reese
DOSSIER N°
y 2023
Bccuncece
eae
Les arréts décisifs de la semaine,
ys
Licenciement économique
Critéres d’ordre: la liberté de 'employeur
west pas totale
lWappartint& employeur, en cas de contestation surt'appication des
criteres d'ordre, de communiquer au juge les éléments objects sur
{esquets il s'est appuyé pour aréter son cholx.
ass, so. 18 ant, 2028, 21-19.633 et 21-19675 F-0
En cas de licenciement économique collectif, 'employeur
définit, lorsqu’ils ne sont pas fixés par accord collectf, les,
‘ritéres permettant de déterminer ordre des licenciements
Sontnotammenta prendre en compte: lescharges de famille,
ancieneté, la situation des salariés qui présentent des carac-
{ristiques sociales rendant leur reinsertion professionnelle
particuliérement difficile et les qualités professionnelles,
(C. trav., art L, 1233-5). $i Vemployeur peut pondérer ces
critéres ou en ajouter d'autres, la liberté n'est pas totale.
D'une part, il ui est impossible d’écarter les crtéres légaux
précités (v: Cass. soc, 19 dé. 2007, n*06-43.788 D). D'autre
part, le montage opéré par employeur ne doit pas conduire
‘une application déloyale des critéres, comme le démontrent
ces deux affaires.
Dansla premiere (»*21-19.633), employeur avait pondéré le
critére des charges de famille par tranches dge, en allowant
‘deux points par enfant de moins de six ans, un point par
enfant de sept 4 12 ans, aueun point au-dela, Une salarige
‘ayant qu’un enfant étudiant a charge n’avait ainsi obtentt
aucun point ce ttre, La cour d’appel, approuvée par la Cour
de cassation, lui a donné gain de cause. L’employeur «ne
ddémontrait pas en quoi cette distinction opérée selon age des
‘enfants était pertinente et objectivement justifige quant i la
charge réelle des enfants eu égard a leur Age», avelle décidé.
Dans la seconde affaire (n*21-19,675), c'est Vappréciation
du critére des qualités professionnelles qui était en cause
Lremployeur, pour départager deux salariées pour occuper le
seul poste restant du service administraif, avaittenti compte
ACcuASSER SOUS
yunisprupance (EZ
‘uniquement du niveau de diplome et non de lexpérience
des salariées, qui était équivalente. Mais la cour d’appel a
estimé que «cet élément ne permetiait pas de déterminer
objectivement laquelle des deux salariées état la plus apte
occuper le [...] poste», Partant, «l'employeur avait fait
‘une application inégalitaire et déloyale des critéres d’ordre
relatifs & Vordre des licenciements», L'argument invoqué
par lemployeur, selon lequel il avait intérét a conserver une
linguiste espagnole dans un établissement agricole, n'a en
cffet pas éé considéré comme pertinent. Tlavait déja été jugé
que Vappréciation du critére des qualités professionnelles,
ne pouvait reposer uniquement sur le niveau des diplomes,
‘obtenus (Cass. soe, 17 mars 1993, »° 91-42, 118).
Contrat de travail
Un contrat de prestation d’un expert-comptable
requalifié en contrat de travail
Lexstence une relation de trav salar ne dépend ni dela volonté
‘exgrimée par les partes ni dela dénomination queles ont donnée &
Jeur convention, mais des conditions de fait dans lesquelles est exercée
‘actvts professionnelle,
Un expertcomptable et commissire aux comptes a exercé
son activité pourle compre de sociétés d'un méme groupe en
tant que sous-traitant, pus ans le cadre d'une convention de
prestation de services pendant sic ans. 1 invoquait toutefois
Fexistence d'un contratde taval avec les societés dt grompe.
Une demande accueille avorablement par ls juges du fond
Lacour dappelaen effetconstaté que le plaignant «était sous
la dépendance économique des société du groupe (...] pour
lesquelies il wavailait ttre exclusif sans pouvoir dévclopper
‘une cliente personnelle et qu'il avaitexereé son activité pour
ces sociétés at sein d'un service organisé et sous la subord-
nation du président et gérant des sociétés, qui lui donnait
des directives et instructions. Elle a également relevé «qu'il
n’avait aucune indépendance comme devrait 'avoir un pres-
tataire extérieur et a fait ressortr que les société avaient fait
usage de leur pouvoir de sanction en mettant fin 3 la relation
contractuelle», Une analyse validée parla Cour de eassation.// Les arrétsfeyaqWeyassa
ZOOM
jons sur la majoration due a la victime
en cas de faute inexcusable de l'employeur
Encas de recomalssance dea faut inexcusable deemployeur, a
‘majoaton des indernitéspréwe parle premier ainga de article
452-2 du Code de la sours socal applique &indemnité en
capita aférente accident ou la maladie et non a rentechosie
parla victim en remplacement de indernité en capital.
ass. 2 ci, 26 jan. 2023, w21-16.885 F-8
Les modalités d’'indemnisation de la vietime d’un
accident du travail ou d'une maladie professionnelle
(AMP) an titre de son incapacité permanente dif-
ferent selon le taux d'incapacité. En dessous de 10 ‘,
C'est une indemnité en capital qui lui est attribuée
alors qu’a partir de 10 %, la victime adroit une rente
forfaitaive (CSS, art, L. 434-1 et L. 434-2),
Dans Phypothese of surviennent plusieurs accidents
successifs et que la somme des taux dincapacité per-
-manente est égale ou supérieure & 10 %, deux options
Soffrent & la vietime. Cellei peut ainsi choisir entre:
c-versement d'une rente tenant compte de la ou des
indemnités en capital précédemment versé
~ ou l'attribution d'une indemnité en capital (CSS, at
1 4342).
Comment articuler cette régle avec la majoration dont
doit bénéficier la victime en cas de reconnaissance de
Harcélement
Non-comparution de 'employeur
une audience: la cour d’appel doit
‘examiner les motifs des premiers juges
Sil appartient 8 employeur de user du respect de son
obligation de prévetion du harcélement sexu, son absence
de comparuton devant a cour appl ne dispense pas cate
Juriiction examiner la pertinence des motifs pa lesques le
premier juge s'est déterming pour uger que Femployeur avait
‘satisfait & son obligation de prévention.
ae son, 18a. 202, 21-23.196F-8
(Quel est l'impact de la non-comparution de em-
ployeur défendeur &'instance dappel? La question
était posée la Cour de cassation dans une affaire de
hharcélement sexuel.
En Mespéce, une ambulanciere avait éxé licenciée
pour inaptinide et impossibilité de reclassement. Elle
avait alors sais Ia juridiction prud’homale en nullité
de ce licenciement, faisant valoir que son inaptitude
Grait Ia consequence de faits de harcélement sexuel
de la part de l'un de ses collégues et de manque-
ments de l'employeur 4 son obligation de sécurité.
Le conseil de prud’hommes n’avait cependant pas
été sensible A la totalité de son argumentaire. S'il a
cconsidéré le licenciement sans cause réelle etsérieuse
pour non-respect de la procédure, il a en revanche
‘débouté la salariée sur le terrain de obligation de
sécurité, Mais elle obtient finalement gain de cause en
appel. La raison? L'employeur n’a pas comparua 'au-
dience. Les juges du second degré ont donc retenu,
MARDI V4 FEVRIER 202
la faute inexcusable de 'employeur? Quelle base de
calcul retenir pour la détermination de cette majo-
ration? Une salariée estimait que la reconnaissance
lune faute inexcusable, postérieurement 3 l'option
par laquelle Ia victime avait solicté le versementd'une
Fente, ne remettait pas en cause Voption exercée,
celle-ci revétant un caractére définitif (v. Cass. 2 civ,
14 mars 2019, »'17-27.954 PBN. Elle en déduisait que la
‘majoration devaits'exercer sur larente, conformément
a option choisie par elle, et non sur les indemnités
cen capital. Mais la Cour de cassation n’a pas été de cet
avis; lorsque Tindemnité en capital a été remplacée par
une rente, comme le permetV’article L. 484-2 du Code
de la sécurité sociale, la majoration des indemnités en
raison de la reconnaissance de Ia faute inexcusable
de 'employeur «s'applique a Vindemnité en eapital
afférente &l'accident ow la maladie et non a la rente
‘choisie par la vietime »
La Cour de cassation tire cette conclusion de Particle
452.2 du Code de sécurité sociale quirenvoie au dew
sxieme alinga de [article L. 452-2 duméme code pourla
détermnination du ealeul de la majoration lorsque Vin-
ceminité en capital a été remplacée par une rente. Or ce
dernier prévoitque «lorsqu’une indemnité en capital a
€ié attibuée & lavictime, le montant de lamajoration ne
peut dépasser le montant de ladite indemmnité>. 11 résulte
dde la combinaison de ces textes, que méme dans le cas,
un capital remplacé par une rente, c’estsur labase du
‘capital qu'il convient de ealeuler la majoration.
qu'il n'apportait «aucun élément pour justifier qu'il
aprisune quelconque mesure nécessaire pour mettre
‘un terme A la situation de harcélement avérée subie
parla salariée, alors qu'il en avait connaissance »
Le raisonnement est toutefois censuré par la Cour de
‘cassation, surle terrain de la procédure. En effet, rap-
pelle-tele, lorsque le défendeur en appel ne comparait
‘pas, «le juge ne fait droit aux prétentions et moyens
de Pappelant que dans la mesure of il les estime régu-
Tiers, recevables et bien fondés». Ensuite, «1a partie
‘qui ne conclut pas ou qui, sans énoncer de nouveaux
‘moyens, demande la confirmation du jugement est
réputée s’en approprier les motifs» (CPC, art. 472
et 954). len résulte que «s'il appartient AYemployeur
de justifier du respect de son obligation de prévention
‘du harcélement sexuel, son absence de comparution
devant la cour d'appel ne dispense pas cette juridiction
examiner la pertinence des motifs par lesquels le
premier juge s'est déterminé pour juger que l'em-
ployeur avait satisfat a son obligation de prévention
Lacourd’appelne powait donc retenir une violation
de Vobligation de sécurité sans considérer les raisons
‘qui avaient conduit les juges de premiére instance
estimer que l'employeur avait effectué tout ce qui
était en son pouvoir pour respecter cette obligation.
Ts avaienten effet relevé que la société avait «cessé de
faire circuler dans la méme woiture la salariée et son
collégue des qu'elle a été mise au courant de la situa
tion de harcélement sexuel alléguée», et qu'elle avait
«informé inspection du travail. Hreviendradonc ala
‘cour d’appel de renvoi chargée de rejugerI'afaire de
‘déterminer silaréaction de Pemployeur était sulfisante
pour satisfaire son obligation de sécurité