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P. o . gall.
12094
or
Po varica
7аи , 2 yer -
LE DIABLE MÉDECIN .
ADÈLE VERNEUIL .
Bruxelles . Inp. d'Alp. LLEEGUB .
COLLECTION HETZEL ,
‘ LE DIABLE MÉDECIN
ADÈLE VERNEUIL ,
PAR
EUGÈNE SUE .
BRUXELLES ET LEIPZIG,
KIESSLING, SCHNÉE ET compie, ÉDITEURS ,
RUE VILLA-HERMOSA , 1 .
1855
1
BIBLIOTHECA
REGIA
MONACENSIS .
1
1
A MONSIEUR EDGAR QUINET.
A vous de coeur .
EUGÈNE SUE .
TOME 1 .
1
1
1
>
PREMIÈRE SÉRIE .
EUGÈNE SUE .
.
ADÈLE VERNEUIL
OU
II 1
III
1
Le docteur Max est âgé d'environ soixante
ans ; son grand front chauve , luisant comme
l'ivoire , surplombe l'orbite de l'ail , à demi cou
vert par d'épais sourcils noirs, et à travers l'om
bre qu'ils projettent, son regard étincelle ; visage
osseux au teint olivâtre, nez recourbé en bec
d'aigle , menton proeminent , sourire tantôt d'une
cordiale bonhomie, tantôt d'une cruauté sardo
nique : tels sont les traits caractéristiques de la
physionomie du docteur. Il jouit d'une célébrité
européenne ; il a opéré des guérisons extraordi
naires ; il a rappelé à la vie plus d'un moribond
abandonné des médecins et déjà recouvert du
drap mortuaire . Le docteur emploie , selon l'oc
currence , la pharmacopée ordinaire , mais cherche
de préférence ses moyens curatifs dans l'homéo
pathie , dont certains effets mystérieux semblent
toucher au prodige . Il prépare lui-même ses
toxiques, presque toujours doués de propriétés
foudroyantes , et porte habituellement avec lui
une pharmacie infinitésimale, dans une boite de
la grandeur d'une tabatière . Il habite une maison
isolée , voisine de la barrière d'Enfer . Il donne
LE DIABLE MÉDECIN . 31
ses consultations hors de son domicile, où per
sonne n'a jamais pénétré . Il a loué , non loin de
sa demeure, un appartement ; là , il reçoit ses
clients , clientèle immense et des plus variées :
il est à la fois médecin d'un hospice, d'un théâtre
et d'une prison . Il visite gratuitement les pau -
vres gens , et fait chèrement payer ses soins à qui
peut les rétribuer largement . Autant il se montre
bonhomme envers les personnes sympathiques à
son esprit et à son cour, autant il se montre
cruellement caustique ou sournoisement railleur
à l'égard des gens indignes de son estime . La
puissance pour ainsi dire occulte qu'il emprunte
à l'homéopathie , dont il a obtenu des résultats
incroyables , son existence solitaire et excentri
que , sa physionomie saisissante, l'action magné
tique de son regard , ses guérisons prodigieuses ,
sa connaissance d'une foule de secrets intimes ,
due à ses relations avec des gens de tout état ,
secrets dont il use et abuse , dit-on , sans scru
pule et sans pitié en certaines circonstances
suprêmes ; d'autres vagues et étranges rumeurs ,
relatives à des actes mystérieux , redoutables , ont
valu à ce célèbre praticien le surnom fantastique
du pocTEUR MÉPHISTOPHÉLÈS ou du diaBLE MÉ
DECIN .
32 LE DIABLE MÉDECIN .
IV
i
36 LE DIABLE MÉDECIN .
rement, se retourne et va regarder à travers l'une
des fenêtres du salon .
Plus de doute ! pensait le médecin ,
mes soupçons ne me trompaient pas .
J'étais loin de m'attendre à l'arrivée de
cette chère Florence , dit madame Verneuil ,
plaçant près d'elle la lettre qu'elle vient de lire .
Et s'adressant à sa femme de chambre : . Vous
répondrez que je recevrai aujourd'hui madame
Hermann , si cela lui convient.
Oui, madame , -- répond Charlotte , ajou
tant à part soi en sortant : Qu'est-ce qu'il a
donc , ce docteur du diable , à vous examiner
ainsi jusque dans le blanc des yeux ? Son regard
m'a troublée malgré moi .
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III
Le procès en séparation de M. et de ma
dame Verneuil eut , ainsi que tous les procès
de ce genre , un scandaleux retentissement ; les
journaux judiciaires reproduisirent les plai
doyers . Celui de l'avocat d'Adèle ne produisit
aucun effet et n'en devait produire aucun : il était
empli de modération , de convenance , et exempt
LE DIABLE MÉDECIN . A55
de toute personnalité blessante, sauf une inter
ruption arrachée à l'indignation du défenseur de
la jeune femme, exaspéré d'entendre louer les
prétendues vertus chrétiennes de M. Verneuil , et
cédant à un légitime désir de démasquer cet hypo
crite .
L'on a vu avec quel art maître Fripart rétor
qua l'accusation d'adultère lancée par son adver
saire . Son plaidoyer eut un grand succès ; il
donnait ample pâture à la malignité publique , et,
grâce à sa perfide habileté , il intervertissait
audacieusement les rôles : l'accusé devenant l'ac
cusateur, d'odieux soupçons planaient sur l'irré
prochable vie de madame Verneuil . Enfin, les
odieuses saillies de cet avocat, d'une espèce
heureusement exceptionnelle , nous l'avons dit, -
ces saillies à l'endroit d'Ernest Beaumont paru
rent les plus réjouissantes et surtout les plus
probantes des saillies .
Cette grossièreté stupide entacha aux yeux des
moins malveillants la réputation d'une épouse,
d'une mère digne de tant d'intérêt et de res
pect.
La séquelle des faux dévots , tartufes mâles ou
femelles qui pratiquent admirablement , il faut le
reconnaître , la solidarité de leur confrérie, pro
clama M. Verneuil martyr d'une indigne calom
nie ; pour ceux-là , Adèle Verneuil fut, selon ses
186 LE DIABLE MEDECIN .
mérites, écorchée vive, ainsi que le disail maître
Fripart.
M. Verneuil crut devoir envoyer à sa femme,
par la poste et sous enveloppe , le plaidoyer de
maître Fripart, y compris une note relative aux
violences exercées sur ce porte-toge par Ernest
Beaumont , violences qui seraient , conformément
à la loi , punies de plusieurs mois de prison , disait
le journal judiciaire .
On connaît le caractère de madame Verneuil,
la délicatesse , l'élévation de ses sentiments , et
surtout sa terreur du scandale , terreur naturelle
à ceux dont la modestie , la timidité , égalent les
touchantes vertus ; on devinera donc les cruelles
souffrances de la jeune femme à cette pensée ,
qu'elle était le sujet des railleries, des dédains
ou de la répulsion d'un monde moqueur , super
ficiel et en majorité enclin à croire à toutes les
bassesses , à toutes les turpitudes , et à se montrer
outrageusement sceptique en ce qui touche les
sentiments généreux .
Madame Verneuil s'épouvantait en songeant
que le plaidoyer de maître Fripart, tissu de ca
lomnies impures , pouvait tomber un jour sous
les yeux de ses enfants, et que plus tard , lorsqu'il
s'agirait de marier sa fille, l'ignominie maternelle
rejaillirait peut-être sur Emma et compromettrait
son avenir .
LE DIABLE MÉDECIN . 157
Enfin , la condamnation d'Ernest Beaumont,
coupable d'avoir cédé à un mouvement d'indigna
tion regrettable , ajoutait encore aux navrants
chagrins de la jeune femme ; elle lomba gravement
malade au couvent des Anglaises , et ne dut la vie
qu'aux soins dévoués du docteur Max . Lors de
sa convalescence , elle quitta la maison religieuse
et vint habiter un quartier solitaire , chercha l'ou
bli de ses peines et d'ineffables consolations dans
sa tendresse pour sa fille et le doux accomplisse
ment de ses devoirs de mère .
M. Verneuil, ainsi qu'on le pense , garda
Charlotte près de lui , l'homme de meurs les plus
rigides pouvant, sans porter atteinte à la morale
publique et privée , mettre sa maison sous la sur
veillance d'une femme de charge . Telle fut la nou
velle dignité à laquelle s'éleva Charlotte ; elle eut
une cuisinière sous ses ordres , devint servante
maitresse , et prit un empire absolu , irrésistible,
sur son maître .
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214 LE DIABLE MÉDECIN .
de suite à madame ; je l'ai priée d'entrer dans le
jardin .
- Comment! - s'écrie Adèle stupéfaile,
vous l'avez introduite sans me prévenir ?
J'ai peut-être eu tort ; mais cette pauvre
dame était si pâle , si tremblante , elle avait l'air
si suppliant en demandant de parler à madame ,
que je n'ai pas eu le cæur de lui refuser la
porte .
- Cette femme ici ! ... se demandait Adèle
effrayée, atterrée . Que me veut-elle ?