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ÉLABORATION D'UN QUESTIONNAIRE D'INVESTIGATION DES

MÉCANISMES DE DÉFENSE CHEZ LES SOIGNANTS (QIMDS)

Marie-Louise Costantini-Tramoni, Jean-Baptiste Lanfranchi, Anne Lancelot

Groupe d'études de psychologie | « Bulletin de psychologie »

2010/5 Numéro 509 | pages 335 à 349


ISSN 0007-4403
DOI 10.3917/bupsy.509.0335
Article disponible en ligne à l'adresse :
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bulletin de psychologie / tome 63 (5) / 509 / septembre-octobre 2010 335

Élaboration d’un questionnaire


d’investigation des mécanismes
de défense chez les soignants (QIMDS)
COSTANTINI-TRAMONI Marie-Louise*
LANFRANCHI Jean-Baptiste*
LANCELOT Anne*

INTRODUCTION l’interruption des tâches, l’ambiguïté des rôles


professionnels... C’est un facteur qui a déjà fait
Le personnel soignant est actuellement confronté
l’objet de multiples recherches, et nous ne nous y
à de multiples contraintes générées par l’idéal
attarderons pas dans cet article. En revanche, nous
scientifique dominant, l’organisation complexe et
nous intéresserons au facteur intrapersonnel, proba-
tayloriste des soins, et la réalité médico-psycho-
blement le plus difficile à aborder, tant l’intrication
sociale singulière du patient : « Au cours des deux
avec les autres facteurs est importante. Freuden-
dernières décennies, la profession infirmière a
berger (1974), cité par Delbrouck (2003, p. 166), a
vécue une forte mutation [...] S’ensuit, une inten-
envisagé le syndrome d’usure professionnelle
sification du rythme global du travail infirmier [...]
comme relevant d’un Idéal du moi exacerbé :
Ces mesures n’ayant pas été assorties d’une
« Cette maladie atteint des gens qui s’engagent à
augmentation de la dotation en personnel, les infir-
fond dans tout ce qu’ils entreprennent, qui éprou-
mières se plaignent du fait que leurs tâches soient
vent d’ailleurs pendant longtemps,une profonde
devenues un travail à la chaîne à l’origine de fatigue
satisfaction et qui ont témoigné jusque-là d’une
et de frustration. » (Delbrouck, 2003, p. 167). Ces
énergie à revendre ». Le syndrome d’usure profes-
conditions de travail difficiles ont des effets délé-
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sionnelle met en jeu l’idéal du moi du soignant
tères sur l’intégrité physique et psychique des
dans son engagement excessif auprès des patients.
soignants et s’expriment dans sa forme la plus
À l’heure actuelle, l’organisation « hôpital » met le
grave par le syndrome d’usure professionnelle.
soignant dans une situation de double contrainte.
De nombreuses études ont été menées sur ce En effet, l’excellence recherchée dans la qualité des
syndrome (Canouï, Mauranges, 1998 ; Delbrouck, soins, tant technique que relationnelle, active le
2003 ; Estryn-Behar, 1997 ; Lienard, Merckaert, désir d’atteindre un idéal, mais, d’un autre côté, les
Delvaux, Razavi, 2008 ; Manoukian, 2009 ; contraintes organisationnelles en font un objectif
Truchot, 2004). Elles montrent qu’il s’agit d’un inaccessible (Claix-Simons, 2003). Le soignant se
processus complexe qu’il convient d’envisager trouve donc dans l’impossibilité d’instaurer cette
selon trois facteurs interdépendants : social, orga- relation « idéale » de qualité avec le patient et subit
nisationnel et intra personnel (Claix-Simons, les effets psychiques délétères de l’injonction para-
2003). Le facteur social concerne les aspects socio- doxale (Searles, 1977).
économiques. La politique de soins actuelle oblige
les soignants à accomplir des tâches de plus en plus Une des conséquences les plus préjudiciables de
lourdes et complexes, avec des moyens constants, ce syndrome d’usure professionnelle du soignant,
voire plus limités. Ces contraintes ne permettent dans le cadre de la dimension relationnelle du soin,
pas d’atteindre la qualité du travail exigée, alors est, alors, l’objectivation, voire la déshumanisation
que la société a fait des idéaux d’excellence une du patient. En effet, l’aspect émotionnel de cette
valeur dominante. Le facteur organisationnel relation est déjà considéré par les soignants comme
englobe la surcharge de travail, le manque de une source de tensions psychologiques supplémen-
personnel, l’adaptation aux nouvelles technologies, taires (Canouï, Mauranges, 1999 ; Delbrouck,
2003 ; Manoukian, 2009). L’étude de Herschbrach
(1992, citée par Razavi et Delvaux, 2008, p. 281)
indique que « [...] les infirmières et les médecins
* Unité de recherche APEMAC, EA 4360, Nancy- en oncologie présentent significativement plus de
université, Université Paul Verlaine, Metz – Université
Paris Descartes ; Équipe de psychologie de la santé,
stress, lié à l’implication émotionnelle envers les
Metz-EPSam, Île du Saulcy, 57600 Metz Cedex 1 patients et moins de stress lié aux conditions insti-
(France). tutionnelles ou au contact des patients difficiles ».
<Costantini-tramoni@orange.fr> Effectivement, le soignant est, la plupart du temps
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à son insu, dépositaire de la souffrance psychique problème, « évitantes » et vigilantes (Paulhan,


du soigné. Or, le plus souvent, dans le cadre de sa 1992). Une distinction est aussi effectuée entre les
pratique, la gestion de cette souffrance est ignorée. styles et les stratégies : les styles de faire face
Comment la recevoir, la traiter, la transformer ? caractérisent la manière habituelle de réagir aux
Quel est son destin, son impact sur la psyché du situations stressantes tandis que les stratégies
soignant ? Plusieurs auteurs (Canouï, Mauranges, concernent la manière ponctuelle de s’adapter aux
1999 ; Morasz, 1999 ; Ruzniewski, 1995) ont événements menaçants (Bruchon-Schweitzer,
constaté que le soignant, en fonction de ses 2001).
ressources psychiques propres, emploie des méca- Le concept de dégagement a été introduit par
nismes de défense, afin de s’adapter à la souffrance Bibring en 1943, et repris par Lagache en 1957. Il
singulière de chaque patient. Mais il peut arriver est défini par analogie aux mécanismes de défense.
que, dans un contexte aversif, il utilise des méca- En effet, alors que les mécanismes de défense « [...]
nismes défensifs qui viennent entraver sa relation n’ont pour fin que la réduction urgente de tensions
au patient. L’expérience clinique de soutien, internes conformément au principe de déplaisir-
d’élaboration de la pratique de l’un d’entre nous, plaisir, ceux-là mécanismes de dégagement tendent
auprès de soignants en hôpital de jour accueillant à la réalisation des possibilités fussent au prix d’une
des enfants psychotiques, nous a conduits à privi- augmentation de tension. Cette opposition tient à ce
légier cet axe de travail (Costantini-Tramoni, que les mécanismes de défense – ou compulsions
1993). Cependant, celui-ci ne va pas de soi, de défensives – sont automatiques et inconscients,
multiples résistances sont à l’œuvre et c’est pour- restent sous l’emprise des processus primaires et
quoi nous avons élaboré un outil, le questionnaire tendent vers l’identité de perception, alors que les
d’investigation des manifestations défensives des mécanismes de dégagement obéissent au principe de
soignants (QIMDS). Ce questionnaire offre au l’identité de pensée et permettent progressivement
soignant la possibilité d’identifier ses propres au sujet de se libérer de la répétition et de ses iden-
mécanismes de défense, puis de les travailler dans tifications aliénantes. » (Laplanche, Pontalis, 1973,
un cadre collectif ou individuel d’analyse de la p. 237). Les mécanismes de dégagement permettent
pratique avec un psychologue. Cet outil du psycho- un contrôle conscient sur la manière de gérer et de
logue clinicien peut être employé dans des réagir aux événements. Ces deux concepts, faire face
contextes d’exercice des soignants aussi divers et dégagement, renvoient donc à des mécanismes,
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qu’un service hospitalier général, psychiatrique, qui relèvent de l’ordre de l’intentionnalité, du
maisons de retraite, etc. En d’autres termes, dans registre conscient, cognitif, alors que les méca-
l’ensemble des structures où les soignants sont nismes de défense sont, quant à eux, constitutifs de
confrontés à la souffrance psychique des personnes toute structure psychique et leur maîtrise consciente
accueillies. est relative.
Nous présenterons dans cet article les définitions
Le DSM IV (APA, 1994, p. 751) fait l’économie
et les différences conceptuelles entre mécanismes
de cette distinction, en considérant les mécanismes
de faire face, de dégagement et de défense, qui nous
de défense comme des équivalents des styles de
ont aidés pour l’élaboration du QIMDS, puis nous
faire face : « [...] les mécanismes de défense ou
en préciserons les caractéristiques et son usage dans
styles de faire face sont des processus psychologi-
une pratique clinique.
ques automatiques, qui protègent l’individu de
l’anxiété ou de la perception de dangers ou de
MÉCANISMES DE FAIRE FACE, DE facteurs de stress internes ou externes ». La défi-
DÉGAGEMENT, DE DÉFENSE nition des mécanismes de défense, proposée par
Perry et Cooper (1988), concernant la fonction
La littérature propose trois concepts proches et adaptative des mécanismes de défense, corrobore
néanmoins distincts pour aborder les défenses des cette absence de distinction entre styles de faire
sujets : les stratégies de faire face, les mécanismes face et mécanismes de défense. Pour ces auteurs,
de dégagement, et les mécanismes de défense. Le cités par Guelfi, Despland et coll. (2009, p. 9), le
terme de stratégies de faire face, concept clé de la mécanisme de défense est un « [...] mécanisme
psychologie de la santé, a été défini par Lazarus et psychologique qui assure la médiation entre désirs,
Folkman (1984, p. 19) comme étant « l’ensemble besoins, affects et impulsions individuelles d’une
des stratégies mises en œuvre par l’individu pour part et d’autre part à la fois les interdits internes et
faire face à une demande externe ou interne évaluée la réalité externe ». Comme le soulignent ces
comme contraignante. Les stratégies de faire face auteurs, les mécanismes de défense ne constitue-
ont pour objectif de rétablir le contrôle de la situa- raient donc pas uniquement un moyen de gérer les
tion considérée comme stressante. » conflits intrapsychiques, mais aussi une adaptation
Ces stratégies peuvent être répertoriées en quatre de la personne aux demandes et contraintes du
grandes catégories : centrées sur l’émotion, sur le monde externe.
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D’un autre côté, Chabrol et Callahan (2004, p. 3) d’investigation des manifestations défensives des
précisent que cette position classique qui « [...] soignants (QIMDS).
consistait à opposer les mécanismes de défense,
considérés comme inconscients, involontaires, rela-
tivement rigides, orientés vers les conflits internes ÉLABORATION DU QIMDS
et liés à la psychopathologie et les processus de
faire face, considérés comme conscients, volon- Dans un premier temps, nous avons procédé au
taires, flexibles, comportementaux, orientés vers recensement des outils permettant d’appréhender
l’adaptation positive à la réalité externe et liés à la ces mécanismes de défense. Puis, à la suite de
santé mentale et au bien-être [...] » est dépassée, l’analyse de 50 entretiens non directifs centrés avec
puisqu’il existe des zones de recoupement entre des soignants, nous avons élaboré les items du
mécanismes de défense et de faire face. D’ailleurs, questionnaire.
certains auteurs tentent d’établir une cohérence
théorique au sein de tous ces concepts. Ainsi, Recensement des outils existants évaluant les
Ionescu, Jacquet et Lhote (1997) entrevoient l’exis- mécanismes de défense
tence d’un continuum entre les mécanismes de
défense, les mécanismes de dégagement et de faire Trois méthodes sont principalement employées,
face. Ce continuum suivrait le degré de conscience afin de repérer les mécanismes de défense d’une
de ces mécanismes. Un autre auteur, Plutchick personne : l’entretien, le questionnaire et les tests
(1995), a, lui aussi, une conception intégrative de projectifs. Plusieurs méthodes, procédant par entre-
ces différents mécanismes. Il envisage la possibilité tien clinique, sont disponibles : celle de Jacobson,
d’une correspondance entre les mécanismes de Beardslee et Hauser (1986), Defense mechanism
défense et les styles de faire face. rating scale (DMRS : Perry, 1990 ; Perry, Cooper,
1989) ; l’échelle de fonctionnement défensif (DSM
En ce qui concerne le terme de mécanisme de IV, 1994) et Expanded structured interview (ESI :
défense, il est apparu, pour la première fois, en Hall, Davidson, Mac Gregor, Mac Lean, 1998).
1894 dans l’article de Freud, Les psychonévroses Pour les questionnaires, il en existe sept : Défense
de défenses. Il le définit, deux ans plus tard, dans mechanism inventory (DMI : Gleser, Ihilevich,
son article Nouvelles remarques sur la psychoné- 1969), Life style index (LSI : Plutchik, Kellerman,
vrose de défense comme étant le point nucléaire du Conte, 1979 ; Plutchik, 1995), Defense mechanism
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mécanisme psychique des névroses en question. profile (DMP : Johnson, 1982), Defense style ques-
Les mécanismes décrits par Freud sont présents, tionnaire (DSQ : Bond et coll., 1983), Inventory of
afin d’expliciter le fonctionnement des grandes personnality organization (IPO : Kernberg,
structures psychiques et de leurs conséquences. La Clarkin, 1995) ; Comprehensive assessment of
question des mécanismes de défense sera reprise defense style (CADS : Laor, Wolmer, Cicchetti,
par Anna Freud dans le cadre de la psychologie du 2001), Response evaluation measure (REM-71 :
Moi. Elle propose en 1936 (Le moi et les méca- Steiner, Araujo, Koopman, 2001). Pour autant,
nismes de défense), le premier ouvrage énumérant certaines limites sont mentionnées quant à l’utili-
dix mécanismes de défense différents. Pour Freud, sation de questionnaires : la fiabilité de l’auto-
le Moi reste dans l’ignorance de ses propres méca- observation, la quantification d’un comportement,
nismes de défense, car une partie du Moi seulement la saisie uniquement de dérivés conscients de méca-
est consciente. En revanche, pour A. Freud, le Moi nismes de défense, la désirabilité sociale et la
est conscient, les mécanismes de défense égale- tendance à l’acquiescement (Perry, 2009). Concer-
ment. Ce concept fera l’objet de nombreux rema- nant l’évaluation des mécanismes de défense au
niements théoriques. travers de tests projectifs, on peut mentionner
Aussi, face à l’hétérogénéité des définitions et à l’utilisation du Rorschach dans le cadre de l’échelle
la complexité du concept, nous avons choisi de de défense de Lerner et Lerner (LDS, 1980), de la
nous référer à la définition de Ionescu et coll. méthodologie de Schafer (1954), du Rorschach
(1997), dans la mesure où son ouvrage constitue la defense scale (RDS : Cooper, Perry, Arnow, 1988)
référence dans ce domaine (Guelfi et coll., 2009). ainsi que le TAT (Shentoub, Bailly-Salin et coll.,
Les mécanismes de défense sont : « Des processus 1990), du Defense mechanism manual (DMM :
psychiques inconscients visant à réduire ou à Cramer, 1991). Perry (2009) estime que les proto-
annuler les effets désagréables des dangers réels ou coles employant les tests projectifs comportent de
imaginaires, en remaniant la réalité interne et/ou nombreux inconvénients : modalités de passation
externe et dont les manifestations, comportements, complexes, nécessité d’avoir des notateurs expéri-
idées ou affects peuvent être inconscients ou mentés et évaluation qui dépend, en partie, de
conscients. » (Ionescu et coll., 1997, p. 27). Cette l’observateur. De plus, ces tests ne permettraient
définition est apparue être la mieux adaptée à pas d’appréhender le mode habituel de fonctionne-
notre projet d’élaboration du questionnaire ment défensif du patient.
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Ces instruments sont utilisés pour une population travail, de fonctionnement mental [...] formulations
générale, pour les enfants et les adolescents, dans abstraites utiles pour expliquer des comportements
le contexte des troubles de la personnalité, des trou- qui resteraient autrement incompréhensibles. [...]
bles anxio-dépressifs, et dans le cadre de l’évalua- pour Wallerstein, la manifestation des comporte-
tion des psychothérapies. Pour notre part, nous ments de défense – qui doit donc être distinguée
avons choisi de construire un outil spécifique pour des mécanismes de défense – est constituée de
les soignants. Comme nous l’indiquions précédem- comportements, d’idées, d’affects spécifiques qui
ment, lorsque le psychologue occupe une fonction servent des buts défensifs. Ces manifestations
institutionnelle, celle-ci le conduit à centrer son peuvent être conscientes ou inconscientes. »
intérêt sur les collectifs et à prendre « soin », à se (Ionescu et coll., 1997, p. 24). C’est la raison pour
soucier, de l’institution dans laquelle il travaille. laquelle nous avons choisi plutôt le terme de mani-
Dans cet objectif, le psychologue crée des espaces festation défensive dans l’intitulé de notre outil. La
de paroles, où les pratiques peuvent être réfléchies version du questionnaire à 72 items a fait l’objet
et analysées, dans le but d’éviter un fonctionne- d’une passation, et il est apparu que le nombre des
ment chronique, répétitif de l’institution où, à items rendait le protocole expérimental trop lourd
l’extrême, le personnel soignant, qui présente un et redondant. L’analyse d’entretiens complémen-
syndrome d’usure professionnelle, ne serait plus à taires enregistrés, effectués auprès de 20 soignants,
même d’assumer correctement les tâches qui lui nous a amenés à supprimer 10 mécanismes de
incombent. C’est pourquoi nous considérons que, défense. Les 14 mécanismes, qui ont été conservés,
accompagnés par le psychologue, les soignants sont les suivants : activisme, affiliation, annulation
pourront identifier leurs mécanismes de défense, ce rétroactive, anticipation, (dé)négation, formation
processus constituant une des pierres angulaires réactionnelle, humour, identification aux collègues,
pour l’analyse de la pratique des soignants. Cette identification aux patients, identification projec-
identification a pour conséquence, d’induire des tive, intellectualisation, introjection, mise à l’écart
changements et des transformations psychiques et rationalisation. Leurs définitions, adaptées à la
chez le soignant, ce qui aura un impact indéniable pratique soignante, sont les suivantes :
sur la prise en charge relationnelle des soignés.
– l’activisme (ACT) : recours à un acte tech-
nique de soin, afin de se préserver du vécu des
Construction de la liste d’items du QIMDS
affects suscités par la relation au patient ;
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Elle a été réalisée à partir du dépouillement de – l’affiliation (AFF) : ce mécanisme consiste à
50 entretiens cliniques non directifs, centrés sur la faire appel aux collègues, lorsque le soignant se
thématique de la relation qu’entretiennent les trouve en situation périlleuse ;
soignants avec les patients. Ces entretiens ont été
effectués auprès de soignants exerçant leur activité – l’annulation rétroactive (ANR) : ce méca-
professionnelle dans le champ de la psychiatrie nisme donne l’illusion, au soignant, d’avoir la
adulte et enfant, de services hospitaliers généraux, maîtrise de la situation. Il fonctionne selon le mode
de maisons de retraite. L’investigation portait sur de la pensée magique : il pense pouvoir agir sur la
leur vécu et leur ressenti, lié à la relation qu’ils situation en l’annulant par la seule force de sa
établissaient avec les personnes dont ils avaient la pensée ou d’une action ;
charge. Ces entretiens ont fait l’objet d’une analyse – l’anticipation (ANT) : ce mécanisme permet,
de contenu, qui a permis de dégager les thémati- au soignant, de préparer une réponse aux éven-
ques principales et secondaires du discours des tuelles situations de conflit, en prévoyant les consé-
patients et d’une analyse clinique de la subjectivité quences d’un futur potentiel, en envisageant diffé-
et des processus psychiques sous jacents (repérage rentes solutions possibles. Il fait appel à un certain
des investissements, des angoisses, indices de désir d’avoir le contrôle sur les événements et de
manifestation défensive etc.). Vingt-quatre mani- ne pas avoir la sensation d’être dépassé ;
festations défensives ont pu être ainsi identifiées.
– la (dé)négation (DEN) : le soignant utilise la
En s’appuyant sur les définitions des mécanismes
dénégation lorsqu’il ne reconnaît pas ses senti-
de défense de Ionescu et coll. (1997), en les adap-
ments, pensées et désirs envers les patients, les
tant à la pratique soignante, et en s’appuyant sur
collègues, l’institution ;
les propos des sujets soignants, nous avons établi
72 items, évaluant les trois facettes de chacune des – la formation réactionnelle (FOR) : ce méca-
manifestations défensives : comportements, idées, nisme permet, au soignant, de dépasser, par
affects. Wallerstein (1983) suggère de faire la exemple, la frontière qu’il serait tenté de mettre
distinction entre mécanisme de défense et manifes- entre lui et le patient, de reconnaître la part d’huma-
tation des comportements de défense : « [...] le nité, dont le patient est porteur, transformer ses
concept de mécanisme de défense est une abstrac- affects d’angoisse face à la fin de vie, dépasser le
tion théorique utilisée pour décrire un mode de « dégoût » de certains actes techniques ;
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– l’humour (HUM) : ce mécanisme met le cotation aux items : chaque réponse cotée supé-
soignant dans une position de prise de distance par rieure ou égale à quatre fait l’objet d’une investi-
rapport à une situation vécue comme traumatisante, gation plus fine. Le psychologue demande, alors,
en la reconsidérant sous un autre jour, de manière au soignant d’associer une expérience vécue ou
à en dégager les aspects plaisants, ironiques, voire fantasmée à laquelle il a pensé lorsqu’il a répondu
insolites. C’est un mécanisme, qui met les à l’item. Ce procédé (questionnaire + entretien)
soignants dans une disposition favorable pour permet la prise de conscience, par le soignant, des
affronter la difficulté, c’est-à-dire pouvoir la recon- manifestations défensives qu’il utilise, dans le
naître, tout en gardant une certaine distance ; contexte de sa pratique. Ce protocole offre, égale-
– l’identification aux collègues (IDC) : ce méca- ment, au soignant, la possibilité de se dire,
nisme permet au soignant de se forger des pratiques d’exprimer des affects, parfois refoulés, non
communes de travail qui se traduisent par élaborés, et de lui révéler certains aspects de son
fonctionnement.
l’emprunt d’attitudes et de comportements ;
– l’identification aux patients (IDA) : ce méca-
nisme donne, au soignant, la possibilité de ne pas ASPECTS PSYCHOMÉTRIQUES DU QIMDS
se vivre comme radicalement différent du patient. La deuxième phase de la recherche a porté sur
Le soignant est, donc, par l’emploi de ce méca- les propriétés psychométriques de l’outil. Notre
nisme, disponible psychiquement, pour entendre et objectif était de pouvoir apprécier la validité de sa
prendre en compte la singularité du discours du structure et la fidélité de ses mesures, de cerner le
patient ; degré de divergence avec des mesures de stratégies
– l’identification projective (IDP) : c’est un de faire face (étude de la validité divergente), et,
mécanisme qui mène le soignant à penser savoir ce enfin, de fournir des éléments de calibrage et de
qui est « bon » pour le patient. Ce mécanisme sensibilité. Dans cette optique, le QIMDS a été
renforce l’emprise du soignant sur le patient ; administré conjointement au questionnaire de la
– l’intellectualisation (INT) : le soignant se Brief COPE, de Carver (1997), validé en français
réfugie dans la transmission d’un savoir théorique, par Muller et Spitz (2003). Les points suivants
général, sans prêter attention à la demande du décrivent la méthodologie de cette étude et les
patient, ainsi qu’à l’effet produit par son discours. résultats obtenus.
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Il permet, au soignant, de se protéger de l’angoisse Méthodologie
suscitée par la souffrance du patient ;
Questionnaire
– l’introjection (INR) : ce mécanisme permet, au
soignant, de concevoir le patient dans son altérité ; Le questionnaire est constitué de trois sections.
il inclut, fantasmatiquement, une partie de ce Dans la première, les sujets indiquent dans quelle
dernier, mais s’en détache également, afin de mesure ils sont d’accord avec chaque item du QIMDS.
conserver sa propre subjectivité. Ce mécanisme est Puis, dans la deuxième section, ils répondent à
au fondement de ce que l’on nomme l’empathie : l’échelle de Brief COPE (28 items, échelle en 4 points,
de « pas du tout » à « toujours »). La Brief COPE
– la mise à l’écart (MIS) : ce mécanisme conduit permet d’évaluer 14 dimensions du faire face 1 : 1) le
le soignant dans un processus d’oubli volontaire faire face actif, 2) la planification, 3) la recherche de
des événements pénibles ou des sentiments qui y soutien social, 4) la recherche de soutien social
sont associés ; émotionnel, 5) l’expression des sentiments, 6) le
– la rationalisation (RAT) : ce mécanisme désengagement comportemental, 7) l’auto-distraction,
conduit le soignant à justifier, de manière récur- 8) le blâme, 9) la réinterprétation positive, 10)
rente, les difficultés ressenties dans sa pratique l’humour, 11) le déni, 12) l’acceptation, 13) la religion
professionnelle, par des explications en termes de et 14) l’utilisation de substances. Nous avons utilisé
conditions de travail. la disposition (faire face - trait), tout en nous centrant,
Le questionnaire comporte, dans sa version uniquement, sur la façon habituelle des soignants de
finale, 42 items, chaque manifestation défensive faire face aux sources de stress, issues de leur vie
étant évaluée selon trois items qui renvoient à un professionnelle. Enfin, la dernière section permet de
comportement, une idée, un affect (tableaux 1.1. et recueillir des informations socio-démographiques sur
1.2.). Quant à la cotation des items du QIMDS, elle les participants (âge, sexe, profession, ancienneté
s’effectue sur une échelle de type Likert en sept professionnelle, type de service et statut de l’emploi).
points de 0 « pas du tout d’accord » à 6 « tout à
fait d’accord ». Le mode de passation du question- 1. L’échelle est consultable dans l’article de Muller et
naire comporte deux étapes. Premièrement, le Spitz (2003), ainsi que sur le site de Carver :
soignant remplit le QIMDS, deuxièmement, le <http://www.psy.miami.edu/faculty/ccarver/sclFrench-
psychologue l’invite à s’exprimer autour de la BriefCOPE.html>
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340 bulletin de psychologie

Procédure défensives ? C’est pour répondre à cette question, que


L’étude a été réalisée dans plusieurs établisse- nous avons recherché une méthode d’analyse des
ments de soins en région lorraine, avec l’aide données, suffisamment souple pour appréhender cette
d’étudiantes de master de psychologie, en stage au compatibilité, malgré un faible échantillon (au regard
sein de ces institutions. Les soignants ont été, pour du nombre d’items et de facteurs à mettre à jour).
la plupart, contactés directement par les enquêtrices Notre choix s’est porté sur la méthode PLS (Partial
sur leur lieu de travail. Elles indiquaient que cette least square), qui repose sur les moindres carrés
étude par questionnaire était réalisée pour mieux partiels (Tenenhaus, Vinzi et coll., 2005), une des
comprendre les attitudes, les façons d’être des méthodes de modélisation d’équations structurales en
soignants face aux patients. Néanmoins, afin de composantes, dites de modélisation douce. Elle
pouvoir contacter des personnels exerçant de nuit permet d’étudier les liens de prédiction entre des varia-
ou en fin de semaine, des questionnaires étaient bles latentes exogènes (VI) et endogènes (VD), à
laissés dans les services avec une lettre expliquant l’intérieur d’un système de variables, construit a priori
l’étude. De manière à respecter la confidentialité et par le chercheur, en modélisant les données, à l’aide
l’anonymat des réponses, les participants volon- d’une succession de régressions simples et multiples,
taires déposaient le questionnaire sous enveloppe au sein d’un algorithme itératif (l’algorithme PLS :
cachetée dans une urne à leur disposition dans leur Wold, 1985). Dans ce modèle, une variable latente
service. (VL) est une variable inobservable (ou un construit),
décrite indirectement par un bloc de variables obser-
Échantillon vables, appelées variables manifestes (ou indicateurs).
Sur 263 questionnaires distribués dans les Dans le cadre d’une confirmation par le PLS, qui
services, 141 ont été rendus. L’analyse statistique nous intéresse plus particulièrement ici, on retient
a porté seulement, sur 119 soignants, qui avaient un modèle, où chaque variable latente est connectée
complété le questionnaire dans son intégralité. aux autres variables latentes de manière récursive
L’échantillon est, essentiellement, composé de (Tenenhaus, Hanafi, 2009). Elles sont donc esti-
femmes 2 (90,8 %), l’âge médian est de 39 ans mées, d’une part, par leurs indicateurs (estimation
(avec un premier quartile à 30 ans et un dernier du modèle de mesure) et, d’autre part, par les rela-
quartile à 46 ans). Elles sont 52,9 % à être infir- tions non orientées des variables latentes les unes
mières, 42 % sont des aides-soignantes et une par rapport aux autres (estimation du modèle struc-
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minorité sont cadres-infirmières ou puéricultrices tural). La technique PLS a l’avantage de fournir
(5,1 %). L’ancienneté médiane dans la profession directement les scores des variables latentes, par
est de 13 ans (avec un premier quartile à 5 ans et combinaison linéaire des indicateurs, de n’impli-
le dernier à 24 ans). L’ancienneté dans le service quer aucune exigence sur la multinormalité des
actuel est moins importante, puisque la médiane est distributions des variables observées, et d’être une
à 3 ans (premier quartile à un an et 9 mois et dernier technique applicable avec des échantillons
quartile à 7 ans). La plupart ont un statut de fonc- restreints. Dans notre étude, nous avons choisi un
tionnaire titulaire (90 %). Les quatre lieux où le algorithme PLS sous mode A (variables latentes
recrutement des participantes a été le plus impor- réflectives), avec un schème factoriel (relations non
tant sont les services de chirurgie (24,4 % des orientées entre les VL). Ce choix maximise l’obten-
soignantes), les maisons de retraite médicalisées tion de variables latentes expliquant, au mieux, la
(15,1 %), les unités de médecine générale (12,6 %) variance de leur bloc d’indicateurs, mais il tend,
et les unités de soins de longue durée (10,9 %). Les aussi, à maintenir de fortes corrélations entre les
37,0 % restants se répartissent entre différents variables latentes. L’ensemble des calculs a été
services d’hôpitaux, comme la réanimation, la réalisé avec le logiciel SmartPLS (Ringle, Wende,
pédiatrie, les soins palliatifs, les urgences, la Will, 2005). Les tableaux 1.1, 1.2 et 2 permettent
psychiatrie, dans des proportions variant entre d’apprécier la qualité d’un modèle a priori en
0,8 % et 5,9 % de participantes. 14 variables latentes de manifestations défensives,
comprenant 3 indicateurs chacune. Pour autant, 6
Analyse des résultats items, ayant une trop faible saturation (< .50 et non
Étude de la validité de structure du QIMDS significative), ont été retirés de l’analyse finale. Les
La structure des relations observées entre les deux premiers tableaux présentent :
42 items peut-elle être compatible avec l’existence – la variance moyenne expliquée par chaque
sous-jacente de 14 types de manifestations variable latente (AVE, part de variance expliquée ;
– le coefficient de fiabilité de la variable latente
(le coefficient de Dillon-Goldstein variant de 0 à 1) ;
2. Au vu de cette proportion, nous avons choisi de
prendre le genre féminin comme genre dominant, lors de – la corrélation de chaque item avec sa variable
la rédaction de ces résultats. latente (saturation).
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bulletin de psychologie 341

Var. latentes AVE Fiabilité Items du questionnaire et leur facette Saturation

Activisme (ACT) .54 .77 1. Face à un problème, ma première idée est d’agir I .80
immédiatement pour le régler.
2. J’ai pour habitude de m’investir énormément pour A .74
régler les problèmes.
3. Dans un contexte difficile, je ne me sens bien que C .67
lorsque je suis occupé(e).

Affiliation(AFF) .47 .64 4. Je me sens soutenu(e) par mes collègues. A .77


5. Je vais chercher de l’aide auprès de mes collègues C .60
quand je suis en difficulté.
6. J’ai besoin de me sentir soutenu(e) par mes I nr
collègues.

Annulation .63 .83 7. Si je m’occupe bien des patients, leur détresse va I .72
rétroactive(ANR) disparaître.
8. L’affection que je ressens pour les patients atténue A .85
leur souffrance.
9. Si je suis disponible, le patient se sentira mieux. C .80

Anticipation(ANT) .56 .70 10. J’anticipe le comportement du patient. I .93


11. Je me fixe des objectifs de travail évaluables. C .50
12. L’arrivée d’un nouveau patient me préoccupe, et A nr
j’essaye de m’y préparer.

Dénégation (DEN) .53 .69 13. Je suis satisfait(e) de ce que je fais pour les A .69
patients, bien qu’il ne soit pas toujours facile de
s’occuper d’eux.
14. Je pense qu’il faut s’impliquer dans la relation au I .76
patient, tout en gardant de la distance.
15. J’aime mon travail, bien que je ne sois pas toujours C nr
d’accord avec ce que l’on me demande de faire.
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Formation .50 .75 16. Si je trouve la situation insurmontable, je me C .83
réactionnelle(FOR) débrouille toujours pour faire face aux difficultés
professionnelles qui s’imposent à moi.
17. J’ai appris à faire la part des choses dans mon I .61
travail.
18. Avec l’expérience, face à des situations A .67
angoissantes, je sais contrôler mes émotions.

Humour (HUM) .61 .82 19. Face à une situation angoissante, j’essaye d’en A .65
dégager les aspects plaisants, ironiques, ou insolites.
20. Face à une situation qui me paraît angoissante, j’ai C .80
tendance à plaisanter.
21. Je pense qu’il vaut mieux adopter une attitude I .87
humoristique face à une situation difficile.

Identification aux .50 .67 22. Je me reconnais assez bien dans les difficultés de I .75
collègues (IDC) mes collègues.
23. J’adopte certaines des attitudes de mes collègues. C .67
24. Je me sens proche de mes collègues. A nr

Identification aux .59 .81 25. Certains de mes comportements ou attitudes C .70
patients(IDA) peuvent ressembler à ceux des patients.
26. Je me reconnais dans les préoccupations des I .83
patients.
27. Il m’arrive parfois de ressentir les mêmes difficultés A .78
que les patients.

Notes. AVE : part de la variance expliquée. Les 6 items non retenus dans l’analyse finale sont déclarés « nr » dans le tableau.
Trois facettes des manifestations défensives : Comportement (C), Idée (I), Affect (A).

Tableau 1.1. Résultats de la modélisation PLS confirmatoire en 14 facteurs (AVE, fiabilité, saturations).
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342 bulletin de psychologie

Var. latentes AVE Fiabilité Items du questionnaire et leur facette Saturation

Identification .53 .77 28. Si le patient ne se mobilise pas, je tente de le C .64


projective (IDP) convaincre de ce qui est bon pour lui, quitte à agir à sa
place.
29. Même si j’ai des difficultés dans ma relation au I .67
patient, je peux imaginer ce qu’il ressent face à ses
problèmes, et j’essaye d’en parler avec lui.
30. Même si le patient n’en a pas conscience, je pense A .86
savoir ce qui est bien pour lui, et j’envisage de le pousser
dans ce sens.

Intellectualisation .58 .80 31. Les difficultés rencontrées généralement avec les I .72
(INT) patients dépassent le cadre professionnel et sont la
conséquence d’un dysfonctionnement de la société.
32. Si je n’ai pas le temps de bien faire mon travail, c’est C .73
parce que l’institution ne m’en donne pas les moyens.
33. Cette profession nous confronte tous aux mêmes A .82
difficultés psychologiques ou sociales pour lesquelles la
société n’apporte pas de réponse.

Introjection (INR) .54 .78 34. Je perçois les signes de souffrance du patient. I .76
35. Lorsque le patient souffre, je fais tout pour le C .71
soulager.
36. Je ressens facilement la détresse du patient. A .73

Mise à l’écart (MIS) .65 .78 37. Quand j’ai une difficulté, je m’efforce de me changer I .82
les idées et de plus y penser.
38. Quand je suis face à une difficulté, j’ai tendance à C .79
faire autre chose à la place.
39. Face à une difficulté, je laisse de côté les émotions A nr
qu’elle génère.
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Rationalisation .72 .83 40. Si j’avais plus de temps, je serais plus disponible A .83
(RAT) auprès des patients.
41. Si j’avais plus de moyens, je ferais mieux mon travail. I .86
42. Je pense que l’organisation institutionnelle ne C nr
permet pas de travailler de façon optimale.

Notes. AVE : part de la variance expliquée. Les 6 items non retenus dans l’analyse finale sont déclarés « nr » dans le tableau.
Trois facettes des manifestations défensives : Comportement (C), Idée (I), Affect (A).

Tableau 1.2. Résultats de la modélisation PLS confirmatoire en 14 facteurs (suite).

Au regard des résultats et des critères de validité cumulatives 3 : ils ne sont opérationnalisés au final
publiés dans la littérature sur la technique PLS qu’à travers deux items, leur AVE et leur fiabilité
(Henseler, Ringle, Sinkovics, 2009), on observe sont juste dans les normes, voire faibles.
qu’il y a une certaine compatibilité globale des Le tableau 2 indique que les variables latentes,
données avec un modèle en 14 manifestations bien que, parfois, fortement corrélées entre elles,
défensives. En effet, les saturations des items sont ont toujours une racine carrée d’AVE supérieure à
souvent proches de. 70 au sein de leur facteur leurs corrélations : la variance expliquée, au sein
d’appartenance (pour 30 items sur 38 retenus), tout d’une variable latente, est systématiquement supé-
en ayant des saturations basses (< .40) dans les rieure à la variance expliquée, prise en compte par
13 autres facteurs. L’AVE est supérieur à .50 pour la relation entre deux variables latentes. Par consé-
11 facteurs sur 14 et l’indice de fiabilité des varia- quent, ces variables latentes mesurent des concepts
bles latentes est pratiquement toujours supérieur à distincts, même si elles ne sont pas indépendantes
.70 (11 facteurs sur 14). Les résultats les plus discu- l’une de l’autre.
tables concernent les mécanismes d’affiliation et
d’identification aux collègues pour trois raisons
3. Le tableau 1.1 ne montre que les saturations des
items sur la variable d’appartenance dans un souci de
lisibilité.
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bulletin de psychologie 343

ACT AFF ANR ANT DEN FOR HUM IDC IDU IDP INT INR MIS RAT

ACT .73
AFF – .09 .69
ANR .51 – .02 .79
ANT .57 .13 .33 .75
DEN .36 – .19 .30 .19 .72
FOR .38 .06 .34 .42 .45 .71
HUM .39 .09 .28 .19 .19 .25 .78
IDC .27 .12 .27 .34 – .03 .02 .23 .71
IDU .46 – .07 .31 .34 .13 .15 .21 .34 .77
IDP .48 – .11 .59 .45 .28 .40 .21 .33 .30 .73
INT .23 – .16 .31 .28 .23 .13 .25 .29 .45 .42 .76
INR .30 – .21 .37 .33 .30 .31 .01 .00 .10 .40 .23 .73
MIS .07 .09 .20 .23 .07 .16 .35 .33 .13 .26 .16 – .02 .81
RAT .02 – .11 .39 .10 .02 .03 – .06 .27 .20 .41 .41 .21 .09 .85

Notes. p < .05 pour r > . 19 et p < .01 pour r > . 23.

Tableau 2. Matrice de corrélations entre les manifestations défensives (racine carrée de l’AVE dans la diagonale).

Outre ces aspects purement psychométriques, hiérarchique (CAH) a été effectuée sur ces varia-
une analyse plus poussée des corrélations entre les bles, selon la méthode d’agrégation de Ward avec
facteurs de manifestations défensives nous a comme distance 1-r de Pearson. Le graphique 1
semblé pertinente, afin d’isoler des classes signi- présente le dendogramme obtenu sous STATIS-
fiantes. À partir de la matrice de corrélations des TICA 6, dans lequel on a une possibilité de parti-
variables latentes, une classification ascendante tion en 5 classes.
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Graphique 1. Dendogramme de la classification ascendante hiérarchique des 14 variables latentes (en pointillé
la partition en 5 classes).
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344 bulletin de psychologie

La classe C1 regroupe cinq manifestations défen- La matrice de corrélation entre les manifestations
sives : activisme, anticipation, identification aux défensives et les modes de faire face fournit des
collègues, identification aux patients et intellectua- éléments de réponse. Sur les 196 corrélations
lisation. On peut considérer que ce regroupement calculées entre stratégies de faire face et manifes-
des manifestations défensives traduit, probable- tations défensives, seulement 29 corrélations sont
ment, l’adhésion des soignantes à la culture de significatives au seuil α = .05. Parmi ces dernières,
métier. Celle-ci valorise des normes de comporte- 11 corrélations sont significatives au seuilα = .01.
ments et des valeurs promues dans le cadre de leurs Ces 11 corrélations nous semblent les seules perti-
formations. Ainsi, l’activisme et l’anticipation nentes à commenter, du fait qu’elles traduisent des
participent-ils à un idéal de soin correspondant à la liens moyens à forts 4 entre les variables des deux
réactivité exigée par les protocoles de soins stan- outils en s’échelonnant de .24 à .45.
dardisés et prescrits actuellement. De même, la Le tableau 3 présente ces 11 corrélations. Sur
combinaison entre l’identification aux patients et 14 manifestations défensives, seules, 8 entretien-
l’intellectualisation peut témoigner de la difficulté, nent une ou deux corrélations pertinentes avec des
d’une part, à concilier soins relationnels et soins stratégies de faire face. Parmi ces 8 manifestations
techniques et, d’autre part, à respecter la dignité du défensives, la formation réactionnelle et l’identifi-
patient, tout en s’appuyant sur une identification cation aux collègues partagent deux corrélations
aux collègues, afin de se rassurer. avec des stratégies de faire face. On trouve une
La classe C2 rassemble l’annulation rétroactive, convergence assez évidente entre les mesures de
l’identification projective et la rationalisation. Ce manifestations défensives et de faire face au sujet
regroupement souligne le fait que la soignante ne de l’humour (r = .45), de la mise à l’écart et de la
peut assumer certaines pensées et désirs et va soit distraction (r = .32), dont les items traduisent des
les annuler (annulation rétroactive), soit les attri- opinions très similaires. En ce qui concerne les
buer aux patients (identification projective). Cette autres liens, il est plus facile de les décrire, en
attribution externe est renforcée par l’usage de considérant que certaines manifestations défensives
justifications relatives aux conditions de travail facilitent ou inhibent certains modes de faire face.
(rationalisation). L’ensemble de ces manifestations Ainsi, la formation réactionnelle semble, dans le
constitue, alors, un moyen de rejeter les affects cadre de l’activité professionnelle, conduire à une
conflictuels suscités par la relation, tout en gardant prise de conscience des problèmes rencontrés ; elle
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un certain contrôle sur le patient. paraît conduire à ne pas les nier, à chercher à les
dépasser, par des stratégies de faire face d’accep-
La classe C3 est formée de la (dé)négation, de tation (r = .37) et de planification (r = .28). Cette
la formation réactionnelle et de l’introjection. La stratégie de faire face d’acceptation se retrouve,
(dé)négation et la formation réactionnelle montrent aussi, en partie, liée au mécanisme d’introjection
que, pour la soignante, la reconnaissance de l’autre de la relation au soigné (r = .26), ce qui souligne
dans son altérité est problématique. L’association un processus de reconnaissance, de prise en
de ces trois manifestations défensives exprime la compte, d’acceptation empathique du patient.
difficulté de la soignante à mettre en œuvre des
Ces résultats montrent, aussi, que les soignantes
processus empathiques, qui reposent principale-
sollicitent plus facilement un soutien émotionnel
ment sur l’introjection.
ou instrumental de la part de leurs collègues, si,
La classe C4 place l’affiliation seule : c’est une par identification, elles se reconnaissent dans leurs
manifestation défensive qui entretient de faibles difficultés (r = .28/.27). De même, la production
corrélations avec les autres mécanismes. Cependant, d’un discours critique sur ses conditions de travail,
au vu des résultats de la CAH, nous l’avons rattachée à travers une rationalisation, peut être concomitante
à la classe 5, qui regroupe l’humour et la mise à du partage des émotions ses collègues (r = .26).
l’écart. En effet, lorsque les soignantes prennent de En ce qui concerne la (dé)négation ou l’affilia-
la distance par rapport aux tensions engendrées par tion, l’impossibilité de reconnaître pleinement ce
leur travail, elles peuvent utiliser l’humour ou la mise que l’activité de travail génère en soi comme
à l’écart éventuellement dans le cadre de partage des conflits ou le refus de l’aide des collègues est
émotions au sein de l’équipe. corrélé, d’une part, à la prise de substances médi-
camenteuses (r = .25) et, d’autre part, à une auto-
Validité divergente avec les dimensions de faire
accusation concernant ses défaillances (r = – .24).
face du Brief COPE
Si des différences théoriques majeures entre les
concepts de mécanisme de défense et de faire face
existent, qu’en est-il au niveau des mesures de ces 4. Une corrélation sera dite, en valeur absolue, faible
concepts, dans le cadre de l’activité professionnelle autour de r = .10, moyenne à partir de r = .24 et forte à
de soin aux patients ? partir de r = .45 (voir Corroyer et Rouanet, 1994, p. 616).
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bulletin de psychologie 345

Manifestations défensives Corrélation Modes de Coping

Affiliation – .24 Blâme


Dénégation .25 Utilisation de substances
Formation réactionnelle .37 / .28 Acceptation / planification
Humour .45 Humour
Identification aux collègues .28 / .27 Soutien émotionnel / instrumental
Introjection .26 Acceptation
Mise à l’écart .32 Distraction
Rationalisation .26 Soutien émotionnel

Note. L’ensemble de ces corrélations sont significatives à ?=.01. L’activisme, l’annulation rétroactive, l’anticipation, l’identification
aux patients, l’identification projective, l’intellectualisation ne sont que faiblement corrélés avec les modes de coping et ne sont
donc pas reportés dans ce tableau.

Tableau 3. Corrélations moyennes à fortes entre les variables latentes de manifestations défensives et les modes
de coping.

Globalement, la présence d’un nombre très limité p < .01) ; plus les soignantes ont d’ancienneté
de corrélations entre les facteurs des deux ques- dans un service, plus l’introjection est
tionnaires incite à penser que ces outils ne mesu- présente (r = .21 ; p < .05). Le QIMDS est donc
rent pas les mêmes phénomènes. Même s’il existe très peu discriminant sur ces variables
un recoupement partiel des mesures, comme les sociodémographiques.
processus psychologiques d’humour, de mise à Le tableau 4 permet d’avoir quelques repères
l’écart et de distraction, la validité divergente du pour l’entretien clinique, afin de moduler le
questionnaire de manifestations défensives reste critère de coupure, pratiqué actuellement, autour
satisfaisante. du score de quatre. En effet, certaines manifesta-
tions défensives sont très fortement ou très faible-
Sensibilité et calibrage du QIMDS
ment déclarées par le personnel soignant, sans
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L’étude des liens entre chaque manifestation réelle différence interindividuelle. Ainsi, 75 %
défensive et différentes variables socio-démogra- des personnels soignants ont des niveaux supé-
phiques, telles que l’ancienneté dans la carrière, rieurs à quatre pour les mécanismes de (dé)néga-
dans le service, la profession (infirmière, cadre- tion, d’introjection, de rationalisation et de forma-
infirmière, puéricultrice versus aide-soignante) tion réactionnelle. Les soignantes, en dessous du
ou l’âge, ne donne que peu de résultats probants. premier quartile dans ces manifestations, sont, par
Sur 56 corrélations calculées, seules 3 sont signi- conséquent, plus atypiques et présentent des
ficatives : plus les personnels sont âgés moins ils caractéristiques qu’il faudrait peut-être appro-
tendent à s’identifier aux collègues (r = – .22, fondir dans l’entretien. Ces calibrages étant
p < .05) ; les aides-soignantes utilisent moins réalisés sur un petit échantillon, ils doivent être
l’identification projective que les infirmières, pris avec précaution et devront être enrichis par
cadres-infirmières et puéricultrices (r = .24, de nouvelles données.

ACT AFF ANR ANT DEN FOR HUM IDC IDA IDP INT INR MIS RAT

Moy 4,12 2,49 3,72 3,87 4,87 4,52 3,28 3,57 3,27 3,78 4,05 4,75 2,42 4,99
EcT 1,02 0,71 1,15 0,98 0,83 0,79 1,36 1,00 1,16 1,06 1,16 0,65 1,31 1,01

Med 4,10 2,46 3,92 4,00 5,00 4,62 3,36 3,55 3,31 3,84 4,27 4,71 2,44 5,15
25 % 3,44 2,31 2,86 3,35 4,59 4,00 2,29 2,90 2,63 3,21 3,35 4,33 1,48 4,15
75 % 4,75 2,92 4,55 4,65 5,59 5,00 4,29 4,45 4,06 4,60 4,93 5,33 3,40 6,00
Min 0,8 0,46 1,00 0 2,59 2,00 0 0 0 0,76 1,00 2,86 0 2,00
Max 6 4,39 5,74 6,00 6,00 6,00 6,00 5,45 5,65 6,00 6,00 6,00 5,52 6,00

Note. Les calculs ont été réalisés à partir des scores des sujets sur chaque variable latente.

Tableau 4. Indices de centralité et de dispersion pour chaque mécanisme de défense.


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DISCUSSION pathologie. Quelques désorganisées, déraisonna-


bles ou pécheresses que puissent paraître les
Au regard de l’analyse psychométrique du défenses à un observateur externe, elles constituent
QIMDS, cet outil présente une structure factorielle une réponse adaptative. L’étude des défenses dési-
compatible avec l’existence de 14 manifestations gnées comme « psychotiques » démontre qu’un
défensives, qui ne sont pas redondantes avec des même mécanisme peut être utilisé aussi bien par
stratégies de faire face. Ainsi, la technique par des malades que par des personnes sans patho-
modélisation PLS confirmatoire a montré la capa- logie ». En revanche, Brenner (cité par Pumpian-
cité des variables latentes à prendre en compte une Mindlin, 1967), distingue les défenses pathologi-
part importante de la variance de la plupart des ques des défenses pathogènes. Il s’appuie sur Freud
items associés à chaque manifestation, tout en (1896), qui considère le refoulement comme patho-
ayant une fiabilité suffisante. Ces facteurs restent, gène, mais ne conduisant pas nécessairement à une
pour certains, fortement corrélés les uns aux autres pathologie. Bergeret (1972/1986), quant à lui, envi-
sans que cela ne remette en cause leur indépen- sage également les défenses pathologiques comme
dance de fonctionnement pour deux raisons. Tout étant caractérisées par leur rigidité, leur intensité et
d’abord, la racine carrée de l’AVE des variables leur surgénéralisation. Pour cet auteur, le sujet n’est
latentes est toujours supérieure à la corrélation pas malade parce qu’il présente des défenses, mais
entre les deux variables latentes, ce qui valide parce que les défenses qu’il utilise habituellement
l’existence propre de chaque variable. D’un autre sont inefficaces, trop rigides, mal adaptées aux
côté, on peut envisager ces corrélations comme réalités internes et externes ou relèvent exclusive-
l’expression, chez les soignantes, de « modèle ment d’un même type. Le fonctionnement mental
d’usage » de plusieurs manifestations défensives. se voit, ainsi, entravé dans sa souplesse, son
En effet, ces regroupements renvoient, d’une part, harmonie et son adaptation. Pour notre part, nous
aux normes et aux valeurs issues de la culture de pensons que la singularité de la relation patient/
métier, et d’autre part, aux processus psychiques soignant ne nous amène pas à envisager a priori la
sous-jacents, constitutifs de la relation présence de défenses « salutogènes » ou patho-
soignant-soigné. gènes. En effet, celles ci dépendent, à la fois, du
L’hypothèse de l’existence de facteurs de second développement psychique individuel de chacun des
ordre, organisant ces manifestations défensives, partenaires de la relation, et du contexte situa-
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pourrait aussi être avancée. Cela semble, d’ailleurs, tionnel, comme nous l’avons montré par ailleurs
souvent le cas dans les analyses factorielles dans une étude sur l’empathie perçue (Lancelot,
d’échelles de mécanismes de défenses. Ainsi, Soul- Costantini-Tramoni, Tarquinio, Martinet, 2009).
tanian, Dardennes et coll. (2005) montrent que la Pour ce qui touche à la démarche psychomé-
validation d’échelles comme le Defense mechanism trique à adopter, quant à la mise à jour des mani-
inventory, le Defense mechanism profile, le festations défensives « salutogènes » ou patho-
Defense mechanism rating scale, conduit à gènes par le QIMDS, celle-ci peut être appréciée à
regrouper systématiquement plusieurs mécanismes travers l’évaluation de la validité prédictive de
de défense, à partir d’un nombre plus restreints de l’outil. En effet, on peut s’intéresser à la capacité
facteurs. C’est une voie qui reste à explorer, mais du QIMDS à prédire, par exemple, le mal-être des
nous n’avons pas poussé plus loin l’étude psycho- soignants (anxiété-état). De même, l’usage d’un
métrique vers la recherche de facteurs de second répertoire de manifestations défensives dites « salu-
ordre, car il ne s’agit pas d’utiliser cet outil dans togènes » ou pathogènes est il susceptible d’avoir
le cadre de comparaisons quantitatives inter-indi- une répercussion positive ou négative sur la satis-
viduelles. Toutefois, la question de l’existence de faction globale du patient relatif à sa prise en
facteurs de second ordre peut s’envisager, selon le charge ?
caractère potentiellement pathogène ou « saluto-
Au-delà de la question de la recherche de facteurs
gène » des mécanismes, qui viendraient soit faci-
de second ordre, la finalité de la passation du
liter soit entraver l’adaptation optimale du soignant
QIMDS est, avant tout, d’être un inducteur du
à l’égard du patient.
discours du soignant, voire un substitut à l’obser-
En d’autres termes, existe-t-il des défenses vation sur le terrain des pratiques relationnelles. Il
« salutogènes », favorisant l’instauration d’une ne s’agit, en aucun cas, d’un outil à visée d’évalua-
relation thérapeutique constructive psychiquement tion normative, mais d’un moyen qui permet, au
pour le soigné ? Ou, inversement, existe-t-il des soignant, d’appréhender son rapport subjectif à sa
défenses pathogènes, qui inhiberaient cette rela- pratique professionnelle. Comme nous l’avons
tion ? Vaillant (1993, cité par Ionescu, 1997, p. 21), mentionné précédemment, l’utilisation qualitative
face à cette question, adopte une position claire et de cet outil, dans le cadre de nos recherches sur la
sans ambiguïté : « Pour lui, la présence des relation soignant/soigné (Costantini-Tramoni,
défenses n’est pas en elle-même une preuve de Lancelot, 2008), conduit le soignant à produire des
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récits, qui mobilisent ses mouvements pulsionnels où l’élaboration pourra se poursuivre collective-
et l’introduit au processus d’élaboration de sa ment. Le QIMDS s’inscrit donc dans une démarche
pratique. Il s’agit d’amener le soignant à se qualitative clinique à double finalité : favoriser,
raconter, à mettre en mots des situations vécues, chez le soignant, l’identification de son mode de
parfois, comme des micro-traumatismes, de fonctionnement singulier, dans le cadre de la rela-
mentionner des éprouvés déstabilisants, des affects tion de soin, et lui offrir des repères quant à l’évolu-
rarement exprimés. En d’autres termes, selon le tion de son fonctionnement.
modèle théorique de Bion (1965), le soignant, dans
C’est pourquoi son utilisation peut être envisagée
le cadre de cette offre de parole, transforme ces
comme un préalable à la constitution d’un groupe
« éléments bruts de l’expérience » en éléments
de parole d’analyse de la pratique. À l’instar de
métabolisés, représentables. Il peut, ainsi, prendre
Leboul (2004), nous pensons que le groupe de
de la distance face aux situations évoquées,
parole, structuré par la présence d’un psychologue
retrouver « sa capacité à penser » et assumer au
extérieur, constitue :
mieux les difficultés relationnelles qu’il rencon-
trera, par la suite, dans sa pratique quotidienne. – un lieu de soutien susceptible de prendre en
Au cours d’entretiens avec le QIMDS, nous compte la souffrance des soignants et de faciliter
avons pu remarquer combien l’expression de diffi- la régulation de leur fonctionnement interne ;
cultés, d’interrogations nouvelles et de situations – un lieu de formation qui favorise l’apprentis-
problématiques, non mentionnées jusque-là, se sage de l’écoute et de la prise de parole de chacun ;
dévoilaient progressivement. Ce constat témoigne
– un espace de libre expression qui concerne la
de ce que, lorsque l’on offre, aux soignants, la
mise en mots du vécu.
possibilité d’exprimer leur vécu professionnel, ils
s’en saisissent aisément : le discours est alors très La finalité de ces groupes d’élaboration de la
dense, très riche et authentique. Cette mise en pratique étant, conjointement, d’améliorer la rela-
parole de l’éprouvé, du vécu de l’expérience tion soignant/soigné, de la transformer en une rela-
professionnelle, authentifie et justifie la nécessité tion structurante pour le soigné, d’atténuer la souf-
de construire des espaces de parole structurants france des soignants et de prévenir l’usure
pour les soignants, lieux reconnus par l’institution, professionnelle.
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