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Accord national interprofessionnel

du 11 janvier 2013
pour un nouveau modèle économique et social
au service de la compétitivité des entreprises
et de la sécurisation de l’emploi
et des parcours professionnels des salariés

analyse
et critique
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sommaire

Accords maintien dans l’emploi................. p. 4

accords mobilité interne............................... p. 8

Licenciement économique......................... p. 10

temps partiel........................................................ p. 16

CDII............................................................................. p. 19

ÉVITEMENT DU JUGE............................................. p. 20

info consultation des irp........................... p. 24

complémentaire santé................................... p. 30

formation............................................................. p. 34

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Accords maintien
dans l’emploi
Article 18 – Accords de maintien dans l’emploi l’arbitrage global temps du travail / salaire / emploi, au bé-
néfice de l’emploi, ceux-ci ne peuvent être que des accords
Afin de maintenir l’emploi, en cas de graves difficultés majoritaires conclus pour une durée maximale de deux ans3.
conjoncturelles rencontrées par une entreprise, il convient de
se doter, à côté de dispositifs existants tels que le chômage En contrepartie des efforts demandés, l’accord devra com-
partiel, de la possibilité de conclure des accords d’entreprise porter des garanties telles que le partage du bénéfice écono-
permettant de trouver un nouvel équilibre, pour une durée mique de l’accord arrivé à échéance et les sanctions en cas
limitée dans le temps, dans l’arbitrage global temps de travail de non-respect de celui-ci.
/ salaire1-2 / emploi, au bénéfice de l’emploi.
Ces accords constituent un outil supplémentaire pouvant
L’ouverture d’une telle négociation requiert une transparence compléter les dispositifs existants. Ces accords doivent per-
totale sur les informations destinées à l’évaluation de la situa- mettre aux partenaires sociaux de l’entreprise de passer un
tion économique de l’entreprise. cap difficile et de consolider le dialogue social sans en faire
un cas général.
A cet effet et afin d’aboutir à un diagnostic partagé, les représen-
tants des salariés pourront, mobiliser les éléments d’information Les accords de maintien dans l’emploi devront participer
visés à l’article 11 ci-dessus ainsi que ceux énumérés dans l’an- d’une démarche de transparence identique à celle recher-
nexe jointe en matière financière, économique et sociale. chée dans les négociations en cours au niveau national inter-
professionnel sur la modernisation du dialogue social.
Ils pourront faire appel à un expert-comptable de leur choix
financé par l’entreprise. Leur acceptabilité par les salariés concernés requiert le res-
pect d’une certaine symétrie des formes à l’égard de la rému-
Ces accords ne pourront pas déroger aux éléments de l’ordre nération des mandataires sociaux et des actionnaires. Les
public social, tels que, notamment, le Smic, la durée légale, dirigeants salariés qui exercent leurs responsabilités dans
les durées maximales quotidiennes et hebdomadaires, le re- le périmètre de l’accord doivent participer aux mêmes ef-
pos quotidien et hebdomadaire, les congés payés légaux, la forts que ceux qui sont demandés aux salariés.
législation relative au 1er mai.
Bien que s’imposant au contrat de travail, l’accord de maintien
Ils devront par ailleurs respecter les dispositions des accords de dans l’emploi requiert néanmoins l’accord individuel du salarié.
branche, auxquels, en application de l’article L.2253-3 du code
du travail, il n’est pas possible de déroger par accord d’entre- En cas de refus du salarié des mesures prévues par l’accord,
prise. la rupture de son contrat de travail qui en résulte s’analyse en
un licenciement économique dont la cause réelle et sérieuse
En contrepartie de l’application de ces ajustements, l’employeur est attestée par l’accord précité.
s’engage à maintenir dans l’emploi les salariés auxquels ils s’ap-
pliquent, pour une durée au moins égale à celle de l’accord. L’entreprise est exonérée de l’ensemble des obligations lé-
gales et conventionnelles qui auraient résulté d’un licencie-
Ces accords doivent être entourés de toutes les garanties ment collectif pour motif économique.
nécessaires. Celles-ci sont détaillées en annexe.
Toutefois l’accord devra prévoir des mesures d’accompagne-
Étant donné le champ de ces accords, qui résultent d’une ment susceptibles de bénéficier au salarié ayant refusé l’ap-
négociation permettant de trouver un nouvel équilibre dans plication des mesures de l’accord.

1/ Les partenaires sociaux engageront, dans les 3 mois de l’entrée en vigueur du présent accord, une réflexion sur les mesures envisa-
geables pour atténuer les effets d’une éventuelle baisse du salaire net de base, intervenant dans le cadre d’un tel accord.
2/ L’arbitrage résultant d’un accord de maintien dans l’emploi ne peut avoir d’impact sur les salaires inférieurs à 1,2 SMIC.
3/ Ces accords ne sauraient être confondus avec les accords de réduction de la durée du travail visés à l’article L.1222-8 du code du travail

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Analyse et critique CGT

Article 18 – Accords de maintien 13 janvier 2003, n°2002-465) qui inter- -- article 24 partie 2 de la charte so-
dans l’emploi dit au législateur « de porter aux contrats ciale européenne
légalement conclus une atteinte qui ne
Il s’agit des mêmes accords compétitivi- soit justifiée par un motif d’intérêt géné- « Droit à la protection en cas de
té emploi que N. Sarkozy avait souhaité ral suffisant sans méconnaître les exi- licenciement. En vue d’assurer
mettre en place. gences résultant des articles 4 et 16 de l’exercice effectif du droit à la pro-
la Déclaration des droits de l’homme et tection en cas de licenciement, les
Une entreprise va pouvoir, pour passer du citoyen de 1789 ». parties s’engagent à reconnaître :
une période difficile et augmenter la pro-
ductivité, augmenter le temps de travail 2. La cause réelle et sérieuse est a. le droit des travailleurs à ne pas
et/ou baisser les salaires en concluant attestée par l’accord  être licenciés sans motif valable
des accords d’entreprises qui portent lié à leur aptitude ou conduite,
atteinte au contrat de travail. « En cas de refus du salarié […] la rup- ou fondé sur les nécessités de
ture de son contrat de travail qui en ré- fonctionnement de l’entreprise,
Il devra être prévu un engagement de sulte s’analyse en un licenciement éco- de l’établissement ou du service ;
maintien dans l’emploi d’une durée au nomique dont la cause réelle et sérieuse
moins égale à la durée de l’accord. La sera attestée par l’accord ». b. e
 droit des travailleurs licenciés
durée de l’accord ne peut excéder deux sans motif valable à une indem-
ans. Cela porte atteinte au droit de se dé- nité adéquate ou à une autre ré-
fendre du salarié et à son accès à un paration appropriée. »
1. Ces accords constituent une jugement équitable, puisqu’il ne pourrait
nouvelle atteinte au principe de fa- pas contester la cause même de son -- L’article 4 de la Convention n°158
veur licenciement : la compatibilité avec un de l’Organisation internationale
certain nombre de textes peut être sou- du travail (OIT), d’applicabilité di-
La loi Fillon du 4 mai 2004 permettait levée. recte, prévoit qu’ «un travailleur
déjà aux accords d’entreprises de déro- ne devra pas être licencié sans
ger aux accords de branches par l’adop- -- V
 iolation possible de l’article 6 de qu’il existe un motif valable de li-
tion de dispositions moins favorables. la convention EDH relatif à un pro- cenciement lié à l’aptitude ou à la
Mais le salarié pouvait encore refuser cès équitable et de l’article 47 de conduite du travailleur ou fondé
les modifications de son contrat de tra- la charte des droits fondamentaux sur les nécessités du fonctionne-
vail, dès lors que les dispositions des de l’Union Européenne (CDFUE) ment de l’entreprise, de l’établis-
accords y contrevenaient de manière qui garantit le droit à un tribunal : sement ou du service»
moins favorable, et conserver l’ensemble « Toute personne a droit à ce que
des droits garantis par la loi en cas de sa cause soit entendue équitable- -- Article 9 de la convention 158 de
licenciement (indemnisation, reclasse- ment, » l’oit
ment, contestation, etc.). « Les organismes mentionnés à
« Toute personne, dont les droits l’article 8 de la présente convention
Le salarié ne pourra pas refuser la mo- et libertés garantis par le droit de devront être habilités à examiner
dification de son contrat de travail, sous l’Union ont été violés, a droit à un les motifs invoqués pour justifier le
peine d’être licencié. Licenciement, dont recours effectif devant un tribunal licenciement ainsi que les autres
il ne pourra pas contester la cause réelle dans le respect des conditions circonstances du cas et à décider
et sérieuse et à l’occasion duquel il ne prévues au présent article. Toute si le licenciement était justifié. »
bénéficiera d’aucune des garanties lé- personne a droit à ce que sa cause
gales attachées au licenciement pour soit entendue équitablement » 3. Non application de la législation
motif économique. relative aux licenciements écono-
-- art 8 §1 de la convention 158 de miques collectifs
Le pouvoir de l’employeur s’accroît de l’OIT
façon déraisonnable : il n’est même plus « Un travailleur qui estime avoir fait L’entreprise est exonérée de l’ensemble
tenu par le contrat qu’il aura lui-même l’objet d’une mesure de licenciement des obligations légales et convention-
signé (l’article 1134 du Code civil perd injustifiée aura le droit de recourir nelles qui auraient résulté d’un licencie-
toute force dans ce cas de figure). contre cette mesure devant un orga- ment pour motif économique (informa-
nisme impartial tel qu’un tribunal, un tion et consultation des représentants
Cela va à l’encontre des principes déga- tribunal du travail, une commission du personnel, délai de réflexion d’un
gés par le Conseil Constitutionnel (DC d’arbitrage ou un arbitre. » mois, reclassement).

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Cette exonération est contraire à la s’engagera à «maintenir dans l’emploi 6. Un contrôle des pouvoirs du
Directive européenne 98/59 relative les salariés auxquels il s’applique, pour juge
aux licenciements collectifs (définition une durée au moins égale à celle de
du licenciement collectif, information l’accord», qui ne peut excéder deux ans. L’Ani prévoit que le juge ne pourra pro-
consultation des IRP, recours à l’expert) noncer que la résolution judiciaire de
En bref, les salariés acceptent de bais- l’accord ; ceci est une tentative de li-
4. L’ANI cadre très peu ces futurs ser leurs salaires, de travailler plus miter les pouvoirs du juge contraire aux
accords puisqu’il n’est prévu que pendant deux ans, et l’entreprise peut textes précédemment mentionnés. Il
le respect de l’ordre public absolu les licencier juste après ! Elle peut par faut laisser au juge son pouvoir de déci-
(SMIC, durées légales, repos quo- ailleurs supprimer les emplois sans at- sion : il doit pouvoir prononcer la nullité
tidien..) et le respect des accords tendre l’échéance des deux ans (ou de de cet accord, sanctionner l’employeur
de branches qui ne prévoient pas la durée inférieure fixée par l’accord), qui n’aura pas tenu ses engagements,
de dérogations. Il est au passage dès lors que la situation économique vérifier que la cause économique « de
aberrant de constater que l’ANI se de l’entreprise se dégrade. graves difficultés conjoncturelles » est
charge de définir quelles sont les bien présente.
règles relevant de l’ordre public so- Il faut par ailleurs noter qu’il est très dif-
cial. Or, ce dernier a une définition ficile de sanctionner les manquements Dans ce projet les salariés ne sont pas
propre et il n’appartient pas aux de l’employeur à ses engagements libres de contester et le juge n’est pas
syndicats et patronat d’en détermi- de maintien de l’emploi, tout simple- libre de juger !
ner les contours. ment parce que ces engagements ont
des contenus difficilement vérifiables La plupart des cas récents d’accords
Il est évident que ces accords vont être (l’employeur pourra faire des plans de de compétitivité signés, qui nécessi-
l’occasion de chantage à l’emploi. L’ac- ruptures conventionnelles pour motif taient jusqu’à présent l’accord indivi-
cord collectif ainsi obtenu va faire peser économique et prétendre que les sala- duel du salarié, ont d’ailleurs été catas-
sur les représentants du personnel la riés sont partis de leur propre chef. De trophiques pour les salariés : Continen-
responsabilité de la baisse de salaire et même, quid en cas de non remplace- tal, Peugeot Motocycles, Goodyear..
de l’augmentation du temps de travail. ment des personnels qui quittent l’en-
treprise par démission, retraite ?..). Contrairement à ce qui a été annoncé,
5. Les garanties sont inexistantes l’Ani ne cadre en rien les dérives déjà
Les promesses non tenues comme un existantes
Il n’est pas prévu que la rémunération engagement à investir ou à confier un
des actionnaires soit diminuée de ma- marché ne seront pas sanctionnées. D’où l’importance de maintenir le prin-
nière équivalente aux salaires : l’accord cipe de faveur, qui empêche légalement
ne prévoit en la matière, qu’une « cer- Si l’accord est suspendu, quelles com- un accord d’entreprise d’être moins
taine symétrie de forme ». pensations pour les sacrifices déjà fait favorable aux salariés que la loi ou les
et pour les salariés licenciés ? accords de niveau supérieur. Cette ga-
L’Ani prévoit uniquement sans plus de rantie essentielle pour les salariés est
précision « Le partage du bénéfice éco- aujourd’hui vidée de son contenu par
nomique de l’accord arrivé à échéance l’article 18 de l’accord interprofession-
». Il prévoit également que l’entreprise nel.

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accords mobilité interne
Article 15 – Mobilité interne riés, en particulier en termes de formation et d’aides à
la mobilité géographique ;
La mobilité interne s’entend de la mise en œuvre des me-
sures collectives d’organisation courantes dans l’entreprise, -- les limites imposées à cette mobilité au-delà de la zone
ne comportant pas de réduction d’effectifs et se traduisant géographique de son emploi, telle qu’également préci-
notamment par des changements de poste ou de lieux de sée par l’accord,
travail au sein de la même entreprise.
-- des dispositions visant à prendre en compte la conci-
L’organisation de cette mobilité interne fait l’objet, dans les liation de la vie professionnelle et de la vie familiale.
entreprises dotées de délégués syndicaux, d’une négocia-
tion triennale.. Les mobilités envisagées ne peuvent en aucun cas entraîner
une diminution du niveau de rémunération ou de la classifica-
Dans les entreprises assujetties à l’article L 2242-15 du tion personnelle du salarié, et doivent garantir le maintien ou
code du travail, elle intervient dans le cadre de la négociation l’amélioration de sa qualification professionnelle.
prévue audit article.
Le refus par un salarié d’une modification de son contrat pro-
La négociation prévue ci-dessus doit porter sur les condi- posée dans les conditions définies au présent article n’en-
tions de mobilité professionnelle ou géographique interne à traîne pas son licenciement pour motif économique. Il s’agit
l’entreprise. Elle comporte notamment : d’un licenciement pour motif personnel ouvrant droit à des
mesures de reclassement telles qu’un bilan de compétence
-- les mesures d’accompagnement à la mobilité des sala- ou un abondement du compte personnel de formation.

Analyse et critique CGT

Il s’agit probablement d’une des me- Rappelons qu’actuellement, un nouvel nécessités du fonctionnement de l’entre-
sures les plus dangereuses de cet accord collectif ne peut pas imposer prise, de l’établissement ou du service ».
accord. Tel que rédigé dans l’ANI, il une clause de mobilité aux salariés
suffira à l’employeur de signer un ac- déjà en emploi dans l’entreprise. En Quant à la directive 98/59/CE, elle pré-
cord minoritaire (validé par des syndi- conséquence, si ces salariés refusent cise que les licenciements collectifs sont
cats représentant 30 % des suffrages) l’application d’un tel accord, l’em- ceux effectués par un employeur pour un
pour lui permettre d’envoyer un sala- ployeur ne peut pas les licencier pour ou plusieurs motifs non inhérents à la per-
rié à l’autre bout de la France, voire cette raison, le licenciement pour motif sonne du travailleur.
à l’étranger, sur un poste totalement personnel est donc écarté.
différent du sien. Et, en cas de refus L’ANI impose donc une qualification erro-
du salarié, il sera licencié pour motif Les problématiques de légalité née de ce licenciement en précisant que
personnel. soulevées par ce dispositif : cet le motif est personnel. En effet, le motif
article est contraire aux textes in- n’est pas inhérent au salarié puisque
Ainsi, des pratiques interdites, comme ternationaux : c’est la mobilité imposée par l’employeur
les licenciements boursiers, peuvent qui motive son refus. Il ne peut donc
être réalisées en toute impunité avec - L’accord qualifie le licencie- s’agir que d’un licenciement non inhérent
ce type d’accord. En effet, qu’est-ce ment en licenciement pour motif au salarié au regard des normes interna-
qui empêchera un employeur de pro- personnel : tionales.
poser, à des salariés, des modifications
de lieu de travail ou de poste, propre- Les textes internationaux opèrent une dis- Tout le jeu de cette disposition consiste
ment inacceptables et de les licencier tinction entre deux types de licenciement. à se focaliser sur le refus du salarié sans
en masse pour motif personnel, donc Ainsi, l’article 4 de la convention 158 de observer la situation qui a engendré le
sans les garanties propres aux licen- l’OIT, différencie les licenciements qui re- licenciement, c’est-à-dire une restructu-
ciements économiques collectifs ? lèvent de « l’aptitude ou à la conduite du ration.
travailleur » et les motifs fondés « sur les

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- le contrôle du juge limité par la justifié, ou non. général justifiant une telle atteinte à
qualification du licenciement : l’économie du contrat !
La question qui reste posée est la sui-
Cette qualification du licenciement limite vante : le juge pourra-t-il remettre en - Le principe de conciliation de
le contrôle du juge. Comment pourra-t-il cause l’accord pour examiner la cause la vie professionnelle avec la vie
s’assurer que le licenciement est fondé réelle et sérieuse ? Par exemple si la mo- familiale et la vie personnelle est
s’il est censé rechercher l’existence d’un bilité imposée par l’accord est contraire directement impacté.
motif personnel sachant que ce n’est pas à la conciliation de la vie professionnelle
ce qui a réellement causé le licenciement. et privée cela a des conséquences sur la L’ANI ne limite aucunement le péri-
qualification du licenciement ! mètre géographique de la mobilité
L’article 9 de la convention 158 de envisagée. Ceci augmente considéra-
l’OIT dispose que « 1. Les organismes - Le problème de l’articulation blement le risque d’atteinte au principe
mentionnés à l’article 8 de la présente des normes et du principe de fa- posé du respect de la vie privée et fa-
convention devront être habilités à exa- veur : un nouveau rapport entre miliale posé par la Charte des droits
miner les motifs invoqués pour justifier le Contrat de travail et Convention fondamentaux de l’Union européenne,
licenciement ainsi que les autres cir- collective. dans son article 33 et par l’article 8 de
constances du cas et à décider si le la CEDH.
licenciement était justifié…». Les textes L’ANI bouleverse totalement la hié-
internationaux interdisent donc de limiter rarchie des normes et affaiblit un peu Autres problèmes suscités par
le contrôle du juge, ainsi la pré-qualifica- plus le principe de faveur. En effet, la l’accord :
tion du licenciement constitue une ten- capacité de résistance contractuelle
tative de restriction du contrôle du juge du salarié est totalement annihilée Si l’entreprise supprime des postes du
qui s’apparente à une atteinte au droit au puisque le contrat de travail passe à fait de la mise en application de l’ac-
recours. Or, l’article 6 de la Convention la trappe. Le pouvoir de l’employeur cord, l’employeur ne remplaçant pas
Européenne des Droits de l’Homme dis- s’accroît de façon déraisonnable : il les salariés licenciés, s’agit-il alors de
pose dans son premier point que « Toute n’est même plus tenu par le contrat licenciements économiques ?
personne a droit à ce que sa cause soit qu’il aura lui-même signé (l’article
entendue équitablement, publiquement 1134 du Code civil perd toute force Faire de ce sujet un thème obligatoire
et dans un délai raisonnable, par un tri- dans ce cas de figure). de négociation engendre un risque ac-
bunal indépendant et impartial ». cru de mise en place d’accord de mo-
Cela va à l’encontre des principes dé- bilité forcée. De plus, les employeurs
Le fait que le juge ne puisse vérifier le gagés par le Conseil Constitutionnel peuvent se contenter de « déplacer »
bien fondé du licenciement ne permet (DC 13 janvier 2003, n°2002-465) les salariés, plutôt que de travailler à
pas au salarié de faire entendre sa cause qui interdit au législateur « de porter une réelle gestion prévisionnelle des
équitablement. aux contrats légalement conclus une emplois et des compétences.
atteinte qui ne soit justifiée par un
Cela étant l’ANI ne prétend pas que le motif d’intérêt général suffisant sans Enfin, il est choquant de proposer pour
motif du licenciement personnel soit au- méconnaître les exigences résultant toute mesure de reclassement un bilan
tomatiquement justifié par l’accord. Aus- des articles 4 et 16 de la Déclaration de compétence ou un abondement du
si, il faut que le juge puisse vérifier si le des droits de l’homme et du citoyen compte individuel de formation.
refus du salarié est fautif, auquel cas le de 1789 ». Or, les accords de mobi-
licenciement pour motif personnel sera lité ne répondent pas à un principe

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Licenciement économique
Article 20 – Règles relatives au licenciement de 10 sa- sauvegarde de l’emploi. A défaut de réponse expresse dans
lariés et plus sur une même période de 30 jours dans ce délai, ils sont réputés homologués.
les entreprises d’au moins 50 salariés
A compter de la date de présentation du document au CE,
La procédure de licenciement collectif pour motif écono- la procédure s’inscrit dans un délai maximum préfixe, non
mique et le contenu du plan de sauvegarde de l’emploi sont susceptible de suspension ou de dépassement :
fixés soit par accord collectif majoritaire soit par un document
produit par l’employeur et homologué par le Dirrecte. -- de 2 mois pour les projets de licenciements collectifs
pour motif économique concernant de 10 à 99 salariés,
1. Un accord collectif signé par une ou plusieurs organisa-
tions ayant recueilli au moins 50% des suffrages exprimés -- d
 e 3 mois pour les projets de licenciements collectifs pour
au 1er tour des précédentes élections professionnelles (titu- motif économique concernant de 100 à 249 salariés,
laires) peut fixer, par dérogation aux dispositions concernées
du chapitre III du Titre III du Livre II du code du travail, des -- de 4 mois pour les projets de licenciements collectifs
procédures applicables à un licenciement collectif pour motif pour motif économique concernant 250 salariés et plus.
économique de 10 salariés et plus sur une même période de
30 jours dans une entreprise d’au moins 50 salariés, en ce La mise en œuvre des reclassements internes peut débuter
qui concerne, en particulier, le nombre et le calendrier des à compter de l’obtention de l’homologation.
réunions avec les IRP, la liste des documents à produire, les
En cas de refus d’homologation de la procédure par l’ad-
conditions et délais de recours à l’expert, l’ordre des licen-
ministration, celui-ci est motivé. L’entreprise doit alors éta-
ciements, et le contenu du plan de sauvegarde de l’emploi.
blir un nouveau document et le soumettre à la procédure
L’accord précise la date à partir de laquelle peuvent être mis d’homologation visée au premier alinéa. Le délai maximum
en œuvre les reclassements internes. mentionné au troisième alinéa est alors suspendu jusqu’à
l’homologation, par l’administration, du document établi par
L’ensemble des délais fixés par l’accord sont des délais pré- l’employeur.
fixes, non susceptibles de suspension ou de dépassement
Toute action en contestation de l’homologation doit être for-
Toute action en contestation de la validité de l’accord doit mée dans un délai de 3 mois à compter de son obtention.
être formée dans un délai de 3 mois à compter de son dépôt. Toute contestation par le salarié visant le motif du licen-
Toute contestation portée par le salarié, visant le motif du ciement ou le non-respect par l’employeur des dispositions
licenciement ou le non-respect par l’employeur des disposi- du document ayant fait l’objet d’une homologation doit être
tions de l’accord, doit être formée dans un délai de 12 mois formée dans un délai de 12 mois suivant la notification du
suivant la notification du licenciement. licenciement.

2. Lorsque l’employeur recourt à la procédure d’homologa- Article 23 – Ordre des licenciements


tion, il établit un document qu’il soumet à l’avis du comité
A défaut d’accord de branche ou d’entreprise en disposant
d’entreprise, préalablement à sa transmission au Dirrecte.
autrement, en cas de licenciement pour motif économique,
Ce document précise le nombre et le calendrier des réu- l’employeur est fondé, pour fixer l’ordre des licenciements,
nions des instances représentatives du personnel, les dé- à privilégier la compétence professionnelle sous réserve
lais de convocation, la liste des documents à produire ainsi de tenir également compte, après consultation du CE, des
que le projet de PSE. L’administration se prononce dans un autres critères fixés par la loi.
délai de 21 jours sur le document et le projet de plan de

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Analyse et critique CGT

Article 20 – Licenciements écono- volets sont indissociables. Un syndicat représentants du personnel par les
miques collectifs ne peut pas négocier un PSE suffisant syndicats ou même l’employeur
au regard des moyens de l’entreprise
L’ANI précise que la procédure de li- ou du groupe s’il n’a pas d’information Les syndicats détermineront les droits
cenciement collectif pour motif écono- sur le motif économique qui sous-tend octroyés au comité d’entreprise : délais
mique et le contenu du plan de sauve- le projet de licenciement. de procédure, contenu de l’information,
garde de l’emploi (PSE) seront désor- recours à l’expert. Or, c’est à la loi qu’il
mais fixés soit par accord collectif, soit L’ANI ne précise pas comment s’ar- appartient de déterminer ces droits et
par un document unilatéral homologué ticuleront les deux phases (négo- non aux syndicats, qui n’ont pas de légi-
par la Direccte. ciation-info/consultation). timité pour priver les institutions repré-
sentatives du personnel de leurs droits.
Ces dispositions présentent des dan- Y aura-t-il d’abord une info/consulta- CE, DP et syndicats n’ont pas à être
gers majeurs. tion sur le motif économique ; puis une confondus : chacun dispose d’une per-
première négociation sur la procédure sonnalité juridique, de moyens, de mis-
1. Pas de contrôle du motif écono- applicable ; puis une négociation sur sions, d’un mode de fonctionnement,
mique le PSE soumis à info/consultation au d’un mode d’élection/constitution qui
CE  avant signature ? Ce serait le plus leur sont propres.
Il existe un réel risque que le contrôle logique pour éviter que les syndicats
du motif économique soit visé en ar- négocient sans information sur le motif Cet article constitue une stratégie de
rière-plan par l’ANI : les juges seront né- économique. En revanche, cela pose division des syndicats et des IRP.
cessairement influencés par le fait que toujours problème quant à l’information
le syndicat aura signé un accord sur le et l’expertise sur le contenu du PSE On pourrait imaginer assez aisément
PSE ou que le document unilatéral a qui auront lieu une fois la négociation que le syndicat signe un accord collec-
été homologué. Ils pourront considérer achevée, ce qui empêchera d’émettre tif et que le CE conteste en justice la
que le syndicat n’aurait pas signé l’ac- des propositions alternatives. suffisance du PSE ainsi conclu.
cord si le motif économique n’était pas
valable, idem pour l’homologation. Il est à noter que l’accord collectif et L’employeur ne devrait pas non plus
le document unilatéral peuvent uni- pouvoir unilatéralement modifier les
Le législateur doit donc réaffirmer avec quement porter sur les « dispositions droits des IRP, qui relèvent de l’ordre
force que l’homologation ne porte pas concernées du chapitre III du Titre III public absolu et qui ne doivent pas
sur le motif économique (rien ne va du Livre II du code du travail ». Or, ce varier d’une entreprise à une autre, sui-
dans ce sens dans l’ANI) et que le juge chapitre ne concerne pas l’informa- vant le bon vouloir de l’employeur.
peut vérifier ce motif même s’il y a eu tion-consultation au titre du projet de
homologation. De la même manière, restructuration et de compression des Seule la loi peut déterminer les
l’accord collectif ne valide en rien le effectifs (chapitre III du titre II du livre droits et moyens accordés aux IRP.
motif économique, et le juge judiciaire III de la deuxième partie du code du
ne peut pas être lié par cet accord en travail). Cette information-consultation 5. Un socle légal de garanties me-
ce qui concerne le motif économique. reste donc soumise aux règles légales nacé
sans possibilité de dérogation.
2. Déconnexion entre négociation L’ANI est extrêmement flou sur le de-
sur le contenu du PSE et consulta- 3. Focalisation sur le contenu du venir du socle légal de garanties en
tion sur le motif économique PSE au détriment du motif écono- matière de procédure et de contenu
mique du PSE. Une interprétation serait que
L’affirmation ci-dessus est d’autant plus le socle légal de garantie en la matière
vraie que le syndicat négocie unique- De toute évidence, la négociation col- n’existe plus.
ment sur le PSE et qu’il n’est en rien lective sur le volet social prendra le
destinataire des informations sur le mo- pas sur l’information/consultation sur Cette interprétation est tout simple-
tif économique. le motif économique et deviendra alors ment impensable, elle signifierait que :
centrale. C’est pourtant bien l’inverse -- 
L’accord collectif tel que prévu
L’ANI créera en effet une déconnexion que la loi devrait favoriser, car avant de par l’ANI ressemblerait aux ac-
entre le contenu du plan de sauve- savoir à quelle sauce les salariés vont tuels accords de méthode. La
garde de l’emploi, négocié avec les être licenciés, il serait bon de savoir si différence serait cependant de
syndicats, et l’information/consultation l’employeur a le droit de licencier. taille : aujourd’hui, en l’absence
du comité d’entreprise sur le projet de d’accord de méthode, ce sont
restructuration lui-même. Or, les deux 4. Détermination des droits des les dispositions légales qui s’ap-

11
pliquent. Désormais, en l’absence l’accord soit valide. Mais cela signifie pôt. Toute contestation portée par le
d’accord collectif, ce serait un do- tout de même que le droit du licencie- salarié, visant le motif du licenciement
cument unilatéral de l’employeur ment économique est renvoyé au rap- ou le non-respect par l’employeur des
qui s’appliquerait sans minimum port de forces. Le syndicalisme devient dispositions de l’accord, doit être for-
légal. Les marges de manœuvre alors un syndicalisme de régression so- mée dans un délai de 12 mois suivant
de négociation pour les syndicats ciale, ce qu’il n’a pas vocation à être. Il la notification du licenciement. »
en seraient fortement réduites appartient à la loi et non à un état
puisque l’employeur saura qu’en de rapport de forces de déterminer La validité porte sur les conditions de
l’absence d’accord il déterminera les droits minimaux des salariés. forme de l’accord collectif, qui doivent
seul les règles applicables. être contestées dans les trois mois. En
La CGT s’oppose donc à la transcrip- revanche, cela ne doit en rien empêcher
-- 
Le document unilatéral serait tion de l’ANI en l’état. Il est essentiel de un CE ou un syndicat devant le tribunal
certes homologué mais quelle préserver un ordre public absolu, un de grande instance, ou un salarié devant
serait la portée de l’homologation socle légal de garanties en matière le conseil de prud’hommes, de contes-
si le document ne doit obéir à au- de licenciement économique, en des- ter ultérieurement la licéité de l’accord.
cune règle minimum légale ? Le sous duquel il n’est pas possible de L’accord collectif ne saurait en effet être
contrôle du juge porterait unique- déroger, ni par accord collectif et en- privatif du droit d’ester en justice.
ment sur sa conformité aux textes core moins par un document unilatéral.
internationaux. L’employeur aurait D’autre part, le salarié doit pouvoir
donc les mains entièrement libres. 6. Le contenu du PSE contester la validité de l’accord lui-
même, en cas d’absence de réaction
En cas d’accord collectif et en l’ab- des syndicats. Donc, le délai de trois
Toutefois, l’ANI semble devoir s’inter- sence de socle légal minimum, le conte- mois ne doit s’appliquer que pour
préter autrement : nu du PSE pourra être totalement vidé l’action collective, faute de quoi le sa-
de sa substance. larié sera de fait privé de son droit de
En effet, l’ANI précise que : « un ac- contester la validité.
cord collectif signé par une ou plu- Certes, aujourd’hui les accords de
sieurs organisations ayant recueilli au méthode peuvent prévoir la conclu- L’inconvénient majeur restant qu’en
moins 50% des suffrages exprimés sion d’un accord collectif ultérieur sur le l’absence de socle de garanties lé-
au 1er tour des précédentes élections PSE et anticiper le contenu de celui-ci gales, salariés et syndicats ne pourront
professionnelles (titulaires) peut fixer, (L.1233-22 du code du travail). Mais contester le contenu de l’accord qu’au
par dérogation aux dispositions l’accord collectif ultérieur ne peut en regard de dispositions internationales,
concernées du chapitre III du Titre aucun cas déroger aux règles légales ce qui ne permet un contrôle du juge
III du Livre II du code du travail, des existantes sur le contenu du PSE. [NB : qu’a minima.
procédures applicables à un licencie- le champ de dérogation à la loi est de
ment collectif pour motif économique plus beaucoup plus vaste qu’en cas 8. L’homologation administrative
(…) ». Si l’accord collectif peut déroger d’accord de méthode puisqu’on pour- en cas de document unilatéral
aux dispositions du code du travail, cela ra également fixer l’ordre des licencie-
signifie que ces dispositions existent ments et la procédure de licenciement]. Si le législateur souhaite octroyer à la
toujours. Direccte le contrôle d’un document uni-
L’ANI aboutit à ce que désormais le latéral pour lequel l’employeur dispose
Inversement, le paragraphe sur le do- PSE puisse être vidé de toute utilité : d’une telle marge de manœuvre, il se
cument unilatéral ne fait référence à il pourra ne pas contenir de plan doit de fournir à l’administration du tra-
aucune dérogation. Les règles légales de reclassement, ni d’autres mesures vail les moyens d’exercer ce contrôle.
existantes aujourd’hui continueraient visant à éviter les licenciements. Il n’au- Dans une période de restriction bud-
donc à s’appliquer et l’employeur ne ra plus l’exigence d’être suffisant au gétaire où la Direccte n’a déjà pas les
pourrait y déroger. Cela paraît être une regard des moyens de l’entreprise ou moyens d’assurer ses missions, il serait
interprétation plus vraisemblable. du groupe. Le socle légal actuel doit surprenant qu’un budget supplémen-
donc être maintenu et notamment les taire lui soit alloué. L’homologation est
En revanche, cela signifierait que par ac- articles L.1233-61 et suivants du code un système de contrôle qui a déjà été
cord collectif, syndicats et employeurs du travail relatifs au contenu du PSE. prévu pour la rupture conventionnelle.
peuvent déroger à la loi in malus, ce qui Or, force est de constater que cette ho-
n’est pas souhaitable car le contrôle du 7. Le recours au juge judiciaire en mologation est le plus souvent virtuelle
juge judiciaire sera inefficient si l’accord cas d’accord collectif en raison de l’absence de moyens.
collectif peut convenir de ce que bon
lui semble : le juge judiciaire devra se Il faudra veiller à ne pas confondre La CGT s’interroge sur la portée de
contenter d’un contrôle de conformité validité et légalité de l’accord col- l’homologation : l’homologation se
au droit international. lectif. En effet, l’ANI précise : « Toute contente-t-elle de vérifier la régularité
action en contestation de la validité formelle ou opère-t-elle un contrôle sur
Certes, les syndicats doivent réunir de l’accord doit être formée dans un la conformité du PSE à la loi (plan de
50% des suffrages exprimés pour que délai de 3 mois à compter de son dé- reclassement interne et externe, suffi-

12
sance au regard des moyens de l’entre- courts pour un salarié. En trois mois il droit communautaire Or, la procédure
prise ou du groupe…) ? semble improbable que le salarié ait eu sera tellement rapide qu’elle ne per-
le temps d’analyser le PSE et de déci- mettra pas d’assurer cet effet utile. Si le
Par ailleurs, la Direccte ne dispose que der d’agir en justice. législateur ne prévoit pas de délais mi-
de 21 jours pour se prononcer : en 21 nimum raisonnables auxquels il sera im-
jours elle doit avoir analysé la situation Il est essentiel que le comité d’entre- possible de déroger in malus, la loi ne
de l’entreprise et le contenu du PSE, prise puisse également saisir le juge sera pas licite au regard des textes
entendu employeurs, syndicats et IRP pour contester l’homologation. communautaires.
et analysé leurs propositions alterna-
tives. Et son absence de réponse Quel sera l’effet d’une annulation de D’autre part, ces délais sont des dé-
vaudra homologation. Ces délais l’homologation ? Il est notamment indis- lais « préfix », ce qui signifie que l’on
sont absolument intenables à l’heure pensable de bien préciser qu’en cas ne peut en aucun cas les prolonger ou
actuelle, par conséquent l’homologa- d’annulation de l’homologation pour les interrompre. On ne pourra donc
tion sera quasiment systématique. cause de PSE insuffisant le licencie- plus suspendre ou interrompre la pro-
ment du salarié sera nul. cédure d’information/consultation ni la
En outre, il faut préciser quel est le juge procédure de mise en œuvre du PSE.
compétent en cas de contestation de Enfin, cette homologation risque d’être Exemple : si l’employeur fournit au CE
l’homologation. La juridiction adminis- une occasion de déresponsabiliser une information incomplète et que le
trative a jusqu’ici très peu tranché en l’employeur. Comme c’est déjà le cas CE décide de saisir les tribunaux pour
matière de licenciement économique. en matière d’autorisation administrative faire ordonner la remise d’informations
Elle est donc peu au fait des probléma- de licenciement des salariés protégés, complètes, les délais de déroulement
tiques en la matière. l’employeur pourrait, en cas d’annula- de la procédure ne pouvant être inter-
tion d’une homologation, demander rompus, les salariés seront licenciés,
De plus, la procédure est beaucoup des dommages et intérêts à l’Etat parce l’employeur ne sera pas tenu de re-
plus longue et lourde que devant qu’il aura licencié sous validation de la prendre la procédure.
la juridiction judiciaire. Et la saisine du Direccte.
juge des référés sera quasi impossible. De la même manière : si des droits fon-
Cela est parfaitement contraire à toute 9. Des délais déraisonnables damentaux sont violés par l’accord
la logique qui sous-tend le droit du tra- collectif, il est aujourd’hui possible de
vail, censé protéger la partie faible au En cas d’accord collectif, il pourrait ne saisir le juge à tout moment pour faire
contrat. Il est absolument nécessaire, pas exister de seuil minimum pour les suspendre la procédure illicite avant
pour que les obligations de l’employeur délais d’information/consultation. Syn- que les salariés ne soient licenciés. Dé-
ne soient pas purement fictives, que le dicats et employeurs pourront donc sormais cela ne sera plus possible.
salarié ait un véritable accès à une jus- se mettre d’accord pour fixer une pro-
tice gratuite, rapide, et simple d’ac- cédure à quelques semaines, pourquoi Cet emprisonnement du pouvoir du
cès. L’obligation de saisir le juge admi- pas à quelques jours. Si la procédure juge et cette possibilité laissée à l’em-
nistratif ne répond pas à ces besoins. est fixée par un document unilatéral, ployeur de violer de manière « effi-
l’ANI prévoit des délais en dessous cace » des droits fondamentaux pa-
Le salarié, afin de ne pas subir la pres- desquels l’employeur ne peut pas raît hautement inadmissible. Elle rend le
cription de son droit d’agir en justice descendre, mais ils sont extrêmement droit d’accès au juge non effectif.
pour contester son licenciement, de- courts : en 2 mois l’employeur pour-
vrait d’autre part saisir en parallèle ra achever sa procédure et licencier 10. Le reclassement
le conseil de prud’hommes. Ce- jusqu’à 99 salariés, en 4 mois il pourra
lui-ci surseoira à statuer dans l’attente en licencier 1500… L’ANI prévoit que, par accord collectif,
de la décision du juge administratif, ce pourra être fixée la date à laquelle la
qui augmentera d’autant les délais de D’autre part les délais d’expertise procédure de reclassement interne dé-
procédure du salarié, qui attendra des pourront également être réduits. butera. Pour le document unilatéral, le
années avant que son litige ne soit tran- reclassement commence une fois l’ho-
ché. Ces délais ne sont absolument pas rai- mologation obtenue. Cela signifie que
sonnables. Le CE ne peut pas, dans l’employeur pourra commencer la pro-
Cela entraînera inévitablement une ces délais, recourir à une expertise sé- cédure de reclassement avant même
complexification et un coût plus rieuse, analyser les documents et pro- que la procédure d’information/consul-
élevé des procédures (deux juges poser des solutions alternatives. Ces tation ne soit achevée. Les salariés de-
au lieu d’un) alors que la création d’un règles ont pour objectif d’accélérer les vront donc accepter un reclassement
bloc de compétence au juge judiciaire, licenciements, et d’empêcher les sala- avant même de savoir s’ils sont visés
comme cela est le cas en matière de riés d’être correctement informés et de par les licenciements et ce que pré-
rupture conventionnelle, éviterait cet se mobiliser pour la défense de leurs voit le plan de sauvegarde de l’emploi.
écueil. droits. Finalement, les reclassements auront
commencé alors même que l’employeur
Par ailleurs, les délais de saisine du Cependant, l’information- consultation sera en pleine information/consulta-
juge administratif sont beaucoup trop doit avoir un « effet utile », selon le tion : rappelons que cette dernière a

13
pour objet de permettre l’expression Définition plus restreinte du motif Interdiction totale des ruptures
de l’avis des représentants des salariés économique qui doit être strictement conventionnelles pour motif écono-
avant que la décision finale de licencier limité aux difficultés économiques mique.
ne soit retenue. Une fois encore, cela graves mettant en cause la survie de
porte atteinte à l’effet utile de l’in- l’entreprise. Mettre fin à la concomitance des
formation/consultation (directive procédures d’information/consultation
98/59). Véritable droit au reclassement des livres 1 (volet social de la restruc-
pour les salariés, élargi à toutes les turation) et 2 (volet économique).
11. Article 23 : les compétences entreprises du groupe, de la branche
professionnelles ou du bassin d’emploi. Droit à expertise étendu au volet
économique.
La loi du 17 janvier 2002 (gouverne- Sanctionner l’absence de justification
ment Jospin) avait interdit ce critère économique d’un licenciement et l’in- Élargissement du droit d’alerte.
qui avait été à nouveau autorisé par suffisance des recherches de reclas-
une loi du 18 janvier 2005 (gouverne- sement par la nullité du licenciement. Améliorer l’obligation de revitalisa-
ment Raffarin). tion des bassins d’emploi, véritable
Droit d’intervention des comi- moyen de redynamiser l’économie lo-
La disposition de l’ANI vise à autori- tés d’entreprises leur permettant de cale.
ser désormais légalement l’employeur suspendre la procédure de licen-
à privilégier les compétences profes- ciement si le motif économique est Créer légalement la notion de co-em-
sionnelles sur les autres critères, ce inexistant. Droit suspensif également ploi en matière de licenciement écono-
qu’autorisait déjà la jurisprudence. lorsque l’employeur refuse de mettre mique.
en œuvre des propositions alterna-
Mais ce critère est fortement subjectif et tives alors qu’elles protègent mieux Rendre la société-mère respon-
ouvre la porte à tous les arbitraires (dis- l’emploi que le projet de l’employeur. sable lorsqu’elle organise la faillite de
crimination, inégalités de traitement etc.). sa société.
Encadrement des plans de dé-
12. Les propositions de la CGT part volontaires qui doivent suivre Obliger l’employeur qui ferme un site
le même régime que celui des licen- rentable à accepter des offres de re-
Afin de redonner un vrai sens à la sé- ciements économiques (recherche de prise.
curisation de l’emploi, la CGT a émis reclassement, possibilité de contester
diverses propositions : le motif économique…)

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15
temps partiel
Article 11 – Travail à temps partiel -- la durée minimale d’activité est fixée à 24h par semaine,
(à l’exception du cas des salariés des particuliers em-
1. Sans préjudice des accords de branche et d’entreprises ployeurs ou des salariés âgés de moins de 26 ans et
mentionnés à l’accord L.3122-2 du code du travail, concer- poursuivant leurs études). Une durée d’activité infé-
nant le temps partiel, qui ne pourront toutefois pas déroger rieure peut être prévue, à la demande écrite et motivée
au nombre minimum d’heures prévu au présent 2, lissées du salarié, pour lui permettre de cumuler plusieurs em-
sur tout ou partie de l’année, les branches professionnelles ployeurs afin d’atteindre au minimum la durée prévue
qui le souhaitent et les branches professionnelles dont au au présent 2/ ou un temps plein, ou pour faire face à
moins un tiers des effectifs est occupé à temps partiel à la des contraintes personnelles et à condition d’organiser
date du présent accord ou dès lors qu’elles franchissent le le travail de façon à regrouper les horaires sur des jour-
seuil, ouvriront des négociations visant à organiser les mo- nées ou des demi-journées régulières ou complètes1 ;
dalités d’exercice du temps partiel dans les 3 mois suivant
l’entrée en vigueur du présent accord. -- 
les heures de travail, effectuées au-delà de la du-
rée hebdomadaire ou mensuelle du travail prévue au
Les négociations devront notamment porter sur : contrat, sont majorées de 10 % jusqu’à ce que leur
nombre atteigne le 1/10e de cette durée hebdomadaire
-- les dérogations à la durée minimum hebdomadaire ou mensuelle. Au-delà, la majoration est portée à 25%,
ou mensuelle du travail à temps partiel visée au point sans préjudice des articles L.3123-17 et L.3123-18 du
2/ du présent article. Ces dérogations ne sont pos- code du travail. 
sibles que si les horaires de travail sont réguliers ou
laissent la possibilité au salarié, à sa demande, d’être 3. Un accord de branche étendu peut permettre, lorsque le
embauché par un ou plusieurs autres employeurs salarié et l’employeur en conviennent d’augmenter temporai-
afin d’atteindre au minimum la durée visée au 2/ du rement la durée du travail au moyen d’un avenant au contrat
présent article ou un temps plein, à condition d’orga- de travail intitulé « complément d’heures».
niser le travail de façon à regrouper les horaires sur
des journées ou demi-journées régulières ou com- Un accord de branche étendu détermine :
plètes ;
-- le taux de majoration éventuelle des heures incluses
-- le nombre et la durée des périodes d’interruption dans le « complément d’heures »;
d’activité au cours d’une même journée, la répartition
de la durée du travail dans la semaine visant à per- -- les conditions dans lesquelles seules les heures ef-
mettre au salarié de compléter son temps de travail fectuées au-delà de la durée de travail définie par le
chez un autre employeur ; « complément d’heures» ont le caractère d’heures
complémentaires ;
-- le délai de prévenance préalable à la modification
des horaires ; -- le taux de majoration des heures complémentaires, qui
ne peut être inférieur à 25% dès la première heure ;
-- 
la rémunération des heures complémentaires.
Celles-ci sont majorées d’au minimum 10% dès la -- le nombre maximum de « compléments d’heures » par
première heure et dans la limite du quota d’heures an par salarié, qui ne peut en aucun cas être supérieur
complémentaires fixé par les articles L.3123-17 et L. à huit, hors cas de remplacement d’un salarié absent
3123-18 du code du travail. nommément désigné ;

2. Sans préjudice des accords de branche et d’entre- -- les modalités selon lesquelles les salariés à temps par-
prises mentionnés à l’accord L. 3122-2 du code du travail tiel peuvent bénéficier prioritairement des « complé-
concernant le temps partiel, qui ne pourront toutefois pas ments d’heures ».
déroger au nombre minimum d’heures prévu au présent
2, et en tout état de cause et indépendamment des négo- De plus, ces accords pourront également prévoir :
ciations prévues au point 1/, au plus tard le 31 décembre
2013, , les dispositions ci-après s’appliqueront aux sa- -- la mise en place d’une procédure de demande de pas-
lariés qui sont employés à temps partiel dans les entre- sage à plein temps d’un salarié à temps partiel,
prises, quel que soit leur secteur d’activité, non couvertes
par des clauses conventionnelles portant sur les disposi- -- la possibilité pour l’employeur de proposer des em-
tions du 1/ ci-dessus : plois à temps complet de nature différente.

1/ La demande du salarié n’est pas requise pour les salariés embauchés avant l’entrée en vigueur du présent accord, quand l’activité ne
le permet pas.

16
Analyse et critique CGT

L’article 11 apparaît comme une avan- mense majorité des cas, occupés par vail sont sans limite quant à leur propre
cée. En effet, l’accord définit enfin un des femmes ; ainsi, la règle énoncée durée et quant à la durée du travail im-
nombre d’heures hebdomadaires mini- dans l’ANI est discriminatoire (discrimi- posée. 8 avenants pourront être signés
mum pour les salariés à temps partiel nation indirecte à l’égard des femmes). par an, le salarié étant dans un lien de
(24 heures de travail hebdomadaire). subordination l’empêchant de refuser
-- Le temps minimal et ses dé- ces modifications. Les variations du
Mais à y regarder de près, cela tient uni- rogations : inégalités de trai- temps de travail sont donc accentuées,
quement de l’effet d’annonce, puisque tement entre nouveaux en- comment arriver alors à organiser sa vie
les possibilités de défaire ce droit trants et actuels salariés familiale ?
nouveau se multiplient au fur et à me-
sure des alinéas. Ainsi, un accord de L’accord dispose que la durée hebdo- Au passage, cela permettra aux em-
branche peut déroger au seuil minimum madaire d’un contrat temps partiel est ployeurs de ne pas payer ces heures
de 24 heures et le salarié peut, soi-di- au minimum de 24 heures. Cependant, comme des heures complémentaires
sant faire le choix d’y renoncer. une multitude de dérogations est en- (contrairement à la jurisprudence ac-
visagée et parmi elles, une distinction tuelle), ces heures ne seront pas majo-
Finalement, ce dispositif sert surtout à est opérée entre les salariés en emploi rées.
sécuriser l’hyper flexibilité des salariés à et les futurs salariés de l’entreprise. Le
temps partiel en confortant les dispositifs texte est extrêmement ambigu sur ce - l’accord incite les négociateurs
d’annualisation (la modulation du temps point, mais il semblerait qu’en l’absence de branche à discuter du nombre
de travail, etc.) en légalisant des pra- d’accord de branche, la durée minimale et de la durée des périodes d’inter-
tiques précédemment condamnées par d’activité ne s’applique pas aux salariés ruption d’activité. Ceci, alors même
les juges, tels que les avenants contrac- actuellement en emploi. Cela consti- que la législation actuelle limite le
tuels augmentant le temps de travail. tuera une inégalité de traitement entre nombre d’interruption d’activité à
salariés. une seule et d’une durée inférieure
1. Les problématiques juridiques à deux heures. Les accords déro-
soulevées : 2. Le principe de conciliation de geant à cette règle devant prévoir
la vie professionnelle avec la vie des contreparties.
-- 
Le dispositif de majoration familiale et la vie personnelle est
des heures complémentaires directement impacté. Or, l’ANI incite à multiplier les interrup-
est discriminatoire. tions d’activité, alors même que l’on
La modulation du temps de travail est sait que c’est ingérable pour le salarié
L’accord pose la règle suivante (des dé- accentuée par de nouvelles disposi- (la salariée dans la plupart des cas), qui
rogations défavorables sont possibles tions dont l’impact sur la vie privée est ne peut rien faire de ce temps d’attente.
par accords collectifs) : les heures extrêmement lourd. Or, la Charte des
complémentaires seront majorées de droits fondamentaux de l’Union euro- Conclusion :
10% dans la limite d’1/10 d’heure au péenne, dans son article 33 et l’article
delà de la durée contractuelle, puis de 8 de la CEDH, posent le principe de A minima, il faut respecter le principe
25% dans la limite d’1/3 d’heure au-de- la conciliation entre vie familiale et vie d’égalité de traitement et celui de non
là de la durée contractuelle. professionnelle directement invocable discrimination en alignant le régime du
devant les juridictions judiciaires. taux de majoration des heures complé-
Le taux de majoration des heures com- mentaires sur celui des heures supplé-
plémentaires est donc différent de celui Plusieurs mesures de l’accord entrent mentaires.
des heures supplémentaires. Or, la si- en contradiction avec ce droit à une vie
tuation entre salariés à temps plein et à familiale normale : De plus, les 24 heures doivent consti-
temps partiel est comparable, donc rien tuer un réel socle minimum et les modu-
ne justifie cette distinction. De plus, les - les avenants au contrat de travail per- lation du temps de travail doivent être
emplois à temps partiel sont, dans l’im- mettant de faire varier le temps de tra- évitées.

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18
CDII
Article 22 – Expérimenter le contrat de travail inter- Par ailleurs, pour les embauches effectuées dans ce cadre
mittent dans les entreprises de moins de 50 salariés, afin d’éviter des
distorsions importantes en ce qui concerne le montant de
Sans préjudice des accords collectifs existants, les parties la rémunération versée mensuellement, il devrait être ajouté
signataires conviennent de l’ouverture, à titre expérimental, une mention obligatoire dans le contrat de travail intermittent.
aux entreprises de moins de 50 salariés, des secteurs men- Celle-ci préciserait, par référence à l’actuel article L.3123-37
tionnés en annexe au présent accord, d’un recours direct du code du travail, que la rémunération versée mensuelle-
au contrat de travail intermittent (défini aux articles L.3123- ment aux salariés titulaires d’un contrat de travail intermittent
31 à L.3123-37 du code du travail) après information des peut être indépendante de l’horaire réel, et notamment être
délégués du personnel, afin de pourvoir des emplois perma- « lissée » tout au long de l’année.
nents comportant, par nature, une alternance de périodes
travaillées et non travaillées. Les dispositions de l’article Un bilan-évaluation de l’expérimentation sera effectué avant
L. 3123-31 du code du travail devraient être modifiées en le 31 décembre 2014 en concertation avec les pouvoirs pu-
conséquence. blics.

Analyse et critique CGT

Le CDII est un contrat qui implique une Les horaires sont de plus extrêmement lisation de ce type de contrat qui vise
précarisation des salariés encore plus flexibles et mouvants. Le salarié a donc uniquement à dénaturer le CDI.
grande que le CDD. En effet, ce contrat de grandes difficultés à prévoir la ré-
a pour effet de faire travailler le salarié partition des horaires et donc à conci- Par analogie avec les nouvelles disposi-
que quelques semaines ou quelques lier son CDII avec un autre CDII ou un tions sur le temps partiel, les signataires
mois dans l’année. C’est une sorte de autre CDI à temps partiel. auraient dû au minimum prévoir que la
temps partiel modulé sur l’année. Le durée moyenne de travail ne peut être
CDII ne garantit aucune durée minimale Concernant les emplois qui par nature inférieure à 24 h par semaine. Que les
de travail sur l’année. Plus précisément, comportent des périodes travaillées et périodes non travaillées doivent donner
ce volume d’heures minimal doit être non travaillées, il existe déjà un dispo- lieu à une indemnisation qui représente-
prévu dans le contrat de travail : il est sitif : le CDD saisonnier, qui permet au rait 10% du salaire qui aurait été perçu
donc laissé à la négociation de gré à moins de percevoir les allocations chô- sur les périodes non travaillées.
gré, et comme il n’y a pas de socle légal mage quand le salarié ne travaille pas,
ou conventionnel minimum, le contrat ce qui n’est pas le cas avec le CDII.
de travail pourra prévoir un temps de
travail minimum d’une poignée d’heures Pour ces raisons, il est indispensable
par an par exemple ! de ne pas étendre la possibilité d’uti-

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ÉVITEMENT DU JUGE
Article 25 – Faciliter la conciliation prud’homale reau de Jugement, qui doit former sa conviction au vu des
éléments fournis par les parties, et justifier du montant
En cas de contentieux judiciaire portant sur la contestation des condamnations qu’il prononce en réparation du pré-
du licenciement, les parties peuvent, lors de l’audience de- judice subi par le demandeur.
vant le Bureau de Conciliation, choisir de mettre un terme dé-
finitif au litige qui les oppose en contrepartie du versement, Article 24 - Sécurité juridique des relations de travail
par le défendeur au demandeur, d’une indemnité forfaitaire
calculée en fonction de l’ancienneté de ce dernier, et ayant le Les signataires conviennent que la sécurité juridique des re-
caractère social et fiscal de dommages et intérêts. lations de travail peut être compromise si des irrégularités de
forme sont assimilées à des irrégularités de fond.
Cette indemnité forfaitaire vaut réparation de l’ensemble des
Dès lors, ils conviennent d’examiner, avec le concours des
préjudices liés à la rupture du contrat de travail, et son mon-
pouvoirs publics, les cas dans lesquels les irrégularités de
tant est fixé à :
forme risquent de primer sur le fond. Au vue de cette exper-
tise les signataires se retrouveront pour se saisir des éven-
-- entre 0 et 2 ans d’ancienneté : 2 mois de salaire
tuels aménagements nécessaires dans le respect des prin-
cipes généraux du droit et de la Constitution.
-- entre 2 et 8 ans d’ancienneté : 4 mois de salaire
Article 26 - Délais de prescription
-- entre 8 et 15 ans d’ancienneté : 8 mois de salaire
Sans préjudice des délais de prescription plus courts
-- entre 15 et 25 ans d’ancienneté : 10 mois de salaire fixés par le code du travail, aucune action ayant pour
objet une réclamation portant sur l’exécution ou la rup-
-- au-delà de 25 ans d’ancienneté : 14 mois de salaire ture du contrat de travail ne peut être engagée devant
la juridiction compétente au-delà d’un délai de 24 mois 2.
La conciliation intervenue en cette forme a, entre les parties
au litige, autorité de la chose jugée en dernier ressort. Les demandes de salaires visées à l’article L.3245-1 du
code du travail, se prescrivent par 36 mois si elles sont
Toute demande portée devant les prud’hommes 1 est formées en cours d’exécution de contrat.
inscrite au rôle du bureau de conciliation dans les deux
mois de son dépôt au greffe. Si la demande est formée dans le délai de 24 mois sui-
vant la rupture du contrat, la période de 36 mois susvisée
A défaut de conciliation, l’affaire est portée devant le Bu- s’entend à compter de la rupture du contrat.

1/ Exception faite des recours dont la loi prévoit qu’ils sont directement portés devant le bureau de jugement
2/ Ce délai ne s’applique pas aux actions fondées sur une discrimination

20
Analyse et critique CGT

Article 24 – Irrégularité de forme jusqu’à 3 ans de salaire). Le forfait est manquements. A quoi sert le juge, s’il
=> sanction de fond calculé en fonction de l’ancienneté du n’a pas l’obligation de vérifier que l’ac-
salarié. Or, ce critère ne correspond à cord trouvé entre les parties, préserve
Aujourd’hui, dans certains cas, une irré- rien, il est totalement déconnecté les droits de chacune d’elles ?
gularité qu’on appelle « de forme » est des demandes formulées par le salarié,
sanctionnée, non pas par de simples qui sont fonction du préjudice subi. On assistera à une aberration : le sa-
dommages et intérêts, mais par la nul- larié sera mieux protégé s’il signe
lité ou la requalification de l’acte tout De plus, que se passera-t-il pour les une transaction, sans avoir recours
entier. demandes qui ne portent pas sur au juge, puisque en cas de transaction,
la rupture du contrat (unicité de l’ins- l’employeur est tenu de lui verser une
Exemple : Requalification du CDD tance) ? L’acceptation du forfait vaut- contrepartie adéquate, en échange du
en CDI en l’absence de contrat écrit. elle renonciation également à toutes renoncement du salarié à saisir le tribu-
Cette sanction de fond d’une irrégu- les autres contestations ? Il semble que nal. Alors que le salarié, qui accepte le
larité de forme est indispensable à la cette interprétation serait une lecture forfait sous le regard du juge de conci-
sauvegarde des droits des salariés : trop extensive de l’ANI. liation, n’a aucune garantie. C’est une
elle a tout simplement pour objectif de vraie inégalité de traitement !
permettre au salarié de savoir qu’il est Quid également de l’indemnité légale
en CDD, cela paraît relativement essen- ou conventionnelle de licenciement Cet article a pour soi-disant objectif de
tiel ! ? Si l’employeur licencie illégalement revitaliser la conciliation. Or, l’obstacle
son salarié pour faute grave, il ne lui ver- majeur sur lequel bute la conciliation
Autre exemple : si une lettre de licencie- sera pas d’indemnité de licenciement. est en réalité l’absence de comparution
ment contient des motifs imprécis, le li- Les 2 mois de salaire que percevra par personnelle des employeurs, qui em-
cenciement est qualifié de « sans cause exemple en conciliation le salarié qui a pêche toute tentative de concilier. La
réelle et sérieuse ». Si l’on revient sur entre 0 et 2 ans d’ancienneté, seront solution est donc d’abord à chercher
cette sanction de fond, les employeurs alors censés couvrir à la fois l’indemnité de ce côté-là…
pourront licencier sans invoquer de mo- légale et conventionnelle, et l’indemni-
tif précis ou même sans invoquer de té pour licenciement sans cause réelle En réalité, cet article a pour unique
motif du tout. Le salarié n’a alors plus et sérieuse : la somme en est d’autant objectif de revenir sur la jurisprudence
aucune chance de pouvoir contester plus dérisoire. protectrice des droits des salariés :
son licenciement, puisqu’il ne saura
même pas pourquoi il est licencié. D’autre part, l’acceptation du forfait Cass. Soc. 28 mars 2000 n°97-
ne peut pas faire l’objet d’un recours 42419 «la conciliation, préliminaire
Ces irrégularités -dites de forme- sont (or, quid des vices du consentement, obligatoire de l’instance prud’homale,
en réalité tout à fait substantielles et il etc. ?). est un acte judiciaire qui implique
ne peut être envisagé de les sanction- une participation active du bureau
ner uniquement par des dommages et Ce forfait risque fort de devenir la de conciliation à la recherche d’un
intérêts équivalents à un mois de sa- norme, la règle sur laquelle s’appuie- accord des parties préservant les
laire. ront les juges également en bureau droits de chacune d’elles ; qu’en
de jugement, ce qui aura pour consé- conséquence, cet acte, ne peut être
Article 25 – Forfaitisation du préju- quence de léser les salariés et de per- valable que si le bureau a rempli son
dice subi mettre à l’employeur de violer la loi à office en ayant, notamment, vérifié
moindre frais. que les parties étaient informées de
Avant l’audience de jugement, les par- leurs droits respectifs ; que si ces
ties se retrouvent devant un bureau de Cette forfaitisation interroge sur sa lé- conditions de validité du procès-
conciliation. Le juge doit s’efforcer de galité au regard des conventions inter- verbal de conciliation ne sont pas
concilier les deux parties, dans le res- nationales (OIT n°158 art. 10), qui pré- remplies, la juridiction prud’homale
pect des règles du droit et des in- voient que le licenciement injustifié doit peut être valablement saisie ;
térêts de chacun. Le juge ne peut pas faire l’objet d’une « indemnité adé-
léser le salarié de ses droits. quate ». Cela signifie que l’indemnité Et attendu qu’en constatant
doit être conforme au préjudice subi et que le salarié n’avait obtenu en
Or, l’article 25 de l’ANI permet désor- se faire au cas par cas et non pas for- contrepartie de son désistement que
mais aux parties de mettre fin au litige faitairement. des sommes qui lui étaient dues, la
en conciliation, moyennant une contre- cour d’appel a fait ressortir que les
partie forfaitisée d’un montant extrême- D’autre part, cela interroge sur les pou- juges conciliateurs n’avaient
ment faible. Ce sont des sommes dé- voirs du juge, qui devient inactif, consti- pas rempli leur office, en sorte
risoires par rapport à celles qui sont tue une simple chambre d’enregistre- que l’accord constaté par le procès-
habituellement obtenues en justice (les ment des manœuvres de l’employeur verbal de conciliation était nul ; »
dommages et intérêts peuvent monter pour échapper à la sanction de ses

21
Enfin, nous nous interrogeons sur l’utili- La prescription du droit pour obte- D’autre part, certes l’ANI exclut les
té du dernier paragraphe de cet article nir réparation est une réelle injus- actions fondées sur la discrimination,
25 : il ne serait pas envisageable qu’il tice. Dans un contrat à exécutions mais il reste muet sur le harcèlement.
vise à remplacer entièrement l’article successives comme l’est le contrat Or, le harcèlement est considé-
correspondant dans le code du travail de travail, des délais aussi courts ré comme une forme de discri-
(L.1235-1) selon lequel « si un doute sont inadmissibles : tous les 3 ans, mination selon le droit commu-
subsiste, il profite au salarié ». l’employeur est amnistié de ces nautaire. Le harcèlement a ceci de
manquements si le salarié n’a pas particulier qu’il commence de façon
Article 26 - Délais de prescription saisi le juge. Or, on sait parfaitement insidieuse, par les actes successifs,
que les salariés en emploi ne sai- souvent sur plusieurs années. Aussi
La prescription qui était déjà passée de sissent jamais le juge contre leur le salarié met un temps assez long
30 ans à 5 ans en 2008 est aujourd’hui actuel employeur. pour prendre conscience qu’il subit
portée à 24 mois à partir du moment un harcèlement, mais les dégâts, no-
où le salarié « a connu ou aurait dû Ces délais restreints sont contraires tamment sur sa santé, ont des consé-
connaître » les faits lui permettant d’agir à l’article 6§1 de la CESDH qui quences qui peuvent couvrir une pé-
(art. 2224 du code civil). protège le droit d’accès au juge. riode supérieure à 36 mois. Le har-
cèlement doit donc également faire
Concernant les salaires, le délai de Pour l’illustrer, prenons l’exemple du l’objet d’une réparation intégrale,
saisine du juge est également de 24 salarié qui apprend au bout de 7 ans en conformité avec la directive sur
mois, mais en revanche, la réparation qu’il a été désavantagé par rapport les discriminations et le harcèlement.
sur les salaires peut porter sur une pé- à d’autres salariés faisant le même
riode maximum de 36 mois à compter travail que lui dans un autre établis- Faut-il rappeler que le droit du travail
de la saisine du juge. Conséquence : le sement que le sien. Si la justice re- doit protéger la partie la plus faible,
droit civil prévoit une prescription de connaît l’inégalité de traitement, il ne celle soumise au lien de subordina-
5 ans pour tous les versements pé- sera indemnisé que sur 36 mois. tion ? Pourtant l’article 26 n’apporte
riodiques : or, le versement du salaire, une sécurisation que pour l’employeur.
qui est lui aussi périodique, se prescrira En matière de discrimination, un En outre, la justice, pour jouer son rôle
quant à lui par 3 ans. Il est étonnant de doute subsiste : la réparation inté- dissuasif, doit mettre en place des
constater que le droit de travail déroge grale est-elle maintenue (la question sanctions effectives, proportion-
ici au droit civil, à propos d’un contrat se pose puisque la note de bas de nelles et dissuasives. Force est de
où il existe une partie faible à proté- page renvoie uniquement au premier constater qu’avec le raccourcissement
ger, le salarié. Rappelons également paragraphe sur les délais de sai- des délais prescriptions, c’est une
que les créances salariales sont sine) ? Rappelons que la directive diminution des sanctions pour l’em-
juridiquement considérées comme des sur les discriminations impose la ré- ployeur et une moindre réparation pour
créances alimentaires : le salarié en paration intégrale. le salarié.
a besoin pour vivre.

22
info consultation des irp
Article 12 - Information et consultation anticipée des 2. Ce dispositif doit permettre :
IRP
- - u ne présent ation pédagogique par l’employeur
1. Sans attendre la fin des discussions paritaires en cours des options stratégiques possibles et des consé-
sur la modernisation du dialogue social, les parties signa- quences anticipées de chaque option en termes
taires conviennent qu’une base de données unique1 sera d’évolution de l’activité, des métiers impactés, des
mise en place dans l’entreprise et mise à jour régulièrement, compétences requises, de l’emploi, du recours à la
regroupant et rationalisant exhaustivement les données sous-traitance, à l’intérim, à des contrats temporaires
existantes et sans remettre en cause les attributions des ou à de nouveaux partenariats,
représentants du personnel.
-- un débat entre l’employeur et les représentants du
Conformément à l’annexe visée au renvoi 2, cette informa- personnel sur les perspectives présentées,
tion, économique et sociale, remplace l’ensemble des infor-
mations données de façon récurrente aux IRP, sous forme -- un avis rédigé par les représentants du personnel,
de rapports ou autres. Elle revêt un caractère prospectif en commentant les options proposées et formulant le
portant sur les 3 années suivant celle au cours de laquelle cas échéant une option alternative,
elle est établie. Elle est mobilisable à tout moment aussi bien
par les IRP et les délégués syndicaux, dans le cadre de leurs -- une réponse argumentée de l’employeur à l’avis des
attributions, que par l’employeur. élus.

Elle est le support de la préparation par l’employeur de la Dans le cadre de ce dialogue renforcé, l’avis des IRP sur les
consultation des IRP sur les options stratégiques de l’en- orientations stratégiques arrêtées par le conseil d’administra-
treprise et sur leurs conséquences. Elle ne se substitue pas tion est transmis à ce dernier, qui devra en délibérer. Cette
aux informations données aux élus et aux représentants syn- délibération sera portée à la connaissance des IRP.
dicaux en vue de leur consultation sur des événements ponc-
tuels 3. L’effort d’anticipation et d’information sur l’évolution de
l’entreprise suppose un part age d’informations et en-
Elle comprend au moins 5 rubriques, 6 pour les groupes : gage la responsabilité de chaque partie à l’égard de leur
diffusion, afin que le dialogue puisse être constructif et se
- - investissements, fonds propres et endettement tenir dans un climat de confiance.
(emploi et investissement social, investissement ma-
tériel et immatériel), Ce partage d’information doit donc être entouré d’un certain
nombre de garanties, notamment au regard de la confiden-
- - rétributions (salariés et dirigeants) et activités tialité des informations fournies et identifiées comme telles.
sociales et culturelles,
Ainsi, quand l’employeur estime que les informations qu’il
-- rémunération des financeurs, doit donner sont sensibles et doivent rester confidentielles,
il indique aux élus les raisons et la durée souhaitable de ce
-- flux financiers entre la société et l’entreprise (aides re- caractère confidentiel, que les élus sont tenus de respecter.
çues, flux sortants, crédits d’impôts),
4. Les demandes d’information ou d’éclaircissement ne
-- sous-traitance (y compris l’intégration dans la filière), doivent en aucun cas conduire à empêcher la bonne marche
de l’entreprise, y compris le fonctionnement des organes
-- transferts internes au groupe (flux commerciaux et fi- de gouvernance, tel que prévu par le code de commerce
nanciers entre les entités du groupe). (conseil d’administration, assemblée générale, …).

Un accord collectif de branche ou d’entreprise peut adap- A cet effet, compte tenu de l’exhaustivité des informations à
ter le contenu des informations relevant de ces rubriques, disposition des IRP figurant obligatoirement dans le docu-
en fonction de l’organisation et/ou du domaine d’activité de ment unique prévu ci-dessus, un délai préfixe est laissé aux
l’entreprise. IRP par le code du travail – sauf accord entre l’employeur
et l’IRP concernée - pour faire connaître leur avis. Ce délai
Le contenu et les modalités d’utilisation de ce document unique préfix doit être suffisant pour permettre aux IRP d’obtenir les
(ou base de données) – qui, compte tenu des contraintes réponses de l’employeur à leurs questions, et au besoin d’ob-
techniques pesant sur sa mise en œuvre, devra être opération- tenir du juge des référés qu’il statue sur la remise par l’em-
nel au plus tard 1 an après l’entrée en application de l’accord ployeur des éléments d’information que les IRP estimeraient
- font l’objet d’adaptations aux entreprises de moins de 300 manquants. L’absence d’avis des IRP vaut avis négatif.
salariés dans les 12 mois suivant sa mise en œuvre dans les
entreprises de 300 salariés et plus. 5. Outre les cas de recours à l’expertise prévus par le code

24
du travail à la date d’entrée en vigueur financée, sauf accord entre les IRP et té d’entreprise en est informé, dans le
du présent accord, dans lesquels celle- l’employeur, à hauteur de 20 % sur le respect de son obligation de discré-
ci est organisée, en l’absence d’accord budget de fonctionnement des IRP. tion, par le cédant. Il peut émettre un
entre l’IRP concernée et l’employeur, avis sur l’offre de reprise après examen
dans des délais préfix, débutant à la 6. Lorsque l’entreprise envisage, indé- de celle-ci par l’expert- qu’il a désigné
date de désignation de l’expert et aux- pendamment de tout projet de cession, le cas échéant.
quels il ne peut être dérogé sous au- sa fermeture, celle d’un établissement,
cune condition2, et dans la limite de d’un site ou d’une filiale, il convient 7. Pour toute décision de l’entreprise
coûts qui, sauf accord entre les IRP et d’envisager la recherche de repreneurs conduisant à saisir le CHSCT, il est
l’employeur, sont fixés sur la base d’un dès l’annonce du projet de fermeture. mis en place, si plusieurs établisse-
barème établi par le Conseil de l’ordre ments sont concernés par le même
des expert-comptable, en fonction de Le comité d’entreprise est informé et projet, une instance de coordination
l’effectif de l’entreprise ou de l’établis- consulté sur cette recherche. Il peut se ad hoc issue de comités locaux qui,
sement, les IRP peuvent, lorsqu’elles faire assister par un expert-comptable dans les cas prévus par la loi de re-
le jugent nécessaire, se faire accompa- de son choix pour analyser le proces- cours à l’expertise par les CHSCT,
gner par un expert-comptable de leur sus de reprise, sa méthodologie et son fait appel, à une expertise unique.
choix, pour les aider à analyser les infor- ciblage, pour apprécier les informations Celle-ci est réalisée dans le délai
mations mises à leur disposition et avoir mises à la disposition des repreneurs préfix d’intervention de l’expert-comp-
une meilleure appréhension des enjeux potentiels et pour analyser les projets table3 et porte sur l’ensemble des
attachés à la mise en œuvre des orien- de reprise. éléments relevant de la compétence
tations stratégiques de l’entreprise. des CHSCT. Le résultat de cette ex-
Lorsqu’un repreneur potentiel forma- pertise est communiqué à l’ensemble
Cette
1/ Voir mission
documentd’accompagnement
en annexe est lise son intention de reprise, le comi- des CHSCT concernés.
2/ Ces délais préfix doivent être d’une durée suffisante pour permettre la prise en compte des informations nécessaires à l’expertise four-
nies par l’employeur et au besoin d’obtenir du juge des référés qu’il statue sur la remise par l’employeur des éléments d’information que
les IRP estimeraient manquants.
3/ Ces délais préfix doivent être d’une durée suffisante pour permettre la prise en compte des informations nécessaires à l’expertise four-
nies par l’employeur et au besoin d’obtenir du juge des référés qu’il statue sur la remise par l’employeur des éléments d’information que
les IRP estimeraient manquants.

25
Analyse et critique CGT

Article 12 - Information et consul- telles que le recours à un expert en cas de données comprend les comptes an-
tation anticipée des IRP d’introduction de nouvelles technolo- nuels. Doit-on en déduire que la consul-
gies. tation sur ces comptes est en quelque
Les dispositions de l’accord du 11 sorte absorbée par la consultation sur
janvier 2013, relatives à l’informa- b. D
 emain : une source d’informa- les options stratégiques ?
tion-consultation des représentants tion exclusive
du personnel, sont présentées comme En résumé, des garanties doivent être
étant de nature à renforcer l’information Une base de données unique remplace apportées lors de la transcription légis-
des salariés sur les perspectives et les l’ensemble des informations écono- lative sur :
choix stratégiques de l’entreprise pour miques et sociales, données de façon
renforcer la gestion prévisionnelle des récurrente aux institutions représenta- 1. le risque de déperdition des in-
emplois et des compétences. Mais si tives du personnel (IRP), sous forme de formations ; on ne peut accepter par
l’accès à l’information est en apparence rapports ou autres. Cette base serait exemple que des indicateurs tels que le
amélioré, il est loin de permettre à l’en- mise à jour régulièrement. bilan social disparaissent ;
semble des IRP d’y voir plus clair. Et le
patronat obtient en contrepartie un ren- Cette idée est issue de la précédente 2. le devenir du calendrier annuel des
forcement de l’obligation de discrétion négociation sur la modernisation du informations et consultations du comité
des élus et mandatés et l’enfermement dialogue social. Elle avait reçu l’adhé- d’entreprise ;
des expertises dans des délais préfix sion de tous les syndicats. Mais le Me-
sans dérogations possibles. def et les signataires en détournent le 3. le nombre de réunions consacrées
sens. à la consultation sur les options straté-
Ambiguïtés autour du droit à l’informa- giques de l’entreprise, car le traitement
tion et consultation du comité d’entre- Alors que cette base de données de- en une seule réunion annuelle des infor-
prise vrait permettre de présenter, en la syn- mations contenues dans la base risque
thétisant, l’importante documentation de déboucher sur une consultation de
a. A
 ujourd’hui : une informa- remise au comité d’entreprise pour fa- façade ;
tion complète pour faciliter la ciliter sa compréhension par les élus et
consultation mandatés, l’accord en fait une source 4. le CE ne peut rendre un avis négatif
d’informations exclusives. C’est donc implicite ; un avis est ou n’est pas.
La loi énumère une série de documents un faux cadeau fait aux IRP.
que le chef d’entreprise doit communi- Autre point qui nous semble inquiétant :
quer au comité d’entreprise périodique- Cette disposition risque de remettre Un accord collectif de branche ou d’en-
ment ou ponctuellement. Elle impose en cause certaines informations. Notre treprise peut adapter le contenu des
aussi à l’employeur l’élaboration de crainte est aussi que certaines consul- informations relevant des différentes
rapports spécifiques pour le comité, tations régulières du comité d’entre- rubriques, en fonction de l’organisation
en particulier un rapport annuel d’en- prise soient remises en cause car l’ac- et/ou du domaine d’activité de l’en-
semble sur la situation de l’entreprise. cord se garde bien d’en parler. treprise. C’est un premier pas gagné
par le patronat contre la sévérité de la
Les informations et rapports que doit En effet, les informations livrées par la jurisprudence sur la rétention de l’in-
fournir l’employeur au comité d’entre- base de données unique constitueront formation due au comité d’entreprise.
prise ainsi que les informations qui le support de la préparation par l’em- Or, celui-ci souhaite depuis longtemps
accompagnent obligatoirement les ployeur de la consultation des IRP sur remplacer les dispositions légales par
consultations du comité, signifient que les options stratégiques de l’entreprise des accords collectifs moins exigeants.
jusqu’à présent le législateur a voulu et sur leurs conséquences. Il s’agit là
privilégier l’information du comité avec d’une nouvelle consultation. Va-t-elle Points positifs : La base de données re-
l’idée qu’une information complète fa- s’ajouter aux sept consultations an- vêt un caractère prospectif en portant
cilite les consultations dans de bonnes nuelles actuellement existantes ? Va-t- sur les trois années suivant celle au
conditions. elle les remplacer ? Le plus grand flou cours de laquelle elle est établie et il est
règne. Prenons par exemple, le cas des affirmé que les informations ponctuelles
Chaque année le comité d’entreprise comptes annuels de l’entreprise, qui demeurent (par exemple introduction
peut ainsi recourir à un expert comp- fait l’objet aujourd’hui d’une consul- de nouvelles technologies ou opération
table payé par l’entreprise pour l’exa- tation obligatoire avec recours à l’ex- de restructuration).
men des comptes de l’entreprise (1). pert-comptable payé par l’entreprise.
S’ajoutent d’autres expertises légales, L’annexe à l’accord précise que la base Au-delà, nous ne pouvons que consta-

26
ter pour le déplorer un renversement de mandant de certaines informations dé- l’expertise fournies par l’employeur et
tendance du champ d’intervention des cidées comme telles par l’employeur on au besoin d’obtenir du juge des réfé-
IRP du social vers l’économique afin de ne voit pas bien comment ils pourraient rés qu’il statue sur la remise par l’em-
leur faire accepter ou de les associer préparer utilement la consultation. ployeur des éléments d’information que
à une stratégie d’entreprise davantage les IRP estimeraient manquants.
tournée vers les contraintes du marché, On peut aussi se reporter à l’article 6 de
au détriment de la finalité sociale de la directive européenne qui, lorsqu’elle Par ailleurs, la rédaction alambiquée
telles institutions. évoque l’obligation de confidentialité, du paragraphe sur le recours aux ex-
fait référence au caractère nécessaire- pertises, laisse planer un doute si ce
Le renforcement de l’obligation de dis- ment objectif des informations données ne sont pas l’ensemble des expertises
crétion comme confidentielles. existantes qui seront enfermées dans
des délais préfix et à la barémisation
L’obligation de discrétion des élus du En permettant au chef d’entreprise de des coûts de l’expertise. Ce point doit
personnel est renforcée puisqu’il suffira déterminer subjectivement ce qui est être précisé afin d’être mis en accord
que l’employeur déclare que les informa- confidentiel et ce qui ne l’est pas, l’ANI avec l’affirmation du premier para-
tions doivent rester confidentielles pour évacue toute objectivité du caractère graphe de l’article 12 selon lequel « une
que les élus soient tenus de respecter. confidentiel des informations. Ce qui base de données unique sera mise en
C’est un recul car aujourd’hui, l’informa- sera sans doute source de contentieux place dans l’entreprise et mise à jour ré-
tion donnée doit être en plus objective- dans la mesure où les IRP auront in- gulièrement, regroupant et rationalisant
ment confidentielle (ce qui est rarement térêt à saisir le juge des référés pour exhaustivement les données existantes
le cas). En effet, si l’information n’est obtenir la déclassification des informa- et sans remettre en cause les attribu-
pas réellement et objectivement confi- tions données comme confidentielles. tions des représentants du personnel ».
dentielle (par exemple si la presse éco-
nomique l’a déjà rendue publique, ou si Un droit à l’expertise fragilisé Même ambiguïté lorsque le comité
l’information est déjà connue du person- d’entreprise est informé et consulté sur
nel), la discrétion ne s’impose pas aux a. U
 ne nouvelle expertise en partie la recherche d’un repreneur : il est af-
représentants du personnel. financée par le comité firmé qu’il peut faire appel à un expert.
Il faudrait préciser que celui-ci est à la
Cette disposition constitue une atteinte L’accord institue une nouvelle possibi- charge de l’entreprise.
à la liberté d’expression des élus et lité d’expertise afin d’analyser les infor-
mandatés. Elle vise à limiter l’interaction mations livrées par la base de données b. L
e CHSCT attaqué sur son
entre élus et mandants dans le cadre de unique. Mais cette mission est financée droit à l’expertise
problèmes touchant directement la vie à seulement 80 % par l’entreprise et à
des salariés. Elle doit être mise en rela- 20 % sur le budget de fonctionnement Lorsque l’entreprise compte plusieurs
tion avec une proposition de loi créant du comité d’entreprise. Et la rédaction établissements et plusieurs CHSCT, si
un «secret-entreprise», sur le modèle de l’annexe laisse supposer que cette plusieurs établissements sont concer-
du «secret-défense» (issue d’un député nouvelle expertise remplacera l’examen nés par le même projet, chacun d’entre
de l’ancienne majorité), qui pourrait être annuel des comptes par un expert. Ce eux ne pourra pas décider librement
remise en discussion à l’initiative par point doit être précisé car l’examen an- d’une expertise sur le projet de l’em-
l’actuel ministre de l’économie, et dont nuel des comptes par un expert payé ployeur, mais devra participer à la créa-
les termes généraux visant à protéger le à 100 % par l’employeur ne saurait se tion d’une instance de coordination
secret des affaires, renforcerait encore confondre selon nous avec le recours à ad hoc et faire appel à une expertise
la loi du silence imposée aux IRP. l’expertise dans le cadre de la consulta- unique. Là encore, celle-ci devra être
tion sur les options stratégiques. réalisée dans un délai préfix (le même
Il n’est pas certain que ce renforce- que celui qui serait fixé en cas d’exper-
ment de l’obligation de discrétion soit En outre, cette expertise est enserrée tise comptable). Cet article de l’ANI
compatible avec le droit européen et dans des délais préfix insusceptibles poursuit un triple objectif qui est pour
notamment la directive n° 2002/14 de dérogation, donc de prolongation, nous inacceptable :
du 11 mars 2002 relative à l’informa- ce qui entravera de facto des investiga-
tion-consultation des travailleurs. Selon tions poussées de l’expert (2). Qui plus -- 
il accède aux demandes récur-
ce texte, l’information s’effectue à un est la rémunération de l’expert se fera rentes du patronat pour faire
moment, d’une façon et avec un conte- dans le cadre d’un barème ce qui là en- baisser le nombre et le coût des
nu appropriés, susceptibles notamment core sera source de limitations. expertises CHSCT ;
de permettre aux représentants des tra-
vailleurs de procéder à un examen adé- Conscients sans doute d’une incompa- -- 
il risque de remettre en cause
quat et de préparer, le cas échéant, la tibilité possible avec le droit européen la jurisprudence de la Cour de
consultation. Le tout de façon à confé- (directive n° 2002/14 précitée), les si- cassation selon laquelle, en l’ab-
rer un caractère utile à la démarche. gnataires ont pris soins de préciser que sence d’un CHSCT unique com-
En effet, si le secret auquel sont tenus ces délais préfix doivent être d’une du- pétent pour l’ensemble des sites
les IRP devait avoir pour conséquence rée suffisante pour permettre la prise en concernés, le projet qui excède
de les priver de rendre compte à leur compte des informations nécessaires à nécessairement les prérogatives

27
de chacun des CHSCT impose la Des IRP virtuelles la 1ère année Ainsi, les DP et les membres du CE
consultation de tous les CHSCT seront élus et titulaires de leur man-
territorialement compétents pour L’article 17 sur la mise en œuvre du dia- dat, mais ils ne pourront pas l’exercer
ces sites (Cass. soc. 30 juin logue social dans l’entreprise prévoit pendant 9 mois puisque l’institution
2010, n° 09-13640, CHSCT de que les entreprises se voient accorder sera virtuelle ! Ce qui signifie en pra-
l’UlRD c/ société France Télé- un délai d’un an pour la mise en œuvre tique, que l’exercice effectif de leur
com) ; des obligations complètes liées aux mandat sera réduit de 4 ans à 3 ans
seuils de 11 et 50 salariés une fois les et trois mois. L’ANI invente donc, et
-- il permettra d’accélérer la procé- effectifs atteints en application, des dis- c’est une première, le mandat fan-
dure d’information-consultation positions du code du travail. tôme !
du comité d’entreprise lorsque
celle-ci nécessite que le comité A l’heure actuelle, dès lors que le seuil Par obligations complètes il faut sans
dispose préalablement de l’avis d’effectif a été atteint pendant 12 mois, doute entendre : avoir des élus du per-
du CHSCT pour rendre son consécutifs ou non, au cours des trois sonnel mais ne pas leur laisser disposer
propre avis (3). années précédentes, l’employeur est du nombre minimum d’heures de délé-
assujetti à l’obligation de mettre en gation prévu par la loi puisque l’institu-
Plutôt que renforcer l’institution du place l’institution (DP et CE), ce qui si- tion n’est pas censée fonctionner ; ou
CHSCT en créant un CHSCT central gnifie qu’il doit organiser les élections avoir élu des membres pour le comité
sur le modèle CE/CCE, l’ANI affaiblit et négocier un protocole d’accord pré- d’entreprise mais ne pas être contraint
les compétences des CHSCT au ni- électoral, l’institution commençant à de les informer et de les consulter pen-
veau des établissements alors que pour fonctionner une fois le résultat des élec- dant 9 mois même s’ils devraient l’être
qu’une expertise sur les conditions de tions proclamé (par exemple en cas de licenciement
travail soit efficace (ainsi que la consul- économique).
tation du CHSCT), elle doit être réali- Avec l’ANI, il gagne une année entre le
sée au plus près des réalités locales. moment où il est assujetti à l’obligation Une telle disposition est notam-
et la mise en place effective de l’ins- ment en contradiction avec l’ar-
Compte tenu des risques évoqués plus titution. Pour bénéficier de ce bonus ticle 27 de la charte des droits
haut et des pouvoirs limités de l’instance consenti par les syndicats signataires, fondamentaux de l’U E selon lequel
« ad hoc », la transcription législative doit il devra organiser les élections des re- les travailleurs ou leurs représen-
donc garantir la consultation de chaque présentants du personnel concernés tants doivent se voir garantir une
CHSCT concerné par un projet qui re- dans les trois mois du franchissement information et une consultation en
lève de son domaine de compétence. du seuil d’effectif. temps utile.

28
29
complémentaire santé
Article 1 – Généralisation de la couverture complé- 2.
mentaire des frais de santé
c. A
 défaut d’accord de branche signé avant le 1er juillet
Les parties signataires sont convenues que : 2014, et afin de parvenir à l’objectif de généralisation
fixé au 1er paragraphe du 1°/ du présent article, les
1. Les branches professionnelles ouvriront des négocia- entreprises non couvertes relevant de telles branches
tions avant le 1er avril 2013, en vue de permettre aux salariés ouvriront des négociations dans le cadre de l’obliga-
qui ne bénéficient pas encore d’une couverture collective à tion annuelle de négocier sur la prévoyance prévue à
adhésion obligatoire en matière de remboursements complé- l’article L.2242-11 du code du Travail.
mentaires de frais de santé au niveau de leur branche ou de
leur entreprise, d’accéder à une telle couverture. d. A
 défaut d’accord d’entreprise, les entreprises visées
au premier paragraphe du 2° seront alors tenues, au
Dans le cadre des futurs accords de branche qui seront si- plus tard à compter du 1er janvier 2016, de faire béné-
gnés pour parvenir à cet objectif : ficier leurs salariés d’une couverture collective de frais
de santé couvrant au minimum, pour le seul salarié, un
-- les partenaires sociaux de la branche laisseront aux panier de soins défini comme suit : 100% de la base de
entreprises la liberté de retenir le ou les organismes remboursement des consultations, actes techniques et
assureurs de leur choix. Toutefois, ils pourront, s’ils pharmacie en ville et à l’hôpital, le forfait journalier hos-
le souhaitent, recommander aux entreprises de pitalier, 125% de la base de remboursement des pro-
s’adresser à un ou plusieurs organismes assureurs thèses dentaires et un forfait optique de 100 € par an)4.
ou institutions pouvant garantir cette couverture
après mise en œuvre d’une procédure transparente Le financement de cette couverture en frais de santé sera
de mise en concurrence1. Les accords de branche partagé par moitié entre salariés et employeurs.
pourront définir, quels que soient les organismes
éventuellement recommandés, les contributions dé- 3. Les dispositions visées aux 1° et 2° du présent article de-
diées au financement de l’objectif de solidarité, no- vront obligatoirement respecter la définition des contrats dits
tamment pour l’action sociale et la constitution de solidaires et responsables conformément à la législation et
droits non contributifs. la réglementation en vigueur. Elles devront s’inscrire dans le
cadre des articles R. 242-1-1 à R. 242-1-6 du code de la
-- les accords préciseront, le cas échéant, les cas de dis- Sécurité sociale précisant le caractère collectif et obligatoire
penses d’affiliation tels que définis à l’article R. 242-1- des régimes de protection sociale complémentaire.
6 du code de la Sécurité sociale2.
Les partenaires sociaux demandent aux pouvoirs publics à
Les futurs accords devront impérativement laisser aux en- être consultés préalablement à tout projet d’évolution des
treprises un délai de 18 mois afin de leur permettre de se conditions d’exonérations sociales attachées au financement
conformer aux nouvelles obligations conventionnelles ; mais des prestations de prévoyance prévues à l’article L.242-1 du
en tout état de cause, ces accords devront entrer en vi- code de la Sécurité sociale. En cas de modification de ces
gueur au sein des entreprises concernées au plus tard le conditions d’exonérations sociales, les parties signataires du
1er janvier 2016.3 présent accord conviennent de réexaminer ensemble les dis-
positions du présent article.

1/ Les parties signataires du présent accord décident de constituer un groupe de travail paritaire, dont l’objet sera de définir, dans le délai
de trois mois, les conditions et les modalités d’une procédure transparente de mise en concurrence, tant lors de la mise en place de la
couverture « remboursements complémentaires frais de santé » que lors du réexamen périodique du ou des organismes assureurs dési-
gnés ou recommandés. Ce groupe de travail paritaire sera notamment chargé de fixer les conditions d’élaboration du cahier des charges,
les conditions de publicité et de transparence de cette mise en concurrence, les critères de sélection des offres conformes à ce cahier
des charges et de définir les critères d’évaluation de la gestion du régime collectif lors du réexamen des conditions de la mutualisation.
2/ Ainsi notamment, les salariés couverts par ailleurs par un contrat collectif obligatoire en qualité d’ayant droit, pourraient être dispensés
d’affiliation.
3/ Les parties signataires souhaitent que les branches professionnelles ouvrent, au plus tard à l’issue du processus de généralisation de
la couverture en frais de santé, des négociations en vue de mettre en place un dispositif de prévoyance à l’attention des salariés qui n’en
bénéficient pas.
4/ - sur la base des conditions de remboursement par l’assurance maladie obligatoire (base de remboursement, ticket modérateur…) pré-
vues à la date de signature du présent accord.

30
Analyse et critique CGT

Généralités sur les complé- -- L


 e choix du ou des assureurs se code de la sécurité sociale pré-
fera par l’entreprise et non plus voit qu’en cas de non paiement
mentaires santé
au niveau de la branche ; ou c’est par l’employeur de la cotisation,
94% des personnes en France étaient souvent l’employeur qui décide, l’institution a le droit de dénoncer
couverts en 2009 par une complémen- la mise en place pouvant se faire l’adhésion ou de résilier le contrat
taire santé, tant en individuel qu’en par décision unilatérale de l’em- dix jours après l’expiration du délai
collectif (source IRDES), 4 millions de ployeur, référendum ou accord. de trente jours, le code des as-
personnes restent donc sans complé- Quand le choix des organisations surances prévoit la même chose,
mentaires. syndicales ne lui convient pas, il mais le même article du code de la
prend une décision unilatérale : sécurité sociale ajoute : «Lorsque
Entre 1980 et 2008, le reste à charge article L911-1 du code de la sé- l’adhésion à l’institution résulte
de l’assuré social passe en moyenne de curité sociale. d’une obligation prévue dans une
217g à 549g par personne et par an convention de branche ou un ac-
à prix relatif (éco-santé, compte de la -- C
 ’est un cadeau aux assurances cord professionnel ou interprofes-
santé 2009), soit 80% des dépenses à but lucratif qui sont très pré- sionnel, l’institution ne peut faire
prises en charge en 1980 contre sentes dans les accords d’entre- usage des dispositions du présent
75,5% en 2009. prise, mais peu dans les accords article relatives à la suspension
de branches où on retrouve plutôt de la garantie et à la dénoncia-
Il est donc important de regagner une les mutuelles et les institutions de tion de l’adhésion de l’entreprise
sécurité sociale de haut niveau. C’est prévoyance grâce à la pression ou à la résiliation du contrat. »
ce dont la CGT est porteuse. des syndicats ; Seule la désignation permet cette
garantie.
1. Nous demandons que tous les « Toutefois, ils pourront, s’ils le sou-
salariés soient couverts par une haitent, recommander aux entreprises « Les accords de branche pourront dé-
complémentaire santé. de s’adresser à un ou plusieurs orga- finir, quels que soient les organismes
nismes assureurs ou institutions pou- éventuellement recommandés, les
Nous demandons qu’il y ait obliga- vant garantir cette couverture après contributions dédiées au financement
tion de mettre en place une com- mise en œuvre d’une procédure trans- de l’objectif de solidarité, notamment
plémentaire santé dans toutes les parente de mise en concurrence. ». pour l’action sociale et la constitution
entreprises quelque soient leur de droits non contributifs. »
taille et leur secteur d’activité. -- L
es désignations disparaissent
au profit des recommandations -- A
 ctuellement dans les organismes
Ceci n’est pas écrit dans le texte de (elles ne sont pas reconnues dans à but non lucratif, l’action sociale
l’ANI (les entreprises non soumises le code de la sécu où seules les est financée par les résultats ex-
aux négociations obligatoires et non désignations figurent). Elles n’ont cédentaires des mutuelles ou des
couvertes par un accord de branche aucun effet d’obligation et ne institutions de prévoyance, parfois
semblent exclues du périmètre de l’ap- permettent pas la mutualisation ; une branche propose une partie
plication de l’ANI). en l’absence de mutualisation, la de cotisation pour une action so-
présence de différents assureurs ciale spécifique. Ce n’est évidem-
2. Nous demandons que la opérant sur une même branche ment pas le cas des assureurs à
branche puisse continuer à faire augmentera les coûts et rendra but lucratif où l’excédent sert à
des désignations. difficile le suivi des accords par les rémunérer les actionnaires ;
organisations syndicales. L’accord
« Dans le cadre des futurs accords de de branche avec désignation d’un -- C
 ’est là encore, une cotisation
branche qui seront signés pour parve- ou deux assureurs (mutuelles, ins- mise en place pour permettre au
nir à cet objectif : titutions de prévoyance) permet secteur lucratif de s’aligner en res-
la mise en place au niveau de la pectant des « objectifs de solida-
-- les partenaires sociaux de la branche d’action de prévention rité » sans perdre de la rémunéra-
branche laisseront aux entre- spécifique. (Exemple AG2R au tion des actionnaires, mais le tout
prises la liberté de retenir le ou niveau de la boulangerie, lutte sans obligation de l’entreprise ;
les organismes assureurs de leur contre l’asthme et la rhinite aller-
choix. » gique liés à la farine et caries den- -- L
 es droits non contributifs
taires liées au sucre.). n’existent pas en santé, ils existent
C’est une atteinte à la négociation uniquement en retraite. S’il y a une
collective. -- C
 ’est une non sécurisation des contribution pour des droits, ils ne
salariés. L’article L932-9 du sont plus « non contributifs ».

31
3. Nous voulons que pour les sa- fait journalier hospitalier, 125% de la permet le mieux d’assurer cette ga-
lariés les plus pauvres, lorsque la base de remboursement des prothèses rantie.
cotisation dépasse 10 % de leur sa- dentaires et un forfait optique de 100 L
laire, l’excédent soit pris en charge par an). Pour tous les accords existants, il
par l’employeur. faut exiger que soient mis en place
Le financement de cette couverture en des avenants pour passer de 9 à 12
Actuellement les salariés à temps par- frais de santé sera partagé par moitié mois ; la santé et la prévoyance en
tiels, les apprentis dont la cotisation entre salariés et employeurs. » même temps.
serait supérieure à 10% de leur salaire
ainsi que les bénéficiaires de la CMU-C Pour les entreprises non couvertes par L’avenant N°3 du 18 mai 2009 sur la por-
sont dispensés d’adhésion. L’ANI ne un accord, mais ayant l’obligation de tabilité des droits a été signé par la CGT.
résout pas se problème. Nous voulons mettre en place une couverture santé :
donc que pour ces salariés l’employeur -- U
 n bilan devait être fait au bout
prenne en charge l’excédent. -- L
a participation de l’employeur de 2 ans. Il ne l’a pas été, nous ne
sera de 50%, alors que la savons pas quel pourcentage de
Cela permettra de lutter contre les moyenne nationale est de 57% salariés pouvant en bénéficier l’ont
temps partiels très courts et d’étendre (source INSEE : Guillaume et Ro- accepté, nous n’avons pas de pos-
plus largement la complémentaire santé, chereau, 2011) ; sibilité de contrôle pour savoir si
puisque c’est le souhait des signataires. les employeurs ont systématique-
-- L
 e niveau de prise en charge de ment informés les salariés de leurs
4. Nous demandons que les délais cette complémentaire basique droits. Nous n’avons pas d’élé-
soient raccourcis. est inférieur à ce que la Sécurité ments de comparaison entre les
sociale a estimé nécessaire pour entreprises où une mutualisation
« Les futurs accords devront impérati- la CMU-C : (source : cmu.fr, via a été mise en place et les autres.
vement laisser aux entreprises un délai Amélie) : Nous ignorons comment cela c’est
de 18 mois afin de leur permettre de fait pour les salariés dont les entre-
se conformer aux nouvelles obligations . Optique : Entre 178 L et 428 L prises ont fermé ;
conventionnelles, mais en tout état de pour les verres selon les correc-
cause, ces accords devront entrer en tions, plus 131,35 L pour la mon- -- N
 ous sommes pour la mutualisation,
vigueur au sein des entreprises concer- ture une fois par an, contre 100 L mais comment mutualiser la portabi-
nées au plus tard le 1er janvier 2016». dans le contrat ; lité, quand justement les nouveaux
accords mis en place ne le permet-
-- L
 orsqu’un accord de branche est . Prothèse dentaire : 154,75 L tront plus au sein de la branche ;
signé, il doit passer en commission CMU-C, 125% du tarif sécu soit
d’extension, d’abord à la Direction 136,50 L pour le contrat ; -- L
’avenant N°3 du 18 mai 2009
de la sécurité sociale pour avis, précise que lorsqu’il y a mutua-
puis au ministère du travail. Cela . L’orthopédie occidentale pour les lisation et qu’il existe un accord
va rallonger le temps de mise en jeunes de moins de 16 ans, les santé et un accord prévoyance,
place des accords signés, surtout prothèses auditives et le matériel les deux ne peuvent être disso-
s’ils sont renvoyés à la négociation, médical (canne, pansements …) ciés. Pour les accords mutualisés
ne pouvant être étendus en l’état. sont pris en charge par la CMU-C déjà mis en place comprenant la
et pas par le contrat. santé et la prévoyance, il est im-
-- L
es entreprises concernées ont possible de ne pas étendre en
jusqu’au 1er janvier 2016 pour se C’est vraiment un contrat au rabais ! même temps de 9 à 12 mois les
mettre en conformité. Il risque aussi d’être considéré deux.
comme discriminatoire : dans une
5. Nous exigeons que la complé- même entreprise, des salariés ne -- D
 ans l’avenant cohabitaient
mentaire ne puisse en aucun cas payant pas de cotisations seront deux possibilités : soit la mutua-
être inférieure à la CMU-C mieux protégés que ceux cotisant. lisation, soit le salarié continuait
Les salariés seront incités à prendre de payer ses cotisations comme
« A défaut d’accord d’entreprise, les en- une sur complémentaire où des ni- lorsqu’il était en activité. De ce
treprises visées au premier paragraphe veaux seront mis en place. fait, il avait 10 jours pour renon-
du 2° seront alors tenues, au plus tard cer s’il le souhaitait, à la complé-
à compter du 1er janvier 2016, de faire Article 2 : Portabilité mentaire. Nous avons toujours
bénéficier leurs salariés d’une couver- combattu à la CGT cette pos-
ture collective de frais de santé cou- 6. 6 : Le salarié doit automatique- sibilité lorsqu’il y avait mutua-
vrant au minimum, pour le seul salarié, ment garder sa complémentaire lisation. Le salarié a payé une
un panier de soins défini comme suit : lorsqu’il est mis au chômage, il doit surcote lorsqu’il était en activité
100% de la base de remboursement être préservé en cas de dépôt de pour se couvrir en cas de chô-
des consultations, actes techniques et bilan de l’entreprise. C’est la dési- mage, il doit donc avoir droit à sa
pharmacie en ville et à l’hôpital, le for- gnation au niveau de la branche qui complémentaire santé.

32
33
formation
Article 5 – Création d’un compte personnel de forma- lors que la formation visée correspond à une des prio-
tion rités de formation définie conjointement par les parte-
naires sociaux et les pouvoirs publics, ou accéder au
En vue de franchir une étape supplémentaire en matière de socle de compétences tel que défini par les articles
portabilité des droits à la formation, il est instauré dans les 39 et 40 de l’accord national interprofessionnel du 7
6 mois de l’entrée en vigueur du présent accord, un compte janvier 2009.
personnel sur la base des principes directeurs ci-après :
Le financement du compte personnel de formation fait l’ob-
Le compte personnel de formation possède les trois grandes jet d’une concertation avec l’État et les Régions. Sa mise
propriétés suivantes : en place est conditionnée à un accord sur ses modalités de
financement entre les partenaires sociaux, les Régions et
-- Il est universel : toute personne dispose d’un compte l’État, qui engageront une concertation sur ce sujet dans les
personnel de formation dès son entrée sur le marché plus brefs délais.
du travail et jusqu’à son départ à la retraite ;
Une personne sortie du système de formation initiale sans
-- 
Il est individuel : chaque personne bénéficie d’un qualification peut bénéficier, avant son premier emploi, d’un
compte, qu’elle soit salarié ou demandeur d’emploi) ; compte personnel de formation pris en charge financière-
ment par les pouvoirs publics.
-- Il est intégralement transférable : la personne garde le
même compte tout au long de sa vie professionnelle et Les partenaires sociaux adapteront les dispositions conven-
quel que soit son parcours professionnel. Le compte tionnelles interprofessionnelles en vigueur, impactées par le
n’est jamais débité sans l’accord exprès du salarié et présent article.
ne peut jamais être diminué du fait d’un changement
d’employeur, quel que soit la fréquence des change- Article 6 – Assouplissement des conditions d’accès
ments. des salariés de moins de 30 ans au CIF-CDD

Il est régi selon les principes suivants : Afin de faciliter l’accès des salariés de moins de 30 ans en CDD
au bénéfice d’un CIF, les deux conditions cumulatives fixées par
-- Les droits acquis par le salarié au titre du compte le l’article R.6322-20 du code du travail sont ramenées pour les in-
sont à raison de 20h/an pour les salariés à temps téressés à une seule condition de 4 mois de travail consécutifs
plein1. Des prorata sont effectués pour les salariés à ou non en CDD au cours des 28 derniers mois.
temps partiel ou pour les salariés en contrat à durée
déterminée. Les heures acquises et non utilisées à Article 9 – Développement de la préparation opéra-
ce jour au titre du DIF par le salarié sont réputées ac- tionnelle à l’emploi
quises au titre du compte personnel de formation. Le
compte est plafonné à 120 heures ; Dans le prolongement de l’accord national interprofessionnel
du 7 janvier 2009 relatif au développement de la formation
-- Le compte est mobilisé par la personne lorsqu’elle ac- tout au long de la vie, la professionnalisation et la sécurisa-
cède à une formation à titre individuel, qu’elle soit sala- tion des parcours professionnels, les parties signataires sou-
rié ou demandeur d’emploi ; haitent développer la préparation opérationnelle à l’emploi en
facilitant sa mise en œuvre.
-- 
La transférabilité n’emporte pas monétisation des
heures. Les droits acquis demeurent comptabilisés en À ce titre, les Opca ayant connaissance d›offres d›emploi de
heures, quel que soit le coût horaire de la formation ; leurs entreprises cotisantes et ayant signé une convention
avec Pôle Emploi sur la P.O.E pourront proposer cette for-
-- Le salarié peut mobiliser son compte personnel avec mule, en coordination avec les entreprises intéressées, à des
l’accord de l’employeur. Celui-ci lui notifie sa réponse demandeurs d’emploi sélectionnés par Pôle Emploi.
dans un délai d’un mois. L’absence de réponse de l’em-
ployeur vaut acceptation. l’ accord de l’employeur n’est Cette possibilité est subordonnée:
pas nécessaire lorsque le salarié entend bénéficier
d’un congé individuel de formation. Lorsque le salarié -- pour les Opca de branche à l’autorisation des branches
souhaite mobiliser son compte en dehors du congé professionnelles, donnée après avis de la C.N.P.E de
individuel de formation, l’employeur peut abonder le chaque branche concernée ;
compte du salarié au-delà du nombre d’heures crédi-
tées sur le compte de manière à permettre au salarié -- 
pour les Opca interprofessionnels et interbranches
d’accéder à une formation qualifiante ou certifiante ; (Agefos et Opcalia) à l’avis de la commission paritaire
nationale d’application de l’accord (C.P.N.A.A) consti-
-- Le demandeur d’emploi peut mobiliser son compte dès tuée auprès de l’Opca.

34
Article 14 - Articulation de la négociation sur la ges- -- la mobilité interne visée à l’article 14 ci-après.
tion prévisionnelle des emplois et des compétences
et du plan de formation 2. La consultation annuelle du comité d’entreprise sur les
orientations annuelles du plan de formation sera l’occasion
Encore méconnue dans certains cas ou souvent controver- de s’assurer que ces orientations sont établies en cohé-
sée, la GPEC est avant tout un outil d’anticipation qui peut, rence avec le dispositif de gestion prévisionnelle des em-
si l’on en fait bon usage, concilier besoins de performance plois et des compétences mis en place en application de
des entreprises, aspirations des salariés et sécurisation de l’article L. 2242-15.
l’emploi. En outre, la GPEC installe un nouvel état d’esprit de
dialogue entre la direction et les IRP. Un accord GPEC doit 3. Les branches professionnelles ou les entreprises met-
accompagner la vision stratégique à moyen et long terme de tront en place les dispositifs adaptés pour permettre aux
l’entreprise et contribuer à l’évolution de la carrière des sala- sous-traitants, dont l’activité dépend majoritairement du
riés, notamment à travers la formation. donneur d’ordre, d’anticiper les évolutions résultant des
options prises par ce dernier. A cet effet, elles s’attache-
1. Prenant appui sur les informations disponibles dans la base ront à une meilleure information des sous-traitants par les
de données unique visée à l’article 11 ci-dessus, la négocia- donneurs d’ordres qui pourront associer en partie ceux-ci à
tion visée à l’article L.2242-15 du code du travail est étendue leur GPEC.
à la mise en perspective des parcours professionnels.
4. les parties signataires attirent l’attention des entreprises
Outre les éléments déjà prévus par ledit article, cette négo- dotées de délégués syndicaux, non assujetties aux dispo-
ciation inclut : sitions de l’article L.2242-15 du code du travail, sur l’inté-
rêt qui s’attache, tant pour elles que pour leurs salariés, à
-- les grandes orientations du plan de formation ; l’ouverture de négociations telles que celles prévues audit
article.
-- les perspectives d’utilisation des différentes formes de
contrat de travail ; 5. Au niveau territorial, les organisations syndicales repré-
sentatives de salariés et d’employeurs s’attacheront à en-
-- 
les contrats de génération, pour les entreprises et tretenir un dialogue social actif destiné mettre à la dispo-
groupes d’entreprises visés à l’article 1 de l’accord na- sition des TPE et des PME les informations susceptibles
tional interprofessionnel du 19 octobre 2012 relatif aux de leur être utiles en matière d’évolution de l’emploi et des
contrats de génération, besoins de compétences.

1/ Lorsque des dispositions conventionnelles plus favorables à l’accumulation des heures de DIF existent, elles s’appliquent automatique-
ment au compte personnel de formation.

35
Analyse et critique CGT

Article 5 – le compte personnel comme dans le public) ? Il est dit d’exercice.


« toute personne » mais aucune
Comme de nombreux journalistes spé- définition de la personne dont il La mobilisation du compte personnel
cialisés de la formation professionnelle est question n’est proposée. par le demandeur d’emploi est stricte-
l’ont souligné, le compte personnel tel ment encadrée, notamment par « des
que décrit dans l’accord du 11 janvier -- pour assurer l’universalité, il faut priorités de formation définies conjoin-
2013 aspire (fait disparaître) le DIF ac- un cadre légal inscrit dans la hié- tement par les partenaires sociaux et
tuel auquel il se substitue. Qui plus est, rarchie des normes. C’est donc la les pouvoirs publics ». Or, il n’existe
le DIF est le seul ingrédient alimentant loi qui doit l’installer, mais à quel aucune modalité de négociation et de
le compte ce qui présente ce dernier niveau, si l’on veut couvrir aus- définition des dites priorités et rien n’est
comme un substitut de DIF. si bien les salariés de droit privé dit à ce sujet.
et les agents des fonctions pu-
L’alimentation du compte personnel bliques? Voire au-delà, les profes- Cette définition de priorités codétermi-
issu de l’ANI n’est constituée que de sions libérales et les non salariés. nées par les organisations syndicales,
l’équivalent du DIF actuel mais avec patronales et les pouvoirs publics est à
une dégradation de la liberté de mise -- le caractère individuel du compte rapprocher de la dernière délibération
en œuvre, spécifiquement en terme de personnel doit être associé à des adoptée par le CPNFP2 à l’initiative du
portabilité à l’occasion de l’arrivée dans droits attachés à la personne ga- MEDEF (non signée par la CGT) qui
une nouvelle entreprise. Alors que le sa- rantis collectivement. Se pose appelle à une négociation régionale
larié peut aujourd’hui utiliser les moyens alors la question de la libre utili- permettant de définir les stratégies de
liés aux heures de DIF dont il disposait sation de ces droits par le déten- formation des demandeurs d’emploi. La
lors de la rupture de son précédent teur du compte. Or, le texte im- délibération allant même jusqu’à récla-
contrat pour financer une action de for- pose l’agrément de l’employeur mer la prévalence de l’accord régional
mation en dehors du temps de travail pour l’utiliser et la mobilisation sur les décisions du CA national de
contre l’avis de son nouvel employeur, systématique pour tout accès Pôle Emploi.
le compte personnel ne peut être utilisé à une formation individuelle (ne
qu’avec l’accord de l’employeur. le sont-elles pas toutes ?) aussi La mise en place du compte personnel,
bien pour un salarié que pour un avant même que les travaux engagés
L’article 5 définit trois grandes priorités demandeur d’emploi. par le CNFPTLV3 sur un compte indivi-
que la CGT peut adopter (et même en duel, à la demande du ministre Thierry
proposer l’application pour d’autres -- 
la transférabilité intégrale vient Repentin ne soient rendus (ils sont
dispositifs ou droits) : il se veut univer- simplement compléter les ingré- prévus pour mars 2013), est condition-
sel, individuel et intégralement transfé- dients de la portabilité définis née par la détermination et l’adoption
rable tout au long de la vie. Il ne faut dans l’ANI du 5 octobre et la loi des modalités de financement dans le
pas oublier que le droit à la formation du 24 novembre 2009. Le fait de cadre d’une convention pluriannuelle
est inscrit dans le préambule de la conserver le décompte en heures engageant à la fois le paritarisme, les
constitution française de 1946 : « La sans poser la question de leur va- Régions et l’État.
nation garantit l’égal accès de l’enfant lorisation est une bonne chose, à
et de l’adulte à l’instruction, à la forma- condition que le taux horaire des Si l’idée est de créer les conditions
tion professionnelle et à la culture ». Il formations accessibles à l’aide d’une utilisation massive du compte
est associé au droit à l’emploi, lui aussi du compte ne soit pas plafonné personnel, l’enjeu est de taille en termes
inscrit dans le préambule de la consti- par ailleurs, ce qui pourrait por- de financements. Une rapide évaluation
tution, ce qui donne à la formation pro- ter le risque d’une minoration de du financement d’une utilisation totale
fessionnelle une de ses finalités : former valorisation par rapport aux 9,15 des droits acquis annuellement4 laisse
le travailleur1 (en même temps qu’elle euros actuels. dubitatif vis-à-vis de financements de-
doit contribuer à former l’Homme et le vant provenir des pouvoirs publics dans
citoyen. -- enfin, le DIF est d’abord un droit le contexte actuel de réduction généra-
d’initiative laissé au libre arbitre lisée des budgets. L’Etat est plus enclin
Quelques questions restent à régler : de la personne qui en dispose. Le à ponctionner les fonds mutualisés de
report sur un compte personnel la formation que de les abonder (même
-- 
l’universalité doit-elle concerner fait disparaître cet aspect alors, si le positionnement du gouvernement
seulement les salariés (dans et qu’au contraire, l’article L6314- pour 2013 montre une rupture avec
hors emploi) ? Ou l’ensemble des 1 définit un droit d’initiative pour ceux de ses prédécesseurs) et les Ré-
travailleurs (toute personne sortie accéder à une formation qui a gions sont confrontées à de sérieuses
de formation initiale dans le privé besoin d’être outillé de modalités difficultés budgétaires.

36
Pour ce qui est des entreprises se pose, 2010, ont été compensés dans le bud- La condition pour que ce type de pro-
depuis la création du DIF, la question get de l’État. Depuis l’arrêt de la com- cessus puisse fonctionner correcte-
de la mise en réserve/provision de son pensation la CGT réclame l’abrogation ment est que les dirigeants d’entreprise
financement. C’est aujourd’hui interdit de l’ordonnance Villepin de 2005 et s’imposent de déposer leurs offres
selon l’ordre des comptables. Si l’in- l’ouverture de négociations sur la par- d’emploi à pôle emploi accompagnées
terdit disparaissait dans le cadre de ticipation des entreprises de moins de des compétences impératives pour oc-
l’absorption du DIF par le compte per- 10 salariés au financement du Congé cuper les dits emplois. Réciproquement,
sonnel, se poserait la question de l’opé- Individuel de Formation (CIF) d’autant pôle emploi devrait réaliser rapidement
rateur en capacité de gérer les comptes qu’elles en sont des consommatrices un inventaire des compétences de la
individuels et leur contenus. De toutes importantes. personne ayant souscrit un CSP afin de
façons il est impératif de définir les mo- pouvoir détecter la proximité avec une
dalités de « portage » des comptes afin Il faut savoir que les fonds actuellement offre d’emploi déposée et en déduire
d’en assurer la transférabilité/portabilité mutualisés et gérés paritairement par la taille de la formation nécessaire. Les
permanente. les FONGECIF et autres OPACIF ou OPCA doivent être mobilisés pour ac-
AGECIF ne permettent de financer – et compagner les dirigeants d’entreprises
Sur un plan général, la CGT s’est décla- donc d’accepter – que la moitié des de- (en particulier des plus petites) dans la
rée contre la notion de « compte » qui mandes déposées. rédaction des offres d’emploi et la dé-
induit la nécessité d’y intégrer des élé- tection des qualifications recherchées.
ments comptables et donc des unités Article 8 – une prime de 1000 euros C’est d’ailleurs une fonction des OPCA
de compte. Les repères CGT en termes servant d’allocation (partielle ?) qui est inscrite dans la réglementation.
de sécurité sociale professionnelle et
nouveau statut du salarié s’appuient La portée de la mesure est très limitée Article 9 – utilisation des OPCA
sur une palette de droits attachés à puisqu’elle concerne les bénéficiaires pour développer la POE
la personne, garantis collectivement, du CSP dans le cadre de l’expérimen-
transférables, cumulables et oppo- tation dite « article 4 » de l’ANI du 31 Cet article n’est pas sérieux même si la
sables. Une notion de « portefeuille » mai 20115 qui concerne actuellement CGT est favorable au développement
nous conviendrait mieux car permettant une quinzaine de bassin d’emploi. de la POE (individuelle comme collec-
d’associer des éléments comptables tive) afin d’amener rapidement à l’em-
(ex : en heures ou en euros) et d’autres Le principe est de couvrir tout ou par- ploi des privés d’emploi et répondre
non comptables, par exemple taillés sur tie des périodes de formation qui dé- ainsi qu’aux besoins de qualification
mesure en fonction des besoins de la passent le droit à indemnisation chô- des entreprises. La montée en charge
personne et de sa situation réelle. mage de la personne en CSP. Il était du renouvellement générationnel d’une
possible d’utiliser le dispositif géné- partie de la main d’œuvre doit être l’oc-
Article 6 – accès facilité au CIF rique de la RFF (rémunération de fin casion de mobilisations de stratégies
de formation) dont dispose pôle emploi de type GPEC dans l’ensemble des en-
C’est une bonne chose pour les sala- pour couvrir les quelques cas concer- treprises, quelle que soit leur taille, no-
riés en CDD ou ayant vécu des CDD nés dans le cadre de l’expérimentation tamment en s’appuyant sur les OPCA.
mais le texte oublie les intérimaires qui article 4.
disposent de règles spécifiques pour Pourquoi pas sérieux ? Le principe de
l’accès au CIF. Les organisations syn- Il aurait été préférable de dégager un la POE est de coordonner plusieurs
dicales et patronales ont décidé ces budget complémentaire pour les dis- acteurs dans le but de répondre à la
derniers jours de rédiger un avenant à positifs de droit commun préexistants fois au besoin de main d’œuvre d’une
l’ANI qui portera spécifiquement sur le plutôt que d’installer une prime dont on entreprise et à celui d’être inclus dans
CIF intérimaire ne sait pas si elle répond au besoin. Qui l’emploi de ceux qui en sont privés. La
plus est, se pose la question de savoir permutation de rôle entre Pôle Emploi
Reste quand même la question du fi- pourquoi le déclenchement des forma- et l’OPCA est préjudiciable à l’équilibre
nancement du CIF qui est loin d’être tions se réalise aussi tard dans le CSP. du système. Nous sommes confrontés
réglée. à un déficit chronique de dépôt des
De façon générale, le fonctionnement offres d’emploi à pôle emploi. Autant il
Les entreprises de moins de 10 sala- du CSP nécessite d’être revu afin de est intéressant d’utiliser les OPCA et
riés ne participent pas au financement vérifier l’existence d’un besoin de forma- leur relation privilégiée avec les entre-
du CIF. tion en début de contrat afin d’inclure prises dont ils collectent les obligations
son financement dans la couverture de financement de la formation, de pro-
En 2005, Galouzeau de Villepin n’a rien générale de l’année de CSP. L’aspect mouvoir la fonction d’appui à la GPEC
trouvé de mieux que de dispenser de formation intervient souvent très tard des OPCA en particulier vis-à-vis des
financement du CIF les entreprises de dans le processus alors qu’en le mobi- petites et très petites entreprises afin
10 à 19 salariés (ainsi que d’une partie lisant dès l’entrée en CSP il serait sans de les aider à détecter les qualifications
du financement de la professionnalisa- doute possible d’utiliser aussi la POE sensibles, voir impératives, pour main-
tion). La perte de financement corres- (préparation opérationnelle à l’emploi) tenir l’entreprise en vie et envisager de
pondant à cette dispense est de l’ordre permettant de ramener rapidement vers la développer, autant il est pénalisant
de 100 millions d’euros qui, jusqu’en l’emploi. de saturer les OPCA par une mission

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qui est naturellement celle du service ment de salariés associé à plan de for- processus GPEC et formation doivent
public de l’emploi. mation individuel visant la montée en les concerner tous.
qualification, programmation de plans
Il faudrait aussi inciter les branches à de formation visant le passage d’ou- Pour ce qui est de la formation, la fré-
être motrices vis-à-vis des entreprises vriers et employés en techniciens, de quence triennale est insuffisante. Au-
qu’elles fédèrent pour susciter un grand techniciens en ingénieurs, etc…) tant travailler sur des plans d’évolution
train d’inscription à pôle emploi des des qualifications pluriannuels est une
besoins immédiats et prévisionnels de Beaucoup d’entreprises, en particulier bonne chose, autant il est impératif de
main d’œuvre associés aux référentiels celles soumises à une cascade de sous les réguler tous les ans afin de tenir
d’emploi et de compétences. Le prin- traitance, sont dans l’incapacité de ré- compte de l’évolution des sciences et
cipe fondateur de cette démarche étant aliser ces opérations pourtant vitales des techniques au fil de l’eau. Le pro-
d’alimenter une visibilité prévisionnelle pour elles, du fait de charges exces- cessus engagé ne peut se contenter
sur le marché de l’emploi permettant, sives ou de conditions financières de d’être un rendez vous tous les trois ans.
notamment aux jeunes, d’anticiper leur sous traitance les empêchant de former Il faut trouver les voix d’un dialogue so-
projet professionnel. leurs salariés. Le risque est d’assister à cial correspondant aux besoins, assurer
la mort de beaucoup d’entreprises et, une réactivité aux aléas de la vie d’une
Article 12 – information/consulta- dans le même temps, d’insuffisance de entreprise.
tion des IRP et lien avec la GPEC niveaux de qualification que la formation
initiale aura du mal à compenser du fait La CGT revendique une négociation du
Une batterie d’informations réparties de l’évolution du tissu des filières pro- plan de formation qui s’inscrit pleine-
en rubriques est listée dans cet article fessionnelles ces dernières années. ment dans un processus GPEC visant
afin de préparer la consultation des IRP. la pleine inclusion dans l’emploi.
S’appuyant sur le texte de l’ANI, le légis- L’aspect formations et qualifications
lateur doit aller plus loin afin d’aborder la doit être intégré dans la palette d’infor- Article 16 – conseil en évolution
question du droit à l’information, l’orien- mations qui doivent être mises à dispo- professionnelle
tation et la qualification inscrits d’ores et sition de l’ensemble des salariés bien
déjà dans le code du travail (L6314-1) et au-delà du seul aspect d’information Cet article pose la question de savoir
associés au droit d’initiative pour suivre consultation dans les entreprises do- quel est l’objectif poursuivi par les si-
une formation. L’ANI prévoit une série tées d’IRP. Une question de fond est de gnataires. Est-il question de créer ou
de données liées aux rémunérations, savoir comment tout salarié quelle que d’accroître le marché du conseil à but
aux flux financiers, aux ratios de gestion, soit la taille de l’entreprise dans laquelle lucratif ? Ou de combler un déficit du
etc… Mais quasiment rien en ce qui il travaille pourra exercer ses droits à in- cadre légal et réglementaire ? Il n’est
concerne la capacité de l’entreprise à ré- formation, orientation et qualification. pas question directement de la création
aliser sa production, encore moins pour d’un droit mais de celle d’un conseil ré-
réaliser celle de demain, c’est-à-dire les Article 14 – articulation négocia- alisé grâce à « la coordination des opé-
qualifications impératives au bon fonc- tion GPEC et plan de formation rateurs publics et paritaires existants
tionnement de l’entreprise. sur l’orientation, la formation et l’em-
La première critique de l’approche ploi » dans chaque territoire (on peut
Comme notre pays est confronté à proposée est de limiter l’articulation penser la région).
une non reconnaissance massive des GPEC-Formation et la négociation à
qualifications, que les compétences laquelle elle peut donner lieu, au entre- Pourquoi avoir créé ce conseil alors
attestées dans la production (de biens prise de 300 salariés et plus. La grande que le code du travail (L6111-3)
comme de service) par les salariés et majorité du salariat échappe ainsi à un énonce que « Toute personne dispose
les agents des fonctions publiques, ne sujet pourtant majeur pour toutes les du droit à être informée, conseillée
sont – dans leur très grande majorité femmes, les hommes et les entreprises. et accompagnée en matière d’orien-
– pas reconnues, validées (voire cer- A minima il faudrait trouver la possibilité tation professionnelle » en précisant
tifiées) et donc pas assez valorisées, d’avoir des processus de négociation que « Le service public de l’orienta-
un véritable chantier est à engager. dans toutes les entreprises disposant tion tout au long de la vie est organisé
Mettre en place une incitation à faire d’IRP et, sans doute, expérimenter le pour garantir à toute personne l’accès
l’état des lieux des compétences dont principe de discussions dans les bas- à une information gratuite, complète
dispose l’entreprise, de celles dont elle sins d’emploi pour les entreprises de et objective sur les métiers, les forma-
aura besoin dans les prochaines an- très petite taille soumises à des aléas tions, les certifications, les débouchés
nées, offre l’opportunité de construire spécifiques. et les niveaux de rémunération, ainsi
des plans de formation préventifs et que l’accès à des services de conseil
anticipatifs. Au-delà des figures impo- La CGT a pour principe de considé- et d’accompagnement en orientation
sées de l’information consultation des rer que la formation doit répondre aux de qualité et organisés en réseaux. ».
IRP, la grande majorité des entreprises besoins des personnes physiques (les Est-il question pour les signataires de
a besoin de faire le point sur ses be- femmes et les hommes produisant l’ANI de concurrencer les prestations
soins de compétences et vérifier dans les biens et les services) et des per- que le SPO doit assurer pour tout le
quelles conditions elle va pouvoir les sonnes morales (les entreprises dans monde ?
obtenir (ex : formation interne, recrute- lesquelles les premiers travaillent). Les

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La référence aux FONGECIF et à son dirigeant dans le cadre de la mise public de l’orientation doit intégrer une
l’APEC est intéressante mais rien n’est en œuvre du droit à l’information inscrit prestation permettant à tout salarié
dit sur la possibilité de faire appel ou dans l’article L6314-1 du code du tra- d’obtenir un conseil en évolution pro-
pas à des opérateurs privés à but lucra- vail ? Se continuer en dehors de l’en- fessionnelle dans ou hors de l’entre-
tif comme cela a été le cas dans le do- treprise (ce qui est décrit dans l’article prise. L’accès à cette prestation doit
maine du placement avec les déboires 16) dans le cadre d’une prestation de être à son initiative, opposable comme
que la dernière note de la DARES sou- service public intégré au service public le sont le droit à la VAE ou au bilan de
ligne à bon escient. de l’orientation et sa déclinaison dans compétences, accompagné d’un droit
la région. d’absence (ex : 24 heures comme pour
Le conseil en évolution professionnelle le BC et la VAE) et être gratuit pour le
n’aurait-il pas dû commencer dans l’en- En conclusion, le cadre d’un conseil en salarié puisque pris en charge dans le
treprise ? S’appuyer sur une liberté évolution professionnelle (information, cadre du service public de l’orientation
d’accès aux informations concernant orientation) est inscrit dans le code et financé par des fonds mutualisés
le devenir décidé pour l’entreprise par du travail. La mise en place du service complétés de fonds publics.

1/ Travailleur au sens de l’article L6314-1 du code du travail


2/ CPNFP comité paritaire national de la formation professionnelle – instance nationale conventionnelle (non inscrite dans la loi) ayant pour
fonction de veiller à la mise en place des ANI formation dans les branches
3/ CNFPTLV conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie
4/ Ont peut estimer que les seuls salariés représentent environ 15 millions de personnes en équivalents temps plein. Chaque personne
alimentant son compte à raison d’au moins 20H par an, c’est de 300 millions d’heures dont il est question. En ne prenant que 10 euros de
l’heure en frais de formation, l’enjeu de financement est de 3 milliards d’euros. Si le compte est réellement universel on peut penser que
l’enjeu sera de 3 à 5 milliards d’euros, soit entre 45 et 80% des obligations de financement de la formation professionnelle incombant aux
entreprises.
5/ Article 4 ANI du 31 mai 2011- A titre expérimental, le contrat de sécurisation professionnelle pourra être ouvert aux demandeurs d’em-
ploi en fin de CDD, en fin de mission d’intérim ou en fin de contrat de chantier visé à l’article L.1236-8 du Code du travail, sur un bassin
d’emploi donné. Le comité de pilotage national définira le cadre et les paramètres de cette expérimentation, en suivra la mise en œuvre de
façon régulière et s’assurera que le coût de cette expérimentation, auxquels les partenaires sociaux conviennent de consacrer une enve-
loppe financière dédiée comprise entre 2 et 3 millions d’euros, ne génère pas de dépassement de l’enveloppe financière globale dédiée au
financement du contrat de sécurisation professionnelle.

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