strictement parlant, l’irruption de la langue étrangère n’est pas encadrée,
amortie, neutralisée par une batterie de traductions ou de paraphrases. Il
n’y a pas de redondance sémantique entre des codes linguistiques qui se
complètent et font donc implicitement appel à un lecteur bilingue5. Dans
les textes diglossiques, par contre, la coprésence des langues fonctionne
différemment parce qu’elle repose sur une certaine redondance.
Revenons à l’article où William Mackey définit la diglossie littéraire. Il y
pose également la question du public, mais pour lui donner une réponse trop
univoque : « Puisque l’on suppose toujours que le lecteur comprend les deux
langues, ces œuvres sont toujours adressées à un public plus ou moins
bilingue » (1976a, p. 32). Parmi les exemples qu’il donne, trois romans
québécois des années 1940 : Marie-Didace, où Germaine Guèvremont
juxtapose « peddleur » (angl. peddler) et « colporteur » ; Au pied de la pente
douce, où Roger Lemelin fait suivre le mot anglais « shed » de sa paraphrase
« remise délabrée » ; Le Poids du jour, où Ringuet explique « bénéfice
d’affaires » (angl. business benefits) par « commissions ». De l’avis de
Mackey, ces auteurs font appel au doublet bilingue parce qu’ils « ne [savent]
pas toujours quels mot utiliser [...] quand [ils ont] affaire à un public
bilingue » (1976a, p. 33). J’avoue ne pas partager son opinion. Elle part
du principe, simple mais discutable, qu’une œuvre littéraire a un seul
public-cible. En réalité, elle a plusieurs destinataires potentiels, qui se
recoupent en partie mais pas entièrement. Ainsi, le succès d’un roman comme
Le Nom de la rose d’Umberto Eco s’explique notamment par le fait qu’il
s’adresse aussi bien au lecteur de polars friand d’intrigues bien ficelées
qu’à l’adepte de gymnastique intellectuelle voire à l’érudit médiéviste. Le
même constat vaut, mutatis mutandis, pour les textes apparus en situation de
diglossie, dont le propre est de ne pas toujours présupposer une compétence
bilingue de la part de leurs lecteurs potentiels, mais de permettre une double
lecture : tantôt unilingue, tantôt bilingue. Les doublets mentionnés par
Mackey ne sont pas là à l’intention du lecteur québécois des années 1940,
qui disait plus volontiers « shed » que « remise », mais pour le plus grand
bénéfice du lecteur unilingue de la métropole, de cette France qui demeure le
destinataire rêvé de tant d’écrivains francophones.

5 Plusieurs chefs-d’œuvre du XXe siècle – La Terre vaine de T. S. Eliot, La Montagne magique


de Thomas Mann, Marelle de Julio Cortázar... – appartiennent à cette lignée de bilinguisme
formel dont j’ai proposé ailleurs quelques éléments d’analyse (Grutman, 1990).
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Ce qui était vrai pour la littérature québécoise de l’époque vaut toujours


pour beaucoup d’autres littératures francophones. Travaillant sur le corpus
réunionnais, Jean-Claude Carpanin Marimoutou (1985-1989) en arrive aux
mêmes conclusions : les lettres créoles peuvent faire l’objet de deux lectures
dont l’une, externe, reconnaît l’altérité sans la connaître tandis que l’autre,
interne, institue une connivence identitaire. Ce dédoublement toujours
possible du destinataire implicite (qui n’est pas, comme chez Beckett, un
changement de destinataire réel) constitue une caractéristique propre au texte
littéraire issu d’une situation de diglossie. Il est le pendant, du côté de la
réception, de l’« énonciation bifide » dont parle Abdelkebir Khatibi (1985,
p. 179).
Placé dans une situation ex-centrique où le français ne va pas forcément
de soi, l’auteur francophone adopte l’une des deux attitudes suivantes. Soit, il
gomme les traces de son éventuelle différence linguistique pour se conformer
à l’habitus unilingue du lecteur franco-français : cette stratégie d’écriture
domine en Belgique francophone depuis que celle-ci a été décrétée « province
littéraire de la France » par le Groupe du Lundi, en 1937. Soit, au contraire, il
se rapproche du destinataire local, diglossique comme lui, et se réclame de
cette même différence pour y inscrire son identité. C’est ce que firent, du bout
des lèvres, plusieurs écrivains belges du XIXe siècle : les archaïsmes de
Charles De Coster, les flandricismes d’Émile Verhaeren et le style baroque
de Camille Lemonnier relèvent ainsi, à des degrés variables, de ce que l’on
pourrait appeler une écriture de la diglossie. Il va de soi qu’ils n’envisageaient
pas leur démarche dans ces termes, chose d’ailleurs inconcevable à leur
époque, et que celle-ci paraît timide par rapport à ce que l’on voit aujourd’hui
dans la francophonie postcoloniale, où l’inscription de l’identité – qui devient
forcément altérité aux yeux du lecteur métropolitain, « hexagonal » – se fait
beaucoup plus consciemment par et dans la langue.
Le Marocain Abdelkebir Khatibi (1983-1985) a consacré quelques beaux
textes à cette question (qu’il appelle « bi-langue » alors qu’il s’agit clairement
d’un effet de diglossie, terme que Khatibi réserve à l’opposition arabe
dialectal-arabe coranique). Le roman maghrébin lui apparaît comme un texte
pluriel, écrit en français, mais travaillé par le substrat arabo-berbère : « cette
littérature maghrébine dite d’expression française est un récit de traduction. Je
ne dis pas qu’elle n’est que traduction, je précise qu’il s’agit d’un récit qui
parle en langues » (1985, p. 177). Dans cette glossolalie, chaque idiome fait
signe aux autres : du parler maternel à la langue étrangère « se déroulent une
traduction permanente et un entretien en abyme, extrêmement difficile
à mettre au jour... » (1985, p. 171). C’est pourtant ce qu’il a voulu faire
dans une analyse de Talismano d’Abdelwahab Meddeb, roman qualifié de
palimpseste parce que le texte visible (français) y cacherait un texte invisible
(en arabe dialectal ou classique). La couche inférieure affleure çà et là sous
la forme d’emprunts lexicaux dûment glosés (« Guiddid, viande sèche et
salée, conserve du mouton », Meddeb, 1979, p. 87) ou de « mots pidginisés :
médiner, en-khol-er » (Khatibi, 1985, p. 184), par une syntaxe qui évoque
le rythme du dialecte parlé ou la récitation mnémotechnique du Coran. Plus
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profondément, aux dires de Khatibi, l’arabe dérangerait la « structure


monolingue » du texte, non seulement en faisant plier celui-ci « sous un
ébranlement baroque » (1985, p. 186) mais encore en le truffant de références
aux mystiques de l’islam (1985, pp. 191-192).
L’inscription textuelle de la fracture diglossique caractérise également,
mais de manière plus ludique, la littérature antillaise contemporaine. Chez
quelqu’un comme Patrick Chamoiseau, cela est perceptible à plusieurs
niveaux. Dans les dialogues, sa mise en scène du créole évite le piège de
l’exotisme en fournissant tantôt des traductions trafiquées qui parodient
l’explication ethnographique traditionnelle :
- Ha di yo di’w ! Admit Congo.
Ce qui, dans une autre langue, peut signifier : Moi non plus ! (Chamoiseau,
1991, p. 103).

tantôt des commentaires ironiques visant à dédramatiser la douleur


diglossique associée à la violence linguistique institutionnalisée par la
puissance coloniale :
- Tu ne sais pas parler français ? Tu n’es jamais allé à l’école ? Donc tu ne sais
même pas si Henri IV a dit « Poule au pot » ou « viande-cochon-riz-pois
rouge » ? (Chamoiseau, 1991, p. 105).

À cela s’ajoutent les notes infrapaginales faussement naïves qui se jouent


du destinataire français. La langue de la narration, enfin, « n’affiche plus la
fracture diglossique, mais semble résoudre le conflit linguistique par le choix
délibéré d’un dialogisme interlectal [...] en prenant appui sur les deux langues
fondatrices de l’identité créole : le créole et le français » (Détrie, 1996,
p. 109). Comme l’a montré Catherine Détrie (1996, pp. 111-112), la syntaxe
française accueille de nombreux marqueurs créoles : le redoublement (elle
courait-courait), la juxtaposition du déterminé et du déterminant (marché-
viande), l’accumulation des formes verbales (montaient-viraient descendre),
le genre ambigu (une-deux sourires)... Il en résulte une voix narrative qui
s’exprime en un français diglossique teinté de créole.

Conclusion
Ces quelques exemples montrent à quel point la différence linguistique
investit les littératures francophones. En plus de les sous-tendre institution-
nellement, elle gagne leurs textes et devient un effet d’écriture. Pour
conceptualiser ce phénomène, la « diglossie » s’est avérée plus précise que
le « bilinguisme ». En effet, si ce dernier nous a permis de réunir en une
typologie les principales combinaisons de langues de la part d’écrivains
individuels, la dimension collective, sociale, historique du contact linguis-
tique, indispensable pour qui veut en comprendre les ramifications littéraires,
y brillait par son absence. L’on n’y accède qu’en prenant conscience de la
distribution des langues dans la société dont sont issus les auteurs bilingues.
Il appert alors que leur choix de telle ou telle langue d’écriture est peut-être
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BILINGUISME ET DIGLOSSIE 11

moins personnel que régi par des normes sociales et des conventions
littéraires. Quand bien même il voudrait choisir entre des modes d’expression
équivalents, l’écrivain sait que certaines langues sont plus égales que d’autres.
« Nous considérâmes les langues comme des filets à projeter », écrit Patrick
Chamoiseau. « Une langue se jugeait à ses vertus en termes de filet » (1997,
p. 275). Jadis, il arrivait au sujet diglossique d’avoir honte de sa langue
mineure au point de vouloir la sacrifier à l’autel de « la divinité monolingue »
(Chamoiseau, 1997, p. 277), en échange d’une meilleure maîtrise de la
Grande Langue du Centre. Aujourd’hui, de plus en plus souvent, « la douleur
diglossique est utilisée comme une dynamique d’écriture », utilisation
artistique que Chamoiseau, dans un entretien avec Catherine Détrie (1996,
p. 139), considère « comme une sorte de solution au conflit linguistique ». La
violence liée à ce dernier serait ainsi sublimée dans une écriture qui, par sa
mise en texte ambivalente de la diglossie, par son caractère de palimpseste,
par le dédoublement de son destinataire, affiche un hétérolinguisme
(Grutman, 1996-1997) qu’on chercherait en vain à réduire à la bonne vieille
idéologie du reflet.
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