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LE CONCEPT DE PREFERENCES REVELEES

(DE P.A. SAMUELSON (1947))

I. PRELIMINAIRES

 Définitions des termes clés :

Préférence : jugement ou sentiment par lequel on place une personne,


une chose, au-dessus des autres ; jugement plus favorable.

Révéler : faire connaître, dévoiler, divulguer ce qui était ignoré.

Par extension, Préférences révélées : orientation vers certains choix plutôt


que d’autres que l’on fait connaître.

 Questions soulevées :

A quels agents économiques s’applique ce concept ?


Par quel moyen ceux-ci révèlent-t-ils leurs préférences ?

II. LES CONDITIONS DEVANT ETRE REMPLIES PAR LES


AGENTS (CONSIDERONS LE CONSOMMATEUR)

A) Enoncé :

Dans l’analyse microéconomique, le consommateur est un modèle


(les mots en gras seront définis dans le lexique ci-joint). Ici, pour le
modèle pris en considération, on suppose que le consommateur est
rationnel.
La rationalité d’un consommateur est enfermée dans 3 axiomes. On parle
d’axiomatique des préférences.
Dans l’énoncé des axiomes suivants, on considère 3 paniers de biens A, B,
C.

1. axiome de totalité :
le consommateur doit être en mesure de comparer 2 paniers de
l’ensemble de consommation. Ceci implique qu’il n’y a aucun panier
inclassable par le consommateur. Ainsi, il doit pouvoir dire si pour lui
A>B ou B>A (on parle de relation de préférence stricte)
ou si A=B (relation d’indifférence).
(autre cas : A ≥ B, on parle de combinaison des deux).
2. axiome de réflexivité :
puisque tout panier est indifférent à lui-même, on peut dire qu’il est
préféré à lui-même, ce qui se traduit par A=A (ou A ≥ A). Intérêt
purement mathématique.

3. axiome de transitivité :
celui-ci, énonce que si A est préféré ou indifférent à B et si B est
préféré à C alors A est préféré à C.
Traduction mathématique : si A ≥ B et B ≥ C, alors A ≥ C.

NB : l’importance de cet axiome est dans le fait que si intransitivité il y


avait, on aurait A ≥ B et B ≥ C équivaut à A ≥ B ≥ C≥ A car A ≥ A. Le
consommateur serait alors incapable d’établir un ordre de préférences.

B) Implications de l’axiomatique des préférences  :

D’une part, si 1., 2. et 3. sont vérifiés, le consommateur est


rationnel et peut établir un ordre de préférences (la relation binaire ≥
définit un préordre complet).
D’autre part, si un consommateur, dans son comportement ne vérifie pas,
ne serait-ce qu’une fois, l’un des axiomes donnés, il est déclaré irrationnel
au sens de l’analyse microéconomique et par conséquent, il ne peut établir
un ordre de préférences qui soit valable.

Maintenant que l’on a définit avec exactitude notre consommateur,


intéressons-nous à ce qu’il recherche à travers ses préférences.

III. DE LA RECHERCHE DE LA SATISFACTION A LA REVELATION DES


PREFERENCES.

A) Maximisation de l’utilité :

Comme le révèle le titre de cette partie, le consommateur a pour


fonction objective de maximiser sa satisfaction, c’est-à-dire, son utilité.
On observe deux théories de l’utilité : l’ordinale et la cardinale (cf exposé
de Thomas du mardi 11 Octobre).
En ce qui concerne les préférences, il s’agit de la théorie ordinale de
l’utilité (qui constitue l’approche contemporaine depuis, Pareto,
Samuelson, Slutsky…). Le point de départ de cette théorie est une
représentation des préférences du consommateur qui est une simple
classification (d’où la notion de préordre). Notons toutefois que le concept
de préférences révélées a été pensé pour se défaire de la théorie de
l'utilité.
Toutefois, lorsque ici le consommateur établit un ordre de
préférences (variant d’un individu à un autre), il ne s’agit que d’un
classement de ses orientations. Il s’agit de choix pas directement
observables mais uniquement de la déclaration du consommateur (de
faible importance). Ici, les préférences ne sont pas révélées directement
mais indirectement.

B) La révélation des préférences par le comportement du


consommateur :

Les préférences n’étant pas révélées directement par la simple


affirmation du consommateur qu’il préfère un bien économique à un autre,
qu’est-ce qui implique la révélation ?

Réponse : l’échange.

En effet, un consommateur peut dire qu’il préfère les


cerises (C) aux pommes (P). Il établit ici un ordre de préférences tel que
C>P. Toutefois, il se peut que le consommateur achète des pommes plutôt
que des cerises, parce que les cerises sont plus chères. Le choix ne se fait
pas uniquement selon les goûts mais aussi selon les ressources possédées
et le coût d’opportunité. L’échange du consommateur révèle qu’il préfère
réduire sa satisfaction pour obtenir du pouvoir d’achat. Il s’agit donc bien
d’une préférence révélée, révélée par l’échange.

NB : on retrouve ici l’idée de maximisation de l’utilité par le gain. En effet,


le consommateur sacrifie un peu de sa satisfaction en achetant des
pommes, mais il gagne la différence de prix avec les cerises.

C) Etendue au producteur:

Comme le consommateur, le producteur révèle ses préférences dans


l'échange. Soit un producteur A qui vend un bien 210€ mais est près à
baisser son prix à 100€ et un consommateur B qui achète potentiellement
ce bien à 120€ mais jamais au-dessus de 200€. Après négociation, ils
tombent d'accord sur le prix de 140€. On a alors A qui révèle qu'il préfère
de l'argent (bien que moins de son optimum) à son bien et B qui révèle
qu'il préfère sacrifier de son pouvoir d'achat pourvu qu'il acquiert ce bien
utile pour lui.

III. LES AXIOMES DES PREFERENCES REVELEES

A) Axiome faible des préférences révélées:


Si X est directement révélé préféré à Y, alors il n'est pas possible
que Y soit directement révélé préféré à X.

B) Axiome fort des préférences révélées:

Si X est directement ou indirectement révélé préféré à Y, alors il


n'est possible que Y soit directement ou indirectement révélé préféré à X.

C'est 2 axiomes peuvent paraître redondants mais importants car on


peut ainsi déduire une préférence simple à partir d'une préférence
révélée.

C) Utilité des préférences:

Les agents économiques (notamment le consommateur) peuvent


dire si, pour eux, A=B ( A et B deux paniers de bien). On peut dès lors
tracer des courbes d'indifférences (cartes d'indifférence) relatives à
chaque individus. Voici un exemple

y
Sur cette carte d'indifférence sont représentées 3
A courbes d'utilité u0, u1, u2. Lorsqu'on se déplace
sur l'une d'entre elle, l'utilité du consommateur
B ne varie pas. Ainsi sur u2, on note la même
U 2
satisfaction en A qu'en B. En revanche, lorsqu'on
U 1
change de courbe, l'utilité augmente à mesure
U 0
que la courbe se déplace vers le Nord-est du
x graphique. Ainsi, l'utilité du consommateur est
plus grande en u1 qu'en u0 et en u2 plus qu'en u1.

RECAPITULATIF

Un agent économique rationnel est capable d'établir un ordre entre


ses différentes préférences. Toutefois, cet ordre est indirectement révélé
(intérêt non fondamental). Pour que les préférences de celui-ci soient
directement révélées, il faut donc impérativement qu'il y ait échange sur
un marché par lequel l'agent économique cherche à maximiser son utilité.
Ceci implique que le concept de préférences révélées est présent dans la
vie quotidienne de tout individu et c'est en cela que Samuelson dira que le
consommateur vote tous les jours lorsqu'il achète, en considérant que
1€=1 vote. Le marché est donc, d'une sorte, un lieu démocratique
marchand.
(précisons tout de même que le démocratique y a ses limites sachant que
chaque individu ne possède pas le même nombre d'euros et donc de
votes)
ANNEXE

LEXIQUE:

Modèle: série d'hypothèses permettant à la fois d'expliquer et de prédire


le comportement d'une variable ou d'un agent.

Axiome: vérité indémontrable mais évidente pour quiconque en


comprend le sens et considérée comme universelle.

Utilité: capacité que possède un bien à satisfaire un besoin

BIBLIOGRAPHIE:

● P. Ricard, Elément de microéconomie, théorie et application,


Montchrestien, 6ème édition, 2002, chap. 2.
● Samuelson et Nordhaus, Economie, Economica, 16ème édition, 2000,
annexe 5.
● F. Aprahamian, A. Bertrand, D. Besancenot, J-B. Ferrari, K. Huynh,
Microéconomie, Grand Amphi Economie, Bréal, 1999, chap. 1, point B.
● B. Bernier, H-L. Védié, Initiation à la microéconomie, Dunod, 2002,
chap. 2.
● D. Begg, S. Fischer, R. Dornbish, Micro économie, Dunod, 2002, chap.6.

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