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Paléorivages pléistocènes de l’Atlas atlantique entre Agadir et Cap Rhir,


Maroc.

Book · January 2016

CITATIONS READS

2 111

6 authors, including:

André Weisrock Sanda Balescu


Muséum National d'Histoire Naturelle Université de Lille
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Christophe Falguères Salah Abdessadok


CNRS Muséum National d'Histoire Naturelle
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‫‪A. Weisrock et al., Actes RQM7, Agadir, 2013, pp 124-135‬‬

‫‪PALEORIVAGES PLEISTOCENES DE L’ATLAS ATLANTIQUE ENTRE‬‬


‫‪AGADIR ET CAP RHIR, MAROC‬‬

‫‪Pleistocene palaeo-sea-levels of the Atlantic Atlas between Agadir and Cape Rhir,‬‬
‫‪Morocco‬‬

‫اﻟﺸﻮاﻃﺊ اﻟﻘﺪ ﺔ اﻟﺒﻠﻴﺴﺘﻮﺳﻴﻨﻴﺔ ﻟﻸﻃﻠﺲ اﻷﻃﻠﻨﺘﻲ ﺑ أﻛﺎدﻳﺮ ورأس ﻏ ‪ ،‬اﳌﻐﺮب‬


‫‪André WEISROCK1, Abderrahmane OUAMMOU2, Sanda BALESCU3, Louis ROUSSEAU1,‬‬
‫‪Christophe FALGUERES1, Salah ABDESSADOK1‬‬

‫‪1‬‬
‫‪Museum National d’Histoire Naturelle, Département de Préhistoire, UMR 7194 CNRS, 1 rue René-Panhard,‬‬
‫‪75013 Paris France. andre.weisrock@wanadoo.fr lrousseau@mnhn.fr falguere@mnhn.fr abdess@mnhn.fr‬‬
‫‪2‬‬
‫‪Laboratoire GEAMD, Université Ibn Zohr, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Département de‬‬
‫‪Géographie, Cité Dakhlat, BP 29/8, Agadir, Maroc. ouammouabder6@yahoo.fr‬‬
‫‪3‬‬
‫‪Université de Lille1, LaboHalmaIpel, UMR 8164 CNRS, 59655 Villeneuve d’Ascq France.‬‬
‫‪sanda.balescu@univ-lille1.fr.‬‬

‫ﻣﻠﺨﺺ‬
‫ﻳﻈﻬﺮ ﻋﲆ اﻟﺴﺎﺣﻞ اﻷﻃﻠﻨﺘﻲ اﳌﻐﺮ ﺑ أﻛﺎدﻳﺮ ورأس ﻏ ﻋﺪد ﻣﻬﻢ ﻣﻦ اﻟﺸﻮاﻃﺊ اﳌﻮروﺛﺔ ﻣﻦ اﻟﺒﻠﻴﺴﺘﻮﺳ ﻋﲆ‬
‫ﺷﻜﻞ ﻣﺘﺪرج أﺳﻔﻞ اﻟﺴﻄﺢ اﻟﱪي اﻟﻘﺪﻳﻢ اﳌﻐﺮ ‪ .‬وﻗﺪ ﺗﺸﻜﻞ ﻫﺬا اﻟﺘﺪرج ﻣﻦ ﺳﺒﻌﺔ ﻣﺴﺘﻮﻳﺎت ﺑﺤﺮﻳﺔ ﻣﺘﻔﺎوﺗﺔ ﰲ‬
‫اﻣﺘﺪادﻫﺎ‪ .‬ﰲ ﻫﺬا اﳌﻘﺎل ﺳﻴﺘﻢ اﻟﺘﻄﺮق ﻟﻠﻤﺼﻄﺒﺎت اﻟﺜﻼﺛﺔ اﻟﺴﻔﲆ ﻓﻘﻂ‪ .‬وﺗﺸﻤﻞ ﻛﻞ ﻣﺼﻄﺒﺔ ﻋﲆ وﺣﺪة أو ﻋﺪة‬
‫وﺣﺪات ﻣﻮرﻓﻮﺳﱰاﺗﻴﻐﺮاﻓﻴﺔ )‪ .(UMS‬ﻛﻞ وﺣﺪة ﻣﻮرﻓﻮﺳﱰاﺗﻴﻐﺮاﻓﻴﺔ ﺗﺤﺘﻮي ﰲ ﻗﺎﻋﺪﺗﻬﺎ ﻋﲆ ﺷﺎﻃﺊ ﻣﻮروث )‪(PR‬‬
‫ﻳﻌﻠﻮه ﻋﻤﻮﻣﺎ ﻛﺜﻴﺐ ﺳﺎﺣﲇ )‪ (DL‬ﺛﻢ ﺗﻮﺿﻌﺎت ﻗﺎرﻳﺔ‪.‬‬
‫اﳌﺼﻄﺒﺔ اﻷوﱃ ﺑ )‪ 0‬و‪2‬م( وﻳﺘﻌﻠﻖ اﻷﻣﺮ ﺑﺎﻟﻮﺣﺪة اﳌﻮرﻓﻮﺳﱰاﺗﻴﻐﺮاﻓﻴﺔ اﻷوﱃ )‪ : (UMS1‬وﻟﻸﺳﻒ ﻓﺈن اﻟﺸﻮاﻃﺊ‬
‫اﻟﺴﻔﻠﻴﺔ ﻗﺪ اﺧﺘﻔﺖ ﻣﻨﺬ ‪ 1980‬ﺟﺮاء ﺗﺮاﺟﻊ ﺧﻂ اﻟﺴﺎﺣﻞ ﻷﺳﺒﺎب ﻛﻮﻧﻴﺔ وﺑﴩﻳﺔ ‪ :‬ﻓﻔﻲ ﺮاﻏﺖ وﺷ ل رأس ﻏ‬
‫ﻧﺠﺪ ﻗﺒﻞ ‪ 1980‬ﻣﻨﺎﺿﺪ )ﻛﻠﺪات( ﺳﺎﺣﻠﻴﺔ ﻛﺜﻴﺒﻴﺔ ﺗﺎرﻳﺨﻴﺔ )‪ (DL1‬ﻣﻐﻄﺎة ﺑﺒﻘﺎﻳﺎ اﻷﺻﺪاف )‪.(Kjökkenmödding‬‬
‫وﻻ ﻧﺠﺪ إﱃ ﻳﻮﻣﻨﺎ ﻫﺬا أي ﺑﻘﺎﻳﺎ ﻟﻠﺸﻮاﻃﺊ اﻟﻘﺪ ﺔ اﻟﺘﻲ ﺗﻌﻮد ﻟﻠﻬﻮﻟﻮﺳ ‪.‬‬
‫اﳌﺼﻄﺒﺔ اﻟﺜﺎﻧﻴﺔ ﺑ )‪ 2‬و‪30‬م( ‪ :‬ﺗﺸﻤﻞ ﻋﲆ اﻷﻗﻞ ﻋﲆ وﺣﺪﺗ ﻣﻮرﻓﻮﺳﱰاﺗﻴﻐﺮاﻓﻴﺘ ‪ UMS2 :‬ﻋﻨﺪ ‪+8 /+2‬م‬
‫و‪ UMS3‬ﻋﻨﺪ ‪+20‬م‪ .‬ﻫﺎﺗ اﻟﻮﺣﺪﺗ ﻣﺘﺪرﺟﺘ ﰲ أﺳﻴﻒ اﳌﺤﻴﺎن وﰲ رأس ﻏ ‪ ،‬وﻟﻜﻨﻬ ﻣﺘﺪاﺧﻠﺘ ﺟﺰﺋﻴﺎ ﰲ‬
‫أﻛﺎدﻳﺮ وﰲ ﺮاﻏﺖ وﻣﻐﻄﺎة ﺑﺘﻮﺿﻌﺎت رﻳﺤﻴﺔ وﻗﺎرﻳﺔ ﻋﲆ ﺷﻜﻞ رداء ﻋﻠﻮي ﻳﻌﻄﻲ ﻟﻬﺎ ﻣﻈﻬﺮ ﻣﺼﻄﺒﺔ واﺣﺪة‪.‬‬
‫‪ : UMS2‬أدت ﺗﻮﺳﻌﺔ اﳌﻴﻨﺎء ﰲ أﻛﺎدﻳﺮ إﱃ اﻹﺧﺘﻔﺎء اﻟﺘﺎم ﻟﻠﺸﺎﻃﺊ اﻟﻘﺪﻳﻢ )‪ (PR2‬ﻋﻨﺪ ‪+8/+2‬م اﻟﺬي ﻳﻌﻮد ﻟﻠﺪور‬
‫اﻟﻨﻈ ي ‪ (SIM5) 5‬وذﻟﻚ ﻣﻦ ﺧﻼل ﺳﺒﻌﺔ ﺗﻮارﻳﺦ ﺑﺎﻷوراﻧﻴﻮم ‪ /‬اﻟﺘﻮرﻳﻮم )‪ (U/Th‬ﺑ )‪ (Ka 2 ± 72‬و )‪± 109‬‬
‫‪ .(Ka 6‬وﻣﺎ زال ﻣﻤﻜﻨﺎ ﻣﻌﺎﻳﻨﺔ ‪ PR2‬وﻏﻄﺎﺋﻪ اﻟﻌﻠﻮي ﰲ ﺗﺎﻣﺮاﻏﺖ ﺣﻴﺚ أرخ ﺑـ )‪ (Ka 5 ± 97‬وﰲ أﺳﻴﻒ اﳌﺤﻴﺎن ﺑـ‬
‫)‪ (Ka 2-+46‬وﰲ أﻏﺮوض )‪ (Ka 13 ± 91‬وﰲ رأس ﻏ )‪ .(Ka 2 ± 44‬إن اﻻﻧﺘﺸﺎر اﻟﻮاﺳﻊ ﻟﻬﺬه اﻟﺘﻮارﻳﺦ اﳌﺤﺼﻞ‬
‫ﻋﻠﻴﻬﺎ ﻳﻌﺘﱪ ﻣﺆﴍا ﻋﲆ أن اﻟﺸﺎﻃﺊ اﳌﻮروث ‪ PR2‬ﻳﻄﺎﺑﻖ أرﺑﻌﺔ ﻣﺴﺘﻮﻳﺎت ﻋﻠﻮﻳﺔ ﻻﺳﺘﻘﺮار اﻟﺒﺤﺮ ﰲ اﻟﺪور اﻟﺜﺎﻟﺚ‬
‫واﻷدوار اﻟﻔﺮﻋﻴﺔ )‪ 5a (sous stades‬و‪ 5c‬و‪ .5e‬وﺗﺘﻨﻮع اﻟﺴﺤﻨﺎت اﻟﺮﺳﻮﺑﻴﺔ ﻟﻠﺸﺎﻃﺊ اﻟﻘﺪﻳﻢ ‪ PR2‬ﺣﺴﺐ اﻟﻈﺮوف‬
‫اﳌﻮرﻓﻠﻮﺟﻴﺔ اﳌﺤﻠﻴﺔ‪ ،‬ﻟﻜﻦ اﻟﻮﺣﻴﺶ اﻟﺼﺪﰲ ﻫﻮ ﻣﻦ اﻟﻨﻮع اﳌﺪاري ﻣﻊ ﺣﻀﻮر ﻗﻮي ﻷﺻﺪاف )‪ haemastoma (L.‬و‬
‫)‪Thaïs (Stramonita‬‬
‫‪ :UMS3‬ﻳﻈﻬﺮ اﻟﺸﺎﻃﺊ اﻟﻘﺪﻳﻢ )‪ (PR3‬ﻋﲆ ﻣﺴﺘﻮى ‪20‬م ﺑﻜﻴﻔﻴﺔ واﺿﺤﺔ ﰲ أﻛﺎدﻳﺮ وﰲ أﺳﻴﻒ اﳌﺤﻴﺎن‪ .‬وﺗﺒ‬
‫اﻟﻠﻴﺘﻮﺳﱰاﺗﻴﻐﺮاﻓﻴﺎ اﳌﺤﺪدة ﺑﺄرﺑﻌﺔ ﺗﻮارﻳﺦ ﺑﺎﻷوراﻧﻴﻮم‪/‬ﺗﻮرﻳﻮم ﰲ أﻛﺎدﻳﺮ )ﺑ ‪ 15±185‬و‪ (Ka 30 -/ 35+ 275‬ﻋﲆ‬

‫‪124‬‬
A. Weisrock et al., Actes RQM7, Agadir, 2013, pp 124-135

‫ أﻣﺎ اﻟﻮﺣﻴﺶ اﻟﺼﺪﰲ ﻟﻼﺳﺘﻘﺮار اﻟﺒﺤﺮي اﻟﻘﺪﻳﻢ ﻓﻬﻮ‬.9 ‫ ور ﺎ‬7 ‫ ﻳﻄﺎﺑﻖ ﻋﲆ اﻷﻗﻞ اﺳﺘﻘﺮارﻳﻦ ﺑﺤﺮﻳ ﰲ اﻟﺪور‬PR3 ‫أن‬
.‫ اﻟﺘﻲ ﺗﺼﺒﺢ ﻧﺎدرة ﻓﻴ ﺑﻌﺪ‬Nucella (Acanthina) plessisi (Lec.), ‫ﺻﻐ اﻟﺤﺠﻢ وﻳﺘﻤﻴﺰ ﺑﻬﻴﻤﻨﺔ‬
‫ ﻣﺮﺗﺒﻄﺔ ﺑﺴﻄﺢ ﺑﺮي ﻣﻮروث ﻳﺘﺪﺑﺪب ارﺗﻔﺎﻋﻪ ﻋﻨﺪ‬PR4 ‫ اﻟﺸﻮاﻃﺊ اﻟﻘﺪ ﺔ‬: UMS 4 ‫م( أو‬50 ‫اﳌﺼﻄﺒﺔ اﻟﺜﺎﻟﺜﺔ )ﻋﻨﺪ‬
‫ ﻋﲆ اﻷﻗﻞ‬PR4 ‫ وﺗﺒ اﺳﱰاﺗﻴﻐﺮاﻓﻴﺔ‬. ‫ وﻳﻈﻬﺮ ﺑﻜﻴﻔﻴﺔ واﺿﺤﺔ ﰲ أﻛﺎدﻳﺮ و ﺮاﻏﺖ وأﺳﻴﻒ اﳌﺤﻴﺎن وﰲ رأس ﻏ‬،‫م‬50
‫( ﺗﻠﻴﻬﺎ رﻣﺎل‬Lumachelle concassée) ‫ ﻓﻔﻲ اﻟﻘﺎﻋﺪة ﻧﺠﺪ ﺣﺜﺎ ﻣﻜﴪ‬: ‫ﺗﻮﺿﻌ ﺑﺤﺮﻳ ﻣﺘﺘﺎﻟﻴ ﺑﺴﺤﻨﺎت ﻣﺘﺒﺎﻳﻨﺔ‬
‫ وﻗﺪ ﺗﺄﺛﺮت‬.‫ﺑﺤﺮﻳﺔ وﻃﻤﻲ ﻣﻘﻨﺄ ؛ ﻫﺬه اﻟﺘﻮﺿﻌﺎت ﻣﻐﻄﺎة ﺑﻜﺜﻴﺐ رﻣﲇ ﺳﺎﺣﲇ ﺳﻤﻴﻚ وأﺧ ا ﺗﻮﺿﻌﺎت ﻗﺎرﻳﺔ ﻣﻬﻤﺔ‬
Nucella ‫ ﻋﲆ وﺣﻴﺶ داﻓﺊ ﻣﻊ‬PR4 ‫ ﻳﺤﺘﻮي اﻟﺘﻮﺿﻊ اﻷول ﰲ‬،‫ ﰲ اﻟﻘﺎﻋﺪة‬.‫ﻫﺬه اﳌﺠﻤﻮﻋﺔ ﺑﻀﻐﻮط ﺗﻜﺘﻮﻧﻴﺔ‬
‫ اﳌﺴﺘﻮى اﻟﺜﺎ‬.Calyptraea (Trochita) trochiformis (Gm.) ‫ وﻟﻜﻦ ﻣﺎ ﻴﺰ ﻫﺬا اﳌﺴﺘﻮى ﻫﻮ ﺣﻀﻮر‬plessisi
Acanthocardia (Rudicardium) tuberculatum :‫ ﻳﺘﻤﻴﺰ ﺑﺄﺻﺪاف ذوات اﳌﴫاﻋ ﻣﻦ ﺣﺠﻢ ﻛﺒ ﻣﺜﻞ‬PR4 ‫ﰲ‬
.‫ ﺣﻴﺚ أن ﻋﻤﺮﻫﺎ ﻗﺪ ﻳﺘﻌﺪى ﺣﺪود ﻫﺬه اﻟﻄﺮﻳﻘﺔ‬UMS 4 ‫ ﻟﺘﻮﺿﻌﺎت‬U/Th ‫ و ﺗﺘﻢ أﻳﺔ ﻣﺤﺎوﻟﺔ ﺗﺄرﻳﺦ ب‬.(L.).
‫ﻫﺬا اﻟﺠﺮد اﻟﻘﺼ ﻟﻠﻤﺼﻄﺒﺎت اﻟﺒﺤﺮﻳﺔ اﻟﺴﻔﲆ ﻟﻸﻃﻠﺲ اﻷﻃﻠﻨﺘﻲ اﳌﻐﺮ ﻳﺒ اﻣﺘﺪاد آﻓﺎق ﺗﺴﺠﻴﻠﻪ ﻟﻠﻤﺠﺎﻻت‬
‫ وﻟﻬﺬا ﻓﺈن ﺑﺮﻧﺎﻣﺠﺎ ﺟﺪﻳﺪا ﻗﺪ اﻧﻄﻠﻖ ﻟﻠﺪراﺳﺔ‬.‫اﻟﻘﺪ ﺔ )اﻟﺒﺎﻟﻴﻮﺟﻐﺮاﻓﻴﺎ( ﻋﲆ ﻣﺪى اﻟﺒﻠﻴﺴﺘﻮﺳ ﺑﺮﻣﺘﻪ‬
‫ ﻋﲆ‬IRSL ‫ واﻟﻜﺮوﻧﻮﻟﻮﺟﻴﺔ )ﺑﺎﺳﺘﻌ ل ﻧﻈﺎﺋﺮ اﻷوراﻧﻴﻮم ﻋﲆ اﻷﺻﺪاف اﻟﺒﺤﺮﻳﺔ ؛ وﺑﺎﺳﺘﻌ ل‬،‫اﳌﻮرﻓﻮﺳﱰاﺗﻴﻐﺮاﻓﻴﺔ‬
(‫اﻟﻔﻠﺪﺳﺒﺎت اﻟﻘﻼ ( وأﺧ ا دراﺳﺔ اﳌﻨﺎﺧﺎت اﻟﻘﺪ ﺔ )ﻣﻦ ﺧﻼل ﻧﻈﺎﺋﺮ اﻟﻜﺮﺑﻮن واﻷﻛﺴﻴﺠ ﻋﲆ اﻷﺻﺪاف اﻟﺒﺤﺮﻳﺔ‬
.‫ﻟﻬﺬه اﻟﺸﻮاﻃﺊ اﻟﻘﺪ ﺔ‬
،‫ اﳌﻮرﻓﻮﺳﱰاﺗﻴﻐﺮاﻓﻴﺎ‬،9 -7 -5 ‫ اﻷدوار اﻟﻨﻈ ﻳﺔ اﻟﺒﺤﺮﻳﺔ‬،U/Th ‫ اﻟﺘﺄرﻳﺦ ﺑـ‬،‫ اﻟﺸﻮاﻃﺊ اﻟﻘﺪ ﺔ‬: ‫اﻟﻜﻠ ت اﳌﺤﻮرﻳﺔ‬
.‫اﳌﻐﺮب اﻷﻃﻠﻨﺘﻲ‬

Résumé

La côte de l’Atlas atlantique marocain entre Agadir et Cap Rhir montre un grand nombre de témoins
particulièrement intéressants de paléorivages pléistocènes étagés en contrebas de la grande plateforme d’abrasion
marine «moghrébienne». Cet étagement est constitué de sept terrasses marines plus ou moins étendues. Seules
les trois terrasses les plus basses sont évoquées dans cet article. Chaque terrasse comporte une ou plusieurs
unités morpho-stratigraphiques (UMS). Chaque UMS comporte à sa base un paléorivage (PR), en général
surmonté par une dune littorale (DL), puis par des dépôts continentaux.
Première terrasse (entre 0 et + 2m), correspondant à l’UMS1 : les plus bas paléorivages ont malheureusement
disparu depuis 1980 en raison du recul du trait de côte pour des raisons planétaires et anthropiques : à Tamraght
et Cap Rhir Nord, se trouvaient avant 1980 des banquettes côtières de dunes historiques (DL1) fossilisées par des
kjökkenmöddings. Aucune trace directe de paléorivage holocène n’a été mise en évidence à ce jour.
Deuxième terrasse (entre +2 et +30m environ) : elle comporte pour le moins deux UMS : UMS2 autour de
+2/+8m et UMS3 autour de +20m. Ces deux UMS sont étagées à Assif Lamahyane et Cap Rhir, mais
partiellement emboîtées à Agadir et Tamraght et couvertes de dépôts dunaires et continentaux qui façonnent leur
recouvrement sommital commun en forme de terrasse unique.
UMS2 : à Agadir, l’extension du port a fait disparaître totalement le paléorivage de +2/+8m (PR2), daté
globalement du stade isotopique 5 (SIM 5) par sept datations U/Th entre 72±2 et 109± 6ka. On peut encore
retrouver PR2 et ses recouvrements à Tamraght (97 ±5ka), Assif Lamahyane (46 ± 2ka), Arhoud (91 ±13ka) et
Cap Rhir (44 ± 2 ka). La grande dispersion des résultats pourrait indiquer qu’en réalité, PR2 correspond à quatre
hauts stationnements marins du stade 3 et des sous-stades 5a, 5c et 5e. Les aspects sédimentaires de PR2 varient
en fonction des conditions morphologiques locales, mais la malacofaune y est de type tropical avec la présence
abondante de Thaïs (Stramonita) haemastoma (L.).
UMS3 : le paléorivage de +20m (PR3) est bien visible à Agadir et à Assif Lamahyane. La lithostratigraphie,
comme quatre datations U/Th à Agadir (entre 185 ± 15 et 275 +35/-30ka) montrent que là aussi, PR3 correspond
au moins à deux stationnements marins aux stades 7 et peut-être 9. La malacofaune du stationnement le plus
ancien, de petite taille, est caractérisée par l’abondance de Nucella (Acanthina) plessisi (Lec.) qui se raréfie par
la suite.
Troisième terrasse (autour de +50m), ou UMS4 : les paléorivages PR4 sont présents au sein d’une plateforme
fossile dont l’altitude oscille autour de +50m, bien visible à Agadir, Tamraght, Assif Lamahyane et au Cap Rhir.
La stratigraphie de PR4 révèle au moins deux dépôts marins consécutifs, aux faciès contrastés : «lumachelle

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A. Weisrock et al., Actes RQM7, Agadir, 2013, pp 124-135

concassée» à la base, puis sables marins et limons rubéfiés ; ces dépôts sont recouverts par une dune littorale
épaisse et enfin par de très puissants dépôts continentaux. L’ensemble est affecté par de nombreuses traces de
tectonique compressive. A la base, le premier dépôt PR4 recèle une faune chaude avec Nucella plessisi, mais
aussi Calyptraea (Trochita) trochiformis (Gm.), spécifique de ce niveau. Le second niveau PR4 est caractérisé
par de grands bivalves comme Acanthocardia (Rudicardium) tuberculatum (L.). Aucune datation U/Th n’a été
tentée sur les dépôts de l’UMS4, dont l’âge dépasse probablement les limites de la méthode.
Ce court inventaire des plus basses terrasses marines de l’Atlas atlantique marocain montre l’étendue de son
potentiel d’enregistrements paléoenvironnementaux sur l’ensemble du Pléistocène. C’est pourquoi un
programme nouveau d’étude morphostratigraphique, chronologique (par les isotopes de l’Uranium sur les
coquilles marines ; par IRSL sur les feldspaths alcalins) et enfin paléoclimatique (par les isotopes du carbone et
de l’oxygène sur les coquilles marines) de cet ensemble de paléorivages est lancé.
Mots-clés : Paléorivages, datations U/Th, stades isotopiques marins 9, 7, 5, morpho-stratigraphie, Maroc
atlantique

Abstract

Between Agadir and Cape Rhir, the Moroccan Atlantic Atlas coast shows a great number of interresting stepped-
like palaeo-sea-levels lying below the wide marine «moghrebian» abrasion platform. This stepped-like
morphology consists of seven more or less wide marine terraces. Only the three lower of them are here
described. Each marine terrace consists of one or several morphostratigraphic units (UMS). Each UMS shows a
palaeo-sea-level (PSL) at its base, generally overcomed by a near-shore dune (NSD) and then by continental
deposits.
First terrace (between 0 and +2m asl), corresponding to UMS 1 : unfortunately, the lowest palaeo-sea-levels
disappeared since 1980 with the retreat of the shoreline, due to global and anthropic effects; at Tamraght and
North Cape Rhir, low coastal «banquettes» of sand dunes (NSD1) were fossilized by historical kjökkenmödding
deposits, but disappeared after 1980. Any direct proof of Holocene palaeo-sea-level had been recorded at this
day.
Second terrace (between +2 and ca. 30m asl): it consists of at least two UMS: UMS2 about +2/+8 m and UMS3
about +20m asl. These two UMS successively entrenched and filled the coastal reach and were both overcomed
later by the same continental series, that built the top of the second terrace at Agadir and Tamraght. At Assif
Lamahyane and Cape Rhir howewer, the two UMS are morphologically distinct.
UMS2: at Agadir, before the new extent of the port, the palaeo-sea-level of +2/+8 m asl (PSL2) was assigned
globally to MIS 5 by seven U/Thdatations between 72 ± 2 and 109 ± 6ka, but it disappearstotaly today. PSL2
and its covering deposits can still be found at Tamraght (97 ± 5ka), Assif Lamahyane (46 ± 2 ka), Arhoud (91 ±
13 ka) and Cape Rhir (44 ± 2ka). The wide dispersion of the results seams indicate that PSL2 represent four high
sea-levels of MIS 3 and substages MIS 5a, 5c and 5e. PSL2 sedimentary aspects depends from local morphology
of the coast, but malacofauna remains of tropical type, with an abundant presence of Thaïs (Stramonita)
haemastoma (L.).
UMS3: the palaeo-sea-level of +20m (PSL3) is well developped at Agadir and Assif Lamahyane. Its
lithostratigraphy, as well as the U/Thdatations at Agadir (four results between 185 ± 15 and 275 +35/-30 ka)
show that PSL3 corresponds at least at two high sea-levels from MIS 7 and perhaps MIS 9. The small-sized
malacofauna of the oldest level is rich in Nucella (Acanthina) plessisi (Lec.), which becomes scarce later.
Third terrace (about + 50 m asl), or UMS4: the palaeo-sea-levels PSL4 appear at the floor of the platform of + 50
m asl at Agadir, Tamraght, Assif Lamahyane and CapeRhir. The stratigraphy of PSL4 shows at least two marine
deposits with contrasted facies: the «lumachelle concassée» at the basis, and a sandy-silty rubefied marine
deposit above; both are covered by thick aeolian sands and then by various alluvial and/or colluvial debris. The
whole formation is affected by numerous compressive joints and faults. At the basis, the first PSL4 contains a
warm malacofauna, with Nucellaplessisi and distinctive specie which is Calyptraea (Trochita) trochiformis
(Gm). The second PSL4 is characterized by a fauna of large-sized Bivalves such as Acanthocardia
(Rudicardium) tuberculatum (L.). As we expected too old ages, we never try any U/Th datations on PSL4.
This short description of the lower palaeo-sea-levels of the Atlantic Atlas shows how much interresting will be
their detailed study for Quaternary chronology and palaeo-environmental reconstructions. And that is why we
are beginning a new research programm of morpho-lithostratigraphy, geochronology (with both U/Th on
Mollusc shells and IRSL on alkali feldspar coarse grains) and paleoclimatology (by δC and δO on shells).
Keywords: Palaeo-sea-levels, U/Thdatations, marine isotopic stages 9, 7, 5, morpho-stratigraphy, Atlantic
Morocco.

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A. Weisrock et al., Actes RQM7, Agadir, 2013, pp 124-135

1. Introduction interglaciaire (ou interstadiaire) et régressive


glaciaire (ou stadiaire), mise à l’abri de la
La côte de l’Atlas atlantique entre Agadir et transgression suivante par le soulèvement
le Cap Rhir est riche en enregistrements de continental.
paléorivages quaternaires reconnus depuis
En certains points du littoral (Tamraght), on
longtemps (Lecointre, 1952 ; Ambroggi, 1963 ; peut dénombrer jusqu’à sept terrasses marines
Weisrock, 1980). L’objectif de cet article est étagées (fig. 3). En raison des limites liées aux
de présenter une mise au point sur les méthodes de datation isotopique utilisées
paléorivages quaternaires les plus récents jusqu’à présent (la limite pour l’U/Th sur
observables sur cette portion de littoral en
coquilles marines est de l’ordre de 400 ka), les
résumant les acquis des dernières années terrasses les plus anciennes sont laissées de
(Meghraoui et al., 1998 ; Weisrock et al., côté dans cet article qui ne prend en compte
1999 ; Weisrock 2012) et en soulignant les que l’étude des trois plus récentes : Terrasse 1
incertitudes qui restent encore à lever. entre 0 et +2m au-dessus du niveau actuel
(asl), Terrasse 2 entre +2 et +30m asl environ,
2. Dispositif morphologique (fig. 1, fig. 2 Terrasse 3 autour de +50m asl.
et fig. 3)
3. Terrasse 1, entre 0 et +2m asl :
Le littoral recoupe transversalement la
UMS1 ; absence de PR1, ex-«Mellahien»
chaîne plissée atlasique (fig. 1), dont les
principaux anticlinaux (Agadir-Kasba, Jbel (fig. 4)
L’Gouz-Tamraght et Aferni-Cap Rhir) donnent
En raison de la tendance actuelle à
des caps plus ou moins marqués (Port
l’élévation du niveau océanique global
d’Agadir-ancien phare d’Arhedsis, ancien cap
(Paskoff, 2004) et surtout du développement
Bouzellou à Tamraght, Cap Rhir) séparés par
urbain et portuaire des dernières années, les
deux baies principales (baie de Tarhazout et
témoins des terrasses les plus basses ont
baie d’Arhoud-Mouknari). La chaîne atlasique
presque totalement disparu depuis 1980.
étant globalement en surrection, les côtes
Antérieurement se trouvait à Tamraght-Aourir
présentent des falaises vives relativement peu
rive gauche, ainsi qu’au nord du Cap Rhir, une
élevées (50m au maximum), séparées par des
banquette marine taillée en basse falaise de 2m
baies où se développent des plages (Tarhazout,
de hauteur (fig. 4). Cette banquette avait attiré
Arhoud). Il en résulte deux dispositifs
l’attention de R. Ambroggi et M. Gigout
morphologiques essentiels : sur les anticlinaux
(1953), qui en avaient fait «un témoin de la
et certains crêts monoclinaux très résistants
transgression du Flandrien récent à +2m». En
(Assif Lamahyane), des terrasses marines
fait, il s’agissait d’une accumulation de sables
(anciennes plateformes d’abrasion) étagées,
éoliens et de limons de débordements fossilisée
limitées par des falaises mortes ; dans les
par des kjökkenmöddings d’âge historique
synclinaux, un dispositif d’ «oulja tronquée»
(Weisrock, 1980). En aucun point de cette
(fig. 2). Ces deux types de formes diffèrent
portion de littoral on n’a mis en évidence
superficiellement, mais sont constituées
jusqu’à présent de trace directe d’un dépôt
stratigraphiquement des mêmes unités
marin de la transgression holocène (PR1) ; les
morphostratigraphiques (UMS) comportant : i)
témoins indirects les plus fréquents de ce haut
à leur base, un paléorivage (PR) qui fossilise la
niveau transgressif vers 6 ka et vers 2ka sont
surface d’abrasion et se termine au pied de la
les dunes littorales holocènes, souvent fixées
falaise morte ; ii) au-dessus, des dépôts plus ou
par des foyers anthropiques et des amas
moins abondants de dunes littorales (DL) et
coquilliers abondants, taillées en basses
des recouvrements continentaux variés
falaises et/ou interstratifiées dans les basses
(colluvions, alluvions, encroûtements). Chaque
terrasses alluviales holocènes des embouchures
UMS correspond donc idéalement à
(Sabelberg, 1978 ; Weisrock, 1980).
l’enregistrement d’une séquence transgressive

127
A. Weisrock et al., Actes RQM7, Agadir, 2013, pp 124-135

Figure 1. Littoral de l’Atlas atlantique entre Agadir et Cap Rhir


1 : anticlinal ; 2 : périclinal ; 3 : synclinal ; 4 : flexure ; 5 : crêt ; 6 : falaise ; 7 : première falaise morte ; 8 : falaise morte
pléistocène principale ; 9 : terrasse marine 3 (+50m) ; 10 : plateforme « Moghrébienne » ; 11 : id., disséquée.

Figure 2. Le système morphogénique littoral en «Oulja» tronquée.

128
A. Weisrock et al., Actes RQM7, Agadir, 2013, pp 124-135

Figure 3. Terrasses marines soulevées de l’Atlas atlantique


1: sables, graviers et coquilles marines ; 2: sables biodétritiques ; 3: sables éoliens ; 4: barre graveleuse ; 5:
colluvions grossières ; 6: limons rubéfiés ; 7: croûte calcaire.

Figure 4. Basse banquette sableuse littorale d’âge historique à Tamraght


(Photo A. Weisrock, 1976 ; cette banquette a aujourd’hui totalement disparu).

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A. Weisrock et al., Actes RQM7, Agadir, 2013, pp 124-135

4. Terrasse 2, entre +2 et +30m asl Crepidula porcellana Lmk, Semicassis


environ : UMS 2 avec PR2, ex-«Ouljien», saburon Brug., Cymatium costatum Born,
SIM 5 et UMS3 avec PR3, ex-«Agadirien», Thaïs haemastoma L., Cantharus viverratus
SIM 7 et peut-être SIM 9 (fig. 5, tab. 1, fig. 6 Kien, Dorsanum miran (Ad.) Brug., Yetus
et tab. 2) cucumis Roed., Narona piscatoria Gm.,
Marginella sp, Persicula sp., Gibberula
Cette terrasse 2 est bien développée le long epigrus Reeve, Clavatula cf. rubrifasciata
de la côte à Agadir, Anza, Tamraght et Cap Reeve, Siphonaria grisea Gm. Les bivalves,
Rhir. Les coupes visibles dans les basses moins variés (7 espèces) sont représentés
falaises, les carrières et les tranchées de routes surtout par de grands Cardiums. Sept datations
ont révélé sa complexité et le fait qu’elle U/Th sur diverses de ces coquilles ont donné
corresponde au moins à deux UMS : i) l’UMS2 des âges échelonnés entre 72 ± 2 et 109 ± 6 ka
sous-tendue par le paléorivage PR2 (ex (tab. 1). Le paléorivage PR2 est toujours
«Ouljien») entre +2 et +8m asl, et ii) l’UMS 3 visible sur les deux rives de l’embouchure de
sous-tendue par le paléorivage PR3 (ex l’assif Tamraght, avec des faciès fluvio-marins
«Agadirien») autour de +20m asl. Dans sa très enrichis en gros galets ; sur la rive gauche,
partie inférieure toutefois, la terrasse 2a l’âge d’une coquille est de 97 ± 5 ka. On
tendance à subir le même sort que la plus basse retrouve encore PR2 à Arhoud, avec les mêmes
terrasse, c-à-d. à disparaître : c’est déjà le cas caractéristiques et un âge IRSL de 91 ± 13 ka
au port d’Agadir et Anza, où les coupes de des sables marins à +4m (Balescu et al., 2013,
PR2 ne sont plus du tout visibles, mais aussi en ce volume), ainsi qu’à Assif Lamahyane et
partiellement à Tamraght rive gauche, où l’on Cap Rhir, avec six dates U/Th et Pa
exploite actuellement les restes de PR2, et dans échelonnées entre 44 ± 2 et 55 ± 2 ka. La
la partie nord de la baie d’Arhoud, où l’érosion dispersion des résultats des datations montre
marine a fait disparaître le site d’ Affoud que PR2 (ex-«Ouljien») ne correspond pas à
Taddert, connu par la malacofaune un stationnement marin unique, mais
particulièrement riche de son paléorivage PR2 représente en réalité divers enregistrements qui
(Brébion, 1979). Les recouvrements dunaires peuvent correspondre aux hauts niveaux
et colluviaux ou alluviaux ont masqué à la fois marins globaux connus au SIM 3 autour de 50
les deux paléorivages et se terminent par un ka, et aux trois sous-stades SIM 5a autour de
glacis unique en pente faible formant la 80 ka, SIM 5c autour de 100 ka et SIM 5e
terrasse 2. Il n’y a qu’au Cap Rhir proprement autour de 120 ka (Waelbroeck et al., 2002). Il
dit, où les apports dunaires et colluviaux sont appartiendra à un programme de recherche
trop faibles, que l’on peut voir distinctement plus précis sur certains secteurs ciblés de
l’étagement de PR2 et PR3. confirmer ces hypothèses, en particulier
UMS 2 et PR2, ex- «Ouljien» : l’existence d’enregistrements d’un haut niveau
marin du SIM 3, ainsi que les implications
A Agadir-Port (fig. 5), on pouvait voir, avant morphotectoniques qui en résultent.
1980, sous la route d’Anza, une coupe
montrant un paléorivage (PR2) d’environ 1m UMS 3 et PR3, ex-«Agadirien» :
d’épaisseur, à sable grossier mêlé de galets et Cette UMS forme la partie supérieure de la
de coquilles de grosse taille, situé entre +2 et deuxième terrasse. Le façonnement de la
+8m asl, avec, au-dessus une accumulation surface de la terrasse en glacis rend difficile
d’abord dunaire, puis colluviale se terminant son observation, en dehors des tranchées
par un fort encroûtement calcaire. Cette coupe- routières. Elle débute autour de +20m asl par le
type se répétait, avec quelques variantes paléorivage PR3, qui n’est vraiment bien
d’épaisseurs et de sédimentologie, à Agadir- visible qu’à Agadir-Port dans les tranchées de
Centrale, Agadir-Arhesdsis et Anza (Weisrock, la route côtière vers Anza et à Assif
1980). La faune de gastéropodes, Lamahyane. Il s’agit d’un dépôt littoral de plus
particulièrement riche (71 espèces identifiées à d’un mètre d’épaisseur, formé de sables
Arhesdsis) se caractérise par la présence grossiers plus ou moins enrichis de galets et de
d’espèces tropicales telles que : Patella safiana coquilles marines de grande taille. Comme
Lmk, Clanculus kraussi Phil., Turritella pour le paléorivage PR2, il est surmonté par
conspersa Ad. et R., Mesalia mesal (Ad.) des sables éoliens, puis par des colluvions
Desch, Natica sp., Euspira fulminea Gm.,

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encroûtées. A Agadir-Port, on voit même ce présence assez abondante d’une espèce très
paléorivage PR3 combler une grotte de pied de rare dans le PR2, Nucella (Acanthina) plessisi
falaise (fig. 6) et être partiellement fossilisé par (Lec.). Les datations U/Th (Tab. 2) ont donné
l’éboulement de cette dernière. Il y a donc un âge de 275 +35/-30 ka pour le comblement
deux dépôts marins sur ce site, l’un au fond de de la grotte et une tranche d’âges situés entre
la grotte, avec une faune riche (65 espèces de 185 ± 15 et 265 +45/-30 ka pour le cordon
gastéropodes et 12 de bivalves), l’autre littoral. Ces résultats permettent d’attribuer
formant un cordon littoral déjà situé à une assez certainement le dépôt du cordon littoral
vingtaine de mètres en avant du pied de falaise, au SIM 7. Avec une seule date, on ne peut
avec des exemplaires de faune de plus grande conclure pour le dépôt du fond de la grotte, qui
taille, mais un peu moins variés (21 espèces de pourrait être plus ancien, d’un sous-stade
gastéropodes et 5 de bivalves). Cette précoce du SIM 7, ou peut-être du SIM 9
malacofaune a beaucoup de points communs (Brébion et al., 1984 ; Weisrock, 2012).
avec celle du PR2, mais s’en distingue par la

Site Référence Age U/Th Age 231Pa SIM


Cap Rhir Hoang et al., 1978 44 ±2 3
Cap Rhir id 44 ±2 46 ±2 3
AssifLamahyane id 46 ±2 3
AssifLamahyane id 55 ±2 49 ±3 3
Agadir-Port id 72 ±2 5a
Agadir-Port Hoang, non publ. 75 ±4 5a
Agadir-Phare Hoang et al., 1978 76 ±2 5a
Agadir Centrale id 92 ±7 5
Agadir-Port id 96 ±5 114 +18/-13 5
Tamraght id 97 ±5 5c
Agadir-Port Hoang, non publ. 103 ±9 5c
Agadir-Port id 109 ±6 5e

Tableau 1. Datations U/Th et 231Pa de coquilles marines de PR2 (+2 à +8m).

Site Référence Age U/Th SIM

Imsouane Hoang et al., 1978 179 ±11 7a

Agadir-Port id 185 ±15 7a

Agadir-Port id 240 +30/-25 7e

Agadir-Port id 265 +45/-30 7e

Agadir-Port id 275 +35/-30 7e

Tableau 2. Datations U/Th de coquilles marines de PR3 (+20m).

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Figure 5. Coupe simplifiée d’Agadir-Port visible avant 1984, d’après Weisrock, 1980.

Figure 6. Agadir-Port, PR3 à +20m, remplissage de grotte en pied de falaise morte (Photo A. Weisrock, 1976).
1: dépôt de plage (sables, graviers, coquilles) ; 2: dune littorale (sables à stratification entrecroisée) ; 3:
éboulement de blocs calcaires issus de la falaise ; 4: sables éoliens.

5. Terrasse 3, autour de +50m asl : la côte, grâce à des dépôts marins, dunaires et
UMS4 avec PR4, ex «Maarifien» (fig. 7) continentaux épais et relativement indurés. La
coupe-type de l’UMS4 (fig. 7) peut être
Cette terrasse est celle qui conserve la plus donnée aussi bien à Agadir-Centrale qu’à
nette expression géomorphologique le long de Tamraght-Sihel ou à Assif Lamahyane
(Weisrock, 1980) : on trouve à la base un PR4

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pouvant atteindre jusqu’à 10m d’épaisseur et fort approximative et regroupe en fait des
présentant deux faciès successifs : à la base, un situations très diverses : le paléorivage basal
dépôt sableux, plus ou moins chargé en galets, PR4 peut se trouver aussi bien vers 30m
pouvant passer à une lumachelle riche en (Agadir-Carrefour, Agadir-Centrale) que vers
gastéropodes (20 espèces, dont Nucella 50m (Agadir-RP8, Tamraght-Sihel, Arhoud-
(Acanthina) plessisi (Lec.) et, espèce village, Assif Lamahyane), avec apparemment
caractéristique du Quaternaire ancien et les mêmes faciès et les mêmes successions
moyen, Calyptraea (Trochita) trochiformis stratigraphiques. S’il s’agit bien du même PR4,
(Gm.) ; au-dessus, sans discordance visible, un ceci implique une forte déformation tectonique
dépôt marin plus fin, sableux et limoneux, (Ambroggi, 1963 ; Weisrock, 1981) qui est
rubéfié, où la faune change totalement : les corroborée par une intense fracturation en
gastéropodes disparaissent et font place à de régime compressif (fig. 7). Comme la limite de
gros Cardium, en particulier à Acanthocardia la méthode de datation par U/Th se situe vers
(Rudicardium) tuberculatum (L.). Le dépôt se 400 ka, on n’a jusqu’à présent tenté aucune
poursuit par des sables littoraux et éoliens plus datation sur les coquilles de PR4. Il reste donc
ou moins épais (parfois encore une dizaine de à essayer d’obtenir des âges de PR4 par IRSL,
mètres), avant de devenir franchement ce qui constitue un de nos objectifs principaux,
continental : colluvionnements détritiques à la fois pour situer chronologiquement la
puissants à paléosols interstratifiés à Agadir- place exacte de cette étape majeure de la
Centrale et Assif Lamahyane ; épandages de genèse du littoral, mais aussi pour mieux
cônes alluviaux à Tamraght. L’altitude évaluer l’évolution morphotectonique récente
moyenne de +50 m asl de la base de PR4 est de la région d’Agadir.

Figure 7. Coupe-type de l’UMS4 à Assif Lamahyane (Photo A. Weisrock, 2013)


1a: Lumachelle, sables et graviers ; 1b: sables éoliens ; 2a: limons sableux à Bivalves ; 2b à 2g: limons rubéfiés,
limons hydromorphes, rares lits caillouteux ; 3a: blocs calcaires ; 3b: limons rubéfiés ; encroûtement calcaire.

6. Synthèse provisoire et perspectives de PR2, entre +2 et +8m asl correspondent en


(fig. 8) réalité à au moins quatre hauts stationnements
océaniques aux SIM 3 et 5. La véracité de
La chronologie des paléorivages de la l’existence de témoins de paléorivages du
région d’Agadir (fig. 8) montre que les témoins SIM3 reste à confirmer par davantage

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d’observations et de mesures, car elle sous- témoins de PR3 autour de +20m asl
entend dans certains cas (Cap Rhir, Assif correspondent au SIM 7 ; un doute subsiste
Lamahyane) des implications tectoniques pour le dépôt de la grotte à Agadir-Port, qui
particulièrement importantes, à savoir un pourrait aussi bien être attribué au SIM9, mais
soulèvement localisé du littoral de l’ordre de les mesures nouvelles à entreprendre sont
40m, qui ne semble pas se répercuter sur les tributaires d’une autorisation préalable des
témoins du SIM 5. Ceux-ci apparaissent en propriétaires. Enfin, un champ immense de
effet assez proches de leur situation d’origine, recherches géochronologiques et paléo-
légèrement au-dessus du zéro actuel. Pour les environnementales reste ouvert avec PR4 et
témoins du SIM 5, il est assez surprenant plus globalement l’UMS 4 : les données sur le
également de ne guère trouver de traces du Quaternaire moyen de la région d’Agadir,
SIM 5a, réputé avoir été le plus élevé : de période capitale de l’évolution du peuplement
nouvelles investigations sont nécessaires. Les préhistorique, restent encore embryonnaires.

Figure 8. Enregistrements des hauts niveaux marins des derniers 240ka à Agadir
Numéros en noir/stades et sous-stades isotopiques marins (d’après P.R. Parham et al., 2007), cercles et tirets
rouges/périodes de dépôt probable (âges U/Th sur coquilles) et élévations correspondantes du niveau marin pour
les séquences d’Agadir-Cap Rhir, en rouge/chronologie marocaine classique.

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